- il y a 2 jours
Vers un "Schengen militaire"
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00:08Bienvenue dans les informés de l'Europe,
00:10votre rendez-vous de décryptage de l'actualité européenne chaque dimanche sur France Info pendant 20 minutes,
00:15avec à mes côtés François Baudonnet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télé.
00:19Bonjour François.
00:19Bonjour Benjamin, bonjour à tous.
00:21Je vous laisse présenter nos deux informés du jour.
00:22Nos deux informés de l'Europe sont Julie Martin-Ribac, journaliste indépendante spécialiste de l'Europe,
00:28et à ses côtés Richard Verly, correspondant pour la France et de l'Europe du quotidien suisse Blic,
00:35et dont le dernier livre vient tout juste de sortir, son titre,
00:38C'est Amérique qui nous déteste, aux éditions Navigata.
00:42Et François, aujourd'hui on parle de cette Europe qui se prépare à faciliter le déplacement de ces armes lourdes,
00:48parce que c'est un changement important.
00:49Oui, c'est à peine croyable, alors que vous et moi, on peut voyager du nord au sud et d'ouest en est de l'Europe,
00:55sans contrôle grâce aux accords de Schengen de 1985.
00:59Et bien aujourd'hui, il est quasiment impossible ou très difficile de déplacer par exemple des chars dans un autre pays d'Europe.
01:06D'abord pour des raisons administratives.
01:09Si la France veut par exemple envoyer des chars Leclerc en Roumanie,
01:12Roumanie où la France est très présente,
01:14et bien l'autorisation ne lui sera donnée qu'au bout de dix jours.
01:17Et ensuite, comme ces chars vont être sur des trains,
01:19eux-mêmes qui passent sur des ponts,
01:21un chars Leclerc c'est 55 tonnes à peu près,
01:24et bien il faut des ponts ferroviaires capables de supporter ces charges énormes,
01:27et il y en a très peu.
01:29Il faut donc les renforcer, les construire, ou les avoir identifiés quand ils existent.
01:34Donc vous voyez, c'est très compliqué.
01:35Alors l'Union Européenne ne veut pas avoir à improviser,
01:39vous savez les taxis de la Marne, vous vous souvenez ?
01:40C'était vraiment une improvisation totale.
01:42Si un jour la Russie venait à attaquer l'OTAN,
01:45aujourd'hui par exemple,
01:46si un débarquement américain devait avoir lieu pour prêter main-forte aux armées européennes
01:50et à l'OTAN sur la façade orientale,
01:53et bien il n'est pas très clair par où ces armements pourraient passer rapidement pour aller vers l'Est.
01:57Je voudrais vous livrer juste une citation du commissaire européen en transport.
02:01Il a dit,
02:02« Si les chars de l'OTAN étaient appelés à intervenir en cas d'invasion des forces russes
02:06à la frontière orientale de l'Union Européenne,
02:08ils resteraient bloqués dans les tunnels,
02:10ils provoqueraient l'effondrement des ponts
02:13quand ils ne seraient pas bloqués à la douane. »
02:15Alors c'est depuis 2014 et la prise de la Crimée par la Russie
02:18que les Européens se sont rendus compte
02:20qu'ils ne sauraient pas déplacer leur artérie en un temps normal si c'était nécessaire.
02:24Un premier plan de mobilité militaire a été présenté en 2018,
02:27mais il est resté lettre morte.
02:29Et donc un autre plan, un autre Schengen militaire
02:32sera présenté par la Commission européenne normalement d'ici trois semaines.
02:36Julie Martin-Ribac, ce plan n'est pas finalisé,
02:38mais est-ce qu'on sait ce qu'il contient dans les grandes lignes ?
02:40Oui, ce que l'on sait déjà, c'est que la Commission européenne
02:42prépare des mesures concrètes pour créer cet espace Schengen militaire,
02:47comme l'assouplissement des formalités douanières pour gagner du temps,
02:50ensuite l'amélioration des infrastructures de transport.
02:53Vous avez parlé, François, de ces ponts solides,
02:56mais il y a aussi le fait d'élargir des routes
02:59ou d'uniformiser des normes entre les différents États,
03:02comme par exemple l'écartement des voies ferrées.
03:05On parle aussi d'un système d'entraide entre les 27,
03:08inspiré du mécanisme européen de protection civile.
03:11Donc chaque État ferait un éventaire de ses moyens de transport militaire
03:15pour les partager rapidement en cas de besoin.
03:18et pour partager de manière optimale des camions, des ferries et des wagons,
03:22il faut de la coordination.
03:24D'ailleurs, la France appelle à créer une autorité de coordination
03:27pour s'assurer que tout soit cohérent d'un pays à l'autre
03:30et permettre ainsi la continuité de cette mobilité militaire.
03:33Après, il y a d'autres pistes qui sont envisagées,
03:35comme la mise en place d'une flotte européenne de transport militaire.
03:39Bon, ça, ça aura un certain coût.
03:41En tout cas, ce plan s'inscrit dans le mouvement de réarmement de l'Union.
03:44Mais il faudra patienter jusqu'à mi-novembre pour en connaître tous les détails.
03:48Tous les détails.
03:48Richard Verly, aujourd'hui en Europe,
03:50on n'est donc pas capable de déplacer un blindé d'Ouest en Est
03:54sans que ça prenne plusieurs jours.
03:55On l'a bien compris avec ce que nous a dit François Baudonnet.
03:57Est-ce que ça ne vient pas du fait, tout simplement,
03:59que la Commission européenne n'a pas la main sur ses infrastructures routières
04:03parce que ce sont les États qui en sont responsables ?
04:05Oui, c'est juste.
04:06Alors, il faut apporter quelques nuances.
04:08D'abord, il faut rappeler que le temps de guerre, ce n'est pas le temps de paix.
04:10Et que s'il y avait une guerre et s'il y avait la nécessité de déployer rapidement des armements,
04:15on peut quand même espérer que les formalités administratives
04:18et les formalités de douane ne seraient pas en vigueur.
04:21Donc, ça irait plus vite qu'en temps de paix.
04:24Ce qui est intéressant là, c'est qu'au fond,
04:26l'idée, c'est comment on fait pour se préparer.
04:29Et c'est ça.
04:30On parle d'une menace russe.
04:31On parle d'une menace russe avec des drones.
04:33On parle d'une menace russe dans les campagnes de déstabilisation.
04:36Mais à un moment donné, il faut aussi positionner des matériels.
04:39Il faut aussi démontrer à l'ennemi potentiel, à l'adversaire potentiel,
04:42qu'on a les moyens de positionner ces troupes.
04:45Donc, c'est de ça dont on parle.
04:47Alors, moi, je crois que deux éléments importants à retenir.
04:50Le premier, vous avez raison, c'est que les forces armées, c'est quelque chose de national.
04:54Au fond, la question qu'on pose à travers cette mobilité européenne,
04:57c'est l'Europe de la défense.
04:58C'est la partie qu'on ne voit pas de l'Europe de la défense.
05:01Il y a deux parties qu'on ne voit pas, mais qui sont stratégiques.
05:04La première, c'est l'industrie, fabriquer ensemble des nouveaux équipements
05:08et surtout des équipements pour la guerre de demain dans les domaines où on en manque,
05:11comme les drones.
05:12Et la deuxième partie qu'on ne voit pas, c'est la logistique.
05:15Et donc, c'est de ça dont on parle maintenant.
05:16Justement, comment ça va se passer, François, l'adoption de ce plan ?
05:19D'ailleurs, est-ce qu'il faut que tous les pays soient d'accord ?
05:21Comment ça se déroule ?
05:22Alors, c'est une adoption, je dirais, comme ça se fait de manière générale.
05:27Il y a d'abord une proposition de la part de la Commission européenne.
05:30Et ensuite, effectivement, il faut que ce soit adopté par tous les pays.
05:34Alors, il y a déjà aujourd'hui une dizaine de pays qui ont dit
05:36« Allez, nous, on va essayer de le faire avant les autres ».
05:40Au centre de ça, il y a les Pays-Bas.
05:42Et comme ça, ça permet de savoir comment ça peut fonctionner.
05:46C'est un peu une sorte de test grandeur nature.
05:48Est-ce que la France se positionne aussi sur ce dossier-là ?
05:51Alors, assez étrangement, la France a été plutôt contre, en fait, cette mobilité militaire.
05:56Pour des raisons, je ne sais pas, la France a toujours pensé que l'Europe de la défense, c'était elle.
06:03Alors, peut-être que c'était suffisant.
06:05Là, ça a changé.
06:06La France est pour.
06:08Elle a même demandé qu'un coordinateur soit nommé pour, justement,
06:11pour que ce plan de mobilité militaire avance plus vite.
06:15Ce que je voudrais quand même juste souligner, c'est qu'on est en train de parler quand même
06:18de quelque chose d'assez incroyable.
06:19C'était-à-dire du déplacement d'armes lourdes sur notre continent,
06:23alors qu'il y a un peu plus de trois ans, on parlait de l'espace Schengen,
06:26on parlait de déplacement de personnes, on parlait de marchandises.
06:31Là, on voit quand même que l'ambiance en Europe a totalement changé.
06:34Ce n'est pas très rassurant, mais je crois que, comme le disait Richard,
06:37on fait bien de se préparer.
06:39Oui, Julie Martin-Ribac, on a l'impression qu'on parlait beaucoup d'Europe de la paix,
06:43de la façon dont l'Europe a pu construire la paix.
06:44Là, qu'on parle d'une Europe prête à passer en guerre, presque.
06:46Oui, tout à fait. On est vraiment sur le pont, pour le moment,
06:51par rapport à cette Europe prête à passer, en effet, en état de guerre.
06:55Et ça devient vraiment très, très angoissant, peut-être.
06:58Richard Verli, on a parlé du positionnement des États,
07:02avec une France qui n'était pas forcément engagée dans ce plan-là.
07:05Aujourd'hui, qu'est-ce qui peut se passer si certains pays sont complètement réfractaires à cela ?
07:08Je pense, par exemple, à la Hongrie, qui a une place importante, qui est proche de la Russie.
07:12Alors, d'abord, il faut rappeler que tous les pays que l'on évoque, à l'exception des pays européens neutres,
07:18c'est le cas notamment de l'Autriche, tous ces pays sont dans l'OTAN, sont dans l'Alliance Atlantique.
07:23Et que l'Alliance Atlantique a ses propres plans de mobilité,
07:26qu'il y a des bases américaines dans un certain nombre de pays.
07:28En Hongrie, je rappelle qu'il y a un aéroport où les Américains sont présents.
07:31Donc, vous pouvez imaginer que s'il y avait un conflit, ou si la menace devenait imminente,
07:37à ce moment-là, c'est l'OTAN qui prend les commandes.
07:40Si tant est que l'OTAN, aujourd'hui, continue de nous assurer cette garantie de sécurité qui est prévue.
07:45Alors, la Hongrie, en ce qui concerne l'OTAN, elle est au garde-à-vous.
07:48Puisque M. Orban, devant Donald Trump, il est au garde-à-vous.
07:51C'est effectivement, s'il y avait des initiatives européennes propres,
07:55qu'il pourrait, à ce moment-là, faire entendre sa voix différente.
07:57C'est toujours la même chose avec lui.
07:58Pour lui, il vaut mieux parler à Poutine ou à Trump qu'à la Commission européenne,
08:02dont je rappelle qu'il la compare régulièrement à l'Union soviétique.
08:05Et on le disait, François, c'est plutôt le domaine de l'OTAN, ce plan, c'est ça ?
08:08Absolument. Et toute la question, c'est de savoir ce que va faire l'OTAN depuis que Trump a été réélu.
08:13Les élections ont eu lieu exactement il y a un an, quasiment jour pour jour.
08:18Et cette semaine, d'ailleurs, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient réduire leur présence militaire en Roumanie,
08:24c'est-à-dire aux portes de la guerre en Ukraine.
08:25Il faut voir où est positionnée la Roumanie.
08:28Et la grande peur des Européens, c'est que les États-Unis quittent notre continent,
08:31où ils ont environ, en permanence, 85 000 hommes.
08:34Ça a monté jusqu'à 100 000, mais aujourd'hui, c'est à peu près 85 000 hommes.
08:38Le ministre roumain de la Défense s'est voulu rassurant. On l'écoute.
08:41Il est important de souligner que nous ne parlons pas d'un retrait de forces américaines,
08:49mais de la cessation de la rotation d'une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l'OTAN,
08:54y compris la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie.
08:58Environ 1 000 soldats américains resteront en Roumanie, contribuant à dissuader toutes menaces
09:06et représentant une garantie de l'engagement des États-Unis envers la sécurité régionale.
09:11Les capacités stratégiques, ici, en Roumanie, restent inchangées.
09:14Bon, alors, on voit que ce ministre se veut rassurant, mais il y a quand même un doute.
09:22Et c'est un problème pour la France aussi, qui est ce qu'on appelle en Roumanie nation-cadre de l'OTAN.
09:28Au moment précis où on se parle, vous avez 3 000 soldats français qui sont déployés en Roumanie
09:32dans le cadre d'un exercice militaire de grande envergure.
09:35Et d'ailleurs, Catherine Vautrin, la nouvelle ministre des Armées, s'est rendue sur place en fin de semaine.
09:40C'était jeudi et vendredi.
09:41Bref, le désengagement américain est quand même un mauvais signal envoyé à l'Ukraine.
09:46On va reparler de ce désengagement américain dans quelques instants.
09:48François Baudonnet avec vous.
09:50Avec vous également, Julie Martin-Ribac et Richard Verli dans la suite des informés.
09:53Vous restez avec nous, ce sera juste après le fil info à 9h50 avec Manon Lombard-Brunel.
09:58Chine dans le viseur de la répression des fraudes en France.
10:01Elle vient de saisir la justice et accuse la plateforme chinoise de commerce en ligne
10:04d'avoir mis en vente des poupées à caractère pédopornographique.
10:08Elles ont depuis été retirées du site.
10:10Chine assure aussi qu'une enquête interne est en cours.
10:13Six morts dont deux enfants dans de nouvelles frappes russes cette nuit en Ukraine frappent
10:16dans la région de Dnipro.
10:1858 000 foyers sont par ailleurs privés d'électricité plus au sud à Zaporizhia.
10:23Les débats ne reprendront que demain à l'Assemblée nationale.
10:25Mais les prises de parole, elles, se poursuivent sur le budget.
10:28Le ministre de l'Économie met en garde contre une sorcellerie fiscale.
10:32Roland Lescure dénonce ce matin dans les colonnes de nos confrères de la Tribune dimanche
10:36la mise en place d'une série de mesures de taxation sur les entreprises.
10:40Et puis en football, le Paris Saint-Germain reste en tête du classement de la Ligue 1.
10:43Les Parisiens se sont imposés hier.
10:45Un but à zéro face à l'OGC Nice.
10:47Victoire aussi de Marseille contre Auxerre.
10:49Le Paris FC l'emporte de son côté sur la pelouse de Monaco.
10:55Les informés de l'Europe, deuxième partie.
11:06Toujours avec Julie Martin-Ribac, journaliste indépendante spécialiste de l'Europe
11:09et Richard Verly, correspondant pour la France et l'Europe du quotidien suisse Blic.
11:13On évoque ce matin le Schengen militaire,
11:16le nouveau plan de déplacement des armes lourdes en Europe.
11:18Un plan nécessaire.
11:20Et François Baudonnet, vous évoquiez il y a quelques instants
11:22le désengagement militaire en cours peut-être des Etats-Unis, notamment en Roumanie.
11:28Richard Verly, est-ce que l'administration Trump est réellement en train de se désengager militairement de l'Europe ?
11:33Oui.
11:34De toute façon, l'administration Trump a deux objectifs.
11:37La première, c'est de forcer les Européens à acheter plus de matériel américain.
11:41Se désengager, c'est un moyen de faire monter les enchères
11:44puisque vous pouvez être sûr qu'un pays comme la Roumanie,
11:47qui veut garder des troupes américaines,
11:48au moment où les Américains vont envoyer des nouvelles commandes de matériel,
11:52la Roumanie va signer.
11:53Donc ne négligeons pas l'aspect transactionnel,
11:55on en parle toujours à propos de Donald Trump.
11:57Et le deuxième élément, c'est que bien évidemment,
11:59pour Donald Trump, l'Europe, ce n'est pas la priorité
12:02parce que qui dit « troupe américaine en Europe » dit « soutien à l'Ukraine »,
12:06c'est quand même le sous-titre.
12:08Et ça, le soutien à l'Ukraine aujourd'hui,
12:09vous savez que c'est extrêmement tangent,
12:11ça dépend quasiment des jours ou des semaines.
12:13L'objectif pour Trump aujourd'hui, c'est de trouver un accord avec Vladimir Poutine.
12:18Et à votre avis, que demande Vladimir Poutine à Trump ?
12:21De moins protéger les Européens.
12:22Évidemment.
12:23Julie Martin-Ribach, en cas de retrait américain,
12:25les Européens seraient-ils capables de les remplacer justement dans leur soutien à l'Ukraine ?
12:30Alors, donc, si on parle de retrait total, ça dépend aussi de quel soutien on parle exactement.
12:34Parce que s'il s'agit d'hommes de troupe,
12:36il faut savoir que les Américains ont envoyé 20 000 soldats en renfort sur le territoire européen
12:41depuis l'invasion russe.
12:43Or, selon le chef d'état-major français de l'armée de terre,
12:46la France a la capacité d'engager 20 000 hommes dans un délai de 30 jours.
12:50Donc, au niveau européen, cela pourrait être compensé rapidement.
12:54Par contre, c'est plus compliqué si les États-Unis décidaient de retirer totalement leur soutien financier et matériel militaire,
13:02soit l'équivalent de 105 milliards d'euros sur la période 2022-2024.
13:08Alors, pour l'aide financière pure, on parle d'un gros montant,
13:11mais vous en avez parlé la semaine dernière sur ce plateau,
13:14peut-être qu'on pourrait compter sur les fameux 120 milliards d'avoirs russes gelés sur le territoire européen.
13:21Pour l'aide militaire, donc je parle là des équipements et des armes,
13:24l'Europe aurait clairement de grosses difficultés à se substituer aux États-Unis
13:29pour compenser rapidement le volume fourni par les Américains,
13:33car elle devrait tout simplement doubler, plus que doubler, ce qu'elle fournit actuellement.
13:37Il faudrait donc fortement augmenter sa capacité industrielle,
13:40sans oublier les problèmes d'interopérabilité,
13:43parce que les 27 n'utilisent pas les mêmes systèmes d'armes.
13:46Et plus crucial encore, peut-être, le renseignement qui est le nerf de la guerre,
13:49si les Américains coupent les accès au renseignement, là, il y a un souci.
13:53Donc sans doute que l'Europe pourrait se substituer aux États-Unis,
13:59si les 27 le souhaitent déjà, mais peut-être pas à court terme,
14:03parce que ça prendra beaucoup de temps.
14:05Vous évoquez le renseignement américain qui, effectivement,
14:07a beaucoup servi aux Ukrainiens ces derniers mois dans leur conflit face à la Russie.
14:11François Bodonné, vous pensez que ce désengagement total des Américains est une option aujourd'hui ?
14:15Non, honnêtement, je crois pas. Je crois pas parce que, on le disait,
14:19Donald Trump a été élu il y a un an, il est au pouvoir depuis le mois de janvier dernier.
14:24S'il avait voulu le faire, il aurait pu le faire, déjà, et il l'a pas fait.
14:27Là, effectivement, il est en train de repositionner ses troupes.
14:31Un millier d'hommes qui vont quitter la Roumanie sur 85 000, ça reste très peu.
14:35Il faut se souvenir que lors de son premier mandat,
14:37il avait d'ailleurs augmenté le nombre de militaires américains présents sur le sol européen.
14:44Donc, je crois qu'il ne va pas le faire.
14:46Après, si vous voulez, pour lui, c'est une monnaie d'échange.
14:49Et il est transactionnel, on ne cesse de le répéter, mais c'est comme ça.
14:53En fait, il veut que les Européens payent eux-mêmes plus pour leur propre défense.
14:58Et c'est en train de fonctionner.
14:59C'est en train de fonctionner puisque les budgets d'armement sont en train d'augmenter partout.
15:04Donc, en fait, il leur dit en permanence,
15:06si vous ne faites pas ce qu'il faut pour vous-même,
15:08eh bien, moi, je vais partir parce que j'ai besoin de mes hommes en Asie-Pacifique.
15:14On connaît la menace chinoise.
15:17Mais ce qui est certain, c'est qu'il n'y aura pas un désengagement total.
15:20Peut-être un désengagement partiel.
15:22Et encore, je ne suis pas complètement certain
15:23parce que ça se passe quand même très très mal actuellement avec Vladimir Poutine.
15:27Il l'a dit encore il y a quelques jours.
15:28Il est en train de perdre patience.
15:30Et enlever des troupes américaines sur le sol européen,
15:35eh bien, ça serait laisser la voie libre à Vladimir Poutine.
15:37Et même si les Etats-Unis sont beaucoup plus loin de la Russie que ne l'est l'Europe,
15:41je crois que quand même, Donald Trump l'a bien compris.
15:44Monsieur Averly.
15:45Oui, il y a un enjeu dont on ne parle pas, mais qui va aussi avec la mobilité.
15:48C'est l'argent.
15:49Parce que la défense, ça coûte cher.
15:52Il faut de l'argent.
15:52Il faut de l'argent pour entretenir les troupes.
15:54Il faut de l'argent pour investir.
15:56Et l'investissement, aujourd'hui, ce qui se passe,
15:58c'est que les compagnies américaines d'armement,
16:00grâce aux commandes européennes,
16:02croulent sous le cash.
16:03Il faut bien le comprendre.
16:04Elles ont énormément d'argent.
16:05Et à votre avis, qu'est-ce qu'elles font ?
16:07En Europe, notamment spécialisées dans les drones.
16:10Parce que les Américains ont bien compris, comme tout le monde,
16:13que les drones, entre autres, c'est un peu l'avenir de la guerre.
16:16Et donc, ce qui est en train d'avoir lieu,
16:18c'est de manière souterraine,
16:20les Etats-Unis récupèrent en quelque sorte
16:23l'intelligence de défense européenne
16:25ou investissent énormément dans ce domaine,
16:27également pour maintenir leur position.
16:29Quand je vous écoute tous les trois,
16:31Richard Verlier, est-ce qu'on peut dire,
16:32est-ce que c'est un peu provocateur de dire que Donald Trump
16:33a fait plus pour la défense européenne
16:35que l'Europe elle-même ces 10-15 dernières années ?
16:37Vous savez, en matière de défense,
16:39il n'y a rien de tel qu'un ennemi ou qu'un adversaire
16:41ou qu'un partenaire sur lequel on ne peut pas compter.
16:43C'est à ce moment-là que vous commencez à compter vos troupes,
16:45à compter vos éléments et à compter sur vous-même.
16:48Donc oui, on peut dire ça.
16:49On peut dire que le manque de fiabilité
16:52du patron de la sécurité européenne,
16:54qui est Donald Trump,
16:55parce qu'il faut quand même le dire,
16:56c'est lui encore le patron de la sécurité européenne,
16:58mais comme il n'est plus fiable,
17:00on est obligé de faire par nous-mêmes.
17:01Tout l'enjeu, c'est de savoir comment,
17:03c'est l'enjeu de la mobilité,
17:04et c'est ce que vient d'expliquer François,
17:06c'est de savoir,
17:07est-ce qu'on vraiment, on veut le faire,
17:09est-ce qu'on se fait confiance suffisamment ?
17:11Et puis après, il y a la question des matériels.
17:12Et là, c'est tout simple.
17:13Qu'est-ce que vous êtes capables de produire ?
17:15Et qu'est-ce que les Américains produisent ?
17:17Julie Martin-Ribac,
17:17vous partagez le point de vue de Richard Verley ?
17:20Complètement, oui.
17:22Oui, sur ce sujet-là.
17:23Il a tout dit, c'est ça ?
17:24Donald Trump agit beaucoup plus
17:27pour la défense européenne que l'Europe ?
17:28Alors, je crois que l'Europe agit beaucoup elle-même.
17:30On va dire qu'elle agit sous l'aiguillon de Donald Trump.
17:34Mais c'est vrai qu'il a fallu, justement, cet aiguillon.
17:37D'abord, ça a commencé quand même avant,
17:39parce que ça a commencé en 2014
17:41avec l'invasion de la Crimée.
17:44Mais c'est vrai que là, maintenant,
17:46puisqu'il y a ce doute sur l'aide américaine,
17:48les Européens sont obligés de se prendre en charge.
17:50Et ils le font, à mon avis,
17:51si je puis me permettre,
17:53pas assez vite.
17:53Et surtout, ils le font mal.
17:54C'est-à-dire qu'en fait,
17:55ils achètent beaucoup d'armements.
17:57Mais ce qui manque,
17:58c'est des achats coordonnés.
17:59Alors, il y a des programmes européens
18:01qui ont été lancés,
18:02en particulier par Thierry Breton
18:03et par son successeur,
18:04que le commissaire à l'industrie de l'armement.
18:07Mais ce n'est pas assez coordonné.
18:08Donc, on achète tous azimuts
18:10et pas assez de façon harmonieuse.
18:12Merci beaucoup, François Baudonné.
18:14Merci Julie Martin-Ribac,
18:16Richard Verli d'avoir été avec nous.
18:17Richard Verli, je rappelle votre livre
18:18qui vient de sortir chez Nevicata,
18:20cette Amérique qui nous déteste.
18:22Cette émission est à retrouver
18:23en podcast sur franceinfo.fr
18:25en attendant dimanche prochain.
18:27Très bonne journée.
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