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  • il y a 5 jours

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00:00Et il y a 100 ans, l'écrivain le plus connu du Loiret et du Loiret-Cher
00:04décrochait le plus prestigieux des prix littéraires.
00:07Maurice Genevoix recevait le prix Goncourt 1925 pour son roman Rabolio.
00:11Et nous parlons de cet anniversaire et de l'héritage à la littérature
00:15et au Loiret qu'a laissé Maurice Genevoix.
00:17On en parle avec son petit-fils Julien Larrère-Genevoix qui est avec nous.
00:20Bonjour Julien Larrère-Genevoix.
00:22Bonjour.
00:23100 ans après ce prix Goncourt pour votre grand-père,
00:25c'est quoi selon vous l'héritage Maurice Genevoix ?
00:28L'héritage Maurice Genevoix, il y en a deux.
00:32Il y a d'abord évidemment tout ce qui s'est passé autour du Panthéon,
00:34donc ce message de solidarité, de fraternité et cet aspect plus historique.
00:41Et puis il y a aussi dans l'œuvre de Maurice Genevoix un appel à l'harmonie
00:48et à une forme de sérénité et de vie heureuse.
00:51Voilà ce qu'est Maurice Genevoix pour moi aujourd'hui.
00:53Vous avez parlé effectivement de l'entrée au Panthéon,
00:55c'était-il il y a cinq ans quasiment jour pour jour ?
00:57C'est le 11 novembre 2020.
00:59C'est quelque chose que vous, vous avez beaucoup porté.
01:02C'était très important pour vous que votre grand-père entre au Panthéon ?
01:05C'était d'abord très important pour ma mère qui m'a demandé de continuer après son décès.
01:11Et c'est vrai que j'y ai mis un investissement extrêmement important,
01:14d'abord filial et sentimental.
01:17Et puis ensuite au fur et à mesure du temps,
01:20véritablement en comprenant que c'était une idée qui plaisait à beaucoup de gens.
01:24Et que ça avait véritablement du sens.
01:26Et ce sens historique m'est apparu de plus en plus fort au fil du temps
01:30et a renforcé cet engagement qui parfois, peut-être, me paraissait un peu lourd
01:35ou peut-être vint aussi à d'autres moments.
01:38Et en réalité, on a continué parce que ça correspondait à quelque chose.
01:42Une fierté, j'imagine, il y a cinq ans de voir votre grand-père entrer au Panthéon ?
01:46Une immense fierté et en même temps, du fait de ce parcours assez personnel, un soulagement.
01:52Mais j'insiste parce que c'est important, c'est une fierté d'avoir fait rentrer Maurice Genevois au Panthéon,
01:57mais qu'il n'y soit pas rentré seul.
01:59C'est-à-dire qu'il est rentré en tant que porte-étendard de l'ensemble de ses frères d'armes
02:03et donc de tous les Français mobilisés dans la Grande Guerre.
02:06Et ça, c'est une construction qui a été importante pour nous.
02:08Ça n'est pas Maurice Genevois seul,
02:10c'est un hommage à l'ensemble de la Génération du Feu.
02:14La Grande Guerre dont il a beaucoup parlé dans ses écrits.
02:17Avant Rabolio, d'ailleurs, il était plutôt connu comme auteur de romans de guerre
02:22qui parlaient de la guerre 14-18 à laquelle il a participé.
02:27C'est un roman régional, un roman de terroir qui lui a fait gagner le prix Goncourt.
02:32Il n'aimait pas trop ça, Maurice Genevois, ce terme de roman régional, roman de terroir ?
02:37Alors, il disait, lui, qu'il n'aimait pas trop ça
02:39parce qu'il sentait l'espèce de condescendance qu'il y avait dans le terme.
02:42Mais en même temps, il la revendiquait quelque part.
02:45C'est-à-dire qu'il disait forcément, je parle, lorsque j'écris,
02:47je parle de ce qui me nourrit, de ce qui me fait vivre, de ce qui me remplit.
02:51Et donc, nécessairement, je parle de ce que je connais.
02:54Et donc, c'est pour ça que ces livres sont attachés à un terroir.
02:58Mais lorsqu'on les regarde et lorsqu'on les lit,
03:00notamment Rabolio ou Rémi Desroges,
03:02qui est sa première grande œuvre littéraire de 1922,
03:05ça parle d'un terroir, mais c'est en même temps totalement universel.
03:09Donc, il est régionaliste, ça, il l'assume,
03:12mais avec cet agacement pour cette étiquette un peu méprisante
03:16qui était donnée souvent par des critiques parisiens
03:18qui goûtaient peu aux histoires de petits animaux.
03:21Votre grand-père, qui n'était pas parisien,
03:22il était originaire de la Nièvre,
03:23il est venu dans le Loiret,
03:25et notamment pour Rabolio,
03:26il a fait, on dirait aujourd'hui,
03:28un stage de formation, presque,
03:30d'observation, justement, en Sologne.
03:33Il a fait connaître la Sologne à la France, en fait, presque.
03:36Il y a une fierté pour vous, en tant que Loiretain,
03:38que vous habitez maintenant dans le Loiret ?
03:40Il y a une fierté, surtout, de voir
03:42qu'il y a un héritage qui est fort
03:44et un attachement de la population important à Rabolio.
03:48J'étais à Brinon-sur-Saudre,
03:49qui est vraiment le village où se passe l'intrigue.
03:52Ils ont fait une exposition
03:54qui doit toujours être en cours aujourd'hui.
03:56Et il y avait beaucoup de gens,
03:57beaucoup d'enfants.
03:58Ils avaient décoré la ville aux couleurs de Rabolio.
04:02Et on sent cet attachement très fort
04:03parce qu'effectivement,
04:05c'est le livre qui a fait connaître la Sologne
04:06qui, à l'époque,
04:08n'était pas le coin de France le plus connu
04:12et qui n'était pas la Sologne d'aujourd'hui,
04:14qui, évidemment, est beaucoup plus prestigieuse maintenant.
04:17Mais ce dont parle Maurice Genevoix dans Rabolio,
04:19c'est de ce terroir un peu méconnu
04:21de ses accents, de ses rites,
04:24de ses modes de vie,
04:25dans lequel, évidemment,
04:26il y a une large place au braconnage
04:28et non à la chasse
04:28puisque Rabolio est un livre sur le braconnage
04:31et non sur la chasse.
04:32C'était important.
04:34Vous avez peut-être grandi avec ces histoires
04:35de votre grand-père
04:35qui, justement, s'est immergé dans ce milieu-là
04:39pour écrire au plus près de la réalité, en fait.
04:41Oui, souvent, et notamment pour Rabolio,
04:44les notes préparatoires sont plus importantes
04:47que le manuscrit.
04:48C'est-à-dire que, vraiment,
04:49c'est quelqu'un qui s'imprégnait
04:51et qui ne voulait pas écrire n'importe quoi.
04:53Et on le remarque dans les termes
04:55utilisés dans Rabolio.
04:57Ce sont les termes adaptés,
04:58ce sont les bons termes.
04:59On le remarque aussi, par exemple,
05:01dans la dernière E-Hard,
05:02où là, il parle beaucoup plus de veinerie.
05:04Mais les mots sont parfaitement employés,
05:06utilisés,
05:07ce qui donne à la langue de Maurice Genevoix,
05:08alors parfois un côté un peu démodé pour certains,
05:11et en même temps,
05:12cette profonde richesse
05:13et cette précision,
05:15cette précision qui avait d'ailleurs été notée déjà
05:17dès Saut-14,
05:19enfin, dès Sous-Verdin,
05:20puisque le secrétaire général de l'école normale
05:22disait que l'œil de Genevoix
05:24voyait tout, entendait tout,
05:25et qu'il retranscrivait tout
05:26avec une précision absolue.
05:29Pour terminer cette interview,
05:30la recommandation du petit-fils de Maurice Genevoix,
05:32votre livre préféré de votre grand-père,
05:35c'est lequel ?
05:35Je n'ai pas de livre préféré,
05:37il y en a beaucoup que j'aime.
05:39Saut-14, il est un peu à part,
05:40je recommande de le lire
05:41parce que c'est véritablement le livre
05:43qui montre pourquoi la guerre
05:45est une absurdité et une horreur.
05:47Mais pour finir sur une note plus douche,
05:48je dirais que le livre qui me touche le plus,
05:50c'est un jour,
05:51qui est un livre de vieillesse
05:52écrit en 1976
05:54et qui est un livre véritablement
05:56qui nous appelle à l'harmonie
05:57entre les hommes et la nature
05:59et à la sagesse
06:00et on en a bien besoin.
06:01C'est la recommandation qu'on retiendra.
06:02Merci beaucoup Julien Larrère-Genevoix
06:04d'être venu avec nous parler
06:05des 100 ans du Goncourt
06:07de votre grand-père Maurice Genevoix
06:08pour Rabolio.
06:09Bonne journée à vous.
06:10Merci.
06:10Merci.
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