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  • il y a 2 jours
Hugo Martinez, président de l’association Hugo, est revenu, ce jeudi 6 novembre dans La Matinale, sur le harcèlement scolaire dont il a été victime au cours de son adolescence : «En quatrième, c’était un rituel, je savais que j’allais me faire frapper à la fin de la pause déjeuner».

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Transcription
00:00C'est que le harcèlement scolaire s'installe de telle sorte qu'on ne s'en rend pas compte de comment il arrive.
00:03On ne s'en rend pas compte et quand on est victime de harcèlement,
00:06finalement, quand on s'en rend compte, c'est déjà presque trop tard, le phénomène est installé,
00:09on a peur d'en parler, d'avoir des représailles derrière,
00:12et donc c'est tout ça qui fait que finalement on s'installe dans cette dynamique-là.
00:15Moi j'en venais à avoir ce rituel en quatrième, de savoir que j'allais me faire frapper,
00:19et de m'y rendre chaque jour, derrière ce mur qui était bien défini,
00:24d'aller à la fin de la pause déjeuner me rendre à ce mur pour me faire frapper, je savais.
00:27Mais c'était un rituel, c'était devenu une fatalité.
00:31Mais moi aujourd'hui, justement, si j'en parle aujourd'hui sur ce plateau avec vous,
00:36et si j'en réfère à mon combat, c'est que je sais à quel point c'est un combat du quotidien.
00:40C'est-à-dire que pour les familles, bien sûr, pour les victimes,
00:42mais c'est aussi pour tous les entourages.
00:44Et quand aujourd'hui on dit qu'il faut en parler,
00:46moi je le dis à tous les jeunes qui nous écoutent, toutes les familles,
00:49on peut en parler aux parents, mais ça peut être aussi aux grands-parents, aux oncles, aux tantes, etc.
00:52Il faut bien penser qu'à un moment, on a besoin qu'il y ait un adulte qui puisse prendre en charge ces sujets-là.
00:56– Justement, vous avez choisi de parler dans la première matinale Info de France,
01:00donc c'est pas rien, il y a des parents, des grands-parents qui vous regardent,
01:05et probablement des enfants, les familles.
01:07Mais les parents, les grands-parents, qu'est-ce qui doit alerter chez un jeune ?
01:11– C'est tout changement de comportement.
01:13Donc un enfant qui était plutôt timide, qui va être plutôt extraverti,
01:15ou à l'inverse, ou un enfant qui était peu impliqué sur le plan scolaire,
01:18qui d'un coup va se surimpliquer émotionnellement.
01:20Tous ces changements de comportement doivent alerter,
01:22ça c'est la clé vraiment qui doit alerter aujourd'hui tous ceux qui nous regardent,
01:26et ça doit ouvrir un débat à la maison, en tout cas un espace de dialogue.
01:30Moi ce que je veux juste dire aussi à tous ces enfants…
01:33– Et qu'est-ce qu'on fait quand on découvre ça ?
01:34On appelle le 30-18…
01:36– D'abord parler avec l'enfant.
01:37– Déjà parler avec l'enfant.
01:38– Ça c'est le premier point, c'est comprendre quelle est la fragilité en fait,
01:42parce que vous savez le harcèlement il repose sur une fragilité souvent,
01:44une fragilité émotionnelle, intellectuelle, physique…
01:47– Que le groupe repère.
01:48– Repère et donc va mettre en lumière.
01:50– Oui, il y a beaucoup de courageux en groupe, ceci dit c'est vrai, adulte également.
01:54– Également, mais ce qu'il faut dire aussi souvent,
01:56moi j'ai une vision de la chose, où je le dis,
01:59et j'ai eu l'occasion de le dire dans les colonnes du journal du dimanche,
02:02vis-à-vis des primo-harceleurs, il faut comprendre pourquoi ils en arrivent là.
02:05Dans 9 cas sur 10, ils souffrent autant qu'ils font de mal,
02:07ce sont des élèves qui souvent ont une fragilité eux-mêmes,
02:10sauf qu'ils ont réussi à prendre le lead sur le groupe
02:12et à mettre en lumière quelqu'un d'autre.
02:14Par contre, avec les récidivistes, tolérance zéro,
02:18et il faut responsabiliser les parents.
02:19Et là, notre justice est complètement laxiste sur ce sujet aussi des mineurs.
02:24– Les parents doivent parler avec les professeurs, avec les directrices, le directeur ?
02:28– Il y a le 30-18 qui permet d'avoir des réponses un peu à l'instant T.
02:31– Très concrètes.
02:31– Très concrètes, mais à l'instant T.
02:33– Je pense aux parents qui peuvent être désemparés,
02:36savoir comment réagir.
02:38– Et nous justement, l'association Hugo, on est sur le terrain,
02:40et je signe hier aussi dans les colonnes du JDD avec Jean-Louis Borloo
02:43et avec la maire de Pontoise et avec Pascal Gentil,
02:46une tribune justement pour rappeler à un grand plan,
02:48le plan territoire.
02:49Parce que le problème, c'est que les familles sont démunies.
02:51Le 30-18, c'est une réponse instantanée, un conseil, mais pas un suivi.
02:54Nous, ce qu'on appelle avec ce plan territoire, c'est 5 piliers,
02:56et notamment une réponse sous 24 heures,
02:58mais surtout, c'est de s'appuyer sur la culture et le sport.
03:01Je pense que ça peut être des remparts contre tous ces phénomènes.
03:03On le voit, moi je suis engagé sur la question de la santé mentale des jeunes,
03:06juste pour se rendre compte, Romain Désa,
03:08depuis le début de l'année, 34 jeunes sont décédés du harcèlement scolaire.
03:11C'est une classe d'élèves.
03:13C'est ce qu'on disait, c'est pas du confort,
03:16c'est pas des états d'âme, ça peut aboutir à des drames.
03:18Une classe.
03:19Accessoirement des vies foutues parce qu'on décide de se donner la mort,
03:23des vies foutues aussi parce qu'on fait de mauvaises études,
03:25alors qu'on est plutôt intelligent,
03:27et qu'on n'y arrive pas parce qu'on pense à ça.
03:32Et moi je ne veux plus qu'on soit dans cette politique du déplacement de l'élève,
03:34que ce soit l'élève harcelé ou harceleur,
03:36quand on arrache le cœur d'un élève, on ne met pas un pansement, on le soigne.
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