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00:00:00Musique
00:00:30Musique
00:01:00Musique
00:01:30Huit heures
00:01:39Votre bouillon
00:01:43Il faut le boire bien chaud
00:01:46Sinon, ça ne vous fera aucun
00:01:48Aucun bien
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00:02:06Cidon
00:02:08Cidon, Mathieu
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00:02:29C'est parti.
00:02:59J'ai des asperges que vous m'aviez commandées. Elles sont très belles. Cueillez-les ce matin.
00:03:29Je t'ai déjà dit que ça donnait des démangeaisons.
00:03:43Oh madame, vous voilà enfin. Que se passe-t-il ?
00:03:49Monsieur de Fontenelle s'est encore levé en pleine nuit pour aller regarder ces maudites étoiles.
00:03:53Et je l'ai trouvé endormi dans son cabinet.
00:03:56Franchement madame, je me demande ce qu'il espère.
00:03:59S'il croit que les habitants de la Lune vont lui faire signe de monter ?
00:04:02Il vous a donc convaincu que la Lune était habitée ?
00:04:04Non, pas la Lune. Mais, attendez, attendez. On ne s'y retrouve plus dans tous ces astres.
00:04:13En tout cas, moi je crois que les habitants du ciel en ont assez d'être regardés.
00:04:18Avec ces lunettes, qu'on dirait des fusils.
00:04:21Monsieur de Fontenelle a beau être un grand savant, il y a des choses qu'à son âge on ne fait plus.
00:04:24Madame, il n'y a que vous, sa petite nièce, qui puissiez le raisonner.
00:04:32Qu'irais-je lui dire ? Il est la raison même.
00:04:34Au revoir, chère.
00:04:36Tout au plus pourrait en contenir sa gourmandise.
00:04:44Oh, ma chère nièce.
00:04:46Je vous souhaite le bonjour, mon oncle. Vous avez belle mine. Je suis ravie.
00:04:51N'y aurait-il point du fromage ?
00:04:57Vous ne dînerez point si vous prenez du fromage à cette heure.
00:05:00Nové, on revient de ta pregne de sonner.
00:05:01Je sais trop bien que vous n'en prendrez point qu'un seul morceau.
00:05:06Vous serez témoin qu'après 95 ans, je suis condamné à mourir de faim dans ma propre maison.
00:05:12Et ne vous passez pas à la cuisine.
00:05:13En effet.
00:05:14Et n'avez-vous point remarqué ce qui se préparait pour le dîner ?
00:05:18Des asperges, mon oncle.
00:05:19Dieu soit loué.
00:05:20C'est étrange comme manger des asperges semble pour vous une forme avancée du bonheur.
00:05:25Vous parlez du bonheur comme si j'en connaissais les secrets.
00:05:29N'est-ce pas la vérité ?
00:05:31Je crois en effet que les secrets du bonheur ne vous sont pas inconnus.
00:05:38Vous appelez secrets de simples précautions.
00:05:41Confie-moi en une.
00:05:43Mais la plus simple, il faut se ménager en toutes circonstances.
00:05:46La mesure du bonheur qui nous a été donnée est assez petite, ma chère nièce.
00:05:55J'ai donc prudent de ne rien perdre.
00:06:05Et était-ce dans vos précautions que de ne point vous marier ?
00:06:10Veuillez m'excuser.
00:06:10Pertinente question.
00:06:19Dans les nœuds de l'hymène, à quoi bon m'engager ?
00:06:24Je suis un, cela doit suffire.
00:06:27Si j'étais deux, mon état serait pire.
00:06:31C'est bien assez de moi pour me faire enrager.
00:06:35Votre science des épigrammes vous tire de toutes les situations.
00:06:39Il n'empêche que vous savez vous faire adorer des femmes.
00:06:42Peut-être.
00:06:43Mais on les épouse.
00:06:45Et puis on les connaît.
00:06:46Le mariage est chose naturelle pourtant.
00:06:48Non, pardon, le plan.
00:06:50Je dis, l'idée a bien dû vous venir, de vous marier.
00:06:55Quelquepois, oui, le matin.
00:06:56Voltaire aurait dit au roi de Prusse que vous étiez
00:07:13l'esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV est porté.
00:07:18Un compliment n'étant pas dans sa manière,
00:07:20j'en déduis qu'il a dû lui arriver quelque chose de fâcheux.
00:07:24Le froid, peut-être.
00:07:26Je m'étonne toujours que mes séances à l'académie
00:07:31ne vous fatiguent pas davantage.
00:07:33Pourquoi voulez-vous ?
00:07:35Veuillez plus d'ennemis.
00:07:36On dirait que vous avez oublié ce que M. Boileau et la Bruyère ont dit de désagréable sur vous.
00:08:01Ne vaut pas enfance à la racine de l'oublier parmi mes adversaires.
00:08:05Je leur ai pardonné et cela m'a fait beaucoup de bien.
00:08:09Non, aujourd'hui, je ne les blâme que d'être tous morts.
00:08:15Portez-vous toujours aussi aimablement, cher enfant.
00:08:19Eh bien, moi, c'est monsieur que je trouve trop aimable.
00:08:31Il n'en veut à personne et se contente de tout.
00:08:34Je me demande parfois si ce sont là les manifestations d'une bonté immense
00:08:38ou de pas de bonté du tout.
00:08:40Des fois, j'ai peine à lui ôter la poussière.
00:08:50Il me fait peur.
00:08:52Je crois M. de Fontenelle encore plus impressionné que vous par son oncle.
00:08:56Je comprends.
00:08:57Être le neveu du Grand Corneille, c'est une situation tout de même.
00:09:01Pour vous aussi, madame.
00:09:04Oh, petite nièce du neveu de Corneille, c'est une place discrète.
00:09:08Mais qu'est-ce que vous faites?
00:09:34Monsieur en avait assez.
00:09:35Comment il en avait assez?
00:09:37Ah oui, il ne veut plus le voir, ce coffre.
00:09:3960 ans, à ce qui paraît.
00:09:40Mais il est plein.
00:09:42Ah ben, pour sûr, madame, qu'il est plein.
00:09:44On sent bien quand on le porte.
00:09:46C'est tout ce que monsieur a point voulu lire qui est là-dedans.
00:09:48Mais qu'est-ce que tu racontes, Simon?
00:09:50Ce sont les journaux de monsieur qui sont dans ce coffre.
00:09:52Ah ben, je dis point non.
00:09:53Je dis qu'il n'a jamais voulu les lire.
00:09:55Qui vous a raconté ces sornettes?
00:09:58C'est...
00:09:59C'est lui.
00:10:01Qui c'est lui?
00:10:02Monsieur de Fontenelle.
00:10:07C'est amusant, mais cela ne tient pas debout.
00:10:09Pourquoi ne les aurait-il pas lus?
00:10:12Monsieur n'aimerait pas qu'on répète ce qu'il nous a dit qu'à nous.
00:10:15Répète quand même, madame te le demande.
00:10:17Ben, il les a point lus parce qu'il se doutait qu'on disait pas du bien de lui là-dedans.
00:10:22Même qu'on l'attaquait.
00:10:23Après tout, cela est assez dans sa manière.
00:10:33Ne jamais aller au-devant de ce qui peut gâter votre humeur.
00:10:37C'est tout lui, en effet.
00:10:39Débarras!
00:10:40Allez!
00:10:41Et vous repasserez le balai!
00:10:42Sous-titrage Société Radio-Canada
00:11:12C'est tout le monde.
00:11:42Sous-titrage Société Radio-Canada
00:12:12Mon âge exige la tempérance.
00:12:14La belle affaire!
00:12:15Qu'est-ce que l'âge quand la gloire nous surpasse?
00:12:18Accepteriez-vous néanmoins quelques fricons filles.
00:12:21Allez par ici.
00:12:25Monsieur de Fontenelle vous a repérés comme étant les plus spirituels de l'Assemblée.
00:12:29Le plus spirituel du salon de madame Geoffrin.
00:12:33C'est madame Geoffrin.
00:12:35Monsieur de Fontenelle nous surpasse tous, Vallière.
00:12:37Dites-lui plutôt quelle conversation était la vôtre pendant le souper.
00:12:41De quoi disputiez-vous?
00:12:43Nous pensions qu'il est bien difficile pour une femme de déceler le sentiment sous une conduite galante.
00:12:50Monsieur de Vallière soutenait que c'était un nouveau procès fait à la sincérité des hommes.
00:12:54Alors, qu'en pense le siècle passé?
00:12:56Ma foi, je...
00:12:57Je n'observe point les sentiments comme je le fais des planètes.
00:13:02Vous n'avez pas à observer ce qui vous est simplement donné de ressentir?
00:13:06Certes, mais il est présomptueux d'avancée que j'ai déjà ressenti quoi que ce soit.
00:13:11Voilà 80 ans que j'ai relégué le sentiment dans mes poésies.
00:13:15Et vous appelez ça avoir vécu.
00:13:21Je crois avoir été empressé comme il convenait auprès des femmes.
00:13:24Mais l'amour...
00:13:28J'entends mal.
00:13:29Je parlais de l'amour.
00:13:32Lui et moi sommes des choses incompatibles.
00:13:35On dit pourtant que votre roman préféré n'est autre que La princesse de Clèves.
00:13:42Le style en est insurpassable.
00:13:44Il en est de plus vif.
00:13:46Il n'en est pas de plus simple.
00:13:48Donc de plus grand.
00:13:50Mais La princesse, c'est une histoire d'amour.
00:13:52Qui n'a pas lieu.
00:13:54Quelle sagesse.
00:13:56Puisque vous soutenez que les sentiments vous sont étrangers,
00:13:59je suppose ce sont les idées qui en vous faveur?
00:14:01Pas davantage.
00:14:02Défendre des théories signifie riposté, se plaindre, accuser, soupçonner.
00:14:08J'aime trop mon repos.
00:14:11Et puis...
00:14:13Pourquoi polémiquer?
00:14:14Tout est possible.
00:14:17Et tout le monde a raison.
00:14:20Allons, allons.
00:14:22Je sais certaines idées qui ne vous laissent pas indifférents.
00:14:25Si je vous disais que M. d'Alembert est venu nous lire hier son discours préliminaire à l'encyclopédie,
00:14:31et que le chevalier de Jocourt nous a montré d'admirables planches dans les métiers...
00:14:35C'était d'un ennui mortel.
00:14:38Vous m'avez l'air encore bien vivant, il me semble.
00:14:40Mais enfin, que cherchez-vous avec cette encyclopédie?
00:14:43À instruire les médiocres de choses qu'ils n'entendront point?
00:14:47Qu'y a-t-il de plus ridicule que de parler de philosophie avec des ouvriers?
00:14:51Le divertissement et le jeu, voilà ce que le peuple attend.
00:14:56Pareils propos vous feront attendre à la porte de l'Académie, j'en réponds.
00:15:01Déjà qu'il vous faudra faire oublier vos ouvrages libertins.
00:15:03Et moi j'entends bien naître de l'Académie.
00:15:06Mes ouvrages sont lestes, j'en conviens, mais les composés est d'un aussi dur labeur, croyez-moi.
00:15:12Une simple page me prend... trois ou quatre heures.
00:15:16Vous finirez bien par attraper tout ce temps perdu.
00:15:18Mais je suis plus modeste que vous ne l'imaginez, monsieur.
00:15:21Vous n'aurez pas osé vous le dire, monsieur.
00:15:25Toutes ces femmes qui se disputent le vieux Fontenelle dans l'espoir qu'il va mourir dans leur salon.
00:15:33Pauvre Vallière, il se croit à un esprit supérieur, mais la supériorité lui fait bien défaut.
00:15:39Et l'esprit lui manque.
00:15:41Venez, nous allons entendre la musique de près.
00:15:44Elle est bien assez insupportable de loin.
00:15:46Vous préférez la peinture?
00:15:48Oh, la peinture, les murs sont enlédits par trop de portraits.
00:15:52La sculpture?
00:15:54Je laisse les statues me regarder.
00:15:58Les arts vous touchent donc si peu.
00:16:00Je n'arrive pas à faire entrer tant de choses dans mon existence.
00:16:07Plus tard, peut-être.
00:16:10Votre force est de vous placer hors d'atteinte en toutes circonstances.
00:16:13Rien ne vous touche.
00:16:14Je vous admire.
00:16:17Bonsoir, chère Fontenelle.
00:16:19Pardon?
00:16:20Je vous souhaite le bonsoir.
00:16:22Je vous souhaite le bonsoir.
00:16:52Regardez, monsieur de Fontenelle.
00:17:04Il n'est pas de mots murmurés que vous ne saurez entendre.
00:17:07Avec, on l'a souvent constaté, plus de précision encore que ceux qui entendent normalement.
00:17:12Cela provient de ce que le pavillon est fort large.
00:17:14Ne l'irait-on pas comme une corne d'abondance qui, au lieu de déverser ses fruits, engrangerait les sujets et les verbes par sa vaste embouchure pour vous les faire entendre.
00:17:24Voyons, monsieur, voulez-vous ajuster le cornet à votre oreille?
00:17:27La plus petite des extrémités s'y glisse tout naturellement.
00:17:31Allez-y.
00:17:34Ouais.
00:17:34Alors, comment m'entendez-vous, monsieur de Fontenelle?
00:17:37Trois fois.
00:17:39Ah oui, je suis confus.
00:17:40C'est parce que c'est naturel quand on s'adresse à quelqu'un dont Louis est défaillant.
00:17:45Alors, je n'en crois pas mes oreilles.
00:17:55Qu'est-ce que c'est que ça?
00:17:56On nous a demandé de venir le chercher pour monsieur de Fontenelle.
00:17:59Et qui vous a demandé?
00:18:02Ajuster, enlever.
00:18:05Ajuster, enlever.
00:18:07Voilà.
00:18:07L'appareil n'est-il point trop lourd, monsieur?
00:18:09Monsieur!
00:18:10Monsieur!
00:18:11Madame Geoffrin vous envoie...
00:18:13Madame Geoffrin vous envoie quelque chose.
00:18:25Oh.
00:18:26Je lis beaucoup mieux.
00:18:31Ce portrait de votre ami Lefraignois, j'ai pu l'acquérir sans trop d'embarras auprès de ce qui lui reste de famille.
00:18:37Je l'ai fait dans l'intention de vous l'offrir.
00:18:39Persuadez que le visage de celui qui fut votre plus proche est si grand ami,
00:18:44vous rappellerez ces longs moments que vous passiez ensemble à ne rien dire.
00:18:47Et pourtant à vous comprendre.
00:18:49Comme seuls savent s'entendre la discrétion et l'innocence.
00:18:53Oui.
00:18:54Alors aujourd'hui, vingt ans qu'il est mort,
00:18:59je m'en vais sur le champ remercier madame Geoffrin.
00:19:03Pourquoi ces moments que vous passiez à ne rien dire?
00:19:07Monsieur Lefraignois était si peu bavard.
00:19:11Portrait respire la ressemblance.
00:19:15Regardez.
00:19:15On dirait qu'il va acheter.
00:19:24La belle compagnie que voilà.
00:19:30Et tout ce monde pour m'accueillir?
00:19:33Nous sommes toujours ravis de vous voir, monsieur l'abbé.
00:19:36Très bien.
00:19:37Très bien.
00:19:38Très bien.
00:19:39Je parle de cette lettre marquée de la phare que le petit réservoir vient de publier.
00:19:48Eh bien.
00:19:49Comment ça, eh bien?
00:19:50Que dit-elle, cette lettre?
00:19:52Vous vous moquez.
00:19:53On soutient partout qu'elle est de vous.
00:19:55M'a-t-on vu l'écrire?
00:19:56Je le sens bien, moi, qu'elle est de votre plume.
00:19:59Parler avec une telle insolence n'appartient qu'à vous ou à Voltaire.
00:20:02Une lettre qui décrit l'embarras du Seigneur au moment de la résurrection désigne son auteur.
00:20:07M'en direz-vous le nom à la fin?
00:20:09Raillez, raillez, je vois que sous couvert de montrer les choses de la science auxquelles les cœurs saints n'entendent rien,
00:20:14il est bien lisé d'y jeter de table.
00:20:17Qu'est-il besoin d'expliquer ce qui doit rester inexplicable?
00:20:20Vous faites parfois songer à quelques navigateurs dont les cas laisseraient passer l'eau,
00:20:25mais qui interdiraient qu'on écope.
00:20:31Oui.
00:20:32Panégaard, on dit que ce sont vos ouvrages qu'ont enfanté Voltaire.
00:20:36Laissez dire.
00:20:38Car vous ne pouvez accepter que votre œuvre apporte potion à cet empire.
00:20:41Je me reproche de vous, n'est-ce pas fait, mais pas que...
00:20:44Si fait, mais vous ne pouvez ignorer que Voltaire parle de Dieu comme... comme... comme s'il n'existait pas.
00:20:49Comme quoi?
00:20:50Quelle malice que je dois me faire répéter ces choses.
00:20:52Comme... comme s'il n'existait pas.
00:20:57Voltaire ne nie pas.
00:20:59Il s'interroge.
00:21:01C'est votre histoire des oracles qui a fait le mal.
00:21:04Je ne me rejette pas dans mes oracles au spectacle de l'ignorance et de la sottise exploitée par la mauvaise foi.
00:21:11Certes, mais...
00:21:12Mais ce spectacle me semble promis un grand avenir.
00:21:16Bah justement, des esprits faibles et impurs ont pu en déduire que Dieu n'existait que parce que nous voulions y croire.
00:21:21Mon ami, l'ignorance se démontre moins par les choses qui sont et dont la raison nous est inconnue que par celles qui ne sont point.
00:21:34Et dont nous trouvons la raison.
00:21:37Car non seulement nous ne possédons pas les principes qui mènent au vrai, mais nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.
00:21:45Monsieur l'abbé, restera-t-il à dîner ?
00:21:53Plaît-il ? Dans votre servante.
00:21:55Mais qui y a-t-il ?
00:21:56Le dîner !
00:21:57Eh bien !
00:21:58Désirez-vous tes asperges ?
00:22:00Oh, j'en raffole.
00:22:02J'en raffole.
00:22:04Moi aussi.
00:22:05Ça au beurre, hein, quel dé.
00:22:07Mais, je préfère à l'huile.
00:22:08Au beurre, elle garde de leur fermeté.
00:22:10Et à l'huile, le goût en sort davantage.
00:22:12Elle se digère tout aussi bien au beurre.
00:22:15Ma nièce ne les apprécie qu'à l'huile.
00:22:17Bon, que dois-je faire ?
00:22:20Une moitié à l'huile, une moitié au beurre.
00:22:22Je connais bien votre manière, savez-vous.
00:22:28Jamais rien de véhément.
00:22:29Votre impertinence est des plus doux, à peine visibles.
00:22:32Point d'éclat, point de taca.
00:22:34Ainsi, ce ne sera pas fausse des idées les plus terribles, les plus terribles.
00:22:38Je ne professe point d'idées.
00:22:40Je constate et je souris.
00:22:43C'est bien suffisant.
00:22:45Eh, vous, vous mêlez tout sans en avoir l'air.
00:22:47Voilà la vérité.
00:22:48Raisonnement, raisonnement, c'est votre unique défense.
00:22:50Moi, je maintiens qu'il est mauvais de raisonner sans cesse
00:22:53que c'est le moyen le plus insidieux de s'écarter peu à peu
00:22:55du chemin qui nous a été tassé.
00:22:58Par qui ?
00:23:01Vous voyez, vous raisonnez encore.
00:23:04Ça, je me demande si toutes mes parrières seront jamais suffisantes
00:23:06pour votre salut.
00:23:09Et si ?
00:23:11François, asin !
00:23:25Les asperges, toutes à l'huile.
00:23:29Non, non, dites-moi à l'entrée du jardin.
00:23:42Enfin, vous voilà.
00:24:02Nous n'attendions que vous pour souper.
00:24:05Attendez, nouvelle de ce bon abbé Chalon ?
00:24:07Il est à nouveau sur pied, si l'on peut ainsi dire,
00:24:11de quelque chose de rond.
00:24:13Vous ne cessez de le redoyer.
00:24:15Je ne demande ce qu'il vous a fait.
00:24:17Il me fait peur !
00:24:19Le voilà !
00:24:22Chère Fontenelle,
00:24:29je ne crois pas vous avoir présenté Isabelle.
00:24:32La fille de ma soeur du comte Delatorre
00:24:34est arrivée de Florence la semaine passée.
00:24:39Ah, tes asperges !
00:24:41On dit, monsieur, que vous n'avez pu résister à un mot cruel
00:24:50dont l'abbé Chalon fut l'innocente victime.
00:24:52La cruauté n'est pas ma façon, monsieur.
00:24:55Mais si cela est vrai,
00:24:56ce que j'ai dit semble avoir remis les asperges à la mode.
00:25:02Monsieur le philosophe,
00:25:04il paraît que vous refusez de croire à l'amour.
00:25:07Plaît-il.
00:25:08N'est-il point vrai que l'amour existe ?
00:25:11J'avoue qu'à sept minutes, je ne doute plus.
00:25:16On m'a dit une charmante désenterie
00:25:21qui vous concerne, chère Fontenelle.
00:25:24À quelqu'un qui souhaitait faire un placement d'argent,
00:25:26il a été déconseillé de le faire sur votre tête,
00:25:28sauf à fond perdu,
00:25:29car vous rajeunissez en vieillissant.
00:25:32L'autre jour, j'ai voulu faire déplacer un meuble de famille,
00:25:34un vieux secrétaire qui avait toutes les apparences du neuf.
00:25:38Eh bien, à peine l'a-t-on touché qu'il s'est effondré.
00:25:39Il était vermoulu.
00:25:44Vieillir me fait peur.
00:25:46Pour les femmes, la disgrâce des sens, c'est une horrible chose.
00:25:52Sottise.
00:25:53Pour éviter à nos sens de vieillir,
00:25:56il faut veiller à leur fonctionnement régulier,
00:25:58les entretenir en quelque sorte.
00:26:00À suivre vos conseils, on tomberait vite dans l'excès, il me semble.
00:26:04L'homme de qualité sait tempérer ses audaces.
00:26:07Je crains, mademoiselle.
00:26:09Que nos discours vous ennuient.
00:26:11Les vôtres, vous voulez dire.
00:26:15Quand la beauté et la jeunesse s'accordent si magnifiquement,
00:26:19a-t-on envie d'entendre des propos desséchés ?
00:26:22A-t-on d'ailleurs envie d'entendre quoi que ce soit ?
00:26:25Les paroles retardent toujours les actes.
00:26:27Les desséchés ?
00:26:28Oh non, ce n'est pas possible.
00:26:30Grand-pense, votre nièce ?
00:26:32Elle va vous le dire elle-même, baron Grimm.
00:26:34Je n'en suis pas encore à me laisser des conseils qu'elle en me donne.
00:26:38Ce qui n'empêche pas d'en faire le tri.
00:26:40De reconnaître la vérité dans ce qui est généreux, sensible, dévoué, en un mot, dans ce qui vient du cœur.
00:26:48Tous les êtres possèdent un cœur, me direz-vous.
00:26:51Eh bien non.
00:26:53La science nous le cache encore, mais certains en sont réellement dépourvus.
00:26:57Vraiment ?
00:26:58J'en connais personnellement.
00:26:59Dans quelques contrées lointaines, je pense.
00:27:01Point du tout, ici même.
00:27:03Nous direz-vous.
00:27:04À quoi bon ? Il s'est déjà reconnu.
00:27:06Je suis résolu à faire à l'académie une communication sur l'intelligence de l'asperge.
00:27:20C'est un légume particulièrement savoureux, mais aussi commande à manger.
00:27:29En somme, fait pour nous plaire.
00:27:30Mais avec une discrétion qui enchante.
00:27:35Il suffit d'ailleurs de savoir comment poussent les asperges.
00:27:39Elles passent la tête.
00:27:41Pour d'abord voir si elles ne dérangent pas.
00:27:48Et puis alors, se sachant attendues, elles viennent.
00:27:54Tout entière.
00:27:58Aucun autre légume ne possède cette élégance.
00:28:04À vrai dire, monsieur, ça n'est pas précisément sur l'académie et les asperges qu'on vous attendait.
00:28:09Sur quoi d'autre ?
00:28:10Eh bien, sur ce qu'affirme monsieur de Vallière, l'absence de cœur.
00:28:14Vous avez du mal à entendre.
00:28:16Comment, cela ?
00:28:17Monsieur de Vallière pense que cela n'existe pas parce que le cœur comme le cerveau sont des organes qui lui sont encore étrangers.
00:28:26J'ai cru comprendre que pour l'instant, il ne s'intéressait qu'à la partie comprise entre la hanche et le genou.
00:28:31Bénissons l'esprit, monsieur.
00:28:39C'est lui qui vous tuera.
00:28:41Alors ne songez plus à l'académie.
00:28:44Vous voilà déjà immortel.
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00:31:43Merci.
00:31:53Merci.
00:31:54Merci.
00:32:03Venez.
00:32:04Monsieur Leforger a promis de nous enseigner un nouveau jeu d'esprit.
00:32:06Nous préférons me retirer.
00:32:08Comme vous voudrez.
00:32:09Ma nièce ne possède-t-elle pas une voix merveilleuse ?
00:32:12Sans doute.
00:32:13Mais comment en aurais-je profité ?
00:32:16C'est à vous ?
00:32:17Je ne vois pas l'utilité de m'encombrer du bien d'autrui.
00:32:23Je veux dire, vous en avez réellement besoin ?
00:32:26Hélas, ma bonne amie, me voici parvenue à l'âge des accessoires.
00:32:30Je ne vois pas l'utilité de m'encombrer du bien d'avisement.
00:32:36Je ne vois pas l'utilité d'esprit.
00:32:38Je ne vois pas l'utilité d'esprit.
01:18:49C'est raison de sa conduite.
01:18:50Eh bien, M. Diderot a fait se rencontrer ma nièce et l'un de ses libraires.
01:18:56Ce jeune homme est l'un de ceux qui continue à soutenir l'encyclopédie,
01:18:59mais il part s'installer en Flandre, à Lille, et il a demandé Isabelle en mariage.
01:19:05Je ne sais que faire, mon bon ami, vous qui lui fûtes si précieux,
01:19:09qui l'avez aidé à sortir de son tourment par l'étude de la philosophie.
01:19:13Vous devez me conseiller.
01:19:16Lille, très belle ville.
01:19:19Néanmoins, il ne se rebute à point encore,
01:19:30et il fit tout ce qu'il put pour la faire changer de dessin.
01:19:36Des années entières s'étant passées,
01:19:39le temps et l'absence ralentirent sa douleur
01:19:41et éteignirent sa passion.
01:19:45Mme de Clèves vécu d'une sorte
01:19:47qui ne laissa pas d'apparence
01:19:49qu'elle put un jour revenir.
01:19:51Votre visite m'a enchanté.
01:19:58Votre visite m'a enchanté.
01:20:19Je suis heureux de vous savoir à Lille,
01:20:22tout au service de la librairie.
01:20:24Je sais ce que je vous dois, monsieur.
01:20:28Je chercherai toujours de quelle façon vous exprimez ma reconnaissance.
01:20:32Je n'aurai plus à chercher longtemps, je pense.
01:20:34Qu'il voulait vous dire ?
01:20:38Mon âge a fini par me rattraper.
01:20:40Vous vous portez à merveille.
01:20:45J'étais venue dans l'espoir que vous me pardonnerez.
01:20:48Je n'ai point remarqué d'offense.
01:20:50Je préférais vous entendre dire
01:20:52que je m'étais montrée en grade.
01:20:55Nous ne sommes pas assez parfaits
01:20:57pour être toujours affligés.
01:21:02Travaillez-vous en ce moment ?
01:21:03J'étudie notre langue française.
01:21:07C'est un sujet inépuisable.
01:21:10Je m'étonne toujours de ce que tant de choses
01:21:13puisque j'ai dans si peu de mots.
01:21:17Regardez,
01:21:19il n'en faut que deux pour dire que le temps
01:21:21n'est pas à notre disposition.
01:21:25Et c'est des mots ?
01:21:27Trop tard.
01:21:28Algo à mes sèvres.
01:21:37Je ne chante plus, monsieur.
01:21:59Et pourtant,
01:22:00chaque fois que j'aimerais le faire,
01:22:02je pense à vous.
01:22:03je m'en avais pas à notre table.
01:22:08Je m'en avais pas à notre table,
01:22:09elle n'en avais pas à votre table.
01:22:22Très bien.
01:22:22Bon tour,
01:22:24c'est quelque chose à toi-là.
01:22:26Rentrez, il fut encore vrai.
01:22:56Vous avez raison, j'allais ne dire.
01:23:56A vous vous remettrez, vous êtes toujours remis de tout.
01:24:12C'est bien la preuve que la clémence divine est infinie.
01:24:17Tenez, l'autre jour, je visitais Mme Guimaud.
01:24:19Savez-vous qu'elle a passé les cent ans ?
01:24:22Et comme dit-elle, M. l'abbé, je crois que la providence, m'a oublié.
01:24:29Que peut-on répondre à cela ?
01:24:34Alors, c'était mieux qu'hier ?
01:24:42J'ai autorisé l'abbé Chalon à le voir en lui recommandant de ne pas le fatiguer.
01:24:59Mes respects, M. de Fontenelle.
01:25:01Que ressentez-vous ?
01:25:12Je ressens une difficulté d'être.
01:25:17Mais vous êtes mieux qu'hier, n'est-ce pas ?
01:25:20Je vous demande, comment cela va-t-il ?
01:25:24Comment cela va-t-il ?
01:25:31Cela ne va pas. Cela s'en va.
01:25:37Je me regrette.
01:25:39Je me regrette.
01:26:09Je me regrette.
01:26:39Sous-titrage MFP.
01:27:09Sous-titrage MFP.
01:27:39Je vous aurais écrit cette lettre, malgré que je me blesse au souvenir d'un temps que je ne savais pas sur eux.
01:27:46J'entends dire de vous, il était le meilleur des amis, mais il se livrait peu.
01:27:52Qui pouvait comprendre qu'un vœu très cher vous habitait, si éloigné de ce que vous vouliez paraître.
01:27:58Et si je pense à vous, c'est que me vient enfin la force de dire votre secrète espérance,
01:28:06que quelqu'un, un jour, entend battre un cœur oublié.
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