Skip to playerSkip to main content
  • 20 hours ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Place maintenant à l'invité d'Au coeur de l'info. 13 novembre 2015, il y a 10 ans déjà, chaque français se rappelle où il était au moment des pires attentats qu'ait connu le pays.
00:10132 morts en quelques heures à Paris et à Saint-Denis, 400 blessés physiques, des milliers de blessés psychiques.
00:17Un choc immense, traumatique, qui touche en plein coeur la société française et dont la mémoire reste encore vive 10 ans après.
00:24Et c'est à cette mémoire collective des attentats de 2015 que s'est intéressé le programme 13 novembre, lancé quelques mois après, programme de recherche transdisciplinaire, une première mondiale de par son ampleur et sa durée.
00:36Et dans le cadre de l'une de ces études, les témoignages de 1000 personnes volontaires ont été recueillis au cours de plusieurs campagnes d'entretien filmées, réparties sur 10 ans, victimes directes, indirectes des attentats, secouristes, soignants, résidents des quartiers visés ou encore habitants de Paris.
00:52Une diversité des expériences qui finissent par constituer justement cette mémoire collective nationale des événements.
00:58Des témoignages qui sont restitués dans l'ouvrage collectif « Faire face les français et les attentats » du 13 novembre 2015 aux éditions Flammarion.
01:06L'un de ses auteurs et co-responsable du programme 13 novembre est avec nous ce soir.
01:11L'historien et directeur de recherche au CNRS, Denis Péchansky.
01:14Bonsoir, Denis Péchansky, merci beaucoup d'être avec nous ce soir sur France 24 à l'issue de cette semaine décidément extrêmement émouvante.
01:21Pour nous tous et pour vous en particulier, tout d'abord un mot de ces cérémonies d'hommage.
01:26On l'a vu d'une très grande beauté avec une charge émotionnelle très forte à la hauteur du traumatisme justement.
01:32Oui, je trouve que c'était particulièrement réussi et il faut bien voir le message qu'il y avait en plus derrière.
01:39Outre ce qu'a fait Thierry Reboul qui est vraiment très beau parce qu'à la fois humble, celui qui gérait la cérémonie comme il l'avait fait pour les JO.
01:53Mais là c'est un mélange d'intime et d'extraordinaire.
01:59Et ça c'était tout le défi et il l'a relevé magnifiquement.
02:04Mais ce qui me frappe moi dans ces moments de commémoration là depuis des semaines, c'est qu'on voit une sorte de nouveau régime mémoriel qui émerge.
02:12À côté de la figure de la victime qui est toujours là bien entendu, émerge la figure du héros.
02:18Et des héros il y en avait partout.
02:21Et c'est ça qui a été le message en fait de ces commémorations.
02:26Double message, à la fois les héros sont partout et en même temps les conséquences psychiques sur ceux qui ont vécu ces horreurs là ont bien été mis en évidence.
02:42Que ce soit dans des documentaires, et puis là dans les témoignages des uns et des autres.
02:50Et nous on le voit constamment en recueillant ces témoignages effectivement.
02:54Et justement début 2016, donc très rapidement après les attentats, vous lancez ce programme 13 novembre avec Francis Eustache, neuropsychologue à l'INSERM.
03:02Son objet d'étude, la mémoire des attentats.
03:04Donc par les témoins directs et indirects et par la société dans son ensemble.
03:08D'abord en termes de méthodologie, comment est-ce que vous avez procédé ?
03:11C'est simple, ça faisait déjà pas mal d'années qu'on travaillait ensemble et on a décidé de réagir avec nos armes.
03:21Ce sont les armes de la recherche face à l'horreur.
03:25Et puis on a eu un soutien très très important et d'abord à l'intérieur de la communauté scientifique.
03:32C'est-à-dire qu'il y a toute une série de personnes qui se sont investies dans l'affaire.
03:37On sentait bien, ça fait quand même quelques décennies maintenant que je fais de la recherche.
03:42Et vraiment, je n'ai jamais vu un tel engagement.
03:48On voyait bien que c'était au-delà de l'intérêt particulier pour un objet de recherche qui est en lui-même passionnant.
03:55C'est qu'il y avait un enjeu citoyen.
03:57Je ne parle pas de devoir parce que le devoir de mémoire, je déteste l'expression, c'est une sorte d'exigence morale.
04:04Non, il y a un devoir d'histoire, oui, un devoir de recherche, oui.
04:07Mais là, c'est surtout un travail, un travail de mémoire, un travail d'histoire
04:13et qui permet de mettre ensemble des disciplines qui, normalement, sont complètement séparées.
04:19Pendant des décennies, c'était...
04:22Nous, historiens, sociologues, on travaillait sur la mémoire collective
04:25sans se poser la question de ce qui se passait dans le cerveau.
04:28Et puis, les neuroscientifiques, les neuropsychologues, ils s'intéressaient à la psyché
04:36sans se poser la question de l'impact du social.
04:40Et c'est vrai que là, c'est un tournant.
04:42On ne peut pas distinguer, oui.
04:43Il faut associer les deux pour bien comprendre le phénomène.
04:45Oui, parce que, par exemple, comment vous imaginez qu'une personne se reconstruit ?
04:54Prenons deux personnes qui ont vécu la même chose, soit sur la terre.
04:57Les terrasses, soit au Bataclan, ils ne se connaissent pas,
05:03ils sortent au même moment pour le Bataclan,
05:06ou bien ils sont au même moment pour les terrasses.
05:10On les récupère un an plus tard, dans le cadre du volet biomédical de notre affaire,
05:17qui s'appelle Remember.
05:20Il y en a un qui a un trouble de stress post-traumatique, pas l'autre.
05:22Pourquoi ?
05:23Alors, on trouvera, bien sûr, des raisons bio.
05:26Il y en a.
05:26Mais fondamentalement, c'est dans quelle situation il est,
05:31quel est son horizon d'attente,
05:32est-ce qu'il a un environnement favorable ou pas ?
05:36Bon.
05:36Et si on rebondit sur les sondages qu'on a menés avec le Crédoc,
05:41qui a donné ce livre dont vous avez parlé en début d'émission,
05:48donc faire face, on a huit études en population générale.
05:55Là, ce n'est pas sur les mille, c'est en population générale,
05:57c'est comme du sondage.
05:58Sauf que sur la mémoire, on ne l'a jamais fait.
06:01Et là, c'est la première fois.
06:03Et on voit sur dix ans, eh bien, prenons un exemple,
06:09puisqu'on parle de l'impact de l'environnement défavorable.
06:13Nice.
06:16Quand on dit qu'elles sont...
06:17On pose une question, quels sont les actes terroristes
06:20qui vous ont le plus remarqué depuis l'an 2000 ?
06:22On a 13 novembre, toujours haut,
06:2511 septembre 2001, à l'étranger,
06:28et les attentats de janvier.
06:31Et puis, quand arrive Nice, 14 juillet,
06:35au début, assez haut,
06:38et puis après, ils s'effondrent.
06:40Mais avant de se demander pourquoi,
06:41il faut voir les conséquences,
06:43c'est que pour eux, c'est la double peine.
06:46Non seulement ils ont vécu ce qu'ils ont vécu,
06:47mais en plus, ils savent qu'ils sont mis sur la touche.
06:52Alors évidemment, si on dit aux gens,
06:54et Nice, ah oui, c'est vrai.
06:56Sauf que c'est, ah oui, c'est vrai.
06:57Et c'était même d'ailleurs le sentiment
06:59partagé par la fille de l'homme
07:02qui a été tué à Saint-Denis,
07:03et qui disait, on oublie souvent la mort de mon père,
07:05et c'est terrible.
07:06Exactement, Manuel Dias.
07:07Manuel Dias, voilà.
07:08Vous pointez exactement le problème,
07:11la même chose pour les terrasses
07:13et le Stade de France,
07:15par rapport au Bataclan,
07:19qui au début était cité avec les deux autres,
07:22plus haut, mais les deux autres étaient très hauts,
07:25en 2016.
07:27Deux ans plus tard,
07:27effondrement des références
07:29au Stade de France
07:30et aux terrasses.
07:33Eh bien, on a le même phénomène.
07:36C'est des mécanismes de condensation mémorielle
07:38assez classiques,
07:39sauf que ça a aussi des conséquences.
07:41C'est pour ça qu'il est essentiel,
07:42dans les commémorations
07:43et dans la médiatisation,
07:46par exemple,
07:46de ne pas dire les attentats du Bataclan,
07:49mais les attentats du 13 novembre,
07:50ou bien d'évoquer Nice
07:52et dans moins d'un an,
07:54ça sera les dix ans
07:55de l'attentat de Nice.
07:58Horrible, 86 morts.
08:01Évidemment.
08:02Alors, pourquoi le 13 novembre
08:03apparaît vraiment comme central,
08:08comme celui qui condense
08:09la mémoire des attentats terroristes ?
08:12C'est d'abord parce que c'est un attentat
08:14projeté depuis Proche-Moyen-Orient,
08:16c'est Daesh.
08:18Ensuite, c'est un attentat multisite.
08:22Par ailleurs...
08:22Une erreur supplémentaire.
08:24Eh oui.
08:24Et par ailleurs,
08:25c'est l'attentat le plus meurtrier en France.
08:27L'attentat terroriste le plus meurtrier en France,
08:29l'attentat terroriste islamiste.
08:31Et donc, depuis le jour...
08:35Et en plus, effectivement,
08:37par rapport à Nice,
08:38ça touche la capitale.
08:39Et la capitale,
08:40on sait son importance en France,
08:42mais on sait aussi son importance dans le monde.
08:45Dans le cadre de ce programme,
08:47donc du 13 novembre,
08:48on l'a dit,
08:49vous avez recueilli 4 500 heures,
08:51je crois,
08:51de témoignages.
08:52C'est absolument colossal.
08:541000 participants volontaires.
08:57Est-ce que ça a été difficile
08:59de les convaincre ?
09:00Enfin, comment vous les avez approchés ?
09:02Est-ce que ces personnes
09:03ont témoigné à plusieurs reprises
09:05depuis 8 ans
09:06ou certaines n'ont témoigné qu'une fois ?
09:08Enfin, comment est-ce que vous avez...
09:10Écoutez, honnêtement,
09:11quand je me suis...
09:12J'ai pris mon petit déjeuner un jour
09:14de...
09:16Ouais,
09:17près de 4-5 jours après,
09:18le 13 novembre,
09:19j'ai dit,
09:19« Ah y est, j'ai trouvé.
09:21On va interroger 1000 personnes
09:234 fois en 10 ans. »
09:26Donc là, on en est à 3 fois, à peu près.
09:27Là, on est à 3 fois.
09:27Parce que le programme finit,
09:28donc, en 2020.
09:2916, 18, 21,
09:30la dernière,
09:31ça sera 26.
09:32Donc, 16 plus 2 ans,
09:34plus 5 ans,
09:35plus 10 ans.
09:35Honnêtement,
09:39comme on se fondait sur le volontariat,
09:43c'était un peu fou.
09:45Et ça, ça a été possible
09:46parce que tout le monde a aidé,
09:49en particulier les associations de victimes.
09:52Pour vous mettre en...
09:53On n'avait pas encore de contact.
09:55Et tout de suite,
09:56ils ont accroché.
09:57Ils sentaient que c'était nécessaire
09:59d'avoir cette recherche scientifique.
10:01Et puis,
10:04un exemple parmi d'autres,
10:05la préfecture de police.
10:07On a 85 entretiens
10:09de policiers
10:10de tous les services.
10:13Je peux vous dire que ça...
10:16Une anecdote.
10:17J'ai un commissaire de police.
10:19Il rentre dans le studio.
10:22Il dit,
10:23« Bon, est-ce qu'on peut avoir... »
10:25Est-ce que vous pouvez nous raconter...
10:26Enfin, première question.
10:27Pouvez-vous me raconter
10:28le 13 novembre 2015 ?
10:29Je peux rentrer dans les détails.
10:32Vous faites ce que vous voulez.
10:34C'est vous qui déterminez le temps.
10:37Mais des détails...
10:38Vous savez,
10:39c'est un peu glauque.
10:40Nous sommes des professionnels.
10:42D'accord.
10:42Les professionnels,
10:43ils s'accrochent à la table.
10:44Ils écoutent.
10:45C'est tout.
10:47Ou bien,
10:47autre exemple,
10:48c'est quand vous avez
10:49des parents endeuillés.
10:50C'est ce qu'il y a
10:50de plus compliqué.
10:52C'est le plus compliqué,
10:52les parents endeuillés.
10:53Parce que les jeunes qu'on voit,
10:55ils ont des fractures de partout,
10:56y compris la tête.
10:57Ça va mal.
10:59Vous parlez des 132.
11:00Pourquoi 132 ?
11:02C'est qu'il y en a deux
11:02qui sont suicidés,
11:03après.
11:04Dont notre copain Fred de Ville,
11:07qui était vraiment
11:08un des piliers
11:08des associations.
11:11Un BDiste,
11:12en plus.
11:12Mais ils sont un peu cabossés
11:17de partout.
11:18Mais les parents endeuillés,
11:19ils ont une fracture là.
11:21Des larmes qui pèsent des tonnes.
11:24Compliqué.
11:25Pourquoi est-ce que ce travail mémoriel,
11:27au long cours,
11:28vous a semblé si important ?
11:31Au long cours,
11:32parce qu'il est important,
11:33c'était le point de départ
11:35de notre travail.
11:36c'est non seulement
11:38de capter
11:39cette mémoire,
11:41mais aussi
11:41d'avoir la possibilité
11:43de faire une étude longitudinale
11:44pour voir l'évolution
11:46de la mémoire,
11:47et en particulier
11:47comment interagissent
11:50mémoire individuelle
11:51et mémoire collective,
11:52la mémoire de la société,
11:54la mémoire des groupes.
11:55Et donc,
11:56ça impliquait
11:57cette étude longitudinale.
11:58Et vous me demandiez,
12:00est-ce que les gens
12:01sont revenus ?
12:02Bien oui,
12:02à peu près à 80%.
12:04Ils sont revenus
12:05d'une phase 1,
12:06la phase 2,
12:07et de phase 2,
12:07la phase 3.
12:09Ce qui fait qu'on a
12:10des centaines
12:11et des centaines
12:12de personnes
12:12dont on a déjà
12:13trois entretiens
12:15en cinq ans,
12:16dont on va pouvoir
12:17voir l'évolution.
12:19Et ça,
12:20c'est évidemment
12:20tout à fait important.
12:21Et ça donne aussi
12:22des indications
12:23sur, disons,
12:24les rouages
12:25et l'évolution
12:26du stress post-traumatique ?
12:28Oui.
12:29Oui, ça,
12:30ça a été
12:30un peu
12:32la belle découverte
12:34qu'on a faite
12:34à Caen
12:36avec l'équipe
12:36de Francis,
12:38Stache,
12:39et en particulier
12:39Pierre Gagnepin
12:41qui dirige
12:41l'équipe
12:42de Remember
12:43qui fait cette étude-là.
12:45Et en particulier,
12:46d'abord,
12:48le mécanisme
12:49qui est
12:50au cœur
12:52de notre affaire,
12:52c'est-à-dire
12:53comment le cortex préfrontal
12:55qui est une sorte
12:56de tour de contrôle,
12:58cognitif,
13:00bon,
13:01impacte
13:02et contrôle
13:03ce qui se passe
13:04dans la zone
13:05de la mémoire
13:05qui est l'hypocampe
13:06pour aller très vite.
13:08Bon, alors,
13:08donc,
13:09et on voit tout de suite
13:11dans l'étude
13:11qu'on fait
13:12grâce à la reconstruction
13:14d'images intrusives
13:15qui est caractéristique
13:16du trouble
13:17de stress post-traumatique.
13:18Alors, évidemment,
13:19ce n'est pas des images
13:19traumatisantes.
13:21Il y a un mécanisme
13:22très joli
13:22qui a été inventé
13:24par un britannique
13:24qui permet
13:26de reconstituer
13:28sans traumatiser.
13:29Mais on voit
13:30dans le cerveau
13:30ce qui se passe.
13:31Et on voit
13:32que le cerveau
13:32est différent
13:33pour eux.
13:35Or,
13:36on a ça,
13:37mais comme ils reviennent
13:38deux ans plus tard,
13:40et là,
13:40ils reviennent
13:40à 90%.
13:41Ils en ont besoin.
13:44Ils en ont besoin,
13:45mais non seulement
13:45ils en ont besoin,
13:46mais on a ceux
13:46qui sont guéris
13:47entre-temps.
13:49Et on s'aperçoit
13:50que ceux
13:50qui sont guéris,
13:52donc qui étaient
13:52avec troubles de stress
13:53post-traumatique
13:54en 2016,
13:55mais qu'ils n'avaient plus
13:55en 2018,
13:57eh bien,
13:57ça s'est remis en place.
13:59Et en plus,
13:59il y a une forme...
14:00Ça, on le voit
14:00donc sur l'imagerie
14:01cérébrale.
14:02Oui,
14:02et ça,
14:03c'est la grande nouveauté.
14:04Il y a un papier
14:04très important
14:05qui est sorti
14:06en janvier dernier
14:07dans Science
14:10et qui montre ça,
14:13qui montre
14:14la plasticité cérébrale.
14:16Ça veut dire
14:16que moi,
14:17avec mes mots,
14:18je ne suis pas
14:19neuroscientifique,
14:20bon,
14:20j'ai dû m'y mettre
14:20un petit peu,
14:21mais je ne suis pas
14:21neuroscientifique
14:22du tout de formation,
14:23donc je vais voir
14:24les personnes
14:25qu'on connaît
14:26qui sont devenues
14:26des copains
14:27qui ne vont pas bien,
14:28on va leur dire
14:29écoutez,
14:30enfin, écoute,
14:31tu ne vas pas bien,
14:32mais sache que si,
14:34grâce à l'EMDR,
14:35grâce à
14:36la rapide diverse
14:37qu'on connaît,
14:38peu importe,
14:39mais si tu arrives
14:40à t'en tirer,
14:42ne pense pas,
14:43comme ils en sont convaincus,
14:43que là-dedans,
14:44c'est foutu.
14:45On est en train
14:45de vous prouver
14:46que ça se remet en place
14:47grâce à la plasticité cérébrale.
14:50Donc,
14:50c'est aussi un facteur,
14:51évidemment,
14:51qui va améliorer
14:54les possibilités
14:54de prise en charge.
14:55Concernant ces entretiens
14:56que vous avez menés,
14:57et parfois,
14:58vous,
14:59personnellement,
14:59Delipé Chansky,
15:00vous avez voulu
15:01revisionner dans le cadre
15:02de votre carte blanche,
15:04c'est une tradition
15:05ici dans le cœur
15:06de l'info,
15:07une capture d'écran,
15:08en fait,
15:09de ces entretiens
15:10de Manon
15:11qui est extrêmement
15:12émouvante.
15:13Elle a été
15:14témoin
15:15des attentats,
15:17elle est atteinte,
15:17justement,
15:18de stress post-traumatique.
15:20Donc,
15:20cette capture d'écran
15:21est issue
15:21du documentaire
15:22France Télévisions
15:2313 novembre,
15:24nos vies
15:24en éclats.
15:27Pourquoi avoir,
15:28vous avez été
15:29particulièrement touchée
15:30par Manon,
15:32notamment parce qu'elle a mis
15:33du temps à comprendre
15:34qu'elle était
15:34pas seulement témoin,
15:36mais aussi victime ?
15:37Exactement,
15:37parce qu'elle avait
15:4022 ans en 2016
15:41face à une terrasse
15:44que c'était
15:46un jeune collaborateur,
15:48Roberto Tica,
15:49qui l'a interviewé.
15:51Et nous,
15:51les règles sont strictes,
15:53on ne va pas intervenir
15:54pendant l'entretien,
15:56sauf qu'on avait
15:57déjà une alerte
15:59de la personne
16:01qui maquille un peu,
16:02c'est une sorte de sas,
16:03avant Alina,
16:04fait gaffe,
16:08elle a demandé
16:08si c'était waterproof.
16:11D'accord,
16:12je préviens Roberto,
16:14et là,
16:15on suit de près,
16:16entre la dixième seconde
16:17et la fin de la deuxième heure,
16:18fin de l'interview,
16:19elle pleure.
16:22Donc voilà,
16:22ça discute,
16:23c'est l'échange,
16:24etc.
16:26Et en sortant,
16:28après l'interview,
16:31il y a Roberto
16:32qui lui dit
16:32mais arrête,
16:34tu n'es pas témoin,
16:36tu es une victime.
16:37C'est exactement
16:38ce que vous notiez.
16:40Tu étais là,
16:41mais tu t'es pris ça,
16:42pleine tronche,
16:42tu les as vus arriver,
16:43tu as vu l'horreur.
16:45Donc,
16:46n'imagine pas que,
16:49voilà,
16:49toi,
16:50tu étais à l'écart,
16:51tu t'es pris ça,
16:52il faut,
16:52il faut te prendre en chat.
16:54Et deux ans plus tard,
16:55c'était très beau
16:56parce que,
16:57même si c'était
16:58toujours dur pour elle,
16:59elle reste encore,
17:01elle était venue,
17:02et puis justement,
17:03je l'ai croisée,
17:04elle me dit
17:04mais il est où
17:06l'Italien
17:07qui m'a,
17:07c'était l'Italien
17:08qui m'a interviewé,
17:10je lui ai dit
17:11il n'est pas là aujourd'hui.
17:13Ah oui,
17:13alors,
17:14dites-lui
17:14que ça m'a fait
17:15beaucoup de bien
17:15parce qu'après,
17:17bon d'abord,
17:17j'ai compris un peu
17:18ce qui m'était arrivé
17:19et puis j'ai pris contact
17:20avec une association
17:20de victimes.
17:22Et ça me permet
17:23de dire l'importance
17:24de ces associations
17:25de victimes
17:26parce que
17:27cet environnement-là
17:28participe
17:29de la reconstruction
17:30individuelle.
17:31Quel avenir
17:33Denis Péchanski
17:34pour la mémoire
17:35collective ?
17:36Qu'en sera-t-il
17:37dans 10 ans
17:38et est-ce que
17:38les commémorations
17:39ont un rôle majeur
17:41à jouer à cet égard ?
17:43On le voit là,
17:44les commémorations
17:45ont un rôle majeur.
17:47Bien entendu,
17:47de même que pour le 13 novembre,
17:49le procès
17:49a eu un rôle majeur.
17:51On le voit,
17:52c'est traduit dans nos études.
17:53Procès hors normes.
17:54Procès hors normes.
17:55Il a duré 10 mois.
17:56Puis il faut voir
17:57les conséquences
17:58quand on posait la question.
17:59Vous voyez,
17:59quels sont les actes terroristes
18:00qui nous ont plus marqué
18:01depuis 2015 ?
18:03Enfin, pardon,
18:04depuis, on l'avait dit,
18:05non, depuis 2000.
18:06Et là,
18:08bon, tous avaient tendance
18:09à baisser.
18:10Arrive le 13 novembre.
18:12Pardon, arrive...
18:13Le procès.
18:14Le procès lui-même.
18:15On fait un sondage
18:17six mois après la fin
18:18du procès.
18:21Plus 15 points
18:22pour le 13 novembre.
18:24Donc, on voit
18:25l'impact d'un procès
18:26qui, en plus,
18:27était un modèle du genre.
18:28C'est une exemplarité
18:30démocratique même.
18:32Avec un président de la République
18:33qui témoigne aux côtés
18:35des assassins.
18:38Eh bien, oui,
18:38ça, ça a quand même
18:39surpris, évidemment.
18:40C'était la même image
18:40saisie.
18:40Sur trouver François...
18:42François Hollande.
18:43François Hollande
18:43qui se retrouve
18:44face aux terroristes.
18:48Ça a surpris.
18:50Mais ça a été
18:50un exemple de démocratie.
18:52Ça n'est pas...
18:53Alors, si en France,
18:54on a évité
18:56les tests complotistes
18:58sauf à la marge,
18:59mais alors que
19:00après 2001,
19:02aux Etats-Unis,
19:03il n'y avait pas de procès.
19:04Il n'y a pas eu de procès
19:05parce que
19:06quand on les envoie
19:07à Guantanamo,
19:08bon, c'est compliqué
19:09de les mettre après
19:10dans un procès.
19:12Eh bien, il y a eu
19:12un nombre de thèses
19:16mais complotistes
19:17catastrophiques.
19:19Et ça,
19:20c'est un exemple même
19:21et ça montre
19:22l'importance
19:23de ces étapes,
19:23du procès
19:24et de ces commémorations.
19:25faudra être vigilant
19:28parce que ça participe
19:30de l'environnement
19:32collectif
19:34qui permet
19:34aux individus
19:35qui ne vont pas bien
19:37de se reconstruire.
19:39Et se reconstruire,
19:40ça implique
19:41de construire un récit,
19:43de renvoyer
19:44l'événement
19:45dans le passé.
19:46si l'événement
19:46est envoyé
19:47dans le passé
19:47là où il doit être.
19:48On guérit.
19:49On guérit.
19:50Même si, bien entendu,
19:51la douleur est toujours là.
19:53Mais construire
19:54un récit comme ça,
19:55c'est ça le défi
19:56de toutes les thérapies
19:57et de fait
19:58aussi
19:59de ce qu'on fait
20:00en les interviewant.
20:01Merci beaucoup
20:02Denis Péchanski
20:03d'avoir répondu
20:03à nos questions
20:04ce soir sur France 24
20:05concernant la mémoire
20:06collective
20:07de ces attentats
20:08du 13 novembre 2015.
20:10Et je rappelle
20:10l'ouvrage
20:10que vous avez
20:11co-signé
20:11« Faire face
20:12les Français
20:12et les attentats
20:14du 13 novembre 2015
20:15aux éditions Flammarion ».
20:17Merci encore
20:17cet entretien
20:18d'être retrouvé
20:18sur notre site
20:20et nos réseaux sociaux.
20:21Restez avec nous
20:21au prochain point
20:22sur l'actualité
20:23dans quelques minutes.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended