Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Avec Stéphane de Bourgies, photographe

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##LE_GRAND_DEBRIEF-2025-11-13##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Les attentats du 13 novembre 2015, Stéphane de Bourgie est avec nous.
00:05Vous avez perdu votre épouse ce soir-là.
00:08Bonjour Stéphane de Bourgie.
00:10Bonjour Patrick.
00:11Vous êtes très connu parce que vous êtes un grand photographe.
00:15Oui, un mètre 88.
00:17Voilà, c'est vrai, les plus grandes stars viennent devant votre objectif,
00:22je pense en fait à Sting, beaucoup d'autres, des politiques, des chefs, etc.
00:26Revenons donc au 13 novembre 2015.
00:31Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:32Vous, vous n'étiez pas en France quand ça s'est produit.
00:35Non, moi j'étais à l'autre bout du monde, j'étais en Chine pour un client,
00:40je faisais des portraits là-bas et j'ai été prévenu par un de mes frères au téléphone
00:45alors que j'avais eu ma femme juste avant, la veille, et tout allait bien.
00:49Oui, le soir même, vous avez votre femme Véronique au téléphone.
00:54J'ai appelé Véronique pour lui donner des nouvelles de ma première journée de prise de vue à Shanghai
01:00et j'avais pris un avion le soir pour aller à Guangzhou pour recommencer d'autres photos le vendredi à Guangzhou
01:09et voilà, elle est arrivée à mon hôtel dans la nuit, je l'ai appelée, parce qu'avec le décage horaire, voilà.
01:16Et elle m'a dit que tout allait bien, que les enfants jouaient dans leur chambre, que...
01:20Vous aviez deux enfants de 12 et 15 ans.
01:22Ils avaient 12 ans et demi et 15 ans, ce sont deux enfants qu'on a adoptés à Madagascar,
01:28qui sont des amours, voilà.
01:30Et donc voilà, j'ai pris des nouvelles.
01:33Et elle, elle vous dit, tout va bien, mais elle va sortir, non ?
01:38Voilà, et elle me dit, écoute, je vais te laisser parce que là, il y a Richard et Véronique qui arrivent
01:43et on va dîner.
01:47Bon, mais très bien.
01:49Et je lui dis, bisous à lundi, ciao.
01:52Voilà.
01:53Et moi, comme je...
01:55Enfin, Véronique cuisinait très bien, quand elle m'a dit, je te laisse, on va dîner,
01:59j'ai compris que voilà, ils allaient passer à table.
02:01Donc je m'endors et le lendemain, très tôt, je suis réveillé par mon frère qui lui était à Miami
02:09et qui me dit, Stéphane, t'es au courant de ce qui se passe ?
02:16Je dis, ben, ah oui, je venais de me réveiller, oui, c'est ça, je venais de me réveiller,
02:20j'avais allumé mon téléphone et là, bip, bip, bip, bip, bip, il y avait...
02:24Ça sonnait des messages partout.
02:27Je dis, mais c'est quoi ça ?
02:29Et j'ouvre les infos, je vois les attentats, tout ça, et je me dis...
02:33Je vois Rue de Charonne en plus et je me dis, ouf, j'ai vu Véron, elle était à la maison, ouf.
02:39Parce que vous habitez dans le quartier à Bastille.
02:41Ouais, on habite juste à côté.
02:43Et à ce moment-là, mon téléphone sonne, c'était mon frère qui était lui aussi un peu à l'autre bout du monde,
02:50à Miami, et qui me dit, Stéphane, t'es au courant de ce qui s'est passé ?
02:54Je lui dis, je viens d'ouvrir les infos sur mon téléphone, oui, je vois les attentats à Paris, là.
03:01Et il me dit, non, mais tu es au courant pour Véronique ?
03:03J'ai dit, ben oui, je l'ai eu au téléphone, elle dînait à la maison avec des amis.
03:07Il me dit, non, elle dînait pas à la maison.
03:10Et elle est morte.
03:12Parce qu'elle était sortie avec ses amis.
03:14Parce qu'elle était sortie.
03:15Au restaurant, la belle équipe.
03:16Voilà, la belle équipe, Rue de Charonne.
03:18Et en plus, après, j'ai appris par ses amis que Véronique les emmène d'abord dans un autre restaurant,
03:26Rue de Charonne, qui est excellent.
03:28Et là, elle entre, ils n'avaient pas réservé, mais elle essaye.
03:31Et on lui dit, ah ben désolé, il n'y a pas de place.
03:33Et du coup, elle dit, bon ben, c'est pas grave, on va aller à la belle équipe.
03:38Vous voyez, comme quoi, ça tient à un peu de choses, quoi.
03:40C'est épouvantable, quoi.
03:42Il y aurait de la place dans le premier restaurant, ben, je serais pas là aujourd'hui.
03:45Oui.
03:46Et ses deux amis, et ses deux amis, qui, eux, n'ont pas été touchés par les...
03:51Eux, n'ont pas été touchés, parce qu'ils m'ont raconté qu'en fait,
03:54donc, il y a un type qui s'est mis dans la rue,
03:59qui a commencé à tirer avec sa kashnikov.
04:01Il a battu, déjà, tous les gens qui dînaient dehors à une table.
04:05Les balles ont pulvérisé la vitrine du restaurant.
04:08Et eux, ils m'ont raconté qu'ils ont tous commencé à se cacher sous la table.
04:14Et ils m'ont dit qu'en fait, Véronique, avant d'être vraiment protégée par la table,
04:19elle s'est penchée, et en se penchant, elle s'est prise une balle sous l'aisselle
04:23qui lui a traversé les poumons, le cœur et tout ça, et elle s'est écroulée par terre.
04:29Et voilà, mes amis savaient pas trop quoi faire, ils sont pas médecins, quoi.
04:33Et très vite, ils ont entendu les pompiers arriver.
04:35Donc, ils les ont appelés, parce qu'ils s'occupaient de tous les gens
04:39qui avaient été fusillés, déjà, sur le trottoir.
04:43Et vos deux enfants, qui les a prévenus ?
04:46Et alors, nos deux enfants, en fait, j'ai appris après que mes enfants,
04:52qui, eux, étaient sur leur tablette, je sais pas quoi,
04:54et puis, boum, les infos prennent le dessus en disant,
04:59voilà, attentat dans tous les restaurants,
05:04et puis en Bataclan, tout ça, et à la baie équipe.
05:07Et là, mes enfants entendent ça, au Charon, ils connaissaient bien,
05:10donc ils appellent leur maman, ils appellent, ils appellent, ils appellent,
05:13elle répondait pas, elle était morte par terre.
05:16Et à ce moment-là, donc, mes amis, qui dînaient avec elle,
05:24donc, elle s'est éteinte sous la tente des secouristes, des pompiers, quoi.
05:30Et ils ont voulu rentrer à la maison.
05:32À ce moment-là, les journalistes leur ont sauté dessus,
05:34ont commencé à les questionner, ils ont dit, écoutez,
05:37il faut qu'on y aille, parce que le mari de la dame qui est là,
05:41il est à l'étranger, et leurs deux enfants sont tous seuls à la maison.
05:44Donc, il faut nous laisser partir.
05:46Bon, le mari, ma copine a dit,
05:49bon, j'ai enlevé ma veste qui était pleine de sang,
05:51il a jeté une poubelle dans la rue,
05:53ils sont arrivés à la maison,
05:56ils avaient un double des clés,
05:57parce qu'ils venaient passer le week-end,
05:58et Véronique leur avait laissé un double.
06:01Et ils tournent la serrure,
06:03et là, mes enfants entendent le bruit dans la serrure,
06:06et ils se précipitent en disant, super, maman, reviens.
06:09Et ils regardent, ils voient les deux,
06:11ils disent, maman, où est-ce qu'elle est ?
06:12Et mes amis répondent, ben, maman, elle reviendra pas.
06:15Elle ne reviendra pas, oui.
06:18Stéphane de Bourget, il dit dix ans après,
06:20puisque nous sommes dix ans après,
06:21comment vous avez fait pour vous reconstruire ?
06:24Est-ce qu'on peut se reconstruire, d'ailleurs,
06:25avec vos deux enfants ?
06:27Oui, je crois que la clé de tout,
06:30c'est l'amour, avec mes enfants et mes frères et sœurs,
06:34puisque, bon, j'ai plus de parents depuis longtemps déjà,
06:36mais mes frères et sœurs sont très proches,
06:39et avec mes enfants, on s'adore.
06:43Et puis, on a grandi, tous les quatre,
06:46avec Véronique et nos deux enfants,
06:48dans l'amour, dans un amour très fort.
06:50Et ça, je dois dire que ça construit.
06:54Ça rend très fort, l'amour.
06:56Et aujourd'hui, si on tient debout,
06:58c'est grâce à l'amour qu'on a échangé
07:00avec Véronique et nos deux enfants.
07:02Et mes frères et sœurs aussi,
07:04ils ont tenu après la mort de nos parents,
07:06et ils sont venus m'aider,
07:08ils sont toujours là, à mes côtés,
07:09aux côtés de mes enfants.
07:12Même s'il y a des épreuves,
07:13ça, c'est une épreuve, en fait, terrible.
07:15Et puis, après, on sait que psychologiquement,
07:17c'est dur.
07:18Oui, mais on sait déjà, je sais que Véronique,
07:20elle aimerait pas qu'on soit pas bien.
07:22Donc déjà, on tient debout,
07:23aussi pour elle.
07:25Et puis, parce que, malgré tout ça,
07:28la vie reste belle,
07:29parce qu'il y a des belles personnes
07:30autour de nous.
07:32Et voilà, moi, de plus en plus,
07:34j'ai trouvé une phrase toute bête,
07:36mais qui veut dire ce qu'il veut dire,
07:37c'est aujourd'hui, moi, c'est éviter les cons.
07:41Donc, j'ai envie.
07:42Mais non, mais on est souvent un peu envahis
07:44de gens qui sont jaloux, méchants, tout ça.
07:47Maintenant, je veux plus m'entourer
07:49que de gens qui me font du bien.
07:51Et mes enfants, c'est pareil, quoi.
07:54Oui, c'est comme ça qu'on réussit,
07:56effectivement, à tenir, à vivre.
07:59Et sur les...
08:00Et mon métier aussi.
08:01Et votre métier, parce que vous êtes toujours photographe.
08:03Et vous avez poursuivi aussi, d'ailleurs,
08:05l'association qu'avait montée votre épouse, en fait.
08:08Voilà, oui, oui.
08:09Enfin, c'est une association qu'on avait montée ensemble
08:11quand on a adopté nos enfants.
08:12On s'est dit, voilà, on ramène deux enfants.
08:16Enfin, déjà, c'était au moment où on a adopté notre fille,
08:18notre première fille.
08:20Donc, on s'est dit, on ramène un enfant de Madagascar,
08:23mais on ne peut pas oublier les autres qui restent là-bas.
08:25Donc, on a monté une association,
08:27donc en 2000.
08:28Et là, quand Véronique a été tuée,
08:34je me suis dit, je ne peux pas laisser tomber l'association.
08:37C'est un peu comme notre troisième enfant, vous voyez.
08:39Oui.
08:40Et là, ce qui s'est passé, c'est que moi,
08:44il fallait que je gère la douleur de mes deux enfants,
08:47que je gère ma douleur à moi,
08:49et que je continue à travailler, comme je suis indépendant.
08:52Je n'ai pas de salaire.
08:52Il fallait que je fasse les photos.
08:54Et je me suis dit, je n'ai pas le temps d'aller voir les sociétés,
08:58chercher de l'argent à droite à gauche,
08:59comme faisait Véronique, super bien,
09:01mais moi, je n'avais pas le temps, quoi.
09:03Et en fait, comme dans mon métier,
09:06je photographie énormément de...
09:09Enfin, tous les grands chefs français,
09:11ils ont tous été super autour de moi,
09:13ils m'ont dit, Steph, comment on peut t'aider, tout ça ?
09:15Et je leur ai dit, si on montait un dîner caritatif.
09:18Et voilà, donc depuis dix ans,
09:20bon, enfin, on a fait une année,
09:22j'étais à l'hôpital, et une autre année,
09:24il y a eu le Covid,
09:25mais sinon, chaque année, on fait un dîner.
09:28Là, on l'a fait il y a trois jours.
09:31Et ça s'est merveilleusement bien passé.
09:34Et voilà, je fais venir des gens fluents,
09:38et voilà, il y a des lots à vendre.
09:40Oui, voilà, pour continuer,
09:43évidemment, garder la bonne image,
09:47et puis essayer d'avancer à partir de ça.
09:50Et Stéphane de Borgi, par rapport aux tueurs,
09:53aux terroristes aussi,
09:55vous leur en voulez ?
09:56Qu'est-ce que vous avez...
09:57Non, alors ça...
09:58Parce que certains ont de la haine...
10:00On m'a souvent posé la question,
10:01je n'ai aucune haine.
10:02Oui.
10:03Et j'ai analysé, je me suis dit,
10:04mais pourquoi je n'ai pas de haine ?
10:05Et je sais.
10:06Parce que, pour moi, la haine,
10:08c'est une perte de temps.
10:10Qu'est-ce que je vais faire ?
10:11Je vais consacrer l'énergie
10:13à essayer de retrouver ces mecs,
10:15à ne pas les aimer.
10:16Et alors, un jour,
10:17je vais m'en trouver en face d'un mec,
10:19il va lui encore sortir sa cage nicoff
10:22et me tuer.
10:22Donc, ça ne sert à rien.
10:25Je préfère mon énergie,
10:26la consacrer à mes enfants.
10:29Voilà, en premier.
10:30Et puis, à moi, juste après,
10:32et mon travail.
10:34Mais, aller perdre du temps
10:36après ces mecs-là,
10:37non, ils ne m'intéressent pas.
10:39Je ne veux même pas savoir
10:40ce qu'ils deviennent et tout.
10:41Des gens qui ont été embrigadés,
10:42qui ont été empris...
10:43Oui, mais ça ne m'intéresse vraiment pas.
10:45J'aime la vie,
10:47j'aime les gens qui m'entourent
10:48et je préfère consacrer mon énergie
10:50à du positif,
10:53à des belles choses,
10:54avec des belles personnes.
10:56Parce que, qu'est-ce que je vais faire,
10:57moi, à courir après ces mecs ?
10:58C'est le travail de la police
11:00et du gouvernement.
11:02Chacun son truc.
11:03Moi, je suis père de famille,
11:04mes enfants ont souffert,
11:06mon job, c'est de m'occuper de mes enfants.
11:08Pas des terroristes.
11:09Vous avez parlé du gouvernement,
11:10des politiques.
11:10On s'est occupé de vous suffisamment ou pas ?
11:14Oui, oui, ils ont été très bien.
11:17Il y a un truc que j'ai appris
11:18à ce moment-là,
11:19c'est que nous tous,
11:22citoyens et contribuables français,
11:26je ne le savais pas, moi,
11:28mais peut-être que vous ne le savez pas non plus,
11:30sur nos feuilles d'impôt,
11:32on a genre 1% en plus,
11:34on doit payer, je ne sais pas quoi,
11:3530 euros, enfin bref, par an,
11:38qui va sur un fonds d'aide aux victimes
11:41d'attentats.
11:42Ça, je ne savais pas que ça existait.
11:44Et voilà.
11:45Et donc,
11:47toutes les familles de victimes
11:48ont reçu un peu d'argent
11:50et avec mes enfants,
11:51voilà, on a mis ça sur un compte
11:53et moi, je me suis dit,
11:55bon, il n'y a pas de quoi
11:56s'acheter un appartement,
11:57mais j'ai dit à mes enfants,
11:59voilà, si un jour,
12:00vous devez vous installer,
12:01avec cet argent,
12:02ça vous permettra à la banque
12:04peut-être d'emprunter
12:04et ça sera un petit cadeau
12:06de maman, entre guillemets,
12:08quoi, voilà.
12:09Et je trouve que, voilà,
12:11le fait que le gouvernement
12:12ait pensé à ça,
12:13je trouve ça pas mal.
12:14Oui.
12:15Si vous aviez un dernier mot,
12:17un message à faire passer,
12:18justement,
12:1910 ans après,
12:20Stéphane de Borgi,
12:21parce que j'ai vu vous inciter
12:23beaucoup sur l'amour,
12:24la fraternité, en fait.
12:25Oui, oui, pour moi,
12:27je sais pas,
12:28un message,
12:30voilà, non,
12:31mais il faut,
12:33on vit tous ensemble,
12:35ça ne sert à rien
12:37de s'entretuer,
12:39de tout ça.
12:40Moi, je trouve que
12:41ce qui est intéressant,
12:42c'est justement la diversité
12:43chez l'être humain.
12:45Moi, c'est ce que j'aime
12:46quand je photographie les gens,
12:49j'aime rencontrer quelqu'un
12:50qui soit différent de moi
12:52et qui sache faire
12:54ce que moi,
12:54je ne sais pas faire,
12:55c'est pour ça que je photographie
12:56des chefs,
12:57des sportifs,
12:58des grands patrons,
13:00moi, je suis nul là-dedans,
13:01ça m'intéresse.
13:02Et voilà,
13:04rencontrer un arabe,
13:06un juif,
13:06un chinois,
13:08un sénégalais,
13:08tout ça,
13:09ça m'intéresse.
13:10Je trouve que la variété
13:12et la diversité
13:13est au contraire
13:14enrichissante.
13:16Oui.
13:16Donc arrêtons
13:17de nous tirer sur la gueule
13:18et serrons-nous les coudes
13:20et on ira tous
13:21beaucoup mieux.
13:22Merci Stéphane
13:24de Borgé
13:25pour ce témoignage.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

20:34