- il y a 11 heures
David Lisnard, président de l’association des maires de France et maire de la ville de Cannes, était l’invité du Face-à-Face de ce mardi 18 novembre sur RMC et BFMTV.
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00:00Il est 8h28, vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour David Lissnard.
00:04Bonjour.
00:05Vous êtes le maire de Cannes, président de l'Association des maires de France.
00:08Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions ce matin à quelques heures de l'ouverture du salon des maires,
00:13le grand salon des maires, et surtout à trois mois des municipales.
00:17De nombreuses questions et difficultés auxquelles les maires sont confrontées.
00:20Laissez faire les maires, c'est votre cri du cœur.
00:23Vous voulez moins de normes, plus d'autonomie, notamment financière.
00:26On va y revenir, mais d'abord, cette question qui concerne désormais tous les territoires,
00:33et donc tous les maires de France, la question du narcotrafic.
00:37Des étapes, des terribles étapes ont encore été franchies ces derniers temps.
00:43Un jeune de 12 ans entre la vie et la mort, le frère d'un militant antidrogue de Marseille
00:49qui a été pris pour cible, et cette réunion, dans une heure et demie maintenant à l'Elysée,
00:53énième réunion, j'allais dire, pour tenter de lutter contre le narcotrafic.
00:57C'est une question à laquelle vous êtes constamment confrontés, les maires, sur le terrain.
01:01Qu'est-ce que vous attendez de réunions comme celles-là ?
01:03D'abord, merci beaucoup de votre invitation et de cet intérêt pour ce plus grand rendez-vous mondial d'élus.
01:08C'est la France, le pays réel qui va être concentré porte de Versailles.
01:13Le narcotrafic, c'est pour ça qu'il faut souvent écouter ce que l'on dit dans le Congrès
01:19plutôt que les relations avec le Président, etc.
01:22Nous avions alerté depuis des années.
01:23Je me souviens très bien avoir dit que dans un passage dans l'Allier,
01:26j'avais remarqué que des villages que j'ai connus quand j'étais petit
01:29devenaient... il y avait des points de deal en pleine ruralité.
01:34L'année dernière, nous avons organisé, quand on voyait que ça ne bougeait pas,
01:37une grosse table ronde au Congrès des maires sur le narcotrafic.
01:40étaient venus notamment les deux sénateurs qui avaient co-rédigé cet excellent rapport.
01:45Et il en a résulté la loi, qui est une bonne loi.
01:48Et parce que cette réalité-là, nous la vivons,
01:51et dans les grandes villes, dans les villes moyennes, mais aussi dans les villages.
01:54Ce qu'il faut maintenant, comme toujours en France, au-delà des séquences de com',
01:57au-delà des affichages...
02:00Ou des réunions d'urgence à nouveau.
02:01Mais les réunions d'urgence, pour les gens publics, c'est pas lui qui...
02:04Enfin, c'est la police qui agit, c'est la gendarmerie, c'est la justice,
02:08éventuellement le gouvernement, mais enfin, on sait très bien qu'on est dans un contexte
02:11où il n'y a pas de majorité, etc.
02:13Donc tout ça, c'est de la séquence.
02:14Ce qu'il faut maintenant, c'est de l'exécution des choses.
02:17Hier, le sénateur Étienne Blanc, qui est un des deux co-auteurs du rapport,
02:20intervenait sur la réunion que nous organisons sur les Outre-mer,
02:23qui sont souvent une porte d'entrée des stupéfiants,
02:26même s'il y a de plus en plus de production locale,
02:28mais pour les drogues de synthèse, pour la cocaïne, etc.
02:31et donner ces chiffres terrifiants.
02:33Le trafic de drogue, c'est au moins 7 milliards de chiffre d'affaires.
02:36On pense même que c'est plus le budget de la justice,
02:39c'est-à-dire avec les pénitenciers, les prisons et tout, c'est 10 milliards.
02:44Il faut juste mettre ça à l'échelle, alors que la justice, c'est le cœur de l'État.
02:47Deuxièmement, il y a 250 000 personnes, au moins, qui vivent du trafic de drogue.
02:51Et souvent, ce sont des familles, parce qu'on dit,
02:53il faut attention à la responsabilité des familles, etc.
02:56Toutes les forces de l'ordre en France, gendarmerie, police, c'est moins,
02:59c'est 220 000 personnes.
03:00Et on voit ces méthodes de violence extrême, d'entrisme aussi,
03:04qui gangrènent le pays,
03:06et qui, aujourd'hui, sont un phénomène qui nous renvoie.
03:10Quand vous parlez des familles, est-ce que ça veut dire que vous considérez,
03:13comme un certain nombre de maires, David Lysnard,
03:15qu'il faut responsabiliser les familles ?
03:18C'est-à-dire qu'il faut que, s'il y a un jeune délinquant dans le narcotrafic,
03:23éventuellement pénaliser la famille,
03:25avec la question de l'accès au logement social,
03:28avec la question des allocations ?
03:30Oui.
03:31Oui.
03:32Alors, il faut préciser les choses.
03:34Il faut retrouver les principes de l'état de droit,
03:36et il faut montrer que la démocratie, ce n'est pas l'impuissance.
03:39Parce qu'autrement, on ouvre la voie à toutes les aventures
03:41les plus extrémistes et les plus autoritaristes.
03:43Que les choses soient claires,
03:46quand c'est un majeur, il doit être responsable de ses actes.
03:49Quand c'est un mineur,
03:50alors on propose avec Alexandre Martin, député,
03:53un changement du code pénal des mineurs,
03:55mais ce n'est pas compliqué.
03:56Quand il n'y a plus de responsabilité individuelle,
03:59il y a toujours une punition collective, tout le temps,
04:01pour la société.
04:04Or, moi, je veux bien être responsable de mes enfants mineurs,
04:06mais ce n'est pas facile.
04:08Mais pas de ceux des autres.
04:09Mais pas de ceux des autres.
04:09Donc, si on n'a pas ces principes simples,
04:12je vois tellement de familles où il y a de la complicité, en fait.
04:16On nous sort des discours, on n'était pas au courant, etc.
04:18Mais sur le recel, sur le stockage, sur la protection,
04:22sur des faux témoignages, moi j'ai ça tous les jours.
04:25Donc, il faut des conséquences sur le logement, sur les allocations.
04:28Soit il est responsable individuellement,
04:30et la famille n'est pas responsable,
04:32soit il est mineur, il est sous la responsabilité de sa famille,
04:34et il faut bien qu'il y ait une responsabilité.
04:35Il y a tellement de gens honnêtes qui attendent un logement,
04:38il y a tellement de familles.
04:39Et dans les milieux populaires, les gens sont très honnêtes,
04:42comme partout, quoi.
04:43Donc, il faut s'occuper des gens bien.
04:45David Lysnard, quand vous dites qu'il faut s'occuper des gens bien,
04:48on entend peut-être le nouveau slogan des LR,
04:51« La France des honnêtes gens »,
04:53mais j'imagine que ce n'était pas forcément...
04:54C'était peut-être même inconscient.
04:56David Lysnard, quand vous parlez à l'instant...
04:58C'est peut-être une conviction, tout simplement.
04:59C'est peut-être consciemment une conviction.
05:00Exactement.
05:01Quand vous dites à l'instant la question aussi de tous ces gens
05:03qui attendent notamment des logements,
05:06vous avez sans doute vu cette réflexion lancée par le ministre,
05:10issu des LR d'ailleurs, Vincent Jambrun,
05:12qui veut mettre fin au HLM à vie.
05:14Alors, ça n'existe déjà pas officiellement,
05:17mais dans les faits, il est très difficile de faire un turnover.
05:20C'est du déclaratif,
05:21mais certaines familles qui ne pourraient plus prétendre aujourd'hui
05:23à un logement social,
05:25ils restent quasiment à vie.
05:27Est-ce qu'il faut en effet mettre des beaux 3, 6, 9,
05:31où on doit à chaque fois représenter un dossier ?
05:33Oui.
05:34Ce n'est pas nouveau d'ailleurs.
05:35Ça fait longtemps que c'est évoqué dans le débat,
05:38parce qu'aujourd'hui, ça devient un statut.
05:41Et ça ne doit pas être un statut,
05:42ça doit correspondre à des réalités sociales.
05:44Et donc, le problème, c'est que quand vous statufiez quelque chose,
05:48ça se fait au détriment des gens des plus modestes.
05:50Mais là aussi, il faut aller jusqu'au bout du raisonnement.
05:52La difficulté en France, c'est que s'il y a une rotation
05:55dans les logements sociaux, j'appelle de mes voeux,
05:57et le ministre a raison là-dessus,
05:59qu'est-ce qui se passe après pour ceux qui sortent des logements sociaux ?
06:01On a quand même tué tout le marché du logement.
06:03Cette année, on va avoir de mise en logement neuf 250 000 logements à peu près,
06:09moins de 300 000.
06:10Je rappelle que quand le président Pompidou est mort, ça ne nous rajeunit pas.
06:13En 1974, il y avait 450 000 logements neufs,
06:17alors qu'il y avait 10 millions d'habitants en moins.
06:19Au passage, c'est 200 000 emplois en moins si on faisait des logements.
06:21Donc, ce que je veux dire, c'est que ça renvoie à toutes ces réalités locales
06:24que l'on vit, nous, dans nos communes tous les jours.
06:26La crise du logement, c'est la plus grande crise sociale.
06:29L'AMF avait alerté du temps de mon prédécesseur François Baroin.
06:32J'ai retrouvé ses déclarations en 2017,
06:34et tous les ans disaient, attention, ça va arriver.
06:36Parce qu'on a...
06:37Donc on aurait pu anticiper, on le savait.
06:40Bien sûr, mais comme beaucoup de choses,
06:41comme la crise de la santé.
06:43On sait depuis 30 ans qu'il va y avoir un vieillissement de la population.
06:46On va avoir un atelier de travail sur le vieillissement de la population.
06:49Il va falloir...
06:50On ne fait plus de gosses et on vit de plus en plus vieux.
06:52Donc on consomme de plus en plus de soins médicaux.
06:55On le sait.
06:55Il fallait anticiper.
06:57Et je rappelle juste que l'AMF alerte sur le fait
07:00que sur les prochaines années,
07:02il en devra fermer 5 000 écoles et ouvrir 500 EHPAD.
07:05C'est ça la France aujourd'hui.
07:06Parce que c'est la pyramide des âges qui évidemment se transforme.
07:08C'est pour ça que le système de répartition ne fonctionne plus.
07:10Qui est de moins en moins une pyramide
07:11et qui a le sommet de plus en plus en bas.
07:13Entre le local et le global, tout est cohérent.
07:15Et justement, David Lissner, je le disais,
07:16vous réunissez à partir d'aujourd'hui 12 000 maires
07:19qui vont être réunis en congrès.
07:22C'est à 4 mois des élections municipales.
07:24Ce sera le 15 et le 22 mars prochains.
07:26Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
07:27Les différents sondages disent que les questions majeures
07:30pour les prochaines municipales, c'est la sécurité,
07:33c'est la question de la santé,
07:34c'est la question aussi de la mobilité.
07:36C'est ça aujourd'hui vos priorités ?
07:39Oui, le maire c'est le mandat de la qualité de la vie
07:41et de la dynamique locale.
07:43J'ai vu ce sondage qui est intéressant,
07:47c'est-à-dire que les Français maintenant
07:48transposent vers les maires des sujets
07:50qui sont tous des sujets régaliens
07:51ou des sujets de l'État,
07:53notamment la sécurité.
07:55Et donc, beaucoup de Français
07:57vont vers la dernière figure
07:59qui peut-être tient encore le coup
08:01sur le plan institutionnel,
08:02que sont les maires.
08:03Il ne s'agit pas de dire que tous les maires
08:04sont formidables.
08:05Il y a des mauvais maires,
08:06il y a des maires mal gérées,
08:07comme il y a des entreprises,
08:08c'est la vie ça.
08:09Mais on voit bien que c'est encore un échelon
08:11qui fonctionne.
08:12Je dis souvent qu'on est les praticiens du quotidien
08:14et on a montré depuis six ans,
08:16crise Covid, inflation,
08:18accueil des réfugiés, etc.,
08:19que nous étions des urgentistes de la République.
08:22Donc, ces sujets-là,
08:23ils reviennent partout,
08:24dans les villages,
08:25dans les grandes villes,
08:26dans les villes de gauche,
08:27dans les villes de droite,
08:27dans les villes où il n'y a pas
08:28de positionnement politique.
08:30Et ils vont être évoqués dans ce congrès
08:32où on va aussi poser les problématiques
08:34de l'intelligence artificielle.
08:35On va beaucoup travailler sur ces questions-là,
08:37comment on peut améliorer
08:37la gaine productivité,
08:39comment on peut donner des solutions
08:40dans les petites communes.
08:40Parce qu'il faut le dire,
08:42vous aurez moins de sous.
08:43Oui.
08:44Il faut quand même se rendre à l'évidence.
08:45Le budget tel qu'il est en train d'être discuté,
08:48mais c'était déjà le cas
08:50des deux précédents budgets,
08:52il va quand même vous donner moins de sous.
08:54Donc, globalement,
08:55on resserre la vis à nouveau
08:57des collectivités locales.
08:59Alors, malheureusement,
09:00c'est un peu plus pervers.
09:01Parce que si c'était resserrer la vis
09:02pour assainir les comptes publics,
09:04pourquoi pas ?
09:05Je veux dire,
09:05on est tous soucieux
09:06de l'assainissement des comptes publics.
09:08Les intérêts de la dette de l'État
09:10vont représenter,
09:11je parlais du budget de la justice,
09:12six fois le budget de la justice.
09:13Avec vos impôts,
09:14nous allons payer six fois plus
09:16pour les intérêts de la dette d'un État
09:18qui ne se réforme pas
09:19que pour tout le budget de la justice.
09:21Le problème, ce n'est pas ça.
09:22Ce n'est pas des économies
09:23qu'on nous demande.
09:25Ça, c'est les récits
09:25qu'on sert à l'opinion publique.
09:28En disant,
09:28il faut participer à l'effort
09:29avec ce récit infantilisant
09:30qui nous exaspère.
09:32Non, en fait,
09:32ce sont des prélèvements supplémentaires.
09:34C'est-à-dire que l'État prend,
09:35comme un drogué de la dépense publique,
09:38prend toujours plus sur les ménages,
09:39il va s'attaquer à l'épargne,
09:40prend toujours plus sur les entreprises
09:41et prend toujours plus
09:43sur les collectivités.
09:44Or, c'est pas en saignant
09:46les bien portants
09:47qu'on va soigner le malade.
09:48Un drogué de la dépense ?
09:49Oui, bien sûr.
09:50L'État est drogué de la dépense ?
09:51Et le système social.
09:52Moi, je pense,
09:53alors ce n'est pas l'AMF qui parle,
09:54c'est mes convictions personnelles,
09:55qu'on est au bout,
09:56qu'on est à la fin du système
09:57de l'État-providence.
09:58Vous considérez encore être,
10:00alors vous n'êtes pas député,
10:01mais faire partie de la famille
10:03du socle commun,
10:04ça existe encore pour vous,
10:05le socle commun ?
10:06Quelle transition, tout d'un coup !
10:07On parle du pays réel ?
10:08Selon les informations d'RMC,
10:11le socle commun,
10:12comme on dit,
10:13ne votera pas le volet recette.
10:15C'est exactement ce que vous disiez
10:16à l'instant.
10:17L'État drogué à la dépense.
10:19Si vous étiez député aujourd'hui,
10:21est-ce que vous le voteriez ?
10:21Non, mais moi d'abord,
10:23je n'ai pas voulu être député,
10:24je m'éclate,
10:26je ne sais pas si c'est le terme,
10:27mais je me réalise en mon mandat de maire
10:28et j'essaie de porter une voix nationale aussi.
10:30Mais non, non,
10:31je pense que ce système est cuit,
10:34que depuis la dissolution,
10:35il faut qu'on réamorce un cycle normal
10:37dans l'esprit de la Ve République
10:39avec un nouveau président de la République,
10:41avec un nouveau Parlement.
10:42Je n'ai jamais accepté
10:43cette notion de socle commun.
10:44Je pense qu'on n'est pas du tout
10:45dans une tripartition de la vie politique
10:47avec gauche, socle commun, RN.
10:51Je pense qu'on est dans une quadripartition
10:53qui a les deux gauches irréconciliables
10:54dont parlait Emmanuel Valls
10:55avec une extrême gauche
10:56qui devient de plus en plus néofasciste
10:59et antirépublicaine, etc.
11:01Une gauche républicaine
11:03que je respecte beaucoup,
11:04qui essaie de renaître,
11:04mais qui a des difficultés.
11:06Le RN qui se dit ni de gauche ni de droite
11:08et comme je le disais récemment,
11:09il nous a démontré qu'effectivement
11:10il n'était pas de droite
11:11sur le plan budgétaire
11:12puisqu'ils ont voté 34 milliards d'impôts
11:14supplémentaires en 24 heures
11:15et entre un éparpillement façon puzzle
11:18de droite, du centre,
11:20vous l'appelez ça.
11:21Et c'est là qu'il faut cristalliser quelque chose
11:23avec un projet clair.
11:24Ça veut dire, David Lysnard,
11:25j'ai bien compris,
11:26un, vous dites non, non, non,
11:27ça en effet,
11:28vous ne le voteriez pas en l'État.
11:30Ça c'est pour vous invotable ce budget.
11:33Et quand vous dites...
11:33Moi j'aurais voté la censure si vous voulez.
11:35Vous auriez voté la censure, carrément.
11:37Vous estimez que la droite,
11:39comme vous dites républicaine,
11:40aurait dû voter la censure.
11:42Vous comprenez le côté pervers
11:43qui consiste à dire sous couvert
11:44d'une espèce de stabilité,
11:45il faudrait que tout le reste soit instable.
11:47instabilité fiscale,
11:48instabilité sociale,
11:49instabilité économique,
11:50une espèce de mantra un peu infantilisé,
11:52en responsabilité, etc.
11:54Pour que les mêmes restent au non-pouvoir.
11:57La stabilité obsessionnelle du pouvoir
12:01entraîne une instabilité pour le pays.
12:03C'est formidable quand c'est positif.
12:04La stabilité dans la prospérité,
12:06la stabilité dans la sécurité,
12:08si l'éducation nationale progressait,
12:10si notre école était de bon niveau.
12:11Aujourd'hui, tout le quotidien
12:14montre le déclassement.
12:15On va revenir sur la question des...
12:16On va parler des narcotraffics.
12:17Il faut attention à ce que ça ne cache pas
12:19l'autre volet de l'insécurité.
12:20Il n'y a pas que le narcotrafic.
12:22Il y a toute une insécurité
12:23qui n'est pas liée au narcotrafic,
12:24contrairement à ce qu'on nous raconte aussi.
12:26Le narcotrafic, parfois,
12:27il assure même l'ordre dans la quartier.
12:28Vous parlez de quoi ?
12:29Des rixes, des attaques au couteau,
12:30le fait que moi,
12:31quand mes gosses sortent dans la rue,
12:32je ne suis pas tranquille,
12:33parce que j'ai peur que les garçons
12:35se fassent agresser par des bandes qui zonnent
12:38ou que mes filles se fassent embêter,
12:42voire pire.
12:42C'est une réalité.
12:44Quand il y avait une rixe au couteau
12:45dans notre commune avant,
12:46on en parlait tout le temps.
12:47Maintenant, c'est devenu banal.
12:48C'est ça, la réalité.
12:49Et ça se retrouve dans les statistiques.
12:50Donc, on n'en parle plus
12:50parce que c'est le quotidien ?
12:51Oui, il ne faut pas banaliser cela.
12:53Ce n'est pas normal.
12:54Et il y a des choses à faire.
12:55Comment est-ce qu'on fait au niveau national ?
12:57Avant de revenir sur les questions
13:01auxquelles vous êtes confrontés,
13:03vous défendez, je cite,
13:04un projet libéral, sécuritaire et éducatif.
13:07Une grande primaire ouverte,
13:09mais qui irait de qui à qui ?
13:11C'est-à-dire, est-ce que ça va
13:12de Zemmour Knafow, en gros,
13:14à Édouard Philippe, Gabriel Attal ?
13:16Pour vous, c'est ça ?
13:16Moi, à condition que ces gens-là
13:19se réclament d'un principe de droite.
13:22Je ne suis pas sûr que Gabriel Attal,
13:23ça dépend des jours.
13:25Édouard Philippe,
13:25ce n'est plus le même
13:26depuis qu'il est pour le ministre.
13:28Mais ce que je veux dire,
13:30c'est que si on veut faire gagner la France,
13:33il va falloir s'attaquer
13:33à la racine des choses,
13:34c'est-à-dire à l'organisation de l'État,
13:35de la performance publique.
13:36Non, mais c'est juste,
13:37vraiment, ça va être rapide.
13:38Donc, pour répondre à votre question,
13:40je ne vais pas l'esquiver du tout.
13:41Et pour cela, il faut qu'aujourd'hui,
13:43on ne peut pas aller au deuxième tour.
13:45Ce n'est pas compliqué,
13:45vu la force du RN,
13:47vu la force de l'extrême-gauche.
13:48Donc, il faut faire plus de 15%
13:50en premier tour.
13:50On ne peut plus payer le luxe
13:51des premiers tours qui départageaient
13:53un Balladur, un Chirac,
13:54un Giscard, un Bar, etc.
13:56Donc, il faut bien qu'à un moment donné,
13:58il y ait une cristallisation
13:59avec un projet
14:00qui ne soit pas un arrangement notable.
14:02Donc, tous ceux qui se réclament
14:03de la droite,
14:04Dupont-Aignan aussi,
14:05ces gens-là qui font 3-4 points...
14:06Dupont-Aignan qui, lui,
14:07s'était associé au RN.
14:09Mais ces gens-là, aujourd'hui,
14:10ils sont autonomes.
14:11Ils vont à la présidentielle,
14:12ils font entre 3 points et 5 points.
14:14C'est-à-dire qu'ils empêchent
14:15d'aller au deuxième tour.
14:16Donc, il faut une compétition,
14:18il faut démasquer les...
14:19Donc, ça veut dire Dupont-Aignan,
14:21ça veut dire Zemmour-Knafou,
14:22Reconquête ?
14:22Moi, je crois, oui.
14:23Je crois.
14:24L'UDI, le Nouveau Centre...
14:26Et si certains du RN vous disent
14:28« Au fond, faisons le même ensemble »,
14:29est-ce que si Jordan Bardella,
14:30à un moment, vous dit
14:31« Faisons-le ensemble »,
14:32est-ce que ça vous intéresse ?
14:33Mais moi, il est impensable
14:34de devenir le croupion du RN
14:36dont, aujourd'hui,
14:38sur le plan régalien,
14:40du centre-gauche au RN,
14:41tout le monde est d'accord.
14:41Personne n'ose le dire,
14:42mais tout le monde est d'accord.
14:43Il faut coupler les flux migratoires,
14:45il faut rétablir l'ordre, etc.
14:47Mais moi, un parti politique,
14:48aujourd'hui,
14:49et c'est pour ça que les macronistes
14:50sont très responsables de la situation,
14:52ils ont voté avec le RN,
14:53les macronistes.
14:54Qu'est-ce que vous voulez dire ?
14:55C'est-à-dire, un parti qui vous dit
14:56« On va abaisser l'âge de la retraite »,
14:58se fout du monde.
14:59Ils sont en train de planter les jeunes,
15:01ils sont en train de planter la vie.
15:02C'est que les seuls points
15:03sur lesquels, aujourd'hui,
15:04vous êtes en désaccord avec le RN,
15:05ce sont des points économiques.
15:06Mais c'est colossal.
15:07Ce ne sont plus des questions
15:08migration régalien.
15:10Je me permets juste de dire
15:11que le programme régalien du RN,
15:13c'est le programme,
15:14ils le disent eux-mêmes,
15:15et tout le monde le dit,
15:16du RPR des années 90.
15:17Donc c'est la droite ?
15:19Oui, il faut arrêter les hypocrisies.
15:20Donc ça veut dire que
15:21si le RN évolue sur le plan économique,
15:23vous pourriez travailler ensemble ?
15:23Mais tout ça, c'est de la fiction.
15:24Moi, je veux faire gagner un progénie.
15:25Je ne les crois pas.
15:27Vous vous rendez compte
15:28que je ne transige pas,
15:29y compris au sein de LR,
15:30parce que je les trouve
15:31trop étatistes,
15:32trop interventionnistes.
15:33Donc ce n'est pas pour aller
15:34me fourvoyer avec des macronistes,
15:37le RN, la gauche,
15:39que je trouve super étatiste.
15:41C'est l'aspect économique
15:42et étatiste du RN.
15:44Mais c'est plus que ça,
15:45c'est la vision de l'État.
15:46C'est une question,
15:47une vision de l'homme.
15:48C'est-à-dire que moi,
15:49je souhaite que chacun soit...
15:49C'est partie des rares libéraux
15:50qui assument d'être libéraux en France.
15:52Oui, moi je pense qu'il y a
15:54une majorité de libéraux en France
15:55qui ne le savent pas.
15:56C'est-à-dire qu'ils veulent simplement
15:57qu'on récompense l'effort,
15:59qu'on récompense le mérite,
16:00que le travail et l'investissement
16:01soient compétitifs et rémunérés.
16:03Alors, juste titre,
16:04que le pouvoir d'achat,
16:05ce n'est pas les aides sociales,
16:07c'est de réaugmenter le salaire.
16:08Et je fais des propositions
16:09très concrètes là-dessus.
16:10Et parallèlement,
16:11qu'on puisse sortir dans nos rues
16:12en sécurité.
16:13Et enfin, que nos gosses,
16:14et notamment quand on est
16:15milieu modeste,
16:16puissent avoir accès
16:16à des bonnes écoles.
16:18Donc il faut pourfendre
16:18la planification scolaire,
16:20il faut enlever toute l'idéologie
16:22gauchiste de l'école, etc.
16:23Mais le RN, pour moi,
16:25il a une matrice très étatiste.
16:27Je me suis engagé dans la vie publique
16:29pour combattre tout cela.
16:30Je les combats.
16:31David Lissnard,
16:33je voudrais qu'on dise un mot
16:34aussi de ces élus
16:35qui n'ont pas la force
16:36de se représenter.
16:38Parce que certes,
16:39il y aura 12 000 maires
16:40attendus tout à l'heure
16:40à votre congrès.
16:41Même presque 13 000, un record.
16:4313 000.
16:44Et 70 000 visiteurs au salon.
16:45Mais une partie d'entre eux
16:46n'ont pas la force
16:47de se représenter.
16:49Vraiment, jette l'éponge.
16:50Qu'est-ce que vous nous dites
16:51ce matin,
16:52à tous ces Français
16:53qui vous écoutent,
16:53sur le respect des maires,
16:55sur la question aussi
16:56des violences
16:56auxquelles ils sont confrontés,
16:58des réunions à répétition,
16:59des normes,
17:00comme vous le disiez ?
17:01C'est une très bonne question
17:03parce que la démocratie locale,
17:04c'est encore ce qui fait
17:05tenir le pays.
17:06Et moi, c'est pour ça
17:07que je défense cela
17:08et de façon d'ailleurs
17:09transpartisane au sein de l'AMF.
17:11On a eu plus de 40 démissions
17:12de maires par mois
17:13depuis le début du mandat.
17:15C'est-à-dire,
17:15c'est 4 fois plus
17:16qu'il y a 20 ans.
17:17A l'époque, on disait...
17:17Ce n'est pas juste des gens
17:18qui ne se représentent pas,
17:18c'est des gens qui arrêtent avant.
17:19Des gens qui ont démissionné.
17:20On dit,
17:20mais vous n'arrêtez jamais.
17:22C'est vrai que tout le monde
17:22ressent à un moment donné
17:23parfois la lassitude,
17:25l'envie de retourner
17:26dans la vie privée.
17:26Moi, j'étais commerçant.
17:28Ça vient à l'esprit tout cela,
17:29évidemment,
17:29d'avoir parfois un week-end,
17:31etc.
17:32D'un autre côté,
17:33ceux qui sont restés
17:34sont très motivés.
17:35Plus qu'il y a 6 ans.
17:36Vous savez qu'on étudie
17:37avec le Cévi-Pof.
17:38Parce que c'est un mandat
17:38qui est formidable.
17:39C'est un mandat qui...
17:41Alors, tout est plus difficile
17:42qu'avant.
17:43Moi, j'ai un peu d'expérience
17:44en la matière.
17:44Les projets sont plus longs,
17:45plus compliqués et plus chers
17:47parce qu'on nous a enfoncés
17:49dans le 100 000 feuilles administratives.
17:51C'est-à-dire que c'est nous,
17:51d'ailleurs, l'AMF
17:52qui avions dénoncé
17:53au moment de la loi NOTRe,
17:54la loi MACAM,
17:55enfin, toutes ces lois
17:56avec des acronymes abominables.
17:57Toute la complication
17:58que connaissent
17:59les chefs d'entreprise,
18:00les présidents d'associations,
18:02tout est plus long,
18:02plus compliqué, plus cher.
18:03Parce qu'il y a plus de bureaucratie,
18:05parce qu'il y a trop
18:05de réglementations,
18:06trop de procédures.
18:07On est dans la schématocratie.
18:09On passe notre temps
18:09à faire des schémas directeurs,
18:10etc.
18:11Et ça, c'est la première source
18:12de démotivation.
18:13Mais d'un autre côté,
18:14c'est vraiment une communion.
18:16C'est physique,
18:16que le mandat de maire.
18:18Vous-même, David Lissnard ?
18:19Vous êtes candidat
18:20à votre propre succession ?
18:21Je ne l'ai pas encore posé.
18:23Ce n'est pas une coquetterie
18:24de ma part ici.
18:25C'est que je prendrai ma décision,
18:27je la dirai au Canois,
18:28dans le cadre canois.
18:29Il faut en parler chez soi d'abord,
18:30parce que ça engage
18:31votre entourage aussi.
18:32Et laissez-moi déjà vivre
18:33mon congrès des maires.
18:35Le congrès des maires
18:36qu'on va suivre évidemment
18:37sur BFM TV.
18:38Merci à vous, David Lissnard,
18:39d'être venu justement
18:40au matin de ce congrès des maires
18:42qui s'ouvre tout à l'heure.
18:43David Lissnard,
18:43maire de Cannes
18:44et président de l'AMF.
18:45Il est 8h47 sur l'AMC.
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