00:00Et 7h46, l'invité d'Issi Pays Basque ce matin, Anthony Muray, médecin et membre de Comélie 64.
00:05Comélie, c'est collectif pour une médecine libre et indépendante, un collectif de médecins donc qui se mobilisent pour défendre deux d'entre eux,
00:12convoqués par la CPAM, la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, vendredi prochain.
00:17Ils doivent s'expliquer sur le nombre d'arrêts de travail qu'ils prescrivent. Il est votre invité, Bichon Téphane Lignon.
00:21Bonjour Anthony Muray.
00:22Bonjour.
00:23Merci d'être avec nous ce matin au nom de Comélie 64.
00:26Pourquoi ces deux médecins-là sont convoqués ? Qu'est-ce que vous savez ? Pourquoi ceux-là et pas d'autres ?
00:31Alors ce qu'on leur reproche, c'est de... En fait, je vais déjà préciser que c'est deux médecins du secteur qui sont deux femmes, qui sont des jeunes médecins.
00:39Des médecins généralistes.
00:40Des médecins généralistes, bien sûr, qui sont la cible de la sécu en premier lieu.
00:45En fait, elles sont convoquées parce qu'on leur reproche d'avoir, selon les critères de la sécurité sociale, prescrit d'arrêt de travail.
00:53Oui. Le problème, si vous voulez, c'est que c'est des procédures qui sont purement statistiques et qui sont basées sur des outils que nous, on dénonce, parce que la sécu utilise des outils qui, en fait, sont uniquement des chiffres et qui sont, en fait, biaisés.
01:11Il y a des paramètres, et ce n'est pas uniquement le nombre, mais c'est aussi en fonction des personnes, du quartier, c'est ça.
01:17C'est ce que dit la sécurité sociale, mais en fait, on voit bien quand on étudie précisément nos syndicats, enfin, les syndicats ont déjà dénoncé plusieurs reprises ce genre de choses,
01:25c'est qu'en fait, ils utilisent des outils qui, finalement, sont faux et biaisés.
01:30Et on voit, quand on regarde les détails, que ces critères-là ne sont pas vraiment respectés, parce qu'effectivement, tous les médecins ne sont pas les mêmes,
01:37les patientelles ne sont pas les mêmes, on pratique dans des lieux, des quartiers différents dont le niveau économique n'est pas le même,
01:45les lieux de travail, le type de travail n'est pas le même, les populations sont des populations actives, plus actives dans certains quartiers,
01:52des populations plus âgées, retraitées dans d'autres quartiers.
01:54Donc, il ne faut pas comparer tous les médecins à égalité.
01:58Pourtant, ce n'est pas nouveau, ces contrôles, ça fait longtemps que ça existe.
02:01Oui, mais là, on voit bien que ça se durcit, on en entend parler tout le temps.
02:06Et alors, pourquoi ? La justification de la sécu, c'est, vous comprenez, le nombre d'arrêts de travail,
02:11et surtout, le montant et le coût des indemnités journalières augmentent.
02:14On nous rend responsables de ça.
02:15Alors qu'en fait, quand on étudie un peu en détail le pourquoi du comment,
02:19et il y a plusieurs économistes qui le disent,
02:22l'augmentation des indemnités journalières, du coût des indemnités journalières,
02:26elle est liée principalement à l'augmentation des salaires,
02:29parce qu'il y a eu une augmentation légère des salaires ces dernières années,
02:3215% notamment sur le SMIC.
02:34Quand vous augmentez votre salaire de base, forcément, vos indemnités journalières vont augmenter.
02:38Vous augmentez un petit peu aussi le temps, l'employabilité,
02:43et du coup, ça fait augmenter mécaniquement.
02:44Il y a ça, mais il y a aussi le nombre global des arrêts de travail.
02:48En tout cas, ce que dit la sécu, c'est le nombre des arrêts de travail
02:50est à une augmentation de 10% sur le département.
02:53Oui, justement, mais ça c'est pareil, il y a des raisons qui sont sociétales.
02:57Ce n'est pas nous, les médecins traitants, qui par plaisir mettons plus les gens en arrêt.
03:05Il y a des problèmes sociétaux, il y a des problèmes...
03:07Déjà aussi, si vous augmentez le nombre de personnes plus âgées au travail,
03:11en reculant l'âge de la retraite, forcément, vous allez mettre plus de personnes plus âgées au travail.
03:17Donc, il va y avoir des gens avec des maladies chroniques qui vont être au travail.
03:20Donc, il y aura forcément aussi un peu plus d'arrêts de travail.
03:23Il y a aussi le milieu du travail.
03:25On voit bien, et on le voit nous tous les jours dans nos cabinets,
03:28il y a quand même des difficultés vis-à-vis du milieu du travail.
03:31Et les problématiques sont diverses, on ne peut pas préciser,
03:34mais on voit qu'il y a quand même des difficultés au travail.
03:37Et nous, on se retrouve à faire face à des problématiques qui ne sont pas toujours médicales,
03:41et qui sont aussi des problèmes dans la profession, dans le milieu du travail.
03:468h moins 10 sur ICI Pays Basque.
03:47Ce matin, nous parlons de ces deux médecins généralistes convoqués par la CPM vendredi prochain.
03:52Apparemment, trop d'arrêts de travail ont été prescrits.
03:54Notre invité, Anthony Muray, médecin, est membre d'un collectif pour une médecine libre et indépendante.
03:58Les parlementaires discutent du budget de la Sécu en ce moment.
04:0223 milliards de déficit annoncés pour 2025.
04:06La Sécu, c'est nous qui la payons aussi.
04:09Tous les mois, on cotise, sur notre salaire, on nous retire des sous.
04:12Est-ce que ce n'est pas normal que la Sécu contrôle comment est utilisé cet argent ?
04:16Nous, on ne dénonce pas le fait, si vous voulez, d'avoir un regard,
04:20que la Sécu ait un regard sur ce qui est...
04:22Et on est tous conscients, nous médecins, on est formés aussi avec ça,
04:25avec cette conscience-là.
04:27On sait qu'il faut utiliser de manière juste les deniers de la Sécurité sociale,
04:33les deniers de la collectivité, en fait.
04:35Mais, en fait, ce qu'on dénonce, c'est la façon dont c'est fait.
04:38Là, on va convoquer deux médecins qui sont passibles de sanctions pour justifier des arrêts,
04:42alors qu'en fait, la méthode n'est pas bonne.
04:44On fait aussi... On devrait nous aider, en fait.
04:47On fait face à des délais d'arrêt de travail qui sont très longs,
04:50sans que la Sécu ne bouge une oreille.
04:52Des fois, on a des dossiers, un an, un an et demi, deux ans,
04:55la Sécu n'a pas du tout, c'est pas concerné du sujet.
04:58Des salariés qui restent deux ans à arrêter, la Sécu ne demande pas.
05:00Des fois, on n'a aucune nouvelle.
05:01Et nous, on court après, on dit qu'est-ce qu'il se passe,
05:03et il ne se passe rien, en fait.
05:04Et après, on nous convoque.
05:06Pourtant, les patients le savent, on en discute entre nous,
05:09on sait bien, tel médecin, alors lui, j'ai un médecin donné d'arrêt,
05:11puis tel autre, il n'a vachement plus la chance, il est plus cool.
05:13Il y a des variabilités individuelles, ça, d'accord.
05:15Mais nous, ce qu'on énonce, c'est vraiment la méthode de la Sécurité sociale.
05:19En fait, ce qui ne va pas, c'est qu'on devrait être aidé
05:21sur ces dossiers compliqués qui se prolongent.
05:23Nous, on demande souvent, alors, on en est où ?
05:26On essaye de dire aux patients, alors, vous avez fait des démarches,
05:29on vous a contacté, et la plupart du temps, on n'a rien.
05:33En off, je vais vous le dire, j'ai une information,
05:36on nous dit concrètement qu'à la Sécurité sociale,
05:38il n'y a pas assez d'effectifs de médecins pour contrôler les arrêts.
05:41Voilà.
05:42Donc, en fait, nous, ce qu'on voudrait, c'est être aidé,
05:44et pas être contrôlé.
05:45Parce qu'en fait, on passe pour ceux qui font augmenter le chiffre
05:48du nombre d'arrêts de travail, mais ce n'est pas ça, ce n'est pas nous.
05:51Anthony Muray, votre mobilisation, elle passe par quoi ?
05:53Vous faites une pétition, une mobilisation ?
05:55Alors, vendredi, nos consœurs sont convoqués,
05:58et donc on sera sur le parvis de la Sécurité sociale
06:00pour les soutenir, et pour faire entendre notre voix,
06:03et donc ce message, comme quoi, et c'est le cas,
06:06les médecins généralistes ne sont pas responsables
06:09de la hausse des arrêts de travail, du montant des arrêts de travail.
06:12Merci d'avoir répondu à nos questions ce matin.
06:14On vous retrouve en podcast et en vidéo sur le site ici.
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