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  • il y a 23 minutes
Didier François, éditorialiste défense BFMTV, était l’invité du Face à Face ce vendredi 21 novembre. Il est revenu sur le plan de paix américain pour l'Ukraine ainsi que sur les propos du chef d'état major des armées. 

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Transcription
00:00Il est 8h28 sur RMC et sur BFM TV. Bonjour Didier François, vous êtes éditorialiste Défense BFM TV.
00:09On avait vraiment besoin d'un expert ce matin pour revenir évidemment sur les propos du chef d'état-major des armées, Fabien Mandon.
00:17Oui, ça fait jaser, ça fait beaucoup réagir. Il y a eu de la sidération, de l'inquiétude, beaucoup de critiques aussi.
00:23Je vais relire ces propos prononcés devant le Congrès des maires. Il dit ceci.
00:28Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à perdre ses enfants, parce qu'il faut dire les choses, ajoute-t-il,
00:34s'il n'est pas prêt à souffrir économiquement, si on n'est pas prêt à ça, alors on est en risque.
00:40D'abord, je voudrais essayer de comprendre, Didier François, quand il dit perdre nos enfants, de quels enfants parle-t-il ?
00:47Est-ce qu'il parle juste des militaires ou il parle de chacun de nos enfants dans chaque famille de France ?
00:52Mais les soldats et les militaires sont les enfants de la nation.
00:55Bien sûr.
00:56Il y a quand même une petite hypocrisie à s'emballer là-dessus.
01:00Je rappelle que la semaine dernière, c'était le 11 novembre, et que tous les dirigeants politiques, le bleuet, et ce qui est bien normal, à la boutonnière,
01:08sont allés devant les monuments aux morts où c'était justement nos enfants morts pour la France.
01:14Enfin, ça veut bien lire ce que ça veut dire d'un point de vue militaire.
01:16Ça veut dire, ce qu'a voulu rappeler le chef d'état-major des armées, c'est que dans un monde qui devient de plus en plus violent, où nos adversaires n'hésitent plus à recourir de manière totalement décomplexée à la guerre et à l'affrontement au rapport de force,
01:32rappelons que la liberté a un prix, et que le prix de la liberté, ce n'est pas seulement les armes, ce n'est pas seulement le budget, c'est la volonté de vouloir défendre ce que nous sommes et ce pour quoi nous vivons.
01:43C'est aussi simple que ça.
01:44On va revenir sur les raisons de ces propos, mais d'abord quelques questions que tout le monde se pose.
01:50Le chef d'état-major des armées qui parle devant le congrès des maires, il le fait avec le feu vert du président de la République.
01:56Je me suis demandé tout simplement si le président de la République avait même relu son discours et les propos qui font jaser, comme vous dites.
02:03Alors relu, honnêtement, je n'en sais rien. Je n'ai pas posé la question au chef d'état-major des armées.
02:07En revanche, ce qui est logique, c'est qu'il soit intervenu devant les maires après être intervenu devant les députés,
02:13et cela dans un cadre de présentation de la situation stratégique générale aux élus de la République.
02:19Pourquoi ? Parce que, rappelez-vous la séquence, on a l'impression que ça tombe comme un cheveu sur la soupe, mais pas du tout.
02:25En fait, le président de la République s'est exprimé le 1er, le 13 juillet dernier, sur la présentation, lors des voeux à la nation et aux armées,
02:33de la revue stratégique nationale, dans laquelle on explique qu'aujourd'hui, l'un des risques que l'on peut avoir,
02:41à faire face, c'est un risque d'engagement majeur des armées françaises en Europe, hors du territoire national,
02:51puisque le territoire national, lui, il est protégé par la dissuasion nucléaire, il est sanctuarisé.
02:56En revanche, si dans 3 ans, 4 ans, 5 ans, la Russie, un petit peu revigorée,
03:02avec une armée qui s'est reconstituée après la guerre en Ukraine, parce que pour l'instant, elle est usée par la guerre en Ukraine,
03:08mais on voit bien qu'ils sont sur un modèle de croissance qui fait qu'ils testeraient la solidarité européenne
03:15à un moment où les Américains ne sont pas sur le territoire.
03:17J'essaye de faire de la pédagogie pour ceux qui nous écoutent sur RMC ou qui nous regardent sur BFM TV.
03:22Donc, vous êtes en train de me dire que ce qu'a dit Fabien Mandon,
03:25il faut nécessairement le relier à ce qu'avait dit son prédécesseur Thierry Burkhard.
03:29C'était le 11 juillet dernier, juste avant la prise de parole d'Emmanuel Macron.
03:33On va reciter ses propos.
03:35La Russie a identifié la France comme son principal adversaire en Europe.
03:40Ça veut donc dire qu'il faut clairement se préparer à quelque chose de sérieux avec la Russie ?
03:44En fait, l'idée, c'est de se dire, si on est prêt à ce scénario d'affrontement,
03:50eh bien, on va le dissuader.
03:51Le problème, c'est qu'il ne faudrait pas que la Russie fasse un mauvais calcul.
03:54L'idée, ce n'est pas de faire la guerre, mais de tout faire pour l'empêcher.
03:57C'est toujours la même chose.
03:58Le rôle des armées, c'est d'empêcher la guerre.
04:00D'abord parce que les armées, c'est les premiers qui seront.
04:02La nation serait engagée dans la guerre, la guerre serait une catastrophe.
04:05Donc, l'idée, c'est d'être suffisamment fort avant et de montrer notre détermination
04:09pour que l'adversaire ne fasse pas d'erreur de calcul
04:12et ne se dise pas, oh là là, il y a tous les herbivores là-bas qui sont dans le pré.
04:16Ils ne sont pas prêts à se défendre.
04:18Les herbivores, c'est l'expression d'Emmanuel Macron.
04:19Oui, mais ce n'est pas que lui, en fait.
04:21Regardez, c'est étonnant.
04:22On a toujours ce débat très franco-français.
04:25Hier, le chef d'état-major de l'armée suédoise a dit la même chose.
04:29Le polonais dit pareil.
04:30Les Allemands disent, eux, 2029.
04:33Donc, voyez bien que tous les Européens voient ce qui se passe.
04:36Ils voient deux choses.
04:36Ils voient un retrait américain de l'Europe.
04:39Ils voient une montée en puissance de la Russie.
04:41Et donc, la question qui se posera, c'est comment éviter,
04:44alors qu'on a perdu, en fait, ces deux protections, entre guillemets,
04:49comment éviter que la Russie ne fasse une bêtise
04:51en allant tester les Pays-Baltes ou tester les Polonais
04:54ou tester les Moldaves qui ne sont pas dans l'OTAN ?
04:58Et qu'est-ce qu'on ferait si, demain, un pays européen
05:01avec lequel on a une monnaie commune, une économie commune,
05:03une énergie commune, des valeurs communes, des institutions communes,
05:06étaient attaqués ou testés ?
05:08On serait bien obligés d'y aller.
05:09Il y a une autre question que beaucoup de gens doivent se poser.
05:11Pourquoi nous ?
05:12Pourquoi la Russie a identifié la France comme son principal adversaire ?
05:17Je rappelle quand même qu'on a la puissance nucléaire,
05:19on a une vraie puissance militaire,
05:21on a un siège au Conseil de sécurité de l'ONI.
05:23Ça veut dire que tout ça ne nous protège pas ?
05:25On ne nous protège plus ?
05:26Si, au contraire, ça nous protège, mais c'est ce qui nous permet aussi d'organiser la résistance.
05:30Vous avez bien compris que, par exemple, la coalition européenne aujourd'hui
05:33se fait autour de deux pays qui sont les deux seuls pays qui ont l'ordre nucléaire,
05:37qui sont la Grande-Bretagne, qui ne sont plus dans l'Union européenne,
05:39et la France.
05:40Pourquoi ? Parce qu'avec un retrait américain,
05:42c'est les deux seules puissances qui restent sur le continent européen,
05:46dotées et donc capables de dire à la Russie, on n'a pas peur.
05:49Les autres sont plus dans une situation plus inquiétante.
05:52Donc ils sont obligés de s'appuyer sur une partie de notre dissuasion
05:55pour pouvoir réagir.
05:57Donc les Russes le savent parfaitement.
05:58Qu'est-ce qu'ils font ?
05:58Ils font ce qu'on appelle la guerre hybride.
06:00On ne va pas avoir un déboulé de char sur les Champs-Élysées.
06:02Soyons sérieux, ça n'a aucun sens.
06:04En revanche, le risque, évidemment, c'est, un, ce qu'on appelle cette fameuse guerre hybride,
06:08c'est-à-dire la guerre informationnelle.
06:09Parce que sur le débat, je peux vous dire que les trolls russes,
06:12ils y vont sacrément sur la...
06:14Et il faut le dire, ça n'arrive pas qu'en France.
06:15Il y a eu une voie ferrée qui a été sabotée en Pologne ce week-end.
06:19C'est tous les jours en Europe.
06:21Donc le chef d'état-major des armées est dans son rôle
06:23quand il dit aux maires de France,
06:25qui seront, après l'avoir dit aux députés,
06:28c'est ce qu'il avait fait dans un premier temps,
06:29attention, il faut que vous soyez prêts
06:31à pouvoir organiser la résilience de la nation.
06:34C'est autour de vous que se ferait, par exemple,
06:36la mise en place des structures hospitalières,
06:39des trains, des hôpitaux, des aéroports,
06:42des aéroports, enfin de tout ce qui serait la logistique
06:45et le fait qu'une nation tienne face à une agression.
06:48Donc il est totalement logique que le chef d'état-major des armées
06:50aille s'appuyer, et c'est ce que prévoit la revue nationale,
06:54sur ce qui fait la résilience de la France.
06:57Mais on avait l'habitude de ça.
06:58La revue nationale, pour ceux qui nous écoutent, d'un mot ?
07:00La revue nationale stratégique, en fait, c'est l'analyse
07:02qui est faite par les services de renseignement
07:04et l'ensemble des services de l'État des risques majeurs
07:06et qui disent, voilà, on a une hypothèse.
07:08L'hypothèse est que, d'ici 2030,
07:11si on est capable de dissuader une attaque russe majeure
07:14en pouvant projeter l'ordre de 30 000 hommes
07:16en dehors de nos frontières,
07:18aux côtés d'une force européenne,
07:20eh bien, si on est capable, ça ne veut pas dire que ça va arriver,
07:22si on est capable de répondre à ce scénario-là,
07:24on est capable de répondre à tous les scénarios de crise.
07:26Le but du jeu, encore une fois,
07:28c'est de dissuader la guerre, c'est de gagner la guerre avant la guerre.
07:30C'est très clair.
07:31Didier François, je le disais en vous présentant,
07:33vous êtes vraiment un expert de ces sujets-là
07:35et moi, en écoutant Fabien Mandon,
07:38je me suis dit, mais est-ce que le haut commandement militaire,
07:41nos services de renseignement, savent des choses ?
07:43J'imagine que oui, que nous, nous ne savons pas.
07:45Par exemple, sur les intentions précises des Russes
07:48ou sur l'écroulement potentiel des Ukrainiens
07:51dans leur guerre d'ici quelques semaines ou quelques mois.
07:54Est-ce qu'ils ont entre leurs mains
07:55des informations que nous n'avons pas
07:57et que vous, d'ailleurs, vous avez peut-être ?
07:59Non, alors, encore une fois,
08:00les services de renseignement
08:01essaient évidemment de décrypter,
08:03mais on ne peut pas être dans la tête de Poutine,
08:05que les choses soient claires.
08:05En revanche, il y a des choses que l'on peut voir
08:07et pas seulement les services de renseignement.
08:09On voit bien que depuis 2008,
08:11la Russie monte en gamme
08:12et qu'elle est de plus en plus agressive.
08:14Géorgie, Syrie, prise de la Crimée,
08:17attaque de l'Ukraine.
08:18On voit bien la tendance.
08:20On voit bien la Chine aussi.
08:21Parce que nous, on est toujours ultra-franco-français
08:24et puis très européens centrés.
08:26Mais les Américains,
08:27pourquoi ils se retirent de l'Europe ?
08:29Parce qu'eux estiment qu'entre 2027 et 2030,
08:31il y a un véritable risque
08:33que Xi Jinping veuille reprendre Taïwan.
08:35Et ils disent
08:35si nous, on est occupés à Taïwan,
08:37on ne pourra pas s'occuper de l'Europe.
08:38Donc, grosso modo, démerdez-vous.
08:40Et donc, tout le monde a ça en tête.
08:41Tout le monde sait que...
08:42C'est pour ça qu'on accélère le tempo
08:44pour pouvoir être prêt au cas où.
08:46Parce que, encore une fois,
08:48alors, moi, je suis un vieux con,
08:49donc j'ai l'habitude, dans les années 80,
08:50on avait la guerre froide,
08:51on savait ce que c'était.
08:52On faisait notre service national,
08:53on avait ces structures de l'OTAN
08:57qui faisaient que, ben voilà,
08:59des troupes pouvaient transiter par la France
09:01pour aller des ports de l'Atlantique jusqu'à l'Est.
09:04Tout ça, on vivait avec.
09:05Il se trouve que pendant 30 ans,
09:06on a eu une période de paix totalement exceptionnelle
09:08en Europe de l'Ouest.
09:10Et que donc, on a un peu oublié ses fondamentaux.
09:12Et que donc, maintenant,
09:13quand on nous dit que la pluie mouille,
09:15oula, ça fait peur.
09:16Oui, ça fait peur.
09:16Mais en fait, on vit très bien avec.
09:18On a vécu, toute notre génération a vécu avec ça.
09:20Vous m'avez répondu sur les possibles intentions russes.
09:24Et là, on analyse les faits.
09:25Mais il y a aussi le possible écroulement
09:27de l'armée ukrainienne.
09:28On entre dans un hiver
09:29qui s'annonce à nouveau extrêmement long.
09:32On voit les coups de boutoir
09:33qui sont portés sur la ligne de front.
09:35On parle quand même de centaines,
09:36voire de milliers de morts tous les jours.
09:38Est-ce que nous avons un certain nombre d'informations
09:41qui pourraient nous laisser penser
09:42que les Ukrainiens pourraient s'écrouler
09:45dans les semaines ou les mois qui viennent ?
09:46Alors, un effondrement, non.
09:47On n'y croit pas.
09:49Là, aujourd'hui, il y a une poussée russe
09:50qui est due à de la conjonction.
09:51Mais premièrement, c'est intéressant, l'Ukraine.
09:53Pourquoi ?
09:54Quand les choses soient claires,
09:56les paroles du chef d'état-major
09:59ne consistaient pas à dire
10:00qu'on va envoyer nos troupes en Ukraine
10:01qu'on va que la Russie.
10:02Mais c'est bien de le redire.
10:03Je préfère le redire
10:04parce que les hommes politiques
10:06qui jouent avec ça,
10:07ils savent quand même exactement
10:09que ce n'est pas vrai.
10:10En revanche, ce qui est intéressant,
10:11c'est de voir, par exemple, l'Ukraine.
10:12Eux non plus, ils ne voulaient pas la guerre.
10:14Eux aussi, ils voulaient la paix.
10:17Eux, ils perdent leurs enfants tous les jours.
10:18Il y a 1000 morts par jour, au moins, côté russe.
10:20Et c'est très élevé côté ukrainien.
10:22S'ils avaient pu l'éviter,
10:23ils auraient préféré le faire.
10:24Et ils l'auraient évité s'ils avaient été forts.
10:26Aujourd'hui, je ne pense pas qu'ils vont s'écrouler.
10:28En revanche, ils ont un vrai problème de mobilisation.
10:29Pour le coup, quand on discute
10:30avec des commandants ukrainiens sur le front,
10:33leurs unités, elles sont à 70%
10:34simplement de leurs effectifs
10:40Justement, ils ont refusé de mobiliser les jeunes
10:41de 18 à 25 ans.
10:43La moyenne d'âge dans les tranchées en Ukraine,
10:45c'est 42 ans.
10:46C'est quand même élevé.
10:47Et c'est difficile.
10:48Quand on discute avec eux, ils disent
10:48attention, une guerre face à un pays comme la Russie,
10:51qui n'a pas peur de des pertes
10:52et qui s'en fout complètement,
10:53parce que son opinion publique
10:55ne va pas renverser Poutine,
10:57qui tient ça d'une main de fer.
10:58On parle de plus de 300 000 morts et blessés russes
11:01depuis le début de la guerre.
11:02Donc ça fait 100 000 par an, quand même, à la louche.
11:04C'est ça qu'essaye de rappeler
11:06le chef d'état-major des armées
11:08aux Français qui, évidemment, heureusement,
11:10et tant mieux, vivent bien.
11:11Donc attention, le monde n'est pas
11:13le monde de bisounours que l'on croit parfois.
11:15Mais ils ne sont pas prêts de s'effondrer.
11:16En revanche, ils ont un problème.
11:17Comme ils n'ont pas d'hommes,
11:19ils dépendent des drones pour se défendre.
11:21Or, il se trouve que les dix derniers jours,
11:22il y a un brouillard de chiens
11:23qui est sur toute la ligne de front
11:26et que donc les Russes, eux,
11:28envoient des vagues humaines
11:29et que comme les drones,
11:30ils ne fonctionnent pas, ça recule.
11:31Alors, ça ne veut pas dire
11:32que l'armée ukrainienne est en bon état,
11:33mais elle n'est pas à l'état de s'effondrer.
11:36Et puis la deuxième chose,
11:37j'imagine qu'on allait y venir,
11:38c'est le plan de paix.
11:38Ben oui, c'est ce que j'allais vous dire.
11:40Parce qu'on se dit,
11:41mais peut-être que dans l'esprit des Européens,
11:43on se dit que ce plan de paix
11:44sur lequel Donald Trump
11:46est censé travailler depuis des mois,
11:47peut-être qu'il n'a aucune chance.
11:49Il y a un plan de paix
11:50qui a été présenté.
11:52Il est en 28 points.
11:54J'en résume les principaux.
11:55L'Ukraine doit céder
11:56les territoires déjà occupés par la Russie,
11:58c'est-à-dire la Crimée,
11:59les quatre blasts du Sud-Est,
12:00dont l'intégralité du Donbass,
12:02si j'ai bien compris.
12:03Ça, c'est l'article 21.
12:05Oui, en fait, ils disent
12:06reconnaissance de facto
12:07que l'Ukraine se retire
12:08de la totalité du Donbass.
12:11La ligne dans laquelle il serait retiré
12:13serait une zone démilitarisée.
12:15Donc une reconnaissance de facto
12:16des conquêtes
12:17et un arrêt de la ligne de...
12:19Donc ça, c'est Donbass...
12:20Et l'Ukraine serait amputée
12:22de la moitié de ses forces militaires.
12:24En fait, c'est...
12:25Donc en réalité, pardon le dire...
12:27C'est 600 000 hommes.
12:28Pardon de le dire comme ça.
12:29En fait, ce n'est pas un plan de paix.
12:30On demande à l'Ukraine de capituler.
12:32Oui, à ce stade,
12:34en fait, on est dans la logique
12:35de ce qui avait été déjà présenté
12:36à cet été,
12:38qui est une logique de capitulation.
12:39Le problème étant que...
12:42En fait, vous le voyez bien,
12:43aujourd'hui, l'Ukraine,
12:45c'est eux qui, en fait,
12:46usent l'armée russe.
12:49L'économie russe
12:50et le système russe
12:51est organisé pour recruter.
12:53Ils sont à 20% en plus
12:54de leurs objectifs de recrutement.
12:56Ils ont aujourd'hui une armée
12:56à 1,2 million de 100 000 hommes.
12:57Et ils produisent des armes
12:59à une tendance extrêmement forte.
13:02Une des inquiétudes, par exemple,
13:03des Européens,
13:03c'est demain,
13:04paix en Ukraine.
13:05Tant mieux pour les...
13:06Tant mieux, honnêtement.
13:07Mais l'armée russe,
13:08elle continue de croître.
13:09L'économie russe continue...
13:10C'est ce que j'allais vous dire.
13:11Parce que ce sont des conditions
13:12inacceptables pour l'Ukraine,
13:14mais ce sont des conditions
13:15inacceptables pour l'Europe
13:16et la future sécurité
13:17de l'Union européenne aussi.
13:19Et c'est peut-être pour ça
13:20qu'il faut se préparer à la suite.
13:21C'est exactement ça le sujet.
13:22C'est-à-dire qu'encore une fois,
13:24le jour où ça s'arrête en Ukraine
13:26et que la Russie continue
13:27de monter en puissance,
13:28le risque,
13:29c'est que son appétit
13:31se porte sur d'autres...
13:33Et pareil,
13:33ça ne sera pas du déboulé de char.
13:34Ils ne sont pas fous.
13:35Mais exemple bête.
13:38Demain,
13:38un groupe de paramilitaires
13:40pro-russes
13:41en Estonie,
13:42au nom de la défense
13:43d'une minorité russophone,
13:45décide de saisir
13:4640 km² en Estonie.
13:48Les Américains vont dire
13:49qu'on a autre chose à faire.
13:50Qu'est-ce qu'on dit aux Français ?
13:51C'est compliqué de leur dire
13:52qu'il faudrait aller mourir
13:54pour l'Ukraine.
13:54Mais alors,
13:55c'est encore plus difficile
13:55de leur dire
13:56d'aller mourir pour Riga,
13:57pour Vilnius ou pour Saline.
13:58Le problème,
13:59c'est que c'est exactement
14:00ce que disait Marcel Déa
14:01en 1939.
14:01C'est-à-dire,
14:02on ne va pas mourir
14:03pour Danzig.
14:04Et la réalité,
14:05on s'est tapé 50 guerres.
14:06Donc le problème,
14:07c'est justement,
14:07pour éviter de se taper
14:08les 50 guerres,
14:08il vaut mieux être fort avant
14:09pour que l'adversaire
14:11ne soit pas tenté
14:12de faire une bêtise.
14:13Vous comprenez quand même
14:14que ce climat
14:15soit terriblement anxiogène.
14:16Ça arrive au moment
14:17où Matignon diffuse
14:18un guide de survie
14:19à tout le monde.
14:20Et alors,
14:21j'ai appris que Taïwan
14:22faisait exactement
14:23la même chose.
14:23Là, c'est pour se prémunir
14:24de l'invasion potentielle
14:26des Chinois à Taïwan.
14:28Mais en réalité,
14:28il y a plein de pays
14:28qui font ça, non ?
14:29En fait,
14:30tous les pays font ça.
14:31Je veux dire,
14:32un sac de crise,
14:33c'est un sac de crise.
14:34Que ce soit une crise naturelle,
14:35une guerre ou autre chose,
14:36il faut de l'eau,
14:37il faut de la bouffe,
14:38il faut de quoi faire du feu
14:39et il faut de quoi se couvrir.
14:40Enfin, c'est le béabat quand même.
14:42Donc, tout ça est parfaitement normal.
14:43Mais là aussi,
14:43enfin, parfaitement normal.
14:45Malheureusement,
14:45dans le monde...
14:46On a cru pendant des années
14:47que,
14:48enfin, pendant les 30 dernières années,
14:49que la parenthèse exceptionnelle
14:51de paix que nous avons vécue
14:52était la norme.
14:53On est en train de se réveiller.
14:55Alors, c'est évidemment difficile
14:56pour l'autruche
14:56de sortir la tête du sable
14:57parce que c'est désagréable.
14:59Honnêtement, ça gratte.
15:00Mais en fait,
15:00la vérité, c'est ça.
15:01C'est qu'on revient
15:02à un monde normal
15:03tel qu'on connaissait avant.
15:04Il y a autre chose
15:04qui risque de gratter.
15:05J'ai vu qu'Emmanuel Macron
15:06s'apprêtait à prendre la parole
15:08le 27 novembre prochain.
15:10Il va faire un déplacement
15:10dans les Alpes.
15:11Et alors,
15:12on parle d'un retour
15:14du service militaire.
15:14Retour n'est pas le bon mot,
15:16mais d'un service militaire
15:17qui pourrait s'adresser
15:18à 10 000 soldats,
15:20nouveaux soldats,
15:21des jeunes majeurs,
15:23hommes et femmes d'ailleurs,
15:23garçons et filles,
15:25volontaires,
15:26potentiellement payés.
15:28C'est une demande de l'armée.
15:29C'est une nécessité absolue.
15:31Où en est le projet
15:33pour ce que l'on en sait ?
15:33Pour l'instant,
15:34il y a un besoin.
15:36Vous voyez bien
15:36qu'il y a un besoin.
15:37L'armée de terre recrute
15:38tous les ans 16 000 jeunes,
15:39quand même,
15:39que les choses soient claires.
15:40Et ça marche très bien.
15:41Il n'y a pas de sujet
15:42là-dessus.
15:42Il n'y a pas d'inquiétude
15:43sur le patriotisme de la jeunesse
15:45et son engagement
15:45pour défendre le pays.
15:46En revanche,
15:47il y a un vrai besoin
15:48de ce qu'on appelle
15:49un peu de masse.
15:49C'est-à-dire qu'on a des armées
15:50qui sont taillées
15:51depuis des années.
15:52Et donc,
15:53aujourd'hui,
15:53il y a une réserve
15:54et l'idée étant
15:56effectivement
15:57de faire un service
15:58militaire,
15:59pour le coup,
16:00volontaire,
16:01donc à la louche
16:03les études aujourd'hui,
16:06ce qui est proposé,
16:06de toute manière,
16:07le président tranchera
16:08et puis il expliquera,
16:09mais ce qui est
16:09le plus facile de faire
16:10aujourd'hui,
16:11ce qu'on est capable de faire,
16:12c'est effectivement
16:12sur un volume de 10 000 hommes,
16:13un peu sur le modèle
16:14du service civique.
16:15On a l'argent,
16:16on a les infrastructures,
16:17on a l'encadrement militaire
16:19pour s'en occuper.
16:19Justement,
16:19c'est pour ça
16:20qu'on va parvenir
16:21à une classe d'âge entière.
16:22Une classe d'âge,
16:23à l'époque,
16:23c'était que les garçons,
16:24c'était 400 000 hommes.
16:25Aujourd'hui,
16:26c'est 800 000 jeunes.
16:27Aujourd'hui,
16:28une classe d'âge
16:28qui vienne pendant un an
16:30faire un service national,
16:31on n'en a pas les capacités.
16:32En revanche,
16:33une remontée en puissance,
16:34c'est-à-dire donner
16:34à des jeunes qui veulent le faire,
16:35la capacité d'apprendre
16:37comment se comporter,
16:39qu'est-ce que c'est qu'une arme,
16:40qu'est-ce que c'est qu'une manœuvre,
16:40etc.
16:41Donc,
16:41un vrai service militaire,
16:42une formation.
16:43Si vous en formez 10 000 par an,
16:45ça vous fait 100 000 sur 10 ans,
16:46c'est déjà pas mal
16:47pour avoir une petite base.
16:48Après,
16:48ça pourra monter en puissance.
16:49Mais à ce stade,
16:51sur le modèle du service civique,
16:53c'est à peu près
16:54ce qu'on peut faire
16:54de plus efficace.
16:56J'ai gardé le plus difficile,
16:57peut-être d'ailleurs
16:58le moins intéressant,
16:59vous allez me dire
16:59ce que vous en pensez pour la fin.
17:01Les réactions politiques
17:02au propos du chef
17:03d'état-major des armées,
17:04on a entendu
17:05certains à gauche dire
17:07c'est des vattes en guerre,
17:08d'autres dire
17:08c'est inutilement alarmiste.
17:11J'ai même entendu
17:12un élu de RN dire
17:13il n'est pas légitime
17:14à dire tout ça.
17:15Comment vous avez réagi,
17:16vous,
17:17le spécialiste de ces questions ?
17:18D'abord,
17:18moi je ne suis pas surpris
17:19parce que,
17:20encore une fois,
17:21la pluie s'amouille.
17:23Oui,
17:23à la guerre,
17:23on en a des morts.
17:24Juste une chose
17:25pour ceux qui disent
17:25que ce n'est pas légitime.
17:27Quand les responsables
17:28des services de renseignement
17:29intérieur ou extérieur
17:30viennent mettre
17:31les élus français en garde
17:33et les français à travers eux
17:34contre la menace
17:35terroriste islamiste par exemple,
17:37ils sont dans leur rôle
17:37et c'est normal.
17:38Et là,
17:39ça couine parce qu'on dit
17:39que c'est des Russes
17:40qui viennent nous emmerder.
17:41Mais voilà,
17:42il y a un moment,
17:42il faut rester raisonnable
17:43et arrêter les chicailleries
17:46politiciennes.
17:46On a le droit
17:47de ne pas aimer un gouvernement,
17:48un président, etc.
17:49Mais enfin,
17:49le pays,
17:49ça reste le pays.
17:50Donc indépendamment de tout ça,
17:51je pense que le chef
17:53d'état-major des armées
17:53est dans son rôle
17:54en disant attention,
17:55on est quand même
17:56dans une situation
17:56de tension internationale
17:58que vous,
17:59peut-être,
17:59n'avez pas totalement réalisé
18:01et que pour être efficace
18:02et pour être crédible,
18:04il faut dire
18:05qu'on est prêt
18:06à défendre notre liberté.
18:07Elle a un prix.
18:08Merci Didier François
18:09d'être venu éclairer
18:10ces propos du chef
18:11d'état-major.
18:12Il est très précisément
18:138h47 sur RMC et BFM TV.
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