RN de gauche ? RN de droite ?

Europe 1

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Alexis Brézé. Bonjour Alexis.

00:04Avec le Figaro, pardon, qu'est-ce que j'ai dit ?

00:05Je n'ai pas misé bon.

00:08Alexis, Marine Le Pen hier s'est fendue d'un tweet pour dénoncer la désinformation dont le RN serait victime

00:15quand on évoque sa contribution à l'augmentation de la pression fiscale.

00:19Alors ce matin, c'est Jordan Bardella qui donne au Figaro une tribune

00:22où il se pose en défenseur de l'entreprise contre les taxes confiscatoires.

00:26Est-ce que c'est une coïncidence ?

00:28Non, évidemment, non Dimitri.

00:30Ça s'appelle une tentative de clarification.

00:33Et très franchement, la clarification est nécessaire.

00:35Parce que si vous avez compris quelque chose au vote du RN sur le volet recettes du budget depuis 10 jours,

00:41vous avez gagné, heureux homme, les œuvres complètes de Gabriel Zuckman et de Thomas Piketty.

00:47Parce que bon, en matière d'impôt, les choses sont d'habitude assez simples.

00:51La gauche estime qu'il n'y en a jamais assez.

00:53La droite est le centre, sans oser dire franchement qu'il y en a trop.

00:57Et c'est vaguement et sans grand succès d'indiquer la marée montante.

01:01Mais là, voilà que le RN, lui, donne le sentiment de jouer une mi-temps dans chaque camp.

01:06Un jour, les députés de Marine Le Pen votent avec les LRL bloc central contre l'attaque Zuckman,

01:11un coup à droite, au motif que ce serait une catastrophe pour le tissu productif.

01:15Et puis le lendemain, ils votent avec les LFI et l'EPS pour une autre invention de Gabriel Zuckman,

01:20la taxe de 26 milliards, excusez du peu, sur les multinationales.

01:24Et on pourrait multiplier les exemples de ce type d'acrobatie.

01:29Sur les holdings, un coup à droite.

01:31Sur la taxation des rachats d'actions, un coup à gauche.

01:33Je suis libéral, voyez mes ailes.

01:35Je suis social, vive les rats.

01:37Vous pastichez Jean de La Fontaine, là.

01:38On vous objectera, Alexis, que la matière budgétaire,

01:41elle est quand même peu lisible pour l'opinion,

01:43qui ne tiendra pas forcément en rigueur au RN de ses ambiguïtés.

01:46Alors certes, Dimitri, la matière budgétaire est complexe,

01:49mais la matière fiscale est ultra sensible, il ne faut pas l'oublier.

01:53Et même s'il y a finalement assez peu de chances que ce budget soit voté,

01:57et donc que ces amendements, les bons comme les mauvais,

01:59finissent par s'appliquer un jour,

02:01il n'en reste pas moins qu'un sentiment s'installe,

02:04et en politique, vous le savez, les perceptions sont des faits,

02:07et ce sentiment, c'est que quand un parti est contre la réforme des retraites,

02:11et pour la création d'un nouvel ESF,

02:13eh bien, il peut multiplier les explications,

02:16dire que c'est la faute à le cornu,

02:18si les retraites sont suspendues,

02:19que c'est le modem qui a proposé ce nouvel IFI,

02:22qu'on le veuille ou non,

02:23il renvoie l'image d'un parti de gauche.

02:25La retraite à 60 ans, l'ISF,

02:27ce sont les deux mamelles du mitterrandisme.

02:30On n'y peut rien, c'est comme ça.

02:32Et pour le reine, ça n'est pas bon.

02:34Alors que depuis les législatives,

02:35le parti nationaliste,

02:37davantage du côté de Jordan Bardella

02:39que de celui de Marine Le Pen, il est vrai,

02:41se donne beaucoup de mal pour décoller cette étiquette gauchisante

02:45qui lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock,

02:48c'est tout son récit d'un parti responsable,

02:51pro-entreprise,

02:52attaché au sérieux budgétaire,

02:54qui s'en retrouve décrédibilisé.

02:56Et à l'inverse,

02:57tous ceux qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons,

02:59font le procès d'un parti décidément indécrottable,

03:03imperméable à l'économie de marché,

03:04tout cela, du côté des retraités,

03:07du monde de l'entreprise,

03:08trouve de nouveaux motifs pour l'accabler.

03:10Oui, mais est-ce que ces concessions à la gauche,

03:12ce n'est pas le prix que le RN doit payer

03:14pour parler aux catégories populaires ?

03:16On entend ça beaucoup.

03:16Oui, oui, on dit ça, on dit ça.

03:18D'abord, d'une part, je ne crois pas

03:20que ce soit bon pour le pays

03:21de creuser le sillon du ressentiment social.

03:24D'autre part, je ne suis pas du tout sûr

03:26que cela soit électoralement nécessaire.

03:29Mais qui a dit

03:30que la France périphérique

03:32avait pour obsession

03:33de rançonner les entreprises

03:35ou de faire la chasse aux patrons ?

03:37Avec l'insécurité,

03:38l'immigration,

03:39le chômage,

03:40l'hôpital en ruine

03:41et l'école en beau,

03:42vous ne pensez pas

03:43qu'elle a d'autres sujets

03:44de préoccupation ?

03:45Regardez ce qui se passe

03:46dans le monde.

03:47Regardez Trump,

03:48Milley ou Mélonie.

03:50Ils n'ont pas eu besoin,

03:51eux,

03:51de se grimer en Jaurès

03:52ou en Rosa Luxembourg

03:54pour parler au peuple.

03:55Pour gagner,

03:56ils ne se sont pas crus

03:57obligés de réinventer

03:58le « en même temps ».

03:59Ils sont de droite,

04:01libéraux,

04:02libéraux à leur manière,

04:03ils l'assument

04:03et ça ne marche pas

04:04si mal que ça.

04:05L'édito politique

04:06sur Europe 1,

04:07merci beaucoup Alexis Brézé.

04:09Je signale la Une du Figaro

04:09ce matin consacrée

04:10aux policiers

04:11pris pour cibles,

04:13menaces,

04:13agressions,

04:13lynchage,

04:14grand papier sur le sujet.

04:15Merci beaucoup Alexis.

04:17Il est 8h moins 5,

04:18vous écoutez Europe 1 matin,

04:19très bon début de journée,

04:20nous sommes le mardi 4 novembre.

04:21Sous-titrage Société Radio-Canada

04:22Sous-titrage Société Radio-Canada

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