Le D-Day, le Pensions-Day, le grand jour pour la suspension de la réforme de 2023. Sans surprise, peu de monde en donne le sous-titre. Retrouvez « L'édito éco de Dominique Seux » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco
00:00Dominique Seux, la suspension de la réforme des retraites passe aujourd'hui par l'Assemblée avec un débat et un vote.
00:05Et vous nous dites que l'après sera tout aussi important.
00:09Oui, le vote de ce mercredi est la clé de voûte, on le sait, du compromis entre Sébastien Lecornu et les socialistes
00:14pour que le budget passe et que le Premier ministre reste.
00:17C'est dire s'il est important, comme il l'est, pour 500 000 personnes concernées l'an prochain et 3 millions de personnes à terme.
00:23Le vote, disons-le tout de suite, sera baroque et façon puzzle.
00:26Les socialistes, le RN et le Modem voteront pour la suspension et les filles à horizon, contre Renaissance, s'abstiendra.
00:35Ce soir, si la suspension est adoptée, les socialistes créeront victoire et Lecornu aura tenu sa promesse.
00:41Tenu sa promesse, sauf sur un point essentiel, il avait indiqué que la suspension devait être financée par des économies.
00:48Eh bien non, elle sera financée par des impôts, alors même que le système de retraite restait déjà en déficit avant la suspension.
00:55La géographie du vote, on vient de le dire, sera baroque, mais la lecture de ce vote le sera tout autant baroque.
01:02La retraite à 64 ans, c'est mort, dit le PS, puisque l'âge légal sera bloqué à 62 ans et 9 mois.
01:09Non, disent d'autres, légalement, il s'agit juste d'une pause jusqu'en 2028.
01:13Et vous, vous dites quoi ?
01:14Eh bien que la question posée à tous les candidats à la présidentielle de 2027 sera, faut-il se débarrasser de l'âge légal de départ décidément trop explosif ?
01:24Alors, on le rappelle, l'âge légal, c'est l'âge en dessous duquel on ne peut pas partir en retraite, hormis des exceptions qui concernent tout de même 40% des salariés.
01:31Qui osera dire en 2027, après la suspension, qu'il faut repartir en avant vers 63 puis 64 ans ?
01:38En réalité, peu de monde.
01:40La gauche dira qu'il faut augmenter les cotisations sur la retraite.
01:44Au centre droit, Gabriel Attal parle, lui, d'un chèque de 1000 euros payé par l'État aux enfants pour qu'ils commencent à capitaliser pour leur retraite dans 60 ans.
01:52Bon, tout ça, ce sont des amuse-gueules.
01:54Le cœur du débat portera sur le remplacement ou non de l'âge légal coup près par le seul nombre d'années de travail.
02:01C'est d'ailleurs ce que proposent Attal et la CFDT.
02:04L'avantage de la liberté pour les Français.
02:06Ils sont des adultes, entendons, qui liquident leur retraite quand ils veulent.
02:11À partir de, disons, 62 ans, voilà le miracle qui nous est présenté.
02:15Et je sens l'ironie dans votre temps, Dominique.
02:16Oui, on plaisante, car évidemment, il y a un mais, ce mais, c'est qu'il faut dire le sous-titre de cet apparent miracle.
02:23Ce sous-titre est parfaitement décrit dans un livre de l'économiste Eric Veil qui a travaillé sur le sujet.
02:28Un système assis sur la seule durée de cotisation, sur le seul nombre de trimestres ou d'années de travail,
02:34ne tient que s'il y a une grosse décote, une baisse de pension de 15% avant, par exemple, 65 ans.
02:42Attendez, j'ai dit de 15% par rapport au niveau des pensions d'aujourd'hui.
02:46Il n'y a pas de miracle en régime de répartition.
02:49Soit on travaillera plus, soit on paiera davantage de cotisations et d'impôts, soit on aura moins de pension.
02:55C'était l'édito éco de Dominique Seuh. À demain.
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