- il y a 2 jours
Avec Ava Djamshidi, rédactrice en chef de Elle
Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.
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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2025-11-16##
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NewsTranscription
00:00Retrouvez la force de l'engagement avec AJP, épargne, retraite, assurance emprunteur, prévoyance, santé.
00:10Sud Radio, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:14Bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous pour la force de l'engagement,
00:18l'émission qui donne la parole à celles et ceux qui font bouger la société.
00:22Ce matin, je reçois Aba Djamshidi, rédactrice en chef du magazine Elle,
00:27journaliste engagée et voix forte du journalisme féministe français.
00:31A l'occasion des 80 ans du magazine Elle, elle nous raconte cette aventure collective
00:35qui depuis huit décennies accompagne des combats, les rêves et les conquêtes des femmes.
00:40Leur liberté gagnée, leur métamorphose sociale et intime, leur chemin d'émancipation.
00:45Mais avant de partager avec Aba, comme chaque semaine, mon édito,
00:49et ce matin, je vous propose de nous engager pour la liberté des femmes.
00:53En 80 ans, les rêves des femmes ont changé de forme, mais pas de sens.
00:57Dans les années 50, les femmes rêvaient d'une machine à laver,
01:01symbole modeste certes, mais immense, celui d'un peu de temps pour elles.
01:05Dans les années 70, elles réclamaient le droit d'aimer sans permission,
01:09de jouir sans culpabilité, de travailler sans tutelle.
01:12Dans les années 80, elles osaient dire « je gagne plus que mon mari »,
01:16une phrase anodine aujourd'hui, subversive à l'époque.
01:19Depuis, bien sûr, les combats se sont déplacés.
01:22Les femmes d'aujourd'hui ne rêvent plus d'un électroménager,
01:24mais d'un monde où les vêtements, leurs vêtements, ne sont pas fabriqués par des enfants,
01:29où leur corps ne définit plus leurs valeurs,
01:31où la charge mentale ne se transmet plus en héritage.
01:34Mais si les batailles ont évolué, la logique, elle, reste la même.
01:38Avancer dans un monde pensé sans elles,
01:40dessiné et dirigé par d'autres, selon des règles qu'elles n'ont pas écrites.
01:43Dans ce monde, les femmes ont appris à décoder, à contourner, à s'imposer.
01:47Leur force s'est logée dans la lucidité, dans la persévérance,
01:52dans une intelligence du collectif qu'elles ont longtemps dû conquérir.
01:56Là où certains imposaient, elles ont su convaincre.
01:59Là où d'autres voulaient régner, elles ont su rassembler.
02:01Leur arme n'a pas été la domination, mais l'influence,
02:04leur moteur, la réflexion, leur stratégie, l'alliance.
02:08Et pourtant, le paradoxe demeure.
02:10Plus les femmes progressent, plus on leur demande de se justifier.
02:14Dans les années 80, on les a accusées d'avoir pris le pouvoir.
02:16Aujourd'hui, on leur demande d'en modérer l'usage.
02:19L'histoire de l'égalité, c'est aussi l'histoire d'une culpabilité sans cesse renouvelée.
02:24L'histoire de l'égalité, c'est aussi l'histoire d'une culpabilité sans cesse renouvelée.
02:28Trop ambitieuse, trop autoritaire, trop libre, trop visible, trop toux, sauf tranquille.
02:33Force est de constater que les combats des femmes ne sont pas derrière nous.
02:37Ils ont changé de forme, de terrain, de génération.
02:39L'égalité femmes-hommes reste toujours une promesse inachevée.
02:42Il y a toujours des plafonds invisibles, des corps jugés, des paroles corrigées.
02:47Il y a toujours des femmes qui renoncent.
02:49Pas par manque de courage, mais par lassitude ou par usure.
02:52Les luttes d'aujourd'hui sont encore et toujours multiples.
02:55La liberté sexuelle, toujours à défendre.
02:57La maternité, encore à réinventer.
02:59La violence, encore à nommer.
03:02Et la nécessité, toujours, de se battre pour plus d'inclusivité, plus de justice.
03:06Mais il y a aussi la joie, la légèreté revendiquée, le plaisir de rire de soi, le droit à l'imperfection et à l'imprévu.
03:14Il y a la tendresse entre femmes, l'amitié, les alliances sincères, les solidarités silencieuses.
03:20Le désir de vivre pour soi, d'aimer librement, de créer, d'oser, de se tromper, de recommencer.
03:24La joie de transmettre, de voir grandir les filles autrement et les garçons aussi.
03:30La liberté d'être multiple, mère ou pas, amoureuse ou pas, unique, pluriel, affranchie des cases et des injonctions.
03:36Il y a l'auto-émancipation, celle qui ne demande plus la permission à personne,
03:40mais qui, chaque jour, choisit la vie, la légèreté et la fierté d'être soi.
03:44Être une femme libre en 2025, c'est peut-être tout cela à la fois.
03:48La mémoire des épreuves et la volonté d'en faire une cause, une force, un mouvement.
03:51Être une femme libre, c'est pouvoir être qui l'on veut, pleinement, et sans jamais s'excuser de l'être.
03:57Sud Radio, la force de l'engagement, Muriel Reus.
04:02Aujourd'hui, dans la force de l'engagement, je donne la parole à Ava Jamschindi,
04:07journaliste de terrain, devenue rédactrice en chef du magazine Elle.
04:12Connue pour son expertise sur les questions politiques, sociétales et de genre,
04:16elle dirige les pages actualités et sociétés du magazine.
04:20Bonjour Ava.
04:21Bonjour Muriel.
04:22Alors, Elle fête ses 80 ans.
04:24Oui.
04:24Waouh.
04:25On est ravis de cet anniversaire.
04:26Mais j'imagine.
04:27Alors, pourquoi ce magazine reste-t-il si singulier dans le paysage médiatique français ?
04:33Qu'est-ce qu'il ose encore dire sur la place des femmes ?
04:36D'abord, sur sa nature, je pense qu'il n'y a pas vraiment d'autres titres dans la presse française
04:41qui s'intéressent en particulier aux sujets qui concernent les femmes,
04:44qui vont des sujets modes, qui sont vraiment des pages qui sont importantes pour nous
04:48et un sujet vraiment d'intérêt.
04:51La beauté également.
04:52Et vous l'avez dit, vous l'avez rappelé, et c'est en particulier, ce sont les sujets
04:56qui m'intéressent un peu plus, puisque je supervise ces pages, les sujets de société,
05:02la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, les causes qu'il faut continuer
05:07de défendre et les inégalités que subissent les femmes, qu'il faut continuer de pointer.
05:12Et ça, dans la presse française aujourd'hui, dans les médias français aujourd'hui,
05:16il n'y a pas de titre qui l'incarne aussi bien qu'on peut le faire toutes les semaines
05:20dans les pages du magazine Elle.
05:22Alors, parlons un peu de vous.
05:23Vous avez été journaliste politique pendant près de dix ans aux Parisiens.
05:26Vous avez couvert l'Elysée, Matignon, plusieurs campagnes présidentielles.
05:30Vous avez signé un livre chez Plon sur Brigitte Macron,
05:32un autre avec Françoise Avillé, Ménage sur Sarah Cafnault.
05:37Donc, c'est un parcours quand même très au cœur du pouvoir.
05:40Vous rejoignez, Elle.
05:41Qu'est-ce que vous allez-t-elle chercher dans ce magazine ?
05:43Ou peut-être la question, c'est qu'espériez-vous y changer et faire évoluer ?
05:47En y arrivant, j'ai accepté une proposition qui m'était faite
05:50de densifier les contenus politiques, de faire un petit peu plus de sujets
05:54sur la question des femmes, et notamment des femmes au cœur du pouvoir,
05:59puisqu'il continue à y avoir des problèmes de parité aujourd'hui.
06:04Et l'autre partie de mon travail portait beaucoup sur la réalisation
06:07de reportages à l'étranger sur des terrains de conflit.
06:11Et souvent, sur ces théâtres, le sort des femmes est particulièrement pointé.
06:16Et donc, ce que j'ai tout simplement souhaité pouvoir faire,
06:20c'était d'apporter cette expertise que je pouvais avoir
06:22avec un traitement qui est un peu particulier quand même dans l'écriture,
06:27dans la sensibilité par rapport à la cause féminine.
06:29Et donc, j'y écris pendant des années, très heureuse de pouvoir le faire là-bas.
06:33Alors, parlons un peu de ces reportages à l'étranger.
06:36En août 2021, au moment du retour au pouvoir des talibans,
06:40vous réalisez un reportage très fort à Kaboul.
06:42Vous faites une plongée au cœur de la disparition des libertés des femmes afghanes.
06:47Après 20 ans d'ouverture, il faut quand même le rappeler, rappelons-le toujours.
06:50Vous y rencontrez toutes sortes de femmes, des commerçants, des étudiants,
06:53des soignantes, des militantes, vous dessinez une véritable géographie
06:56de l'effacement des femmes dans cet espace public.
07:00Des rues vidées de leur visage, on le sait aujourd'hui,
07:02des vitrines où les portraits féminins sont repeints.
07:04Aujourd'hui même, on n'a même plus le droit d'avoir les deux yeux
07:06pour essayer de voir derrière une burqa, c'est un seul.
07:10Qu'est-ce que ce terrain vous a appris sur la résistance des femmes,
07:13sur leur dignité et sur notre rapport à la liberté en France ?
07:18Vous l'avez rappelé Muriel, on y arrive dans un contexte un peu particulier
07:22puisque pendant 20 ans, les jeunes femmes que nous, on est allés rencontrer en reportage,
07:26elles ont été habituées aux idées de liberté, d'égalité entre les genres,
07:31de la possibilité d'étudier, de travailler comme calqué sur ce que l'on peut vivre
07:36dans le monde occidental.
07:37Donc quand on arrive, ces jeunes femmes à Kaboul,
07:39elles ont vécu comme on vit en France, en Europe, pendant 20 ans
07:43et du jour au lendemain, on leur demande de se couvrir.
07:44D'abord, la première chose qui m'a vraiment marquée,
07:48c'est qu'elles ont eu le courage et l'audace de poser en photo
07:52et de montrer leur visage en nous disant,
07:55et moi j'avais très très peur que l'on publie ces photos
07:57parce que j'avais peur pour leur vie,
07:59en nous disant que si on les effaçait,
08:02cela reviendrait à faire le jeu des talibans.
08:04Donc déjà, ça c'était quelque chose des toutes jeunes femmes,
08:08des femmes d'une vingtaine d'années.
08:10Je souligne aussi le courage de la directrice du magazine,
08:12Véronique Philippona, de publier en couverture du magazine,
08:16ce qui est assez inhabituel,
08:18la photo d'une jeune femme voilée
08:20qui a beaucoup fait parler à l'époque.
08:24Et ce qui, moi, m'a vraiment saisie,
08:26c'est évidemment le courage qu'avaient ces jeunes femmes,
08:28leur désespoir aussi,
08:29parce qu'il ne faut pas le voiler à l'époque où on y va.
08:32Il y a beaucoup de femmes qui commencent à prendre
08:33beaucoup d'antidépresseurs,
08:35des premiers suicides commencent,
08:36puisque quand vous êtes habitué à vivre normalement,
08:40le fait d'être enfermé, encagé littéralement,
08:43n'est pas une perspective très riante.
08:45Et c'est vrai que l'on observe,
08:47quand on rentre de ces reportages,
08:49avec beaucoup plus d'égard les libertés dont on jouit,
08:52et qu'on est peut-être plus sensible
08:54à toutes celles que l'on peut perdre.
08:56Et c'est vrai qu'à titre personnel,
08:58et évidemment dans l'exercice de mon travail,
09:01j'y suis particulièrement attachée.
09:03Alors, ces dernières années,
09:06elle a publié des enquêtes
09:07parmi les plus marquantes du paysage médiatique français.
09:10Vous l'avez dit,
09:10et je suis tout à fait d'accord avec cela.
09:12Les violences conjugales,
09:14le tabou du viol conjugal,
09:15le consentement,
09:16la responsabilité des hommes,
09:18les affaires Jean-Himbert,
09:19Gérard Miller,
09:20mais aussi de grands entretiens,
09:21comme celui du prix Nobel de la paix,
09:23Nargesse, pardon,
09:25Mohamedi.
09:26Sans oublier, bien sûr,
09:27toutes les grandes enquêtes
09:28et les sondages de société.
09:31Alors que tant de liberté
09:32semblent aujourd'hui fragilisées,
09:34elles ne semblent pas d'ailleurs,
09:35elles sont fragilisées,
09:36dans une époque qui est quand même,
09:38on peut le dire,
09:39saturée d'images, de discours.
09:41Comment préserver cette force d'engagement
09:43que vous avez,
09:44que le magasinat,
09:45avec vos équipes,
09:46quand tout paraît vaciller ?
09:48Nos repères,
09:49nos libertés,
09:49nos récits.
09:50On en parle juste après la pause.
09:51Vous êtes toujours sur Sud Radio
10:07dans la force de l'engagement,
10:08l'émission qui donne la parole
10:09à celles et ceux
10:10qui font bouger la société.
10:11Aujourd'hui,
10:12on s'engage pour la force des mots,
10:13la puissance des récits
10:14avec Ava Djamshidi,
10:17une femme qui a choisi
10:17de raconter le monde
10:18à travers les luttes,
10:19les visages et les victoires
10:20des femmes en France
10:21comme ailleurs.
10:22Alors, Ava,
10:23avant la pause,
10:24on évoquait cette question centrale.
10:25Comment est-ce qu'on préserve
10:26la force de l'engagement
10:27à une époque
10:28où les libertés,
10:29les repères et les récits
10:31semblent si fragilisés ?
10:32Et le sont d'ailleurs.
10:34Alors, ça peut paraître
10:35un peu Benoît
10:36de le dire comme ça,
10:36mais en ayant
10:37d'excellentes journalistes
10:38et en particulier
10:40des journalistes spécialisés
10:41sur certains sujets
10:42comme ceux
10:44des violences sexuelles
10:45et sexistes
10:45et qui nous ont permis
10:46de produire
10:48nos propres contenus
10:48parce qu'on considère
10:49qu'il y a finalement
10:50très peu de titres
10:51dans la presse française
10:52qui ont la capacité
10:53de mener
10:53de telles enquêtes
10:55et nous, on a décidé
10:57de se doter
10:58de cette capacité
10:59avec en particulier
11:00Alice Augustin
11:00et Cécile Olivier
11:02qui ont produit
11:03par exemple,
11:04vous l'avez évoqué,
11:04l'enquête
11:05sur Gérard Miller
11:07et c'est vrai
11:08que ce sont des espaces
11:09dans lesquels
11:09on décide de s'arrêter
11:10sur des environnements,
11:14sur des personnalités
11:14où l'on observe
11:15des mécanismes d'emprise
11:17avec des victimes
11:19qui nous racontent
11:21ce qui leur est arrivé,
11:23ça nous permet
11:23de décrypter également
11:25en creux
11:26les mécanismes toxiques
11:28qui peuvent exister
11:30dans certains environnements.
11:32Alors ces affaires,
11:33vous venez de parler,
11:34celle de Jean-Hambert,
11:35chef étoilé,
11:35accusé de violences
11:36psychologiques et physiques
11:37et celle de Gérard Miller,
11:38psychanalyste
11:39et figure publique,
11:41accusé d'agression sexuelle
11:43et de viol,
11:43ces deux dossiers
11:44ont été publiés
11:45en exclusivité par elle
11:46avant tous les autres médias.
11:48Des enquêtes
11:49qui ont déclenché
11:50un véritable séisme médiatique,
11:51moi je me souviens
11:52tout le monde appelait
11:52en disant
11:52mais pourquoi c'est le L
11:53et pourquoi pas nous ?
11:55Et bien la question
11:56est la suivante,
11:56comment avez-vous obtenu
11:58la confiance de ces femmes
11:59pour qu'elles acceptent
12:01de parler
12:01alors qu'elles ne l'avaient pas fait
12:02et qu'elles acceptent
12:03de le faire dans le L ?
12:05C'est vrai qu'au début
12:05c'était un peu
12:06pour certains,
12:08pour la concurrence
12:08vous l'avez dit
12:09mais peu intuitif
12:10que nous on sorte
12:11de telles enquêtes
12:13mais avec ces deux journalistes,
12:15la directrice du magazine
12:16on s'est dit
12:16maintenant on y va
12:17et des témoignages
12:18en fait
12:19on en a plein
12:19et beaucoup de journalistes
12:21de beaucoup de rédactions
12:21ont entendu
12:23ou savent
12:23qu'il a pu se passer
12:24quelque chose.
12:24Là on leur a demandé
12:25d'aller vérifier
12:27ces témoignages,
12:29de les recouper.
12:30C'est très important
12:30de dire qu'on ne se fait pas
12:31le relais juste
12:32d'une personne
12:33qui témoignerait
12:34de manière anonyme.
12:35Ce sont des enquêtes
12:36qui ont nécessité
12:37des mois de travail,
12:39parfois des centaines
12:40d'entretien
12:43avec des personnes
12:44concernées
12:44et je pense
12:46que c'est le sérieux
12:47de ce travail
12:47combiné évidemment
12:49à la sensibilité
12:51que l'on peut avoir
12:52par rapport
12:52aux soeurs des femmes
12:54depuis 80 ans,
12:55maintenant on peut
12:56s'en prévaloir,
12:57qui explique
12:58que beaucoup de femmes
12:59nous font confiance.
13:00Alors quand on publie
13:02ce type d'enquête,
13:03il y a une ligne de crête,
13:04vous venez de le dire,
13:05qui est celle évidemment
13:06de donner la parole
13:06aux femmes
13:07mais sans jamais
13:07trahir la vérité
13:09bien entendu
13:10et sans céder
13:11sur la présomption
13:12d'innocence
13:12qu'on nous reproche
13:13toujours à chaque fois
13:14quand les journalistes
13:15parlent.
13:16Bon, on parle toujours
13:17de ce tribunal médiatique
13:19encore.
13:20Alors évidemment,
13:20vous venez de le dire,
13:21la qualité du journalisme,
13:23des enquêtes,
13:23les centaines d'enquêtes
13:24et d'entretiens,
13:26c'est cet équilibre
13:27entre le devoir
13:28de révéler la vérité
13:29et la rigueur
13:30du travail journalistique.
13:31Mais est-ce qu'il y a
13:33un prix à payer ?
13:34Alors il y a un prix
13:35à payer pour les victimes,
13:36ça on le sait,
13:37est-ce qu'au sein
13:37d'un magazine
13:38comme le L,
13:39est-ce qu'il y a
13:39un prix à payer
13:40entre ce devoir
13:41journalistique
13:42de publier ces récits
13:43et de,
13:44qui bousculent d'ailleurs,
13:45qui réparent les silences
13:46et cette façon
13:47de bousculer les pouvoirs
13:49et les ordres établis ?
13:50Il y a la question
13:52de la prise de risque
13:52que l'on engage
13:54quand une affaire
13:55n'est pas judiciarisée.
13:56Donc ça veut dire
13:56quand les victimes
13:58qui racontent
13:59leurs témoignages
14:00aux journalistes
14:02ne sont pas allées
14:03au préalable
14:03s'adresser
14:04aux forces de police
14:05dans un commissariat
14:06par exemple
14:06pour faire une main courante
14:07ou pour porter plainte,
14:08quand vous allez
14:09rapporter leur parole,
14:10vous engagez
14:11votre responsabilité
14:12comme titre.
14:13Et il faut
14:13une direction
14:17extrêmement solide
14:18et convaincue
14:19de la nécessité
14:20de sortir ces affaires.
14:21C'est pour ça
14:22que je vous mentionnais
14:22tout à l'heure
14:23le travail
14:24et l'importance
14:25de Véronique Philippona
14:26dans tout ce travail.
14:30Et puis ensuite,
14:31il faut se dire aussi
14:31que c'est des moments
14:32qui sont assez compliqués.
14:33Alors évidemment,
14:34ce n'est rien
14:34par rapport à ce que
14:35peuvent subir les victimes
14:36mais quand on sort
14:38ces enquêtes,
14:39on a conscience
14:39qu'on va bousculer
14:41d'une certaine manière
14:42la vie de ces victimes
14:42qui nous confient leurs paroles,
14:44qu'on va aussi bousculer
14:45la vie des agresseurs présumés
14:46qui ont des mères,
14:48des femmes,
14:48parfois des sœurs.
14:50On ne le fait pas
14:51de gaieté de cœur
14:51mais animé vraiment
14:52par la conviction
14:54que c'est important
14:55de rapporter les faits
14:56que l'on va décrire.
14:58Et comme on est sûr
14:59du travail
14:59et du professionnalisme
15:01des enquêtrices
15:01qui signent ces sujets
15:03chez nous,
15:04on le fait.
15:05Mais non,
15:05la veille de la publication
15:06de ce genre d'enquête,
15:07il ne faut pas s'imaginer
15:08qu'on est hilare
15:11et archi content
15:11de notre banque.
15:13Pas du tout,
15:13ce n'est pas du tout l'ambiance.
15:14Il y a une forme
15:15de gravité en nous
15:17mais de sentiment
15:19que si on ne le fait pas nous,
15:20personne ne va le faire
15:21et que c'est important
15:22de faire ce travail.
15:25Alors vous soutenez aussi
15:26de publier
15:26à l'occasion
15:27des 80 ans du magazine
15:29cette grande enquête
15:29à quoi rêvent
15:30les jeunes femmes
15:31réalisent avec TF1
15:32une photographie sociologique
15:34des 18-24 ans.
15:36Leur aspiration,
15:36leur désir,
15:37leur angoisse,
15:38leur contradiction.
15:39Une génération née
15:40après MeToo
15:41et le Covid
15:43et la crise climatique.
15:46Alors cette enquête,
15:47elle révèle plein de désirs
15:48mais aussi
15:49des profondes inquiétudes.
15:5026% des jeunes femmes
15:51se disent confiantes
15:52dans l'avenir.
15:5372% craignent
15:55de ne jamais avoir
15:55assez d'argent
15:56dans leur vie
15:57et la santé mentale
15:58figure parmi
15:59leurs principales préoccupations.
16:01Vous qui observez
16:02la société
16:03depuis des années,
16:05comment vous expliquez
16:05ce mélange
16:06entre désir
16:07d'émancipation,
16:08fatigue existentielle ?
16:10Je pense que
16:11ces jeunes femmes
16:12elles sont un peu ronds.
16:13Elles savent maintenant
16:14que tout est possible
16:15comme on l'a dit
16:15mais que ça demande
16:16du travail aussi
16:17d'y parvenir
16:19dans un contexte
16:20où là
16:21ce n'est pas
16:21uniquement une question
16:22une question genrée
16:24où il y a des difficultés
16:25pour trouver du travail,
16:26des difficultés climatiques
16:27et je pense que
16:28cette double injonction
16:29d'une certaine manière
16:30leur complique
16:31peut-être un peu
16:31la tâche
16:34et aussi
16:35ce qu'il faut dire
16:36c'est que
16:37plus on décrit
16:38des phénomènes
16:38on ne parlait pas
16:39des violences sexuelles
16:40et sexistes
16:40il y a quelques années
16:41on ne parlait pas
16:42de problématiques
16:43de santé mentale
16:44et bien
16:45ça permet aussi
16:46à la fois
16:47de les éclairer
16:48sur le fait
16:49que ça existe
16:50parfois
16:51de mettre
16:52le mot
16:53sur un mal
16:53dont elles souffrent
16:55et je pense que oui
16:56cette maîtrise
16:58peut-être plus fine
16:59de leurs conditions
17:00va nécessairement
17:01avec
17:02une inquiétude
17:03généralisée
17:05sur
17:05leur avenir
17:07mais je pense que
17:08c'est inhérent
17:08à cette étape
17:09de la vie
17:10des jeunes femmes
17:12et qu'elles pouvaient ressentir
17:13même si c'était peut-être
17:14un peu moins fort
17:15ce type de préoccupation
17:16par le passé
17:17Alors ce qui frappe
17:18dans cette enquête
17:19c'est la complexité
17:20du rapport au féminisme
17:21ça je trouve que
17:22c'est extrêmement important
17:23le mot reste positif
17:25il est moins revendiqué
17:26beaucoup se disent
17:27féministes du quotidien
17:28mais sans étiquette
17:29et 34% des jeunes femmes
17:31déclarent s'être déjà
17:32senties obligées
17:34d'avoir un rapport sexuel
17:35ou de faire quelque chose
17:37qu'elles ne désiraient pas
17:38et ce chiffre
17:39fait écho
17:40à vos autres enquêtes
17:41sur le consentement
17:42et sur le tabou
17:42du viol conjugal
17:44c'est quoi ?
17:45C'est un backlash ?
17:46C'est une fatigue
17:47d'un féminisme
17:48trop théorique ?
17:50Je pense
17:51à une réalité
17:51toujours aussi violente ?
17:52C'est une des violences ?
17:53Je pense aussi
17:54qu'à force d'être entrées
17:56dans les mœurs
17:57et dans leur matrice
17:58et dans leur manière
17:58de penser
17:59je pense qu'il y a moins
18:01cette nécessité
18:02de le revendiquer
18:03comme ont pu le faire
18:04des femmes
18:05peut-être un peu plus âgées
18:07ou des générations précédentes
18:08je pense que pour elles
18:09c'est un peu plus évident
18:10en revanche
18:11sur la question
18:12des agressions sexuelles
18:14que vous pointez
18:15ce chiffre
18:16il est aussi en augmentation
18:17parce que désormais
18:18elles savent
18:18que ce n'est pas normal
18:19et qu'elles ont le droit
18:21de s'en offusquer
18:23de dénoncer
18:23ces agissements
18:24donc je ne sais pas
18:26s'il y a une lassitude
18:27du féminisme théorique
18:29mais je pense
18:30qu'il y a une augmentation
18:30aussi du féminisme pratique
18:32vous parliez de la question
18:32de ce que nous
18:33on appelle parfois
18:34du micro-féminisme
18:35c'est tous les petits gestes
18:36que l'on peut faire
18:37au quotidien
18:37pour rappeler
18:39que certains droits
18:40celui de ne pas
18:42se faire couper la parole
18:43par exemple
18:43dans une réunion
18:45celui de ne pas
18:45être déconsidéré
18:46ce que certains considèrent
18:48comme étant des petites choses
18:49mais qui sont
18:50des faits
18:52qui au quotidien
18:53vous rappellent
18:53qu'il y a une disparité
18:54de genre
18:55ça en revanche
18:56ce sondage démontre
18:57qu'elles l'ont
18:57parfaitement intégré
18:58donc je pense que
18:58malgré tout
18:59c'est plutôt positif
19:02et ça s'inscrit
19:02dans un mouvement
19:03d'émancipation générale
19:04des femmes
19:05et de volonté
19:07d'égalité
19:08avec les hommes
19:10alors il y a
19:11un documentaire exceptionnel
19:12qui est en production
19:13on est très fiers
19:14qui va être diffusé
19:15le 24 novembre
19:16dans votre émission
19:18d'ailleurs
19:18Enquête de sens
19:20Enquête de sens
19:20sur T18
19:21Enquête de sens
19:22sur T18
19:23le documentaire
19:24s'appelle
19:24Elle et nous
19:2580 ans d'émancipation
19:26réalisé par Dominique
19:28et Elodie Lennis
19:29il est né
19:30Inès de la Fressanger
19:31et la voix
19:32de ce documentaire
19:33comment il est né
19:34ce projet ?
19:36Il y avait la volonté
19:37de raconter
19:38le rapport
19:38très singulier
19:39qui existe
19:40entre le titre
19:42et ses lectrices
19:43je ne suis pas sûre
19:44que ça existe
19:46dans tous les médias
19:48cette espèce de lien
19:49qui passe par
19:50la transmission
19:51que l'on se fait
19:52de cet objet
19:53du magazine papier
19:54auquel on est encore
19:55très attaché
19:55entre différentes générations
19:57c'est une grand-mère
19:59qui va le passer
19:59à sa fille
20:00et ensuite
20:01à la sienne
20:02et la manière
20:04dont chacune
20:05perçoit
20:06les sujets
20:07que l'on peut
20:07évoquer
20:08est au cœur
20:09de ce documentaire
20:10qui est vraiment
20:11très réussi
20:12qui faut absolument regarder
20:13alors
20:14c'est la dernière question
20:15on aurait pu rester
20:17beaucoup plus longtemps
20:17avec vous
20:18mais bon
20:18le temps nous est
20:19quand même
20:20un tout petit peu compté
20:21c'est quoi
20:22l'avenir
20:22du magazine
20:23Elle
20:24après ses 80 ans
20:25d'histoire
20:26d'un magazine
20:27d'après-guerre
20:27à celui d'aujourd'hui
20:28c'est quoi votre ambition
20:29personnelle
20:30pour ce magazine ?
20:31Là on continue vraiment
20:32de pousser les feux
20:33si je puis dire
20:34sur ces sujets
20:35qui nous sont chers
20:36ce n'est pas parce que
20:37beaucoup de combats
20:37ont été gagnés
20:38qu'on cesse de combattre
20:41et qu'il n'y en a pas
20:42d'autres demain
20:43et puis aussi
20:44ce qui nous intéresse beaucoup
20:45c'est de nous adapter
20:46aux nouvelles manières
20:47de s'informer
20:49de nos nouvelles lectrices
20:51donc on porte vraiment
20:53un regard très particulier
20:54lié à notre site
20:55le l.fr
20:56et à tout l'environnement
20:58qu'il y a derrière
20:59le magazine Elle
21:00je pense en particulier
21:00au podcast
21:01que l'on réalise
21:03il y en a un
21:04si vous me permettez
21:04d'en dire juste un mot
21:05qui s'appelle
21:06faut que je te dise
21:06qui est vraiment
21:08l'emblème
21:09de ce que l'on peut faire
21:10pour apprendre
21:10aux jeunes femmes
21:11en France
21:11mais également à l'étranger
21:12puisque ce podcast
21:14est traduit en 10 langues
21:16qui permet de mettre
21:18des mots très simples
21:19sur des problèmes
21:20très quotidiens
21:20que peuvent avoir
21:21les femmes
21:22et voilà on a vraiment
21:23ce souci
21:23d'étendre notre audience
21:25au maximum
21:26et de continuer
21:27d'apprendre
21:28en s'amusant
21:29le plus possible
21:31à nos lectrices
21:32les fidèles
21:32qui nous suivent déjà
21:33depuis longtemps
21:34certaines parfois
21:34depuis 80 ans
21:35et à toutes celles
21:36que l'on pourra conquérir
21:37demain
21:37merci Ava
21:39merci Ava
21:40Diashunli
21:41d'avoir été
21:42avec nous ce matin
21:43merci pour ce regard
21:45engagé sur les femmes
21:46et sur le journalisme
21:47évidemment
21:48je vous le rappelle
21:48et je vous engage
21:49il faut regarder
21:50Elle et nous
21:5180 ans d'émancipation
21:52le 24 novembre
21:54à 20h50
21:55sur T18
21:56la force de l'engagement
21:58c'est chaque dimanche
21:59à 15h
22:00sur Sud Radio
22:00et en podcast
22:01sur sudradio.fr
22:02je vous donne rendez-vous
22:03dimanche prochain
22:04même heure
22:05même énergie
22:06pour une nouvelle rencontre
22:08avec ceux et celles
22:08qui font bouger
22:09la société
22:10et tout de suite
22:11je vous laisse
22:11en compagnie de John
22:13pour le meilleur
22:13de Sud Radio
22:14c'était la force
22:16de l'engagement
22:16avec AJP
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