00:0018h19 sur CNews et sur Europe 1, c'est votre Punchline Weekend.
00:04Jusqu'à 19h, l'équipe qui m'entoure ce soir, Véronique Jacquier, François Coque,
00:08Louis de Ragnel, Olivier Benkemoun, Paul Amard, j'ai oublié personne ?
00:12Tout le monde est là ? Vous n'avez pas répondu présent, mais vous êtes là, vous êtes bien présent.
00:16On continue nos débats, évidemment.
00:18On fait l'appel, c'est ça, je fais l'appel à chaque fois pour un s'il n'y en a pas qui...
00:21On continue d'évoquer ce qui s'est passé à Marseille,
00:25et Marseille qui est sous le choc avec le frère d'Amine Kessassi dont on parlait,
00:30donc qui a été abattu.
00:32Est-ce que c'est Amine Kessassi qui était visé ou pas ?
00:36David Pougeol, qui prépare cette émission à mes côtés,
00:39nous a sorti une prise de parole d'Amine Kessassi.
00:42C'était en 2024, puisque je rappelle, le frère aîné d'Amine Kessassi
00:46avait été victime également d'un règlement de compte.
00:49Écoutez ce qu'il dit, et vous allez comprendre pourquoi je voulais qu'on vous fasse écouter cette prise de parole.
00:54Ce qu'on constate depuis la mort de mon frère, c'est que rien n'a changé.
00:57Au contraire, on tue en pleine journée, je vais utiliser des propos très crus,
01:02mais fut un temps à l'époque, quand j'étais beaucoup plus jeune et même avant moi,
01:06quand ce genre d'homicide se produisait, il y avait des codes.
01:09Ça se faisait proprement.
01:11On tuait en pleine nuit, on ne brûlait pas les gens, on les laissait dans un coin,
01:14on ne mêlait pas la famille.
01:16Aujourd'hui, il n'y a plus de codes, il n'y a plus aucun respect.
01:18Aujourd'hui, les réseaux s'organisent, puisque ça devient des cartels internationaux.
01:22Ils vont chercher des enfants à Nîmes, à Lyon, à Paris, à Bordeaux, dans d'autres villes,
01:27pour que les jeunes n'identifient pas les têtes de réseau,
01:28et que s'ils se font attraper, ils n'ont aucun élément à donner, puisqu'ils ne sont pas de la ville.
01:32Et finalement, ces jeunes qui viennent d'ailleurs, ils n'ont pas de codes.
01:35Paul Lamarre, c'est terrible, vous comprenez pourquoi je voulais qu'on l'écoute ?
01:38C'était en 2024, Paul Lamarre.
01:39Il n'y a pas de code.
01:40On est en 2025, il perd son deuxième frère.
01:42– Je n'ai strictement rien à ajouter à ce qu'il vient de dire.
01:44Le mot essentiel qu'il vient de prononcer, c'est le mot « code ».
01:47Tous les codes qui fondent une société comme la nôtre,
01:52qui fondent ce qu'on appelle le vivre ensemble, sont en train de voler en éclats.
01:55Vous avez diffusé deux sujets sur deux violences, Montparnasse-Marseille,
01:58deux violences différentes, mais c'est la seule et même réflexion.
02:01Tous les codes sont en train de voler en éclats.
02:04Le code de l'honneur chez les malfrats, il vient de le dire.
02:06Le code du respect des jeunes pour les aînés, on voit ce qui se passe dans les écoles.
02:10On voit ce que des mineurs font aujourd'hui, des mineurs transformés en assassins.
02:15Observez ce qui se passe dans les rues de Paris ou dans les rues des grandes villes.
02:18Le code du partage, le partage du bitume.
02:21Observez le comportement des cyclistes, des automobilistes, des motocyclistes.
02:26Et vous comprendrez qu'on est dans une sorte de jungle.
02:28Observez ce qui se passe dans le métro, les regards des uns et des autres.
02:31Voilà ce qui est en train de se passer dans notre société,
02:34dans une société dite éclairée, ce qu'ils font d'une relation humaine.
02:37C'est quoi ? C'est l'échange.
02:38Même contradictoire. Sur Pétain, vous en aviez parlé tout à l'heure.
02:41C'est ça qu'ils font d'une société démocratique.
02:44Eh bien, il y a une partie de la société qui est en train d'instiller dans nos sociétés à nous
02:48le code, un nouveau code, qui est le code de la terreur.
02:52Tout simplement de la terreur.
02:54Tu me gênes, je te tue.
02:55Tu me parles mal, je te menace ou je peux te planter une arme.
02:58Et donc, tous ces codes-là, qui traversent toutes les strates de la société, sont en train de voler en éclats de la délinquance mafieuse à Marseille jusqu'au terrorisme islamiste.
03:12Non, non, mais c'est une nouvelle matrice très intéressante.
03:15On va poursuivre nos échanges.
03:18La manière dont a été tué ce jeune garçon, c'est une exécution sans faille.
03:26C'est-à-dire que, très bien faite d'ailleurs, c'est ce que disait Frédéric Plotkin tout à l'heure.
03:30C'est-à-dire que deux tueurs à moto, exécution, ils s'en vont, ils brûlent le véhicule.
03:36Donc, il n'y a pas de volonté de discuter ou quoi ce que ce soit.
03:40Tu me gênes, tu dis des choses qui sont gênantes.
03:42Depuis la cité, tu essayes d'alerter des gamins sur le danger du narcotrafic.
03:47On va te plomber.
03:48Alors, est-ce que c'est lui qui a été visé ou son frère ?
03:51Son précédent frère, je le rappelle, en 2020, il avait 22 ans, son jeune frère a été mort carbonisé dans une voiture.
03:58Là encore, les enquêteurs ne savent pas exactement les raisons, le mobile.
04:02Peut-être le même, simplement être un lanceur d'alerte, comme l'est ce garçon que vous avez entendu.
04:07Avoir le courage de dire les choses.
04:10Vous savez que, alors, vous n'êtes peut-être pas d'accord avec le terme mexicanisation ou colombianisation,
04:15mais en Colombie, il y avait un moment, c'était les journalistes à qui on s'en prenait,
04:19les hommes politiques aussi qui alertaient, mais les journalistes,
04:22avec une règle qui était celle du plomb ou de l'argent.
04:26Soit tu acceptes les pots de vin, soit on te tue.
04:30Est-ce qu'il y a quelque chose qui ressemble à ça, contre les lanceurs d'alerte ?
04:34Est-ce que vous en prenez aux lanceurs d'alerte de cette manière ?
04:38Je vous rappelle que, dans les affaires de terrorisme, les lanceurs d'alerte sont visés,
04:43et ceux qui sont sous protection policière aujourd'hui sont précisément les lanceurs d'alerte,
04:48parce qu'on craint pour leur vie.
04:49Et bien, de la même manière, les lanceurs d'alerte aujourd'hui,
04:53qui parlent du narcotrafic, peut-être vont devoir être mis sous surveillance et protégés également.
04:59Louis Doréen, ce qui est terrible quand on écoute Amin Kézassi,
05:02c'est que rien n'a changé depuis 2024, et c'est même pire.
05:07Il mène un combat.
05:08Est-ce qu'il va continuer à amener ce combat ?
05:09Parce qu'il a quand même perdu deux frères,
05:11et ce petit frère se destinait à être gardien de la paix, visiblement.
05:15Je crois qu'il a une sœur qui est militaire.
05:18Sincèrement, on pense au combat qu'il mène.
05:21Ce qui est vrai, c'est que le problème est beaucoup plus grave,
05:24et c'est accéléré en réalité en l'espace de 3, 4, 5 ans maximum.
05:29Et on a l'impression qu'on assiste à quelque chose qui est exponentiel,
05:32et un phénomène contre lequel on a énormément de mal à lutter.
05:35La réalité, c'est que vous avez beau mettre en place toutes les législations possibles,
05:39je sais que l'Italie a mis en place une politique assez dissuasive,
05:43mais je vous prends un exemple pour vous montrer à quel point
05:45c'est vraiment très compliqué de réellement lutter contre ce fléau.
05:50Il y a à peu près 1 ou 2% des conteneurs dans le port du Havre
05:53qui sont contrôlés par les services de douane, police, gendarmerie français.
05:57Donc, qu'est-ce qu'on peut faire ?
06:00Alors, on peut lutter contre les têtes de réseau,
06:02on peut aggraver les peines,
06:05on peut durcir les conditions carcérales des personnes qu'on attrape,
06:09mais c'est vrai qu'on vit dans un monde globalisé
06:11où on ne peut pas ouvrir tous les conteneurs.
06:14Et je pense qu'ensuite, ça a déjà été très largement dit,
06:17mais il faut jouer beaucoup sur les consommateurs.
06:19C'est-à-dire que si vous vous dites vous-même
06:21que vous n'avez pas intérêt à consommer des produits stupéfiants,
06:24de la cocaïne, n'importe quoi,
06:26eh bien forcément, ça a un moyen quand même de régler le problème.
06:30François, quand vous voulez rajouter quelque chose,
06:32on a fait le tour du sujet ?
06:34Non, je crois qu'on a fait le tour du sujet,
06:35mais on sait qu'il y a deux leviers qu'il va falloir activer désormais.
06:38Il y en a un qui avait été mis en exergue
06:39par l'excellent rapport sénatorial
06:41qui avait été fait par le sénateur socialiste Jérôme Durin
06:43et par son collègue de LR dont le nom m'échappe,
06:46veuillez m'en excuser,
06:47qui disait qu'il y avait une dimension désormais structurelle
06:54où le narcotrafic était en train de prendre des positions,
06:58y compris dans les rouages de la structure étatique,
07:01au sein de la pénitentiaire,
07:03au sein de certaines dimensions de police ou du reste.
07:06Ça, c'est quelque chose sur lequel il va falloir agir.
07:09Et une nouvelle structure a été mise en place par M. Darmanin,
07:12on attend qu'elle s'attaque à ça.
07:13Et le deuxième levier sur lequel il va falloir agir,
07:16on l'a sous les yeux,
07:17c'est le passage des gangs aux attaques maintenant sur la société civile.
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