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Le professeur des universités, spécialiste du monde arabe, Gilles Képel, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00La grande interview sur CNews et Europe 1, mon invité, vient de publier un livre à la fois éclairant et inquiétant
00:06intitulé « Antiterrorisme, la traque des djihadistes ». Bonjour et bienvenue Gilles Kepel.
00:11Bonjour.
00:11Merci de votre présence. Je précise que vous avez écrit ce livre avec l'ancien procureur national antiterroriste Jean-François Ricard.
00:18Vous êtes vous-même professeur des universités, spécialiste du monde arabe.
00:22Gilles Kepel, tandis que s'ouvre une semaine douloureuse de commémoration dix ans après les terribles attentats du 13 novembre 2015,
00:29je voudrais démarrer par cette affaire qui choque profondément les Français autour de Salah Abdeslam.
00:34La justice enquêterait sur un possible projet terroriste lié à celui qui aurait dû être le prisonnier le plus surveillé de France.
00:42Il a été retrouvé avec cette clé USB contenant des vidéos à caractère djihadiste.
00:50Les différents spécialistes, ou en tous les cas dirigeants, affirment que ce n'est pas lié à un projet d'attentat.
00:54Malgré tout, comment expliquer qu'un tel détenu soit en possession d'une telle clé ?
01:00C'est un peu l'un des problèmes qu'on étudie de près, surtout sous la plume de Jean-François Ricard dans ce livre.
01:05C'est le problème de l'exécution des peines.
01:07C'est-à-dire, une fois que des condamnés djihadistes ont été incarcérés,
01:12comment faire en sorte que, dans la détention, on arrive à s'assurer qu'ils ne peuvent pas rester en contact et préparer autre chose.
01:22Et là, bien évidemment, il faut aussi, dans la détention, faire en sorte que les prisonniers qui sont très surveillés ne deviennent pas fous.
01:29On ne peut pas interdire les parloirs, etc.
01:31Et effectivement, il semble, parce que je ne connais pas les détails de l'enquête, qu'il y ait eu une porosité préoccupante.
01:39C'est quand même hallucinant, rappelant que c'est quand même le seul membre vivant du commando des attentes du 13 novembre.
01:45Oui, tout à fait. C'est particulièrement choquant qu'on apprenne ça aujourd'hui, bien sûr.
01:49Alors, d'un autre côté, ça donne le sentiment, bien sûr, aux Français que la justice est présente, que l'État est présent, qu'il surveille,
01:57même si ça se produit à un mauvais moment.
02:00Il faut bien voir que cette semaine, qui est pour nous une semaine de commémoration, une semaine de deuil,
02:05où la France devrait être réconciliée face à ce drame qui nous a touchés tous au plus profond,
02:13se produit malheureusement dans une société qui est aujourd'hui de plus en plus déchirée,
02:17avec une classe politique qui part à volo et des extrêmes qui montent de chaque côté.
02:22Et si vous voulez, c'est ça ce qui crée cette espèce de malaise, je crois,
02:26alors que nous devrions tous être unis dans la commémoration.
02:30On a eu l'autre jour, vous avez vu à la Philharmonie, les fumigènes.
02:35On a toutes sortes de choses comme ça qui créent un sentiment douloureux, si vous voulez.
02:40On va en parler de ce sentiment, de cette réalité.
02:42Tout d'abord, Gilles Kepel, on a appris ces dernières heures que trois jeunes femmes de 18,
02:47à 21 ans, interpellant à Lyon, à Villeurbanne, à Vierzon, préparaient des attaques dans des bars,
02:52dans des salles de concert, à peu près le même mode opératoire que les attentats du 13 novembre.
02:57C'est une relève djihadiste qui est de plus en plus jeune aujourd'hui
03:00et qui malheureusement est loin de se tarer.
03:02Oui, alors ça c'est le problème effectivement le plus préoccupant.
03:05J'avais appelé ça en son temps le djihadisme d'atmosphère,
03:08c'est-à-dire que vous avez des gens qui n'obéissent plus à des donneurs d'ordre,
03:11mais qui vont, à partir d'une socialisation dans des réseaux affinitaires,
03:17et également en se gavant des imbécilités qui passent sur les réseaux sociaux,
03:22sur le web, sur les messageries, etc.,
03:25qui vont faire une espèce de rupture par rapport aux valeurs de la société,
03:29une désinhibition complète.
03:31Il faut bien voir que vous avez aujourd'hui, dans la très jeune génération,
03:35une rupture complète par rapport à la transmission des parents, des maîtres, etc.
03:39puisque ce que vous lisez sur le téléphone et qui vous touche par votre classe d'âge
03:44s'impose à ce qui vient de la génération avant.
03:48C'est-à-dire, ça on est vraiment dans une espèce de malaise dans la civilisation,
03:52pour parler comme Sigmund Freud,
03:54et qui fait qu'on a cette désinhibition d'une partie de la jeunesse
03:58et même de l'extrême jeunesse,
04:00pour lesquelles finalement il n'y a plus de barrage
04:03entre ce qu'on voit sur l'écran et ce qui se passe dans la réalité.
04:06Et ça, c'est extrêmement préoccupant.
04:10Jeunesse et Gilles Kepel, des profils qui désorientent une partie de la classe dirigeante.
04:15J'en veux pour exemple l'attaque à la voiture Bélier sur l'île d'Oléron,
04:18calme, endroit paisible,
04:20qui a dérouté bon nombre de commentateurs.
04:22C'est intéressant d'avoir votre point de vue,
04:24parce qu'il y a eu une revendication religieuse,
04:26qui aujourd'hui apparaît comme un cri de guerre à l'Awakbar.
04:30Il y a eu un mode opératoire qui ressemble à des attaques djihadistes,
04:34et pourtant ce n'a pas été qualifié,
04:36ou en tous les cas appréhendé comme un attentat.
04:39Qu'en pensez-vous ?
04:40Oui, alors le parquet national antiterroriste a décidé de ne pas s'en saisir,
04:43donc ça veut dire qu'on ne considère pas que c'était un acte de terrorisme islamiste.
04:47Néanmoins, c'est un acte qui a eu un effet terroriste,
04:51puisque le mode opératoire était le même, comme vous l'avez dit,
04:54et la personne en question, d'après ce qu'on sait, était atteinte de problèmes divers,
05:03addicte, comme on dit aussi, à un certain nombre de substances psychotropes.
05:08Mais ce qui est frappant, c'est que le vocabulaire dont cette personne s'est emparée
05:12et son mode d'opération sont calqués sur ce qu'il a vu sur les réseaux sociaux, à la télé, etc.
05:19Et quand quelqu'un a une revendication à porter, il s'empare de ce langage-là, si vous voulez.
05:25Ce qui est extrêmement préoccupant, parce que ça veut dire que notre société est poreuse à ce genre de choses.
05:31Et que, justement, cette semaine où on pensait avoir complètement mis de côté ça,
05:38on stigmatise le djihadisme radical parce qu'on voit l'horreur qu'il a causé.
05:43La société pense ses blessures. C'est un processus de deuil que nous faisons en ce dixième anniversaire de l'attaque.
05:54On voit que, malheureusement, par-ci, par-là, au lieu d'être quelque chose qui fait horreur,
06:01c'est quelque chose qui est repris par des individus qui, même la personne en question,
06:06n'avaient aucun lien, ni familial, ni religieux, etc., avec cet univers.
06:12Mais il s'empare, soudain, c'est de ce vocabulaire-là, de ce mode d'action qu'il s'empare,
06:18pour manifester je ne sais quel problème personnel. Et ça, c'est préoccupant.
06:23Oui, préoccupant. Est-ce que vous y voyez, alors, Gilles Kepel, une forme de victoire culturelle de Daesh,
06:28du groupe État-Essamé, qui avait dit « Prenez un couteau, prenez une voiture et allez-y »,
06:32avec le cri de guerre à l'Aqbar, « Tuez les mécréants, quels qu'ils soient ».
06:36Alors, le paradoxe, c'est que Daesh, lui, a été détruit, si vous voulez.
06:39Même s'il reprend, malheureusement, l'Afrique.
06:42Oui, c'est vrai. Mais enfin, la grande différence, c'est ce que Jean-François Ricard, en particulier,
06:46explique très précisément dans le livre, c'est que Daesh, c'était vraiment, surtout le 13 novembre,
06:52ce qu'il appelait le terrorisme projeté.
06:55C'est-à-dire, vous avez des individus qui ont été formatés, qui ont été entraînés,
06:59et, si vous vous souvenez, à l'époque, qui, au moment, avec les flux migratoires illégaux
07:05qui passaient par les Balkans, etc., on a tout l'itinéraire.
07:07Et par la Belgique.
07:08Et par la Belgique, qui remontent à la Belgique, avec des gens qui vont les chercher,
07:11des ouvreurs de routes, et qui reviennent jusqu'aux terrasses, jusqu'aux Bataclan et autres.
07:17Or ça, cette capacité-là, elle n'existe plus, puisque la Syrie n'existe plus comme telle,
07:24et, paradoxalement, aujourd'hui, justement, le dirigeant syrien, Ahmed Chahar,
07:28lui-même, ancien djihadiste recyclé, est reçu par le président Trump.
07:34On a éliminé toutes les sanctions contre lui.
07:36Alors, peut-être que lui a, effectivement, fait une évolution.
07:40Mais ça pose aussi un certain nombre de questions, parce qu'il a eu un certain passé, également.
07:44Et là aussi, vous avez...
07:45Un passé, disons-le, de djihadistes, avec ses mains tachées de sang.
07:48Il faisait des déclarations.
07:50Et ce qui est assez frappant aussi, c'est qu'au fond,
07:54quelqu'un qui a été djihadiste, est reçu, adoubé par le président Trump.
08:00Donc, d'une certaine manière, ça relativise.
08:04Ce crime, à partir du moment où vous êtes décidé que vous rompez avec l'Iran,
08:08et que vous êtes en lien avec la Turquie et le Qatar,
08:12et que les États-Unis pensent qu'ils peuvent vous utiliser comme un pion dans la région,
08:17au fond, on se lave les mains de ce que vous avez fait dix ans avant.
08:19Est-ce que c'est la réelle politique, malheureusement, qui existe depuis toujours ?
08:22Ou est-ce que vous y voyez maintenant un facteur aggravant, compte tenu quand même de la menace qui est la nôtre,
08:27de dérouler le tapis rouge à ces anciens djihadistes ?
08:30C'est l'un et l'autre, parce que, précisément, quand on est dans une période comme cette semaine pour nous,
08:36qui est celle de la commémoration dans le respect des victimes,
08:40et dans la désignation de l'horreur, et que vous avez quelqu'un qui autrefois était là-dedans
08:46et qui est maintenant reçu à la Maison Blanche,
08:49évidemment, ça fait réfléchir, parce que quelle est la signification de la sanction ?
08:55Quelle est la signification de la commémoration à partir du moment où, allez, on fait un compromis
08:59et tout passe à la trappe ?
09:02Ce qui veut dire que, quand on dit que c'était le mal, on vous dit, oui, bon, écoutez,
09:08on va s'arranger avec le mal à condition qu'on s'organise pour avoir tel ou tel contrat, tel ou tel...
09:16Et on est aujourd'hui, si vous voulez, on est très dépendants et très imbriqués
09:21avec ce qui se passe au Moyen-Orient, puisque le contexte, le contexte...
09:25C'est le nouveau carburant aujourd'hui, que ce soit Gaza ou l'antisémitisme pour les attaques djihadistes ?
09:29Exactement, voilà, c'est exactement...
09:30Il a mué ce carburant, Gilles Kepel, il est passé aujourd'hui, comment dire,
09:33il se matérialise à travers l'antisémitisme ?
09:36Oui, et puis surtout à travers l'exaltation de ce qui s'est passé le 7 octobre,
09:41puisque au départ, vous avez eu une horreur qui était un peu de même ordre
09:47que la réaction au djihadisme en France, c'est-à-dire la radia pogromiste du 7 octobre
09:52perpétrée par le Hamas, et les plus de 1 200 morts dans des conditions atroces,
09:57les otages, à laquelle le cessez-le-feu voulu par Donald Trump a mis fin,
10:03en tout cas sur cette partie très limitée de l'affaire,
10:06et en même temps, le 7 octobre a été suivi par une répression massive
10:13menée par M. Netanyahou, plus de 60 000, on ne sait pas exactement quoi,
10:17mais de très nombreux morts, des gens qui ont été blessés, des enfants,
10:21vous imaginez comment ces enfants qui ont vécu l'enfer de Gaza,
10:26sous les bombes, vont aujourd'hui vivre et grandir.
10:30Le processus de paix, il va falloir y travailler.
10:34Donc ce sont des années qui pour nous vont être des années d'exportation.
10:38Mais qui vont être des années difficiles.
10:40Il s'enquiste aujourd'hui, et je n'ai pas dans nos universités, pardonnez-moi,
10:44qui s'invite à la Philharmonie de Paris.
10:46Comment vous expliquez une telle propagation du fléau si vite ?
10:49Alors, moi j'étais, il se trouve, pas le jour de l'attentat,
10:53mais deux jours avant la Philharmonie pour voir un concert,
10:56c'est notre grand chef d'orchestre, Jérémy Rohrer,
10:58et on est dans cette salle qui fait par Jean Nouvel, qui est magnifique,
11:01mais qui est complètement close, si vous voulez,
11:03et les fumigènes là-dedans, effectivement, ça donne un sentiment de suffocation.
11:09Et c'est assez curieux, parce que ça pose un véritable danger,
11:12ce n'est pas juste des manifestations de son opinion,
11:19on prend en otage des individus, parce qu'ils sont israéliens ou autres,
11:26parce qu'ils vont tout simplement à ce concert.
11:29Tous les israéliens ne sont pas nécessairement des supports de Bibi Netanyahou,
11:34il est d'ailleurs aujourd'hui en perte très significative dans les sondages,
11:38ainsi que l'extrême droite des colons en Cisjordanie.
11:41Et pourtant, vous avez raison de le rappeler,
11:45ce genre d'événement est soutenu par une partie de la classe politique,
11:47en l'occurrence la France insoumise,
11:50ici même Manon Aubry n'a pas du tout condamné,
11:53au contraire, encouragé ce genre d'événement.
11:56Là encore, est-ce qu'il y a un lien, une porosité,
11:58qui est véritablement inquiétante pour la suite ?
12:01C'est-à-dire que tout ce qui a été construit autour de Gaza,
12:06et dans la dénonciation de la répression menée par Netanyahou à Gaza,
12:12a été transformé ici, dans notre pays,
12:16pour accroître les clivages de la société.
12:19Et c'est bien ça qui donne ce sentiment de malaise.
12:22Consciemment, c'est un projet conscient pour justement,
12:25j'allais dire, agrandir nos fractures et rendre ce fossé...
12:29Ce n'est pas à vous que j'apprendrai que nous allons des élections municipales,
12:33que d'abord, on a une société...
12:36Les institutions de la Ve République sont aujourd'hui très fragilisées.
12:40Dans la Ve République, c'est le président qui a tous les pouvoirs.
12:45Aujourd'hui, le pouvoir s'est déplacé de l'Elysée à l'Assemblée,
12:50une Assemblée qui est éparpillée en petits morceaux.
12:53Et on le voit, les difficultés qu'a le Premier ministre
12:57pour faire adopter le budget...
12:59Quel est le risque, alors, in fine, pour vous ?
13:01Le risque pour nous, c'est que, dans un moment
13:04où nos institutions sont fragilisées,
13:07on voit une montée en puissance des extrêmes de chaque côté.
13:11Et ça, évidemment, c'est quelque chose qui est particulièrement douloureux.
13:14Vous dites la France Assomise et le Rassemblement National,
13:16sur le plan de l'antisémitisme, vous les mettez sur le même niveau ?
13:18Non, ce n'est pas sur l'antisémitisme, mais sur, évidemment, la polarisation extrême de la société.
13:24Et ça, je trouve que c'est ça qui nous donne, si vous voulez,
13:26le contraste le plus frappant au début de cette semaine,
13:32qui devrait être celle de la réconciliation de la nation par-delà ses différences,
13:38face à l'horreur, face à la menace.
13:39Peut-on parler de réconciliation, quand il y a autant d'actes antisémites qui explosent ?
13:44Il y a une commission d'enquête, puisque vous parlez de l'Assemblée Nationale, Gilles Keppel,
13:47qui étudie les éventuels liens, quand même, entre une partie de la classe politique
13:50et les réseaux fréristes, ce n'est pas rien dans notre pays.
13:53Vous, qui travaillez sur cela, est-ce que vous voyez un lien direct
13:55entre l'extrême-gauche et ces réseaux-là ?
13:58Est-ce que ces liens sont avérés ?
14:00Alors, ça fait des années que s'est mis en place ce qu'on appelle la mouvance islamo-gauchiste,
14:05si vous voulez, qui remonte assez longtemps en arrière
14:09et qui a été particulièrement manifeste lors de la révolution islamique iranienne
14:13où Ali Shariati, qui était l'un des idéologues de la révolution,
14:18qui avait traduit le livre du marxiste antillais Franz Manon,
14:23« Les Danes de la Terre » en persan,
14:25avait utilisé les catégories religieuses du Coran pour traduire celles de Marx.
14:31Les oppresseurs, c'était en arabe ou en persan,
14:34« Moustakbirin » et « Les opprimés », c'était les « Moustakbirin ».
14:38Donc, ça permettait, si vous voulez, de créer une espèce de congruence
14:42entre la pensée marxiste et la pensée islamiste.
14:46Et aujourd'hui, la pensée aléphiste est-elle dans le courant de cette pensée frériste ?
14:50Il y a des porosités très importantes.
14:53Et cela depuis que Jean-Luc Mélenchon, qui était auparavant un bouffeur de curés,
14:58un franc-maçon antireligieux, etc.,
15:01qui voulait arracher son voile aux filles,
15:04est allé en novembre 2019 à la manifestation appelée par le Comité contre l'islamophobie en France,
15:12le CIF, qui a été dissous par la suite.
15:15Et pendant qu'eux-mêmes criaient « Allahu Akbar », il défilait.
15:19Et c'était quelque chose qui était une stratégie politique extrêmement précise
15:23et qui a d'ailleurs marché, puisque la France insoumise apparaît aujourd'hui
15:27comme la voie des populations issues de l'immigration,
15:31ou veut apparaître comme telle.
15:33Les essentialisants.
15:34Exactement.
15:35Et c'est bien le problème aujourd'hui,
15:37parce qu'il y a énormément de Français issus de l'immigration française,
15:42issus de l'immigration maghrébine,
15:43qui ne sont pas du tout sur ces positions-là,
15:45et qui sont précisément dans la volonté de commémoration,
15:50parce qu'il faut bien voir aussi qu'ils ont été des victimes prioritaires.
15:53Bien sûr.
15:54Et on le rappelle, je pense que vous avez raison de le dire.
15:56Et en même temps, je voudrais conclure sur cette image,
15:57puisque vous parlez vous-même du voile, Gilles Kepel,
16:00cette image qui a beaucoup interpellé à l'Assemblée nationale.
16:03On a vu des fillettes, en tous les cas des jeunes filles voilées,
16:05à la tribune de l'Assemblée nationale.
16:08Et là encore, une partie de la classe politique à l'extrême gauche,
16:11qui affirme que le dénoncer, c'est être raciste, c'est être islamophobe.
16:15Alors vous êtes un spécialiste du monde arabe.
16:16C'est intéressant de voir votre regard sur cette image-là,
16:19dans le temple de la démocratie française.
16:21Qu'est-ce que ça vous a inspiré ?
16:22Oui, effectivement.
16:23L'accusation d'islamophobie, aujourd'hui, est brandie à chaque seconde,
16:27dès lors que l'on réfléchit,
16:29ou que l'on a le droit de critiquer l'utilisation politique du religieux.
16:34Vous en êtes classique vous-même, toujours ?
16:35Oui, en permanence.
16:36Mais ce qui est quand même quelque chose d'hallucidant,
16:39c'est-à-dire que c'est un interdit de l'analyse
16:42de ce qui se passe dans le monde musulman.
16:43Parce que ça veut dire qu'on confond tous les musulmans dans une chose.
16:48Ils sont soutenus par LFI ou ils sont les ennemis de l'humanité,
16:51ce qui est complètement idiot.
16:52Parce qu'il y a des musulmans de toutes sortes,
16:54des musulmanes de toutes sortes.
16:56Chacun a le droit de s'exprimer
16:57dans le respect des limites de la liberté d'expression républicaine.
17:02Il y a des choses qu'on ne peut pas faire,
17:03des choses qu'on peut faire.
17:04Et à partir du moment où on stigmatise,
17:06où on essentialise les choses,
17:08c'est la fracturation de la société.
17:10Et c'est ça qui m'inquiète beaucoup,
17:12particulièrement au début de cette semaine.
17:14Et votre discours est particulièrement important,
17:16évidemment, au moment où on devrait se rassembler
17:18dans ce souvenir tragique des attentats du 13 novembre.
17:20Merci beaucoup, Gilles Kepel.
17:22Et j'appelle vraiment nos auditeurs et téléspectateurs
17:24à lire ce livre avec Jean-François Ricard,
17:26l'ancien procureur national de l'entiteuriste.
17:28C'est très détaillé, argumenté, je l'ai dit,
17:30à la fois édifiant et forcément inquiétant
17:32compte tenu de la menace.
17:33Merci, à très bientôt.
17:34Merci de votre invitation.
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