00:00À présent, à notre focus de ce samedi soir, avec une plongée dans l'univers du chocolat, mais pas n'importe lequel.
00:07Alors que la transformation du cacao reste largement dominée par l'Europe, un entrepreneur ivoirien tente de renverser la tendance.
00:14Andrébo Mansa, cacao févier et fondateur de la marque Ivory Blue, a choisi d'ancrer toute sa production en Côte d'Ivoire.
00:22Une démarche artisanale, durable, mais surtout stratégique pour redonner de la valeur au continent producteur.
00:28Alors, merci Andrébo Mansa d'être venu et bienvenue dans votre JTA.
00:32Merci, bonjour, bonsoir.
00:33C'est un plaisir de vous recevoir.
00:35Alors, vous avez 58 ans, ancien dirigeant dans les télécoms et la mutualité.
00:39Vous avez décidé de vous lancer il y a quelques années dans le cacao, puis dans le chocolat.
00:44Dites-nous d'abord pourquoi ?
00:45En fait, je me suis d'abord lancé dans le café.
00:47Ah oui, c'est vrai.
00:48Et ensuite dans le chocolat, parce que je sortais de la régulation télécom et que je ne pouvais plus retravailler dans ce domaine-là pendant un certain temps.
00:56Et je me suis souvenu que j'avais grandi dans des plantations de café de cacao, notamment celle de mon grand-père qui a été pendant longtemps président de la caisse de stabilisation en Côte d'Ivoire.
01:06Donc, il était naturel pour moi de revenir à mes racines.
01:09Donc, j'ai décidé de me lancer dans le cacao.
01:11Alors, pour notre plus grand bonheur, parce que le chocolat est absolument délicieux, mais avant d'en arriver là,
01:15que signifie concrètement pour vous le modèle « tree to bar » pour ceux qui ont fait anglais LV1 ?
01:20De la barre à la tablette.
01:22Que défendez-vous exactement avec Ivory Blue ?
01:25Alors, c'est un business model que nous avons développé.
01:27Nous ne sommes pas à l'initiative vraiment de ce business normal, mais nous essayons de le développer en Côte d'Ivoire.
01:31En fait, ce qu'on fait, c'est qu'on associe le plus possible les producteurs au process global.
01:36Nous avons 2100 planteurs que nous encadrons et nous transformons la production, une petite partie de la production de ces planteurs,
01:47en chocolat avec une unité de production.
01:49Donc, c'est vraiment un business model où on intègre les forces productrices, les planteurs et l'outil industriel.
01:57Avec l'outil industriel.
01:58Et vos produits, ils sont à base, ils sont véganes, à base de lait de cajou ou de poivre d'azaillier,
02:05là où est précisément vos plantations.
02:08Qu'est-ce qu'ils racontent de l'histoire du terroir ivoirien ?
02:11Déjà, pour les produits véganes, pour nous, c'était naturel,
02:14parce qu'il n'y a pas de production de vaches laitières en Côte d'Ivoire.
02:17Et donc, tous les produits à base de lait, il fallait trouver une solution.
02:21Je rappelle quand même que la Côte d'Ivoire est le premier pays exportateur de noix de cajou.
02:25Oui, absolument. Il était évident d'utiliser de la noix de cajou.
02:30Ce n'était pas un process évident, parce qu'on a réussi à le faire.
02:35Et donc, on associe tous ces produits fabriqués localement.
02:39Donc, la noix de cajou, le poivre.
02:41On a une plantation de poivre qui est gérée à Zaguet.
02:45Les noix de coco.
02:46Enfin, on a du gingembre de Côte d'Ivoire.
02:49Donc, on associe tous ces produits de Côte d'Ivoire au cacao ivoirien
02:52pour produire des tablettes premium de qualité.
02:55Alors, André, on l'a dit, le chocolat,
03:00même si l'immense partie de la production de cacao,
03:03on a dit 70% viennent du continent africain,
03:06seulement 5% de chocolat sont fabriqués et viennent du continent africain.
03:11Quels sont les obstacles à la transformation du cacao en chocolat ?
03:14Alors, en fait, il n'y a pas vraiment d'obstacle en tant que tel.
03:17Les obstacles sont des problèmes de logistique.
03:20Parce qu'en fait, ce qui se passe, c'est que le marché local
03:21pour des produits premium est infime.
03:24Donc, en fait, ce sont des produits qui sont développés
03:26à conquérir le marché international.
03:29Donc, notre marché, il est international.
03:31Donc, il faut y aller.
03:32Et donc, il y a des problèmes de logistique,
03:33exporter les produits finis, etc.
03:36Il y a aussi des problèmes quand même locaux,
03:38notamment l'énergie, enfin un certain nombre de choses.
03:41Mais c'est principalement que nos produits
03:43sont des produits qui sont destinés à l'international.
03:46Et comment ils sont reçus à l'international ?
03:48Très bien.
03:48Très bien.
03:50À Marrakech.
03:50Oui, pour l'avoir goûté.
03:52Ils sont reçus à Marrakech, ils sont reçus à la Biennale de Venise
03:54où on représentait la Côte d'Ivoire.
03:56Ils sont reçus à Paris, etc.
03:58Donc, on se développe sur Marrakech, sur la France bientôt.
04:03Et alors, quel est votre rêve, André ?
04:05Si vous deviez vous projeter, pour vous,
04:08c'est quoi l'avenir du cacao africain et du chocolat,
04:11peut-être en particulier ?
04:13Souveraineté, innovation, montée en gamme.
04:15À quoi rêvez-vous ?
04:16Alors, je crois que pour le cacao,
04:18nos grands-parents ont fait le nécessaire.
04:20On est un très grand pays producteur de cacao.
04:21On va le continuer encore à un moment,
04:23même si la Chine se développe.
04:25Il faut développer les produits à base de cacao.
04:27Je rêve de grands producteurs de chocolat.
04:32Ivoiriens.
04:32Le salon du chocolat vient de se dérouler.
04:35Il y avait quelques chocolatiers.
04:36Mais nous devons être les premiers producteurs de chocolat.
04:38Les termes de l'échange doivent être autour du chocolat
04:41et non plus autour du cacao.
04:43Voilà, c'est ça.
04:43C'est ça, moi.
04:44Oui, mais ils disent, on a entendu,
04:46j'ai moi-même animé des débats sur France 24,
04:49sur cette question-là.
04:50On nous dit, il n'y a pas de marché pour le chocolat,
04:53en Afrique en particulier.
04:55Les Ivoiriens n'aiment pas le chocolat.
04:57Est-ce que c'est vrai ?
04:58Ça ne fait pas partie de notre culture.
04:59Les Africains n'aiment pas le chocolat.
05:00Mais c'est juste parce qu'ils n'ont pas accès au chocolat.
05:03Ils n'ont pas goûté.
05:03Ils n'ont pas goûté.
05:04Et que ces chocolats sont encore chers
05:06parce qu'il faut développer vraiment le marché.
05:08Mais une fois que le marché va se développer,
05:10que les gens vont accéder à ces produits,
05:12ça va très bien marcher.
05:13Les Ivoiriens vont y aller.
05:14C'est juste que c'est un peu cher.
05:15C'est vrai.
05:16Mais c'est justifié.
05:17C'est justifié.
05:18Et puis, il ne faut pas qu'on ait peur
05:19d'aller chercher le marché où il est.
05:22Le marché, il est en Afrique, il est en Côte d'Ivoire,
05:24il est en Chine, il est partout.
05:25En fait, on n'a pas besoin,
05:27comme je le disais à certaines personnes,
05:29de champions locaux, de champions nationaux.
05:32On a besoin de champions mondiaux.
05:34Ah, l'international.
05:35Ah oui, on doit avoir une boutique à Ivory Blue à New York.
05:38Ah ben oui, bien sûr.
05:39Au moins.
05:40Au moins.
05:41Sinon, pourquoi on est premier producteur de cacao
05:43si on ne peut pas avoir des boutiques partout dans le monde ?
05:45C'est une vraie question.
05:46C'est la question.
05:47Oui, absolument.
05:48Il faut qu'on arrête d'être premier producteur
05:50de matières premières.
05:51Il faut qu'on soit premier transformateur.
05:53Premier transformateur.
05:54Eh bien, on vous suit avec ça.
05:55Merci beaucoup, André Bromansa, d'être venu.
05:58Je rappelle, Ivory Blue.
06:00Goûtez-le, allez-y, achetez.
06:01Et c'est vraiment goûter, approuver et tester par le JTA.
06:04Vraiment très, très bon.
06:05C'est ainsi que nous refermons notre Journal de l'Afrique.
06:07Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde.
06:10Et ce soir, en particulier, forcément,
06:12d'Azaghi à Paris, en passant par Évreux.
06:15Hein ?
06:15Oui.
06:15Par exemple, c'est de la BAC que vous avez étudiée.
06:16Oui.
06:17C'est mon BAC à Évreux.
06:18Exactement.
06:19Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
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