00:00Il est 16h15, Sabrina Medjabur, Gérard Carrérou, Christophe Bordet, Gauthier Le Brette, Georges Fenech et Olivier Guenet.
00:05On a eu l'analyse judiciaire assez brillante d'ailleurs de Georges Fenech tout à l'heure.
00:10On va voir l'analyse politique de Gérard Carrérou et je ne doute pas qu'elle soit aussi brillante.
00:17Votre analyse de ces 20 jours, cher Gérard ?
00:19D'abord je me réjouis, à titre personnel, je me réjouis de ce qui s'est passé aujourd'hui.
00:24Et je suis heureux pour Nicolas Sarkozy, que j'ai soutenu, je l'ai dit ici, je ne me cache pas, je l'ai soutenu deux fois lors des élections présidentielles.
00:35Et dans cette affaire, je considère qu'il est largement une victime.
00:40Donc ça c'est pour, je dirais, le côté sympathie.
00:43Pour le côté politique, c'est aussi une satisfaction de voir que dans ce match extraordinaire qui s'est engagé en France,
00:54entre les pouvoirs, les fameux pouvoirs de Montesquieu, le législatif, l'exécutif et puis l'autorité judiciaire,
01:01cette bataille qui dure depuis effectivement, depuis Louis XIV, Louis XV, et qui en général s'est traduite,
01:07Oui, oui, c'est Mitterrand qui le disait, et ce n'est pas n'importe qui.
01:10Mitterrand, il avait lu Voltaire, et même Voltaire déjà, dans un livre spécial sur l'histoire du Parlement, raconte tout ça.
01:17Mais dans cette bataille formidable, là maintenant c'est la République, la République, puisqu'on en parle tout le temps avec un grand R,
01:24qui s'oppose à l'autorité judiciaire dont parlait le général de Gaulle.
01:29Et c'est ça l'affaire Sarkozy, au-delà de l'écume des choses.
01:34C'est de savoir comment ça va se conclure. Dans un premier temps, la justice a perdu deux fois.
01:41Première défaite, lorsque le parquet national financier a demandé, a décrit un certain nombre de qualifications pour Sarkozy,
01:52le tribunal a refusé trois sur quatre, les trois plus importantes.
01:56C'était une défaite judiciaire, et tout ça au bout de vingt années, presque vingt années,
02:04qui ont coûté bien cher au trésor public, avec des moyens considérables, on arrive, première défaite.
02:11Aujourd'hui, c'est une deuxième défaite.
02:14Pourquoi ? Ça prouve que le mettre en prison, sous le prétexte de l'exécution provisoire,
02:19n'avait pas lieu d'être, et les juges sont obligés.
02:23Alors évidemment, ils ont la satisfaction, comment dire, un peu horrible, de ceux qui ont fait une mauvaise action.
02:31Ils peuvent se dire, on a mis Sarkozy pendant 21 soirs en prison.
02:36Oui, mais les conséquences, par exemple, je trouve, je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi,
02:40il a échappé à l'humiliation, Nicolas Sarkozy, dans cette séquence.
02:43Est-ce que c'était Sarkozy ? Je pense qu'il fallait effectivement une nature exceptionnelle.
02:48Et la manière dont il est allé en prison, de faire devant les caméras et pas dans le coffre d'une voiture,
02:52comme l'avait fait Bernard Tateau.
02:54La façon dont il a géré cette affaire, ça c'est le côté positif, mais c'est aussi la force du bonhomme.
03:00Ce n'est pas par hasard s'il était devenu président de la République.
03:03Mais si vous voulez, je voudrais juste finir sur les juges.
03:07Au fond, depuis 2017, je prendrai là et je m'arrêterai maintenant,
03:12depuis 2017, la justice a marqué des points en permanence contre les autres pouvoirs et contre le pouvoir politique.
03:20Et l'affaire Fillon en a été évidemment le premier révélateur.
03:23Depuis, elle continue systématiquement toute justice, toute justice confondue.
03:29Le PNF, mais la justice traditionnelle, etc.
03:32Tout ça pour arriver à aujourd'hui, considérer, ils ont eu deux échecs.
03:37Et qu'est-ce qu'ils font ?
03:38Au lieu de dire, on a perdu deux fois, on va un peu se calmer.
03:42Au lieu de ça, ils font quelque chose comme une provocation.
03:46Ce que j'appellerais le coup d'état des juges d'aujourd'hui.
03:50C'est quoi le coup d'état des juges d'aujourd'hui ?
03:52Ils ont été obligés de remettre Sarkozy en liberté, de le sortir de la prison où il n'aurait jamais dû aller.
04:00Mais du coup, ils inventent une nouvelle obligation qui consiste à entrer de plein pied dans la répartation des pouvoirs.
04:08Parce que le pouvoir séparé de l'État, le pouvoir, par exemple, qui contrôle M. Darmanin, ministre...
04:14Oui, je suis trop long, je sais, mais c'est essentiel.
04:17Je m'arrêterai après parce que c'est essentiel.
04:19Ça veut dire que là, il s'attaque maintenant au pouvoir.
04:23Il s'attaque à Darmanin.
04:25Moi, je serais que ce soir...
04:25Moi, j'attends la réaction de Darmanin.
04:26Je serais...
04:27Il a réagi, son entourage a dit que le ministre de la Justice se plierait à cette demande de ne pas croiser Nicolas Sarkozy.
04:34C'est une défaite en race campagne.
04:36C'est une défaite en race campagne.
04:37C'est scandaleux.
04:39C'est scandaleux.
04:39Si j'avais été Darmanin, j'aurais dit que je ne peux pas accepter d'être mis en cause de cette manière.
04:44Et je demande au président de la République d'arbitrer entre moi.
04:47C'est ton président intervenant.
04:48Gérard Caron, pensons d'abord aux auditeurs qui nous connaissent et qui nous écoutent
04:52et qui ne savent pas que le jugement, effectivement, est assorti d'un contrôle judiciaire.
04:58D'ailleurs, un contrôle judiciaire, c'est un contrôle judiciaire pour Nicolas Sarkozy.
05:01Sauf cette partie-là.
05:03Oui, mais c'est même étonnant qu'il y ait un contrôle judiciaire.
05:05Un contrôle judiciaire, c'est classique.
05:08Bon.
05:08Interdiction de rencontrer...
05:09Mais en revanche, interdiction de rencontrer Gérald Darmanin.
05:13Alors, pour Nicolas Sarkozy...
05:14Non, ce n'est pas Gérald Darmanin, vous regarderez.
05:16Le ministre de la Justice, c'est le ministre de la Justice.
05:20C'est-à-dire le successeur d'Armanin, etc.
05:22Bon, j'entends ça.
05:24Alors, je ne sais pas qui ça concerne, si ça concerne Nicolas Sarkozy ou le ministre de la Justice.
05:29Et je suis plutôt enclin à penser que c'est une réponse à la visite de Gérald Darmanin à la prison de la Santé
05:36qui est mal passée par les magistrats.
05:37Mais bien sûr, il y a fois que Darmanin serait corruptible par Nicolas Sarkozy.
05:41C'est ça que ça vous a dit.
05:43Moi, ça me paraît complètement là.
05:45Et bien sûr, c'est un cabinet ridicule.
05:46Pas tous ensemble, nous sommes à la radio.
05:49Donc, Christophe Bordet avait la parole.
05:51Non mais, honnêtement, ça paraît complètement hallucinant que l'on puisse douter quelque part du ministre de la Justice.
06:01Puisqu'il serait corruptible.
06:03C'est ça que ça veut dire, cette décision finalement.
06:05Donc, je ne vois pas comment on peut imaginer un truc pareil.
06:11Donc ça, c'est la première chose.
06:12Et puis, l'autre chose, pardon, mais demain, il y a des cérémonies du 11 novembre.
06:17Moi, je voudrais comprendre une chose.
06:18Si jamais, comme vous l'avez dit tout à l'heure, l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, assiste aux cérémonies,
06:25Gérald Darmanin est là.
06:26Il fait comment ? Il lui tourne le dos pour ne pas lui serrer la main ?
06:29Non mais tout ça est ridicule.
06:30Ils peuvent se serrer la main, mais ils n'ont pas échangé.
06:33Chacun comprendra que c'est devant les caméras.
06:34On ne peut pas échanger avec Gérald Darmanin ou n'importe quel autre ministre de la Justice.
06:39Mais par contre, on peut échanger avec le Président, le Premier Ministre,
06:41qui sont quand même au-dessus du ministre de la Justice.
06:44Là, il n'y a pas de problème.
06:45C'est pourquoi cette décision sera mal comprise, on va le dire comme ça.
06:50C'est pourquoi rien n'est terminé.
06:52Et je pense que l'analyse qui est de dire
06:54la justice vient de donner tort à la justice de première instance
06:58qui avait envoyé Nicolas Sarkozy en prison est trop rapide.
07:02Certes, il y avait trois chefs d'inculpation du PNF sur quatre qui se sont tombés,
07:06mais ils ont quand même envoyé Nicolas Sarkozy derrière les barreaux.
07:09Il y a l'appel. Attendez l'appel.
07:11On va voir, même si ce n'est plus le parquet national financier qui défendra sa cause,
07:17le PNF peut se venger pour essayer de remettre un chef d'inculpation
07:21qui était tombé en première instance.
07:23De voir la justice qui est obligée, parce que moi je le lis comme ça,
07:26de libérer Nicolas Sarkozy de prison,
07:28mais qui met quand même une décision.
07:31Vous ne verrez pas Gérald Darmanin.
07:33Et puis, c'est quand même un règlement de compte avec le ministre de la Justice,
07:35évidemment, qui est allé voir l'ancien président en prison.
07:38Et ça n'a pas plu à la magistrature.
07:41Donc, rien n'est terminé.
07:42Et d'ailleurs, l'entourage d'Emmanuel Macron pensait aux cérémonies de demain
07:46et se demandait comment faire si Nicolas Sarkozy venait
07:49pour qu'il ne croise pas Gérald Darmanin.
07:51Parce que même lui serrer la main,
07:52il ne s'est pas dit qu'il ait le droit avec cette décision.
07:55Et puis Emmanuel Macron, c'est lui qui a décidé de mettre deux policiers en permanence
07:59avec Nicolas Sarkozy quand il était à la santé.
08:01Ce n'est pas Laurent Nunez.
08:02Quand il voit ce que la justice fait,
08:04notamment avec Gérald Darmanin,
08:06avec Nicolas Sarkozy,
08:07il pense aussi à lui.
08:07Il pense aussi à lui et il se dit
08:09quand je suis sorti de l'Elysée,
08:10ils peuvent me prendre peut-être sur Alstom
08:12ou sur un autre sujet.
08:14Donc, il n'y a plus de limite.
08:15Il n'y a plus de limite.
08:15Ils le prendront.
08:16Ils le prendront.
08:17Ça, on n'en sait rien.
08:18Le jour où il n'aura plus son unité.
08:20Ce qui est intéressant...
08:21Si vous me permettez,
08:22c'est bien pour ça que c'est un combat politique
08:25qu'on n'a jamais vu en France
08:27ce combat entre les pouvoirs.
08:30Ça dépasse.
08:31Pourtant, on peut dire...
08:32Vous plaisantez, Gérard.
08:33Ça remonte à 80.
08:34Ça fait 40 ans que ça dure.
08:35Oui, non mais je veux dire...
08:3640 ans.
08:37On n'a jamais vu des juges...
08:39De manière frontale.
08:40Non, mais jusqu'à présent,
08:41ils le faisaient de manière...
08:42Ils n'avaient pas envoyé encore un président président.
08:44Vous voulez que je vous rappelle le suicide de Bérégovoy ?
08:46Vous qui l'avez bien connu ?
08:47Oui, mais il l'a fait.
08:48Vous voulez que je vous rappelle tout ça ?
08:49Mais quel est le rapport ?
08:49Attendez.
08:50Le rapport, c'est qu'on est en guerre ouverte.
08:52Quel est le rapport entre le suicide de Bérégovoy ?
08:54Mais parce que Bérégovoy s'est suicidé
08:56à la suite du harcèlement judiciaire
08:58dont il avait fait l'objet.
08:59Ah, c'est le lien que vous faites ?
09:00Mais bien sûr.
09:01Il y a une guerre ouverte entre les juges
09:04et les élus depuis Mitterrand
09:06qui disait méfiez-vous des juges.
09:08Vous vous souvenez ?
09:08Vous convenez qu'un suicide
09:10est toujours de multiples causes ?
09:13J'aurais pu vous citer
09:14l'emprisonnement de tous les ministres
09:16qui ont été en prison,
09:17des présidents qui ont été condamnés
09:19comme Jacques Chirac.
09:20Je pourrais vous citer
09:21la condamnation d'Henri Emanuelli
09:22qui a été obligé de quitter
09:24la présidence de l'Assemblée nationale.
09:25La liste est tellement longue.
09:27On est en guerre ouverte,
09:28vous ne le voyez pas ?
09:28Et là, c'est une démonstration supplémentaire.
09:30Oui, mais il y a des choses.
09:31Par exemple, l'affaire Urba-Graco
09:33était plutôt logique
09:35dans l'affaire Urba
09:36que ceux qui ont été condamnés
09:37soient condamnés
09:38et ils ont échappé, croyez-moi,
09:40à 20 ans de différence.
09:43C'est qu'il y a une plainte,
09:45vous savez, devant la Cour de justice
09:46de la République
09:46suite à sa visite à Nicolas Sarkozy,
09:48c'est que la CJR,
09:49Cour de justice de la République,
09:50est composée de députés.
09:51Ils avaient relaxé Éric Dupond-Moretti.
09:53Si elle était composée de magistrats,
09:54pas uniquement, oui,
09:55mais en majorité,
09:56si elle était composée de magistrats
09:57en majorité...
09:58Mais une plainte, enfin,
09:59que le ministre de la Justice
10:02aille à la prison de la Santé
10:04pour voir un ancien président de la République...
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