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  • il y a 13 heures
Arnaud Jerald était l’invité de l’émission L’Equipe de Choc lundi. En l’espace de quelques jours, l’apnéiste tricolore a battu deux records du monde, en descendant à 125m puis 126m de profondeur au Vertical Blue aux Bahamas. Il compte au total dix records du monde. En plateau, le Français de 29 ans a raconté son expérience unique et tout ce qu’il a traversé dans cette épreuve.

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Sport
Transcription
00:00Le Vertical Blue, c'est une compétition qui a lieu au Bahamas.
00:03C'est un Dims Blue Hall, un trou de 200 mètres de fond, creusé naturellement.
00:08Et on le voit sur les images, on a une plateforme qui est au milieu.
00:10Et c'est là où, généralement, je bats les records du monde.
00:15Je bats, c'est pas on le bat, c'est je bats les records.
00:17Je bats tout seul.
00:18Tu as dit que c'était le Wimbledon de l'apnée, pourquoi ?
00:19Exactement, parce que ça réunit vraiment tous les meilleurs apnéistes au monde.
00:24Et c'est l'endroit qui est réuni, voilà, 30, 40 athlètes.
00:28Donc, on est vraiment sélectionné sur le volet au mois de juillet pour plonger là-bas sur une dizaine de jours.
00:33Donc, on a 10 jours pour faire la meilleure performance.
00:35On dirait que c'est un endroit qui a été fait pour vous, naturel.
00:38Une baignoire géante.
00:39Extraordinaire.
00:40Sur ce film, tu vas passer deux records.
00:42Un premier à 125 mètres de profondeur, qui est validé, mais qui ne se passe pas super bien.
00:46Ça dure trop longtemps.
00:47Tu nous racontes le côté sombre et mystérieux de ce passage-là ?
00:51Alors, la première plongée, c'était l'objectif de faire 125 mètres.
00:54Le record avant était à 124 mètres.
00:55Ça faisait à peu près deux ans que je n'avais pas fait de record.
00:59Donc, je revenais le premier jour avec une annonce de record du monde.
01:02Il y avait beaucoup de pression.
01:03Quand je plonge, j'ai une sorte d'ivresse de profondeur qui arrive.
01:07C'est l'impression de se lever très vite d'un canapé et d'être un peu sous.
01:13Donc, on perd complètement la lucidité.
01:16J'ai l'impression que c'est un rêve.
01:17Donc, je ne contrôle plus la plongée et mon corps est en conduite automatique.
01:20Quand je sors de l'eau, finalement, je ne comprends pas que je viens de faire le record du monde.
01:25Et je mets quelques minutes avant de réaliser qu'au final, le record du monde a été fait.
01:30Et j'ai besoin de me remettre dans ma bulle, de me remettre un peu la tête sous l'eau pour me dire, ça y est, ça s'est vraiment passé.
01:36Donc, c'était un beau résultat, mais sans de bonnes sensations.
01:40Avant de passer au bon, au meilleur résultat, est-ce que physiquement, tu as mal concrètement ?
01:44Parce que je crois que les poumons, tu l'expliques bien dans le documentaire, c'est des citrons, voire des noisettes.
01:48Tu as physiquement mal ou pas quand tu descends ?
01:50Heureusement, non.
01:51Mais c'est vrai qu'il y a énormément de pression sur le corps.
01:54Mon cœur bat 15 pulsations minutes.
01:56En bas, l'eau est froid.
01:57Il fait nuit noire.
01:58Je ne respire pas.
01:59Donc, il y a tellement de choses qui pourraient faire croire qu'au final, on n'a pas envie d'aller à ses profondeurs.
02:04Mais la sensation en bas, elle est tout juste magique.
02:07On parle du moment où ça s'est bien passé.
02:08Et ensuite, je vous le passe parce que je sais que vous avez plein de questions.
02:10Quelques jours après seulement, tu retentes un nouveau record.
02:13126 mètres.
02:13Il rajoute un mètre.
02:14Ça nous rappelle un certain Mondo du Plantis qui rajoute des centimètres.
02:17Là, c'est un mètre.
02:18Ce sera ton dixième record du monde.
02:20126 mètres.
02:20Beaucoup plus fluide, plus facile, moins long.
02:23Et on va voir à l'arrivée que tu es beaucoup plus souriant.
02:24Là, tu es clairement dans ton élément.
02:25Et c'est la descente parfaite, c'est ça ?
02:27Exactement.
02:27C'est le rêve de la plongée, de bonnes sensations.
02:30Je suis lue-ci toute la plongée de la descente à la remontée.
02:34Et puis, quand je sors de l'eau, je me souviens, je tire la langue aux apnées de sécurité.
02:38Un peu comme Jordan quand il faisait ses dunques.
02:40Ah, c'est un hommage.
02:40Et là, je leur dis un peu à la Marseillaise, on n'est pas bien là.
02:44Et en plus, tout le monde parle anglais, donc ils n'ont pas compris l'expression.
02:47Ils me regardent en mode, qu'est-ce qui t'arrive ?
02:49Et puis, c'est la célébration.
02:51Et c'était comme ça que je voulais finir ma saison.
02:52Oui, c'est génial.
02:53Pierre Boubiche, Juju Aliane, Hugo Bonneval, qui fait deux minutes sans respirer.
02:57Il s'entraîne dans sa baignoire.
02:58Il y tient, à sa piscine de Carcarran.
03:00Si vous avez des questions, ils sont plus haut.
03:01C'est 50 mètres, le bassin à Carcarran.
03:02Ah, c'est...
03:03Ah, c'est...
03:03Ah, c'est...
03:04Oui, je la connais.
03:05Moi, j'ai une question.
03:06C'est quoi qui différencie le trou bleu des Bahamas à celui du Bélize ?
03:11Ouh là !
03:11Celui du Bélize, il est perdu au milieu de l'océan.
03:14OK.
03:14Alors que le trou bleu aux Bahamas, il y a la plage juste à côté.
03:17OK.
03:18Donc, ça permet au niveau de sécurité d'avoir des meilleures conditions.
03:20Donc, on fait 5 mètres à pied sur la plage.
03:22Et d'un coup, il y a un trou de 200 mètres de fond.
03:24Je ne le connaissais pas parce que j'ai déjà été au Bahamas, du coup.
03:26Donc, c'est pour ça que je demande.
03:27Ah là !
03:27Il faut miniter celui-là, alors.
03:29Merci de poser des questions que tout le monde peut comprendre.
03:31Bah, excuse-moi, j'ai posé des questions quand même.
03:33Arnaud, tu le dis dans le documentaire.
03:35Parfois, juste avant la descente, tu croises des regards qui ont peur pour toi.
03:38Et c'est cette même peur qui te réveille le matin.
03:41Comment tu fais pour gérer cette peur, pour l'appréhender au moment de descendre 126 mètres
03:46et puis de remonter surtout ?
03:48Oui, c'est une bonne question.
03:49C'est vraiment le cœur du sujet.
03:50Comment maîtriser sa peur avant ce genre de plongée ?
03:54Parce qu'on risque tout, finalement.
03:56Et c'est l'accepter.
03:57Se dire, bon, j'ai été préparé pour ça.
04:00Je me suis entraîné toute l'année ou pendant deux ans pour cette plongée, je peux le faire.
04:03Et savoir lâcher prise.
04:05Parce qu'au final, la peur, c'est quand même une info positive de se dire,
04:09je suis conscient de ce que je vais faire et je ne vais pas en mode tête brûlée.
04:13Est-ce que tu peux revenir sur cette fameuse ivresse des profondeurs ?
04:16Parce que c'est un truc qui nous fascine tous.
04:18Et là, tu nous l'as balayé en mode, c'est comme quand on se relève trop vite du canapé.
04:20Non, il y a quand même autre chose.
04:21On parle de vision.
04:22Oui, c'est l'impression d'être comme dans un rêve.
04:25Donc, on a des visions, on a une musique en tête.
04:28Souvent, le matin, j'écoute cinq, six fois du Sofiane Pamar, le morceau Solitude.
04:33C'est mon goût.
04:34Et sous l'eau, quand j'ai cette ivresse des profondeurs,
04:36ça vient comme si j'avais des écouteurs dans les oreilles.
04:39Donc, ça, c'est plutôt positif.
04:40Positif, mais il y a des fois, on a tellement cette sensation qui prend le dessus qu'on n'a plus l'impression d'être soi-même et on a peur de ne pas pouvoir remonter.
04:47Ça te retient un peu en bas ?
04:49Heureusement, non.
04:50Ce n'est pas comme dans le Grand Bleu où j'ai envie de partir avec les dauphins, mais on n'est plus soi-même.
04:54OK.
04:55Plus lucide, quoi.
04:56Plus lucide.
04:56Moi, à quel moment, en fait, tu t'es dit, tiens, je vais faire ça dans ma vie ?
05:00C'est toujours un truc qui me facile parce que c'est…
05:02Il pose cette question à tous les sportifs d'un emploi.
05:04Non, mais à tous les sportifs qui ne font pas des sports communs.
05:06Enfin, je veux dire, quand est-ce que tu as eu un déclic de te dire, tiens, ça me plaît, je vais faire ça ?
05:11Mon père faisait de la chasse sous-marine pour le plaisir à Marseille et le week-end, on faisait la bouillabaisse en tant que sudiste.
05:17Et puis, un jour, il m'a dit, j'aimerais te faire essayer l'apnée, juste descendre le long d'un filin et remonter en apnée.
05:22Et puis, à 16 ans, c'était l'âge où je ne savais pas trop ce que je voulais faire dans la vie, avec la dyslexie aussi, l'hypersensibilité.
05:28Et je ne me sentais pas trop en confiance à la surface.
05:31Et le fait d'aller à 30 mètres à l'âge de 16 ans en plein mois de février, je me suis senti fort quelque part.
05:36Et en face de moi, il n'y avait ni poisson, ni épave, donc ça a fait vraiment un effet miroir.
05:40Et je me suis enfin vu avec mes yeux, non, au travers du regard des autres.
05:44Et ce que je dis souvent, c'est en faisant de l'apnée que j'ai commencé à respirer.
05:47Première descente à 16 ans, 30 mètres direct ?
05:49Oui, c'est allé assez vite, oui.
05:50Ah ouais ? T'en es-moi avec moi.
05:52Moi, j'ai une question rapide.
05:54Jusqu'à quelle profondeur tu as de la sécurité avec toi ?
05:57Est-ce que d'autres personnes peuvent venir avec toi aussi profond, je suppose avec des bouteilles ou pas ?
06:02Ou pas du tout, il y a un moment où tu es livré à toi-même ?
06:05À l'époque de Jacques Mayol, il y avait des plongeurs bouteilles qui l'attendaient.
06:08Sauf qu'aujourd'hui, ils se rendent compte que c'était trop dangereux.
06:10Les plongeurs bouteilles doivent faire des paliers de décompression.
06:13Donc, ils ne pourront jamais ramener un apnée à la surface d'un coup.
06:16Aujourd'hui, on a un drone qui nous suit.
06:18Et s'il se passe quoi que ce soit en bas, on est accroché à la ligne.
06:21Et la ligne est remontée à toute vitesse par un treuil, ce qui nous permet de rejoindre la surface.
06:26C'est la vidéo du drone qui fait froid si vous avez un truc...
06:30Mais ce n'est pas dangereux pour toi de remonter à toute vitesse ?
06:32Tu n'as pas besoin de ces fameux paliers de sages ?
06:34Heureusement, non.
06:34Parce que l'air des poumons se comprime et on ne respire pas d'air sous l'eau.
06:39J'ai une question par rapport à la pression aussi.
06:42Moi, au bout de deux mètres, j'ai les oreilles qui pètent, je suis fatigué.
06:45Et comment est-ce que l'oreille interne arrive à encaisser ce genre de choc ?
06:49Alors, ça s'apprend.
06:50Il faut compenser tous les mètres les oreilles.
06:52Et si on rate un mètre...
06:54Chaque mètre ?
06:54Chaque mètre.
06:55Et plus...
06:56Donc, ça ne fait que 126 fois que tu as régulé tes oreilles, là ?
06:58Presque.
06:59Presque.
06:59Et ça s'apprend.
07:00Des fois, les gens me disent, mais Arnaud, moi, je ne peux pas descendre au-delà d'un mètre
07:03parce qu'après, j'ai mal.
07:04Ça s'apprend.
07:05Et ça devient automatique.
07:06Après, tu ne calcules même plus, en fait.
07:08Si, quand même, un petit peu.
07:09En gros, si tu as le pince-nez pour décompresser, c'est ça, pour descendre et pour remonter,
07:13par contre, tu ne refais pas la même mécanique.
07:15Exactement, parce que la pression disparaît à la remontée.
07:18Et je ne peux pas porter de masque à ces profondeurs-là parce que sinon, avec la pression, ça imploserait.
07:23Donc, je n'y vois pas grand-chose en bas.
07:24J'y vois flou.
07:24Parce qu'on voit que quand même, tu as les yeux ouverts.
07:26J'ai les yeux ouverts.
07:27Sur la combinaison, j'ai une lampe qui me permet de voir le câble en face de moi
07:30parce qu'il fait nuit noire.
07:32C'est un trou bleu.
07:32Et des fois, il y a des poissons qui font 2-3 mètres de long, qu'on appelle les tarpons.
07:36Ils ont des écailles tellement importantes que quand la lumière passe dessus,
07:40je vois la forme du poisson qui brille.
07:43Et là, je ferme les yeux, sinon ça fait trop peur.
07:47Ou si, non, je n'ai rien vu.
07:48Alisson, oui.
07:49Moi, j'ai une dernière question.
07:52Donc, tu as commencé à 16 ans, 30 mètres.
07:54Et après, tu es passé à combien de mètres de profondeur ?
07:56En fait, à quel moment tu te dis, là, j'ai fait 30, je vais aller, je ne sais pas, 40, 50, voire plus ?
08:02Comment tu te dis, tu arrives à passer les palais dans ta tête, à te dire psychologiquement,
08:05je sais que c'est de l'entraînement, mais comment tu fais psychologiquement pour dire,
08:09écoute, là, je me fixe cet objectif-là et j'y vais ?
08:11Finalement, c'est assez naturel.
08:15Je vais dans un club d'apnée à Nice ou à Marseille et je commence à progresser.
08:19À 18 ans, je faisais 65 mètres.
08:22Et puis, je vois que l'équipe de France me dit, voilà, Arnaud, c'est super ce que tu fais,
08:26notamment Guillaume Nery, qui a fait de très bons résultats à l'époque et de belles images.
08:30Et je fais mes premiers championnats du monde, je deviens le plus jeune à descendre à 105 mètres.
08:37Et il n'y a pas de moment où je me dis, bon, là, je me fixe tel chiffre.
08:42Il y a eu les records qui sont arrivés assez vite, mais j'ai été gâté.
08:46Je veux dire, il n'y a pas eu de moment où je me suis dit, bon, là, c'est compliqué pour aller plus bas.
08:50Mais ça arrivera à un moment.
08:51Mais c'est inné, quoi, en fait, un petit peu.
08:53On a cette sensation que tu as une certaine facilité, quand même.
08:56Oui, je pense que je suis né pour ça.
08:59Et le plus dur aujourd'hui, c'est rester sur le long terme,
09:02parce que le pic de forme, normalement, dans ce sport, est entre 35 et 40 ans,
09:06l'âge de mon concurrent.
09:08Et mon premier record, j'ai pu le faire à 21 ans.
09:10Et là, aujourd'hui, tu as ?
09:1129.
09:11Il est trop jeune.
09:12Il est trop jeune.
09:13Trop tôt.
09:13Trop tôt.
09:14C'est trop tôt.
09:14Mais tu sens que tu as encore de la marche ?
09:16Parce que tu disais du plantiste, tu vois, tu sais que tu vois et tu sais que le mec joue avec ça.
09:20Est-ce que toi, tu sens dans ton corps ou dans ta manière d'aborder la chose que tu as encore de la marche ?
09:25Je sentais que j'avais encore de la marche en juillet.
09:28Je voulais faire 127 après, mais il n'y avait plus vraiment de sens de mettre encore un mètre de plus.
09:32Donc, c'est ça qui est agréable.
09:33C'est que je me rentraîne tout l'hiver pour la saison prochaine en me disant, pourquoi pas aller plus bas un jour ?
09:39Juste, puisqu'on parle des records, attend une seconde, Pierrot.
09:41Il y a quelqu'un qui a déjà plongé plus profond que toi, mais en monopalme, si je ne dis pas de bêtises, c'est le russe Molchanov, 131 mètres.
09:47Est-ce que c'est quelque chose qui t'attire de devoir absolument le battre ou de passer en monopalme ?
09:51Est-ce que tu suis ses résultats ? Comment ça se passe ?
09:53Alexei, qui est mon concurrent, je le connais très bien.
09:55On se fait la guerre depuis neuf ans maintenant, la compétition.
09:58On est les deux seuls à peu près à pouvoir plonger à ces profondeurs-là.
10:02Et un jour, pourquoi pas aller en monopalme ?
10:04Parce que c'est une discipline qui peut me permettre d'aller encore plus bas.
10:07Mais pour le moment, dans ma discipline, la bipalme.
10:09Une palme à chaque pied, je me fais plaisir comme ça.
10:12Monopalme, c'est plus d'efforts ? C'est plus physique ?
10:14C'est plus facile.
10:16Mais ça va plus vite ?
10:17Mais ça va plus vite et plus bas.
10:18Donc tu es meilleur qu'Alexei ? Pardon, il ne regarde pas.
10:20On verra.
10:22On verra, pas pour le moment.
10:24La question que j'avais, c'est, alors ça regroupe combien de personnes déjà quand tu pars, quand tu fais une expédition pareille ?
10:29Et la deuxième chose, c'est combien ça coûte ?
10:32Quel est le budget pour un truc pareil ?
10:34Un record, plusieurs mois d'entraînement, ça peut aller sur trois mois au Bahamas, on est entre 30 et 40 000 euros.
10:43Parce qu'il faut l'équipe de sécurité, les médecins, les juges, les billets d'avion, c'est des destinations qui sont magnifiques.
10:48Mais le prix aussi est magnifique.
10:50Et après, tout le reste de l'année, je m'entraîne avec mon équipe et mon bateau.
10:55Et puis, voilà, c'est 30 à 40 personnes à peu près, pour une seule plongée.
11:02Mais j'aime faire l'apnée comme ça.
11:04On pourrait avoir beaucoup moins de personnes et mettre beaucoup moins de moyens, mais on prendrait trop de risques.
11:10Et ça montrerait une autre image du sport que je n'ai pas envie de montrer.
11:13Laquelle ?
11:14Prendre des risques comme il le faisait à l'époque du Grand Bleu.
11:17Mais toi, tu prends des risques aussi, pardon Arnaud ?
11:19Oui, mais ils sont peut-être plus maîtrisés qu'à l'époque.
11:22Mais il y a des risques quand même.
11:23Tu te fais des frayeurs parfois.
11:24Par exemple, sur la première tentative, ce n'est pas une tentative puisque tu l'as réussi,
11:27mais sur le premier record à 125, on sent que tu n'es pas bien.
11:30Oui, je suis dans l'invergosse, dans l'ivresse des profondeurs.
11:33Mais c'est un risque qui ne peut pas forcément me coûter la vie.
11:37Il y a des séquelles quand même, ça peut arriver.
11:39Juste, en 30 secondes, essaie de nous faire ressentir ce qui se passe dans ta tête quand tu es là-dessous.
11:44Parce qu'on n'est jamais allé à moins de 50 mètres dans la piscine olympique de Carcaran.
11:48Mais qu'est-ce que tu vois ? Qu'est-ce que tu ressens ?
11:50En 30 secondes, essaie de nous...
11:51On ferme les yeux, les gars, on joue le jeu.
11:53On joue le jeu, on respire plus.
11:55Mais juste, attends, pour éviter de faire passer les gens pour des imbéciles.
11:5750 mètres, c'est en longueur, pas en profondeur.
11:59Je sais !
12:00Mais lui, sans casse, c'est en profondeur.
12:02On joue le jeu 30 secondes, on ferme les yeux, on arrête de respirer.
12:04Tu nous racontes ce qui se passe.
12:05Un, deux, trois, c'est parti.
12:07126 mètres, c'est la sensation d'être tout seul dans sa chambre avec la lumière éteinte.
12:12Donc, on sait qu'il y a des murs, on a l'impression d'être dans un endroit qu'on connaît vraiment bien.
12:17Et en même temps, comme c'est tout noir, il y a un imaginaire de ce qui se passe au-delà des murs de sa chambre.
12:22Donc, on imagine qu'il y a peut-être des monstres, des requins.
12:24Et en même temps, il faut gérer cette peur.
12:26Et on se concentre juste sur le câble qui est en face de soi, que j'éclaire avec la lampe.
12:31Et c'est la grâce, c'est la quintessence de soi-même, juste se sentir bien à ce moment-là, pas réfléchir à autre chose.
12:38Je n'ai pas pu le tenir plus.
12:39Pour respirer.
12:41Ça le fait quand même, hein ?
12:42Tu les vois, les monstres arriver, les choses arriver.
12:44Merci beaucoup, en tout cas, Ardo.
12:46Vous en avez une petite dernière ou pas ?
12:47Parce que là, il m'a embarqué.
12:48Est-ce qu'il fait froid à 126 mètres de profondeur ?
12:50En Méditerranée, l'eau en bas, elle est à 13 degrés.
12:53Et au Bahamas, elle est à 25.
12:54Ça va voir.
12:55Ça va voir.
12:56Ça va voir.
12:56Ça va voir.
12:56Ça va voir.
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