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  • il y a 6 jours

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Transcription
00:00assis dans cette fausse de douleur, mes espoirs de sortir indemne étaient désormais réduits à néant.
00:07Et dans ces moments-là, vous imaginez évidemment que c'est la fin.
00:11Oui, c'est évidemment la chose qui m'est venue à l'esprit, parce que je me retrouvais avec les deux jambes brisées,
00:17impossible de sortir, donc à ce moment-là, l'instinct de survie prend le dessus,
00:21l'adrénaline fait qu'on mobilise toutes ses forces pour essayer de rester en vie,
00:25et à ce moment-là, mon seul espoir de sortir indemne était évidemment déjà de faire le mort
00:33pour essayer de duper en quelque sorte les terroristes,
00:37et puis qu'une intervention rapide arrive, car j'étais quand même conscient d'avoir été touché, de me vider de mon sang.
00:44Vous avez été conscient tout le temps ?
00:46Oui.
00:48Victor Rouard est avec nous, survivant de l'attentat du Bataclan,
00:52qui publie donc ce livre, le spectateur qui est à côté de vous, écrivez-vous,
00:58dont je mordais une partie du sweatshirt pour combattre cette douleur insupportable,
01:03ne se relèvera pas.
01:06Je me mis à regarder de nouveau ce corps inanimé, je ne voyais pas son visage,
01:09j'étais dévasté, la vue brouillée par les larmes qui emplissaient mes yeux.
01:15Vous pensez à quoi ?
01:17À ce moment-là, vous pensez à vos parents, vous pensez à vous, vous pensez...
01:20J'ai beaucoup pensé à mes parents, à tous mes proches dans l'ensemble.
01:24En fait, c'est ce moment terrible, on sent que la fin arrive,
01:28donc on se demande, bon, quand je suis croyant, mais que se passe-t-il après ?
01:33De quelle manière ça va arriver ?
01:35Je pense à mes parents, parce qu'à ce moment-là, je pense,
01:39ils savent que je suis au Bataclan,
01:40et c'est insupportable pour moi, au-delà de leur physique,
01:44d'imaginer leur peine, leur détresse.
01:46Et donc, dans ce cas-là, oui, une sorte d'espoir finit par nous rattraper,
01:52on en vient à espérer que ce sera rapide,
01:56qu'on pourra s'épargner des douleurs supplémentaires.
01:58Il y a aussi la sidération, une forme d'incompréhension,
02:01de se dire, pourquoi vais-je mourir aussi jeune, de cette manière ?
02:06Mais vous souhaitez en finir peut-être rapidement ?
02:09Cette idée-là de ne pas souffrir davantage,
02:14c'est ce que j'entends, en tout cas, dans ce que vous pouvez dire.
02:17C'est sur un court laps de temps où j'ai vraiment cru que cette fin était inéluctable,
02:22mais au fond de moi, je gardais quand même malgré tout l'espoir,
02:25tant que je respirais et que j'étais conscient,
02:27voilà, l'espoir subsistait et heureusement, grâce notamment,
02:33et je remercie énormément, évidemment, le commissaire de la BAC et son adjoint,
02:37qui ont mis hors d'état de nuire le djihadiste qui était présent au niveau de la fosse,
02:43voilà, j'ai pu, cet espoir, continuer de croître,
02:46j'ai pu rester conscient, mobiliser toutes mes forces pour essayer de survivre le plus longtemps possible.
02:53Je n'ai pas bougé d'un centimètre, donc j'ai fait le mort pendant...
02:57très longtemps, jusqu'à ma sortie par la BRI,
03:00et c'est au moment de la sortie où j'avais l'impression que les forces m'abandonnaient un petit peu,
03:06donc il y a eu une sorte de relâchement, de soulagement, évidemment,
03:09mais donc, voilà, je sentais, je m'étais aussi, évidemment, beaucoup vidé de mon sang,
03:15j'avais froid, donc tous ces symptômes apparaissaient,
03:17et les secouristes m'ont maintenu éveillé conscient, m'ont apporté les premiers soins,
03:23et à ce moment-là, voilà...
03:24Il est quelle heure à ce moment-là ?
03:26Je ne sais pas exactement, mais j'imagine qu'il est aux alentours de minuit, après...
03:30Et les premiers coups ont été tirés à 21h45 ?
03:34Alors j'avais regardé ma montre juste avant l'attaque,
03:39donc il était aux alentours de 21h30.
03:40Donc c'est que vous êtes resté à peu près 2h30,
03:45faisant le mort,
03:46dans une blessure très importante,
03:49une souffrance très grande,
03:52et avec, heureusement pour vous,
03:55vous avez pu sortir vivant du Bataclan.
03:58bien sûr...
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