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MON PÈRE M'A VI0LÉE ENFANT : LEUR COMBAT
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00:00Moi, j'ai été victime d'inceste de mes 5 ans à mes 17 ans par mon père.
00:03Ma tante et mon oncle avaient donc un fils qui avait 25 ans, mon cousin.
00:06Donc, il venait me toucher, il m'enlevait la culotte.
00:08J'ai été victime d'inceste de la part de mon père.
00:11Pendant plusieurs années, je devais avoir 4-5 ans.
00:13Et en fait, moi, j'étais complètement sidérée, impossible de bouger.
00:17Mon père me disait que j'étais sa petite femme.
00:18Viens faire l'amour avec papa, c'est notre petit secret, c'est notre petit truc à nous.
00:22Donc, en fait, ça a commencé par des attouchements, puis après, il y a eu des viols, les doigts dans les fesses, les doigts dans les vagins.
00:26D'accord, ok, ok.
00:27J'ai été entendue dans le déni, donc j'ai pas d'image précise.
00:30Il m'a juste dit, si tu parles, peu importe où que tu sois, je te tue.
00:34Pour moi, l'inceste, c'est un crime.
00:35C'est le crime vraiment de la trahison ultime pour moi.
00:38Anna, bienvenue.
00:39Merci Thibaut.
00:40Merci à toi d'être là.
00:40Si on est là, c'est pour parler de ton histoire aujourd'hui.
00:42Du coup, Anna, t'as quel âge ?
00:43Donc, j'ai 32 ans.
00:44Et tu fais quoi comme métier ?
00:45Donc, moi, je suis responsable projet en logistique, au sort d'une entreprise spécialisée dans la logistique sécurisée.
00:51Et je suis responsable projet de méthode.
00:53Malgré mon histoire compliquée, j'ai eu la chance de pouvoir faire des études.
00:55Donc, j'ai obtenu une licence en biologie.
00:57J'ai obtenu un master en sciences, technologie et santé.
01:00Rapidement, voilà, j'ai pu intégrer différentes entreprises en tant qu'ingénieur qualité, production.
01:04Du coup, toi, t'as été victime d'inceste ?
01:06Tout à fait.
01:07Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ton histoire ?
01:08Donc, moi, j'ai été victime d'inceste de mes 5 ans à mes 17 ans par mon père.
01:13Mon père qui est décédé aujourd'hui, ce qui m'a permis une reconstruction.
01:16C'est un élément important, en tout cas, pour moi, dans ma reconstruction, qu'il soit décédé.
01:19Anna, pour les gens qui ne savent pas ce que veut dire le mot inceste, comment on le définit ?
01:22Pour moi, l'inceste, c'est quand quelqu'un qui a autorité sur nous, quelqu'un de la famille, un proche, abuse sexuellement d'un enfant.
01:30Je ne suis pas une spécialiste de l'inceste.
01:31Je parle en tant que survivante, en tant que victime.
01:34Mais à mon sens, en tout cas, j'ai cette notion-là.
01:36Ça a été crescendo.
01:37Au début, j'étais petite.
01:38Il n'y avait pas vraiment une vraie prise de conscience de ce qui se passait.
01:41C'était mon papa.
01:42Mon papa, c'est bizarre.
01:43Il fait ma toilette.
01:44Ses mains qui touchent des endroits qu'il ne devrait pas toucher.
01:46Maman, quand elle me fait la toilette, elle ne touche pas les mêmes zones.
01:50Ce n'est pas la même façon de faire.
01:51Je me suis un petit peu projetée.
01:53En tant qu'enfant, on se pose des questions, mais on ne comprend pas forcément ce qui se passe.
01:57Et puis, petit à petit, ça s'est aggravé parce qu'il y a eu une montée en puissance des événements.
02:02Ça a commencé par des attouchements.
02:04Puis, après, il y a eu des viols par pénétration digitale.
02:07C'est quand c'est des pénétrations digitales, c'est-à-dire les doigts dans les fesses, les doigts dans le vagin.
02:11Et en fait, progressivement, il y a eu des fellations forcées, il y a eu plein de choses à dire tout ça.
02:18Mais du coup, après des viols, d'abord des sodomies forcées, puis après des pénétrations vaginales.
02:24Ça a été très dur parce que du coup, quand je l'ai grandi, tu te sexualises, ton corps se sexualise, tu deviens femme.
02:29Tu te projettes aussi dans des relations avec des hommes.
02:31Quand tu as 14, 15 ans, ton cerveau n'est pas le même que quand tu en as 5 et que ton papa te donne le bain et que ses doigts touchent tes parties intimes et que tu te poses des questions.
02:41Là, 14, 15 ans, tu es consciente que rien n'est normal, que c'est grave.
02:44Tu sais ce que c'est qu'une relation sexuelle.
02:46Et là, tu te dis, mon père me fait ça.
02:48C'est grave.
02:48Solange, enchantée.
02:49Tu vas bien ?
02:50Ça va, merci.
02:51Est-ce que tu pourrais nous raconter ton histoire, s'il te plaît, alors ?
02:53J'étais victime d'inceste de la part de mon père pendant plusieurs années.
02:56J'ai été longtemps dans le déni, donc je n'ai pas d'image précise avec des dates exactement.
03:01Je pense que ça a dû démarrer.
03:03Je devais avoir 4, 5 ans, mes premiers souvenirs dans la salle de bain.
03:05Je sais que ça s'est arrêté quand j'ai commencé un peu ma puberté.
03:09J'avais 11 ans et demi à peu près.
03:10Solange, pour toi, qu'est-ce que l'inceste ?
03:12Pour moi, l'inceste, c'est un crime.
03:13C'est super important de le dire et c'est le crime du lien.
03:15C'est le crime vraiment de la trahison ultime pour moi, puisque ça se passe au sein de la famille.
03:20On découle forcément des répercussions énormes sur la capacité de l'individu qui subit l'inceste à donner sa confiance.
03:26A avoir confiance en la vie, puisque c'est un proche qui est souvent...
03:30Là, dans mon histoire, c'était mon père, notamment, qui apporte l'amour, qui apporte justement le foyer, la structure.
03:36Pour moi, c'est vraiment un crime de la famille et du lien.
03:38Oui, c'était l'amour de ma vie, mon père.
03:40Ma mère, elle n'arrivait pas à avoir de complicité avec moi.
03:43Je n'avais pas le souvenir, en tout cas, qu'elle me prenait vraiment dans ses bras.
03:46C'était mon père qui faisait tout ça.
03:47Mon père était pourvoyeur de l'amour.
03:50C'était lui qui me donnait tout ce qui était amour.
03:51J'étais sous l'emprise de sa façon de m'aimer.
03:54Il y a une partie de moi qui se disait, si je ne fais pas ce que l'on fait ensemble, si j'arrête ça, c'est ces rendez-vous qui se passaient.
04:01Je n'ai plus personne qui m'aime.
04:02Qu'est-ce qui te faisait concrètement ?
04:04Dans mes souvenirs actuels, parce que je ne suis pas à l'abri qu'il y ait d'autres choses qui se libèrent.
04:07Je sens qu'il y a des images, des attouchements.
04:10Je n'aime pas ce mot-là, parce que je trouve que ça fait vraiment...
04:12C'est trop doux.
04:13Ce n'est pas du tout ça.
04:14Effectivement, mettre les mains dans les parties intimes.
04:17Je n'ai pas de souvenir de pénétration.
04:19Et il y a eu un autre agresseur, un oncle, qui était aussi une figure paternelle pour moi.
04:23Et longtemps, j'ai porté cette culpabilité de me dire que c'est de ma faute.
04:26Comment c'est possible que tu aies vécu un inceste de la part de ton père et de ton oncle ?
04:31Est-ce qu'il y avait un lien ? Est-ce qu'ils discutaient entre eux ?
04:33Je ne saurais jamais, parce que mon père est décédé aujourd'hui et je ne lui ai pas posé cette question-là.
04:37Ils discutaient entre eux, oui.
04:38Ils étaient proches.
04:39Ce n'était pas du tout le frère de mon père.
04:40C'était le beau-frère de ma mère.
04:42Je ne sais pas comment ça se fait, parce que ça ne s'est jamais fait ensemble.
04:45Mon oncle, ça a été une fois, mais c'était une fois qui était suffisante, de toute façon, pour me traumatiser.
04:49Il y a beaucoup plus de victimes qu'on croit, et donc il y a beaucoup plus d'agresseurs aussi.
04:52Et c'est ce qui fait que c'est si difficile d'en parler.
04:54Johanna, enchantée.
04:55Enchantée, Thibault.
04:56La femme ?
04:56Très bien.
04:57Merci à toi d'être là.
04:58Merci de m'accueillir.
04:59Avec plaisir.
04:59Johanna, est-ce que tu pourrais, s'il te plaît, nous raconter ton histoire ?
05:02J'ai 36 ans, je suis maman de trois enfants.
05:05Je suis survivante de l'inceste, que j'ai vécu pendant quelques mois, quand j'avais 9 ans.
05:09Donc je l'ai vécu par un cousin.
05:10Je me suis retrouvée dans une situation à l'âge de 9 ans, où ma mère était en prison.
05:13D'accord.
05:14On peut dire pourquoi elle était en prison ?
05:15Pour le trafic de stupéfiants.
05:17D'accord.
05:17Ma mère était toxicomane, et dans le trafic des stupéfiants.
05:20C'était une maman très aimante, cependant.
05:22Voilà, donc moi je suis restée sans maman, sans papa.
05:25Pourquoi elle était partie à la base ?
05:26C'était une question qui concernait ma mère.
05:28En fait, elle ne lui a pas dit qu'elle était enceinte de lui.
05:30Je l'ai connu plus tard à l'âge de 24 ans.
05:32Ok.
05:33Grosse histoire, ça commence.
05:34Ah oui, ça commence.
05:35Waouh.
05:39J'ai été accueillie par ma tante et mon oncle.
05:41Très bonne famille, des personnes bien vues au niveau de la société.
05:45Monsieur, madame, tout le monde, si on peut dire ça comme ça.
05:47Il est dans une belle maison, assez bourgeoise.
05:49Ma tante et mon oncle avaient donc un fils qui avait 25 ans.
05:52Mon cousin, moi, 9 ans.
05:53J'étais très proche de mon cousin.
05:54Quelqu'un assez paternel avec moi.
05:56On peut dire comme un grand frère, qui avait de la peine pour moi, si on peut dire.
05:59Parce que je n'avais pas ma maman, je n'avais pas mon papa.
06:01Alors il était plein d'amour, plein d'affect.
06:03Vraiment quelqu'un de génial.
06:04Il jouait avec moi, beaucoup d'attention.
06:06Et ça a commencé en fait, donc pendant la nuit, du jour au lendemain.
06:09Moi, je n'ai pas d'explication du pourquoi, du comment, pourquoi il a commencé à faire ça.
06:12Il me visitait pendant la nuit.
06:14Donc il venait me toucher, il m'enlevait la culotte, il venait me toucher.
06:16Et en fait, moi, j'étais complètement sidérée.
06:19Impossible de bouger.
06:20Donc je faisais semblant de dormir.
06:22Donc il a répété ça plusieurs fois.
06:24Quelques mois, je peux dire comme ça.
06:25Il est arrivé une nuit.
06:27Son toucher n'était plus uniquement du toucher avec son pénis contre ma vulve.
06:32Il voulait pénétrer.
06:33Donc à ce moment-là, où il commence dans la pénétration, j'ai très très mal.
06:35Et donc là, mon corps, il a réagi.
06:37T'as quoi ? T'as crié ?
06:39J'ai pas crié.
06:40J'ai ouvert les yeux, donc pour dire arrête.
06:41Mais à peine j'ouvre les yeux et j'ai pour dire arrête, il me met la main sur la bouche.
06:45En même temps, il tente de m'étrangler.
06:47Donc j'ai failli mourir à ce moment-là, vraiment asphyxiée.
06:50Il avait complètement perdu son côté protecteur qu'il avait.
06:53Complètement.
06:54Il m'a juste dit, si tu parles, peu importe où que tu sois, je te tue.
06:58À ce moment-là, je me voyais partir déjà et je retiens, si tu parles, je te tue.
07:03Donc c'était assez violent.
07:04Suite à ça, ok, je lui ai dit ok, j'en parle pas.
07:07Ça s'est fait pas du tout dans la violence, cette histoire d'inceste.
07:09Pourtant, il a été maltraitant physiquement, en me donnant des coups, etc.
07:13Mais pas par rapport à l'inceste.
07:14C'était vraiment quelque chose de très très doux.
07:16Et ça, c'est malsain.
07:17Comme un moment complice.
07:18Ouais, c'est ça.
07:18On me disait, viens, viens avec papa, on va faire l'amour.
07:21Donc pour moi, juste l'expression faire l'amour, c'est quelque chose qui a été très compliqué
07:25jusqu'à ce que je le désactive avec le thérapeute qui me suit.
07:27Moi, la culpabilité, ça a été terrible très longtemps dans ma vie.
07:30Comment j'ai pas été complice, moi, puisque...
07:32T'es un enfant, tu veux pas ?
07:34Oui, bien sûr.
07:34Merci de le dire, parce que ça, c'est très important.
07:36À quel âge t'as pris conscience que c'était pas normal ?
07:38Pour te répondre, il y a un événement qui me vient en tête, qui m'a marqué longtemps.
07:41En cinquième, donc je devais avoir 13 ans, les copains ont dû lire un article dans le journal
07:45qui parlait du viol d'une jeune femme.
07:47Et en fait, moi, je ne savais pas ce que c'était que violer.
07:50Quand ils ont dit viol, j'ai d'ailleurs pas compris, comme une abrutie, c'est quoi violer ?
07:54Et là, tout le monde s'est foutu de moi.
07:56Tout le monde a rigolé en disant, tu sais pas ce que ça veut dire violer, non, mais c'est pas ce que ça veut dire.
08:00En fait, on m'a expliqué, et là...
08:02Mais c'est ce que je subis ?
08:03Choc ! C'est ce que je subis, et ça a un nom.
08:05Ça veut dire que ce que je subis, c'est pas dans ma tête, c'est pas un rêve.
08:08C'est grave, parce que c'est dans le journal, et visiblement, c'est illégal.
08:10En tout cas, on en parle, donc c'est qu'il y a un problème autour de ça.
08:13Et puis, ça a l'air scandaleux que je ne sois pas au courant de la signification du mot à mon âge,
08:16puisque tous mes copains de classe connaissent la signification du mot.
08:18Pendant longtemps, j'ai cru que ma mère, elle faisait la même chose, je lui ai dit.
08:22Je pensais que c'était la même chose qui se passait quand elle était avec mes frères.
08:24Je pensais que dans toutes les familles, ça se passait comme ça.
08:27Et puis, bon, ça devait être vers les 8 ans, comme ça.
08:29Je me suis dit, mais il y a quelque chose qui tourne pas rond, en fait, c'est pas normal.
08:32Quand on a 9 ans, comprendre ce qui se passe, pourquoi on me touche, mon cousin...
08:36Tu ne savais pas si c'était bien ou pas bien à ce moment-là ?
08:38Ou tu savais que c'était pas bien ?
08:39Je savais que c'était pas bien.
08:40À ce moment-là, de toute façon, cette intrusion de l'intimité, je savais que c'était en tout cas pas normal.
08:45J'avais peur, donc je faisais semblant de dormir.
08:47Il faut savoir que 80% des violences sexuelles, c'est de l'inceste.
08:50Ça se passe au sein même de la famille.
08:51Quel était le profil de ton père, du coup ?
08:53Est-ce qu'il avait un boulot stable ?
08:55Est-ce qu'il avait des amis ?
08:57Est-ce que c'était quelqu'un qui était respecté ?
08:58Mon père était quelqu'un de très respecté.
09:00Il avait le cœur sur la main, il était très très très reconnu pour être quelqu'un de joyeux, de très avenant, de très généreux.
09:08Et en même temps, il était très porté aussi sur la fête, la consommation d'alcool.
09:12Donc il y avait souvent des soirées, quand il buvait, il avait l'alcool noir.
09:16Il y avait des violences à la maison, des violences conjugales.
09:18C'était pas tous les jours.
09:19Nous, en tant qu'enfant, on voyait que des bouts, on voyait pas tout.
09:21On n'était pas hyper exposés, mais ça criait beaucoup quand mon père avait bu.
09:24Enfant, je pouvais pas me projeter en me disant, c'est vrai que c'est bizarre, mon père ne travaille pas.
09:27Il est à la maison toute la journée, il est avec les copains, ça va au bar.
09:30Moi, je n'en sais rien tout ça.
09:31Moi, ce que je vois, c'est que papa, il est à la maison, il boit des coca devant le foot.
09:34Et puis, il te tabasse la gueule quand il a envie.
09:36Et puis, il abuse de toi quand il en a envie.
09:38Des maltraitances aussi, en vis-à-vis des enfants chez deux frères.
09:40Enfin, c'était leur façon d'éduquer.
09:42Et ce qu'on dirait aujourd'hui, des violences éducatives ordinaires.
09:44Mais c'est pas tellement ordinaire, en fait.
09:46Parce qu'il y avait quand même des coups de ceinture, des douches froides, des coups de poing, des coups de ceinture.
09:51Il y a un contexte de maltraitance extrême.
09:53Quand je parle de maltraitance, moi, je sais que j'ai été tabassée avec une batte de baseball pendant quelques heures.
09:58Ça a été su à l'école.
09:59Il y a eu un semblant d'enquête, mais du coup, qui n'a pas abouti.
10:02OK.
10:03Tout ça, c'était il y a des années.
10:05Dans un monde où les violences sexuelles, ça n'existe pas.
10:07Ou en tout cas, si ça existe, on ne peut pas en parler.
10:09La maltraitance sur les enfants, c'est pareil.
10:11La maltraitance sur les femmes, pareil.
10:13Moi, enfant, et c'est la difficulté aussi de l'inceste, ou en tout cas, quand c'est un parent qui t'agresse,
10:17c'est que tu as envie de le protéger.
10:18Parce que ça reste ton papa.
10:20Donc, en fait, moi, des coups et des bleus, quand j'en avais, je l'ai caché.
10:24Maquillage, vêtements.
10:24Alors, maquillage, non, mais par contre, t-shirt, manches longues en été, pas de problème.
10:27Ah ouais.
10:28Oui, j'ai froid.
10:29Je ne veux pas que maman soit triste.
10:29Je ne veux pas que maman, elle voit que je ne suis pas bien.
10:31Quand on n'arrivait pas à les cacher, il y avait toujours l'excuse.
10:34Je suis tombée.
10:34Je suis tombée, voilà.
10:36Il est devenu expert en maltraitance.
10:37Quand on devient si bon que finalement, on choisit ses coups,
10:40ou on choisit sa forme de violence de façon à ce que ça ne laisse pas de traces,
10:43les douches froides, par exemple, ça ne laisse pas de traces.
10:45Psychologiquement, ça m'a traumatisée.
10:46Déjà, il y a une humiliation physique.
10:48Imagine bien qu'avant, on te force à te déshabiller,
10:50on te traîne par les cheveux dans la douche,
10:52on te donne la douche froide.
10:53Et puis, il y a des coups.
10:54Ce n'est pas juste la douche froide.
10:55C'est physiquement très éprouvant.
10:57Il ne me protégeait pas non plus de ses visionnages pornographiques.
10:59Ça veut dire que mon père est un grand visionneur de films pornographiques.
11:02Et moi, j'ai été baignée dans le porno.
11:04Très petite, franchement, mon plus ancien souvenir, oui, ça doit être 6-7 ans.
11:07C'est-à-dire quoi ?
11:13Il faisait, qui avait des fois le son pas forcément coupé.
11:15Ah, il s'en foutait, il était vraiment free, quoi.
11:18Oui, c'est ça.
11:19Donc, en fait, tu baignes finalement dans une atmosphère
11:21qui n'est pas du tout adaptée à son lénage, qui n'est pas saine.
11:24Il n'a pas du tout joué son rôle de père protecteur et de père éducateur, en fait.
11:28Est-ce que tu as porté plainte ?
11:30Non, je n'ai pas porté plainte.
11:31Je n'en étais pas là du tout à l'époque.
11:32Puis, mon père est décédé ensuite.
11:33Il n'a jamais été puni pour ses crimes ?
11:35Pas par la loi.
11:36Je ne parle pas de foi religieuse, mais j'ai une foi dans la vie de l'univers.
11:38J'en sais rien.
11:39Mon père est décédé d'un cancer des poumons.
11:41Du karma, quelque part.
11:42Il y a quelque chose.
11:43Il s'est retrouvé un peu tout seul, quoi.
11:44Donc, pour moi, c'était...
11:45C'est une punition en tant que telle.
11:46C'est une grosse punition.
11:48Tu disais tout à l'heure que ton papa était décédé ?
11:49En août 2017.
11:51Cancer foudroyant des poumons.
11:52Bon, je le dis avec un sourire, mais...
11:54Est-ce que tu es heureuse quelque part ?
11:56Ça t'a aidé ?
11:56Franchement, oui, ça m'a soulagée.
11:57Ça t'a soulagée ?
11:58J'ai confronté mon père par courrier.
12:00J'ai sorti l'histoire auprès de mes proches.
12:02C'était lors de ma première grossesse, donc.
12:04Donc, ma mère, d'abord.
12:05Puis ensuite, mes frères.
12:06Et j'ai eu beaucoup de chance, parce que j'ai été crue tout de suite.
12:08C'était le début, ok.
12:08Soutenue immédiatement.
12:10C'était le déclic, en fait, d'être enceinte ?
12:11Ouais, qui m'a fait sortir de mon déni.
12:13Quand j'étais enceinte de ma première fille, j'en ai trois aujourd'hui.
12:16Quand j'ai su que j'ai porté une fille, c'était plus possible.
12:19J'ai sorti de l'échographie.
12:20Je me suis effondrée.
12:21Je n'ai jamais pleuré autant de ma vie, en fait.
12:22Ça a été un torrent, un torrent.
12:24Ça n'a pas arrêté.
12:24Pendant des mois, j'ai pleuré.
12:25Puis, en plus, j'ai eu mon père au téléphone.
12:27Et il a dit quelque chose qui m'a tout de suite glacé le sang.
12:29Et c'est peut-être rien du tout.
12:31Mais pour moi, ça reste.
12:32Je me suis dit, c'est plus possible.
12:33Qu'est-ce qui va se passer ensuite ?
12:34Il a dit, c'est un mâle ou c'est une femelle ?
12:36C'est le genre de réflexion qu'il faisait.
12:39Et pour moi, c'était juste, voilà, c'est l'humour de mon père.
12:42Là, sur le coup, c'était trop salace, trop grossier.
12:44Je me suis dit, mais où on va comme ça ?
12:45Va-t-il reproduire sur ton enfance ce qu'il a fait sur toi ?
12:48Je ne pouvais absolument pas mettre au monde ma fille dans ce monde, justement,
12:53qui était ce microcosme où il y avait mon père, mon oncle, tout ça autour de moi.
12:56Comment j'allais la protéger au jour le jour ?
12:58C'était impossible pour moi.
12:59Donc là, j'ai parlé.
12:59Assez rapidement, j'ai parlé.
13:00Pourquoi ?
13:01Parce que ma tante, elle était très aimante.
13:03Une femme extraordinaire qui me donnait beaucoup d'amour, qui était à l'écoute.
13:06Pas de violence avec ma tata.
13:07Mon oncle, bon, il était assez absent.
13:09Cette connexion que j'avais avec ma tante a fait que j'ai eu confiance pour parler à ma tante.
13:13J'ai dit, tata, je vais te dire quelque chose, mais surtout, il ne faut pas que tu en parles.
13:16Sinon, je vais mourir.
13:17Waouh !
13:17Moi, j'avais peur de mourir, mais en même temps, j'avais besoin de raconter ça à ma tata,
13:20qui était pour moi une figure de protection.
13:23J'ai raconté à ma tante, pas trop de réaction.
13:25Elle me dit, ok, alors ce qu'on va faire ?
13:28On fait comme si de rien n'était.
13:29On va venir voir la nuit pour voir si elle te fait quelque chose.
13:32Elle te croyait, mais...
13:34À ce moment-là, je n'ai pas su si elle m'avait cru ou pas.
13:35C'était assez flou.
13:36Moi, entre-temps, je suis allée en prison voir ma mère.
13:39Quand je reviens de prison, je vais pour passer la porte, et mon cousin vient vers moi et me gifle.
13:44Une gifle qui m'a scotillée contre le mur, d'une violence extrême, espèce de grosse menteuse.
13:49Tu veux foutre en l'air la famille ?
13:51Une réunion familiale m'attendait.
13:53Waouh !
13:53Vraiment une table ronde.
13:54T'avais quel âge, là ?
13:55J'avais 9 ans.
13:55Il y avait ma tante, mon oncle, les frères, les sœurs, tout le monde était là.
13:58Une grosse pression sur moi, me disant, t'es sûre que t'as vraiment vécu ça ?
14:02Est-ce que c'est pas un rêve ?
14:03Oh putain !
14:04Ce que tu dis, c'est très grave.
14:06Pendant ce moment-là, j'ai senti qu'effectivement, personne ne me croyait.
14:08Je risque de mourir parce que je tenais quand même la menace de mort, sachant que là, je ne me sentais pas du tout protégée.
14:13Et à ce moment-là, sous la pression, j'ai dit, je suis vraiment désolée.
14:16C'était un rêve.
14:16Vous avez raison, c'était un rêve.
14:17Je suis désolée, je m'excuse.
14:19Tu pouvais faire que ça.
14:20Tu pouvais faire que ça, de toute façon.
14:21Exactement.
14:22C'était ma porte.
14:22Par chance, mon grand-père, parce que c'est lui qui m'a partiellement élevée, qui travaillait beaucoup.
14:27Donc, c'est pour ça que je n'étais pas avec lui et que j'étais chez ma tante et mon oncle.
14:30Mon grand-père est venu ce jour-là.
14:31Il était présent à la réunion ?
14:32Non, pas du tout.
14:33Non, mon grand-père l'aurait tué, je crois.
14:35Donc, mon grand-père était très protecteur vis-à-vis de moi.
14:37J'étais sa petite-fille.
14:38C'est le père de ma mère.
14:39Il est arrivé.
14:40Il y avait une ambiance, un peu ce qu'on peut dire, morbide, en fait.
14:43J'ai vu la situation, mais personne n'en parlait à mon grand-père, puisque j'étais la prunelle de ses yeux.
14:47Ce qui s'est passé, c'est que moi, j'ai appelé mon grand-père.
14:48J'ai dit, viens papi, je vais te montrer quelque chose.
14:50Je l'ai amené dans ma chambre.
14:51J'ai pleuré.
14:51Je lui ai dit, je t'en supplie.
14:52Prends-moi avec toi, sors-moi d'ici.
14:53Tu as eu une maturité incroyable qu'il y a ma 9 ans.
14:56Je vivais déjà dans un monde du trafic, la soeur de ma mère qui se prostituait.
15:01J'étais vraiment dans une ambiance...
15:03J'étais adultisée précocement, érotisée précocement.
15:05Donc j'avais déjà une conscience des bonnes et des mauvaises choses et du danger.
15:09Mais mon grand-père m'a dit, mais ma chérie, mais je travaille.
15:11Je pars à 5h du matin, j'arrive le soir, t'es.
15:14S'il te plaît, je t'en supplie papi, prends-moi avec toi.
15:16Et mon grand-père m'a dit, bon, prends tes affaires, on s'en va.
15:18Ça a été extraordinaire, parce que la libération pour moi, encore plus importante que si on me croit, on ne me croit pas, c'est sortez-moi de là.
15:23Donc ça, ça a été le premier pas.
15:25Je n'ai pas raconté à mon grand-père, parce que mon grand-père était cardiaque et j'avais très très peur.
15:28Mon grand-père aurait pu, il était assez impulsif, donc il aurait pu tuer mon cousin, clairement.
15:32Ma mère est sortie de prison.
15:33Je lui ai raconté.
15:34Ma mère, par contre, elle m'a cru tout de suite.
15:36Sauf que je lui ai dit, s'il te plaît, je t'en supplie, n'en parle pas, parce que je ne veux pas qu'il vienne nous chercher, qu'il me tue, que si.
15:40Et ma mère, c'était une personne assez fragile, mère solo.
15:44Elle m'a cru, mais elle n'a pas agi en justice.
15:46Tu disais qu'il y avait aussi ton oncle qui avait abusé de toi.
15:48Est-ce qu'il a été condamné ?
15:50Non.
15:50Qu'est-ce qui se passe ?
15:51Mon homme est encore en vie.
15:52C'est particulier pour moi, c'est compliqué aussi d'en parler.
15:54Tout ce que j'entreprends par rapport à l'inceste, par rapport à mon métier, je ne suis pas dans cette revendication.
16:00Je ne dis pas que ce n'est pas utile, mais pour moi, ça ne l'est pas.
16:02Pourtant, il a fait quelque chose d'illégal, un crime.
16:04Oui, c'est vrai.
16:05Il peut le faire d'autres personnes.
16:06C'est vrai, ça c'est important.
16:08Il y a peut-être eu d'autres faits, d'autres victimes.
16:11Je ne sais pas si c'est un manque de courage.
16:12Non, je ne pense pas.
16:12C'est juste que ce n'est pas ma voie à moi de passer par la justice.
16:15J'en ai parlé aux périodes des mouvements MeToo, MeToo inceste.
16:19Ça s'est passé à ce moment-là sans que j'aie conscience forcément de ce mouvement-là.
16:23Parce que je n'essaie de ne pas trop me laisser influencer par ce qui se passe.
16:26Mais à la même période, j'ai fait ce que j'appelle mon coming out d'inceste sur les réseaux sociaux.
16:30Parce que j'étais déjà un petit peu sur les réseaux sociaux de par ma profession de thérapeute.
16:35Mais je ne parlais pas de ça.
16:36Je n'avais pas encore parlé de ça.
16:37Je parlais de résilience énormément.
16:38Et donc, au moment où j'en ai parlé, c'était en janvier 2021.
16:40C'était aussi une façon pour moi de montrer à d'autres personnes qui me connaissent, mon entourage, mes cousines.
16:46Voilà ce qui s'est passé pour moi.
16:47Est-ce que vous n'avez pas envie d'en parler quelque part ?
16:49Si je ne le disais pas directement, c'était le moment de pouvoir poser les choses.
16:53Parce que je pense que c'est hyper important de ne pas garder ça juste pour soi.
16:56Ce qui est arrivé d'ailleurs, une de mes cousines m'a parlé, pas directement d'elle, mais d'une sœur.
17:00Elle ne m'a pas parlé de cet ongle en particulier ou de mon père.
17:03En plus, vu les statistiques, et ce ne sont que des chiffres officiels,
17:06on connaît tous au moins une, deux, trois victimes d'inceste.
17:08Pour répondre à ta question, oui, effectivement, c'est un crime.
17:11Il n'a pas été puni et peut-être qu'il a pu faire d'autres victimes.
17:13Donc, c'était un peu ma façon à moi, en dehors de la justice,
17:16de faire en sorte que ce soit d'une certaine manière dit.
17:19On invite toutes les personnes qui regardent la vidéo YouTube à témoigner aussi dans les commentaires.
17:23Si vous voulez apporter un peu votre pierre à l'édifice et partager votre témoignage,
17:26l'espace commentaire vous est réservé.
17:28Alors, j'ai porté plainte en 2013.
17:29J'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours parce que j'ai été crue, soutenue dans mes démarches.
17:32Et quand j'ai soutenu, c'est par ma famille, par le corps médical,
17:35donc les thérapeutes qui m'ont pris en charge, mes amis.
17:38Et presque le plus important, puisque c'est la démarche initiale,
17:40c'est lorsque j'ai déposé ma plainte, j'ai été reçue par la brigade des mineurs de Tours.
17:44Ma parole n'a pas été remise en question.
17:46Dès le début, ils t'ont fait confiance ?
17:47Oui. Alors, c'est sûr, l'inspecteur, il a ses techniques d'interrogatoire.
17:51Il m'a posé beaucoup de questions, il m'a fait beaucoup répéter.
17:53Avec le recul, maintenant, j'ai bien conscience qu'il avait besoin de valider par répétition, d'être sûr.
17:58La plainte a quand même duré, je suis restée 8 heures.
18:00A raconter ton histoire ?
18:01Dans les moindres détails, j'ai fait des dessins.
18:03On a beaucoup déménagé.
18:04Donc, j'ai dû faire des dessins pour aider l'inspecteur à visualiser les pièces
18:08où avaient lieu les viols dans les différentes maisons qu'on a habitées.
18:11C'était une façon pour l'inspecteur d'être vraiment sûre que tu disais pas de bêtises.
18:15Oui. Surtout que je me rappelle, dans cette pièce, il y avait plein de coffres avec des jouets, des peluches d'enfants.
18:19Moi, je suis venue, donc j'avais 22 ans, 22-23.
18:22Mais en fait, je me suis dit, waouh, je suis quand même à la brigade des mineurs
18:24parce que les faits se sont produits quand j'étais mineure.
18:26La pièce était en résine crèche parce que je pense que c'est fait pour mettre à l'aise les enfants qui viennent parler.
18:31Ça fait bizarre.
18:32Il y a eu un dossier judiciaire, j'ai eu une avocate.
18:34Il a quand même été placé en détention provisoire.
18:36Il a fait deux ans de détention provisoire.
18:38Donc là, c'était fermé à les barreaux ?
18:40Voilà. Il faut reconnaître que s'il est resté deux ans en détention provisoire,
18:44alors qu'il n'y avait pas, en tout cas, eu un procès avec vraiment statut de la condamnation ou pas,
18:49c'est quand même que le dossier était costaud.
18:50Solide, ouais.
18:51Voilà. Chose dans laquelle je ne croyais pas forcément à l'origine
18:53parce que les faits étaient prescrits pour la maltraitance,
18:57bien que reconnus ultérieurement par mon père.
18:59Les faits de viol et d'agression sexuelle.
19:00On était dans un monde où il n'y a pas de portable, il n'y a pas de caméra, il n'y a rien.
19:03Il y a zéro preuve.
19:04Il n'y a rien.
19:04Est-ce que lui a expliqué pourquoi il a fait tout ça ?
19:07Du tout. Lui, il a été dans le déni jusqu'au bout.
19:09La seule chose qu'il a un peu lâché par la suite, c'est, oui, c'est vrai qu'il y a eu un peu de maltraitance.
19:14Pourquoi ? Parce qu'il y a eu des photos que ma grand-mère maternelle a ressorties.
19:17Ok.
19:18Dont j'ignorais l'existence.
19:19C'est là qu'on se rend compte aussi que moi, j'ai mon vécu, mon scénario de l'histoire.
19:23Mais en fait, évidemment, tous les gens qui gravitaient autour de moi,
19:25quand j'ai porté plainte, ont aussi témoigné de choses dont moi,
19:28je n'avais absolument pas la portée ni la connaissance,
19:30parce que trop petite pour en avoir conscience.
19:32Et là, tu te rends compte qu'en fait, certaines personnes avaient des doutes.
19:35Ils n'osaient pas dire.
19:36Sur le comportement qu'il avait sur toi, sur les enfants.
19:38Oui, exactement.
19:39Sur sa façon d'être, même entre adultes.
19:40Est-ce que tu as tenté de porter plainte aujourd'hui contre ces personnes ?
19:43Il y a prescription.
19:44Il y a tellement longtemps qu'aujourd'hui, je n'ai plus...
19:47Tu ne pourrais rien faire ?
19:47Je ne peux plus attaquer en justice.
19:48J'ai grandi avec tout ça,
19:50sans pouvoir vraiment avoir une justice par rapport à ce qui m'est arrivé.
20:03Enfin, je me suis mise sur les réseaux sociaux.
20:04Devenant maman, j'ai créé un compte Insta, voilà, partagé des choses...
20:07Comment il s'appelle, ton compte Insta ?
20:09C'est Enfance Préservée.
20:10J'ai entamé une reconversion professionnelle.
20:11J'ai commencé à étudier la psychologie, les neurosciences.
20:14Je me suis mise aussi dans le développement personnel.
20:15Donc, il y a des tas de choses, des tas d'outils, d'expériences que j'ai vécues dans ma vie
20:18qui m'ont amenée où je suis aujourd'hui.
20:19La justice, en fait, je l'ai trouvée par ce que je fais aujourd'hui.
20:23Je suis consultante et formatrice en prévention des violences sexuelles infantiles.
20:26Donc, je forme des parents et des professionnels à savoir protéger,
20:28offrir une éducation sexuelle adéquate et préventive
20:31pour que l'enfant puisse parler aux parents.
20:33Et surtout, pour éviter que ça arrive.
20:34Parce qu'il y a effectivement des choses à savoir très importantes pour pouvoir protéger l'enfant.
20:37Comme par exemple ?
20:38Savoir déjà nommer les différentes parties du corps,
20:41savoir que le corps appartient à l'enfant,
20:43respecter le consentement de l'enfant,
20:44notamment quand on est dans un repas de famille,
20:48Il y a toute une éducation pour sortir l'enfant du conditionnement de la soumission
20:54et qu'il puisse apprendre à savoir faire la différence
20:56entre un toucher affectif d'un toucher abusif.
20:59Moi, ce qui m'a amenée à ça aujourd'hui,
21:00en fait, c'est ma quête de justice, quelque part,
21:03puisque au niveau judiciaire, il n'y avait plus de justice à faire.
21:06J'ai cherché sur les réseaux, par le biais d'Instagram, etc.
21:10Et je suis tombée sur MeToo Incest.
21:11J'ai dit, tiens, pourquoi pas balancer mon agresseur sexuel pour avoir justice ?
21:16J'ai laissé un commentaire sur un poste à l'étranger, au Brésil,
21:19parce que je parle portugais,
21:20donc j'étais plus à l'aise de le faire à l'étranger
21:22que de le faire en France pour ne pas exposer ma vie privée,
21:25chose que je fais aujourd'hui.
21:26Et je le fais avec joie, puisque ça aide les autres.
21:29J'étais dans cette quête de balancer mon porc, quelque part.
21:31Oui, bien sûr, balance ton porc.
21:34Une psychologue juridique est venue me parler,
21:36elle m'a dit, est-ce que tu es prête à faire face à des potentielles conséquences ?
21:40Parce que balancer aussi, c'est, il y a la possibilité que l'agresseur
21:43se retourne contre moi pour diffamation.
21:45C'est ce qui s'est passé ou pas ?
21:46Non, parce que je n'ai pas balancé.
21:48Elle a semé une graine en moi qui a germé,
21:50que je vienne à faire ce que je fais aujourd'hui.
21:52Elle m'a dit, est-ce que tu pourrais voir ta justice autrement ?
21:55Et cette question a été chercher des choses, je ne sais pas,
21:57au niveau du subconscient, je n'en sais rien.
21:59J'ai commencé à faire des recherches, des recherches.
22:01Je suis tombée sur ma mentor,
22:03qui est docteur en psychologie au Brésil,
22:05créatrice d'une méthode et d'une pédagogie nouvelle
22:08qui n'existe pas en France, dont je suis l'ambassadrice.
22:11Donc, d'éducation sexuelle adéquate, je précise bien adéquate,
22:14parce qu'il ne s'agit pas d'érotiser les enfants,
22:16au contraire, il s'agit de les préserver.
22:17L'enfant a une sexualité, c'est juste qu'il ne pratique pas le sexe
22:20et il ne pratique pas tout ce qui est d'ordre érotique.
22:22Mais il a des manifestations, il découvre son corps,
22:24il rentre en relation avec les autres personnes.
22:26L'enfant le vit par l'affect.
22:27Quand j'ai fait sa formation, j'ai découvert que ma fille,
22:31à l'âge de 6 ans, en fait, elle avait été contrainte à l'école
22:33de se déshabiller pour faire l'amour avec une autre enfant
22:37et à regarder des contenus pornographiques.
22:39J'ai su ça un an après, quand j'ai commencé à lui offrir cette éducation-là.
22:41Tu as expliqué à ta fille un petit peu ce qui était bien et pas bien
22:44et elle, elle s'est livrée en disant
22:46« Maman, moi, à l'école, j'avais dû faire ça ».
22:47À partir du moment où on communique avec nos enfants d'intimité,
22:51qu'il n'y a pas de tabou, qu'on est dans la bienveillance,
22:53qu'elle a pu se libérer et me parler,
22:55elle m'a pris comme ça dans les bras, elle m'a dit
22:57« Maman, merci, tu m'as libéré d'un poids à l'âge de 7 ans ».
22:59Elle a vécu ça à 6 ans, à l'âge de 7 ans, elle me dit ça.
23:02Et là, j'ai eu un déclic.
23:03Tu t'es dit « C'est pas la seule enfant ».
23:05Clairement.
23:05Et là, j'ai dit « Waouh ».
23:06J'ai trouvé ma mission de vie.
23:07Et je veux que le monde entier sache et puisse vivre cette relation-là
23:11avec leurs enfants, ce que je suis en train de vivre avec ma fille.
23:13Tout ce que je fais, c'est pour moi et c'est aussi pour mes filles
23:15parce que j'ai trois filles quand même.
23:17C'est fou parce que je n'ai jamais pensé que j'aurais des filles.
23:20La vie, elle est bien faite pour ça.
23:21C'était vraiment pour me faire travailler, je pense.
23:23Et je suis la plus heureuse des mamans.
23:25Toutes les mamans diront ça, mais moi, je suis la plus heureuse des mamans
23:27d'avoir trois filles.
23:28De contribuer à ce que le monde aujourd'hui qui accueille mes enfants
23:31soit différent.
23:32Si jamais ma fille, une de mes filles a besoin de parler
23:34et que ce n'est pas forcément à moi, peu importe la raison,
23:36elle parle à sa maîtresse, elle parle à son père,
23:39elle parle à la cantinière, je veux qu'elle puisse être reçue.
23:42Vraiment reçue par un adulte qui ne va pas dire
23:44« On ne parle pas de ça. »
23:45« Non, mais qu'est-ce que tu racontes ? Je ne te crois pas. »
23:48Je crée beaucoup de choses et ça, ça apporte ma reconstruction.
23:50Être dans la prévention, la sensibilisation.
23:52Comme ce qu'on fait aujourd'hui, par exemple.
23:54Exactement.
23:54C'est pour ça que j'ai vraiment beaucoup de gratitude.
23:56Avec plaisir.
23:57Je t'avoue que j'ai eu deux minutes de « Waouh, on sait quoi ce truc ? »
24:00Je ne vais jamais y arriver.
24:02Je ne me sens pas de le faire.
24:03Et en fait, ça, c'est parti tout de suite
24:04parce que le plus important, c'était de pouvoir vraiment parler.
24:08Et c'est génial que tu puisses donner ce tremplin-là
24:11pour ce sujet qui est vraiment important.
24:13De partager.
24:13J'ai besoin aujourd'hui d'aider mon prochain.
24:15Je me sens vraiment légitime à le faire
24:17parce que j'ai vécu l'impensable.
24:19J'y ai survécu.
24:20Je me suis rendue compte qu'en en parlant,
24:22l'inceste était au cœur de mon histoire.
24:24J'ai réaffirmé ma communication dans les réseaux sociaux
24:26pour vraiment témoigner de mon vécu.
24:28Et je me suis dit, garde pas ça pour toi.
24:29Et tu es chanteuse aussi à côté.
24:30Voilà, je suis chanteuse à côté.
24:32Donc j'ai sorti mon album « Résilience » le 14 octobre 2022.
24:36Félicitations.
24:36Merci beaucoup.
24:37Tout ça n'est pas ma faute.
24:41Mais j'ai un choix fait.
24:43Cet album-là, en fait, à l'origine,
24:47il n'avait pas du tout vocation à parler d'inceste.
24:49Cet album, je l'ai écrit à la base pour moi,
24:52pour raconter mon vécu, mon témoignage,
24:54mon chemin de résilience.
24:55Et donc l'année prochaine, je vais sortir encore des singles.
24:58Et du coup, là, l'idée, c'est vraiment de...
25:00On sort du contexte où je raconte mon vécu personnel.
25:02Ça, c'était en 2022.
25:03Maintenant, 2023, c'est...
25:05Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour faire évoluer les choses ?
25:08Et ça, ça sera la thématique principale de mes chansons.
25:10Tout s'est passé un peu en même temps.
25:11J'ai sorti mon album, j'ai accouché d'une petite puce.
25:13Trop bien.
25:14Il y a eu le déclic.
25:15J'ai fait le travail sur moi-même.
25:17Ça m'a permis de construire une vie de famille saine.
25:18Ça m'a permis de m'autoriser, de me dire,
25:20tu peux être une maman, tu peux être une maman bien.
25:22Quand ton bébé, il arrive, tu te poses plein de questions,
25:24tu te dis, mais ma fille, elle ne peut pas évoluer dans un monde
25:25qui, en fait, n'a pas forcément beaucoup évolué
25:28depuis que tu as parlé.
25:29Et je ne peux pas, moi, alors certes, à mon petit niveau,
25:31ne rien faire pour que ce monde n'évolue pas.
25:33Il faut libérer la parole.
25:34Je me suis vraiment, en tout cas, sentie aguerrie
25:35de cette responsabilité quand ma fille est née.
25:37Faire bouger les choses.
25:38Ah ouais, grave.
25:38C'est pour ça qu'on est là aussi aujourd'hui.
25:40Est-ce que ta maman a se douté de quelque chose ou pas ?
25:42Alors, grand sujet, ça, la co-responsabilité du parent.
25:45Ma maman travaillait tout le temps.
25:46C'est elle qui a porté financièrement la famille.
25:48Je la remercie énormément pour ça,
25:49parce que le fait qu'on n'ait pas été une famille
25:51en situation de difficultés financières
25:53a forcément été un levier positif dans ma reconstruction,
25:56et en tout cas dans ma possibilité d'accéder à des aides et des soins.
25:59Mon père, à l'inverse, ne travaille pas,
26:01vit donc totalement aux dépens de ma mère
26:03et en plus s'avère être un père maltraitant,
26:06parce que du coup, on a été maltraités.
26:07T'as des frères et sœurs ?
26:08J'ai des frères et sœurs,
26:09donc voilà, je ne parle pas parce que leur histoire leur appartient.
26:11Bien sûr, bien sûr.
26:12Quel a été le rôle de ta maman là-dedans ?
26:14Est-ce qu'elle se doutait de quelque chose ?
26:16Ma maman, je l'aime du tout, mon cœur, ça c'est sûr.
26:18Elle s'est doutée de rien du tout.
26:19Elle a souffert beaucoup, elle en souffre encore, je sais.
26:22Je lui ai annoncé ce qui m'est arrivé quand j'étais adulte déjà,
26:25quand je disais que je n'ai pas eu d'amnésie,
26:27mais j'étais dans le déni et pour moi, je ne pouvais pas du tout en parler.
26:29Et quand je lui en ai parlé, j'étais enceinte pour la première fois.
26:32Ton gosse, il vient te voir, il te dit tout ça.
26:34Ce n'est pas une claque là, c'est monstrueux.
26:36Et comment tu te positionnes toi en tant que coparent ?
26:39Tu me dis mais du coup, je n'ai pas vu, j'aurais dû voir,
26:41qu'est-ce que j'aurais dû faire ?
26:42Et puis qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
26:43Parce que du coup, le gamin est dans l'aide.
26:45C'est fait, c'est fait, maintenant.
26:46Je suis accompagnée par une thérapeute chez une psychologue
26:49qui m'a accompagnée pour lui en parler, mais elle s'est effondrée.
26:51Et pendant de longues années, jusqu'à là, c'est très récent en fait,
26:54le mois dernier, je crois, deux mois, où elle a vu mon évolution.
26:57Aujourd'hui, c'est moi qui accompagne d'autres personnes sur ce chemin-là,
27:00en tant que thérapeute.
27:01Je fais pas mal d'événements, j'essaye d'être assez présente
27:04pour faire passer le message et puis pour que les gens savent qu'il y a des choses,
27:07des solutions, qu'on peut évoluer, qu'on peut bien grandir
27:11et avoir une vie épanouissante.
27:12Elle me suit sur mon parcours, c'est ma première fan.
27:14Je ressens qu'elle rattrape un petit peu quelque part
27:17ce pourquoi elle a pas été présente quand j'étais plus jeune, quoi.
27:19Parce que moi, je peux pas croire qu'elle avait vu, qu'elle a laissé faire.
27:22Pour elle, c'était invraisemblable parce que j'étais toujours collée à mon père, en fait.
27:26Et que du coup, on a pas eu une relation toutes les deux de mère et fille très complice.
27:30J'étais en position de maîtresse et elle, c'était la femme.
27:33Donc, on n'était pas du tout...
27:34Tu vois, il y a un bug, encore une fois, c'était...
27:37Ouais, ouais, il y a un bug, exactement.
27:38Ça fait dysfonctionner la structure familiale, en fait.
27:41Pour elle, voilà, elle s'est pas immiscée dans quoi que ce soit ce qui se passait.
27:44Donc, elle a pas pu voir.
27:45Je t'explique comme ça, moi.
27:46Comment ta maman a réagi quand elle a appris tout ça et aujourd'hui ?
27:49Ma maman, elle était très émue de mes déclarations.
27:52Elle a pas eu l'attitude la plus positive.
27:54C'est-à-dire que la première phrase qu'elle m'a dite quand je lui ai tout raconté,
27:57c'est « Pourquoi tu me l'as pas dit avant ? »
27:58Donc, une phrase de culpabilisation envers moi,
28:01qui témoignait en tant que victime auprès de ma maman.
28:02Je sais que maintenant, avec le recul, on en a tellement parlé, on est très complice.
28:06Ok.
28:06C'est normal.
28:07Je comprends qu'elle ait eu cette réaction.
28:08Je pense qu'émotionnellement, c'était tellement dur.
28:10Tellement dur.
28:11Tellement dur à accepter, intégrer.
28:13Ma fille vient, elle me dit tout ça.
28:14Elle t'a cru quand même dès le début ?
28:15Ça a pas été si évident, parce que je pense qu'elle était dans une forme de déni,
28:19de déni de violence.
28:20C'était tellement violent qu'elle m'a cru,
28:21parce que sinon, elle aurait pas fait tout ce qu'elle a fait derrière pour moi.
28:24Mais je pense qu'elle a été dans la phase choc pendant plusieurs mois.
28:27Quand j'ai porté plainte, les policiers nous ont dit
28:29« Vous faites comme si de rien n'était, on va pas l'arrêter tout de suite. »
28:31« On consolide le dossier. Il faut que le dossier soit béton. »
28:34« Vous, vous restez à la maison. »
28:35Ah, vous avez fait comme si rien n'était à la maison ?
28:37Exactement.
28:38Donc, ça, c'était très très dur.
28:39Parce que pendant un an, on s'appelait tous les midis avec ma maman
28:42pour savoir comment ça allait, est-ce que tu tiens le coup.
28:45Je m'inquiétais pour ma maman, parce que du coup, je me disais
28:47« Elle reste à la maison avec ce monstre. »
28:49Maintenant, c'est su.
28:50Moi, à côté, du coup, j'ai des rendez-vous avec mon avocate.
28:52« Je commence ma thérapie. »
28:54« Moi, je passais mon permis. »
28:55« J'étais en master. »
28:56Enfin, voilà.
28:57Il y avait tout ça à gérer à côté.
28:59On se dit « Mais on vit dans quel monde, en fait ? »
29:01Il y avait un décalage entre ma vie.
29:03En tout cas, j'avais l'impression qu'il y avait un décalage entre ma vie et celle des autres.
29:06Elle m'a crue.
29:06Elle m'a soutenue.
29:07Elle s'est même énormément appropriée la quête de soins pour moi,
29:11la prise en charge financière.
29:12Ma maman, elle a dû porter ce lourd fardeau
29:14qui est la culpabilité et la co-responsabilité.
29:16Selon toi, pourquoi les victimes d'inceste révèlent leur vécu plus tard ?
29:20En fonction des victimes, les réponses peuvent vraiment varier.
29:23Pour moi, en tout cas, ça a été vraiment cette période de déni
29:25qui a duré très, très longtemps.
29:27C'est trop dur à regarder en face les choses,
29:28donc on préfère les mettre couverts.
29:30Et puis, on avance, on avance.
29:31Même si on avance sur un pied, on avance quand même.
29:34Il y a aussi ce phénomène de l'amnésie traumatique
29:36qui est tout simplement qu'on oublie complètement.
29:38Et ça, c'est beaucoup plus répandu qu'on le pense.
29:40Pas volontairement, mais il se passe un truc dans notre cerveau
29:42qui fait que pour nous protéger, ça reste vraiment enfoui
29:45quelque part à l'intérieur de nous.
29:46Mais ça n'empêche pas que ça continue à agir
29:48sur tous nos comportements, sur notre santé physique aussi.
29:51Une fois que l'amnésie traumatique s'est levée et qu'on se rappelle,
29:54c'est souvent très, très violent.
29:56Les gens que j'accompagne témoignent de ça.
29:58C'est d'une violence inouïe.
29:59Les images reviennent, mais avec aussi toutes les émotions,
30:01le vécu corporel, les sensations, les douleurs.
30:03C'est un traumatisme encore en plus du traumatisme.
30:06Pour pouvoir parler de cela, il faut être assez costaud.
30:08Avoir fait un certain chemin, d'en parler, ça fait peur
30:10parce qu'est-ce qu'on va être bien reçu ?
30:12On va faire exploser la famille, etc.
30:14Exactement.
30:14Les répercussions de ça derrière,
30:16on a du mal à trouver un boulot par exemple,
30:17ça fait partie des conséquences possibles
30:19puisque quand tu vis du stress post-traumatique
30:22et que tu es toujours en train d'angoisser,
30:23tu fais des crises d'angoisse toutes les 5 minutes,
30:25c'est difficile d'aller travailler.
30:26Tu peux avoir les addictions, tu peux avoir plein de conséquences.
30:29De pouvoir en parler sereinement, c'est compliqué.
30:32La thérapie, c'est hyper important.
30:33C'est tabou, ça aussi un petit peu.
30:35Du coup, c'était chez un psychologue ?
30:36Alors, ce n'était pas aussi simple que ça.
30:38Au début, tu vas un peu à tâtons.
30:39Encore une fois, thérapie, encore à l'époque,
30:41c'était un peu tabou.
30:42Mais encore aujourd'hui, je vais voir un psy.
30:44Tu as fait de suite problème.
30:46Santé mentale, c'est un des sujets très très...
30:48Alors qu'en fait, quand tu te casses la jambe,
30:50tu vas voir ton médecin.
30:52Quand tu ne vas pas bien, il faut aussi aller voir le médecin.
30:54Et c'est OK.
30:55Donc voilà, un petit peu compliqué de trouver.
30:56Tu ne tapes pas sur Google un sexe thérapeute.
30:58Déjà, tu n'as rien.
30:59Ou alors tu as des noms, mais c'est à Paris.
31:01Tu as choisi au hasard du coup ?
31:02Ma médecin traitant m'a accompagnée.
31:04C'est-à-dire que c'est elle qui a vraiment pris en charge ça.
31:06Elle m'a conseillé des thérapies, mais pas des thérapeutes.
31:08J'ai fait de l'EFT, j'ai fait de l'hypnose.
31:10L'EFT, c'est une technique de gestion des émotions
31:12par tapotement sur le corps.
31:13Donc j'étais allée sur Paris avec l'association SVS,
31:16Stop aux violences sexuelles.
31:17Ça m'avait vraiment chamboulée.
31:19Ça m'avait vraiment pris au trip.
31:20J'avais fini la séance en larmes
31:21et j'ai fait une crise d'angoisse en rentrant chez moi le soir.
31:23Mais à l'époque, je l'ai mal pris en me disant
31:25« mince, tu ressens encore plus mal que quand tu es venue. »
31:27Alors qu'en fait, maintenant, encore une fois, avec le recul,
31:29je me dis que c'est juste venu chercher dans les entrailles des choses.
31:32Il y avait besoin de sortir et elles sont sorties.
31:33Et l'hypnose, beaucoup plus doux et calme.
31:35Et j'ai fait beaucoup de sophrologie aussi.
31:37Moi, j'ai vraiment fait un travail sur la gestion des émotions.
31:38T'as eu des séquelles jusqu'à l'âge adulte ?
31:40Je me mettais souvent en danger.
31:42J'étais une grande aventurière.
31:43Donc j'allais sur la voie du chemin de fer.
31:46Je faisais des sauts d'endroits hyper dangereux.
31:49T'as pas peur de mourir là ?
31:50Non.
31:50Je traversais la route, il y avait les voitures.
31:52Je suis invincible.
31:53Je frôlais tout le temps le danger pour me sentir vivante, en fait,
31:56liée au traumatisme.
31:57Et toutes ces années, jusqu'à l'âge adulte,
32:00j'ai grandi en me disant « Bon, ça va. »
32:02En fait, j'ai été victime d'inceste, mais…
32:04On passe à la suite.
32:05Je vais bien.
32:06Je ne suis pas traumatisée.
32:07En fait, je pense que mon cerveau, par protection,
32:09s'est mis en mode pause, déni.
32:11De par l'inceste.
32:12Moi, j'étais une petite fille, très…
32:13Une jeune fille, je le suis encore.
32:15Je me sens beaucoup plus lumineuse aujourd'hui,
32:17mais j'étais très, très enfermée.
32:18Et besoin de reconnaissance quand même.
32:19Beaucoup de mal à aller vers les autres.
32:20Et aussi, alors, ce qui est très paradoxal,
32:22c'est que j'avais aussi quand même, à l'intérieur de moi,
32:24et ça, c'est l'inceste aussi,
32:25les hormones vraiment au taquet, quoi.
32:27D'accord.
32:27J'avais une hyper-sexualisation.
32:29Enfin, moi, j'appelle ça comme ça.
32:30Parce que dès le plus jeune âge,
32:31tu as été sexualisée ?
32:32Le fait d'avoir subi l'inceste, effectivement,
32:34j'ai ressenti des choses dans mon corps
32:36que je n'aurais pas dû.
32:37Enfant, il y avait des choses qui se passaient
32:38que je ne comprenais pas à l'intérieur de moi.
32:39J'avais tendance à aller au contact de certains hommes
32:42qui n'étaient pas du tout des hommes pour moi.
32:43D'ailleurs, je me laissais happer
32:44par les hommes beaucoup plus vieux.
32:45Et comme je n'avais pas les bons repères,
32:47les hommes qui passaient
32:48et qui avaient envie de...
32:49Enfin, tout simplement,
32:50d'abuser de la personne que j'étais,
32:51c'était facile, quoi.
32:52J'ai été comme ça, violée par deux hommes, en fait.
32:54Ça avait complètement cassé tes barrières de la sexualité ?
32:57Tu n'avais plus de limites, en fait.
32:58C'est ça.
32:59Je n'avais pas les bonnes limites du tout.
33:00Tu as tout à fait compris.
33:01Je ne savais pas respecter mon corps, tout simplement.
33:03Entre-temps, j'ai vécu une autre violence sexuelle
33:05par une cousine adolescente.
33:06Une cousine ?
33:07Adolescente.
33:08Ok.
33:08À l'âge de 10 ans.
33:09Donc, elle avait 15 ans.
33:10Là, carrément, j'étais dans le déni
33:11puisque si la première fois,
33:12ça n'avait pas été validé,
33:14entendu, accueilli,
33:15la deuxième fois,
33:16il n'y a que maintenant à l'âge adulte,
33:17j'ai commencé à en parler récemment.
33:19Elle t'avait agressée sexuellement aussi ?
33:20Tout à fait.
33:21Elle m'a forcée à lui faire un cunnilingus.
33:24Elle me l'a fait aussi.
33:25Elle s'est pénétrée des bougies devant moi.
33:28Enfin, c'était assez...
33:29D'accord, ok.
33:30Voilà.
33:30Donc, on m'a forcée à regarder du porno.
33:32Je n'ai pas du tout eu les bonnes limites.
33:33Je n'ai jamais su comment je devais me comporter
33:35vis-à-vis des autres.
33:36De toute façon,
33:37j'étais complètement dissociée
33:38tout au long de ma vie.
33:38Dissociée, c'est-à-dire,
33:39j'étais à côté de mes pompes.
33:41Je ne vivais pas dans mon corps, en fait.
33:42Aucun respect de moi-même.
33:43Puis, j'ai vécu aussi
33:44quand j'étais plus ado.
33:46J'ai été violée par un homme
33:48qui n'était pas de ma famille du tout.
33:49C'était un jeune homme
33:49avec qui je traînais.
33:50Tu avais quel âge à ce moment-là ?
33:51Il avait 28 ans
33:53et moi, j'en avais 14-15.
33:54Donc, il y a une sacrée différence.
33:55Déjà, il y avait des tournements de mineurs.
33:57Oui, déjà, c'est pas bien de base.
34:05C'est notre petit secret,
34:06c'est notre petit truc à nous.
34:08On était très fusionnels.
34:09Ah, c'est ouf.
34:09J'ai jamais su être en colère
34:10contre mon père.
34:11Ça a pris du temps
34:12et de la thérapie
34:12pour que je me mette vraiment en colère.
34:14J'ai longtemps cru que c'était de l'amour,
34:15ce que faisaient mon père
34:16et mon oncle sur moi,
34:17qui n'est pas du tout de l'amour.
34:18Ça a des conséquences
34:19en tant que maman,
34:21en tant que compagne.
34:21Est-ce que toi,
34:22subir cet inceste-là,
34:23ça a eu des conséquences sociales
34:25dans ta vie de tous les jours,
34:26avec tes amis ?
34:27Ça a eu des conséquences sociales,
34:28effectivement.
34:29Plutôt que de juste
34:30de parler de moi,
34:30quelles conséquences
34:31ça peut avoir
34:32sur la société en général ?
34:33Une personne qui est victime
34:35de violences sexuelles
34:35peut elle-même
34:36devenir un agresseur sexuel.
34:38Ce n'est pas une cause à effet.
34:39La preuve,
34:39je ne suis pas une pédophile,
34:40une pédocriminelle.
34:41Au contraire,
34:42ma résilience m'a permis
34:43de pouvoir transformer
34:44mon plomb en or
34:45pour aider les autres.
34:47Dans beaucoup d'agresseurs sexuels
34:48et pédophiles,
34:49on retrouve le fait
34:50qu'ils ont été victimes
34:51d'agressions sexuelles.
34:52Deuxièmement,
34:52il y a les suicides.
34:53Dans beaucoup de suicides,
34:54on retrouve des personnes
34:55qui ont été victimes
34:56de violences sexuelles.
34:56La drogue,
34:57les addictions.
34:58Donc en fait,
34:58ça a une répercussion quand même
34:59sur la société
35:00au niveau de la violence.
35:02C'est violent pour la personne
35:02qui le vit
35:03et c'est violent
35:04de manière systémique
35:05et ça se répercute
35:06sur la société en général.
35:07Quel a été le rapport
35:08à ton corps ensuite ?
35:09Est-ce que tu as réussi facilement
35:10à avoir un chéri par la suite ?
35:12Tu as retrouvé une sexualité ?
35:13Comment ça s'est passé toi ?
35:14J'ai eu la chance
35:15de tomber sur un homme
35:16qui est aujourd'hui mon mari.
35:17C'est beau.
35:18Formidable.
35:19Qui a tout de suite compris
35:21le fardeau que je portais,
35:22qui ne l'a pas jugé.
35:23Je dirais plus qu'il ne l'a pas jugé
35:25plus que compris
35:25parce qu'on ne comprend jamais vraiment.
35:26On ne peut pas comprendre
35:27ce qu'on n'a pas vécu.
35:28J'ai eu aussi la chance,
35:29moi malgré tout,
35:31d'être en phase avec ma sexualité.
35:32Je n'ai pas eu de traumatisme
35:34à aller vers les autres.
35:35Quand j'ai quitté
35:36le foyer familial,
35:37il y a eu une phase
35:37où c'est vrai que
35:38tu as envie de te réapproprier ton corps.
35:40Il a tellement été souillé
35:41tant par la maltraitance
35:42que par les violences sexuelles.
35:43Puis j'ai eu besoin
35:43de me sentir aimée.
35:44Donc j'ai eu beaucoup de partenaires.
35:45Je cherchais énormément
35:46l'amour, l'affection.
35:53De sentir que tu pouvais plaire.
35:55Exactement.
35:55J'ai vécu des situations
35:56compliquées avec mon corps,
35:58avec ma sexualité.
35:59Je me mettais par exemple
35:59dans des relations toxiques
36:00comme si j'attirais les personnes
36:02qui allaient justement
36:03ne pas valoriser mon corps.
36:04Dans mes rapports sexuels,
36:05je n'avais pas de plaisir.
36:06Je simulais le plaisir
36:07parce que je ne me donnais
36:09pas le droit au plaisir.
36:10Tout ça, je n'avais pas conscience.
36:11C'est aujourd'hui
36:12que j'ai conscience de ça.
36:13Après la thérapie
36:14et ce chemin de résilience.
36:16Le rapport à ton corps,
36:17tu disais que ton père
36:18te disait on va faire l'amour.
36:19Quand tu as eu
36:19tes premières relations sexuelles
36:21pour toi,
36:21comment tu as vécu tout ça ?
36:22Est-ce que ça a été facile,
36:23difficile ?
36:24Ce n'était pas facile du tout.
36:25Il y a eu une très très longue période
36:27où je ne pouvais pas avoir
36:28simplement un rapport sexuel
36:29sans être dissociée.
36:31C'est-à-dire trouver un moyen
36:32de me déconnecter.
36:33J'ai eu une dépendance à l'alcool
36:34ou du cannabis aussi.
36:35Une façon pour toi
36:36de t'évader ?
36:37Exactement,
36:37de sortir de mon corps.
36:38Mon parcours a fait que
36:40j'ai rencontré l'homme de ma vie.
36:42À quel âge tu l'as rencontrée ?
36:43Je l'ai rencontrée
36:44quand on avait 16 ans
36:45mais je n'ai pas vu
36:45que c'était l'homme de ma vie.
36:46J'étais incapable de le voir.
36:47J'étais dans le rejet de l'amour.
36:49On s'est connus,
36:49on est restés ensemble,
36:50une relation ado
36:52sans rapport intime
36:53jusqu'à 18 ans.
36:55Je l'ai quitté,
36:55j'ai eu des aventures
36:56très toxiques.
36:57J'ai consommé aussi
36:58du cannabis,
36:59bon, alcool,
37:00comme une anesthésie,
37:01comme une béquille
37:02pour m'anesthésier un petit peu.
37:03Donc j'ai rencontré mon père
37:04à l'âge de 24 ans.
37:05C'est assez raccourci comme ça.
37:06Ok.
37:07Ton père qui est revenu dans ta vie
37:08et quel est l'impact
37:09sur ta vie du coup ?
37:10Énorme.
37:11Déjà, la figure masculine,
37:13c'est comme si
37:13on s'était connus
37:14depuis toujours,
37:15comme s'il m'avait élevée.
37:16Je retrouve plein de choses
37:17que j'ai en moi,
37:18le goût pour l'histoire,
37:20la lecture,
37:20la psychologie, etc.
37:21Enfin, des choses
37:22assez incroyables.
37:23Ou mon père aussi,
37:24il a les mêmes passions,
37:25hallucinants
37:26quand je rencontre mon père.
37:27Et alors,
37:28un papa hyper accueillant
37:29qui m'accueille,
37:30qui écoute mon histoire,
37:31je lui raconte toute ma vie,
37:32qui me prend dans ses bras,
37:32qui me donne plein d'amour.
37:34J'avais 24 ans.
37:34La conséquence a été
37:36que j'ai retrouvé un papa,
37:37j'ai ressignifié
37:38finalement la vision
37:39que j'avais de l'homme.
37:40J'ai le droit d'être aimée
37:41par un homme.
37:42J'ai de la valeur.
37:43Il m'a dit,
37:43tu sais ma fille,
37:44c'est incroyable
37:44tout ce que tu as pu vivre.
37:46Je suis désolée
37:46de ne pas avoir été dans ta vie,
37:47même si ce n'était pas de sa faute.
37:48Mais aujourd'hui,
37:49je suis là.
37:50Tu peux compter sur moi.
37:50Tu n'es pas ce qui t'est arrivé.
37:51Tu es beaucoup plus que ça.
37:52Des tas de choses
37:53qui m'ont juste vouf.
37:55En fait,
37:55j'étais en vacances à ce moment-là
37:56à l'étranger,
37:57revenant en France.
37:58Moi, je suis de nationalité portugaise,
38:00d'origine portugaise.
38:00Donc, je reviens en France
38:01et je retrouve mon ex.
38:03La flamme revient
38:04et lui m'avait attendue
38:05pendant six ans.
38:06C'est beau.
38:06J'étais la femme de sa vie
38:07et c'était juste extraordinaire
38:09parce que voilà,
38:10donc on s'est mis ensemble.
38:11On a eu des enfants ensemble
38:12et on est toujours ensemble.
38:14Félicitations.
38:14Voilà, merci.
38:15Du coup, maintenant,
38:16parlons un petit peu
38:17de ta reconstruction.
38:18Donc, tu as vécu
38:18tout ce que tu as vécu.
38:19Ton papa est décédé.
38:20Comment tu t'es dit
38:21maintenant,
38:22il faut que j'aille mieux.
38:23Comment aller mieux ?
38:23Alors, à l'origine,
38:24il y a eu quand même un déclic.
38:25Dans ma fratrie,
38:26on n'est pas seul.
38:27J'ai une petite sœur.
38:28J'ai toujours eu
38:28l'envie de la protéger.
38:30J'ai toujours eu
38:30cette peur
38:31qu'il lui arrive quelque chose.
38:32Donc, le moteur
38:33originel
38:34de libération de ma parole,
38:35ça a été parler
38:36parce que j'ai une petite sœur.
38:37Une fois ce déclic fait,
38:39une fois la démarche lancée,
38:40l'intention d'aller voir
38:42la police,
38:42la plainte déposée,
38:43déjà,
38:44ça soulage.
38:45Ça avance.
38:46Oui.
38:46Moi, ça m'a fait un bien fou.
38:47On se rend compte
38:48quand on parle
38:48qu'en fait,
38:49les gens,
38:49ils ne sont pas si méchants.
38:50Ce n'est pas si compliqué.
38:51Voilà, c'est une fois
38:52que c'est fait.
38:52C'est toujours la même chose.
38:54Il faut se lancer, en fait.
38:55Et aujourd'hui,
38:56comment tu vas ?
38:57Aujourd'hui,
38:57je vais très, très, très bien.
38:58Devenant maman,
38:59ça a réveillé des mémoires
39:00au niveau génital.
39:01La sexualité vécue
39:01avec mon conjoint
39:02pendant la nuit, par exemple,
39:03s'il se collait un peu
39:04à moi ou quoi.
39:05Tu associais ça
39:05à quelque chose de négatif ?
39:06Eh bien,
39:07à ce que je vivais
39:07pendant la nuit.
39:08Donc, en fait,
39:08j'ai commencé,
39:09après être devenue maman,
39:11à voir par ma fille
39:12la petite fille que j'étais.
39:14Donc, par neurone miroir,
39:21m'ont revenu
39:21et donc mes blessures,
39:23mais en puissance.
39:25Chaque année,
39:25ça revenait.
39:26J'ai compris que ça revenait
39:27de mes blessures,
39:28en fait,
39:28liées à mon traumatisme,
39:30liées aux violences sexuelles
39:30parce qu'entre-temps,
39:31entre le moment
39:32où j'ai vécu
39:32mes violences sexuelles
39:33et l'âge adulte,
39:34même si mon père
39:35m'a fait du bien,
39:36etc.,
39:37je n'ai pas suivi
39:37de thérapie,
39:38pas de justice.
39:39Je suis toujours
39:40lamenteuse pour la famille,
39:41quelque part,
39:42encore à l'heure actuelle.
39:43Encore à l'heure actuelle ?
39:43Encore à l'heure actuelle,
39:44bien sûr.
39:45Tu as rompu tout lien
39:46avec la famille ?
39:46Avec cette famille-là,
39:47oui, bien sûr.
39:48Moi, j'étais convaincue,
39:49j'étais un petit peu
39:49dans ma bulle,
39:50dans ma bulle
39:50du secret et du mensonge.
39:52J'étais convaincue
39:53que les gens autour de moi
39:54me veulent du mal,
39:55que si jamais j'ose parler,
39:56ça va me détruire.
39:57Dès que tu commences
39:57à parler d'inceste,
39:58les gens se cachent derrière.
39:59Ça fait peur
40:00parce qu'on se dit
40:01que ça peut être n'importe qui,
40:02ça peut être ton voisin,
40:02ça peut être ton père,
40:03ton oncle, ton frère,
40:04ça peut être aussi des femmes.
40:05On n'en a pas parlé
40:06aujourd'hui dans la vidéo,
40:07mais il y a aussi des hommes
40:08qui sont victimes d'inceste.
40:09Absolument.
40:09Mon conjoint a été
40:10une victime d'inceste.
40:11D'avoir aussi moi-même
40:12pu libérer cette parole,
40:13ça a permis
40:14même à des membres
40:15de ma famille
40:16de libérer aussi la parole.
40:17C'est incroyable
40:18le nombre de personnes,
40:19les garçons aussi.
40:20Et je pense que les chiffres
40:21des garçons sont sous-estimés
40:22puisque si c'est tabou
40:23pour les filles,
40:24en fait,
40:24ça l'est encore plus
40:25pour les garçons.
40:26Comment repérer un inceste ?
40:27C'est important de savoir
40:28que nous sommes tous responsables
40:29de tous les enfants
40:30et adolescents.
40:31À partir de cette responsabilité,
40:32c'est important de percevoir
40:33les signes et symptômes
40:35que les enfants
40:35peuvent du coup
40:36faire paraître
40:37sans verbaliser.
40:38L'enfant parle toujours
40:39qu'il est victime.
40:40C'est juste qu'il ne sait pas
40:41mettre des mots dessus.
40:42Par exemple,
40:43un enfant que subitement
40:44change complètement
40:45de comportement,
40:46devient agressif,
40:47commence à se masturber
40:48de manière compulsive,
40:49se met dans des jeux sexuels
40:51avec d'autres enfants.
40:52Ce n'est pas parce qu'il fait
40:53ces choses-là
40:53que je viens de dire
40:54qu'automatiquement,
40:55il est victime de violences sexuelles.
40:56Il peut être aussi victime
40:57du fait de regarder
40:58de la pornographie,
40:59mais dans tous les cas,
41:00c'est important de ne pas
41:00écarter la possibilité
41:02de violences sexuelles.
41:03Et les symptômes aussi,
41:05l'enfant qui se plaint beaucoup,
41:06qui a mal au ventre,
41:07par exemple,
41:08alors que c'était inhabituel.
41:09Bien sûr,
41:10il faut amener l'enfant
41:10à consulter un médecin,
41:12un pédiatre
41:12pour voir s'il y a
41:14d'autres causes.
41:15Mais à partir du moment
41:16où on élimine
41:16toutes les autres causes
41:17et qu'il n'y a pas d'explication,
41:18c'est quelque chose
41:19à prendre en considération.
41:20Ou les choses
41:20que l'enfant va faire,
41:21comme le dégoût,
41:22par exemple,
41:22un enfant qui est forcé
41:23à faire une fellation
41:25peut commencer
41:25d'un coup
41:26à ne plus vouloir manger.
41:28Dès qu'il y a un bouleversement,
41:29un changement,
41:30on se pose des questions.
41:31Exactement.
41:32Quelle a été pour toi
41:32la solution pour t'en sortir ?
41:34C'est le fait d'avoir
41:34construit une famille,
41:35c'est le fait de faire du sport.
41:36Qu'est-ce qui t'aide
41:37aujourd'hui à passer à la suite ?
41:39Ce que tu as dit,
41:39il y a plein de choses
41:40qui sont justes.
41:41La famille, le sport,
41:42effectivement.
41:43Tu as fait du sport
41:43sur ma chaîne secondaire,
41:44c'est ça ?
41:44J'en ai fait,
41:45effectivement,
41:45il y a quelques années.
41:46Pendant le confinement ou pas ?
41:47Je crois que c'était
41:48un tout petit peu avant
41:48le confinement.
41:49Ça fait partie des choses
41:50que j'aime beaucoup faire,
41:51faire du sport à la maison.
41:52Là où j'habite,
41:53il n'y a pas de salle
41:53et puis j'aime bien faire ça
41:54quand j'ai envie.
41:55Bien sûr.
41:56Je sors mon tapis
41:57et puis je mets tes vidéos
41:58et je trouve ça super.
41:59C'est trop bien.
42:00Avec plaisir.
42:01Avec mes enfants et tout.
42:02C'est vrai ?
42:02Oui, elles adorent.
42:03Je suis partie en thérapie,
42:04psychothérapie avec psychologues,
42:06faire de l'hypnose,
42:08de la sophrologie,
42:09l'EFT,
42:10des tas de choses
42:11que j'ai mis en place.
42:13Le sport,
42:13mais là,
42:14c'est moi-même,
42:14des choses que j'ai...
42:15Ça t'a fait du bien
42:15de faire du sport.
42:16Énormément.
42:17Ça permet de se réapproprier
42:18le corps
42:18et le plaisir que je ressens
42:20après.
42:20Ça procure de la détente,
42:22du bien-être,
42:23au niveau de l'image
42:23de moi-même aussi.
42:25Comment je regarde ce physique ?
42:26Ça m'aide plus.
42:26Trop bien.
42:27La première étape,
42:28ça a été effectivement
42:28quand j'étais enceinte,
42:29que j'ai parlé
42:30et d'avoir été bien reçue.
42:32Ça, c'était vraiment fondamental
42:33dans mon départ de reconstruction.
42:35Mais j'étais encore
42:35dans une partie de déni.
42:36C'est vraiment là,
42:37quand j'ai commencé
42:38à en parler vraiment
42:38sur les réseaux sociaux
42:39et en faire un cheval de bataille
42:41et devenir presque militante,
42:42que j'ai pris conscience
42:43des liens
42:44entre les problèmes
42:45que je vivais et l'inceste.
42:46Je ne faisais pas encore
42:47ce lien-là.
42:48Les insomnies,
42:48les addictions,
42:49les difficultés relationnelles
42:50au sein de mon couple.
42:51Effectivement,
42:51ce qui m'a aidée
42:52à me reconstruire,
42:53c'est d'avoir pris conscience
42:54que ça venait de là
42:55et de faire ce travail
42:56spécifiquement sur mon passé
42:57pour pouvoir aujourd'hui
42:58être beaucoup plus sereine.
42:59D'abord,
43:00ma thérapie pour moi
43:00et la thérapie
43:01que j'apporte aux autres aussi.
43:02Aider les autres,
43:03ça t'aide à aller mieux toi-même.
43:04Oui, énormément.
43:05Je me rends compte
43:05de qui est l'agresseur,
43:06qui est la victime,
43:07de qui doit avoir honte,
43:15dans mon cœur aussi.
43:16Ça m'a fait beaucoup de bien.
43:17Naturellement,
43:18après,
43:18j'ai été prise en charge
43:19par un thérapeute.
43:20Déjà,
43:20j'ai eu une superbe
43:21médecin traitant
43:22qui a été très réceptive
43:23déjà à mon témoignage.
43:25Elle est fière
43:25de voir aussi l'évolution
43:26que j'ai eue.
43:27Quelque part,
43:28je pense qu'en tant que médecin,
43:29il y a une fierté
43:29de se dire que j'ai participé
43:30à sa reconstruction,
43:31le fait qu'elle aille bien aujourd'hui,
43:32que tu aies fondé une famille.
43:34Exactement.
43:34En stress post-traumatique,
43:35j'ai eu comme séquelle
43:36justement le fait
43:37de ne pas toujours bien savoir
43:38doser mes réactions
43:39et mon comportement
43:40face à des situations
43:41que je jugeais injustes.
43:42Des gens qui tiennent
43:42des propos racistes
43:43ou qui minimisent
43:43les violences sexuelles.
43:44J'ai envie de leur dire
43:45« Mais gars,
43:45tu ne connais rien,
43:46tu juges un truc,
43:47tu es à l'OS total. »
43:48De suite,
43:48tu vas comme c'est aussi
43:49le combat que tu portes,
43:50tu vas lui rentrer dedans.
43:52Plus maintenant,
43:53plus maintenant.
43:53Mais en tout cas,
43:54avant,
43:54j'avais cette non-gestion
43:56de la colère.
43:56C'est normal, ouais.
43:57La colère,
43:57elle venait tout de suite
43:58parce que je n'avais pas réglé
43:59mes problèmes aussi intérieurs.
44:01Voilà,
44:01j'ai pris soin de moi
44:02et maintenant,
44:03j'ai envie de porter le message
44:04pour les autres,
44:05pour libérer la parole
44:05parce que je ne peux pas concevoir
44:06qu'en 2022,
44:07on se sent encore
44:08tous les jours,
44:09il se passe des horreurs,
44:10tous les jours,
44:10il se passe des atrocités.
44:11Ça, c'est un vrai sujet.
44:12Si tu avais un conseil
44:13à donner aux parents
44:14qui vont regarder la vidéo YouTube
44:15pour mieux communiquer
44:16avec leur enfant ?
44:17La meilleure manière
44:18de pouvoir communiquer
44:19avec son enfant,
44:20c'est déjà de l'écouter.
44:21C'est d'adopter
44:22une éducation bienveillante,
44:24respectueuse de l'enfant,
44:25sans violence éducative ordinaire.
44:27C'est très important
44:28parce que l'enfant
44:28qui voit son parent
44:29comme quelqu'un
44:30qui est dans la punition,
44:31si je suis enfant
44:32et qu'on me punit
44:33parce que j'ai renversé un verre,
44:35parce que je fais des bêtises,
44:36etc.,
44:37quand on me touche mon intimité,
44:38alors on va faire quoi ?
44:39Attention,
44:40je ne suis pas là
44:40en train de vouloir
44:41culpabiliser des parents
44:42qui sont dans un système violent.
44:44Moi, la première,
44:44je ne suis pas parfaite,
44:46d'accord ?
44:46Et malgré les connaissances que j'ai,
44:47il m'arrive
44:48d'osser le ton avec mes enfants,
44:49mais je m'excuse derrière
44:50et de sortir de cette idée
44:52que l'enfant
44:52doit se soumettre à l'adulte
44:54et que l'adulte a toujours raison.
44:56Non, l'adulte n'a pas toujours raison
44:57parce que si on donne cette idée
44:58à l'enfant
44:59que l'adulte a toujours raison,
45:00s'il se passe quelque chose de grave
45:01comme en cas de violence sexuelle,
45:04eh bien, l'enfant prendra ça
45:05comme quelque chose
45:06que l'adulte a raison
45:07de faire ça sûrement.
45:08Donc, bien sûr,
45:09c'est assez raccourci
45:10ce que je dis là.
45:10Ça demande des connaissances,
45:12des compétences.
45:13Ça fera réfléchir
45:13beaucoup de gens
45:14qui vont regarder la vidéo YouTube,
45:15en tout cas.
45:15Il y a beaucoup de gens
45:16qui vont voir la vidéo YouTube.
45:17Peut-être que parmi ces gens
45:18qui vont la regarder,
45:19il y a des personnes
45:20qui sont victimes d'inceste
45:21ou qui se rendent compte
45:22en nous écoutant aujourd'hui
45:23qu'elles sont victimes d'inceste.
45:24Comment elles doivent réagir ?
45:25Qu'est-ce qu'elles doivent faire là maintenant ?
45:26C'est une question
45:27qui n'est pas simple.
45:28La première chose,
45:29je vous conseille de ne pas rester seule.
45:30Ça, c'est hyper important.
45:32Évidemment, c'est pas évident de...
45:33En parler à qui, oui ?
45:34Oui, c'est ça,
45:34parce qu'il faut pouvoir
45:36se sentir prêt à le faire.
45:37C'est facile de dire
45:38il faut libérer la parole,
45:39il faut parler.
45:40Il n'y a pas d'injonction déjà
45:41parce que ça, c'est important aussi
45:42de pouvoir en parler.
45:43Donc, on ne peut pas dire
45:44tu dois parler.
45:45C'est vrai que c'est important,
45:46mais c'est à son temps.
45:47C'est chacun à son temps,
45:47chacun comment on se sent.
45:49Pouvoir aussi mesurer
45:50avec qui on peut en parler
45:51parce que ça peut être
45:52très, très violent
45:52de se retrouver face à quelqu'un
45:54qui ne sera pas capable
45:55de recevoir sa parole.
45:55Qui dit, c'est pas vrai.
45:56Ça peut être un double traumatisme énorme.
45:58Ouais, c'est vrai.
45:58Parce qu'il y a le trauma,
45:59j'ai été violée par exemple
46:00et puis, en plus,
46:02si je ne suis pas reçue,
46:02si on me dit
46:03si on me croit pas,
46:04si on me dit que tu es menteuse,
46:04si on me croit pas,
46:05c'est terrible.
46:06Ça peut dévester totalement.
46:07Peut-être ça peut être
46:08une copine, un copain déjà.
46:09Peut-être les parents
46:10des fois des copains,
46:10des copines
46:11ou le prof peut-être.
46:13Il y a des gens
46:13qui se suicident tout simplement
46:14par rapport à...
46:15Des victimes d'inceste.
46:15Des victimes d'inceste
46:16qui se suicident.
46:17Il y a des parcours
46:18qui sont vraiment dramatiques.
46:19Il y a des associations
46:20qui sont super.
46:20J'ai été formée par l'association
46:22Stop aux violences sexuelles
46:23par exemple.
46:23Il y a des antennes
46:24un petit peu partout dans la France.
46:25Je viens de fonder une association
46:26mais elle est vraiment toute jeune.
46:27Comment elle s'appelle ?
46:28C'est Association Tessie.
46:30Tessie, tous ensemble
46:31contre l'inceste
46:32et les violences intrafamiliales.
46:33Dans les Landes à gabarit,
46:34donc c'est entre
46:34l'Ande et le Gers.
46:35On est vraiment au début.
46:37Ça fait quelques mois
46:38qu'on a créé l'association.
46:39C'est à viser vraiment
46:40de prévention.
46:41Ce n'est pas un truc
46:42qui est anecdotique
46:43mais au contraire,
46:44ça fait partie de la vie
46:44du quotidien
46:45et qu'il y a deux à trois enfants
46:47par classe de CM2 par exemple.
46:48Et ça, c'est que des chiffres officiels.
46:49Qui sont victimes d'inceste.
46:50Voilà.
46:50Moi, à mon avis,
46:51il y a beaucoup plus à l'idée.
46:52C'est vraiment de créer
46:52une visibilité
46:53à ce thème de l'inceste
46:55qui est tellement...
46:57Tabou.
46:57Tabou et glauque
46:58et qui fait peur.
46:59Et donc, j'aimerais vraiment
47:00créer des événements
47:00qui soient presque festifs.
47:02Ça peut paraître paradoxal
47:03et bargeau de penser ça.
47:04Je veux créer un village Tessie.
47:06C'est-à-dire,
47:07il faut de plus que des parents
47:08pour protéger un enfant
47:09et le prévenir
47:09de toutes ces violences-là.
47:10Mais tout un village en fait.
47:11Que ce soit les violences conjugales,
47:12l'inceste,
47:13les violences sur les enfants
47:14et maltraitance,
47:14on se dit,
47:15ça se passe chez les gens.
47:16Ça ne nous regarde pas.
47:16Mais si, ça nous regarde tous en fait.
47:18Et c'est vraiment ça
47:18que je veux porter
47:19avec mon association.
47:20Plein de réussite en tout cas
47:20pour l'association.
47:21Merci.
47:21Est-ce qu'aujourd'hui,
47:22tu pourrais pardonner à ton père ?
47:23Une question qui est très compliquée.
47:25Une question très compliquée
47:26que je me suis déjà posée
47:27plusieurs fois.
47:28C'est plus facile
47:28de pardonner quelqu'un
47:29qui vous a présenté ses excuses,
47:31qui s'est remis en question.
47:32Là, de mon père,
47:33je n'ai obtenu rien.
47:33Il a fait preuve
47:34d'une immaturité totale.
47:36Je m'en rends d'autant plus compte maintenant.
47:37Il a reconnu les faits
47:38mais qui étaient prescrits.
47:39Tu reconnais des choses
47:39pour lesquelles tu sais
47:40qu'il ne va pas être poursuivi judiciairement.
47:41Ça en dit long.
47:42Aujourd'hui,
47:42je ne suis pas dans cette réflexion
47:44de est-ce que je le pardonne ou pas.
47:44En fait, aujourd'hui,
47:45j'accepte ce qui m'est arrivé.
47:46Est-ce que tu pourrais pardonner
47:48à ton père aujourd'hui ?
47:49Je me suis souvent dit
47:50que de toute façon,
47:51je n'avais aucune colère
47:53contre mon père.
47:53J'ai eu beaucoup de mal
47:54à conscientiser l'énormité du crime
47:56qu'il a pu commettre sur moi.
47:58J'ai cru à un moment donné
47:59que je n'avais rien à pardonner.
48:01Quand j'ai pris conscience des choses,
48:02quand j'ai vu que c'était
48:03si compliqué pour moi
48:04de vivre des choses
48:05très simples pour n'importe qui.
48:07Trouver un travail stable,
48:08passer mon permis,
48:09ça a été très compliqué pour moi
48:10et je suis convaincue
48:10que c'est lié à ça
48:11parce que je n'ai pas de conscience
48:12de mon corps,
48:13je n'arrivais pas à ordonner
48:14quoi que ce soit.
48:15De parler avec toi, par exemple,
48:16c'est un défi pour moi
48:17mais maintenant,
48:18je pense que je suis très, très fière
48:20de ce que je fais.
48:20Ah bah oui, ça se passe.
48:21Bien sûr, bah oui.
48:22Et leur pardonner,
48:23je pense que je ne suis pas
48:23complètement, complètement.
48:24Maintenant que j'ai conscience
48:25de plus en plus du crime
48:27qu'ils ont commis,
48:27pour mon père, par exemple,
48:28il est mort
48:29donc aujourd'hui,
48:30il a payé sa dette
48:30d'une certaine manière.
48:31Et ton oncle,
48:32il est toujours vivant ?
48:32Il est toujours vivant, oui.
48:33Tu l'as re-rencontré depuis ou pas ?
48:34J'ai pu le rencontrer
48:35à des événements familiaux.
48:37Je ne lui ai pas parlé
48:38face à face.
48:38On s'est envoyé des messages.
48:40Il sait que je sais,
48:40je sais qu'il sait que je sais.
48:42Il s'est excusé
48:43et ça, ça a été énorme
48:44pour toutes les étapes
48:46de reconstruction,
48:47que ce soit mon père
48:48ou mon oncle,
48:48ils se sont tous les deux excusés.
48:49Avoué, mon père,
48:50il était déjà mourant
48:51quand je l'ai contacté.
48:52Il m'a dit
48:58je suis désolé
48:58si je t'ai fait de la peine
48:59ou si je t'ai fait du mal.
49:00Déjà, c'était pas mal.
49:01Il manquait quelque chose
49:02mais il s'est rattrapé immédiatement
49:03en disant
49:03je suis vraiment désolé
49:05de t'avoir fait tant de mal.
49:06Il y a une nuance
49:06qui semble infime
49:07mais qui est hyper importante
49:08et qu'il a vraiment pris
49:09la responsabilité
49:10de ce qu'il a fait.
49:11Félicitations en tout cas
49:12pour tout le parcours
49:12que tu as accompli.
49:13Est-ce que toi,
49:14tu te verrais aujourd'hui
49:14pardonner à ton cousin,
49:16à ta cousine ?
49:16J'ai déjà pardonné.
49:17D'accord, ok.
49:18Pardonner ne signifie pas
49:19être d'accord
49:20avec ce qui s'est passé.
49:20Je ne m'accroche pas
49:21uniquement à ce que j'ai vécu.
49:23Et puis ce que j'ai vécu
49:23m'a permis de faire
49:24des choses aujourd'hui
49:26qui sont merveilleuses
49:27pour pouvoir aider
49:28les autres enfants.
49:28Et la force que tu as aussi
49:29aujourd'hui.
49:30Exactement.
49:30La personne qui ne pardonne pas
49:32et c'est mon avis personnel,
49:33elle porte en elle
49:34finalement un poids très lourd.
49:36Que ce soit de la colère,
49:37de la haine,
49:37de la rage, etc.
49:38Et en fait,
49:39moi je n'avais pas envie
49:39de vivre avec ça.
49:40Je me suis dit
49:40mince, le coupable c'est lui.
49:41Pourquoi je porte ça en moi ?
49:42Pourquoi cette rage
49:43qui me ronge ?
49:50Je me suis aussi de ce que je suis
49:50mais ça ne définit pas
49:51celle que je suis.
49:52Ce n'est pas quelqu'un
49:53que je veux en voir dans ma vie.
49:54Ça c'est certain.
49:55Ce n'est pas mon ami
49:56mais ce n'est pas mon ennemi.
49:57Je me suis libérée de ça
49:58et pour moi c'est ça le pardon.
49:58Tu sais des fois
49:59on me pose la question
50:00est-ce que tu changerais
50:01quelque chose à ta vie ?
50:01Si tu avais une baguette magique
50:02et que tu pouvais revenir en arrière.
50:04Ça va peut-être choquer des personnes
50:05mais en fait moi je dirais
50:06que non, je ne changerais rien.
50:07Parce qu'aujourd'hui
50:07je suis fière de la personne
50:09que je suis devenue.
50:09Je suis fière des outils,
50:11des compétences,
50:12de la force que ça m'a donné
50:14et c'est ça que je veux véhiculer
50:15en fait aux autres.
50:16J'ai rencontré des personnes
50:16tellement formidables
50:17dans mon parcours
50:17que je ne l'aurais jamais rencontré
50:19si je n'avais pas eu
50:20ce parcours si chaotique.
50:21C'est beau.
50:22C'est incroyable.
50:23Maintenant je veux le partager
50:24aux autres.
50:24C'est pour ça qu'on est là.
50:25Je voulais vraiment te remercier
50:26pour ça parce que cet espace
50:27que tu nous donnes
50:28c'est vraiment hyper important
50:30donc je te remercie
50:30d'avoir ce projet.
50:31C'est un sujet qui me tenait à cœur
50:32et aujourd'hui
50:33comme on dit
50:34ce n'est pas un combat
50:35qui est terminé
50:36donc il y a encore
50:37des choses à faire.
50:37C'est clair.
50:38Merci beaucoup Thibaut.
50:38Trop bien.
50:39Bon courage à toi.
50:39Merci beaucoup en tout cas.
50:40Merci à toi Thibaut.
50:41Merci beaucoup.
50:42Merci Thibaut.
50:43Merci, bravo.
50:45Comment tu te sens ?
50:46Bien mais je suis hyper frustrée
50:47parce que j'ai plein de trucs
50:48à dire encore.
50:49C'est vrai, c'est vrai ?
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