Le chef des armées, le général Fabien Mandon a choqué un certain nombre de personnes lors de son allocution au salon des maires, le 18 novembre 2025. S'il a parlé de "perdre nos enfants" dans une guerre, il a surtout affirmé que la Russie se préparer à entrer en conflit avec nous d'ici 2030. Alors, discours alarmiste ou réalité ? Mais pour quel genre de conflit ? Nous avons posé la question à Samantha de Bendern, chercheuse à Chatham House, au Royaume-Uni, spécialiste de l’espace ex-soviétique et des questions de défense européenne.
00:00La Russie, aujourd'hui, se prépare à une confrontation à l'horizon 2030.
00:06Si notre pays flanche, parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants,
00:11parce qu'il faut dire les choses.
00:14Ses propos ont choqué une bonne partie du pays.
00:16Mais on s'est demandé, la guerre avec la Russie est-elle vraiment imminente d'ici 2030 ?
00:21Est-ce que le général Mandon dramatise la situation ?
00:23Ses propos ont fait couler beaucoup d'encre.
00:26Je suis globalement 100% d'accord avec lui.
00:29Le scénario de chars qui déverserait les Champs-Elysées, non, personne n'y croit.
00:35Utiliser la formule « il faut être prêt à voir mourir nos enfants » n'était pas forcément la plus à droite.
00:41On parlait bien sûr des jeunes hommes et des jeunes femmes qui sont engagés dans l'armée
00:45et qui sont donc les enfants de la France.
00:47La chercheuse estime d'ailleurs que la nature du régime actuel sous Poutine est le même que l'URSS.
00:52C'est une nature expansionniste.
00:54Ça concerne l'Ukraine, ça concerne aussi les pays qui sont aujourd'hui dans l'OTAN.
00:59Que ce soit la Pologne, que ce soit les Pays-Baltes, même éventuellement les autres républiques d'Europe de l'Est.
01:06Pour empêcher que nous soyons obligés de risquer la vie de nos enfants,
01:13il faut absolument que la France se montre extrêmement forte et déterminée à se réarmer.
01:18Le réarmement.
01:20C'est pourtant un point que le président de la République Emmanuel Macron a abordé à plusieurs reprises,
01:25mais qui a particulièrement marqué dans son discours du 31 décembre 2024.
01:29Et pas forcément en bien.
01:30Si la Russie devait attaquer un de nos alliés otaniens ou au sein de l'Union européenne,
01:36la France serait confrontée à un choix.
01:38Si la France choisit de ne pas remplir ses obligations en tant qu'alliée,
01:43l'architecture de sécurité qui fait qu'aujourd'hui nos enfants ne sont pas à risque va s'effondrer.
01:50Pour empêcher que nous soyons obligés de faire ce choix,
01:53il faut montrer une posture très forte et très déterminée aujourd'hui vis-à-vis de Poutine.
01:58Mais de quel type de guerre parle-t-on ?
02:00Surtout lorsqu'on parle de puissances qui détiennent chacune l'arme nucléaire
02:03ou encore à l'ère des cyberattaques ou de la désinformation ?
02:06Certains nous dirait que nous sommes déjà en guerre avec la Russie.
02:09Tout ça, ce sont des actes qui, si on prend la doctrine militaire russe,
02:14sont des actes de guerre, ce qu'ils appellent les mesures actives.
02:18Les mesures actives sont tous les actes hostiles vis-à-vis d'un ennemi
02:22qui sont en dessous du seuil de la guerre frontale.
02:26Ensuite, la guerre totale, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:28Vous avez parlé de dissuasion nucléaire et là, on rentre dans un champ extrêmement difficile.
02:35Parce que si vous avez une dissuasion nucléaire,
02:38si vous êtes attaqué, vous vous dites de toute façon, je suis à l'abri.
02:41Mais imaginez-vous un missile russe conventionnel tombe sur Strasbourg ou Lyon ou même Paris.
02:49Comment est-ce que la France va réagir ?
02:50Est-ce qu'elle va envoyer un missile nucléaire stratégique sur Moscou
02:54et enclencher non seulement la Troisième Guerre mondiale, mais potentiellement la fin de l'humanité ?
02:59Ben non.
02:59Mais si elle n'a pas d'une armée et une dissuasion conventionnelle suffisamment importante,
03:06suffisamment profonde,
03:08les choix qu'elle aura de répondre à une éventuelle attaque,
03:11qui reste très hypothétique, j'insiste,
03:15seront réduits.
03:16Pour qu'une dissuasion nucléaire soit vraiment crédible,
03:19il faut qu'elle soit accompagnée d'une dissuasion conventionnelle crédible.
03:23Mais alors, disons qu'il faille se préparer.
03:25Nous sommes plusieurs générations à avoir eu le privilège de n'avoir jamais connu de conflits sur notre sol.
03:29Cette semaine d'ailleurs, le gouvernement a publié un guide de survie à destination de la population.
03:34Et dans les médias, on a souvent pu opposer économie de guerre et économie sociale et solidaire.
03:39Alors, comment on fait ?
03:40Les États-Unis assurent une grande partie de notre défense.
03:43Si on veut être autonome et ne plus dépendre des Américains,
03:47il faudra payer.
03:48Et moi, ce que je vous dirais, ce que me disent les Ukrainiens,
03:52c'est que quand on n'a pas de sécurité, on n'a pas de santé.
03:54Il faut les deux, mais que les deux soient dépendantes les unes des autres.
03:57Que la santé, elle dépend d'un pays qui est en sécurité.
04:00Et puis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous dis, je vous
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