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  • il y a 1 jour
Camille Hennetier, cheffe de la section antiterroriste du parquet de Paris le 13 novembre, Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l'association “Life for Paris”, et Christophe Molmy, ancien chef de la BRI de Paris, sont nos invités pour évoquer le souvenir du 13-Novembre. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-13-novembre-2025-4964336

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00:00La Grande Matinale
00:01Effectivement, avec Benjamin Duhamel, nous vous proposons ce matin un grand entretien consacré aux 10 ans des attentats du 13 novembre 2015,
00:09une décennie après les pires attaques terroristes qu'est connue la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
00:15C'était à Saint-Denis, sur les terrasses parisiennes, au Bataclan.
00:1910 ans pour que la justice passe, pour que les victimes tentent de se reconstruire.
00:2510 ans qui ont profondément changé la société française.
00:28Chers invités, chers auditeurs, appelez-nous au 01 45 24 7000.
00:34Et sur l'appli Radio France, nous avons donc trois invités ce matin, Benjamin.
00:38Arthur Desnouveaux, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter, rescapé du Bataclan.
00:44Vous êtes le président de l'association de victimes Life for Paris.
00:47Je signale aussi votre livre, Vivre après le Bataclan. C'est aux éditions du CERF.
00:52Camille Hennetier, bonjour. Merci d'être avec nous.
00:55Le 13 novembre, vous étiez chef de la section antiterroriste du Parquet de Paris.
00:58Et vous avez plaidé comme avocate générale devant la cour d'assises spéciale de Paris au procès des attentats.
01:04Christophe Molmy, bonjour.
01:05Bonjour.
01:05Merci d'être avec nous.
01:07Vous avez dirigé l'assaut au Bataclan.
01:09Vous étiez à l'époque chef de la BRI.
01:11Vous dirigez aujourd'hui la brigade de la protection des mineurs de Paris.
01:14Nous sommes le 13 novembre 2025.
01:17Il y a 10 ans, les attentats de Paris et de Saint-Denis faisaient basculer le pays et votre vie.
01:23Chacun d'entre vous, quel sentiment vous traverse ce matin, Arthur Desnouveaux ?
01:29Un sentiment étrange, c'est celui d'être tellement proche de tout ça encore.
01:34Évidemment, il y a eu le traumatisme, il y a eu plein de choses, il y a eu le procès.
01:39Mais je pensais que 10 ans après, ce serait beaucoup plus loin.
01:41Et en fait, ça ne l'est pas.
01:42Et ça, c'est une leçon dont j'ai du mal à tirer les enseignements.
01:46Je me poserai au calme demain.
01:47Mais il y a encore un peu de sidération.
01:50Et je ne m'y attendais pas forcément.
01:51Christophe Molmy, vous qui avez mené l'assaut du Bataclan.
01:55C'est surtout une date qui nous ramène aux familles des victimes et aux victimes.
01:59Chaque année, ça rouvre les plaies.
02:01Et on pense à eux, surtout.
02:04Sidération, émotion, Camille Hennetier.
02:06Là encore, je rappelle, vous étiez au pôle antiterroriste du Parquet de Paris.
02:10Quel sentiment vous traverse aujourd'hui, 10 ans après les attentats du 13 novembre ?
02:14Beaucoup d'émotions, bien sûr.
02:16Et puis, une pensée particulière pour les victimes et leurs proches.
02:19Parce que je me souviens de leurs mots à l'audience, à chacun d'entre eux,
02:23pour décrire la difficulté de surmonter ce jour-là chaque année.
02:27Et on reviendra bien évidemment tout à l'heure avec vous sur ce procès que vous avez requis.
02:32Arthur, des nouveaux, il va y avoir des commémorations toute la journée.
02:35Et c'est ce jour précis que vous avez choisi pour dissoudre votre association Life for Paris,
02:42qui a fédéré les victimes, les familles de victimes depuis 10 ans.
02:46Pourquoi vouloir en finir avec ce collectif ?
02:50On n'en finit justement pas avec notre collectif.
02:52On garde nos amitiés, on garde tous ces liens,
02:55mais on en finit avec la personne morale qui nous protégeait un peu du monde.
02:58L'idée, c'est qu'on voulait essayer d'arrêter d'être victime,
03:01de pouvoir dire j'ai été victime, pas je le suis.
03:03Et ça nous paraissait contradictoire de garder une association de victimes active dans ce cadre-là.
03:08Donc c'est des discussions qu'on a en interne depuis deux ans.
03:11Et c'est pas tant pour les 10 ans qu'on le fait,
03:12mais parce qu'on peut inaugurer un lieu de mémoire à Paris.
03:14C'était un peu la dernière pierre qui manquait à la partie institutionnelle de notre reconstruction.
03:20C'était de dire la mémoire, elle vit même si nous, on témoigne pas, parce qu'il y a un lieu.
03:24Vous dites beaucoup, Arthur Desnouveaux, qu'il y a un mot qui vous agace un petit peu quand il est utilisé,
03:30c'est le mot de résilience.
03:32Considérez qu'il est un petit peu mis à toutes les sauces, vous y préférez le mot de résistance.
03:37Cette association, elle va être dissoute, mais vous restez effectivement proche de ceux avec qui vous avez noué les liens,
03:42mais pas dans une démarche de résilience.
03:44Expliquez-nous pourquoi ce mot, il ne vous plaît pas ?
03:47En fait, quand les psychologues parlent de résilience, c'est très très fin.
03:51Ils n'essayent pas de forcer quelque chose d'un peu artificiel.
03:54Le problème, nous, quand on nous parle de résilience, j'allais dire dans la presse grand public,
03:58c'est pour nous dire, chacun a une capacité innée de rebondir et de revenir là où il était.
04:02La réalité, c'est qu'il a fallu qu'on fasse le deuil de qui on était,
04:04qu'on se reprojette dans autre chose, et que ça, ça nous a demandé une énergie incroyable,
04:08et qu'on n'a pas puisé qu'en nous, qu'on a aussi eu grâce au soutien de gens qui sont venus,
04:15de rencontres faites après.
04:16Et donc, la résistance, c'est quand même le fait qu'on y met beaucoup d'énergie dans cette nouvelle vie.
04:21Camille Hennetier, Christophe Molmy, vous étiez tous les deux en première ligne au moment des attentats.
04:26Vous avez choisi tous les deux d'autres voies depuis,
04:30l'une à la Cour d'appel de Paris, l'autre à la Brigade des mineurs.
04:33Est-ce que c'est possible de tourner cette page ?
04:37Alors, c'est possible et c'est nécessaire en réalité, parce qu'on ne peut pas...
04:41Il faut nécessairement sortir de tout ça, même si, en ce qui me concerne,
04:44la fin du procès, c'est 2022, juin 2022, donc c'est finalement assez proche.
04:48Donc, j'ai le sentiment d'en être sorti assez récemment.
04:51Mais oui, il faut, à un moment donné, revenir à des choses plus classiques, entre guillemets,
04:57même si, évidemment, c'est quelque chose qui m'accompagne et qui nous accompagne chaque jour et pour longtemps.
05:03Christophe Molmy, sur cette possibilité, dix ans après, maintenant, vous vous occupez de la protection des mineurs de Paris,
05:10donc quelque chose qui n'a rien à voir avec l'antiterrorisme, avec la BRI, est-ce qu'on peut tourner la page ?
05:15On doit tourner la page.
05:17Moi, je ne souhaitais pas me faire définir, me laisser définir par cette opération.
05:20Il y en avait eu avant, on était déjà monté à l'assaut à l'hypercachère,
05:23ensuite le Bataclan, mais la vie continue.
05:25Et puis, il y a d'autres challenges à relever, la PJ revêt d'autres facettes.
05:30Et en effet, la brigade des mineurs est une très belle brigade.
05:33On lutte contre les agressions sexuelles, pour l'essentiel, contre des mineurs.
05:37Donc, ça a tout son sens.
05:38Arthur Desnouveaux, je voudrais qu'on parle de la cérémonie qui aura lieu en fin de journée à 18h,
05:43place Saint-Gervais, dans le 4e arrondissement de Paris.
05:45Une place qui deviendra donc le jardin du 13 novembre 2015.
05:48C'est une cérémonie qui se tient sous la direction artistique de Thierry Reboul,
05:52qui avait aussi orchestré la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
05:55Il y aura notamment de la musique, de la musique rock,
05:58en hommage à la passion de ceux qui étaient au Bataclan.
06:01Quelle est la vocation de cette cérémonie ?
06:02C'est qu'il y ait malgré tout, c'est difficile d'utiliser ces mots,
06:06mais on doit le faire, de la lumière, une forme d'espoir,
06:09malgré l'horreur de ce qui s'est passé il y a une décennie ?
06:12Oui, justement, le but de cette cérémonie, c'est qu'on puisse utiliser ces mots
06:15sans être gênés dix ans après.
06:18Après le 13 novembre, l'état d'urgence est tout de suite décrété.
06:20Il n'y a pas les grandes marches républicaines malgré l'émotion.
06:23Alors les gens en trouvent des moyens de biaiser en faisant ces mémoriaux éphémères et ainsi de suite,
06:26mais nous on a toujours eu victime l'impression qu'il n'y avait pas eu de grand maman de communion nationale
06:31juste après le 13 novembre.
06:33Et ce qu'on essaye de faire ce soir, grâce à Thierry Reboul,
06:36c'est de créer cette unité nationale,
06:38évidemment dans l'hommage à ceux qui sont morts,
06:41évidemment en ayant une pensée pour ceux qui ont survécu,
06:44mais surtout en ayant une grande pensée pour la force de notre démocratie et de notre République.
06:47Parce que je crois qu'il n'y a qu'en France et qu'à Paris qu'on pourrait justement faire,
06:51et je le dis avec toute la prudence, un spectacle de ça,
06:54pour montrer que justement on est encore très fort.
06:56Et parce que le pays a tenu.
06:58Parce que vous dites effectivement qu'il n'y a peut-être pas eu ce moment de communion nationale,
07:02comme on avait pu le voir au moment des attentats de janvier 2015,
07:04cette grande marche, parce que très vite la polémique politique a repris le pas,
07:08mais le pays a tenu.
07:09Là où l'objectif des terroristes était de diviser, de fracturer profondément la société française,
07:13le pays a tenu.
07:14Moi je crois que le pays a tenu, l'État a tenu.
07:17Et si vous voulez, mon petit maman dommage,
07:20c'est que moi j'étais dans le Bataclan et j'étais victime.
07:23Et qui est venu nous chercher ?
07:25Qui est venu nous chercher ?
07:26Des gens qui travaillent au nom de l'État.
07:28Se faire sauver par les gens de la BRI,
07:30avoir tout de suite des constatations dans la salle.
07:32C'est ça la vraie force de la démocratie.
07:34Et ça, ça n'a pas bougé en 10 ans, et il faut qu'on le dise.
07:37On va justement revenir sur cette nuit du 13, cette nuit de terreur absolue,
07:43et sur ce qui vous en reste aujourd'hui.
07:45Christophe Molmy, vous avez mené l'assaut au Bataclan pour la BRI,
07:50vous avez découvert l'innommable en rentrant dans cette salle de spectacle.
07:55Qu'est-ce qui vous en reste ?
07:56Comment on vit avec ces images, 10 ans après ?
07:59Les premiers mois sont plus difficiles, parce qu'on est imprimé par tout ça.
08:04Et puis avec le temps, je trouve que, pour ma part, ça s'estompe un peu.
08:07Il reste toujours quelque chose d'inconscient,
08:10des images, voire minuit 18, c'est le moment de l'assaut, sur l'horloge.
08:17Des choses qui nous ramènent à ça.
08:20Moi j'ai surtout une photo que m'ont offerte les otages du Bataclan, du couloir,
08:25à une occasion, et donc la voir et me dire qu'ils sont vivants,
08:31certains ont refait leur vie, ont eu des enfants, voilà.
08:34Ça je trouve que c'est le plus important finalement.
08:35Il ne s'agit pas forcément, ça c'est le pire.
08:37Parce que vous avez effectivement échangé avec ceux qui étaient dans ce couloir.
08:42Vous le disiez tout à l'heure, Christophe Molmy,
08:43vous avez aussi dirigé l'assaut contre l'hypercachère en janvier 2015.
08:48Sur cet assaut qui est décidé le 13 novembre au soir au Bataclan,
08:52est-ce qu'au moment où vous rentrez, vous dirigez vos hommes,
08:55de la baillerie, est-ce que vous prenez conscience,
08:58on en prend conscience avec le recul,
09:00de la dangerosité inouïe de l'opération que vous lancez ?
09:04Oui, une conscience aiguë, oui.
09:06Il s'agissait d'un couloir.
09:07Un couloir c'est probablement la pire ou l'une des pires configurations.
09:11Il n'y a aucune échappatoire, il n'y a rien pour se cacher.
09:14Il y avait surtout une douzaine d'otages en plein milieu,
09:17donc on ne pouvait pas ouvrir un feu nourri sur les terroristes.
09:21Ça ne partait pas bien.
09:22Fondamentalement, c'était une opération qui a priori...
09:26Vous disiez, on risque de perdre, je risque de perdre des hommes.
09:30Non seulement je risquais de perdre des hommes,
09:32ce qui était déjà en soi très difficile à imaginer,
09:35et puis aussi des otages.
09:37Après, c'était soit ça, soit risquer de perdre tous les otages,
09:40puisque les terroristes avaient demandé à un moment
09:42si les chaînes d'info continue étaient présentes,
09:45sans demander nécessairement à leur parler.
09:46Alors c'est une interprétation, mais on a craint un moment
09:49qu'ils cherchent à avoir l'attention des médias pour se faire exploser.
09:53Parce que le terrorisme, il est mondial.
09:55Ce qu'ils veulent, c'est rayonner partout, véhiculer des images.
09:59Et on ne pouvait pas les laisser faire ça.
10:00Donc c'était, je pense, je le dis souvent,
10:03mais c'était la moins mauvaise solution de passer à l'assaut.
10:06Arthur Desnouveaux, vous étiez dans la fosse du Bataclan au moment des tirs,
10:10et on ne se sépare jamais des images,
10:13ni des sensations vécues dans un moment comme celui-là.
10:17Comment est-ce qu'on dompte tout ça ?
10:19Est-ce que le temps fait son travail ?
10:22J'ai cru au début que le temps ferait son travail tout seul.
10:25La réalité, c'est qu'il faut aussi quelques anxiolytiques
10:27et du travail psychologique pour le faire.
10:30Mais ces images, elles sont importantes.
10:31Moi, j'y suis très attaché, quelque part.
10:34Je ne veux pas, par exemple, qu'elles soient polluées par la fiction.
10:36Je ne regarde pas les fictions, justement,
10:37parce que les quelques images que j'ai gardées là,
10:39je veux rester fidèle à cette souffrance.
10:41Elle fait partie de moi.
10:42En revanche, j'ai réussi à les mettre à distance.
10:45C'est pareil, les premiers mois sont très difficiles,
10:46mais je n'ai plus d'intrusion de quoi que ce soit.
10:50Seule chose où je suis un peu prudent,
10:52c'est quand il y a une odeur de poudre.
10:53Parce que ça, en fait, on s'y confond très peu.
10:55Mais par exemple, un 14 juillet
10:56et le vent qui ramène l'odeur du feu d'artifice,
10:59ça, ça m'a déjà fait des crises de panique.
11:01Donc voilà, j'essaye de tenir ça à distance.
11:03On vit avec.
11:04Il ne faut surtout pas essayer de croire que ça n'existe pas.
11:07Mais il ne faut pas que ça impacte vos décisions au quotidien.
11:09Comment vous allez gérer la transmission de votre histoire ?
11:12Vous avez trois filles, l'aînée à cinq ans.
11:14Un jour, il va falloir qu'elles sachent ce qui vous est arrivé.
11:17C'est ma grande, grande question du moment,
11:20et notamment avec toute cette médiatisation.
11:22C'est qu'évidemment, je sais que quand elles seront adultes,
11:24elles auront accès à tout.
11:26Je ne sais pas là ce qu'elles sont capables de comprendre.
11:28Et en fait, je me rends compte de manière un peu vertigineuse
11:30que moi, j'ai beaucoup travaillé dessus,
11:33que j'ai pu fournir des éléments à la mémoire collective,
11:36comme toutes les victimes,
11:37mais qu'il y a une mémoire familiale entre les deux,
11:39qui est hyper difficile.
11:40Et c'est ce que disaient un peu en creux ceux qui revenaient de la guerre,
11:43même si ce n'est pas la même chose.
11:44C'est tellement facile d'être dans le silence.
11:47Et donc, je pense que je vais aborder ça, là,
11:51dans les mois qui viennent, avec mon épouse.
11:53On va faire ça progressivement.
11:55Mais je ne voudrais surtout pas lui raconter
11:56qu'on a eu ça et qu'après, on s'est reconstruit via une association.
11:59Je veux d'abord qu'elles comprennent que c'est dur.
12:01Et vous dites, Arthur, de nouveau,
12:02la première fois que mes trois filles iront à un concert,
12:04ce sera avec moi.
12:05Bien sûr.
12:06Bien sûr.
12:06Je me souviens au procès de quelqu'un qui disait
12:10« Moi, je ne laisserai jamais mes enfants aller à un concert. »
12:12Et ça m'avait marqué.
12:13Je ne m'étais jamais posé la question.
12:15Et moi, évidemment, je veux qu'elles profitent
12:16de toute la vie possible dont on veut profiter en France.
12:18Et je veux qu'elles le fassent avec moi.
12:20Camille Hennetier, la nuit du 13, je le rappelle,
12:22vous étiez donc à la section antiterroriste du parquet de Paris
12:25puisqu'à l'époque, il n'y avait pas de parquet national antiterroriste.
12:29Est-ce que vous avez tout de suite eu un réflexe professionnel ?
12:33Prendre la mesure de ce qui était en train de se passer ?
12:36Ou est-ce qu'il y a eu un moment de sidération chez vous ?
12:39Les deux, en réalité.
12:40Je pense que comme tous les intervenants,
12:42il y a quand même la nécessité absolue de rester professionnel
12:45et de faire ce qu'on doit faire.
12:48Mêlée à cette sidération, en effet,
12:52en fait, on est un peu dissocié dans ces cas-là.
12:54On fait ça de façon un petit peu automatique.
12:58On reste très concentré, mais on garde aussi des images.
13:02On est aussi sidéré.
13:03Moi, oui, rétrospectivement, j'ai le souvenir d'avoir été sidéré.
13:06Bien sûr, à l'intérieur du Bataclan,
13:09et puis d'autres images aussi.
13:10Parce que vous êtes sur place le soir même.
13:13Oui, j'étais sur place.
13:13C'est quoi le rôle du procureur ?
13:16Le rôle du procureur.
13:17Alors, il se trouve qu'au Bataclan,
13:19la priorité absolue, c'était de sauver les blessés,
13:22de sauver les otages.
13:23C'était l'assaut, bien entendu.
13:24Donc, dans ce cas-là, les investigations, elles sont suspendues.
13:26Mais le procureur, il ouvre l'enquête,
13:28il qualifie les faits, il désigne les services,
13:30et puis il coordonne les investigations,
13:32il autorise des actes d'enquête,
13:33et il fait remonter l'information.
13:35Donc, c'est une espèce d'énorme machine judiciaire et policière
13:38qui se met en route avec des investigations
13:41qui sont menées tous azimuts.
13:43Alors, ensuite, il y a eu le procès,
13:44ces neuf mois d'audience entre 2021 et 2022.
13:47Vous étiez avocate générale.
13:49C'est vous qui avez requis, avec vos collègues,
13:52dans ce procès historique, 400 partis civils, 20 accusés.
13:57On l'a beaucoup suivi, nous, ce procès à France Inter.
14:01Qu'est-ce que vous en diriez, vous ?
14:02Est-ce que ça a été une forme de catharsis,
14:05de réparation pour les victimes, avec un peu de recul ?
14:09J'aurais du mal à parler à la place des victimes.
14:11Il me semble que chacune d'entre elles,
14:14et chaque famille a vécu le procès de façon très différente.
14:17Et certains ne l'ont pas vécu comme une réparation.
14:20Certains n'en attendaient pas grand-chose.
14:22D'autres en attendaient beaucoup.
14:23Donc c'est extrêmement variable.
14:26Mais en tout cas, il y a un élément important,
14:28c'est que les victimes dans ce procès ont joué un rôle tout à fait essentiel,
14:32parce qu'elles ont vraiment donné corps,
14:34et donné de la consistance à ce qui était un dossier,
14:37avec des accusés, des éléments de preuve.
14:40Et vraiment, les victimes sont venues donner consistance à tout ça,
14:45donner de l'humanité à tout ça.
14:46Et ça a été un moment extraordinaire, de façon générale, au sens premier du terme.
14:51Arthur, des nouveaux, ce que vous avez souligné,
14:54en tant là encore que victimes, parties civiles à ce procès,
14:58c'est le fait qu'il y avait une forme de mélange
15:01entre parties civiles, policiers, magistrats,
15:04même les accusés d'une certaine manière.
15:06Ça a été ça un moment clé pour la reconstruction des victimes,
15:10même si chaque profil et chaque parcours est évidemment différent ?
15:14Oui, chaque profil est différent,
15:17mais à ce procès-là, on a eu la chance d'avoir du temps
15:20et des moyens exceptionnels.
15:21On a pu être entendus, on nous a vraiment fait une place,
15:24et je ne crois pas que cette place ait déséquilibré le procès,
15:26elle l'a plutôt ouvert, justement.
15:29Les accusés ont aussi pu nous répondre,
15:31quand ils le souhaitaient, comme ils le souhaitaient,
15:33peut-être en m'entendant,
15:33mais on parle beaucoup de justice restaurative aux réparatrices en ce moment.
15:37Il y en a eu un embryon à ce procès.
15:39On sait parler, des fois en décalé, des fois de manière subtile,
15:42mais parmi toutes les choses que le procès a faites,
15:45il y avait ça aussi, il y avait cette capacité à être tous ensemble.
15:48Et puis, on a aussi pu rencontrer tous ceux qui avaient travaillé sur notre dossier,
15:50qui sont venus témoigner, et ainsi de suite.
15:52Et ça, c'était important pour nous.
15:53Ça montrait une forme de permanence des personnes qui étaient là
15:57pour s'assurer que la loi était respectée.
15:59Pour nous, c'était important.
16:00Il y a eu pendant ce procès, ce qui s'est passé pendant les audiences,
16:03et hors des audiences aussi, j'imagine ?
16:06Oui, on était, je pense, tous dans une grande traversée.
16:10Alors, on ne pouvait pas en partager tous les éléments ensemble.
16:12Moi, par exemple, je n'ai jamais parlé au président de la Cour d'Assise
16:15avant, bien après le procès.
16:16Mais on allait quand même beaucoup avec les avocats de partie civile
16:19au bar en face, qui s'appelle les Deux Palais.
16:21Et on y allait aussi avec des avocats de la Défense.
16:24Et on a compris que, voilà...
16:25Donc, des avocats, des accusés.
16:27Exactement.
16:27Et que défendre quelqu'un, ce n'est pas défendre son idéologie.
16:30C'est juste rappeler que la loi est équitable
16:33et qu'elle permet à tout le monde d'être défendu de manière juste en France.
16:36Camille Hennetier, je voudrais citer pour nos auditeurs
16:39un extrait de votre réquisitoire.
16:40Vous avez requis avec deux autres de vos collègues.
16:43Ce procès était chargé de symboles, d'espérances, d'attentes et de questions,
16:47peut-être parfois trop grandes pour lui.
16:49La vérité judiciaire ne suffit sans doute pas.
16:51Elle ne permet pas nécessairement de comprendre le mal,
16:54la foi, la barbarie, la terreur, seulement peut-être de s'en approcher un peu.
16:57Ce que vous avez voulu dire par là, c'est qu'on peut rendre justice
17:01sans pour autant comprendre toutes les failles qui demeurent encore aujourd'hui
17:06dans la société, dix ans après les attentats ?
17:09Il y a toujours beaucoup d'attentes autour d'un procès,
17:11à forcerie autour d'un procès comme celui-ci,
17:14des attentes de répondre à toutes les questions.
17:17Et ce que je voulais dire, c'est que ce procès n'a sans doute pas répondu
17:20à toutes les questions, même s'il a quand même permis
17:22de s'interroger sur beaucoup de choses.
17:24Et ce que j'exprimais, c'était une sorte de frustration qui était la mienne
17:31de finalement ne pas avoir pu comprendre, en tout cas pour ma part,
17:36quel degré de haine peut pousser des jeunes hommes
17:39qui pour la plupart avaient été élevés en France et en Belgique
17:42à commettre ça.
17:43Et c'est à mettre en relation avec leur foi absolue
17:50et cette imprégnation idéologique absolue qui les a menés à commettre ces actes.
17:54Et ça, je pense que le procès, en tout cas pour ma part,
17:57je n'ai pas réussi à comprendre tout à fait.
17:59Et d'ailleurs ça, Arthur, des nouveaux, là encore,
18:00quand on essaie de tracer des perspectives dix ans après,
18:03on a reçu dans ce studio avec Florence des spécialistes de l'antiterrorisme
18:07qui expliquent qu'aujourd'hui encore, il y a des profils de radicalisés
18:11de plus en plus jeunes, qu'il y a bien évidemment cette question de l'islamisme
18:15qui demeure, cette faille de la société-là, pour le coup,
18:18ne s'est pas résorbée dix ans après ?
18:20Non, c'est ce qui est le plus frustrant pour les victimes.
18:23Vous savez, toutes les victimes de l'antiterrorisme
18:24ne rêvent que d'une chose, c'est d'être les dernières
18:25et qu'il n'y en ait plus jamais.
18:27Et de voir que cette idéologie arrive toujours à recruter sur notre sol
18:31des enfants de la République qui avaient sept ou huit ans à l'époque,
18:34ça c'est une grande frustration.
18:36Et évidemment, au procès, on n'a pas réussi à obtenir des réponses.
18:38Moi, ça m'a quand même, quelque part, fermé une certaine porte
18:41parce que j'avais l'impression que les accusés eux-mêmes
18:43n'étaient pas capables de le comprendre.
18:44Ils étaient capables de réciter leur idéologie,
18:46mais à un moment, ils franchissent un rubicon
18:48où ils ne sont pas capables d'expliquer ce qui les a vraiment séduits dedans.
18:51Ça leur paraît tellement une évidence qu'on ne peut pas s'en parler
18:53et ça, c'est effrayant.
18:54Justement, qu'est-ce que vous pensez de Salah Abdeslam
18:56qui, par l'intermédiaire de son avocate,
18:59fait savoir il y a deux jours
19:00qu'il souhaite entamer un processus de justice restaurative ?
19:06Salah Abdeslam, c'est le seul survivant des commandos
19:10de ce soir-là. Qu'est-ce que vous dites de cette initiative ?
19:14Est-ce que vous seriez prêt, vous, à ça ?
19:17C'est-à-dire, la justice restaurative, je rappelle,
19:19c'est l'accusé, enfin, le condamné qui rencontre la victime.
19:25Alors moi, à titre personnel, si je m'assieds avec Salah Abdeslam,
19:27je ne sais pas de quoi je lui parlerai.
19:29C'est vraiment simple.
19:30On a été dix mois dans la même salle d'audience,
19:31je l'ai bien écouté.
19:32Je pense qu'il a aussi écouté ma déposition
19:33et je n'avais pas l'impression qu'on avait une conversation
19:35à mener particulièrement.
19:36Je mange, par exemple, la trésorière de mon association
19:38et aller à une fin d'audience lui parler.
19:39Ils se sont parlé cinq, dix minutes et ils ont pleuré ensemble.
19:42Donc oui, je pense qu'il peut y avoir quelque chose
19:44pour certaines victimes qui en attendent quelque chose.
19:47Pourquoi est-ce que Salah Abdeslam veut faire ça ?
19:49Honnêtement, je ne sais pas répondre.
19:50Ce que je sais, c'est que pour que ça puisse fonctionner,
19:52il faut quand même qu'il soit moins retranché dans une idéologie.
19:55Et je ne sais pas si c'est le cas.
19:56Sinon, c'est une victime qui parle à une idéologie
19:58et ça, ça ne marche pas.
19:59Et croire, effectivement, aussi à une forme de sincérité
20:02puisque c'est le principe de la justice restaurative,
20:05une volonté d'aller vers les autres, d'aller vers les victimes.
20:08Est-ce que, Camille Hennetier, cette sincérité, on peut y croire ?
20:12Vous avez connu Salah Abdeslam en prison
20:14puisque vous avez dirigé le renseignement pénitentiaire.
20:17Quand on voit encore récemment, on l'a appris,
20:19que Salah Abdeslam a réussi à se procurer une clé USB
20:21avec de la propagande djihadiste.
20:24Est-ce que cette perspective d'une forme de déradicalisation
20:28ou du moins de sincérité dans une démarche
20:30pour aller vers les partis civils, est-ce qu'on peut seulement y croire ?
20:33Je ne vais pas répondre avec ma casquette d'ancienne chef
20:35du renseignement pénitentiaire parce que ça me gêne un petit peu.
20:38Mais en tout cas, nous, les raisons pour lesquelles
20:40on a été amenés à recueillir la perpétuité incompressible contre lui,
20:43c'est d'une part en raison de son rôle majeur
20:45et puis de son imprégnation idéologique
20:47qui nous est apparue à l'époque intacte
20:50et sans capacité immédiate d'amendement
20:53et de cheminer vers autre chose.
20:55Donc ça, c'était il y a trois ans
20:56et je ne suis pas sûre qu'en trois ans,
20:58il ait fait le chemin nécessaire.
21:00J'en suis même assez convaincue,
21:01mais c'est mon avis personnel.
21:02Vous ne croyez pas à la déradicalisation de Salah Abdeslam ?
21:06Il y a aussi l'évolution de la menace terroriste.
21:11À ce micro, Nicolas Lerner, le patron de la DGSE,
21:15il y a trois jours a affirmé que la menace
21:16d'un attentat fomenté à l'étranger
21:17était nettement moins forte qu'il y a dix ans
21:19que la principale menace était celle
21:21d'un vide d'individus auto-radicalisés.
21:23Là encore, Camille Hennetier,
21:24vous n'êtes plus aujourd'hui chargée de la lutte anti-terrorisme
21:26et vous avez par définition une expérience considérable en la matière.
21:29Quel regard est-ce que vous portez
21:31sur l'évolution de cette menace terroriste ?
21:34Le passage du risque, ce qu'on appelait risque projeté,
21:37c'est-à-dire organisé, comme c'était le cas pour le 13 novembre,
21:39dans ce qu'on appelle la zone irako-syrienne,
21:41a aujourd'hui le risque que des individus auto-radicalisés
21:44sèment la mort sur leur passage
21:46sans que ce soit organisé de l'étranger ?
21:49Ce qui est certain, c'est que le 13 novembre,
21:50c'est l'exemple le plus abouti d'une attaque conceptualisée
21:54par les plus hautes autorités de l'État islamique
21:57et puis ensuite préparé en Belgique et exécuté en France.
22:00Et de ce point de vue, nous ne sommes plus dans les conditions
22:03d'existence de ce proto-État, de l'État islamique,
22:07qui a la capacité opérationnelle de projeter des individus.
22:10Donc, ce n'est pas cette menace-là,
22:12mais évidemment, il y a ce rajeunissement inquiétant de la menace
22:17avec des jeunes qui sont très, très, très imprégnés,
22:20qui sont aussi fascinés par l'ultra-violence
22:23et qui peuvent, à leur façon et par divers moyens,
22:27semer la mort, bien entendu.
22:28Arthur, de nouveau, vous dites la vérité,
22:30c'est que 10 ans après le 13 novembre,
22:32il y a toujours autant de jeunes qui veulent commettre des attentats.
22:35C'est en tout cas ce que j'entends des services de renseignement.
22:37Alors, je pense qu'on a aussi progressé dans nos capacités d'enquête,
22:39dans nos capacités à aller surveiller les réseaux.
22:41Et donc, on arrête sûrement des gens
22:43dans une phase plus préparatoire de l'attentat
22:45et on peut s'en féliciter en termes de sécurité.
22:46Donc, je ne sais pas si les chiffres sont exactement les mêmes.
22:49Mais ce qu'on voit, c'est que l'imprégnation idéologique
22:51dans certains milieux ou chez certaines personnes
22:54est toujours aussi forte.
22:56Cette capacité à séduire à la fois par l'ultra-violence,
22:59mais aussi par le fait de proposer un destin
23:01à des jeunes qui ont visiblement des failles narcissiques,
23:04ça fonctionne et ça a l'air de mieux fonctionner
23:06que le projet républicain.
23:07Et ça, c'est inquiétant.
23:08Christophe Molmy, je rappelle que vous êtes aujourd'hui
23:10la tête de la Brigade de la Protection des Mineurs
23:13et depuis 2015, vous écrivez des polars.
23:15Votre sixième roman, Brûlez-tout,
23:17a remporté le 4 novembre dernier le prix du Quai des Orfèvres.
23:20C'est consacré à une enquête de la police judiciaire.
23:23Et l'un de vos précédents romans,
23:24ça s'appelait La Fausse aux âmes,
23:25racontait l'histoire d'un survivant d'un attentat dans un cinéma.
23:28Un personnage qui porte le nom de votre ami,
23:31disparu, mort au Bataclan.
23:33Est-ce que l'écriture a été une forme d'exutoire pour vous ?
23:37Ça ne l'était pas à la base,
23:40mais là, en l'occurrence, oui, ça l'a été.
23:42En effet, on s'est connus tout petit.
23:45On avait dix ans quand on s'est rencontrés.
23:48Et j'avais besoin que ça sorte.
23:50Je ne voulais pas écrire quelque chose d'autobiographique,
23:53de raconter mon histoire, ça ne m'intéressait pas.
23:56Donc, le roman est une fiction,
23:59mais il s'ouvre sur une attaque qui ressemble quand même singulièrement
24:01à celle du Bataclan et Fabrice survit.
24:05C'était ça le premier pas de ce roman.
24:07J'avais envie d'écrire ça comme ça, c'était plus lumineux.
24:10Puis ensuite, il fallait en faire une histoire,
24:11c'est quelque chose de très différent,
24:13qui n'a rien à voir avec ça.
24:15Mais oui, pour moi, c'est important.
24:17Et c'est vrai que c'est la particularité de votre profil,
24:20à la fois acteur de la façon dont vous avez réussi à sauver
24:25ceux qui étaient otages, puisque vous étiez à la tête de la Béry,
24:27et en même temps, perdre un de vos amis les plus proches au Bataclan.
24:30Alors ça, je l'ai su après, heureusement d'ailleurs.
24:34Je l'ai su après, une fois le ressac passé.
24:38C'est après qu'on appelle à la maison, qu'on rassure sa famille.
24:41Et c'est là que mon épouse m'a dit que la femme de Fabrice le cherchait.
24:46J'ai découvert qu'il était là, mais moi, je ne savais pas qu'il était là.
24:49Et donc, dans votre livre, vous le sauvez ?
24:51C'était ça, c'est un peu naïf, mais oui, c'était ça l'idée.
24:56Le musée, le futur musée mémorial du terrorisme,
24:59grand projet d'Emmanuel Macron, il va ouvrir à l'horizon 2030 dans 5 ans,
25:05dans le 13e arrondissement, copiloté par l'historien Henri Rousseau.
25:11On y verra des objets liés aux attentats.
25:14Est-ce que ça veut dire que ça fera 15 ans à ce moment-là ?
25:17Ce sera devenu un objet d'histoire ?
25:20Ces attaques seront devenues un objet historique ?
25:21Le but de ce musée est très vaste.
25:25C'est vraiment de voir comment les sociétés font face au terrorisme et sur le temps long.
25:29Et donc, il y aura entre autres les attentats de 2015.
25:32J'espère que 15 ans après, ce sera devenu un bout d'histoire complètement.
25:37On sait tous que ce n'est pas le cas.
25:38Si vous vous souvenez, une des premières polémiques qu'il y a eu autour de ce musée,
25:42c'était de savoir si on y mettrait les caricatures.
25:44Parce que, en fait, c'est encore une matière tellement brûlante
25:47et on n'arrive tellement pas à vaincre sur le terrain idéologique
25:50qu'on n'arrive pas complètement à faire musée avec ce qui s'est passé en 2015.
25:54Donc, j'ai cet espoir en 2030.
25:56Mais si ce n'est pas le cas, ce n'est pas un problème.
25:58Ça voudra juste dire que ce musée sera d'abord un lieu de recherche sur la partie 2015
26:02et puis qu'on arrivera à une vraie muséification à l'avenir.
26:05Merci, merci beaucoup.
26:07On va se cliquer là-dessus.
26:07Merci Arthur Desnouveaux, Camille Hennetier, Christophe Molmy.
26:11Infiniment d'avoir été avec nous ce matin sur l'antenne de France Inter.
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