- il y a 6 semaines
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h, 21h, Stéphanie Deliereux.
00:04Europe 1 Soir Week-end et j'ai le plaisir d'accueillir mes débatteurs de la deuxième heure.
00:08Charlotte Dornelas, journaliste au JDD. Bonsoir Charlotte.
00:11Bonsoir, bonsoir à tous.
00:12Elliot Mamman, chroniqueur politique. Bonsoir Elliot.
00:15Bonsoir.
00:16Le duo est reformé.
00:17Absolument.
00:17Je vous avais pas la semaine dernière, voilà.
00:19Donc je suis contente de vous retrouver.
00:21Vous aussi.
00:22Et on accueille mon invité de 20h10, de petites minutes de retard, Vincent Monnier.
00:27Vous êtes journaliste, auteur de Narcotracie.
00:31Comment ils ont pris le pouvoir aux éditions Albin Michel.
00:34Bonsoir Vincent Monnier.
00:35Bonsoir.
00:36Alors votre livre est une enquête journalistique.
00:39Elle est dense, documentée sur la montée en puissance des cartels de la drogue en Europe
00:43et sur la manière d'ailleurs dont ils ont fini par infiltrer nos institutions
00:47jusqu'à parfois, vous l'expliquez, menacer nos démocraties.
00:51En clair, le narcotrafic n'est plus un fléau criminel,
00:55mais clairement un système de pouvoir.
00:57Vincent Monnier.
00:58Tout à fait.
00:59On a bientôt une élection municipale qui va se dérouler en mars prochain
01:04et vous avez le président de la commission de contrôle des comptes
01:09et des financements politiques qui a déjà, dans une interview,
01:12un peu lancé l'alerte en disant que son principal sujet de préoccupation
01:15c'est la possible infiltration, le possible financement
01:19de ces campagnes électorales municipales par des narcotrafiquants.
01:22Donc voilà, vous voyez un peu l'enjeu et les difficultés auxquelles on se confronte déjà
01:29et on risque de se confronter dans les mois prochains.
01:31Oui, ça veut dire que des campagnes pourraient être supposément...
01:35Dans des pays étrangers, effectivement, je raconte dans mon livre,
01:38dans des pays pas si lointains, effectivement, vous avez des narcotrafiquants
01:41qui ont financé, qui ont même créé des partis politiques et des candidats politiques.
01:47Il y a un narcotrafiquant qui a eu une phrase fantastique, si je puis dire,
01:51c'est-à-dire qu'il a financé à peu près tous les partis.
01:53Ah oui, au moins, il était sûr de ne pas se tromper.
01:55Voilà, il disait à ses complices, quel que soit le résultat de l'élection, c'est moi qui gagne.
01:58En tout cas, vous dites que l'Europe entière est maintenant menacée par l'émergence d'un narco-banditisme
02:02qui longtemps n'a pourtant été qu'une préoccupation lointaine.
02:06Est-ce que ce n'est pas toujours le cas, parfois ?
02:08Non, non, non, je pense qu'on...
02:09On a pris conscience quand même ?
02:10Je crois qu'il y a eu une prise de conscience ces dernières années.
02:13Je pense que la commission d'enquête sénatoriale a joué un rôle.
02:18Le rapport, effectivement, des deux sénateurs qui...
02:22On retrouve d'ailleurs les mêmes informations que vous nous donnez.
02:25Effectivement, ils ont découvert l'ampleur du fléau, l'ampleur des problèmes, l'ampleur du narcotrafic.
02:33Il s'est passé quelque chose, c'est que le jour de la remise de ce rapport,
02:37de la présentation publique de ce rapport,
02:39c'est le jour de l'évasion de Mohamed Amra.
02:42Avec ces deux agents pénitentiaires qui ont été tués.
02:48Donc voilà, vous avez comme ça un choc entre ce rapport et cette évasion.
02:53Et effectivement, je pense que politiquement,
02:58il me semble que tous les partis reconnaissent la nécessité d'agir contre le narcotrafic aujourd'hui.
03:04Peut-être que ça n'a pas été le cas par le passé,
03:05mais en tout cas, il y a une prise de conscience.
03:08Mais en tout cas, et on le voit chaque fois dans les colonnes évidemment du GD,
03:11dans vos pages, Charlotte, dans les pages société,
03:14que ce n'est pas toujours avec un succès certain,
03:17que c'est extrêmement difficile de lutter contre ce narcotrafic.
03:21Non mais je pense que l'évolution, et vous le disiez, le rapport sénatorial de fait,
03:24et on se souvient évidemment de l'audition de ces magistrats
03:26qui avaient provoqué une prise de conscience, je pense, extrêmement large,
03:30sauf chez le garde d'assaut à l'époque qui s'était énervé contre eux.
03:34Maintenant, ça c'est un autre problème.
03:37Mais je pense que sur le constat, c'est vrai,
03:40après quand on se pose la question des moyens,
03:42là il y a toujours des batailles qui sont dans les faits très idéologiques.
03:46Il y a les défenseurs acharnés du droit de la défense en toute situation,
03:50qui ne prennent pas conscience, on va dire, de l'état du narcotrafic.
03:53Et moi j'ai une question sur le sujet que vous évoquiez précédemment,
03:57c'est-à-dire l'implication du narcotrafic dans la vie politique,
04:00et donc dans la vie démocratique plus largement,
04:02c'est qu'il y a deux menaces, me semble-t-il, contre les élus.
04:06C'est soit la corruption active des élus qui se disent
04:08« bon, je vais m'allier avec eux parce que j'ai un intérêt, on va dire,
04:13à les mettre dans ma poche, notamment financier »,
04:15mais il y a aussi une corruption passive ou la corruption du « j'ai plus le choix »,
04:19étant donné la puissance des narcotrafiquants dans certains villages,
04:22et on se souvient du procès d'une mère qui avait expliqué
04:26que dans son village, ou dans sa petite ville,
04:29ils avaient pris une telle importance
04:31qu'il lui rappelait régulièrement l'adresse de ses enfants lors de sorties des écoles.
04:35Et là, au fil de votre enquête,
04:37comment est-ce que vous appréhendez ce sujet-là,
04:43de la corruption du « j'ai plus le choix » à l'échelle locale d'abord
04:46et à l'échelle nationale, pourquoi pas ?
04:48Effectivement, j'avais couvert cette affaire,
04:49c'était la maire de Cantleux qui est une commune de...
04:52de l'agglomération de Rouen,
04:56une petite commune de 12 000, enfin une ville même,
04:58de 12 000 habitants.
04:58Effectivement, elle a été confrontée,
04:59une pression, pression, pression forte,
05:04effectivement, dans son bureau,
05:05des gens qui viennent, qui débarquent,
05:07et aussi qui viennent la rencontrer quand elle sort de la mairie.
05:11Donc effectivement, il y avait une pression physique.
05:14C'est juste, et ce n'est pas la seule dans ce cas-là,
05:16il y a des maires qui sont confrontées aussi à ça.
05:17Les dockeurs, vous en avez vu ?
05:19Les dockeurs...
05:20Oui, vous en parlez dans votre livre.
05:21D'ailleurs, des dockeurs complices,
05:23ils savent d'ailleurs lesquels sont fragiles,
05:26lesquels...
05:27Tout à fait, oui, bien sûr.
05:29C'est comme s'il y avait...
05:30Ce n'est pas un service de renseignement criminel,
05:32mais en tout cas, les criminels sont très bien renseignés sur...
05:35Vous dites, les trafiquants savent qui est fragile économiquement,
05:38qui est accro au casino,
05:39qui est dépendant à l'alcool.
05:40Voilà.
05:41Ils savent tout.
05:42Effectivement, là, c'est particulier,
05:43c'est sur la ville du Havre,
05:45c'est-à-dire qu'il y a des équipes de criminels
05:47qui sont spécialisées dans les sorties de drogue du port du Havre.
05:51Leur mission, c'est ça.
05:52Et effectivement, ils s'appuient sur des dockeurs,
05:55ils sont allés dans les mêmes écoles,
05:56ils ont fréquenté les mêmes bars,
05:58ils fréquentent parfois les casinos,
05:59donc ils connaissent bien certains dockeurs,
06:02ils connaissent bien aussi leurs points de faiblesse.
06:03C'est ça, la corruption,
06:04c'est appuyer sur les points de faiblesse,
06:06et puis tenir ces gens après par l'argent au départ,
06:11et puis après par la menace, par la violence.
06:14D'ailleurs, le port du Havre,
06:15vous dites qu'il y a une porte d'entrée clairement
06:16de la cocaïne en France,
06:18qui est de plus en plus...
06:20C'est la principale porte d'entrée
06:22de la cocaïne en France aujourd'hui.
06:24Ce n'est pas la seule.
06:26Et comme il y a eu une pression policière
06:28ces dernières années sur les grands ports
06:29du nord de l'Europe,
06:31qui sont les principaux ports européens
06:32par lesquels transitent les cargos,
06:35eh bien, il y a des nouvelles voies
06:37qui se sont créées,
06:39et c'est ça aussi la difficulté
06:41des enquêtes policières,
06:43c'était du travail des policiers,
06:44c'est-à-dire que c'est un monde
06:46en perpétuelle évolution.
06:48C'est-à-dire qu'une route est bloquée,
06:49il y en a déjà deux autres
06:50qui sont créés par les traficants.
06:51C'est un peu désespérant.
06:52Alors, ce que vous expliquez aussi,
06:53c'est qu'on n'est plus dans ce qui se passait à l'époque,
06:56avec Pablo Escobar et le chapeau.
06:58Là, il y a une forme de syndicat,
07:01comme d'ailleurs le livre commence
07:02par un grand mariage assez spectaculaire,
07:04qui est en fait la concentration
07:07de tous les grands chefs de cartel
07:10qui s'associent en fait, c'est ça ?
07:13C'est ça, et qui sont réunis
07:15dans un hôtel 7 étoiles à Dubaï,
07:17au dernier étage, grand luxe.
07:20C'est un mariage de star hollywoodienne,
07:22donc c'est le mariage d'un des barons de la drogue
07:23qui est irlandais et qui est invité
07:24pour ses noces.
07:26Il y en a un qui paye le feu d'artifice, d'ailleurs.
07:27Les cinq barons, oui, il y en a un
07:29qui paye les feux d'artifice, voilà.
07:31Oui, effectivement, on a peut-être une vision
07:33parfois un peu erronée,
07:35parce qu'il y a beaucoup de fusillades
07:36à Marseille et ailleurs.
07:39On se dit que c'est un monde
07:40où les narcotrafiquants se font la guerre
07:42en permanence.
07:44C'est vrai, mais ce n'est pas la seule réalité.
07:46Ils font aussi beaucoup d'affaires ensemble.
07:48Alors là, dans le cas
07:50de ce qu'on a appelé le super cartel,
07:52c'est-à-dire ces cinq barons de la drogue
07:54réunis dans ce mariage à Dubaï,
07:56Oui, il y a plusieurs nationalités.
07:57C'est des alliances ponctuelles.
07:59On s'associe pour faire baisser les prix
08:02quand on achète, en gros, la drogue.
08:04C'est une sorte d'OPEP de la drogue.
08:06Tout à fait, c'est exactement ça.
08:07Une sorte de John Funture de la drogue.
08:10Je ne sais pas comment on peut l'appeler.
08:11On sourit, mais ce n'est pas drôle.
08:12C'est sûr que...
08:14Oui, Elliot Mamann.
08:15Non, mais justement,
08:16au-delà des coopérations internationales
08:18entre diverses organisations criminelles,
08:20j'avais une question,
08:20parce qu'à l'heure actuelle,
08:21dans la manière très massive et brutale
08:23qu'il caractérise,
08:24Donald Trump opère un certain nombre d'opérations
08:26contre des leaders du monde de la drogue
08:29et il lit généralement la puissance
08:32d'un certain nombre de chefs
08:33d'organisations criminelles
08:34à des gouvernements étrangers.
08:36Par exemple, quand il est en train
08:37de bombarder des bateaux en ce moment
08:39dans le Pacifique et dans les Caraïbes,
08:40il dit que c'est parce que
08:41le gouvernement vénézuélien
08:42ne fait pas ce qu'il faut.
08:43Quand il entame une guerre commerciale
08:46avec la Chine, il dit
08:47que c'est parce que le gouvernement chinois
08:48nous envoie directement du fentanyl.
08:49Est-ce que nous aussi, en France,
08:51par rapport à ces organisations criminelles
08:52et ce narcotrafic qui domine,
08:54on a des liens avec un certain nombre
08:56de gouvernements étrangers
08:57ou est-ce que leur source de financement
08:58est exclusivement tirée de leur trafic ?
09:00Leur source de financement
09:02est exclusivement tirée de leur trafic.
09:04Par contre, effectivement,
09:05vous pouvez avoir des choses
09:06très intéressantes,
09:07enfin très intéressantes
09:08ou très inquiétantes.
09:09Par exemple, vous avez l'utilisation
09:13par le régime iranien
09:14de proxys qui sont des groupes criminels
09:18en Europe et dans le monde
09:19pour exécuter des opposants,
09:22faire pression sur les opposants,
09:24cibler des synagogues,
09:27des centres communautaires juifs.
09:28Donc vous avez un régime
09:30qui s'appuie sur une main-d'oeuvre criminelle.
09:33Et quelques criminels sont liés
09:36effectivement de haut niveau,
09:39des vrais, vrais hauts barons de la drogue
09:41sont liés avec des régimes,
09:43notamment le régime iranien.
09:45On sait qu'il y a des liens aussi
09:46géopolitiques avec le Hezbollah
09:47qui s'est beaucoup financé
09:49sur le commerce de la drogue,
09:51qui est très impliqué dans le blanchiment.
09:52Donc il y a quand même
09:53des liens stratégiques comme ça
09:56entre groupes criminels et Etats.
09:58Oui.
09:58Vous parlez d'ailleurs de Dubaï
10:01qui devient la nouvelle Medellin,
10:04mais sans jungle, de la drogue.
10:07C'est exactement ça.
10:08C'est clair.
10:09L'image que m'a donnée un policier,
10:12je la trouve très juste,
10:13c'est que Dubaï,
10:13c'est l'île de la tortue moderne.
10:15C'est-à-dire que c'est là
10:15où se rassemblent tous les pirates du monde,
10:17tous les narcotrafiquants,
10:18mais pas seulement.
10:19Aussi, beaucoup de gens
10:20qui sont dans des activités...
10:22Mais le pouvoir laisse faire ?
10:24C'est une vraie, vraie question.
10:27C'est vrai que les extraditions
10:28sont très, très compliquées.
10:30Très, très compliquées avec Dubaï.
10:31C'est en train de changer, visiblement.
10:33Alors, ils extravent les barons de la drogue,
10:35mais ils gardent leur argent.
10:36Eh oui, c'est ça.
10:37Et effectivement,
10:38ça c'est le nerf de la guerre,
10:39c'est cibler l'argent de la drogue,
10:41l'argent sale.
10:42Et c'est là où c'est très, très compliqué
10:44de récupérer les avoirs criminels,
10:46notamment quand ils sont à Dubaï.
10:47C'est effectivement un problème
10:50qu'on soulève souvent.
10:51Alors, il y a Marseille aussi.
10:52Il y a des pages sur Marseille
10:53qui sont particulièrement fortes.
10:55La ville devient une forme de laboratoire
10:58de la violence importée.
11:00Vous dites, ces nouveaux capitalistes
11:01de la poudre blanche
11:02exploitent toutes les opportunités
11:03du marché,
11:04infilquent l'économie,
11:05engrangent des millions chaque jour.
11:08C'est vrai que Marseille,
11:10on est un peu impuissants aussi,
11:13clairement.
11:14Oui, il y a eu quand même,
11:15sur Marseille,
11:16moi je trouve que le travail policier
11:19quand même paye, si je puis dire.
11:22Vous avez l'OFAS,
11:24l'Office en stupéfiant,
11:26qui avait établi une liste
11:27de 30 barons de la drogue,
11:29les 30 cibles.
11:30Et sur ces 30,
11:31je crois qu'il y en a déjà
11:32une vingtaine qui ont été arrêtées,
11:34interpellées.
11:35Donc, le travail policier
11:37porte ses fruits,
11:38c'est compliqué.
11:38Et effectivement,
11:39Marseille,
11:39c'est un peu le laboratoire
11:41de ce qu'il faut faire.
11:44Vous avez aussi une inquiétude
11:45sur Marseille,
11:46c'est avec ce nouveau groupe
11:48qui s'appelle la DZ Mafia,
11:49et qui a envie d'étendre son emprise,
11:51qui ne se concentre pas
11:52uniquement sur le trafic de drogue,
11:54qui est aussi dans l'extorsion,
11:56dans le proxénétisme,
11:58qui étend ses activités aussi
12:01au pourtour méditerranéen
12:02et peut-être même jusqu'à Bruxelles.
12:04Donc, vous voyez,
12:05on est dans la naissance
12:06d'un groupe criminel
12:08assez puissant.
12:09Oui, alors vous dites
12:10que ce n'est plus un combat
12:11contre la drogue,
12:12c'est un combat pour nos institutions.
12:14Justement,
12:15vous êtes quand même optimiste,
12:18vous êtes optimiste quand même
12:23ou on va perdre cette bataille
12:24et qu'est-ce que ça sera
12:25si on la perd ?
12:27Je vais rester optimiste.
12:31Non, je pense qu'en tout cas,
12:33la prise de conscience
12:34fait qu'on est en train
12:35de mettre des moyens,
12:37la coopération internationale
12:39s'améliore.
12:40Après, l'ampleur de la tâche
12:41est vraiment très importante.
12:45Charles Dornelas,
12:45vous qui connaissez bien
12:46ces sujets,
12:47vous parliez
12:48de la prise de conscience,
12:49il y a des décisions
12:49qui ont été prises
12:50ce parquet national
12:51notamment sur le modèle
12:52du terrorisme.
12:53Est-ce que justement
12:54dans les décisions
12:54qui ont été prises
12:55outre la prise de conscience,
12:56il y a des choses
12:57qui vous semblent
12:57particulièrement efficaces
12:59on va dire ces dernières années ?
13:01En France ou ailleurs d'ailleurs ?
13:02La création de ce parquet national
13:05anti-communitaire organisé
13:06qui va avoir le jour
13:07en janvier prochain
13:08peut être une étape importante.
13:11Seulement,
13:12il va falloir,
13:12comme vous disiez
13:13en préambule,
13:14des moyens.
13:14C'est-à-dire que s'il y a
13:1520 magistrats
13:17qui se retrouvent
13:18à chacun
13:19à gérer
13:1930 dossiers,
13:21ça va être très très compliqué.
13:23Il faut aussi
13:23des moyens d'enquête,
13:25des moyens pour
13:25la politique judiciaire
13:27et puis des moyens
13:29pour aussi
13:30lutter contre le blanchiment,
13:32c'est-à-dire aussi
13:33une action diplomatique
13:35vers des places
13:36qui sont considérées
13:37comme des paradis fiscaux.
13:38Je pense à Dubaï,
13:39à Hong Kong,
13:40voilà.
13:40Il y a beaucoup de choses
13:43à faire.
13:44Il faut agir
13:44sur toutes les étapes
13:46de la chaîne
13:46depuis l'importation
13:48jusqu'au blanchiment.
13:50Elliot Mamane ?
13:51Justement,
13:51ce sont tout de même
13:53des moyens d'investigation
13:54mais également d'action
13:55qui demandent
13:55un certain nombre
13:56de financements
13:57assez importants.
13:58Il y a parfois
13:58une asymétrie
13:59entre le caractère
14:01assez bancal
14:02et peu onéreux
14:03de l'organisation
14:04sur laquelle reposent
14:05les narcotrafics
14:06qui, par exemple,
14:07peuvent communiquer
14:08par l'entremise
14:08de messagerie cryptée
14:09très facilement accessible
14:11et l'investissement massif
14:13dont l'État a besoin
14:14pour parvenir
14:15à accéder
14:15à ces conversations.
14:17Et non seulement
14:17il y a une asymétrie
14:18quant aux coûts économiques
14:19mais il y a aussi
14:20parfois une espèce
14:21de coût démocratique
14:22que certains peuvent craindre.
14:24Comment vous positionnez-vous
14:25par rapport
14:26à ces divers déséquilibres
14:27et est-ce que vous pensez
14:29que les Français
14:30sont prêts
14:30à prendre les mesures
14:32qui parfois
14:32sont tout de même
14:33très massives
14:33pour véritablement
14:34pouvoir pénétrer
14:35dans le cœur
14:36de ces organisations ?
14:37Alors je pense
14:37qu'effectivement
14:38le déséquilibre économique
14:39il est réel
14:40le baron de la drogue
14:42qui organise son mariage
14:43sa fortune
14:43c'est un clan irlandais
14:45est estimé
14:45à 1,5 milliard
14:46c'est le budget
14:48de plusieurs services
14:49d'enquête
14:50Il y en a qui cherchent
14:51de l'argent en France
14:51Donc effectivement
14:54il y a un déséquilibre
14:55mais parfois
14:55les policiers
14:56je raconte cette enquête
14:58dans ce livre
14:59comment ils ont réussi
15:00à démanteler
15:01deux messages récriptés
15:02et accéder
15:03à des milliards de messages
15:04donc ça remonte
15:05à 2021
15:06ils sont encore aujourd'hui
15:07en train de faire
15:08des enquêtes
15:09liées au démantèlement
15:10aujourd'hui
15:11de ces messageries
15:13donc voilà
15:13on peut des fois
15:15rattraper comme ça
15:15le déséquilibre financier
15:18pour ce qui est des mesures
15:19moi j'ai l'impression
15:20que le code de procédure pénale
15:21aujourd'hui
15:22il permet de faire
15:23assez de choses
15:25c'est peut-être pas là
15:26où je pense
15:27qu'il n'y a pas besoin
15:28d'une évolution
15:28d'une modification
15:29je crois que les policiers
15:31les magistrats
15:32ont les armes
15:33pour lutter contre
15:33le trafic
15:34et alors pourquoi
15:35ça marche aussi mal ?
15:36je pense que c'est
15:37un problème de moyens
15:38un problème aussi
15:39comme je disais
15:40je pense qu'il faut
15:41une action diplomatique
15:42il faut
15:42la coopération étrangère
15:44oui
15:45et puis peut-être
15:46faire pression
15:46sur certains états
15:47pour qu'il y ait
15:49plus de coopération financière
15:50il y a quand même
15:51un problème
15:52de démantèlement
15:52de la police judiciaire
15:53d'une part
15:54outre la préfecture
15:55de police de Paris
15:56et une procédure pénale
15:58vous avez raison
15:59ils ont les moyens
15:59le problème
16:00c'est que parfois
16:01la procédure elle-même
16:02ralentit
16:03on va dire
16:04les moyens
16:04qu'ils ont
16:05dans cette procédure
16:05c'est-à-dire
16:06qu'ils peuvent faire
16:06les actes d'enquête
16:07mais la paperasse
16:09ralentit les actes d'enquête
16:10là pour l'instant
16:11les policiers
16:12arrivent à mener des enquêtes
16:13ils arrivent à
16:14des enquêtes
16:16très très techniques
16:17très très compliquées
16:18ils arrivent à arrêter
16:19des gens
16:19ils arrivent à avoir
16:21les charges
16:22pour les arrêter
16:23les problèmes
16:25auxquels ils se heurt
16:26c'est que ces gens
16:26les têtes de raison
16:27les têtes de réseau
16:29sont souvent
16:30à l'étranger
16:30et c'est les extraditions
16:32qui sont beaucoup plus compliquées
16:33et ce qui est terrible
16:34c'est qu'on les voit
16:34quand on va dans certains endroits
16:36on en parlait
16:36quand vous êtes arrivés
16:38c'est assez visible
16:40vous parlez à un moment donné
16:41de Porto Benos
16:41près de Marbella
16:42tout à fait
16:43c'est assez
16:45ça se voit
16:46je pense qu'à Dubaï
16:46les policiers savent
16:49où ils sont
16:50les narcotrafiquants
16:51ils sont souvent dans les mêmes bars
16:53les mêmes restaurants
16:54on ne peut pas les attaquer
16:55c'est compliqué
16:56les appréhender
16:56ce n'est pas un problème de droits
16:58ce n'est pas un problème
16:58de procédures
17:00c'est un problème
17:00d'action diplomatique
17:02avec les Émirats
17:04pour ne pas les citer
17:04avec Dubaï
17:05pour essayer de faciliter
17:06ces extraditions
17:07oui
17:08alors justement
17:08ça colle à l'actualité
17:10je voulais vous faire réagir
17:11dans la soirée
17:12une fusillade
17:12qui éclate dans le quartier
17:14Croix de Néra
17:15Clermont-Ferrand
17:16un jeune qui a perdu la vie
17:17de 20 ans
17:18ça c'est de
17:19on ne connaissait pas ça
17:20à l'époque
17:21ça a engrainé
17:22même jusqu'aux petites villes
17:24moyennes en France
17:25c'est un phénomène relativement nouveau
17:27ça
17:27oui oui
17:28c'est un des phénomènes
17:30récents
17:32c'est à dire
17:33la contamination
17:33des villes moyennes
17:35il y a un rapport
17:37de l'office
17:38en style stupéfiant
17:39qui dit
17:40qu'il n'y a plus
17:41de zones blanches
17:42en France
17:43plus de zones
17:44qui ne sont pas concernées
17:45par le narcotrafic
17:46donc ça veut dire
17:47que la couverture
17:48du narcotrafic
17:49en France
17:50est meilleure
17:50que celle
17:50d'Orange
17:51SFR
17:52et de Bouygues
17:53il y avait un rapport
17:55un chiffre de la Cour des Comptes
17:56dans un rapport
17:57qui disait
17:58que 8 communes
17:59sur 10 en France
18:00sont concernées
18:00par le narcotrafic
18:01ça vous donne
18:02l'étendue
18:03les pouvoirs publics
18:05répondent souvent
18:06qu'il y a beaucoup
18:06de consommateurs aussi
18:07c'est vrai
18:08j'en ai pas parlé
18:09dans mon livre
18:09mais c'est un vrai sujet
18:10effectivement
18:11merci en tout cas
18:14merci à vous
18:15Vincent Moni
18:15merci pour votre invitation
18:16comment ils ont pris le pouvoir
18:18aux éditions
18:18Albin Michel
18:19merci d'être passé
18:20par le studio d'Europe
Écris le tout premier commentaire