Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Découvertes sur le theme des mystères

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:30On connaît tous le nom de Magellan, mais ses exploits sont tombés dans l'oubli car Magellan est un héros maudit.
00:42Un Portugais au service de l'Espagne, un traître qui n'est jamais revenu de son expédition insensée.
00:49Pourtant, c'est lui qui a réalisé le rêve de Christophe Colomb.
00:53C'est lui qui a rejoint les Indes par l'Ouest.
00:55Et sa route a été bien plus longue et bien plus terrifiante que celle de Christophe Colomb.
01:21Magellan a juré d'offrir au roi d'Espagne les îles de Moluc.
01:25Le seul endroit au monde où poussent les clous de girofle.
01:30Une épice qui vaut de l'or en Europe.
01:37Parti le 20 septembre 1519 d'Espagne, après 13 mois de navigation en Atlantique, la perte d'un bateau, la mort de 16 hommes, une mutinerie sanglante et la rencontre avec le peuple té-welche, la flotte est au sud de l'Argentine.
01:51Elle cherche désespérément un passage pour franchir l'Amérique et rejoindre l'océan Pacifique.
02:02Une mer immense, que Magellan devra traverser s'il veut atteindre les îles des Molucs.
02:08Les îles aux épices.
02:10Je dirais les choses en reprenant les paroles d'un savant extraordinaire, le grand historien et économiste Adam Smith.
02:29Il dit « Les deux événements historiques que l'économie considère comme les plus importants de toute l'histoire de l'humanité sont
02:36la découverte du détroit de Magellan et la traversée du Pacifique. »
02:46C'est sans doute l'expédition la plus significative de l'histoire de l'humanité.
02:52Qu'est-ce qui a été le plus difficile ? Le voyage de Apollo 11 à la découverte de la Lune ou le voyage de Magellan ?
02:58J'ose dire que c'est le voyage de Magellan, car ils n'avaient aucune connaissance.
03:04Ils allaient vers l'inconnu. Ils n'avaient aucun soutien.
03:06Amstrong, Aldrin et Collins étaient constamment contrôlés depuis le centre spatial.
03:15Ils n'ont eu aucune opposition, aucune mutinerie, ils n'avaient pas faim.
03:20Je pense que ce à quoi Magellan et son expédition ont été confrontés était quelque chose d'impressionnant.
03:25D'une audace, d'une valeur, d'une persévérance dans l'accomplissement de leur objectif, très importante.
03:31C'est seulement par 52 degrés de latitude sud que Magellan et son équipage découvrent enfin une baie différente des autres.
03:47Une ouverture qui pourrait être la porte d'entrée tant espérée pour franchir l'Amérique,
03:53pour gagner l'autre océan et rejoindre les Indes.
04:01Devant la pointe de sable qui marque l'entrée de la baie, les couleurs des eaux se mêlent.
04:07Elles s'enroulent, comme si deux océans se rencontraient.
04:14Magellan passe ce cap si lointain le 21 octobre 1520, jour de la Sainte Ursule.
04:20Et, en hommage à sa légende, il le baptise Cap des 11 000 Vierges.
04:31Il s'agit peut-être d'une nouvelle impasse, mais il se passe quelque chose de différent ici.
04:48Le chroniqueur de l'armada, Antonio Pegafetta, témoigne de nombreuses carcasses de baleines échouées qui jonchent le rivage.
04:56Les groupes de cétacés qui viennent se nourrir dans le mélange des eaux se font piéger ici sur les bancs de sable à marée basse.
05:13Le cap des 11 000 Vierges ouvre une nouvelle voie dans l'aventure maritime.
05:19L'armada des Molucs s'engage donc dans l'exploration, sans avoir aucune idée de son issue.
05:26Ce qui est intéressant, c'est que Magellan, ayant trouvé un détroit qui portera son nom, l'abri,
05:38on sait que s'il était allé plus au sud, il aurait pu passer aussi, mais lui ne le savait pas.
05:43Il a trouvé ce détroit et il s'est dit, je dois l'inspecter, voir à quoi ça ressemble.
05:47Il fallait qu'il y aille.
05:48Et il a dû persuader ses hommes parce que le temps est vraiment mauvais là-bas,
05:51mais il a persévéré et il l'a fait.
05:53C'est une remarquable qualité de marin.
05:56Immédiatement, lorsque vous entrez dans le détroit de Magellan,
06:03vous rencontrez deux grandes difficultés de navigation,
06:06qui sont le premier goulet et plus tard le second goulet,
06:09qui est un canal encore plus étroit.
06:11Et cela présente une certaine difficulté en gardant en tête qu'il s'agissait de bateaux à voile.
06:16Le problème du détroit à ce stade, ce sont les contre-courants.
06:28On sait qu'ils pouvaient naviguer à 7 ou 8 nœuds maximum.
06:32Mais si vous avez des courants qui sont autour des 12, 13 nœuds de face,
06:36ça devient très compliqué.
06:38Il est très difficile de comprendre comment Magellan a pu remonter ses deux goulets.
06:49Ils sont entrés avec un courant favorable,
06:51mais seulement après l'avoir observé.
06:53Ce n'était pas « Allons-y, traversons, parce qu'ici il y a un passage ».
06:57Non, c'est « Attendons, regardons, voilà le moment opportun, alors maintenant allons-y ».
07:05Les courants vont dans un sens et en une heure ils vont dans l'autre.
07:08Il y a beaucoup de conditions compliquées.
07:11Les vents, nous parlons du printemps, en octobre,
07:14les vents à cette saison atteignent 100 nœuds et même au-delà.
07:20La température à cette saison est comprise entre moins 5 et plus 15 degrés.
07:24Et il y a aussi des jours de pluie et même de neige.
07:37Donc on sent qu'il y a dedans, tout doucement, tout doucement, tout doucement.
07:40Alors en plus, contre les vents d'ouest, donc on tire un peu des bords.
07:42On attend que le vent se devienne plus maniable.
07:44Si c'est du nord ou du sud, on arrive à faire route.
07:46Si c'est de l'ouest, on attend.
07:48Il y a du courant très fort, très fort.
07:50Donc, bon, on essaye de ne pas se faire foutre au plein dans le courant.
07:54Donc, il y arrive quand même.
07:55Il faut se rappeler que ces gars-là, c'est des très, très bons marins quand même.
08:08Après avoir franchi les deux rétrécissements dangereux de l'entrée en quelques jours seulement,
08:14Magellan débouche sur une large mer intérieure qui s'oriente vers le sud.
08:18Jamais, il n'était rentré si profondément dans la terre d'Amérique.
08:29Mais plutôt que de se lancer immédiatement dans la brèche qu'il venait d'ouvrir,
08:33avec un équipage éprouvé par une année de navigation dans les mers australes,
08:38Magellan décide de s'arrêter sur la première île qu'il rencontre.
08:41Sur l'île Isabelle, c'est intéressant, parce que là, Magellan se réunit avec ses capitaines
08:57et il leur dit, bon, que fait-on ? On continue ?
09:01Ils avaient trouvé un passage, mais ils ne savaient pas s'il aboutirait réellement à l'océan.
09:13Nous devons nous mettre à la place de ces hommes.
09:15Que va-t-on trouver ensuite ? Que va-t-il se passer ?
09:19Est-ce qu'on va avoir assez de vivres ? Va-t-on mourir de faim, de froid ou de soif ?
09:24Et là, Estevão Gomes s'oppose. Il était l'un des pilotes les plus expérimentés.
09:43Il a une opinion respectée et il s'oppose.
09:45Il dit, non, partons-nous, retournons nous ravitailler pour repartir en expédition.
09:51Magellan dit, comment ?
09:53Comment vais-je expliquer au roi que j'ai trouvé un passage et que je n'ai pas osé continuer ?
09:58Non, c'est impossible de penser cela.
10:04Effectivement, on aurait pu imaginer qu'il y ait une barrière qui aille jusqu'à l'Antarctique, pourquoi pas ?
10:09Ou au moins jusqu'aux glaces.
10:11Mais effectivement, il y croit, il y croit.
10:15Il n'a pas le choix, il est parti pour faire ça quand même.
10:23Magellan choisit donc de continuer sans écouter l'opposition de son pilote portugais, Estevão Gomes.
10:31Le mot passe entre chaque navire que le voyage et l'exploration doivent continuer,
10:36qu'il faut lever l'encre une fois de plus, déployer les voiles, reprendre les quarts de veille
10:41et s'enfoncer vers les montagnes qui barrent l'horizon.
10:50Il ne pouvait pas reculer.
10:53Il devait avancer aussi loin qu'il le pouvait.
10:56Il a même déclaré que jusqu'à 75 degrés sud, ce qui est inimaginable,
11:01il ne renoncerait jamais à trouver le passage vers le Pacifique.
11:05Les dimensions gigantesques du décor offrent plusieurs possibilités.
11:15Les bras de mer se perdent derrière les montagnes.
11:19L'armada descend dans une première baie qu'elle nomme San Juan.
11:22Ils sont quand même plusieurs bateaux, alors on en envoie un dans un sens,
11:29on en envoie un dans l'autre, qui revient, qui envoie un coup de canon,
11:32j'ai rien vu, deux coups de canon, j'ai vu quelque chose,
11:34et tout le monde y va, ben non, finalement, ça ne le fait pas, on revient.
11:36Il éparpille la flotte de façon à un petit peu voir où est-ce que ça passe, quoi.
11:39Et continue comme ça vers le sud.
11:42Vers le sud, il y a de la montagne, quand même, on la voit bien.
11:44À droite, il y a de la montagne aussi.
11:48On continue quand même.
11:52Magellan envoie la Concepcion et le San Antonio en reconnaissance depuis la baie de San Juan
12:10avant de décider de continuer vers le sud.
12:14Les quatre navires s'engagent ensemble au pied des montagnes qui sont de plus en plus hautes.
12:18La Concepcion, le San Antonio, la Victoria et la Trinidad de Magellan
12:25découvrent un nouveau cap, qui marque un changement radical dans le décor.
12:30Un cap autour duquel un large bras de mer tourne à angle droit vers l'ouest.
12:35Le Cap Frouard est le point le plus austral du continent.
12:50D'un point de vue continental, c'est la fin du continent américain.
12:55Là, la direction change.
13:05Et on entre dans ce qui semble être un large canal.
13:08Mais il y a aussi d'autres variantes, d'autres canaux.
13:13Il y a toujours l'incertitude de savoir quel sera le plus important.
13:16Lequel de ces chemins va nous mener au passage, finalement.
13:19Quand ils sont au Cap Frouard, là, on ne voit pas le bout.
13:28Et au début, d'ailleurs, ils envoient des gars qui partent dans des balinières.
13:32Ils ne bougent pas le bateau tous les jours.
13:34Ils envoient des gars dans des balinières qui partent à l'aviron ou avec des petites voiles
13:37et qui vont explorer un peu.
13:39Et on fait avancer le bateau.
13:41Que si, bon, les balinières, on dit, apparemment, on peut faire une vingtaine de mille.
13:44Là, allons-y, donc on va les faire.
13:45On remouille, on se trouve une planque qui part et on recommence, on y va en balinière, etc.
14:04Je me souviens qu'une fois passé le Cap Frouard,
14:10apparaît un autre détroit complètement différent.
14:13C'est un paysage absolument accidenté.
14:16Vous avez un mur au nord.
14:17Des murs qui sont finalement les contreforts ou la fin de la chaîne Andine.
14:22On parle de montagnes de près de 2000 mètres.
14:26Totalement noires.
14:28Ce sont des pics noirs, seulement tachetés de quelques zones blanchâtres de neige.
14:33Avec la mer absolument noire aussi.
14:36L'eau est noire et n'a pas un soupçon de bleu ou de vert.
14:39Les marins arpentent le dédale de ce monastère géant,
14:53à 12 000 kilomètres de leur port d'attache, de leurs racines et de leur famille.
14:59Aucun Européen n'avait jamais navigué dans une si haute cathédrale de roches et de glaces.
15:04Magellan avance pas à pas dans ces canaux où le vent tourne,
15:19s'arrête, repart, accélère.
15:23Il n'a aucun moteur pour l'aider.
15:26Aucune carte.
15:27Il navigue à la voile seulement et à l'estime.
15:30Et au milieu de ça, de ce climat-là et de cette géographie si complexe,
15:43il y a des fjords et des petites baies pour se réfugier.
15:46Et on se dit, en lequel est-ce parmi tout ça ?
15:49Cela illustre bien, très bien, le flair marin qu'avait Magellan pour prendre des décisions
15:59et définir ce qui est juste de ce qui ne l'est pas.
16:02On ne navigue pas de nuit dans le détroit de Magellan.
16:17C'est trop dangereux, vous savez.
16:19On navigue deux jours.
16:20Et si on ne peut pas naviguer aujourd'hui, on attendra demain ou le lendemain.
16:24Et puis on y va, on trouve un autre mouillage abrité
16:27et on y reste jusqu'à ce que les vents soient favorables.
16:29Ils observent de nuit du feu, de la fumée.
16:45Ce sont des feux de camp qu'allument les aborigènes.
16:51Immédiatement, l'idée vient de nommer cette île la Terre des Feux,
16:55qui finalement est devenue la Terre de Feux.
16:57Mais c'est seulement le feu que l'expédition observe, sans jamais voir les habitants.
17:06Deux semaines pour explorer tous les bras de mer, toutes les alternatives,
17:12et pour avancer vers l'ouest dans un détroit qui n'offre toujours aucune certitude.
17:17Les navires continuent de s'éparpiller.
17:19La Trinidad de Magellan, accompagnée de la Victoria,
17:24jette l'ancre dans une baie parfaitement abritée,
17:27qui réunit tous les avantages pour devenir un point de ralliement des navires en exploration.
17:31Le chroniqueur Antonio Pigafetta décrit le lieu avec précision.
17:46Nous arrivâmes à une rivière que nous appelâmes la rivière des Sardines,
17:53car nous en avons trouvé en grande quantité.
17:58Nous trouvons ici de bonnes eaux pour y boire,
18:01du bois tout de cèdre,
18:03du poisson aussi, des moules,
18:06et une herbe fort douce appelée apio,
18:09dont il y en a de la même sorte qui est amère.
18:10Cette herbe croît près des sources,
18:15et pour nous trouver autre chose,
18:17nous en mangeâmes pendant plusieurs jours.
18:22Ainsi, nous sommes restés pour attendre le retour des deux autres nefs.
18:33En attendant la Concepcion et le San Antonio,
18:37Magellan décide d'envoyer une chaloupe
18:38pour explorer la possibilité d'aller plus loin.
18:40Car au-delà de la baie des Sardines,
18:45le large canal qui s'ouvre vers l'ouest
18:47semble boucher.
18:48Les montagnes ferment ce qui pouvait être
18:51un passage évident.
19:00Il m'est arrivé de dire,
19:02comme une sorte de parabole
19:04ou de métaphore,
19:07que le détroit n'existait peut-être pas,
19:09et que c'était la volonté de Magellan,
19:12son énorme effort,
19:13et son courage qui ont fini par briser
19:15ces énormes murs de granit des Andes
19:18et créer ce détroit.
19:21Comme un Moïse qui ouvre ses murs de granit
19:26pour laisser courir les eaux d'une nouvelle mer,
19:29d'un nouveau fleuve,
19:30qu'il a appelé curieusement
19:31le détroit de tous les saints.
19:33La minuscule balénière envoyée en éclaireur
19:41est partie pour plusieurs jours.
19:43Elle navigue seule pour trouver le moyen
19:45de contourner l'île Carlos III
19:46qui fait barrage.
19:50Mais ce n'est pas à hauteur de barque
19:52que les hommes pouvaient prendre réellement connaissance
19:54du labyrinthe dans lequel ils progressaient.
19:56Pour trouver leur chemin,
20:02ils ont dû monter sur les collines de pierre
20:04sorties d'anciens glaciers
20:05poncés par le vent, la pluie et la grêle.
20:11Ils sont montés pour voir
20:13si le mirage de Magellan existait vraiment,
20:16si les navires pouvaient un jour sortir
20:18vers le soleil couchant.
20:26Une fois l'île Carlos III passée,
20:32depuis cette colline qu'on appelle aujourd'hui
20:34la cloche de Roldan,
20:36les hommes de la chaloupe de la baie des Sardines
20:38ont vu un détroit qui continuait vers l'ouest.
20:43Une percée rectiligne à travers les montagnes.
20:46Là, ils se disent qu'il y a un passage.
20:57Ils disent, c'est toujours de l'eau salée,
20:59il y a de la houle toujours,
21:00c'est toujours très profond.
21:02Il y a un passage.
21:03Ils sont quasiment sûrs qu'il y a un passage.
21:04Après tant de souffrances,
21:16après tant d'épreuves durant le voyage,
21:18il était tout près du but,
21:20très proche de la victoire.
21:24On peut imaginer qu'elle a été son soulagement
21:26quand il a su qu'il était sur le point
21:28de voir la lumière au bout du tunnel.
21:34Magellan est à la porte d'un grand succès
21:39et fait planter une croix dans la baie des Sardines
21:42au retour de la chaloupe.
21:46Mais dans le même temps,
21:48une attente terrible ronge le capitaine général.
21:52Un navire manque à la pelle.
21:55Le San Antonio ne revient pas de son exploration.
21:58Une surprise si triste, si négative,
22:10c'est justement le navire le plus important
22:12après la nef amirale, la Trinidad.
22:16C'est le San Antonio,
22:17celui qui transporte le plus de provisions,
22:21qui disparaît.
22:21Six jours après l'arrivée dans la baie des Sardines,
22:30Magellan ordonne au capitaine de la Victoria
22:32de partir à la recherche du San Antonio,
22:35jusqu'à l'entrée du détroit s'il le faut.
22:37Et s'il ne le trouve pas,
22:39il devra planter un drapeau sur un point remarquable
22:41et enterrer à son pied une lettre,
22:43enfermée dans une jarre
22:45qui donnera la position du reste de la flotte.
22:47Pendant une semaine entière,
22:58la Victoria revient sur ses pas
22:59et remonte tout le détroit
23:01pour chercher le San Antonio.
23:04Malgré la force du courant,
23:06elle repasse les deux goulets d'entrée
23:07dans un sens, puis dans l'autre,
23:10enterre plusieurs lettres
23:11et plante plusieurs drapeaux.
23:12Mais l'équipage de la Victoria ne trouve rien.
23:19Aucune trace, aucune épave,
23:22aucun naufragé.
23:23Le San Antonio a déserté.
23:36Le pilote protestataire Estevao Gomez
23:39a repris le commandement de force.
23:42Il a mis au fer le commandant du navire
23:44Alvaro de Mesquita, cousin de Magellan.
23:49Gomez rentre vers l'Espagne
23:51et condamne le projet de l'armada.
24:00Si le San Antonio n'avait pas déserté,
24:03ils auraient continué tout droit sans s'arrêter.
24:06Ils sont obligés de s'arrêter.
24:08Ils sont désœuvrés.
24:09Les hommes à terre, qu'est-ce qu'ils font ?
24:11Ils arpentent la colline
24:13et ils découvrent une plante très importante.
24:16C'est du céleri sauvage
24:17qui pousse là-bas en abondance.
24:19Ils reconnaissent le céleri.
24:21C'est comestible.
24:22Ils se mettent à en manger
24:23et comme il y en a beaucoup,
24:24ils en font aussi des conserves
24:25dans du vinaigre.
24:26La vitamine C se conserve bien dans l'acide.
24:39Les gens ne connaissaient pas
24:40les vertus anti-scorbutiques du céleri.
24:43Ils en mangent tout simplement
24:44parce que c'est un légume frais
24:45et qu'ils en manquent.
24:46Ils le sentent.
24:47La victoria va revenir
24:53et Magellan va prendre la décision
24:55avec les trois bateaux qui lui restent
24:57de repartir.
24:58Mais il prend cette décision
25:00avec l'avis de l'équipage
25:02parce qu'en effet,
25:03ils ont moins de vies,
25:04ils ont moins d'hommes,
25:05c'est extrêmement dangereux.
25:10Inévitablement,
25:10les vivres vont manquer
25:12maintenant que le San Antonio est déserté.
25:14Magellan ne peut pas risquer
25:16de chercher une sortie à ce détroit
25:18et se lancer sur l'océan Pacifique
25:20sans avoir l'équipage avec lui.
25:23Il doit le rallier à sa cause.
25:27Il existe un témoignage de Magellan
25:28à ce moment précis du voyage.
25:31Une lettre qu'il a dictée
25:32depuis la baie des Sardines
25:34et dont les mots ont traversé les siècles.
25:41Moi, Fernand de Magellan,
25:43chevalier de l'ordre de Saint-Jacques
25:44et capitaine générale
25:45de cette escadre envoyée
25:46par sa majesté
25:47à la découverte des îles aux épices,
25:51je vous informe que j'ai compris
25:52combien vous jugiez grave
25:54ma décision de poursuivre le voyage
25:56en raison du peu de temps
25:57imparti pour l'accomplir.
26:00Je n'ai jamais rejeté la vie
26:01ni le conseil d'aucun d'entre vous,
26:03mes décisions ayant au contraire
26:04toujours été discutées
26:06et soumises à tous
26:07sans que quiconque
26:08ne se vit offensé.
26:09mais
26:10en raison des événements
26:12survenus dans le port
26:13de Saint-Julien,
26:14à savoir la mort
26:15de Luis de Mendoza,
26:16de Gaspard de Quesada
26:17et le bannissement
26:18de Juan de Cartagena
26:19avec le prêtre
26:20Pedro Sanchez de la Reina,
26:22la peur vous a conduit
26:23à vous taire
26:24et à me priver
26:25de vos conseils.
26:28Vous êtes au service
26:29de l'Empereur
26:29et Roi Notre-Seigneur.
26:31C'est pourquoi,
26:33en son nom,
26:34je vous prie
26:35et vous demande
26:35de me dire
26:36si vous jugez
26:37plus profitable
26:38de continuer
26:38ou de faire route arrière
26:41et de me remettre
26:42chacun votre avis
26:43par écrit.
26:45En fonction des raisons
26:46et des avis
26:46que vous avancerez,
26:47je vous rendrai le mien
26:48ainsi que la décision
26:50qui devra être prise.
26:53Fait sur le canal
26:54de Tous-Lessins,
26:55en face de la rivière Isléo,
26:56à 53 degrés sud,
26:58de jeudi 21 novembre 1520.
27:06Logiquement,
27:07il joue en sachant
27:08qu'il va gagner.
27:10Il sait parfaitement
27:11que l'équipage
27:12le soutiendra toujours.
27:15Et il fait valider
27:15cette décision
27:16par les scribes
27:17pour prouver
27:18qu'il est un capitaine,
27:19disons aujourd'hui,
27:21démocratique,
27:23qui savait écouter les autres.
27:26Mais nous savons tous
27:26qu'il aurait continué
27:27le voyage dans tous les cas.
27:37Magellan n'a plus
27:38que trois navires
27:39sur les cinq au départ.
27:41Mais il reprend
27:41la route vers l'ouest,
27:43le chemin ouvert
27:44par la chaleur.
27:48Une fois passées
27:49l'île du prince Charles III
27:51et la cloche de Roldan,
27:52il s'engage
27:53dans le chenal
27:54que les marins ont aperçu.
27:55un chenal large
27:58où le vent de face
27:59forcit
27:59et où la houle
28:00enfle largement.
28:06Il croyait à la victoire.
28:08Il croyait
28:08qu'il réussirait.
28:10Mais à ce moment-là,
28:12il se trouve
28:12dans un passage difficile.
28:15Malgré tout,
28:15à l'époque,
28:16dans le détroit
28:17de Magellan,
28:17quand il y naviguait,
28:19c'était plus ou moins l'été.
28:20mais en été,
28:22la température
28:22ne devait pas dépasser
28:23un ou deux degrés.
28:25Donc,
28:25il faisait froid
28:26et il y avait de la neige
28:27un peu partout.
28:28Il y avait de la neige
28:29un peu partout.
28:29un seul des officiers
28:46a osé émettre un avis
28:47suite à la lettre
28:48de Magellan.
28:50Le meilleur pilote
28:50de la flotte,
28:52Andrés
28:52de Saint-Martin.
28:55Il a signalé
28:56que les longues journées
28:56d'été
28:57allaient rapidement raccourcir.
28:59que l'hiver
29:00n'est jamais loin
29:01dans cette région australe
29:02et qu'il serait raisonnable
29:03de trouver une sortie
29:04avant la mi-janvier.
29:07Sans quoi,
29:08il faudra faire demi-tour.
29:29Magellan a donc un peu plus
29:33d'un mois devant lui
29:34pour trouver la sortie.
29:36Et il s'enfonce vers l'ouest
29:38dans un décor
29:38et une météo
29:39qui se durcissent
29:40considérablement.
29:41Dans l'embouchure occidentale,
29:53les conditions sont vraiment extrêmes.
29:55Le vent rend très difficile
29:56la croissance de la végétation
29:58dans cette zone.
29:59Donc, ce que vous voyez,
30:02ce sont des montagnes de roches.
30:04Il y a une sensation
30:06d'endroit très inhospitalier
30:09et vraiment dur pour la vie.
30:12Vous ressentez la solitude
30:13dans ce secteur.
30:15Vous ressentez la solitude.
30:16Un mois après son entrée
30:44dans le détroit
30:45par le Cap des Vierges,
30:46Magellan envoie une nouvelle fois
30:48sa chaloupe en exploration
30:49avec des vivres
30:50pour plusieurs jours.
30:57Et pour stimuler
30:59le courage de ces hommes,
31:00ils promettent aux marins
31:01une prime de 4 500 pièces espagnoles
31:04s'ils trouvent le chemin
31:05vers la sortie.
31:074 500 maravédis.
31:104 mois et demi
31:11de solde supplémentaire.
31:16On connaît le nom des deux hommes
31:30qui ont gravi la dernière montagne
31:32du détroit.
31:34L'un a 27 ans,
31:37l'autre 33.
31:38Le premier est un marin
31:41rescapé du naufrage
31:42du Santiago.
31:43Le second
31:44est le barbier
31:45de la Concepcion.
31:54Ensemble,
31:54ils sont montés
31:55sur la péninsule
31:56de Cordoba.
31:58Ensemble,
31:58ils ont gagné
31:594 mois et demi
32:00de Salaire.
32:02Ensemble,
32:03ils ont vu
32:04pour la première fois
32:05l'océan.
32:15Ils s'appellent
32:16Boccaccio Alonso
32:18et Hernando
32:20de Bustamante.
32:21Il y a une phrase
32:49d'Antonio Pigafetta
32:51dans sa chronique
32:52qui décrit très bien
32:53ce moment
32:54que vit le capitaine.
32:56Et lié en italien
32:57« Il capitano generale
33:00lacrimo per allegres. »
33:03En d'autres termes,
33:04le capitaine général
33:05pleura de joie.
33:07Une personne
33:08qui s'était montrée
33:09jusque-là
33:10inflexible,
33:11dure,
33:12hermétique,
33:14ne peut contenir
33:15ses larmes
33:15devant son équipage
33:17avec tout ce que
33:19cela suppose,
33:20même de démontrer
33:21une certaine faiblesse.
33:22Ils n'hésitent pas
33:23à pleurer.
33:32Je crois que Pigafetta
33:34n'a pas inventé
33:35une telle scène
33:36d'un homme si dur,
33:37si sévère,
33:38si roustère,
33:39en train de pleurer.
33:40C'est parce qu'il
33:41croyait en la victoire.
33:42Il croyait que
33:42quelle que soit
33:43l'immensité de la mer
33:45sur laquelle il devrait
33:46naviguer,
33:47il réussirait.
33:50Magellan ne savait
33:51rien de l'océan
33:52qu'il avait devant lui.
33:53Il connaissait simplement
33:54la distance considérable
33:56qu'il devait parcourir
33:57pour rejoindre
33:57les Molucs.
34:00Une mer si vaste
34:01que l'esprit humain
34:02peut à peine
34:03se la représenter.
34:05Pourtant,
34:05il s'y engage
34:06immédiatement
34:07avec des vivres limités
34:08et un équipage fatigué
34:10par plus d'une année
34:11de recherche
34:11et d'exploration.
34:15Il a de la chance
34:16qu'il sorte
34:17du détroit de Magellan
34:18et tombe sur une période
34:19de temps
34:19moins mauvaise
34:21que ça aurait pu être.
34:22En particulier,
34:23il a du vent
34:24d'ouest à ouest-sud-ouest
34:25qui lui permet
34:25de monter tout de suite.
34:27Il devait quand même
34:27serrer les fesses,
34:28les gars,
34:28parce que quand on remonte
34:29comme ça le long
34:30d'une côte rocheuse,
34:32on voit la montagne,
34:33on voit les Andes,
34:34très découpées,
34:36on se dit
34:36qu'il ne faut pas
34:37qu'il y ait d'avaries,
34:38il ne faut pas
34:39qu'on pète un mât
34:40ou qu'on pète une voile
34:40parce que là,
34:41on est sur les cailloux
34:41en peu de temps.
34:43Il ne faut pas
34:43que le vent reparte
34:44au nord-ouest méchamment.
34:45Donc, à mon avis,
34:47il s'arrache.
34:47Il s'arrache et il monte.
34:49Je pense que là,
34:49les gars,
34:50ils se disent
34:50que ça ressemble
34:52et on sait ce qu'il faut faire.
34:53Il faut remonter tout droit
34:54pendant un bon moment
34:55avant de repartir
34:56vers le large.
34:58Il faut bien penser ça
34:58quand un navigateur
34:59ou un pilote comme ça
35:01ne connaît pas des zones,
35:02il se rattache à ce qu'il connaît.
35:04À quoi ça ressemble
35:05que j'ai déjà vu.
35:06Il a évidemment compris
35:08que s'il y a
35:09un certain système circulatoire
35:10dans l'Atlantique,
35:11il est probable
35:13qu'il en soit de même
35:13de l'autre côté.
35:16C'est comme ça
35:16qu'il a fait son plan
35:17et c'était intelligent.
35:19C'était juste.
35:20Il avait raison.
35:26Personne n'avait jamais navigué ici.
35:29Pourtant,
35:30instinctivement,
35:31Magellan est remonté
35:32le long de l'Amérique du Sud
35:33pour aller chercher
35:34des vents favorables.
35:36Des vents portants
35:37qui pouvaient le pousser
35:38à travers ce gigantesque océan.
35:41Après trois semaines
35:42de navigation vers le nord,
35:44les navires se lancent
35:45dans le vide.
35:51Ils arrivent dans une mer
35:52qui, par chance,
35:55est paisible.
35:55C'est pour ça que Magellan
35:56va la baptiser Pacifique.
35:59Ce nom va lui rester.
36:00Comme il a vu que le temps
36:02était clément
36:03et que la mer s'ouvrait à lui,
36:04il s'est dit
36:05« Espérons ou même croyons
36:07que Dieu me conduise
36:08à la terre de salut,
36:10que sont les Molucs. »
36:13Et là,
36:14j'accomplirai ma mission
36:14et je prouverai
36:15que j'avais raison.
36:17Il ne peut pas faire demi-tour.
36:19C'est vaincre ou mourir.
36:20L'Indien de Patagonie
36:39capturé pendant leur hivernage
36:41en Argentine six mois plus tôt
36:42ne supporte pas
36:43l'éloignement
36:44de sa terre natale.
36:50Il se laisse mourir
36:51pendant les premiers jours
36:52de la traversée.
36:55Alors,
36:56pour seul réconfort,
36:58un baptême est organisé.
37:02Pour ces derniers jours,
37:04ce natif de la tribu
37:05Tewelch
37:06s'est appelé Paul.
37:08Paul l'Indien.
37:10Paul,
37:10le géant Patagon.
37:13Paul,
37:14le Tewelch.
37:30Les journées de navigation
37:31s'accumulent lentement
37:33et Magellan découvre
37:35pendant cette traversée
37:36que l'océan
37:37qu'il a nommé Pacifique
37:39est vide.
37:40Il ne trouve
37:42aucune terre
37:43pour se ravitailler.
37:45Il est passé
37:46juste à côté
37:47des îles
37:47Juan Fernandez
37:48sans les voir.
37:51Un mois plus tard,
37:52Magellan passe à peine
37:53au nord de l'île de Pâques
37:54sans la voir.
37:58Puis,
37:58fin janvier,
37:59après deux mois de mer,
38:01sa route l'engage
38:02entre la multitude
38:03d'îles de Polynésie.
38:04Ça dure,
38:12ça dure,
38:13ça dure.
38:13L'équipage commence
38:14à être décimé
38:14par la fin.
38:15Le bateau commence
38:16à être de plus en plus
38:16mauvais état.
38:17Il se forme des coquillages
38:18sous la coque.
38:19Ça ralentit,
38:19ça avance encore moins bien.
38:20Ça va déjà pas trop vite.
38:21Ça va déjà encore
38:22de moins en moins vite
38:23parce que la carène
38:24est de plus en plus dégueulasse.
38:25Les voiles sont
38:25de plus en plus fatigués.
38:27Donc,
38:27les gars sont de moins en moins
38:29aptes à manœuvrer.
38:29Et donc,
38:30tout ça,
38:30ça ralentit,
38:30ça ralentit,
38:31ça ralentit.
38:32Il est au milieu
38:32de nulle part.
38:33Ça sent pas bon.
38:35Ça sent pas très bon.
38:36Il savait qu'il y avait
38:38des terres là-bas.
38:39Ce qu'il ne savait pas,
38:40c'est à quelle distance
38:41elles étaient.
38:41Ils étaient assez intelligents
38:43pour se dire
38:44la terre est ronde,
38:45on est venu jusqu'ici.
38:46On sait que la Chine
38:47est quelque part
38:48à l'est de l'Europe.
38:49Si on continue
38:49à aller vers l'ouest,
38:50on va trouver la Chine.
38:53La différence pour eux
38:54était bien sûr
38:54pas de carte.
38:57Alors,
38:58on doit juste continuer
38:59à bien surveiller
39:00car on ne sait pas
39:00quand on va rencontrer
39:01la terre.
39:04Christophe Colomb
39:05avait eu exactement
39:06le même problème.
39:07Où est la terre ?
39:09Le 24 janvier 1521,
39:18l'armada des Molucs
39:19aperçoit une île.
39:25C'est un atoll
39:26au ras de l'eau.
39:29Il fait partie
39:38de l'archipel
39:39des Tuamotu,
39:40un archipel
39:41fait de centaines
39:41d'autres atolls
39:43qui sera appelé plus tard
39:44l'archipel dangereux,
39:46tellement on ne le voit pas.
39:51Magellan s'approche
39:52de deux d'entre eux
39:53et il les baptisera
39:55les îles infortunées
39:56car il lui a été
39:58impossible de jeter
39:59l'encre
39:59le long d'une barrière
40:00de corail
40:01où la houle se brisait.
40:11Une chaloupe envoyée
40:12à terre ne trouve rien
40:13d'autre que quelques noix
40:14de coco
40:15et de nombreux requins.
40:17Aucun habitant,
40:18aucune source d'eau douce,
40:19aucune nourriture consistante
40:21dans cette oasis malheureuse.
40:23Ça a été une véritable épreuve
40:40parce qu'il faut comprendre
40:41que Magellan pensait
40:42trouver des îles
40:43où faire escale
40:44pour se réapprovisionner
40:46en eau,
40:46en bois de chauffage,
40:47en nourriture,
40:48etc.
40:48Ils n'avaient pas prévu
40:51de se retrouver face
40:52à un océan sans îles.
40:53Nous demeurâmes
41:18trois mois et vingt jours
41:19sans prendre de vivre
41:20ni autre rafraîchissement.
41:23Nous ne mangions
41:31que du vieux biscuit
41:31tourné en poudre,
41:33tout plein de verre
41:34et puant l'urine
41:35que les rats
41:36avaient faite dessus.
41:39Nous mangions
41:40les cuirs
41:41en peau de bœuf
41:42qui était sur le grand mât
41:43et qui était très dur
41:44à cause du soleil,
41:46de la pluie
41:46et du vent.
41:51Un rat
41:52s'achetait un demi-écu.
41:54Car on ne pouvait
41:55en trouver assez
41:56pour tout le monde.
41:59Nous buvions
42:00une eau jaune
42:01et infecte.
42:07Nous étions touchés
42:08par un mal pire encore.
42:11Les gencives
42:12de la plus grande partie
42:13de nos hommes
42:13enflaient en haut
42:14comme en bas.
42:16Elles enflaient
42:16à tel point
42:17que nos hommes
42:18ne pouvaient plus manger
42:18et ainsi
42:20ils mourraient de faim.
42:24Si notre Seigneur
42:25ne nous avait pas aidés
42:26en nous donnant
42:27du bon vent
42:27et du beau temps,
42:30nous serions tous
42:30morts de faim
42:31sur cette très grande mer.
42:34Et je crois
42:34que jamais aucun homme
42:36n'entreprendra plus
42:38de faire un tel voyage.
42:39Piga Feta a dit
43:07qu'il y a eu
43:0719 morts.
43:09Or,
43:10les sources le prouvent,
43:11il n'y a pas eu
43:1219 morts
43:12mais 9 morts.
43:13Et ce qui est fascinant
43:14c'est que ces 9 morts
43:15ont tous lieu
43:16sur le même navire,
43:17la Victoria.
43:18Pourquoi sur la Victoria ?
43:20Eh bien,
43:21parce que la Victoria,
43:22on l'a vue,
43:23c'est le navire
43:24qui est allé
43:24chercher
43:26le San Antonio.
43:28Les marins
43:29ne vont rester
43:29que 2-3 jours
43:30à terre.
43:31Ils auront beaucoup
43:31moins de temps
43:32que les autres
43:32de manger du céleri,
43:33d'en faire des conserves.
43:34Et donc,
43:35le scorbut va sévir
43:36sur la Victoria.
43:37Tous les morts
43:38sont sur la Victoria.
43:45Quand on regarde
43:45de plus près
43:46les chiffres,
43:47la liste des morts
43:48du Pacifique,
43:499 morts
43:49sur 166 personnes,
43:51c'est très,
43:52très peu.
43:52C'est même
43:53la traversée
43:53la moins mortifère
43:54de tout le XVIe siècle.
43:56Donc,
43:56c'est un des grands paradoxes
43:58de cette expédition,
43:59c'est que la désertion
44:01du San Antonio
44:02qui aurait dû
44:03vouer l'expédition
44:05de Magellan
44:05à l'échec
44:06va la sauver.
44:16Les marins,
44:18à cette époque,
44:19ne pouvaient pas
44:20déterminer la longitude,
44:22seulement la latitude
44:23nord et sud,
44:24mais pas est ou ouest.
44:25Alors quand on traversait
44:27une étendue d'eau
44:27inconnue,
44:28un océan,
44:29on postait toujours
44:31des vigies.
44:31Qu'y a-t-il dans l'eau ?
44:33Oh, on vient de voir
44:34un arbre,
44:34il a dû tomber.
44:35Quelle sorte d'arbre
44:36d'où vient-il ?
44:38Les oiseaux en particulier
44:40sont très intéressants
44:42car les oiseaux de mer
44:43comme les albatros
44:44ou autres
44:44restent en mer.
44:48Mais les oiseaux terrestres
44:49rentrent chez eux
44:50la nuit.
44:51Donc,
44:51quand on voit
44:52beaucoup d'oiseaux terrestres
44:53ou des oiseaux
44:54que l'on ne reconnaît pas
44:55à se diriger
44:55dans une même direction,
44:57on se dit qu'il y a
44:57de la terre là-bas.
44:59Ils ne doivent pas
44:59être très loin
45:00car ils y volent
45:01pour y passer la nuit.
45:03Donc,
45:04immédiatement,
45:04ils ont des informations
45:05et ils cherchent tout le temps
45:07ce genre de choses.
45:08Ces oiseaux sont partis
45:09par là,
45:10il doit y avoir
45:10des terres là-bas.
45:17À force d'avancer
45:18sur le vide
45:18de l'immense océan pacifique,
45:21Magellan s'approche
45:22de la vérité
45:23et du dénouement.
45:30Le monde est divisé
45:31en deux
45:32entre l'Espagne
45:33et le Portugal
45:34selon le traité
45:35de Tordesillas.
45:37Et Magellan
45:37va bientôt pouvoir
45:38déterminer
45:39si les îles aux épices
45:40sont dans la partie
45:41espagnole du monde
45:43comme il l'avait projetée.
45:46Mais juste avant
45:47d'atteindre les Indes,
45:49les navires découvrent
45:50un nouvel archipel.
45:57Après 7000 milles
45:59parcourues en 105 jours,
46:01soit la plus longue navigation
46:02jamais accomplie
46:03d'une traite,
46:05les trois navires
46:06observent la silhouette
46:07d'une île haute
46:08sur l'horizon.
46:10Terre.
46:10L'armada des Molucs,
46:19épuisée,
46:20agonisante
46:21et affamée,
46:22jette l'ancre
46:23à l'abri
46:23de la plus grande île
46:24de l'archipel
46:24des Mariannes
46:25et de Micronésie.
46:32Ce ne sont pas encore
46:33les îles aux épices.
46:35Elles sont habitées
46:35par les Indiens
46:36de Chamorros
46:37qui n'ont jamais vu
46:38d'hommes blancs
46:39et qui n'ont même
46:39aucune idée
46:40de leur existence.
46:48Quand ils ont vu Guam,
46:51ils étaient ravis.
46:52Ils étaient heureux
46:53parce que ça leur épargnait
46:54une mort certaine.
46:56Il faut comprendre
46:57que l'équipage
46:58des Magellans
46:58souffrait déjà terriblement
47:00de diverses maladies
47:01et beaucoup mourraient.
47:03Donc,
47:04trouver enfin une terre
47:05où ils pourraient
47:06probablement se reposer,
47:08trouver des provisions,
47:09les Espagnols
47:11étaient très contents.
47:12Ils s'attendaient
47:13à être chaleureusement
47:14accueillis
47:14par les Indigènes.
47:28L'une de ces îles
47:29était plus grande
47:30et plus haute
47:31que les autres.
47:32Et le capitaine général
47:33voulait aborder
47:34la grande île
47:35pour se rafraîchir de vivre.
47:36Et ça n'a pas été possible
47:44car les habitants
47:45de ces îles
47:46sont entrés
47:46sur notre navire
47:47et nous ont volé
47:48avec beaucoup d'adresse
47:49et de rapidité.
47:52Ils nous ont volé
47:53la barque
47:53qui était attachée
47:54à l'arrière
47:55du navire du capitaine.
47:56Alors,
47:59fort courroucé,
48:01notre capitaine
48:01est allé sur l'île
48:02avec 40 hommes armés.
48:05Ils ont brûlé
48:0650 maisons
48:06ainsi que plusieurs pirogues.
48:09Ils ont tué
48:097 hommes
48:10et ont pu récupérer
48:11leur chalet.
48:11constatant qu'il y avait
48:25une réelle hostilité
48:26entre les membres
48:27de l'équipage
48:27de Magellan
48:28et les habitants
48:29de Guam,
48:30ils ont finalement décidé
48:31de quitter Guam.
48:33Mais avant de partir,
48:35ils ont donné
48:36un très très mauvais nom
48:37à l'île.
48:38Ils l'ont appelé
48:39Islas de los Ladrones
48:40ou l'île des voleurs.
48:58Trois jours seulement
48:59après leur arrivée,
49:01les trois navires
49:01reprennent la mer
49:02vers l'ouest.
49:07Il est difficile
49:08d'imaginer
49:09la frustration
49:09des hommes
49:10après cette escale,
49:12un peu plus affaibli
49:13par la faim
49:13et la maladie.
49:18Le jour du départ,
49:20le maître Andres,
49:21seul anglais
49:22de l'équipage,
49:23meurt d'épuisement.
49:30À bout de force,
49:31l'armada des Molucs
49:32se dirige pourtant
49:33sans le savoir
49:34vers la plus terrible épreuve
49:36de leur aventure.
49:37Incapables de mesurer
49:39leur position exacte
49:41dans l'ouest
49:41tant qu'ils sont en mer,
49:43Magellan et son équipage
49:44ne savent pas encore
49:45qu'ils franchissent
49:46l'anti-méridien
49:47de Tordesillas,
49:49la frontière
49:50entre les domaines
49:51espagnols
49:52et portugais.
49:55Définir la position
49:57de l'anti-méridien
49:58était quelque chose
49:59de si difficile
50:00à démontrer
50:01que l'élite scientifique,
50:03les cosmographes,
50:05concluent qu'ils ne sont
50:05pas capables
50:06de localiser
50:07la ligne
50:08de l'anti-méridien.
50:11Ils n'ont pas
50:11une connaissance exacte
50:13de la dimension
50:13de la planète,
50:15du globe.
50:16Par conséquent,
50:17ils ne savent pas
50:18exactement
50:18à quel degré
50:19fixer cette ligne.
50:23Ils pénètrent
50:24en territoire interdit,
50:26dans les eaux portugaises.
50:27Magellan a vendu
50:33au roi d'Espagne
50:34Charles Quint
50:35que les îles aux épices
50:36où poussent
50:37les clous de girofle,
50:38les Molucs,
50:39étaient dans la moitié
50:40du monde espagnol.
50:42Il ne sait pas encore
50:43qu'il s'est trompé,
50:44que ses calculs
50:45sont faux,
50:46que son projet
50:47est un échec.
50:49Il sait seulement
50:50que pour être bien accueilli
50:51en Espagne
50:52à son retour,
50:53il doit revenir
50:53en héros.
50:57C'est un échec.
51:27le roi d'Espagne
51:30au roi d'Espagne
51:30au roi d'Espagne
51:32à son retour.
51:32Le roi d'Espagne
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations