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Le général Fabien Mandon avait estimé lors du Congrès des maires de France que "ce qu'il manque (à la France)" pour "dissuader le régime de Moscou", "c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est".

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Transcription
00:00Dans BFM Direct, c'est la conséquence directe de la menace russe.
00:03Les autorités françaises préparent les esprits à la guerre.
00:06Et cette semaine a été marquée par des propos controversés.
00:10Les propos du numéro 1 de l'armée, le chef d'état-major des armées plus exactement,
00:14le général Fabien Mandon. Réécoutons.
00:17Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants,
00:22parce qu'il faut dire les choses, de souffrir économiquement,
00:25si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque.
00:27Il faut être prêt à accepter de perdre nos enfants, les enfants français.
00:33Jérémy Trottin est avec nous pour en parler. Rebonjour Jérémy.
00:36Ulysse Gosset, éditorialiste politique internationale BFM TV.
00:39Alexandra Saviana, journaliste à l'Express, bonjour.
00:41Je montre le numéro d'ailleurs de cette semaine de l'Express.
00:45Et vous êtes l'autrice des scénarios noirs de l'armée française aux éditions Robert Laffont.
00:50Avant d'écouter Jean-Marie Boquel, l'ancien ministre qui a perdu son fils au Mali
00:55lors de l'opération Barkhane, il y a de cela six ans, il était l'invité de BFM TV hier soir,
01:00juste d'un mot quand même, quand vous avez entendu le général Mandon cette semaine,
01:03vous spécialiste de ces questions-là, vous avez été surprise ?
01:06Pas vraiment. En fait, c'est un peu dans la droite ligne de ce que le chef d'État,
01:10major des armées et son prédécesseur font depuis quelques années,
01:14qui est vraiment de préparer la société française à l'éventualité,
01:18et j'insiste sur le terme éventualité, d'un affrontement avec la Russie.
01:22L'idée, c'est de dire, on sait que la Russie se prépare à un possible conflit
01:29avec un pays de l'OTAN, avec un pays européen,
01:32dans la mesure où ils augmentent leurs effectifs, notamment depuis 2022,
01:36dans la mesure où ils augmentent leurs équipements.
01:39Et donc, dans ce cadre-là, il faut que l'Europe soit prête à combattre et à répondre.
01:43Pas parce qu'on a une volonté belliciste, mais parce qu'on veut les dissuader
01:47et les empêcher d'envahir, par exemple, les pays baltes.
01:51Jérémy, le chef des armées, le général Mandon, c'est Emmanuel Macron.
01:56Est-ce que le général Mandon, dans ses propos, a été téléguidé par l'Élysée ?
02:00C'est la question que, forcément, nous nous sommes posées.
02:04En fait, c'est vrai qu'on a pu voir à plusieurs occasions un chef d'État-major
02:08qui s'exprimait dans un premier temps avec, derrière, une autre expression du chef de l'État.
02:14On l'a vu notamment sur l'augmentation des crédits pour la loi de programmation militaire récemment.
02:18Là, on sait que le président de la République doit aussi s'exprimer sur la question du service volontaire.
02:22Donc, en fait, c'est vrai qu'il y a peut-être une chorégraphie à deux.
02:25Est-ce que c'est précisément téléguidé ?
02:27Je pense que le chef de l'État a totale confiance dans son chef d'État-major
02:30et que le président de la République a exactement le même constat que son chef d'État-major
02:35sur la question militaire et sur le risque face à la Russie.
02:39Après, il ne s'est pas encore exprimé, le président.
02:41On a vu, en revanche, Catherine Vautrin aussi venir un peu en secours du chef d'État-major
02:45parce que cette déclaration, finalement, elle a marqué les esprits très largement dans le pays.
02:51Parce qu'elle était peut-être un tout petit peu maladroite avec le manque de précision.
02:55Certaines sources au sommet regrettent ce mot-là.
02:59Les enfants.
02:59Non, parce que peut-être qu'il aurait fallu l'expliquer que les militaires étaient aussi des enfants de la nation
03:05et que les premiers en risque étaient en réalité les militaires avant l'envoi des enfants de tout un chacun
03:09sur un fond qui n'existe pas encore.
03:13Mais c'était fait pour marquer les esprits.
03:14Et pour le coup, ça a plutôt bien fonctionné, peut-être un peu plus que ce que le chef d'État-major aurait voulu.
03:20Et encore, en tout cas, on voit que les pays ont chacun une stratégie pour sensibiliser leur public.
03:26Donc, le chef de l'État, lui, va s'exprimer la semaine prochaine sur la question du service militaire,
03:31nouvelle mouture, service volontaire, qui n'aura pas du tout la même facture que le précédent,
03:36qui n'est plus en place depuis 1998.
03:39Mais on a vu que, par exemple, en Allemagne, moi, je trouve que c'est très intéressant,
03:43à partir du 1er janvier, tous les hommes de plus de 18 ans vont passer une visite médicale avec un questionnaire.
03:48Donc, en fait, il y a aussi une forme de sensibilisation qui peut passer par des actes
03:51et pas uniquement par des mots ou des formules chocs
03:54qui permettent de faire avancer aussi les consciences.
03:57Formule choc, dites-vous, coup de tonnerre, incontestablement, cette semaine,
04:00au Congrès des maires de France.
04:01Le général Mandon, chef d'État-major des armées,
04:04qui déclare donc que notre pays doit restaurer sa force d'âme
04:07pour accepter de nous faire mal, pour protéger ce que l'on est
04:11et être prêt à accepter de perdre ses enfants.
04:13Réaction de l'ex-secrétaire d'État à la Défense, Jean-Marie Bockel,
04:17invité de BFM TV hier soir,
04:19lui qui a perdu son fils dans l'opération Barkhane au Mali en 2019.
04:22– On n'est pas vraiment concernés,
04:25mais à ce moment-là, effectivement,
04:26comme l'a dit le général Mandon,
04:29à ce moment-là, nous sommes fragiles, nous sommes faibles
04:30et donc nous sommes une cible facile.
04:33Je pense que notre réarmement moral
04:36doit, dans l'esprit de chacun,
04:38en tout cas de la plupart de nos concitoyens,
04:41prendre en compte ce risque.
04:42– C'est de cela qu'il est question, Ulysse,
04:44de réarmement moral.
04:45– Oui, c'est la force d'âme dont parlait le général Mandon,
04:49le chef d'État-major.
04:50Vous posiez la question de savoir quel était le lien avec le président.
04:53Il faut rappeler qu'il a été le chef d'État-major particulier
04:56du président à l'Élysée pendant deux ans
04:58avant de devenir le chef d'État-major de toutes les armées.
05:01Mais le chef suprême, ça reste le président de la République.
05:03Et lui a déjà dit très clairement,
05:05notamment le 13 juillet dernier, à la veille du 14 juillet,
05:07que la situation, je dirais, générale en France, en Europe,
05:11était extrêmement grave et préoccupante.
05:13C'est la première fois depuis 1945, a-t-il dit,
05:15que les démocraties sont autant menacées
05:17par un éventuel risque de conflit.
05:20Donc il partage la même vision sur le fond,
05:22la formule sur les enfants.
05:24Est-ce que le président de la République l'a validé ?
05:26Probablement pas.
05:27Mais le chef d'État-major exprime sans aucun doute
05:29la même vision que celle du chef de l'État
05:32sur le risque d'une menace russe.
05:34Et le président de la République lui-même
05:35y est confronté chaque jour, et notamment en particulier en ce moment
05:38avec le nouveau plan de paix en Ukraine
05:41que veut imposer Donald Trump avec le soutien de Poutine.
05:43Donc c'est vrai que ça a créé un choc dans l'opinion publique,
05:46une honte de choc, et on ne peut pas éteindre une telle,
05:49comment dire, une telle polémique,
05:51comme disait la ministre des Armées,
05:52en disant qu'il ne faut pas polémiquer.
05:53Il faut surtout répondre aux interrogations des Français.
05:56Et on a vu d'ailleurs à cet égard
05:57la porte-parole du gouvernement qui a dit
05:59nos enfants ne sont pas amenés à aller faire la guerre en Russie
06:03pour répondre à tous les messages sur les réseaux sociaux
06:05qui allaient dans ce sens.
06:07Donc il y a, si vous voulez, je pense un moment important
06:09aujourd'hui en France,
06:11et le chef de l'État devra y répondre.
06:13Parce qu'effectivement, il y a une inquiétude dans le pays,
06:15et une inquiétude qui est basée sur une réalité.
06:18C'est le changement de paradigme en Europe,
06:20avec le retour de la guerre en Ukraine, bien sûr,
06:22mais peut-être au-delà, comme cela vient d'être dit.
06:24Donc ce changement de climat général,
06:27pas simplement en France,
06:29mais dans tous les pays européens,
06:30en Suède, en Finlande, en Allemagne,
06:31cela a été dit très justement,
06:33on voit bien que les temps changent,
06:35et qu'il faut se préparer à peut-être
06:36ce qu'on avait oublié depuis cette période de paix
06:39qui durait depuis 1945.
06:41La menace, ça veut dire l'ennemi en face de nous,
06:44l'ennemi potentiel,
06:45en réaction aux propos du général Mandon cette semaine,
06:48notamment celle de Jean-Luc Mélenchon,
06:50qui a reproché au général Mandon
06:51de prévoir des sacrifices
06:53qui seraient la conséquence de nos échecs diplomatiques
06:56sur lesquels son avis public n'a pas été demandé.
06:58Fin de citation, Alexandra Saviana,
07:00tout cela a trait aussi à l'idée du patriotisme,
07:03qui, pour le coup, en Russie, est très exacerbée,
07:06en tout cas au minimum au Kremlin.
07:09Nous, en face, on est obligés de s'adapter ?
07:12On est forcément obligés de s'adapter.
07:14Moi, je pense que le chef d'état-major,
07:17le président et une partie de la classe politique
07:19a conscience du moment dans lequel on est...
07:24Jean-Louis Thériault, qui était ancien...
07:26Il y a une très grande inquiétude au sommet, en France.
07:29Oui, je pense qu'il y a une grande inquiétude,
07:31parce que, tout simplement,
07:32les données du terrain,
07:34de l'adversaire possible,
07:37qui est la Russie,
07:38sont inquiétantes,
07:39et qu'il faut les prendre en compte.
07:41On dit souvent,
07:43et je l'entendais encore à la radio ce matin,
07:44que la France est protégée par sa dissuasion nucléaire.
07:47Et c'est vrai.
07:48On ne parle pas de chars russes
07:50qui vont envahir Strasbourg,
07:52comme il a pu être dit demain.
07:53Ce n'est pas du tout le sujet.
07:55Le sujet, c'est comment fait-on pour encore...
07:57La guerre est protéiforme.
07:58La guerre est protéiforme, exactement.
07:59En réalité, elle est déjà, d'une certaine manière, menée.
08:01Exactement.
08:01Ce n'est pas de la potentialité, par la Russie.
08:03Exactement, vous avez raison.
08:04On a une guerre hybride,
08:06c'est-à-dire une guerre sous le seuil,
08:07qui est menée sur le continent européen depuis 2022,
08:09qui s'intensifie.
08:11Ça signifie des survols de drones,
08:13ça signifie des cyber-statecs,
08:15ça signifie également des incendies d'entrepôts,
08:18notamment d'équipements militaires.
08:20Donc, la pression est globale sur tout le continent européen.
08:23Et c'est pour ça, justement,
08:24que les autres chefs d'État-major aussi s'inquiètent
08:27et que les autres pays européens aussi s'interrogent
08:30sur la manière de lutter
08:31et de mettre en place éventuellement un service militaire.
08:34Alors, justement, j'allais y venir,
08:35le service militaire, ça fait énormément réagir.
08:38Le retour, le rétablissement du service militaire.
08:43L'exécutif s'apprête, en effet,
08:45à annoncer l'instauration d'un service volontaire.
08:48On est d'accord sur la base du volontariat, Jérémy ?
08:51Oui, alors, selon les infos du service international de BFM,
08:55il y a en effet la volonté du chef de l'État
08:57de mettre en place un service militaire volontaire,
09:0010 000 personnes volontaires, hommes et femmes,
09:04les premières années, jusqu'à 50 000 dans une deuxième phase,
09:08avec aussi la possibilité de puiser dans ces volontaires
09:14des personnes qui pourraient être amenées à aller peut-être
09:17à terme, plus tard, sur le combat.
09:19Ce serait une force de réserve aussi de l'armée,
09:22une forme de formation, formation des esprits,
09:24formation des corps, parce qu'on ne devient pas de militaire
09:25du jour au lendemain.
09:26Et qu'aujourd'hui, on a une armée qui est professionnelle,
09:29mais qui, parfois, pourra peut-être, en cas de conflit,
09:32avoir besoin de renfort.
09:34Et c'est peut-être ça, en fait, le sens de ce service volontaire,
09:37de servir de réserve au cas où.
09:40C'est quand même pas anecdotique, Ulysse.
09:42Non, c'est un profond changement.
09:44Alors, ce n'est pas un retour aux années Chirac,
09:46qui, lui, avait supprimé le service national obligatoire.
09:51Effectivement, d'abord, c'est la base du volontariat.
09:52Et quand on donne les chiffres, qui sont les bons,
09:54c'est-à-dire environ 10 000 la première année,
09:56il faut comparer avec la classe d'âge que cela représente.
09:59C'est 800 000 jeunes et le service national volontaire
10:03qui pourrait être annoncé la semaine prochaine
10:04par le président de la République, ou autrement, on verra.
10:07Ça touche les garçons et les filles,
10:10à la différence du service d'antan.
10:11Donc, c'est une nouveauté.
10:13La question, c'est, effectivement, est-ce que ça va être utile ?
10:15Combien ça coûte ?
10:16Et si ce n'est pas un service national...
10:1886 % des Français, dans un sondage de marche dernier,
10:2086 % des Français favorables au retour du service militaire,
10:24dont 53 % pour la version, si je puis dire,
10:28une version obligatoire ?
10:29Oui, parce qu'elle est défendue aussi par certains partis politiques,
10:32notamment par le Rassemblement national, effectivement.
10:34Mais ça coûte très cher.
10:36Et est-ce qu'on a les moyens, aujourd'hui,
10:37de former 800 000 jeunes par an,
10:39de les loger, de les nourrir ?
10:41Probablement pas.
10:42Il n'y a pas le budget,
10:43il n'y a pas les moyens humains non plus de les formateurs.
10:45Donc, on voit que c'est un débat extrêmement sensible
10:47compte tenu de la situation budgétaire du pays.
10:49Le budget de l'armée, des armées,
10:51augmente déjà considérablement à nouveau cette année,
10:53plus de 7 milliards, il y a d'autres budgets qui sont à la peine.
10:56Donc, si vous voulez, on voit que le débat est à la fois financier,
11:01il est à la fois moral.
11:03Il y avait cette formule, vous savez,
11:04on rappelait que quand le général Mondon parlait des enfants
11:06qui pourraient être atteints par la guerre,
11:11il y a cette formule « allons enfants de la patrie »
11:14et qu'un journal avait transformé en disant
11:16« allons enfants de l'apathie ».
11:18C'était une façon de réveiller un peu les esprits
11:20pour dire « le monde a changé, il faut en tenir compte ».
11:22Sachant que le débat, Alexandra Saviana, fait rage ailleurs,
11:26en Europe, nous ne sommes pas une île.
11:28On évoquait tout à l'heure, justement, l'Allemagne
11:30sur le service militaire obligatoire,
11:32le volontaire, pardon,
11:33et justement, c'est volontaire dans la mesure
11:35où l'Allemagne a mis en place
11:37une clause d'objecteur de conscience
11:39et on a aujourd'hui des partis politiques.
11:42La prévision de volontaire, pardonnez-moi,
11:44en Allemagne d'ici 2030,
11:45elle est dix fois supérieure à la nôtre.
11:48Ils ont aussi une armée qui est plus faible, effectivement.
11:53La question, c'est effectivement,
11:55est-ce que les Français sont disposés ou pas à le faire ?
11:59Je voulais revenir sur un chiffre.
12:00Les 86%, justement, ce qui est intéressant,
12:03c'est qu'il y a 78% de jeunes qui sont pour,
12:05donc c'est aussi majoritaire au sein des jeunes Français.
12:09Donc, il y a vraiment un élan
12:11et la grosse question qui se pose,
12:14c'est qu'en Allemagne,
12:16il y a un tiers des jeunes qui sont prêts,
12:18effectivement, à aller à ce service militaire obligatoire.
12:20Donc, on va observer comment eux s'y prennent
12:22et en France, il va falloir résoudre, effectivement,
12:24la question des effectifs,
12:26la question des casernes qui ont été fermées
12:29depuis notamment le mandat Sarkozy
12:31parce que les dividendes de la paix...
12:33Ça ne sera pas comme ça.
12:34Et donc, effectivement,
12:35on va être dans une configuration extrêmement compliquée
12:38et l'échec du SNU n'encourage pas non plus énormément.
12:42Il va falloir mettre plus de budget et plus d'effectifs.
12:45Et on n'a toujours pas de budget.
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