00:00Une nouvelle loi est annoncée pour lutter contre les violences faites aux femmes et on en parle, Marie Mutrici avec l'invité d'ici même.
00:06Bonjour Fabienne Huet. Bonjour.
00:08Vous luttez contre ces violences au sein d'un collectif féministe unitaire en Sarthe, vous êtes aussi membre de Solidarité Femmes.
00:17Encore une loi, est-ce que c'est nécessaire ?
00:21Oui, prendre des actions, faire bouger les politiques publiques sur le sujet des violences, c'est nécessaire.
00:27Claire, juste je vais vous rappeler un chiffre macabre, à aujourd'hui il y a 151 féminicides qui ont été commis en 2025.
00:35Dont deux en Sarthe.
00:37Dont deux en Sarthe, alors ça c'était en 2024, dont six la semaine dernière.
00:42C'est encore la réalité quotidienne en fait dans notre pays, quasi quotidienne.
00:46C'est une réalité quotidienne et ce qu'on observe par les premiers chiffres qui sont communiqués à l'occasion du 25 novembre, c'est que la situation se dégrade.
00:54C'est qu'il y a de plus en plus, l'État a augmenté son budget sur 5 ans, ils ont augmenté leur budget de 50 millions, il y avait vraiment une volonté publique de faire évoluer la situation.
01:06Aujourd'hui on n'est plus dans cette situation-là parce que les budgets sont en régression, depuis 2024 la région a commencé et puis il y a d'autres acteurs qui ont réduit les budgets.
01:13Mais déjà dans ces actions qui ont été menées sur 5 ans, on ne voit pas de résultat.
01:18Les violences sont toujours là, elles continuent d'augmenter.
01:21Donc ce qu'on peut dire c'est que les mesures qui ont été prises jusqu'alors ne sont pas suffisantes.
01:24Alors, c'est presque décourageant.
01:27On a l'impression que rien ne change, rien ne bouge.
01:29Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
01:31Alors ce qu'il faut faire c'est comprendre de quoi on parle.
01:33Je vais vous sortir un autre chiffre qui est une communication de la Fondation des Femmes.
01:37C'est que 100% des femmes ont subi, subissent ou subiront des violences.
01:43100% des femmes ?
01:44100% des femmes, au cours de notre vie, nous serons amenées à subir les violences.
01:48Parce que les violences elles ne sont pas seulement physiques, elles sont d'abord psychologiques.
01:52Ça passe par de l'humiliation, de l'isolement, de la surveillance, du contrôle.
01:57C'est un dispositif qu'on appelle le contrôle coercitif qui a été reconnu par le tribunal d'Orléans
02:02qui s'est appuyé sur ce dispositif législatif pour condamner un agresseur.
02:08Donc c'est des violences qui sont insidieuses, qui sont invisibles
02:12et qui consistent à prendre le contrôle de la femme.
02:16On dit souvent que les violences faites aux femmes touchent tous les profils.
02:20Est-ce que c'est toujours le cas ?
02:22Tout à fait.
02:23Si je vous prends la liste des féminicides, la plus jeune personne, c'est un bébé de 1 an
02:27et la femme la plus âgée avec 96 ans.
02:30Fabienne Huet est notre invitée ce matin.
02:33Elle fait partie du collectif féministe unitaire contre les violences faites aux femmes en Sarthe.
02:37Alors dans cette nouvelle loi annoncée, il y a d'abord le contrôle systématique du casier judiciaire
02:42des personnes qui travaillent auprès des enfants, justement pour commencer dès le plus jeune âge,
02:49accompagner les victimes aussi de leur avocat.
02:51Ça c'est important.
02:52Le dépôt de plainte est-il plus, entre guillemets, facile aujourd'hui en Sarthe
02:57pour les victimes de violences conjugales ?
02:58Je n'ai pas eu d'infos particulières sur le fait que ça s'était amélioré.
03:05Nos organisations, que ce soit Solidarité Femmes ou d'autres acteurs comme le planning ou le CIDFF,
03:10nos missions sont de former les professionnels
03:11et il est très important que l'on forme les policiers et les gendarmes qui recueillent les plaintes.
03:15Il est vrai que si une plainte n'est pas assez documentée lorsque la femme arrive à la gendarmerie,
03:21au commissariat, il y a de grands risques qu'elle soit classée sans suite.
03:24C'est pour ça qu'il est très important qu'il y ait un travail qui soit fait en amont avec les organisations ou avec les avocats.
03:30Mais aujourd'hui, il y a encore beaucoup de classements sans suite,
03:32il y a encore beaucoup de décisions judiciaires qui se font en défaveur des femmes et des enfants
03:36et qui amènent à ce qu'il y ait des violences en croissance et aussi encore trop de féminicides.
03:43Vous avez parlé du budget de l'État, de l'investissement de l'État,
03:46même si on comprend bien que les finances vont être contraintes dans les mois qui viennent.
03:50Mais la région a retiré des financements.
03:53Est-ce que ça a des conséquences sur la lutte contre les violences faites aux femmes concrètement chez nous ?
03:58Tout à fait. Vous savez que la Sarthe, c'est un département qui est très rural.
04:01Il y a 50% de la population qui vit dans des petites communes de moins de 3500 habitants
04:05et ce sont les premières personnes qui sont touchées par les coupes budgétaires.
04:09Pour intervenir en ruralité, il faut davantage de moyens, il faut une voiture, il faut du temps.
04:15Et les coupes qui ont été faites par la région ont amené à réduire le nombre de permanences
04:20et le nombre d'interventions en ruralité.
04:23L'autre public qui est victime de ces coupes, ce sont les jeunes.
04:26Puisqu'on a parlé de l'accompagnement des femmes,
04:29mais il y a un sujet qu'il faut bien sûr évoquer en amont, c'est la sensibilisation.
04:33L'éducation.
04:33L'éducation, voilà. Et donc ça passe l'éducation, il y a un programme,
04:36il y a une loi qui a été votée en 2001, qui semblerait commencer à s'appliquer cette année,
04:41c'est l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, les VARS.
04:45Donc ça c'est un dispositif législatif qui demandait à ce que chaque jeune,
04:51de la maternelle à la terminale, ait trois séances de sensibilisation au phénomène de violence.
04:57Ce qui n'est pas encore forcément tout le temps mis en œuvre dans les classes,
05:02mais ça c'est encore un autre sujet.
05:04On le comprend, la lutte contre les violences faites aux femmes, ça nécessite beaucoup de moyens.
05:10Merci Fabienne Huet du collectif Féministe Unitaire, membre de Solidarité Femmes aussi,
05:15qui peut accompagner les victimes.
05:17Je remettrai le contact de ces deux collectifs.
05:20Et sur notre site internet, numéro 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, numéro national.
05:24Exactement, que nous mettrons également sur notre site internet, ici.fr.
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