Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/ Aujourd'hui, dans « Les 4V », Alexandre Peurout revient sur les questions qui font l’actualité avec le député LFI Éric Coquerel.
00:00Bonjour Mélanie, bonjour Samuel, bonjour à tous et bonjour Éric Coquerel.
00:05Merci d'être avec nous ce matin, après avoir veillé tard hier soir, il était presque deux heures du matin,
00:11lorsque vous, avec vos collègues députés, vous avez rejeté très massivement la première partie du budget hier,
00:18après quatre semaines de débat, 404 votes contre sur 405 votes exprimés, tout ça pour ça ?
00:25Tout ça pour une défaite historique, donc il ne pouvait pas en être autrement.
00:30Il ne pouvait pas en être autrement parce que ce gouvernement, comme les précédents, M. Bérou, M. Barnier,
00:36ont essayé de faire passer une politique qui était minoritaire au suffrage universel, donc minoritaire dans l'Assemblée,
00:42qui est celle de l'œuvre, de la compétitivité, de continuer à favoriser les ultra-riches, les très grandes entreprises,
00:50au détriment de tous les Français à qui on faisait peser les coupes budgétaires.
00:53Leur résultat était là, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas majoritaires, à partir de là, ils avaient toutes les oppositions contre eux,
00:59et en plus, comme ils ont essayé, comme malgré tout on a réussi à faire quelques transformations, ça n'allait plus non plus au socle commun.
01:06Le bilan aujourd'hui, c'est que Macron n'a plus qu'une voix, j'allais dire.
01:10Oui, mais là, 125 heures de débat et tout un travail mis à la poubelle, ces 125 heures avec des amendements que vous aviez fait adopter,
01:18là, le budget part au Sénat dans sa version initiale, ça veut dire que tout ce que vous avez fait, ça n'a servi à rien ?
01:22Tout ce qu'on a fait à la servir à si, je pense que, moi, j'ai beaucoup de retours dans ma circonscription,
01:27quand je prends le métro et autres, de gens qui suivent ce qu'on fait, quand même,
01:29c'est-à-dire qu'ils comprennent bien que là, il y a un débat, pour moi, c'est le début des débats des présidentielles,
01:34en réalité, entre différentes visions de l'économie, de projets sociaux et d'autres pays, au fond,
01:39et ça, je crois que ça a servi à quelque chose, j'allais dire, même simplement en termes d'éducation populaire, d'argumentation.
01:47Les Français, ils suivent les dossiers de ce type-là.
01:50Après, qu'est-ce qu'on est qu'on fasse ?
01:52Mais votre rôle, ce n'est pas de faire de l'éducation populaire ?
01:53Le rôle était de traiter un budget qu'on a essayé de nous imposer, encore une fois, qui est minoritaire,
02:00donc on ne peut pas demander aux oppositions d'accepter un budget qui est mauvais pour la France,
02:03au prétexte qu'il faudrait, à la fin, un vote pour, vous voyez, il y a quelque chose...
02:07Est-ce qu'on aura un budget avant la fin de l'année, Eric Ocré ?
02:09Moi, je... Enfin, on n'aura pas ce budget-là, ça, c'est sûr.
02:12Je pense qu'il sera battu au retour, c'est-à-dire à l'heure du 18 décembre, vraisemblablement.
02:17On n'aura pas ce budget.
02:18Comment le gouvernement va se débrouiller ?
02:21Est-ce qu'il va se débrouiller avec une loi spéciale, c'est-à-dire le budget de l'an dernier, remis au goût du jour ?
02:25Le temps que vous, député et sénateur, vous vous mettiez d'accord ?
02:27Voilà, éventuellement, l'année prochaine, à mon avis, c'est le plus probable, il peut quand même être tenté encore, soit par le 49-3, soit par les ordonnances,
02:34c'est-à-dire de passer le budget sans vote, mais dans tous les cas, ce budget-là, ce qu'ils ont voulu, qui fait mal au pays, celui-là, il sera battu.
02:40La présidente de l'Assemblée nationale, Yann Broubivet, dit ce matin, je cite sur le réseau social X,
02:45« Je suis convaincu que le compromis reste à portée de main. » Est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
02:49Non, sur le projet de loi de finance, je sais qu'ils escomptent le faire sur le projet de loi de finance de la sécurité sociale,
02:54parce que pour que les gens qui nous écoutent comprennent, il y a deux budgets.
02:58Ça, je sais qu'ils essayent de penser à un accord possible avec les socialistes, on verra bien s'ils y arrivent,
03:04moi, on va essayer de s'y opposer, mais le budget de l'État, je ne pense pas.
03:07On ne se remet pas d'un 404 à 1, si vous voulez, ça, ça n'existe pas, ni dans le sport, ni en politique, donc je crois qu'ils n'y arriveront pas.
03:13– Comment ne pas comprendre les Français, ce matin, qui peut-être se disent qu'une fois encore,
03:18avec la classe politique dont vous faites partie, vous avez donné un drôle de spectacle,
03:21où tout le monde vote contre, finalement, personne n'est d'accord.
03:26– Moi, je réfus. Personne n'est d'accord.
03:28À partir du moment où, si vous voulez, le problème de fond et de départ,
03:33c'est que M. Macron a perdu des élections, notamment législatives,
03:37et qu'il a voulu continuer à imposer une politique minoritaire au pays.
03:39Ça, ça ne marche pas. Dans n'importe quelle démocratie, ça ne marche pas.
03:41Vous avez beau avoir tous les outils de la Ve République
03:45qui permettent de gouverner avec le 49-3 à Eurot,
03:47au bout d'un moment, la réalité vous rattrape.
03:49Donc la responsabilité, elle est à l'Élysée.
03:51C'est d'ailleurs pour ça que nous, nous pensons qu'il aurait dû démissionner
03:54pour qu'on ait une présidentielle anticipée,
03:56et le résultat d'hier le confirme.
03:58Ce n'est pas l'Assemblée. L'Assemblée, quelque part, elle est la représentante.
04:01– Est-ce qu'on va tout droit vers une nouvelle dissolution ?
04:04Si vous n'êtes pas capable de vous mettre d'accord ?
04:05– Non, je souhaiterais qu'on aille tout droit vers une démission de Macron.
04:08– Il n'a pas l'air d'être encore à le faire.
04:10– Je vais vous dire mon avis. Je pense qu'il va essayer d'éviter de le faire
04:13pour essayer de passer coûte que coûte un budget l'année prochaine
04:17et puis de régler les affaires courantes pour la suite.
04:21Mais ça, c'est du temps perdu pour le pays
04:23parce que la situation économique mondiale,
04:26tout ce qui se passe dans le pays où le pouvoir d'achat régresse,
04:29où les industries ferment les unes après les autres,
04:31nécessiterait qu'on ait un vrai projet politique.
04:34Et malheureusement, Emmanuel Macron veut nous imposer le sien qui est minoritaire.
04:37– Alors, l'autre actualité du jour, c'est cette marche blanche cet après-midi à Marseille,
04:41en hommage à Mehdi Kessassi, le petit frère d'un militant écologiste
04:44très engagé contre le narcotrafic, Amine Kessassi.
04:47Toute la classe politique sera aux côtés de sa famille et des Marseillais cet après-midi.
04:51Est-ce que c'est une bonne chose, selon vous, de montrer la solidarité de la nation ?
04:54– Bien sûr, et je sais qu'il le souhaite, il l'a dit Amine Kessassi,
04:59qui a perdu deux frères déjà, par rapport, très certainement, lié au trafic de drogue.
05:03Moi, je serai certainement à Paris ou à Saint-Denis sur ma circonscription.
05:06Il y a plusieurs marges blancs qui s'organisent.
05:08Bien sûr que c'est nécessaire.
05:09Et c'est nécessaire, là aussi, de réagir avec intelligence.
05:13On voit bien que toute la politique contre le trafic de drogue du gouvernement,
05:17c'est-à-dire uniquement répressive, va échouer.
05:19Donc maintenant, il faut être capable à la fois de prévenir,
05:22ça veut dire de désarmer, parce que le trafic d'armes est important,
05:25ça veut dire d'avoir un statut intelligent de repenti,
05:31ça veut dire de légaliser le cannabis, parce qu'il faut arrêter la consommation.
05:34Et que quand vous n'arrivez pas à le faire, il faut tarir la consommation.
05:39– On sait que c'est un de vos projets à la France Insoumise.
05:42Est-ce que vraiment, ça peut permettre de tarir les financements des trafiquants
05:47quand on voit qu'il y a de plus en plus d'autres drogues
05:50qui sont des drogues qu'on dit dures, qui sont, elles, en développement ?
05:54La cocaïne, l'ecstasie, l'héroïne ?
05:56– Non mais seul, non.
05:57La légalisation du cannabis sous contrôle de l'État ne peut pas tout résoudre.
06:01N'empêche, c'est quand même le trafic le plus important encore dans ce pays.
06:05Donc au moins, vous savez, c'est un peu comme la prohibition de l'alcool aux États-Unis.
06:08Ils ont interdit l'alcool, ça a développé la mafia.
06:11Donc à un moment donné, ils se sont dit,
06:12comme les gens vont continuer à boire de l'alcool,
06:14plutôt contrôlons cette chose et en plus on a une politique de santé.
06:16Donc il faut faire la même chose, mais en même temps,
06:18il faut recruter énormément et former beaucoup d'EPJ,
06:21il faut renforcer les douanes, il faut avoir une politique de…
06:24– Mais quand Emmanuel Macron fustige les consommateurs
06:27qu'il appelle les petits bourgeois des centres-villes ?
06:29– Oui, peut-être, mais ça, ça va un temps, quoi.
06:30C'est-à-dire que vous pouvez taper les consommateurs.
06:35La drogue, la consommation de drogue,
06:37tant qu'on n'arrivera pas à la freiner, à la diminuer,
06:40et qu'en plus de ça, elle s'adosse à un trafic illégal,
06:43vous continuerez à avoir du trafic.
06:44Donc il faut tarir la source, ça veut dire baisser la consommation
06:47par des politiques de prévention, de légalisation,
06:50remettre la santé au centre des politiques de lutte
06:53contre le trafic de drogue.
06:55Et puis je vous dis, il faut mettre le paquet sur tout ce qui est enquête,
06:58notamment le blanchiment d'argent aussi, c'est très important,
07:00les douanes, et puis aussi une politique de prévention vis-à-vis des jeunes
07:03qui sont les premières victimes de ce trafic,
07:06tous ces jeunes qui se retrouvent des petites mains
07:09et qui se retrouvent très souvent en déshérence.
07:12Donc là aussi, il faut mettre le paquet au niveau de la prévention.
07:14Merci Eric Coquerel d'avoir été notre invité ce matin pour les 4V.
07:17Mélanie Samuel, c'est à vous pour la suite de Télématin.
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