🇫🇷🇩🇿 Lui, c’est Hakim. Il chante depuis 1997 dans le mythique groupe Dub Inc, installé dans la mythique ville de Saint-Etienne. 🙌 Et c’est un fait rare, très rare même, Hakim, qui reste d’habitude très très loin de la scène médiatique, nous a accordé toute une journée pour nous raconter comment sa trajectoire à lui a été percuté par la grande histoire. Celle de l’immigration et des mineurs de Saint-Etienne dont faisait parti son papa. 🚨 Ah et oui, on avait presque oublié de vous dire, Dub Inc sort un nouvel album « Atlas » le 28 novembre prochain après 27 ans de carrière. Dinguerieeeeeee.
00:07Mon père, il a bossé pendant 30 ans à la mine, il est décédé de ça,
00:09la silicone, c'est la maladie des ménards.
00:11Avec moi, suivez-moi bien.
00:19Qu'est-ce que tu nous as donné rendez-vous ici ?
00:20Je vais t'expliquer rapidement.
00:22C'est parti des quartiers dans lesquels j'ai grandi ici à Saint-Etienne.
00:24Et donc nous, on traînait ici, ça a été retapé et tout,
00:26mais tu avais le marché ici le samedi, le dimanche et tout.
00:29Ça traînait, mais ça traînait.
00:30Mais par contre, il n'y a jamais eu d'embrouilles,
00:32il n'y a jamais eu de problèmes ici.
00:33Et en fait, tu avais toujours toute origine.
00:35Tu avais des blédards, des turcs, des portugais,
00:38même une communauté chinoise.
00:40Tu avais tout et on chamaillait si tu veux, mais jamais de débordements.
00:44C'était des gens qui étaient venus, pour nos parents,
00:47qui étaient venus travailler sur la mine, l'acidurgie, la métallurgie,
00:51tous ces trucs-là, ils faisaient qu'on vivait et qu'on cohabitait ensemble
00:54parce qu'on était tous dans le même bateau.
00:56Ils étaient tous dans le même bateau.
00:57Moi, je n'en suis pas de ça, mais on est fils de ça, en fait.
00:59Et c'est pour ça que ma ville, je la kiffe.
01:02C'est ma vie, quoi.
01:03On est stéphanois.
01:04On n'est pas stéphanois pour rien.
01:05Là, on va faire un petit tour du quartier de Terre Noire.
01:08Puis après, on ira à Bogara, parce que c'est un quartier qui me tient à cœur.
01:11Ici, on est au quartier du Bois-Vernay.
01:13Ça, c'est l'allée des buses.
01:14Et moi, j'ai habité aux 5, donc c'est la première maison,
01:16avec le petit balcon, on va dire, tu vois, là.
01:18Et on était 13 dans cette maison.
01:20Enfin, je connais ce quartier par cœur, en fait.
01:22J'ai vu plus depuis nombreuses années, mais mine de rien, les souvenirs font que...
01:26Et puis, ça reste surtout un quartier encore populaire.
01:28Tu vois, Terre Noire, je pense que c'est un quartier le plus éloigné de Saint-Thé, en fait.
01:31Tu sais, on est à, je crois, on a 7 bornes du centre, en fait.
01:33Je mettais une heure main pour aller au collège, hein.
01:35Non, c'est le collège Terre Noire.
01:36J'ai fait ma 6e jusqu'à ma 5e, et après, lycée professionnelle.
01:40Alors ça, c'était un quartier, mais c'était un quartier populaire où toute origine, toute religion se côtoyait, en fait.
01:45Il y avait un seul principe qui était collectif.
01:47C'est ce côté populaire, c'était ouvrier, quoi.
01:49C'est le point commun qui rassemblait tout le monde.
01:51Tout le monde était logé à la même enseigne, ça bossait.
01:53Et à partir du moment où il n'y a plus eu de travail à Saint-Etienne,
01:55c'est que les gens ont commencé à fuir cette ville parce qu'il n'y avait plus de boulot, en fait.
01:58Tout le monde a subi la crise de plein fouet.
01:59On pourra en parler des jours.
02:00Elle escalait, et je l'aime tellement, elle est incroyable, cette ville.
02:03Et je ne pourrais pas m'installer ailleurs, en fait.
02:05On va arriver au stade.
02:06Voilà, le stade, il est là.
02:07Et les derniers vestiges de Bogara, dans son état, hein.
02:12Naturel.
02:13C'est ce bâtiment, hein.
02:14Et donc mon père, c'est la première génération qui est venue du bled.
02:19Il est né en 1926.
02:20Il est arrivé ici en 43-44.
02:22Il avait 17-18 ans.
02:23Il a bossé pendant 30 ans à la mine.
02:25Il est décédé de ça.
02:26La silicose, c'est la maladie des mineurs.
02:27Et donc moi, je suis la deuxième génération, mais d'une fratrie de 10.
02:30Et donc, je suis l'avant-dernier.
02:32On arrive au stade, tiens.
02:33Je trouve qu'on a les plus beaux stades de France.
02:36C'est pas chauvin, non ?
02:38Oui, un petit peu quand même.
02:40Mais c'est le plus beau stade de France.
02:42J'ai qu'un souvenir qui marque ici.
02:44Enfin, j'en ai plusieurs, mais il y en a un qui est hyper important.
02:46C'est quand j'ai amené mon fils pour la première fois au stade.
02:48Allez !
02:49Qui c'est le plus fort ? Évidemment, c'est les mers !
02:53Pouvoir montrer ça à mon gamin et de le voir, voir ça dans ses yeux.
02:57Je vois aussi mon père qui a dû voir son fils, voir ça dans les yeux de son fils.
03:01Enfin, tu vois, c'est…
03:02Je trouve ça classieux, en fait.
03:04Allez, quoi ? Tu vois bien ?
03:05Allez, quoi ? Tu vois bien ?
03:06Jouer au stade, ça détienne.
03:11C'est génial.
03:12Ce serait plus que ça.
03:14Ce serait énorme.
03:16Maintenant, il faut l'organiser, il faut le faire, il faut…
03:18Comme si c'est pas plein, on s'en fout.
03:20Arrête !
03:21Si, venir là, putain, les gars !
03:22C'est dans nos têtes, on y pense.
03:25Il y a une effervescence dans ce stade qui ressemble à aucun autre, en fait.
03:29De n'importe quel caste, niveau social, du patron jusqu'à l'ouvrier, les gens viennent défendre une seule et même cause, en fait.
03:36Ça, c'est le zénith, ça l'a besoin.
03:37On a inauguré le zénith de Sainte, quand il a fini d'être construit.
03:40Donc là, on est décembre 2025.
03:42En décembre 2026, on a eu deux zéniths en vente.
03:44C'est complet.
03:45Donc ça, c'est grâce au STF.
03:47Ce peuple, il est comme ça.
03:48C'est quelqu'un qui va être là sur la durée.
03:50Je pense pas qu'il y ait de mots à ça.
03:51Mon père, il a travaillé 30 ans ici, en fait, à 876 mètres de profondeur, il me semble.
03:56Algérie, c'est mon pays de cœur.
03:58La France, c'est mon pays d'adoption, pas celui qui a adopté mon père, ma famille.
04:01Moi, aujourd'hui, je suis fils de milleure, en fait.
04:03C'est ce qu'ils ont construit à Saint-Etienne, c'est ce qu'il nous a fabriqués,
04:06et c'est ce qui nous a été inculqué, ces valeurs-là, en tout cas.
04:09C'était la zermie, quand même.
04:11C'était H24.
04:13Ils se reliaient tout le temps.
04:14Ça montait, ça descendait, ça descendait, ça descendait pas.
04:16Désolé, désolé.
04:17Alors, je te présente le studio Greenyard, notre laboratoire qu'on a acheté il y a deux ans, maintenant, un an et demi.
04:21Mais là, on est chez nous, quoi.
04:23Après 7 ans de vie, on sort un nouvel album, on est en autoproduction, on est auto, tout court.
04:27On n'a plus à la Paris, on nous a même proposé, il y a des années, des années, de racheter tout notre catalogue, machin.
04:35Interdit.
04:36C'est quelque chose qu'on a construit, nous.
04:37Nous, on va aller vendre un truc qui nous appartient.
04:39Sorti de l'album le 28 novembre, Atlas, qui est un très bel album, hyper content.
04:44Viens, je t'amène, viens, je te montre.
04:46C'est notre bébé, tu sais.
04:47Ce que j'aimerais bien te montrer, c'est le vinyle, ne bouge pas.
04:49Donc, sorti 28 novembre, soyez prêts, la famille.
04:58Merci aux gens qui suivent Leic et bon courage à vous, parce que moi, je suis abonné à ce média depuis pas mal de temps et j'adore et je suis fan.
Écris le tout premier commentaire