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Transcription
00:00Ici Lorraine, crack pour l'émission, sur Marouk, sur Moselle TV et Vosges Télévisions.
00:06Ici, votre radio de proximité en Lorraine.
00:30Chers amis de Sur ma Route, bonjour, bienvenue dans ce nouveau numéro de notre magazine.
00:36Nous sommes cette semaine dans les Vosges, pas très loin de Bruyère, Corsieux et Lagerard, mais toi tu es un peu plus haut, Epinal, là-bas.
00:44On est dans les Hautes Vosges, comme on aime.
00:47Mon invité cette semaine est Agnès Ledig.
00:49C'est une romancière à succès, une romancière très populaire.
00:53Comme le dit le livre de poche sur son site, elle est une des romancières préférées des Français.
00:58Elle est toujours très très bien classée.
01:00Dans les ventes, elle a écrit une dizaine de livres, dont plusieurs ont été traduits dans une vingtaine de langues.
01:07C'est donc une autrice, une écrivaine que nous aimons beaucoup et qui s'est installée dans les Vosges, ici, dans cette ferme,
01:14où son mari est agriculteur, mais elle travaille la terre également avec son mari.
01:18Ils élèvent ensemble aussi des chèvres de la race Lorraine, s'il vous plaît, et puis des chevaux, vous voyez, des chevaux et de très belles plantes.
01:27On va aller découvrir tout ça avec Agnès, qui nous accueille, qui nous fait le plaisir de nous accueillir ici, chez elle, à Bifontaine.
01:34On ira faire un tour dans la forêt à côté.
01:36On ira faire un tour aussi près des fromages qui sont fabriqués là, dans son jardin.
01:40C'est un grand moment de bonheur qu'on va vivre avec Agnès Ledig, que je vais rejoindre dans un instant.
01:45Bon, à tout de suite, suivez-moi.
01:46Bonjour Agnès.
02:04Bonjour.
02:05Ça va ?
02:06Bienvenue à Bifontaine.
02:07Oh, qu'est-ce que c'est beau.
02:08Alors, elle a un prénom ?
02:10C'est Vervaine.
02:11C'est vrai ?
02:12Vervaine.
02:13Attention, il y a du jus.
02:15Il y a du jus, là, je m'en suis douté.
02:17Quel paysage.
02:18C'est magnifique.
02:19C'est ce qui vous a fait aimer ici.
02:21Ah ouais, mais ça, je comprends.
02:23On est arrivés, on a vu l'endroit, on s'est dit, c'est ici.
02:26Oui, alors je me dis, je vais à la rencontre d'une des romancières les plus populaires de France.
02:32Et j'arrive ici, je trouve une fermière, en fait.
02:34Oui, alors je dis autricultrice.
02:36Ah, c'est-à-dire, alors ?
02:37J'ai inventé un mot.
02:38Autricultrice.
02:39Autricultrice.
02:39D'accord.
02:40Autrice, c'est un petit peu agricultrice aussi.
02:42Ok, agricultrice.
02:43Parce que, donc vous êtes installée, alors, la terre, vous la travaillez, vous élevez des bêtes, avec votre mari, c'est ça ?
02:50C'est mon mari qui est agriculteur.
02:50Qui, lui, est professionnellement agriculteur.
02:52Voilà, lui, administrativement, c'est lui qui est agriculteur.
02:54D'accord.
02:55Maintenant, je lui donne des gros coups de main.
02:57Oui, oui, oui, j'imagine.
02:58Parce que ça me plaît et que c'est ma formation d'origine.
03:02Donc, je retrouve mes premiers amours.
03:04J'ai un DUT d'agronomie que j'ai passé quand j'avais 20 ans.
03:07Mais oui, alors ce qui est surprenant, c'est que quand on lit les bio sur les maisons d'édition, enfin dans les médias, etc.,
03:13on parle d'abord de vous comme une ancienne sage-femme.
03:15Oui.
03:15Ça, on le savait.
03:19Mais votre parcours dans l'agriculture ou l'agronomie, on le connaît beaucoup moins bien.
03:24Donc, vous avez fait toute une partie de votre vie aussi dans ces métiers-là.
03:26C'est mes premières études.
03:27Ah ouais ?
03:28À 20 ans, un DUT d'agronomie.
03:29J'ai travaillé un petit peu dans le milieu agricole au syndicat du contrôle laitier de Lornes.
03:34Parce que mon mari est normand, donc on a vécu quelques années là-bas.
03:37Et puis, en revenant ici, je me suis reconvertie en faisant l'école de sage-femme.
03:43Et puis, j'ai fait 10 années comme sage-femme.
03:47Et à un moment donné, j'étais en cabinet libéral et c'est mes droits d'auteur qui payaient les frais du cabinet.
03:51Ah oui, oui.
03:52Il faut choisir.
03:53Donc, j'ai choisi l'écriture.
03:54Mais il y a quand même une démarche d'entrée dans l'écriture qui a été une démarche...
03:57Parce que là, vous êtes quasi à 100%.
03:59Non, vous travaillez quand même à la ferme beaucoup.
04:01Mais c'est quasi 100% sur l'écriture.
04:05Oui, ah oui, c'est mon métier de base.
04:06Donc, c'était une volonté, vraiment.
04:07Mais ce n'était pas prévu, non.
04:09Ce n'était pas prévu.
04:09C'est parce que les livres ont bien fonctionné que vous mettez le doigt dans l'engrenage.
04:16Et puis, à un moment donné, il faut quand même du temps pour faire les salons, pour écrire, évidemment, pour faire la promo du livre.
04:22Et je n'avais plus le temps de faire les deux métiers.
04:24Mais si je n'avais pas eu le succès que j'ai eu avec Juste avant le bonheur, j'aurais continué à être sage-femme.
04:30Alors, comment ça fait ?
04:32Ça donne le tournis quand on arrive comme ça dans une...
04:36Alors, il y a Juste avant le bonheur en 2013, effectivement, puis il y en a eu d'autres après.
04:40Mais vous arrivez dans des top 10.
04:41J'ai consulté des libraires avant de venir faire cette émission avec vous.
04:44Vous êtes dans des top 10 régulièrement.
04:46Le livre de Porsche parle de vous comme d'une des écrivaines les plus populaires de France.
04:51Ça doit donner le tournis quand même quand on arrive et qu'on arrive à des chiffres de plusieurs centaines de milliers de livres qui se vendent.
04:57On s'attend à ça.
05:00Alors, je ne m'y attendais pas, mais je pense que je garde la tête sur les épaules.
05:05Parce que, ben voilà, on a vécu des choses dans notre vie dramatique et qui vous ancrent dans la vraie vie.
05:12Et donc, je ne me lève pas le matin pour être connue, pour avoir de la notoriété.
05:18Ça m'est égal, en fait.
05:19Ce n'est pas ça qui compte pour moi dans la vie.
05:21Par contre, cette notoriété, si je peux l'utiliser au service des valeurs que j'essaie de défendre dans la vie, là, oui, je la prends.
05:32Mais ce n'est pas ça qui me fait me lever le matin.
05:34Ce qui fait me lever le matin, c'est ça.
05:36Oui, parce qu'on parle beaucoup du Goncourt en ce moment.
05:38Vous ne faites pas partie de ces écrivains qui rêvent du Goncourt.
05:40Non, de toute façon, je ne suis pas dans le même panier.
05:47Je ne pense pas que...
05:48Non, non, c'est...
05:50Oui, enfin, pour moi, ce n'est pas une fin en soi.
05:56Ce qui me plaît, c'est d'être beaucoup lu par beaucoup de gens.
06:00Parce que le côté populaire, moi, ça me va bien.
06:03Parce qu'on est une espèce de grande communauté et c'est formidable.
06:07Oui, et puis vous avez des messages.
06:10C'est quand même plus agréable, quand on a des messages, de savoir qu'on est entendu.
06:13Ah oui, ben oui.
06:14Vous parliez d'un drame dans votre vie.
06:15Vous en parlez de ce drame.
06:17C'est votre enfant que vous perdez, d'une leucémie, c'est ça.
06:22Est-ce que ça a été aussi un moment où vous avez eu envie de dire des choses différemment ?
06:26Ou vous vous êtes dit, peut-être aussi, l'écriture va me permettre de passer un cap,
06:30encore qu'on ne passe jamais vraiment le cap là.
06:32Si, ça a été le vécu.
06:34Parce que juste avant le bonheur, c'est ça aussi.
06:35C'est ce qui m'a amenée à l'écriture.
06:37À l'écriture de celui, voilà.
06:38Il n'est pas sorti en premier, mais c'est le premier que j'ai écrit.
06:41Et après, j'avais pris goût à l'écriture.
06:43J'ai écrit Marie d'en haut qui est sorti.
06:44Et Albert Michel m'a contacté en disant, si vous en faites un dans la même veine, on vous prend chez nous.
06:48Donc j'ai repris juste avant le bonheur.
06:51Je l'ai retravaillé.
06:53Et il a eu le prix Maison de la presse trois semaines après sa sortie.
06:55Donc ça a changé.
06:57Oui, le prix Maison de la presse.
06:58Et puis il y a eu le prix aussi, un autre prix.
07:00Vous avez reçu pas mal de prix.
07:01Pour Marie d'en haut, le coup de cœur femme actuelle, c'est ce qui m'a permis d'être édité à la base.
07:06Mais je n'avais pas du tout prévu ça dans ma vie.
07:09On sent que vous êtes, parce que quand on prépare ces émissions, on passe souvent par vos éditeurs, vous les écrivains.
07:14Vous êtes chouchoutée chez Alba Michel.
07:16On vous aime.
07:16Oui, c'est une belle maison d'édition.
07:20C'est vraiment une très très belle maison d'édition.
07:24Et puis une équipe formidable.
07:29Je suis tombée sur des gens incroyables.
07:31Et puis il y a vraiment un travail d'équipe.
07:34Et ça c'est chouette.
07:35C'est quelque chose que je ne connaissais pas du tout aussi.
07:37Et j'apprends.
07:38Parce que je suis une scientifique à la base.
07:40Agronomie, sage-femme.
07:42Vous avez vendu des vêtements aussi.
07:45J'ai lu ça quelque part.
07:45C'est vrai ?
07:46Alors c'est quoi cette histoire ?
07:48C'était un petit...
07:50Peut-être pour gagner votre vie l'été, non ?
07:52C'est ça ?
07:52Non, c'était un boulot que j'ai trouvé quand on est revenu en Alsace et que je n'étais pas encore sage-femme.
07:59Et d'ailleurs c'était un agriculteur qui voulait se lancer dans la vente de vêtements en coton bio.
08:03Ça n'existait pas encore à l'époque.
08:05C'était en 97.
08:08Et voilà, mais ça a été un petit détail de ma vie.
08:12Un mot sur les chèvres.
08:13Elles sont là.
08:13Alors c'est des Lorraine.
08:14C'est des chèvres de Lorraine.
08:15C'est des chèvres de Lorraine.
08:16Alors là vous en tirez quoi ?
08:17Vous faites des fromages ?
08:18On fait du fromage.
08:19Qu'est-ce qui se passe après ?
08:19On est en croissance encore.
08:21C'est-à-dire qu'on veut atteindre un troupeau de 20 chèvres en lactation.
08:26Là cette année on était à 12.
08:27Donc on attend que les mères fassent des petites pour grossir le troupeau.
08:32Et donc on fait des yaourts, du fromage.
08:35On fait un peu de confiture de lait quand on a beaucoup de lait.
08:39Et on peut venir ici, à un point de vente direct.
08:41Il y a un petit magasin à la ferme.
08:43Il y a un magasin à la ferme ici.
08:44Donc on le signale.
08:45C'est très bien.
08:46Et on ne vend que comme ça pour l'instant.
08:47On ne fait pas de marché.
08:49C'est génial.
08:49On voit un peu dans le village.
08:50Et puis les locaux alentours qui viennent acheter notre fromage.
08:54Et la chèvre de Lorraine c'est une race rustique.
08:56Donc ça fait un très bon lait.
08:58Et des gens apprécient notre fromage.
09:01Bah oui, j'imagine.
09:02Et puis c'était une race en voie de disparition.
09:04Donc nous ça nous va bien de l'accompagner dans sa reconstruction.
09:12Les téléspectateurs peuvent resuivre sur les replays.
09:15J'ai reçu le président ou coprésident de l'association des chèvres de Lorraine.
09:19André Poincard.
09:20André Poincard qui relance.
09:24Donc votre mari est membre de l'association aussi.
09:25Il est membre de l'association.
09:26Il est dans le bureau.
09:27Lui il était un séminateur quand Normandie.
09:30Donc tout ce qui est génétique ça l'intéresse beaucoup.
09:33Et là une race qui est en reconstruction.
09:35Bah il a besoin de bien se pencher sur la génétique quand même.
09:38Parce qu'il y a six familles.
09:39Il faut bien réfléchir à quel bout qu'on met à quelle chèvre etc.
09:42Donc voilà.
09:44Mais c'est un peu la démarche qu'ont eue certains avec la vache vaugienne à une époque.
09:49Où la vache vaugienne se perdait un petit peu.
09:52Et aujourd'hui il y a cette démarche avec la chèvre Lorraine et c'est vraiment très bien.
09:54Et je trouve ça vraiment nécessaire parce qu'on est dans une espèce d'uniformisation du monde.
10:01Ouais ouais ouais.
10:02Et il y a une uniformisation des races aussi.
10:05Voilà en vache c'est la Holstein parce que c'est plus de lait.
10:09En chèvre il y a l'alpine ou la Sahanène.
10:13Mais je trouve que c'est comme les dialectes en fait.
10:16Il y a une uniformisation aussi de la langue.
10:17J'entendais hier à la radio que dans 20 ans il y aurait je ne sais plus combien de langues mondiales qui disparaîtraient.
10:24Ouais ouais.
10:24Et je trouve que nous c'est ce qui nous anime c'est de travailler sur la biodiversité et les chèvres Lorraine elles font partie de cette biodiversité parce qu'elles font partie de la Lorraine.
10:38Donc ça c'est une découverte on est sur votre terrain ici.
10:47C'est ça.
10:48Et vous avez fait une sacrée découverte.
10:49Ouais on est dans notre petit coin de forêt.
10:51Ouais.
10:51Et quand on est arrivé les précédents propriétaires avaient des chevaux.
10:54Ils avaient délimité pour que les chevaux n'aillent pas là.
10:57Ouais.
10:57C'était couvert de broussailles.
10:59Et donc un jour on s'est dit on va aller regarder ce qu'il y a en dessous.
11:02Et on a découvert un espèce de muret avec trois marches et vide la terre.
11:07Là on a creusé entre temps mais c'était rempli de terre.
11:10Mais il y avait ces trois premières marches.
11:13Et donc là on a eu envie d'aller voir ce qui se passait un peu plus loin.
11:16Donc avec des copains sur un ou deux week-ends on a creusé, creusé pour enlever la terre.
11:22Et à chaque fois qu'on creusait on trouvait une marche supplémentaire.
11:25Et moi forcément autrice.
11:28Oui je me suis dit une romancière forcément.
11:30Voilà.
11:31Les élucubrations démarrent.
11:32Je me suis dit mais qu'est-ce que je pourrais imaginer qu'on trouve au fond de ce trou.
11:38Et donc dans un abri de fortune il y a toute une scène où ils enlèvent les broussailles.
11:42Où ils creusent la terre et où ils découvrent je ne dis pas quoi pour ne pas révéler les choses.
11:47Mais j'ai construit une intrigue autour de ça.
11:50Et c'est un endroit qui est hyper inspirant parce que...
11:54Mais les Vosges en général vous inspirent complètement.
11:56Oui.
11:56On sent que vous savez vraiment, on vous en tirez.
11:58Est-ce que l'enfance on...
12:00Parce que là figurez-vous je pense en voyant ça, en voyant cette forêt etc.
12:05Je pense à l'enfance parce qu'on jouait, on construit des cabanes.
12:07Oui.
12:08On était peut-être beaucoup plus libres d'ailleurs qu'avant.
12:11On allait traîner un peu partout.
12:13Oui.
12:13On avait mes deux sœurs, on allait dans la forêt, derrière le village, dans la vallée de la Bruche.
12:18On n'était pas surveillés.
12:20On n'était pas surveillés.
12:21On nous laissait partir.
12:22On était libres.
12:23Mais votre enfance, qu'est-ce qu'elle vous a laissé finalement ?
12:27Est-ce qu'elle vous nourrit toujours aujourd'hui ?
12:29Alors pas seulement dans vos romans mais dans votre vie.
12:32Oui, j'ai eu la chance d'avoir reçu des valeurs qui me nourrissent aujourd'hui.
12:40J'ai eu des parents instites.
12:43Ils faisaient leur bois dans la forêt pour se chauffer.
12:46On allait avec nos schtroumpfs.
12:47On s'amusait dans la forêt.
12:49Ils nous emmenaient en vacances un peu au petit bonheur dans un vieux J7 qui aménageait.
12:56Voilà, on a vécu des choses assez incroyables.
12:59Et par exemple, on se chauffe au bois aujourd'hui.
13:05Quand j'étais ado, je râlais quand il nous obligeait à ranger le bois, à le ranger.
13:11Et aujourd'hui, j'ai plaisir à le faire.
13:13Donc j'oblige ma fille qui râle.
13:15À son tour.
13:16En me disant, peut-être qu'un jour, elle sera contente de le faire.
13:19Et qu'il imposera à sa fille un jour.
13:22Et c'était l'époque où on lisait.
13:25Je crois qu'on est à peu près de la même génération.
13:26Vous êtes un peu plus jeune que moi quand même.
13:28On lisait Sylvain et Sylvette.
13:30Oui, bien sûr.
13:31Les Sylvains et Sylvettes.
13:33C'était absolument génial.
13:35Dont l'auteur, il était d'essayer il n'y a pas longtemps, qui était Lorrain.
13:38Qui était ordinaire de Nancy.
13:46Dans les rouges, on fait aussi parfois du feu au moins d'eau.
13:49Oui.
13:49Pour se réchauffer.
13:50Mais ça, c'est les Vanoni.
13:52Je descends dans les Vos, il fait beau.
13:58On est dans votre jardin, il y a toujours un animal avec nous.
14:00Oui.
14:01Il y a un attachement vraiment.
14:02Plus que la nature chez vous, c'est le monde animal aussi.
14:05Le vivant.
14:05Le vivant, bien sûr.
14:06Mais les animaux, quand même, on ne les connaît pas tous bien.
14:11On ne connaît pas tous bien cet univers.
14:13C'est apaisant de vivre avec des animaux.
14:15En fait, c'est au quotidien.
14:19Si on part un après-midi, on rentre, on va voir nos chèvres.
14:23On y retourne encore le soir avant de se coucher.
14:25On se lève le matin, on pense aux chèvres.
14:28Et puis, c'est une responsabilité.
14:33Emmanuel est parti quelques jours avec notre fille chez ses parents en Normandie.
14:37J'ai géré la ferme six jours toute seule.
14:40J'étais épuisée parce que ce n'est pas mon vrai métier à la base.
14:44Et je ressentais cette responsabilité d'animaux vivants.
14:52Et ce n'est pas rien.
14:53Mais c'est hyper stimulant, en fait.
14:56C'est stimulant.
14:59Est-ce qu'ils nous disent des choses aussi, y compris sur leur mode de vie,
15:02leur mode de fonctionnement, les animaux ?
15:04C'est très drôle à observer.
15:07Là, il y a les poules.
15:08Il pourrait y avoir un MeToo poule.
15:11Chèvres aussi, non ?
15:13Non, chèvres, ça va.
15:14Non, non, là, les chèvres, plutôt, quand elles sont en chaleur,
15:16elles se mettent de l'autre côté du grillage.
15:17Et le bouc, il est tout fou parce qu'il n'arrive pas à les atteindre.
15:20Mais les poules, c'est un peu plus.
15:22Quand il y a un coq dans la basse-cour, il fait un peu ce qu'il veut avec ses ergots.
15:28Et, ouais, observer les chèvres, en fait, c'est une vie.
15:33Le troupeau, c'est un organisme à part entière.
15:36Et donc, il y a celles qui sont un peu dominées, il y a les dominantes.
15:40C'est vraiment très, très drôle à observer.
15:43Les chevaux, c'est pareil.
15:44Enfin, c'est la vie.
15:46C'est la vie.
15:47Alors, vous parliez de votre...
15:49Ce n'est pas votre vrai métier, vous disiez tout à l'heure.
15:51Votre vrai métier, c'est écrivaine, romancière, comme ça, qu'on dit.
15:57Donc, vous écrivez ici, vous ? C'est ici ?
15:59Oui, alors, tout en haut, dans la maison, il y a une grande fenêtre, c'est mon bureau.
16:03Et donc, j'ai vu sur la crête des Vosges, et c'est très inspirant.
16:09J'imagine.
16:10Très calme et très inspirant.
16:12Le dernier livre, donc, qui est sorti chez Albin Michel, c'est ça ?
16:15Répondre à la nuit.
16:16Répondre à la nuit.
16:18Alors, c'est beaucoup de choses.
16:20C'est un hymne à la nature, c'est une défense de la nature, etc.
16:24Mais il ne faut pas qu'on oublie que c'est un roman.
16:26Oui.
16:27C'est un roman, il y a une intrigue.
16:29Je veux dire, on a parfois tendance à un peu oublier.
16:31On se dit, Agnès Lodig, c'est une militante, c'est quelqu'un qui est quand même très engagé sur les questions écologiques.
16:38Mais c'est l'écrivaine, c'est la romancière, c'est la polardière aussi.
16:41Donc, je veux dire, il ne faut pas qu'on l'oublie, ça.
16:43Oui, il y a une petite intrigue dans « Répondre à la nuit ».
16:44Il y a une intrigue, hein ?
16:45Oui, oui.
16:45En fait, ce qui est intéressant dans le roman, c'est qu'on peut transmettre des valeurs, des idées, des engagements à travers une histoire romancée.
16:56Moi, j'espère que les lectrices et les lecteurs, en s'attachant aux personnages, vont recevoir les messages de façon un peu subliminale.
17:05Par exemple, je parle des coupes rases dans la forêt, c'est une hérésie.
17:10Les coupes rases, c'est un vrai problème.
17:12C'est uniquement pour des questions d'argent.
17:15Mais au niveau du vivant, ça n'a aucun sens.
17:17Dans une scène où j'aborde les coupes rases avec Rémi qui est bûcheron, je me dis, ça fait peut-être réfléchir les gens un peu inconsciemment.
17:26Et puis, la fois suivante où ils vont entendre un reportage sur les coupes rases, ils vont se dire, ah, j'écoute parce que j'en ai déjà entendu parler.
17:33Mais sur divers sujets comme ça, je pense qu'en tant que romancier, on a cette chance et peut-être cette responsabilité de croquer la société et d'essayer d'avancer ensemble.
17:50– Vous vous êtes écouté ? – Oui.
17:51– Vous vous êtes écouté ? Moi, j'ai vu les réactions.
17:53– C'est votre notoriété dont on parlait tout à l'heure.
17:54– Moi, j'ai vu les réactions, parce que là, en plus, ça a cartonné au niveau des médias nationaux, moi, j'avais lu ça sur TF1, etc., au moment où il y a le vote sur la loi Duplomb, c'est ça ?
18:06Où là, vous poussez vraiment un coup de gueule et on vous entend.
18:10Alors qu'il y a plein de gens qui ont poussé des coups de gueule sur la loi Duplomb, on ne les a pas entendus.
18:14Vous, on vous entend.
18:15C'est-à-dire qu'à un moment, c'est relégné.
18:16– J'étais étonnée et je ne pensais pas.
18:18– Pourquoi alors, justement ? Qu'est-ce qui fait que vous avez à ce moment-là vraiment poussé un coup de gueule en disant, c'est un acte criminel ?
18:24– Vous utilisez ces mots-là, hein ?
18:25– Et je l'assume.
18:28Prendre des décisions où on sait pertinemment que ça va tuer des gens, c'est un acte criminel.
18:34Et c'était au moment, le vote arrivait au moment où on fêtait l'anniversaire, on aurait dû fêter l'anniversaire de notre fils.
18:42– Oui.
18:42– Et en allant au cimetière, je me suis dit, je ne supporte plus cette impunité des élus qui décident de choses qui vont être délétères pour la population.
18:57Et donc, en allant au cimetière, j'ai demandé à mon mari, j'ai demandé à nos deux enfants, est-ce que vous êtes d'accord que je mette une photo de Nathanael et que je prenne position ?
19:05Ils étaient d'accord parce qu'eux aussi, ça les met en colère.
19:11Mais je ne pensais pas que ce serait relayé comme ça.
19:14Et bien, c'est la journaliste du Parisien qui en a fait un article.
19:18Et puis après, ça a été relayé, relayé.
19:23Et tant mieux, parce que peut-être que c'est allé jusqu'à l'oreille d'élus qui vont peut-être, à un moment donné, se dire,
19:30ben oui, il ne faut peut-être pas qu'on fasse n'importe quoi, parce qu'il y a la vie de nos enfants qui sont en jeu.
19:34– Mais en même temps, on connaît à peu près les choses qui vous mettent en colère dans ce monde.
19:39Qu'est-ce qui vous réjouit, vous rassure sur la nature humaine aujourd'hui, quand vous observez un peu cette planète ?
19:44– Les dynamiques humaines qui ont compris les choses et qui essayent d'œuvrer pour du mieux.
19:53J'écoute beaucoup un podcast qui s'appelle le Green Letter Club.
19:56Et j'entendais, il y a quelques semaines, un numéro qui est sorti avec Pablo Servigne,
20:01qui parle de collapsologie, etc.
20:03Et qui met beaucoup d'espoir en disant, quand il y a des catastrophes, des choses comme ça,
20:07en fait, l'humain, contrairement à ce qu'on pense, parce que c'est dans les films hollywoodiens
20:12où tout le monde va se taper dessus et s'entretuer pour survivre.
20:15Non, quand il y a des catastrophes, les gens s'entraident.
20:18Et ça, c'est mon espoir.
20:19– C'est vrai.
20:20– Et on l'a vu à Valence, en Espagne, quand il y a des inondations,
20:23les voisins, ils se serrent les coudes, ils se retroussent les manches ensemble,
20:27et puis ils vont chez l'un, chez l'autre.
20:28Et ça, c'est vraiment l'espoir en l'humain.
20:32Et en ça, je pense qu'en tant que romancier aussi, on peut changer le récit.
20:36Comme le dit Cyril Lyon, il faut qu'on change le récit de nos sociétés.
20:39Et ne pas arrêter de faire des films qui parlent de gens qui s'entretuent
20:43quand il y a, ce que je dis, une catastrophe.
20:46Non, il faut montrer les choses positives.
20:48– Oui, ça se passe bien.
20:49– Oui.
20:49– C'est ce qu'on essaie de faire, cette émission.
20:51On va aller goûter vos fromages.
20:54Les fromages d'Emmanuel et de vous, que vous faites, et vos yaourts.
20:57– Avec grand plaisir.
20:58– On y va ? Et on emmène comment c'est son nom ?
21:00– Romy.
21:01– On emmène Romy. On y va, c'est parti.
21:11Bon, bien, Agnès, c'est déjà la fin de l'émission.
21:13Ça passe vite.
21:13– Ça passe vite.
21:14– Et on est avec Emmanuel, votre mari, dont on a parlé un petit peu dans cette émission.
21:19C'est vous, l'agriculteur.
21:20– Oui, tout à fait.
21:20– On dit comment ? On dit paysan, agriculteur, comment on vous décrit ? Éleveur ?
21:25– Paysan, j'aime bien, parce que dans Paysan, il y a pays, il y a paysage.
21:29– Et moi, j'aime bien éleveur.
21:30– Éleveur, aussi.
21:31– C'est un peu ma passion.
21:32– Oui, et avec un éleveur, quand même, qui est un mélange, vous m'avez dit,
21:38alors, de Normandie, d'Alsace, de Lorraine.
21:42– J'ai grandi, j'ai grandi en Normandie.
21:44– Oui.
21:45– Ça s'entend un petit peu, quand même.
21:46– Dans le bocage normand.
21:47Alors, les Normands vont dire que j'ai un accent alsacien.
21:49– Est-ce qu'il y a vraiment la tradition du lait ?
21:53La Normandie, on la lie énormément au lait.
21:57On dit c'est le lait.
21:58On dit c'est autre chose aussi, la Normandie.
21:59– Oui.
22:00– On dit c'est aussi le calva.
22:02– Le calva, bien sûr.
22:03– Oui, oui.
22:04– Hein, c'est ça ?
22:04– Tout à fait.
22:05– Donc là, c'est les produits que vous sortez, les gens peuvent venir acheter.
22:12Il y a une boutique de vente directe ici.
22:14– Voilà.
22:15– Et là, c'est deux différents fromages de chèvre, non ?
22:17– Alors, le premier, celui qui est au centre, est un fromage frais, qui a été démoulé
22:23il y a deux jours, deux jours, voilà.
22:27Une partie de ce fromage frais est vendu tout de suite, en direct, et une partie va en
22:31cave d'affinage, quelques jours, une semaine.
22:32– Ah, d'accord.
22:33– Voilà.
22:34Et le deuxième plateau, c'est du fromage qui revient de cave, qui est affiné, donc.
22:39– Et si on le veut bien fait, on peut le laisser longtemps ? Ça se fait, ça ?
22:44– Oui, ça se fait tout à fait, oui.
22:45– On le laisse en cave d'affinage plus longtemps ?
22:47– Alors, en cave d'affinage, c'est compliqué à gérer.
22:50– Ou comme ça, à l'air libre ?
22:53– Le frigo ?
22:53– Le mieux, c'est quand même le frigo.
22:55– Le frigo, d'accord, c'est ça.
22:56– On peut le laisser longtemps dans le bas du frigo, on a des clients qui en achètent
22:59plusieurs et qui le laissent tranquillement s'assécher, il devient un petit peu plus
23:03sec, on peut apprécier aussi.
23:05– Et donc, on fait aussi des yaourts qu'on aromatise avec des brisures de bonbons de
23:10la Jérômoise, la profiserie de Gérard Mets, comme on est en bio, on voulait des brisures
23:17bio, et donc on a bergamote, fruits rouges et ce qu'on appelait sapin frais, c'est sapin
23:22miel eucalyptus.
23:23– Ah, c'est génial.
23:24– Voilà.
23:25Et on fabrique aussi un fromage qui est une feta, mais qu'on ne peut pas appeler feta,
23:31parce que la feta, c'est une AOP, et c'est à base de brebis et là, c'est à base de chèvre.
23:37Donc, on fait des petits bâtonnets.
23:38Là, on a enlevé la saumure, mais normalement, c'est vendu avec la saumure.
23:42– D'accord.
23:43– Et donc, c'est une feta de chèvre, en fait.
23:45– Ça, c'est excellent.
23:46– Et on l'a appelé…
23:47– Voilà.
23:48On l'a appelé la locata.
23:49– Ah, la locata.
23:50D'accord.
23:51– Donc, pour local, l'eau chèvre-lorraine, K pour caprin, puisque c'est du chèvre,
23:58et locata, ça veut dire situé en la terre.
23:59– Ok.
24:00D'accord.
24:01– Voilà.
24:02– Et on peut vous faire goûter un petit peu de…
24:03– Ah ouais.
24:04– Alors oui, on l'utilise en salade, surtout l'été.
24:06– Ça va être un peu salé, parce que c'est conservé dans la saumure.
24:09– J'aime bien en mettre ça dans les salades.
24:10– Oui.
24:11– C'est fantastique.
24:12– Oui.
24:13– Salade de tomates, salade de pastèques, mais on peut aussi le manger cuit.
24:17Là, les courges sont récoltées, donc dans une soupe de courge, vous émiettez un petit
24:22peu de locata au moment de servir, ou dans une quiche, une quiche aux poireaux, une quiche
24:27aux épinards, sur les œufs, sur le plat, vous pouvez mettre quelques morceaux, enfin voilà.
24:32– Alors, je ne m'attendais pas du tout à en envoyer Agnès Lening à parler autant
24:37de produits de la ferme, d'agriculture, de paysannerie, etc.
24:41– Oui, c'est…
24:42– Je savais que vous aviez fait des études d'agronomie d'abord, mais je ne savais pas
24:46que c'était aussi poussé.
24:47Vous êtes vraiment un couple de paysans, on peut dire, vraiment comme ça.
24:50– Oui, c'est notre projet du pays en fait.
24:52– Notre rencontre s'est faite pendant des formations.
24:54– Ah oui.
24:55– C'est vrai qu'on s'est rencontrés dans une spécialisation conseiller laitier,
24:58en vache laitière.
24:59– Est-ce que Agnès vous fait lire ces manuscrits avant l'éditeur ?
25:03– Alors, les derniers, je les lis quelques temps avant l'éditeur, enfin en même temps
25:09que l'éditeur quand même.
25:10– Par contre, les premiers, je faisais partie des premiers lecteurs.
25:13– D'accord.
25:14– Sauf que je ne les relisais pas après.
25:15– Oui.
25:16– Il y a souvent une petite différence quand même entre les versions.
25:18– C'est bien quand même ce genre d'un lecteur parce que c'est des lecteurs totalement
25:21sincères.
25:22– Ah oui, oui, oui.
25:23– Qui vous disent des choses franchement.
25:24– Et souvent, il a des idées vraiment judicieuses.
25:27– Pas beaucoup.
25:28– Pas beaucoup.
25:29– Mais quand il y en a une, ça va beaucoup.
25:30– Emmanuel, ne vous dévalorisez pas comme ça.
25:32– Ah, c'est pas mon métier.
25:33– C'est pas mon métier.
25:34– Non mais c'est vrai.
25:35À chaque livre, il y a une ou deux choses où il me dit, ah mais j'aurais dit ça plutôt
25:39comme ça, ou j'aurais eu ce personnage-là, je lui aurais fait faire ça, ou je ne sais
25:44plus, je n'ai pas d'idée en tête.
25:46Et où je me dis, ben ouais, ce n'est pas faux, il a raison, il a raison.
25:50– Agnès, on va boucler l'émission.
25:53Un mot pour terminer, quand j'ai lu plein de revues de presse sur vous pour préparer
25:58cette émission, les mots, les adjectifs qui reviennent le plus.
26:01C'est une femme bienveillante, une femme sensible, une femme simple aussi.
26:06Je pense aussi à l'article de Sabine Lesur, qu'on aime beaucoup, de Vosges Matins,
26:11qui dit, elle est la précurseur du roman « Feel good », du bien-être, etc.
26:16Vous êtes apaisante, Agnès, et on vit dans un monde qui ne l'est pas du tout.
26:22Comment vous vous faites cohabiter tout ça ensemble ?
26:25C'est cette maison-là qui finalement vous fait cohabiter comme ça ?
26:28Dans un monde qui est brutal quand même.
26:30– Oui, alors le roman « Feel good », je ne me sens pas trop dans cette catégorie-là.
26:35– C'est parce que c'est de l'anglais en tout cas.
26:36– Oui, et puis je raconte des choses quand même assez dures de la vie.
26:40Mais je parle de résilience. Je pense que le mot, c'est résilience.
26:43Et c'était déjà avant d'arriver ici. Mais ici, cet environnement vivant me nourrit en permanence.
26:50Et je pense que j'ai besoin de transmettre aux gens de l'espoir et cette résilience justement.
26:56Montrer qu'un autre monde est possible. Et c'est ce qu'on fait. En fait, c'est ce qu'on fait avec nos mains.
27:02On a envie de montrer qu'un autre monde est possible. Et quand des gens viennent dans notre gîte, on leur propose toujours une visite de la ferme.
27:09Et ils repartent en général assez émerveillés parce qu'on leur montre ce qu'on a vu avec le jardin, la permaculture, le retour de la biodiversité.
27:20Enfin, tout est… On essaie de faire un équilibre, en fait, entre tout. Et c'est notre projet de vie, en fait. C'est ce qui nous anime tous les deux.
27:31– Je comprends que ce soit émerveillé quand même. – Oui, mais nous, on l'est au quotidien.
27:35– On y a passé quelques heures avec vous. Là, c'est formidable.
27:39– On l'est au quotidien. Et puis, oui, on s'est rencontrés dans ce domaine de l'agriculture.
27:46Et je pense qu'on a toujours eu ce même rêve. Et voilà, on vient de fêter nos 30 ans de mariage.
27:52Et on est toujours aussi heureux, quoi.
27:54– Bravo. Félicitations. Et votre fromage est fantastique.
27:56– Il est bon.
27:57– Un dernier mot. Il y a des bouquins, là, dans les tuyaux ?
28:00– Oui, il y en a un. Je vais bientôt écrire.
28:02– Je vais bientôt écrire. Je devais commencer cette semaine, mais il fait trop beau.
28:05– C'est à cause de nous, alors ?
28:06– Non, c'est à cause du soleil et du jardin.
28:08– Du soleil, oui.
28:09– Ça va parler du vivant. Toujours, toujours, toujours.
28:12– On vous suit. On vous suit. Merci de votre accueil.
28:14Vraiment merci Agnès. Merci.
28:16– Merci Emmanuel. Et à bientôt.
28:18– À bientôt.
28:19– Sous-titrage ST' 501
28:36– Sous-titrage ST' 501
28:38– Votre radio de proximité en Lorraine.
28:41– Sous-titrage ST' 501
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