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  • il y a 2 jours
Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, était l'invité de Sandra Gandoin, dans Good Morning Business, ce vendredi 31 octobre. Ils ont abordé la tendance de consommation des Français, la résistance de l'économie française malgré un contexte d'incertitude, et la stratégie adoptée par les hypermarchés vis-à-vis de l'expansion de l'IA, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Le Grand Entretien ce matin, c'est Michel-Edouard Leclerc qui est avec nous, président du comité stratégique des centres Leclerc, leader de la grande distribution.
00:07Évidemment, en France, on sait qu'en cette période d'incertitude, le réflexe des Français s'est d'épargner beaucoup en termes de consommation.
00:17Vous, en ce moment, depuis la rentrée, vous observez quoi dans les magasins ?
00:20Alors d'abord, bonjour Sandra.
00:23On sent beaucoup, beaucoup d'hésitation.
00:25On sait qu'il y a un problème de pouvoir d'achat et notamment pour le million de Français qui s'est rajouté depuis le début des années 2020 à ceux qui sont en dessous du seuil de pauvreté.
00:39On arrive, je crois que c'est ce week-end, la collègue des banques alimentaires.
00:43Il y a vraiment des Français qui rament et qui, évidemment, ça impacte les chiffres de la consommation.
00:49Je vois plus la chose de la manière affective et sociale qu'économique, mais c'est un vrai sujet que celui du pouvoir d'achat des plus modestes.
00:59Il y a aussi, dans le discours patronal et dans les échanges à l'Assemblée nationale, assez curieusement, on parle beaucoup des charges, on parle beaucoup des cotisations, des contributions,
01:10mais on parle assez peu des salaires et de l'évolution des salaires.
01:13Et donc, il y a une sorte d'inquiétude, d'interrogation sur le fait qu'il y a l'air d'avoir un front commun pour ne pas parler d'augmentation de salaire
01:21ou en tout cas de sortir de la trappe à bas salaire, ce qui était le sujet pourtant il y a trois ans.
01:26Donc ça, ça freine un petit peu la dépense, ça la rend plus arbitrable, plus rationnelle.
01:33Et puis, il y a ces incertitudes à la fois dues à la politique, les grands choix d'aménagement du territoire sur le logement, sur les équipements, sur les infrastructures,
01:43et même le discours industriel qui n'est pas très clair pour savoir si on doit acheter une voiture ou pas une voiture, par exemple, et quelles voitures.
01:49Donc, on est dans un climat attentiste, mais la France n'est pas en faillite, on a un très gros taux d'épargne.
01:55Et en fait, les acteurs industriels et les distributeurs en ont sous le pied.
02:00Il y a des industriels et des distributeurs qui n'ont pas su anticiper les grandes mutations technologiques, numériques et écologiques.
02:08Mais globalement, le tissu économique français est résilient.
02:14On a des collaborateurs de qualité.
02:17Nous, chez Leclerc, on est parti sur 2035, donc on n'écoute plus trop le débat politique au jour le jour.
02:23Mais je pense que la France en a sous le pied.
02:26Mais les consommateurs et les investisseurs sont attentistes.
02:29Dans ce contexte d'incertitude, vous dites que vous, vous avez en ligne de mire 2030-2035.
02:36Comment on se développe pour rester à proximité des consommateurs, mais pour aussi être technologique,
02:42travailler sur des sujets comme l'intelligence artificielle, c'est-à-dire ne pas se laisser dépasser ?
02:46Quelle est la stratégie entre la proximité et cette révolution technologique ?
02:51On a adopté, mais Zadon vous êtes étonné du mot que j'utilise, on a adopté une stratégie matricielle.
02:59Quand on est en première année de fac en physique ou en chimie, on apprend les équations, les intégrales.
03:05Donc il y a des X qui doivent nous permettre de trouver des Y avec des combinaisons.
03:10En fait, aujourd'hui, on a 4 ou 5 impulsions qui nous viennent comme ça en même temps,
03:14qui sont la révolution technologique qui nous vient du monde entier, avec beaucoup d'innovation.
03:20On a la révolution numérique qui nous permet peut-être des coûts marginaux dans la croissance des investissements.
03:27On a une révolution en termes de transition énergétique, à la fois au nom de la souveraineté,
03:33pas dépendre du gaz russe, pas dépendre simplement du pétrole américain et du cours du pétrole,
03:38donc le nucléaire, les énergies alternatives.
03:41On a aujourd'hui une critique de l'ancien modèle de la société de consommation
03:46envers plus de sobriété, moins d'énergie et du manger mieux et tout ça.
03:51Et on a aussi une vie sociale qui est délitée et au fond, on demande aux entreprises de refaire société.
03:58Donc sur ces 5 grandes impulsions, on a un Rubik's Cube avec plein de couleurs
04:02et le timing pour amener chaque petit carré au vert, il n'est pas le temps de TikTok déjà.
04:08Donc il est temps, c'est assez long.
04:11Mais donc quand Leclerc a une stratégie 2035, il prend ces 5 impulsions
04:15et on va essayer de produire des effets positifs sur la société,
04:20notre durabilité étant liée à notre performance, performance prix, pouvoir d'achat, etc.
04:26Mais aussi sur tous les autres items.
04:28Donc résolument, Leclerc, qui était un groupe...
04:30Je suis né dans les pattes des salariés de mes parents dans les années 50,
04:35dans des petites épiceries.
04:37On a appris à sauter le pas de l'hypermarché avec l'arrivée de Carrefour dans les années du siècle dernier.
04:44On a appris à la spécialisation avec les arrivées des Ikea, des Habitat et tout ça.
04:49On a appris le Hard Discount.
04:51Aujourd'hui, Amazon, même pas peur.
04:54Et les plateformes chinoises arrivent avec des modèles économiques très différents.
04:58Ils s'installent dans le paysage commercial.
05:00Donc nous voulons amener les centres Leclerc en 2035
05:04comme étant le premier interlocuteur des besoins de la société française.
05:08Quand vous en parlez comme ça et que vous les mettez toutes les unes à la suite des autres,
05:10ça paraît assez vertigineux, effectivement.
05:12On va se rapprocher un petit peu de cette année 2025
05:14et de comment elle va se terminer.
05:16Il y a les négociations commerciales qui vont reprendre, évidemment,
05:19entre tous les acteurs du secteur.
05:20Fin d'année jusqu'à mars 2026.
05:22Serge Papin, qui était à votre place il y a deux jours,
05:24disait qu'il fallait réduire leur durée.
05:28Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
05:29Alors, c'est des débats qu'on a tous les ans.
05:32Et je ne suis pas si sûr que ce soit très impactant.
05:35Ça nourrit les gazettes professionnelles.
05:39Moi, le marché mondial est un marché du quotidien.
05:45Leclerc, aujourd'hui, est le deuxième acheteur d'énergie en France
05:49puisqu'on achète aussi avec système U des carburants.
05:52On achète des carburants et de l'énergie pour la RATP, la SNCF.
05:55C'est presque 20 milliards de chiffre d'affaires pour les centres Leclerc.
05:59On achète du carburant tous les jours.
06:01On fait des appels d'offres tous les jours.
06:02Et en parallèle, on achète aussi du dollar tous les jours
06:05parce que vous savez bien que le prix du pétrole,
06:08ce n'est pas simplement le prix de la matière première,
06:10c'est le prix de la monnaie avec laquelle on l'achète.
06:12Et donc, moi, je vois bien que tous les collaborateurs de Leclerc,
06:18les propriétaires de magasins,
06:20ils sont dans la lecture des évolutions de marché au quotidien,
06:23y compris sur leur territoire.
06:24C'est la loi française qui balise les négociations sur un an,
06:30avec telle forme et tout ça.
06:31Il y a aussi les centrales européennes.
06:33Oui, mais les centrales européennes, elles sont déjà sur un marché libéral.
06:36Elles sont des boîtes comme Nestlé, Procter, etc.
06:40achètent eux-mêmes leur matière première librement.
06:44Il n'y a qu'en France qu'on a ce débat.
06:46Donc, on l'a pour ne pas se faire tacler.
06:50Mais franchement, aujourd'hui, c'est pinot, c'est débat
06:54par rapport aux stratégies vers lesquelles on doit aller.
06:59Une sénatrice écologiste veut regarder, monter une commission
07:05pour qu'il y ait plus de transparence sur les marges des distributeurs.
07:09Alors, ce qu'elle dit, c'est que les prix ont flambé ces trois dernières années,
07:13qu'ils ne sont pas redescendus.
07:15Et que donc, ça veut dire qu'ils ne sont pas seulement dus
07:16au prix des matières premières et au prix de l'énergie.
07:20Il y avait déjà eu ça en 2019.
07:22Est-ce que des évolutions, des progrès ont été faits, selon vous, en six ans ?
07:27Alors, moi, ça doit être ma 20e commission d'enquête parlementaire
07:30sur les marges de la distribution.
07:32Donc, pas de problème avec ça.
07:33Si on peut leur apprendre un peu comment on fonctionne, c'est bien.
07:39Je pense que l'intention de cette sénatrice, c'est pour les députés,
07:45peut-être déconnecter aussi, voulant se déconnecter des réseaux de lobbying,
07:51c'est de se faire leur propre opinion.
07:53Donc, pas de problème pour y participer.
07:55Je trouve que ça aurait été plus objectif d'y mettre tous les acteurs économiques,
07:58parce que la distribution, elle pèse très peu dans le prix final du produit.
08:03Et puis, surtout, c'est un peu à contre-temps,
08:05parce que l'inflation, c'était il y a trois ans.
08:07Il y a trois ans, j'étais sur vos plateaux à réclamer des commissions d'enquête
08:10parce que le prix des conteneurs passait de 1 500 euros le conteneur à 17 000 euros,
08:16parce qu'il y avait plein de spéculations.
08:17Puis, rappelez-vous, on a eu 22% d'inflation sur l'huile de tournesol,
08:21sur les pâtes et tout ça.
08:23Donc, faire une commission d'enquête aujourd'hui sur les prix,
08:27alors qu'on rentre en déflation, je trouve que c'est un petit peu décalé.
08:31Moi, ce que je retiens positivement, c'est qu'à l'Assemblée nationale,
08:36il y a quand même des gens, même s'ils l'expriment mal,
08:38qui s'intéressent au pouvoir d'achat,
08:40qui s'intéressent à l'accessibilité des choses.
08:43Je leur demande seulement de ne pas faire le jeu d'une corporation contre une autre.
08:48On doit faire société.
08:49Il y a les cinq impacts que je disais tout à l'heure
08:52et qui doivent nous amener à une société plus vertueuse
08:54sur le plan économique, sur le plan écologique,
08:56sur le plan social.
08:59Ça embarquera tout le monde.
09:02L'idée d'isoler la distribution de la production
09:04ou de la production de l'industrie
09:06ne permettra pas d'atteindre une économie décarbonée.
09:10C'est l'addition des efforts de chacun
09:11qui fera une économie décarbonée.
09:13Merci beaucoup, Michel-Édouard Leclerc,
09:15d'avoir été avec nous aujourd'hui,
09:16président du comité stratégique des centres Leclerc,
09:19dans la matinale de l'économie.
09:20Merci d'être venu.
09:21Merci.

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