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00:00Il est 10h ici à Paris, bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Parlons-en, votre rendez-vous avec l'info qui prend son temps.
00:08Voici les titres de ce jeudi, la bataille de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, elle se joue sur le terrain mais aussi celui de la propagande.
00:16La Russie affirme qu'elle encercle la ville stratégique Kiev dément.
00:21Un sommet de chefs d'Etat du monde entier avant l'ouverture de la COP30.
00:24A Belém, au Brésil, il faut sauver la lutte en faveur du climat menacé par les divisions, les tensions internationales et le retrait américain.
00:32Donald Trump ne sera pas à Belém, au Brésil.
00:34Et puis les images hallucinantes de l'agression sexuelle subie par la présidente mexicaine en pleine rue, c'était à Mexico.
00:41Elle a décidé de porter plainte au nom de toutes les femmes de son pays.
00:47On va revenir sur ces titres dans le journal de 11h.
00:49Aujourd'hui dans Parlons-en, le témoignage d'un homme auquel on a volé 3 ans de sa vie.
00:54Trois ans passés dans les geôles de la République islamique d'Iran.
00:57Un homme victime d'une politique de marchandage humain auquel se livre l'Iran depuis plus de 40 ans,
01:02illustré ses dernières heures avec la libération très conditionnelle de Jacques Paris et de Cécile Collère après 3 ans et demi de détention.
01:08Comment tient-on quand à la grande noirceur se mêle l'arbitraire et l'absurde ?
01:13Comment ne pas renoncer à ce en quoi on croit quand plus rien n'a de sens ?
01:17Bonjour Benjamin Brière, vous êtes ex-otage d'Etat en Iran, comme vous appelle le Quai d'Orsay.
01:22Votre récit s'appelle Azadi, ça veut dire liberté en persan.
01:25Liberté chèrement retrouvée, merci d'être le grand invité de ce rendez-vous d'info.
01:29On a beaucoup de choses à se dire, c'est Parlons-en et c'est parti.
01:42Bonjour Benjamin Brière.
01:43Bonjour.
01:43Et bienvenue sur ce plateau. Merci d'avoir accepté d'être le grand invité de ce jeudi.
01:49Azadi, 1079 jours, otage en République islamique d'Iran.
01:54C'est le titre du livre que vous publiez chez Robert Laffont.
01:58Je le disais à l'instant, Azadi ça veut dire liberté en persan.
02:01C'est le récit de votre captivité entre mai 2020 et mai 2023 dans les geôles iraniennes.
02:06Coupable d'être français, on y reviendra.
02:09Victime, je le disais, d'une politique de marchandage humain que pratique Téhéran depuis plus de 40 ans.
02:14Et l'actualité est venue percuter la sortie de ce livre.
02:18L'information de ces jours derniers, c'est la libération conditionnelle de Cécile Collère et de Jacques Paris,
02:23qui étaient les derniers otages d'Etat encore en captivité en Iran.
02:28Ils sont depuis mardi en liberté très conditionnelle à l'ambassade de France à Téhéran,
02:33après trois ans et demi de détention.
02:36Vous avez appris leur libération alors que vous étiez, pour parler de votre livre,
02:40interviewé par nos confrères de France Info.
02:42Et on a vu une immense émotion vous envahir, presque un choc quand vous l'avez appris en direct.
02:48Oui, l'espoir ne quitte jamais.
02:51Mais quand ça frappe, c'est extrêmement puissant en tant qu'émotion.
02:55Et puis il y a une partie qui est toujours reliée à la prison,
03:00puisque Cécile et Jacques étaient déjà détenus quand moi j'ai été libéré.
03:04Et donc il y avait cet attachement aussi avec eux,
03:07il y a cet attachement avec leur famille aussi, que je connais depuis mon retour.
03:13Qui sont venus vous voir tout de suite à l'hôpital ?
03:15À l'hôpital, oui, bien sûr.
03:17Ils ont eu mon numéro avant mes copains,
03:20parce que c'est extrêmement important.
03:22À cas inverse, j'aurais beaucoup apprécié que quelqu'un le fasse pour ma petite soeur.
03:25Depuis votre retour en France en mai 2023,
03:29vous avez été d'un nombre incalculable de mobilisations pour eux,
03:33mais aussi pour les autres otages français d'État en Iran,
03:36tels que les appellent le Quai d'Orsay.
03:37Je pense aussi à Louis Arnault qui a été libéré il y a quelques mois.
03:42Et vous dites que tant que tous ces Français n'étaient pas libérés,
03:46rentrez chez eux, vous non plus en fait en réalité.
03:48Non, oui, comme je disais, le dernier attachement à cette prison,
03:53même si j'ai laissé une partie de mon cœur en Iran,
03:56que je ne rattraperai jamais cette partie-là,
03:59puisque le peuple et le pays n'ont rien à voir avec ce qui nous est arrivé.
04:05Il y a eu l'Ennarte aussi, qui est revenue aussi il y a quelques temps, après quatre mois.
04:12Et là, les derniers, c'est encore Cécile et Jacques.
04:15Et s'il y en a d'autres, on les soutiendra tout autant.
04:21Mais je pense que l'attachement, il sera différent.
04:23Le lien sera différent, mais le soutien sera tout autant important.
04:26Ils sont, je le disais, à l'ambassade de France à Téhéran, ensemble.
04:30Ils se sont retrouvés.
04:32On n'a pas de date pour le moment de leur retour en France.
04:36J'imagine que vous savez un peu ce qu'ils sont en train de vivre,
04:38ce qui se passe dans leur tête là.
04:40Je ne peux que le projeter et humblement l'imaginer.
04:43Moi, je n'ai pas eu ce sas à l'ambassade.
04:49J'ai fait un retour en vol médicalisé.
04:52Après, humblement, je peux juste les imaginer déjà qu'ils se sont retrouvés tous les deux.
04:56Et ils sont tous les deux.
04:58C'est peut-être des moments très particuliers, voire très privilégiés pour eux deux,
05:02avant de retrouver leur famille, avant de retrouver la vraie liberté, on peut dire.
05:06Je les imagine dans des détails, en fait.
05:10Ils ont probablement dormi dans un vrai lit depuis trois ans et demi, des draps propres.
05:16Ils sont probablement bichonnés avec certaines personnes que je connais encore et que je salue là-bas
05:20parce que je sais que je les sais d'une extrême bienveillance.
05:25Ils doivent manger sainement.
05:26Ils doivent avoir accès à un espace extérieur, à eux, dans l'ambassade.
05:32Et ça, c'est énorme déjà par rapport à d'où ils reviennent.
05:37Pour revenir à vous, Benjamin Brière, quel âge avez-vous ?
05:4140 ans.
05:42Je vous pose la question parce que lors de votre retour en France...
05:45J'ai 34 ans.
05:46Vous n'arriviez pas à vous vieillir des trois ans que vous aviez passé en prison ?
05:50Il y a eu ce petit détail qui parlait beaucoup une semaine après le retour.
05:55J'ai besoin de téléphoner à ma petite sœur pour lui dire
05:57« Mais là, dans peu de temps, je vais avoir 38 ans. »
06:00Elle me dit « Bah oui. »
06:01Je me dis « Mais non, mais moi, j'ai 34 ans. »
06:03Il y a un espace spatio-temporel qui s'est perdu.
06:08On n'essaie pas de le rattraper, mais il s'est perdu.
06:11Votre petite sœur, c'est elle à votre arrivée.
06:14Quand vous êtes arrivée en France en mai 2023, on reparlera d'elle dans un instant.
06:19Elle a été comme la sœur de Cécile Collère, plus qu'essentielle.
06:24Dans votre histoire, en mai 2020, vous avez 34 ans.
06:29Vous êtes en voyage en van en Iran depuis six mois.
06:32Vous faites une pause dans une vie professionnelle et personnelle assez riche
06:36qui vous a emmené au Japon, mais aussi au Moyen-Orient.
06:39Et l'Iran, vous le disiez, c'est un pays dont vous êtes tombé littéralement amoureux.
06:43Vous êtes dans une vallée qui est à l'extrême est de l'Iran.
06:47C'est un endroit magnifique, je crois.
06:48Oui, la vallée de Chambhal.
06:50Et vous êtes arrêté en pleine nuit.
06:52En pleine nuit, oui.
06:54A aucun moment, vous imaginez cette nuit-là que c'est le début d'un très long cauchemar.
06:58Non, non, pas du tout.
06:59Des contrôles ont été très nombreux pendant le voyage en Iran,
07:06pareil avant la Turquie ou l'Irak.
07:09Il n'y a aucun problème.
07:10Je passe les frontières, ils vérifient tout à chaque fois.
07:12Par contre, la seule différence, c'est que cette fois-ci, c'est contrôle en pleine nuit.
07:17C'est des Kalachnikovs braqués tout de suite sur la tempe.
07:22Et là, c'est différent.
07:23Si on ne sait pas que votre histoire est une histoire vraie,
07:28on croit à un roman orwellien au début de 1984,
07:32tant c'est au temps absurde qu'arbitraire,
07:35d'autant que vous ne comprenez pas pendant un long moment ce qu'on vous reproche.
07:40En réalité, en partie parce que vous ne parlez pas à personne.
07:42On est en absurdi, effectivement, dès le départ.
07:45Et puis, ça le sera pour toute la durée de la détention.
07:49Quand on me parle d'espionnage dès la première semaine,
07:54voire même dès le premier jour,
07:57pour moi, il y a erreur.
07:58Il y a erreur sur la personne.
07:59C'est juste une question de très peu de temps avant qu'il se rende compte.
08:02Et en fait, ça dégénère très vite avec une comparution devant un juge,
08:06on se rend compte qu'on est en prison un peu plus tard.
08:09Moi, je ne prends pas conscience tout de suite.
08:11Vous ne réalisez pas que vous êtes en prison ?
08:14Non, je ne sais pas si on ne veut pas l'accepter.
08:20C'est au quatrième mois où je comprendrais réellement pourquoi je suis là.
08:25Et j'ai arrêté de m'évertuer à crier mon innocence,
08:28puisque finalement, j'ai réalisé qu'il savait,
08:32depuis le jour 1, cette innocence-là.
08:34Mais absolument pas au courant de toutes ces façons de faire.
08:39Mais est-ce qu'on vous oppose des faits ?
08:41Alors, il y a cette histoire de drone avec lequel vous auriez pris des photos de sites interdits.
08:47Il y a cette histoire de relation avec une iranienne.
08:50Il y a des propos que vous auriez eus sur les réseaux sociaux sur le voile.
08:53Est-ce qu'on vous donne des choses tangibles ?
08:55Non, il n'y aura jamais rien.
08:56La chose avec le drone, par exemple, alors ça sera énormément relayé pendant ma détention.
09:02Ce sera que j'ai été arrêté en train de faire voler un drone dans une zone interdite ou une zone militaire.
09:06J'ai été arrêté en train de dormir.
09:08Et tant bien même, j'ai fait voler un drone.
09:11Il n'y a pas de sujet là-dessus.
09:12On ne le fait pas voler par inadvertance dans une zone interdite.
09:17Et les photos qu'on me montre extraites de mon ordinateur, une photo sur une feuille A4 imprimée, un arbre, c'est un arbre.
09:25On peut le mettre où on veut.
09:28On ne pourra pas.
09:29Mais avec la géolocalisation de la photo sur l'ordinateur, on peut le prouver.
09:33Sauf qu'eux refuseront.
09:35J'ai eu à un moment, oui, une petite copine en Iran.
09:39Mais très bien, punissez-moi pour ça.
09:41On a fait la fête aussi avec des amis.
09:43Très bien, punissez-moi pour ça.
09:45Dans le livre, il y a un document.
09:46C'est ma fiche de prisonnier du système informatique de la prison que j'ai réussi à avoir et clandestinement sortir.
09:55C'est cas de crime.
09:55C'est espionnage pour le compte d'un état ennemi.
09:57C'est propagande suite à un poste où je parle rapidement du voile.
10:03C'est consommation d'alcool.
10:05Là, à la rigueur, je plaide coupable.
10:07Et je suis resté sans visa apparemment.
10:10Mais il y a toujours eu les papiers qu'il fallait.
10:12Ils cherchent toujours, la petite bête, exactement la chose avec laquelle ils pourraient vous charger pour leur propagande à eux.
10:20Et puis au bout d'un moment, vous comprenez qu'en réalité, vous faites partie d'un système qui vous dépasse.
10:25Vous faites partie de ce marchandage d'humains, d'otages d'État dont l'Iran se sert pour obtenir la libération de ses ressortissants à l'étranger.
10:34Comment est-ce que vous comprenez ça ?
10:35Parce que vous n'êtes pas familier avec ces...
10:36Je ne suis absolument pas familier.
10:39Le fait de voyager comme ça, justement, ce n'est pas de prendre ce qui est en gros, toujours relayé dans les médias, de savoir ce qui va mal.
10:47Mais d'aller voir ce qui va bien.
10:50Et au final, il y a plein de choses qui sont extrêmement belles et qui peuvent aller bien en Iran.
10:55Même des fois quand ça dérape comme ça.
10:59Je ne suis pas au courant de tout ça.
11:01C'est au quatrième mois, au moment où je suis transféré dans une autre prison à Machad, à côté de l'Afghanistan.
11:07Où je rencontre des prisonniers politiques et sécuritaires qui me disent tout de suite,
11:11« Mais toi, tu es là pour Assadi. »
11:13En faisant référence à Assadola, Assadi.
11:15Un diplomate iranien, à l'époque, arrêté en Belgique, pour avoir planifié un attentat en banlieue parisienne.
11:25Et bon, voilà. On se rend compte tout doucement de la machination.
11:29La prison dans laquelle vous êtes, la prison de Vakilabad à Machad.
11:35Machad, c'est une des grandes villes d'Iran.
11:38Évidemment, vous n'êtes pas familier avec l'univers carcéral.
11:41Mais celui-là, il est particulièrement éprouvant.
11:45Et particulièrement arbitraire.
11:47Et particulièrement violent, même, je dirais.
11:50Même en rencontrant des Iraniens et des Iraniens en rentrant.
11:54Eux, ils me demandent, « Mais en fait, tu étais dans une prison publique.
11:56Tu n'étais pas dans une prison politique. »
11:58Et je dis, « Bah oui, oui. »
11:59Ils m'ont dit, « Mais c'est dix fois plus hardcore. »
12:02Parce que tu es avec des prisonniers de droit commun.
12:04Parce que c'est de la violence et de la déchéance humaine quotidienne.
12:07Mais c'est une machine à broyer, oui.
12:12Je passe d'une petite prison de province, à Kouchan, où on était six ou sept cents détenus.
12:18Et là, de ce que moi, j'entendrai, c'est que la prison de Machad fait à peu près 20 000 détenus.
12:22Donc c'est énorme, oui.
12:24Et donc vous êtes en cellule.
12:26Alors parfois, il y a des phases d'isolement.
12:28Vous appelez ça la cage.
12:29Et parfois, vous retournez dans une cellule avec d'autres prisonniers de droit commun
12:35qui vous apprennent peu à peu, je crois, l'argot, le perso.
12:37C'est ça.
12:39Les dortoirs, c'est des dortoirs plus ou moins insalubres et plus ou moins surpeuplés.
12:44Le maximum que je ferai, ce sera 51 détenus pour 23 lits dans à peine 60 mètres carrés.
12:50Donc on a tout juste un lit pour deux.
12:51avec un toilette.
12:56Et c'est extrêmement oppressant.
13:00Et il y aura ces phases de cage d'isolement solitaire,
13:03où là, c'est 1,50 m sur 3 mètres.
13:05Et c'est beaucoup plus lumineux même qu'ici, j'ai envie de dire.
13:0924 heures sur 24, il n'y a pas d'extinction des feux.
13:12Ça, c'est dans les films.
13:13La dormière par terre.
13:14Et les seules sorties qu'on a, elles se passent les yeux bandés
13:17pour nous amener aux interrogatoires.
13:18Et vous n'êtes, est-ce que vous êtes encore moins bien traité que les autres prisonniers ?
13:26Non, j'aurais un statut particulier malgré tout.
13:29On est une valeur marchande.
13:33Et je pense sincèrement qu'un Iranien serait permis le quart de ce que je me suis permis de répondre, par exemple.
13:40Parce que vous avez décidé de tenir tête.
13:42Il aurait passé des très, très mauvais moments, à mon avis.
13:47Beaucoup plus que moi, oui.
13:48Vous évoquez beaucoup le sort de vos co-détenus,
13:51certains avec lesquels vous êtes liés,
13:53certains d'ailleurs qui ont été exécutés.
13:55Beaucoup.
13:56Depuis votre départ d'Iran.
13:57Vous évoquez aussi le sort de déficients mentaux
13:59qu'on envoie dans cette prison
14:02et qu'on laisse dans des conditions apocalyptiques.
14:04Oui, il y avait dans le quartier de haute sécurité où j'étais, à Machade,
14:09où j'ai passé deux ans et demi finalement,
14:12il y avait le dortoir 2 que moi j'ai surnommé le dortoir de la honte.
14:18C'était effectivement des personnes handicapées mentales.
14:22Je ne connais pas les pathologies,
14:24mais elles sont assommées de méthadone dès le matin.
14:27Elles sont assommées au somnifère.
14:28Elles sont assommées à plein de choses.
14:30Dans quelque chose de sans fenêtre,
14:32on les laisse pourrir là-dedans.
14:33Ils n'ont rien à faire en prison.
14:35Ils auraient dû être dans un institut spécialisé.
14:38Et c'est arrivé, je me suis lié d'amitié avec un d'entre eux, Ali.
14:43Voilà, où il y a des moments magiques, même en prison.
14:45Et c'est en partie, entre autres, un des sujets du livre,
14:49c'est qu'on est en prison, mais en fait, on reste humain.
14:53Et oui, on va rigoler.
14:54Oui, on va passer certains bons moments.
14:56Ils sont très précieux parce qu'ils sont quasiment inexistants.
15:00Mais ce jour-là, oui, où par exemple, je lui enlève son t-shirt.
15:02Il a peut-être 40 ans, cet homme-là, et dans sa tête, il a 10 ans.
15:06Et en fait, quand on nettoie les tapis,
15:09nettoyage du printemps dans la cour,
15:12on commence à se faire arranger comme on le ferait dans un jardin avec des amis.
15:16Et ça, c'est précieux, ces moments-là, bien sûr.
15:18Vous ne savez pas ce qu'il est devenu ?
15:19Non, je ne le serai jamais, malheureusement.
15:22Vous êtes resté quelques jours, quelques semaines dans une espèce de zone grise.
15:28À partir de quand est-ce que vous avez pu être en contact avec votre famille,
15:31et en particulier avec votre soeur ?
15:33Le premier coup de téléphone avec Blandine,
15:38il a lieu, je crois, à peu près deux mois après mon arrestation,
15:42parce que je suis en caisse d'igeonnement solitaire.
15:44Ils sont avec des interrogatoires quasiment,
15:49enfin, complètement aléatoires.
15:50Deux mois, deux mois sans aucun contact.
15:52Et après ces deux mois-là, et ce nombreux interrogatoire,
15:59je décide de ne plus répondre à aucune question
16:00tant que je n'aurai pas parlé à ma famille
16:02et tant que je n'aurai pas parlé à l'ambassade.
16:04Ils m'autoriseront en me briefant bien,
16:07en me disant, la seule chose dont tu as le droit de dire,
16:10c'est tout va bien.
16:12Et ce coup de téléphone durera 15 secondes.
16:15J'ai juste le temps de dire que j'aime très très fort,
16:19que je l'aime très très fort et que tout va bien.
16:22Mais elle se doute que le fait de dire quelques mots,
16:28elle s'est doutée.
16:28En vrai, moi je ne suis pas au courant de tout ce qu'elle sait,
16:31de tout ce qu'elle a déjà mis en oeuvre.
16:32Parce que c'est ma petite soeur Blandine
16:34qui préviendra l'ambassade de France
16:38cinq jours après mon arrestation en leur disant,
16:41mon frère, il est là, dans telle ville, dans telle prison.
16:44Ce n'est pas l'ambassade qui a l'information,
16:45c'est elle qui l'a avant.
16:47Et ça, je trouve ça assez fou.
16:48On se demande évidemment comment on tient,
16:53comment vous avez tenu.
16:55Alors vous avez une ressource assez extraordinaire
16:57qui est celle de l'imagination,
16:59de la boîte à souvenirs,
17:00dans laquelle vous plongez tout ce que vous pouvez,
17:04et dans vos souvenirs,
17:05et dans des scènes imaginaires,
17:06d'ailleurs que vous vous reproduisez dans la cellule,
17:09en invoquant les membres de votre famille,
17:12vos parents, votre grand-mère,
17:13qui va décéder pendant votre détention.
17:15Il faut quand même une sacrée force mentale.
17:17Ma question est une lapalissade.
17:19Je ne sais pas.
17:20Je pense qu'on ne se rend pas compte non plus
17:22des capacités qu'on peut avoir,
17:25et des ressources que le corps et l'esprit ont.
17:28Tant qu'on n'est pas confronté à ce genre de situation,
17:31on n'est pas égaux non plus là-dessus,
17:34je pense que oui,
17:35je m'estime plutôt que je m'en sors pas mal
17:39pendant cette détention-là,
17:40et que je m'en sors pas mal au retour aussi.
17:42Il y a la lecture aussi,
17:44parce que bon an, mal an,
17:45vous arrivez à récupérer de ci, de là,
17:47quelques livres,
17:47et puis il y a le travail du cuir.
17:50Encore une démonstration de l'ubuesque total
17:54du système pénitentiaire iranien.
17:58Vous êtes accusé d'espionnage,
17:59et on vous laisse,
18:00avec des outils,
18:02pour...
18:03C'est encore une fois,
18:04c'est le non-sens
18:06de toute cette détention,
18:10du début à la fin.
18:12On laisse pas un pseudo-espion,
18:14pour le compte d'un état ennemi,
18:17avoir accès à des ciseaux,
18:19à un cutter,
18:20ou à des emporte-pièces
18:21qui sont longues comme la main.
18:25Tout ça n'a pas de sens.
18:28Mais vous, ça vous a sauvé quand même.
18:29Mais ça m'a permis, oui,
18:31de m'évader.
18:32Les livres,
18:33j'en ai pas eu la première année.
18:35À partir du moment où j'en ai eu,
18:36ma sœur s'est ruinée en librairie
18:39et en poste,
18:40parce que l'ambassade,
18:42le Quai d'Orsay,
18:43ne voulait absolument pas
18:44en faire profiter des envois à l'ambassade.
18:49Et oui, je sais pas,
18:50j'ai probablement englouti
18:51plus de 200 livres en deux ans.
18:53Un pavé de 900 pages,
18:54c'est deux jours.
18:57Et oui, ça fait tenir.
18:58Et l'écriture,
18:59qui n'était à l'origine
19:00absolument pas du tout
19:01destinée à un livre.
19:03C'était destiné à mes proches
19:04et ça m'était destiné
19:05à moi-même pour,
19:07tu te rappelleras plus tard,
19:08une des questions
19:09que me posent les copains
19:10en rentrant,
19:10c'est ta pensée
19:12à te foutre en l'air, en fait.
19:15Et moi, la première réponse,
19:16c'est non, non,
19:16j'y ai pas pensé.
19:17Sauf qu'en relisant des écrits
19:18que ma famille n'a jamais vus,
19:21en fait, j'y avais pensé
19:22bien comme il faut.
19:23Je l'avais quasiment planifié.
19:25Et au fur et à mesure
19:26de ces écrits,
19:27je les ai partagés
19:28avec quelques amis.
19:29Ils m'ont dit,
19:30mais tu pourrais peut-être
19:31en faire quelque chose,
19:32un livre.
19:33Et à l'époque,
19:34dans la prison,
19:35on avait blagué
19:36avec deux de mes amis
19:37qui ont maintenant été exécutés,
19:39Taj Mohamed et Farhad.
19:41ils m'avaient dit,
19:43mais tu vas écrire un livre.
19:44Mais non, pas du tout.
19:45Il me fait, mais si.
19:46Écoutez, si un jour
19:47il y a un livre,
19:48je l'appellerais Azadi.
19:50Liberté.
19:50Oui.
19:51Vous avez fait deux grèves
19:52de la faim.
19:54Une première
19:55que vous avez
19:56au milieu de votre séjour
19:58et la deuxième,
19:59la seconde,
20:01vous êtes descendu
20:01jusqu'à 50 kilos.
20:02Alors, les gens
20:03qui vous regardent
20:03ne se rendent pas compte,
20:04mais vous êtes quand même
20:04assez grand.
20:06Donc, vous étiez quand même...
20:07Il y a des photos
20:08dans le livre aussi là-dessus.
20:09En sale état,
20:10quand vous êtes revenu ?
20:11Oui, oui.
20:11Je fais moins de 50 kilos
20:12en rentrant,
20:14en fauteuil roulant.
20:16Et oui,
20:16ça aura duré 106 jours
20:17cette grève de la faim.
20:18Je n'aurais pas arrêté.
20:19Parce que finalement,
20:20c'est la seule arme
20:21qu'on a pour se battre.
20:24C'est la seule chose
20:25qu'ils ne contrôlent pas.
20:27La première avait été arrêtée
20:29à la demande
20:30de ma petite sœur
20:30et de ma mère
20:31à qui je n'ai pas pu
20:32et su dire non.
20:34La deuxième,
20:35ma sœur a prévenu
20:35tout de suite
20:36les autorités françaises
20:37en leur disant
20:37là par contre,
20:41c'est de votre côté là.
20:42Parce qu'il n'arrêtera pas.
20:45Ce n'est pas
20:46les quelques visites consulaires
20:48écrivez-vous
20:49que vous avez reçues
20:51et auxquelles d'ailleurs
20:52vous allez finir par renoncer
20:53qui vous ont beaucoup aidé.
20:55Vous relatez
20:56des discussions
20:56assez ubuesques
20:57avec le consul
20:58qui était en poste
21:00à l'époque.
21:02On en retient deux.
21:04Une des fois
21:05où il vous dit
21:05que vous allez bénéficier
21:07de 30 euros,
21:08l'équivalent de 30 euros
21:09pour la cantine
21:10de la prison
21:11et que votre famille
21:12remboursera
21:13à l'ambassade.
21:14Que je refuse du coup.
21:15Et une autre fois
21:15il vous dit
21:16qu'il ne viendra plus
21:16parce que sa famille
21:18lui manque ?
21:18Non, parce qu'il part en vacances.
21:20Il a totalement le droit
21:21de partir en vacances
21:22ce monsieur au contraire.
21:23Mais bon,
21:24parce que je devrais comprendre
21:25ça fait deux mois
21:26qu'il n'a pas vu
21:26sa femme
21:27et ses filles
21:28et voilà.
21:30Enfin,
21:30sa famille.
21:31Donc oui,
21:31oui,
21:32effectivement je comprends.
21:33Et il me dira
21:33oui,
21:34pardon,
21:34c'est peut-être pas à vous
21:35que je devrais dire ça.
21:36C'est quoi ?
21:37C'est une erreur ?
21:38C'est une colère ?
21:38C'est de l'amertume ?
21:40Je pense que c'est des choses
21:42qui...
21:42En fait,
21:43je ne suis pas là
21:44pour traîner
21:45lui ou d'autres
21:46en place publique.
21:48C'est juste
21:48de...
21:49En fait,
21:50faites attention
21:50parce que chaque chose
21:52dans ce genre de cas
21:53peut avoir
21:54un énorme impact.
21:56Le fait
21:56d'au bout d'un moment
21:57refuser les visites consulaires,
21:59c'est un énorme geste.
22:01C'est une symbolique
22:02vraiment grande.
22:05C'est de...
22:06Encore une fois,
22:06je ne fais pas tout ça
22:08pour m'apitoyer
22:08sur mon misérable
22:09petit sort.
22:11C'est
22:11comment on fait
22:12pour changer ?
22:13Où ont été les couacs ?
22:14Comment on fait
22:14pour les transformer ?
22:16Donc,
22:16en revenant,
22:18comment vous faites
22:18pour les autres
22:19visites consulaires
22:19avec les autres ?
22:21Donnez-leur
22:22au moins un clin d'œil,
22:23donnez-leur
22:23une poussière d'espoir,
22:25en fait.
22:26Ne leur dites pas rien
22:27parce qu'au final,
22:29on ressort
22:29de la visite consulaire
22:30encore plus détruit
22:31que quand on y a été.
22:33Parce que quand on y va,
22:34on est gonflé d'espoir.
22:35Et quand il n'y a même pas
22:36un clin d'œil,
22:38c'est très compliqué.
22:39Il y a cette expression ?
22:40Tout passe,
22:41tout casse,
22:41tout lasse.
22:42Voilà.
22:42Ça, ça restera
22:43très longtemps.
22:45Vous dites dans le livre
22:46que votre dossier
22:47n'a pas été
22:47une priorité
22:49jusqu'à l'arrestation,
22:51donc deux ans
22:52après la vôtre,
22:53de Cécile Collère
22:55et Jacques Paris.
22:56Pourquoi ?
22:57C'est aussi pour ça
22:58qu'il y a un gros lien
22:58avec Cécile et Jacques.
23:00C'est que mon dossier
23:01ne sera qu'au Quai d'Orsay
23:04pour les Français
23:05détenus à l'étranger
23:06pour des faits
23:07de droit commun.
23:09Et c'est seulement
23:10deux ans après,
23:12au moment de l'arrestation,
23:13la même semaine
23:14de l'arrestation
23:15de Cécile et Jacques,
23:16que mon dossier
23:17passera en cellule de crise.
23:18Mais pourquoi
23:19il ne l'était pas ?
23:20Vous avez posé la question.
23:22Oui, mais je n'aurai jamais
23:23la réponse.
23:23Mais j'ai eu la réponse
23:25que ça ne change rien.
23:27On prenait soin pareil.
23:29On s'en occupait pareil.
23:31Mais c'est symbolique aussi.
23:33Ça montre...
23:35Ça a pris de l'ampleur.
23:36J'ai été le premier
23:37d'une longue lignée
23:38puisqu'à un moment donné,
23:39on était quand même sept
23:39avec Cécile et Jacques,
23:42avec Louis qui est revenu,
23:43avec Olivier Grondeau
23:44qui est revenu,
23:45avec Bernard Félan.
23:47Avec qui vous avez été libéré ?
23:48Avec qui a effectué
23:50sa détention avec moi
23:51et avec qui on était libéré
23:51ensemble, oui.
23:53On était sept quand même
23:54à un moment.
23:54Et donc, voilà,
23:55j'étais le doyen.
23:58On va dire ça comme ça.
23:59Est-ce qu'effectivement,
24:00l'administration n'était pas préparée
24:03à un cas comme le vôtre ?
24:04Est-ce qu'il y avait
24:05une petite musique
24:06qu'on a entendue ici en France
24:07aussi chez certains ?
24:09C'était un peu de votre faute
24:10quand même
24:10et que vous n'aviez rien à faire
24:11en Iran ?
24:13Mais ça, je l'entendrai même
24:15de la bouche
24:15de l'ancienne ministre
24:17des Affaires étrangères,
24:18Catherine Colonna.
24:19En même temps,
24:20M. Brière,
24:20vous l'avez un peu cherché.
24:21Ce sont les mots
24:22qu'elle a employés.
24:23Oui, oui, vraiment.
24:24Ça faisait trois semaines
24:25que j'étais rentré,
24:26j'étais encore à l'hôpital.
24:27Mais oui, très bien.
24:29Mais rejetons,
24:31oublions volontiers
24:32le problème premier
24:33qui est l'état ravisseur.
24:35Oublions le problème
24:35second aussi
24:37qui peut être
24:38l'état protecteur
24:38qui a complètement failli
24:39à sa mission aussi
24:40et qui faillit
24:41à sa mission
24:42au retour
24:43puisqu'il n'y a aucun
24:44accompagnement
24:45au retour non plus.
24:46Donc très bien,
24:49oublions tout ça
24:50et rejetons la faute
24:51surtout pour que
24:52vous n'agissiez pas.
24:53Mais en fait,
24:54c'est bien plus profond
24:56que noir ou blanc.
24:58Je n'ai pas envie
24:58de dire que quand
24:59je vais en Iran
25:00le 15 décembre 2019,
25:03l'Iran n'est pas
25:03sur liste rouge.
25:04Voilà, pour préciser,
25:05en décembre 2019,
25:06l'Iran n'est pas
25:08sur la liste rouge
25:09du Quai d'Orsay.
25:09En revanche,
25:10il le devient
25:10début 2020
25:11où là,
25:13vous êtes en Iran.
25:14Vous avez demandé...
25:14Il le devient surtout
25:16par rapport au Covid
25:17déjà
25:18et ensuite,
25:19les frontières sont fermées.
25:20Il est déconseillé
25:21à partir de 2020
25:22aux voyageurs
25:23de se rendre en Iran.
25:24Vous avez demandé
25:24une prolongation
25:25de votre visa.
25:27Vous ne vous êtes pas dit
25:27à un moment
25:28et loin de moi,
25:29évidemment,
25:30mais je vous pose la question
25:30de culpabiliser
25:32qui que ce soit.
25:32Vous ne vous êtes pas dit
25:33peut-être...
25:35Quand on voit
25:36la liste des pays interdits
25:37sur le site
25:38du ministère des Affaires étrangères,
25:39il ne reste plus
25:43beaucoup de destinations
25:44quasiment.
25:45Il y a même des pays
25:46qui sont aberrants
25:47de les avoir mis
25:47sur liste rouge
25:48mais ça,
25:49ça n'engage que moi.
25:50Je demande des visas,
25:52des prolongations de visas
25:53qui sont légales
25:54dans le pays là-bas
25:55parce qu'en fait,
25:57au fur et à mesure
25:58du temps
25:58qu'on passe là-bas
25:59et j'ai eu la chance
26:00et je dis bien la chance
26:01de passer six mois
26:02à voyager en Iran,
26:04la tyrannie,
26:06on ne la sent pas
26:08au quotidien.
26:08On commence à douter
26:11des médias occidentaux
26:12à se dire
26:13qu'en fait,
26:13ils en font un peu trop
26:15parce qu'on est entouré
26:16d'une jeunesse bouillonnante,
26:17on est entouré
26:18de gens formidables
26:20et on ne voit pas
26:22la tyrannie du régime
26:23à l'époque,
26:24en tout cas,
26:25au jour le jour
26:25dans la rue.
26:27Post-Gina Massahamini
26:28le 16 septembre 2022,
26:30ça changera,
26:31moi je ne le verrai pas
26:32dans la rue,
26:32je le verrai de la prison
26:33parce que la prison
26:35se remplira.
26:37Vous avez vu arriver
26:38des Iraniens arrêtés
26:39dans le sillage
26:40du mouvement
26:41Femmes et Libertés ?
26:41Oui,
26:42complètement.
26:42Nous,
26:43à la télévision du régime
26:44dans notre dortoir,
26:45tout va bien.
26:47Il fait bon vivre en Iran
26:48et c'est encore
26:48tous les Occidentaux
26:49qui veulent essayer
26:52de mentir.
26:52mais par contre,
26:55nous,
26:55notre quartier
26:55de haute sécurité
26:56se remplit,
26:57il est plein à craquer
26:58avec certains détenus
26:59qui sont très très jeunes,
27:01qui ne sont pas
27:02encore ados.
27:04On ne va pas oublier
27:06le problème premier
27:07qui est l'état ravisseur
27:08où le peuple iranien,
27:1190 millions d'habitants,
27:1385 millions d'otages
27:15sont les premiers
27:16à souffrir.
27:18On ne va pas minimiser
27:20ça non plus.
27:21C'est intéressant
27:21ce que vous rappelez
27:22sur cet accès
27:23à la télévision
27:24officielle d'État
27:26dans la cellule
27:27parce que c'est effectivement
27:28l'une des rares fenêtres
27:29sur le monde,
27:30alors vraiment très encadrée
27:32par la propagande
27:33du régime.
27:35Vous découvrez
27:35l'histoire de Jacques Paris
27:37et de Cécile Collaire
27:38sur cette télévision
27:40et vous êtes
27:40dans un état mental
27:41tellement compliqué
27:43qu'au moment
27:44où sont diffusés
27:45leurs aveux
27:45forcés
27:46à la télévision d'État,
27:48d'abord,
27:49vous vous dites
27:50et vous dites
27:51à votre sœur
27:51« Ah ben en fait,
27:52vous avez un doute. »
27:54C'est un moment
27:55très très compliqué
27:55même à reparler
27:58autant de temps après.
28:00J'ai eu cette pensée-là,
28:02elle est immonde,
28:03vraiment.
28:05Ses aveux
28:05estorqués
28:06sont glaçants.
28:08Ils ont dû être
28:09terrorisants
28:10pour leur famille
28:12et pour Noémie
28:12que je connaîtrai plus tard.
28:14la sœur de Cécile
28:16qui est héroïque
28:19aussi
28:19dans le combat
28:21qu'elle mène.
28:23Ouais,
28:23j'ai eu
28:24quelques minutes
28:26de doute
28:26auxquels j'ai parlé
28:27à ma sœur.
28:28Je me dis
28:28« Tu te rends compte ? »
28:29Moi, je pensais
28:30que c'était touriste aussi.
28:32Et la Blandine
28:32me dit
28:32« Mais t'es pas sérieux. »
28:35Et en fait,
28:35je pense que
28:36c'est cette télévision
28:37du régime
28:37qui commence vraiment
28:38à rentrer dans le crâne
28:39en plus
28:40des conditions
28:42de détention,
28:42en plus de l'enfermement
28:43psychologique
28:44dans lequel on est,
28:45l'enfermement de la langue,
28:46l'enfermement de tout.
28:47D'une certaine façon,
28:47là, vous êtes passé
28:48pas loin du moment
28:49où ils auraient réussi
28:50de leur point de vue.
28:52Ouais, mais c'est...
28:53En vrai,
28:54psychologiquement,
28:54c'est très intéressant.
28:55Socialement,
28:56c'est très intéressant aussi.
28:57Mais c'était pas plaisant
28:58du tout
28:59d'avoir cette pensée-là.
29:00Et j'en suis même
29:01désolé auprès d'eux
29:02parce que
29:04c'est ce qu'ils ont vécu.
29:07Même après trois ans,
29:08ce qu'ils ont vécu
29:10et ce qu'ils vivent encore,
29:11je ne peux même pas
29:11l'imaginer.
29:13On était un cran au-dessus,
29:15à mon humble avis,
29:18dans la torture
29:21qu'ils vivent encore,
29:23qu'ils ont vécu.
29:25Comment vous expliquez
29:26qu'il y a eu
29:27un acharnement sur eux ?
29:29Est-ce que c'est dû,
29:30justement,
29:30à ces aveux extorqués ?
29:32Parce que même
29:33si les Iraniens
29:34savent très bien
29:35que c'est extorqué,
29:36savent très bien
29:36que ça a été mis en scène,
29:37comment...
29:38Mais personne n'est dupes
29:39dans la société iranienne ?
29:40Non, bien sûr que non.
29:41Mais même le régime en soi,
29:43ils savent très bien
29:43qu'on n'est pas espions,
29:44même s'ils sont
29:45d'une psychose.
29:46Comment ils ont obtenu
29:47ces aveux ?
29:49À quel moyen de pression ?
29:52À quel moyen de pression
29:53a été utilisé ?
29:54Je n'ose même pas l'imaginer.
29:55Ils sont en couple.
29:57Moi, j'étais seul.
29:59En couple,
30:00le moyen de pression
30:01est très différent.
30:04Donc voilà,
30:04et puis j'aurais même pas envie
30:06de leur poser la question.
30:07Et puis ça leur appartient.
30:08Et si un jour,
30:08ils ont envie de nous le raconter,
30:10on l'entendra volontiers.
30:11Je disais
30:15tout ça
30:17était d'une incongruité
30:18incroyable.
30:21Votre arrestation
30:22comme votre libération
30:24qui a suivi
30:26un acquittement.
30:27C'est ça ?
30:28Il y a eu un acquittement.
30:28Voilà, un acquittement
30:29au début de l'année 2023.
30:32Et là, preuve
30:32qu'il n'y a pas de limite
30:35à l'imagination
30:36de la torture psychologique.
30:39Vous êtes un jour appelé
30:40en disant
30:41c'est bon pour toi,
30:42c'est la sortie ?
30:43Le 15 février demain le 23,
30:45on est reconvoqué
30:46à la Cour révolutionnaire
30:47avec mes avocats.
30:50J'ai déjà commencé
30:51cette deuxième grève de la faim.
30:53Et en fait,
30:53je suis...
30:55J'ai plus rien à perdre.
30:58Donc du coup,
30:58je prononce un discours au juge
31:01où clairement,
31:01je lui dis que c'est un pantin,
31:03que de toute manière,
31:04il n'y a aucune justice
31:05et que lui ne fait que lire.
31:08En fait, je suis dans un tunnel.
31:10Il y a une...
31:11Et vos avocats vous disent...
31:13Et à un moment,
31:13mon avocat me prend par le bras
31:15et me demande vraiment
31:15de la fermer.
31:17Et deux minutes après,
31:18le juge prononce
31:19azade,
31:21donc libre,
31:22puisque tu es acquitté,
31:24blanchi de tous les crimes
31:25qui sont sur cette fiche
31:27de prisonnier
31:29et que je vais être libéré aujourd'hui.
31:31Bon, très bien.
31:33On retour en prison.
31:34Vous n'y croyez pas ?
31:36Il n'y a pas l'ambassade.
31:38Ça ne ressemble pas du tout
31:39aux bribes que j'ai entendues
31:41des précédents.
31:45Et l'avocate,
31:46mon avocate,
31:47maître Shadi Alimi,
31:49que je peux avoir au téléphone,
31:52elle me dit
31:52non, non,
31:53je t'attends devant
31:53et on s'en va.
31:55Mais on s'en va comment ?
31:56Je n'ai pas de passeport.
31:57L'ambassade est où ?
31:58On va où ?
31:59On va aller à l'hôtel.
32:00Mais ça n'a pas de sens.
32:01Et en fait,
32:02on me sort de mon dortoir.
32:03Je dis au revoir à tout le monde.
32:05Je dis au revoir à Bernard.
32:06Je lui dis quoi ?
32:07À plus, bon courage,
32:08on se voit dehors.
32:09C'est extrêmement compliqué.
32:12J'arrive à un mètre
32:13de la sortie de la prison.
32:14Mon avocate est effectivement dehors.
32:16Vous passez un premier sas,
32:17un deuxième sas ?
32:17Un troisième de sécurité.
32:19Et là ?
32:19On me dit d'attendre sur le côté
32:21et au final,
32:22deux minutes après,
32:23on me dit
32:23retourne en cellule.
32:24Quelqu'un vous met la main
32:25sur l'épaule
32:26et retourne en cellule.
32:26Oui, c'est ça.
32:27Retourne en cellule.
32:28Je retourne en cellule.
32:29Bernard avait déjà commencé
32:31à distribuer mes affaires
32:32comme ça se fait
32:33pour ceux qui sont libres.
32:35Vos affaires étant
32:36une couverture,
32:36une petite cuillère ?
32:38Oui, et un pantalon ou deux.
32:40Mais ça,
32:40c'est ce qui passe.
32:43Ça se passe
32:43de main en main,
32:45y compris les sous-vêtements
32:47de personnes qui sont libérées
32:48ou de personnes qui sont exécutées.
32:50Ça se passe.
32:50Retour en cellule.
32:53En mai 2023,
32:56là, cette fois-ci,
32:57c'est la bonne.
32:57Vous êtes effectivement
32:58libérée.
33:00Oui.
33:01En sale état,
33:01on l'a dit,
33:02en grève de la faim.
33:04Vous rentrez en avion médicalisé.
33:06Vous retrouvez votre soeur.
33:08Vous comprenez
33:09qu'elle a remué ciel et terre
33:11avec vos parents,
33:12vos cousins, etc.
33:13pour permettre
33:14cette libération.
33:16Sentiment extrêmement ambivalent
33:18que vous vivez
33:19à ce moment-là.
33:20Vous dites,
33:21bien sûr,
33:21évidemment,
33:22bonheur de retrouver la liberté,
33:24mais qu'on vous a arraché
33:25d'une certaine façon
33:26à votre captivité.
33:28Je me rends compte
33:28surtout de ce que ma soeur a fait
33:31depuis que je fais
33:34des apparitions
33:35dans les médias
33:36pour ce livre.
33:39Parce que je ne m'étais pas
33:40exprimé réellement avant.
33:42Je me rends compte
33:42de l'énergie.
33:43Parce que tout le monde
33:44connaît votre soeur.
33:45Oui, c'est ça.
33:45Donc, à l'origine,
33:47c'était elle,
33:47la soeur de Benjamin.
33:48Et limite,
33:49moi, j'ai été finalement
33:50le frère de Blandine
33:51pendant ce moment-là
33:52et j'ai trouvé ça très beau
33:53comme symbolique.
33:55Quand on rentre,
33:55oui, il faut se la réapproprier,
33:56la liberté.
33:57Au même titre
33:58que quand on nous arrache
33:59à la liberté
34:00pour nous enfermer,
34:01c'est extrêmement traumatique.
34:02et bien, en fait,
34:05quand on nous arrache
34:06de cette cellule
34:07où moi,
34:08chaque centimètre carré
34:09a eu une histoire,
34:10je connais tous les bruits,
34:11je connais toutes les habitudes,
34:12tous les sons.
34:15Je suis avec les mêmes personnes
34:16dans les mêmes 30,
34:1740 mètres carrés
34:18depuis deux ans et demi.
34:21Et d'un seul coup,
34:22l'horizon s'élargit.
34:24Ça va vite,
34:24ça va trop vite.
34:26On prend l'avion,
34:28on voit sa famille,
34:29on ne réalise pas.
34:30Et puis,
34:31il y a beaucoup d'agitation.
34:32Donc, il faut se réapproprier
34:33cette douce liberté.
34:34Il faut se réapproprier
34:35et retrouver sa place
34:37dans sa propre famille
34:39et dans ses groupes d'amis.
34:42C'est une phrase
34:43que j'aime beaucoup
34:43que j'avais trouvée là-bas.
34:46C'est que quand je rentre,
34:48je me rends vraiment compte
34:49que tout le monde a grandi
34:50et moi, j'ai juste vieilli.
34:52Parce que tout le monde a eu,
34:54malgré Covid,
34:55tout le monde a évolué.
34:58Des projets persos,
34:59des projets pros,
35:00une maison, un enfant,
35:01enfin, je ne sais pas.
35:03Bon, voilà.
35:04Moi, ça a été mis en pause
35:05mais ce n'est pas grave,
35:06ça se refait après.
35:07Votre sœur Blandine
35:08a eu des enfants
35:09pendant votre détention.
35:12Elle était enceinte
35:13quand vous êtes partie.
35:14Non, elle a eu des jumeaux
35:17avant que je parte.
35:19Pardon, elle a eu des jumeaux
35:20mais que...
35:21Ils avaient huit mois
35:22quand j'étais enfermée.
35:22Pardon, excusez-moi.
35:23Vous les avez très peu connus.
35:25Et vous pensez beaucoup
35:26à eux pendant cette détention.
35:28Ils ont une phrase extraordinaire
35:29quand ils vous retrouvent
35:30pour la première fois.
35:31Ils disent
35:32« Tonton Benjamin,
35:33ça fait longtemps
35:33qu'on ne l'a jamais revu. »
35:34Oui, c'est quand elle leur annonce
35:37que c'est bon,
35:39Tonton Benjamin,
35:39il est rentré
35:40de son long voyage
35:42et on va le voir demain.
35:43Ça fait longtemps
35:45qu'on ne l'a jamais vue.
35:47Cette phrase-là,
35:47je pense que c'est
35:48des doses d'amour
35:50et d'insouciance
35:51qu'il faut garder
35:52parce que c'est ce qui fait tenir
35:54aussi dans ces moments-là.
35:55La liberté,
35:57ça s'apprend.
35:58C'est vrai,
35:59quand on en dispose,
36:00on ne se pose même pas
36:01la question de ce qu'on en fait
36:02et de son rapport
36:03à la liberté.
36:04Je crois que pendant des mois,
36:06parmi toutes les difficultés
36:07auxquelles vous avez eu
36:08besoin de faire face,
36:10vous n'avez pas pu dormir
36:12dans le noir
36:12tant que vous étiez habituée
36:13à la lumière
36:1424 heures sur votre place.
36:15Il faut se refaire à tout.
36:17De redormir dans un lit
36:18propre et frais,
36:20aussi plaisant que ce soit,
36:22ce n'est pas forcément évident.
36:24Toutes les habitudes changent.
36:27Les néons allumés
36:2824 heures sur 24,
36:29effectivement,
36:29au début,
36:30j'ai eu besoin de dormir
36:30avec une lumière
36:31et puis tout doucement
36:33la baisser vers une veilleuse
36:34et puis au final,
36:36de maintenant dormir
36:38dans le noir sans problème,
36:39de ne pas vouloir
36:40aucune porte fermée,
36:42y compris celle des toilettes,
36:43à l'hôpital
36:44parce que pour moi,
36:45une porte fermée
36:45est une porte verrouillée
36:46de l'extérieur
36:47et même maintenant,
36:49finalement,
36:50la porte de mon appartement,
36:51elle est très rarement verrouillée.
36:54Ubu,
36:54est-ce que toujours,
36:55vous avez un rendez-vous
36:57avec les impôts
36:59qui vous reprochent
37:01de ne pas avoir fait
37:01vos déclarations
37:02pendant que vous étiez
37:03en détention ?
37:04C'est le côté double peine
37:05et rocambolesque du retour
37:07où il n'y a aucun suivi,
37:09aucun accompagnement
37:10et aucune aide de prévu.
37:12J'en veux pas à cette dame
37:14aux impôts
37:15qui doit me faire rentrer
37:16dans une case
37:17mais qui n'y arrive pas
37:20et qui ne comprend pas
37:21pourquoi ma famille
37:22même n'a pas déclaré,
37:23n'a pas aidé
37:24à la déclaration
37:25de ces impôts-là.
37:26Je lui en veux pas.
37:27Sur son écran,
37:29il y a erreur 404
37:30en fait,
37:31pour me faire rentrer
37:32dans une case
37:32qui n'existe pas.
37:33et j'en veux pas forcément
37:36non plus
37:36à l'État
37:37censé être protecteur,
37:39l'État français
37:40qui a échoué
37:42à certains niveaux.
37:44J'en veux pas
37:45au moment où ça se passe.
37:47J'en veux actuellement
37:48du fait qu'ils ne font
37:49toujours rien
37:50pour mettre en place
37:51quelque chose.
37:51Ce que vous dites aujourd'hui
37:52c'est que cette case
37:52elle n'existe pas.
37:54Elle n'existe toujours pas.
37:56Il y a des cas
37:57qui s'accumulent.
37:57Cécile Collard
38:00et Jacques Paris
38:01vont rentrer
38:01et eux non plus
38:03ne vont pas rentrer
38:03dans une case.
38:04Le ministre
38:05Jean-Noël Barraud
38:07le ministre
38:08des Affaires étrangères
38:09pardon
38:09la semaine dernière
38:11m'a confirmé
38:12via un député
38:14que Cécile et Jacques
38:16seraient prises en charge.
38:17Mais heureusement.
38:20Mais en fait
38:21ça veut dire quoi
38:22pris en charge ?
38:23Je ne sais pas.
38:23Vous, vous avez été pris en charge ?
38:25Oui, on m'a mis à l'hôpital.
38:27Mais après
38:28la facilitation administrative
38:31dont on a besoin
38:31elle est inexistante.
38:34Et tant bien même
38:34heureusement que Cécile et Jacques
38:35vont être pris en charge.
38:37Mais il faut arrêter
38:38en fait
38:39de faire de l'arbitraire aussi.
38:41Parce que là
38:41on retourne sur quelque chose
38:42de ponctuel
38:43et de personnel.
38:44Moi ce que je veux
38:44c'est qu'on inscrive
38:45dans le marbre
38:45un guichet unique.
38:47Un projet de loi
38:48c'est très compliqué
38:49à mener.
38:50Mais au moins
38:51un guichet unique
38:52qui pourrait dépendre
38:54de la diave
38:54qui est la délégation
38:55interministérielle
38:56d'aide aux victimes.
38:57Je pense que ça porte
38:57très bien son nom
38:58pour quand un otage rentre
39:00et c'est même pas
39:01que l'otage quand il rentre
39:02c'est la prise en charge
39:03et l'assistance
39:04de leur famille
39:05pendant la détention.
39:07Noémie
39:07comment fait-elle
39:08pour survivre maintenant ?
39:10Parce qu'elle a dédié
39:11trois ans et demi
39:11de sa vie
39:12Noémie Collère
39:12Cécile Collère
39:13qui a effectivement
39:14arrêté de travailler
39:14pour s'occuper
39:16du combat
39:17pour sa soeur.
39:18Comment fait-elle ?
39:19Comment fait-on
39:20pour l'aider ?
39:21Et bien
39:22c'est pareil
39:23le sujet
39:23comment on fait pour
39:25quand on rentre
39:25on n'a plus de sécurité sociale
39:27suivant le temps
39:27qu'on y a passé ?
39:28On est
39:29en porte-à-faux
39:32avec les impôts
39:33parce qu'on n'a rien
39:33déclaré.
39:35Ok
39:35remettons-nous
39:36dans des cases
39:37ouvrons une case
39:38est-ce qu'on est
39:39en arrêt maladie ?
39:39Est-ce qu'on est
39:40en arrêt de travail ?
39:43Est-ce qu'on est
39:43en chômage ?
39:43Je ne sais pas
39:44mais je n'ai pas
39:45toutes les réponses
39:46en tout cas
39:47j'ai tout ce qu'il faut
39:48pour implémenter
39:49ce truc-là.
39:50Maintenant
39:51il faudrait
39:51et c'est peut-être
39:52très naïf de ma part
39:53il faudrait
39:53une collaboration
39:54entre non seulement
39:56le ministre des affaires étrangères
39:57qui ne peut pas
39:58se décharger
39:58puisque à l'origine
40:00c'est à lui
40:00de faire une passation
40:01aussi pendant la détention
40:02et au retour
40:03le ministre
40:04probablement
40:05de la justice
40:06le ministre de l'intérieur
40:07le premier ministre
40:08Mais vous
40:10qu'est-ce qu'on vous répond
40:10quand vous dites
40:11bon pour moi
40:12c'est peut-être trop tard
40:13mais pour les autres ?
40:14Que tout le monde va aider
40:15mais dès qu'ils sont
40:17ils aident
40:18pour prendre une photo
40:19pour faire
40:20de la très bonne communication
40:21comme ça a été
40:22fait pour la libération
40:23la sortie de prison
40:26de Cécile et Jacques
40:26mais une fois
40:28pour rentrer chez soi
40:29Non vous ne dites pas
40:30aujourd'hui
40:30que le Quai d'Orsay
40:31et quel que soit
40:32celui ou celle
40:33qui était à la tête
40:34du ministère
40:34n'a pas œuvré
40:35pour obtenir ses libérations
40:37ce que vous dites
40:37c'est qu'il y a
40:38des trous dans la raquette
40:39Je ne crache pas
40:40on est rentré
40:41on est libre
40:42mais à quel prix déjà ?
40:44A quel prix ?
40:44C'est trois ans
40:45nos vies
40:45trois ans de ma vie
40:47trois ans et demi
40:47de la vie de Cécile et Jacques
40:48c'est rien
40:49par rapport
40:50on est des pions
40:51par rapport aux enjeux
40:52qu'il va y avoir
40:53entre les deux états
40:54ça se joue dans des sphères
40:55qui me dépassent complètement
40:56moi à mon petit niveau
40:58ce que j'aimerais
40:58c'est de mettre en place
40:59quelque chose
40:59pour que
41:00le pseudo brouillon
41:03que j'ai été
41:06au retour
41:07je n'ai pas envie
41:09de m'apitoyer
41:09sur mon misérable petit sort
41:11je ne suis pas là
41:11pour traîner des personnes
41:13en place publique
41:13je suis là pour leur demander
41:14d'agir
41:15pour transformer quelque chose
41:17comme ça a été fait
41:18avec d'autres attentats
41:20terroristes
41:21comme ça a été fait
41:22avec plein de choses
41:23dans notre société
41:25c'est une démarche citoyenne
41:26il y a un moment donné
41:27il faut que quelqu'un
41:28prenne un flambeau
41:29et l'amène
41:30et pour l'évolution prochaine
41:32dans 10 ans
41:34dans 20 ans
41:34quelqu'un d'autre
41:35prendra ce flambeau
41:36mais c'est comme ça
41:36que ça marche
41:37vous avez envoyé ce livre
41:39à Zadi
41:40à l'ambassade d'Iran
41:43ici en France
41:43avec une dédicace
41:45je crois
41:45oui
41:46qu'est-ce que vous leur avez dit
41:47je peux vous la lire
41:49il faut que je la retrouve
41:50vous avez quelques secondes
41:52oui oui
41:54c'était important
41:55j'en ai envoyé un aussi
41:56au président de la république
41:57j'en ai envoyé un aussi
41:58au ministre des affaires étrangères
42:01Jean-Noël Barraud
42:02oui
42:03j'en ai envoyé
42:04à quelques personnes
42:05clés
42:06j'en ai envoyé un
42:06à Sylvain Tesson
42:07j'en ai envoyé un
42:08à Virginie Grimaldi
42:09à laquelle je trouve
42:12ces très beaux écrits
42:14Sylvain Tesson
42:15vous le citez beaucoup
42:15dans le livre
42:16et notamment
42:17la façon dont il a
42:18il a défini
42:20conceptualisé
42:21le fait de se
42:21se laisser
42:23sombrer
42:24le fameux lâcher prise
42:25finalement
42:26d'accepter
42:26de continuer
42:28de creuser
42:28même quand on pense
42:29avoir touché le fond
42:30et cette
42:32cette dédicace
42:34à l'ambassade
42:35de la république islamique
42:38à Paris
42:38la république islamique d'Iran
42:40à Paris
42:41pardon
42:41c'est
42:42misérable petite république
42:44ils ont déjà dû traduire le livre
42:58tu m'as pris 3 ans de ma vie
42:59ainsi que celle de mes proches
43:01pourtant
43:01ce que j'ai ramené dans le coeur
43:03c'est la beauté d'un peuple
43:04les 85 millions d'otages
43:06que tu tyrannises
43:07et qui te méprisent
43:08ils ne vous ont pas répondu
43:09non mais ils ont déjà dû traduire le livre
43:11d'ailleurs je prendrais bien la traduction
43:13parce que j'adorerais
43:14l'avoir en persan
43:15on a commencé cet entretien
43:18pardon en disant que
43:19vous étiez amoureux de l'Iran
43:20et c'est pour ça que vous y avez passé
43:216 mois
43:23cet amour là
43:24il est intact
43:25vis-à-vis de ce pays
43:27et de ces gens
43:27il l'est
43:28c'est un message d'amour aussi ce livre
43:30c'est une demande
43:31de
43:32s'il vous plaît
43:33ne faites pas d'amalgame
43:34entre ce qui s'est passé
43:36que ce soit pour
43:37Louis, Olivier, Bernard
43:40Cécile, Jacques
43:41et moi
43:42ce que la république islamique
43:45nous ont fait
43:46ne faites pas l'amalgame
43:47entre ça et
43:48les iraniennes
43:50les iraniens
43:51et le pays
43:52d'Iran
43:53qui sont deux choses
43:54à dissocier
43:55il n'y a aucune haine
43:58contre le peuple iranien
44:00il y a beaucoup d'amour
44:01et de compassion
44:02parce que
44:05le régime
44:07si le régime
44:08s'en va à demain
44:08je pense qu'il y a
44:10une grande partie de nous
44:11et moi y compris
44:11où après demain
44:12on y est
44:13vous y retournerait
44:13bien sûr
44:14pas en vanne
44:14parce que vous l'avez vendu
44:15je crois
44:16mais vous n'avez pas renoncé
44:17il y a à vendre
44:18pour ceux que ça intéresse
44:19l'annonce est en ligne
44:21j'ai un peu de mal
44:22à m'en séparer
44:22d'ailleurs c'est assez lui-esque aussi
44:23que vous ayez récupéré
44:24votre van
44:25pareil
44:25ça aurait été
44:27une discussion
44:28à avoir
44:29parce que discutable
44:30avec l'état français
44:31puisqu'il revient
44:32complètement défoncé
44:33beaucoup d'argent dépensé
44:34quand même pour récupérer
44:35ce van
44:35en revanche
44:35vous n'avez pas fini
44:36de voyager
44:37non je suis reparti
44:39un peu avec
44:39en France seulement
44:40je n'ai pas passé
44:41les frontières avec
44:41je suis reparti voyager
44:43à l'étranger
44:43après mon retour
44:45mais avec le van
44:45je suis resté en France
44:46mais au final
44:47voilà
44:48c'est parce que
44:48c'était la symbolique
44:49de je décide
44:50de quand
44:51va s'arrêter
44:52mon voyage
44:52merci beaucoup
44:54d'être venu ce matin
44:56sur le plateau
44:56de parlons-en
44:57Azadi
44:581079 jours
44:59otage
45:00en république islamique
45:01d'Iran
45:01c'est un livre
45:03où on pleure
45:04on rit aussi
45:05merci beaucoup
45:06d'être venu nous en parler
45:06ce matin
45:07une émission à revoir
45:08en replay
45:09réécouter un podcast
45:10on se retrouve dans un quart d'heure
45:11pour la suite de ce rendez-vous
45:12d'info
45:12à tout à l'heure
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