- il y a 3 semaines
Dans C'est Excellent, Judith Beller reçoit Éric-Emmanuel Schmitt, romancier, philosophe, auteur "Les Deux Royaumes : La Traversée des temps" - tome 5 aux éditions Albin Michel & Zize du Panier, arrive à Paris avec son spectacle : "IrreZizetible", à la Comédie Bastille
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, c'est excellent, Judith Bélaire.
00:04Bonsoir, bonsoir, bienvenue à toutes et à tous.
00:06C'est excellent, votre rendez-vous du dimanche à 19h sur Sud Radio.
00:10Avec l'excellence française, vous le savez, c'est un des auteurs les plus lus et les plus joués dans le monde francophone.
00:15Dramaturge, romancier, nouvelis, scénariste et j'en passe, Eric-Emmanuel Schmitt nous accompagne depuis plus de 30 ans
00:20avec son oeuvre alliant le plaisir de lire à l'instruction historique et philosophique.
00:24Alors Eric, vous nous racontez donc l'histoire de l'humanité, c'est pas rien, hein ?
00:28Oui, oui.
00:28Sous forme de roman fleuve avec votre saga La Traversée des Temps, vous êtes déjà venu en parler d'ailleurs ici.
00:34Vous venez aujourd'hui nous présenter le tome 5 qui est sorti il y a peu chez Albain Michel, Les Deux Royaumes.
00:38C'est une plongée dans la Gaule celtique face à l'expansion romaine, tout un programme re-bienvenu.
00:43Merci beaucoup, Judith.
00:44Avec plaisir.
00:45Elle est blonde, elle est pulpeuse, elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas
00:48et surtout quand elle fait rire la France entière, ça dure 7 ans, ça fait 7 ans que ça dure.
00:53Ziz Dupanier, vous débarquez à Paris avec votre nouveau spectacle irrésistible à la comédie Bastille.
00:57Alors, il faut quand même le savoir, vous avez déjà conquis plus de 300 000 spectateurs,
01:01vous avez fait des tournées jusqu'à New York, Montréal, vous avez été sociétaire des grosses têtes.
01:05On peut le dire, Ziz, vous êtes un phénomène populaire.
01:08Vous êtes transformiste, reine du musical, de la Seine, c'est notre roi, et puis la Seine, c'est votre royaume.
01:12Bienvenue sur Sud Radio, à vous, la kagolchique la plus irrésistible de la cannebière.
01:17Merci.
01:18Avec plaisir.
01:19C'est excellent sur Sud Radio, bienvenue chez vous.
01:23Alors, Eric Emmanuel Schmitt, ce tome 5 de la traversée des temps, les deux royaumes,
01:29c'est sorti chez Elbin Michel, ça nous plonge à un moment décisif de l'histoire.
01:33C'est la Gaule celtique qui résiste contre Rome, qui se transforme en empire sous Auguste.
01:39Il y a Spartacus qui défie la puissance romaine.
01:41À Jérusalem, il y a un certain Jésus qui interroge et merveille le monde.
01:45Et puis, il y a toujours vos héros, Noam et Noura, puis il y a ces quatre immortels,
01:49on va y revenir dessus, qui continuent de traverser les siècles.
01:53On se demande, en fait, et c'est peut-être la question que vous nous posez, Eric et Emmanuel,
01:57vers quel royaume l'humanité veut-elle aller ?
01:59Deux royaumes, oui, un royaume matériel, l'Empire romain, avec sa technique, ses routes, ses actus,
02:09sa sécurité, sa monnaie unique, son droit unique.
02:13Donc, quelque part, il y a une œuvre d'unification et civilisatrice, au prix de certaines guerres, bien sûr.
02:19Et de domination et d'écrasement.
02:23Et puis, de l'autre côté, oui, un autre royaume, un royaume spirituel,
02:26où on pense que réussir sa vie, ce n'est pas posséder, avoir de la puissance, mais c'est...
02:35C'est plus œil pour œil, d'un pour dents, c'est on tend la joue, quoi.
02:37On tend la joue, on tend la main d'abord, et c'est vivre en accord avec certaines valeurs,
02:43être attentif aux autres.
02:44Et donc, une autre image de la réussite que donne un juif nommé Jésus, sur les chemins de Galilée.
02:53Et je crois qu'en fait, nous avons toujours ces deux royaumes qui se confrontent dans notre monde présent.
02:59Oui, ça nous change, ça nous ressemble en fait aujourd'hui,
03:03parce que c'est vraiment le moment où Rome bascule vers l'Empire, où le monde change complètement.
03:07On est un peu dans une époque comme ça aujourd'hui, en plus de l'autocrate,
03:10qui revient au coup du jour, etc.
03:12On revient à une logique des empires, tout à fait, une logique des empires.
03:16Et on se dit, qu'est-ce qu'il faut pour compenser peut-être la peur que donne la logique des empires ?
03:20C'est une vie intérieure très riche.
03:22Et cette vie intérieure très riche, il faut savoir avec quoi la nourrir.
03:26Et je pense qu'il y aura toujours, à l'intérieur de tous les royaumes matériels,
03:30un royaume spirituel qui est accessible et qu'on peut essayer de faire exister.
03:36Voilà, c'est une histoire de volonté aussi.
03:38Est-ce que c'est notre choix de civilisation depuis toujours, j'ai envie de dire,
03:42ce royaume terrestre hégémonique et ce royaume spirituel qui finalement est ouvert à tous ?
03:46C'est le choix permanent de l'humanité.
03:48Je dirais que la facilité, c'est la force, la facilité, c'est la puissance, la facilité, c'est l'argent.
03:53C'est vrai.
03:55Contrairement à ce qu'on peut croire.
03:56Ce n'est pas difficile.
03:57Il suffit d'aller dans le sens des choses et puis d'essayer d'être le plus fort.
03:59On ne l'est jamais que provisoirement.
04:01D'être le plus riche, même si on arrive à l'être, on l'est aussi que provisoirement.
04:05Alors que viser un autre accomplissement, être un homme bien, savoir aimer les autres,
04:12savoir recevoir leurs paroles, savoir avancer dans la vie, c'est plus difficile.
04:19Et vous nous interrogez sur le statut de l'homme aussi, puisque c'est des immortels.
04:22Donc on se demande aussi que devient-on quand le temps n'a plus de limite ?
04:25Finalement, est-ce que les défauts humains persistent ?
04:27Est-ce que les passions disparaissent ?
04:28Alors dans le cas de mes héros, non.
04:31C'est un choix, clairement.
04:33Voilà, Noura et Noam, qui s'aiment d'amour, mais qui s'aiment d'un amour qui n'est pas synchrone.
04:39C'est-à-dire qu'ils n'en sont jamais au même moment de leur histoire quand ils sont ensemble.
04:43Ce qui est très courant chez les non-immortels comme nous.
04:47Mais qui, eux, évidemment, est un principe de survie de leur couple.
04:52Ils n'en sont jamais au même moment.
04:53Mais ils s'aiment absolument.
04:54Il y a une phrase d'Aristote que j'ai toujours en tête.
04:58Aristote disait « Si tu ne m'aimes plus, c'est que tu ne m'as jamais aimé. »
05:03Et en fait...
05:04C'est très juste.
05:04Voilà, l'amour change de forme.
05:06Et entre Noam et Noura, l'amour va changer de forme.
05:10Parfois même, il prendra la forme du rejet et de la haine.
05:13Mais c'est toujours l'amour.
05:14Parce que l'amour, effectivement, ça s'approche, ça flirte avec différentes sensations, sentiments, état d'âme où on se trouve dans la vie.
05:22Noam, ce narrateur, il nous parle aussi du présent.
05:27Est-ce qu'on pourrait l'apparenter à notre conscience, en fait, à travers le temps ?
05:31Je crois que Noam, c'est un peu ça.
05:34C'est un homme qui est né il y a 8000 ans, au Néolithique, et qui a traversé toutes les époques.
05:398000 ans, c'est pas mal.
05:40Oui, en se cachant toujours, parce que dès qu'il s'installe quelque part, au bout de 20 ans, 30 ans, on se rend compte qu'il ne change pas, donc il doit bouger.
05:49Donc lui et Noura sont condamnés à une espèce de fuite perpétuelle.
05:53Et puis, ils prennent plein de cicatrices, pas sur leur corps, puisque leur corps ne marque rien.
05:56Mais dans leur âme, ils ont plein de cicatrices, ils ont perdu des êtres qu'ils aiment.
05:59Vous imaginez, en 8000 ans, le nombre de chagrins et de cicatrices que vous avez dû avoir ?
06:05Et en fait, vous savez, mon but, c'est que quand on referme le livre, on se dise, quelle chance j'ai d'être mortel.
06:13C'est une épouvante d'être immortel.
06:16Il y a un temps pour tout.
06:18Et puis ce temps, c'est le temps de la vie.
06:20Je veux dire, ce dont souffre mon héroïne, Noura, c'est comme elle ne peut plus donner la vie.
06:27Parce que la mort et la vie, c'est le même cadeau.
06:31Il faut l'un pour l'autre.
06:33Il y a toujours une image qui est parlante pour moi, c'est que dans le ventre de la mère, l'enfant, il a d'abord des palmes.
06:41C'est vrai.
06:41Pour ses mains.
06:42Et puis, il y a un moment où ces palmes disparaissent pour laisser apparaître les doigts.
06:48Donc, il faut que des cellules meurent pour que quelque chose vienne.
06:50Pour que d'autres apparaissent, bien sûr.
06:52Et cet enchaînement de la mort et de la vie, c'est notre condition humaine.
06:55Noura et Noam en sont sortis de cette condition humaine.
06:59Et ils vont être de plus en plus sur la berge.
07:02Et ils vont de plus en plus envier les mortels.
07:06Alors, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'ils sont immortels, mais sans explication ni glorification.
07:10Leur don, ça vient de la foudre, en fait ?
07:12Ils ont été foudrayés.
07:13Voilà.
07:14J'avoue que parfois, quand je me promène dans un endroit, tous les exposés dans un orage,
07:17je me dis « Tiens, frappe-moi ! »
07:21Exactement.
07:21L'autre jour, sur la place de Nancy, il y a un grand orage.
07:24Je me suis dit « Allez, c'est mon tour ! »
07:26Et donc, ce phénomène, il est naturel, il est incontrôlable.
07:30Donc, chez eux, en fait, ce n'est pas un privilège, cette immortalité.
07:32Ils meurent, ils souffrent, ils renacent lentement comme des plantes, en fait.
07:34Oui, c'est ça.
07:35Ils ont une faculté d'auto-réparation perpétuelle.
07:37Voilà.
07:38Ce qu'on a tous en nous aussi, finalement.
07:39Oui, mais un temps plus bref.
07:40Voilà, mais on n'en entend plus bref.
07:42C'est très intéressant parce que ça évoque aussi la fragilité, notre fragilité, notre lenteur
07:48et le lien fondamental aux vivants aussi, parce qu'on est complètement lié au monde qui nous entoure.
07:52C'est ça que vous nous racontez.
07:53Oui, et puis moi, je pense que la conscience de notre fragilité, de notre vulnérabilité, elle nous rend meilleure.
07:59Les gens qui écrasent tous les autres, c'est des gens qui se croient immortels.
08:02C'est vrai.
08:02Et qui ne se croient pas partageant la même fragilité que les autres.
08:05Donc, pour lutter contre la violence, contre la domination imbécile,
08:13je pense qu'il faut avoir vraiment le sentiment de notre fragilité.
08:16C'est vrai.
08:17Dites-moi, Ziz, si vous étiez immortel, vous comme Noam,
08:21qu'est-ce que vous auriez envie de vivre de plus ou de revivre, peut-être ?
08:26Peut-être les moments de l'enfance, les plus beaux moments,
08:28où les choses sont vraies, naturelles, spontanées, pas calculées, pas réfléchies.
08:34Je pense que c'est ces moments-là.
08:35Mais vous l'avez gardé, vous, cette authenticité-là, justement ?
08:37Moi, je suis comme ça, c'est grave, quand même, à mon âge.
08:39Ou pas, ou c'est peut-être bien, justement ?
08:41Moi, je suis resté très, très candide.
08:42Et puis, je crois en l'être humain, encore.
08:45J'ai envie, en tout cas, d'y croire.
08:47Pourtant, dans ce métier, c'est difficile.
08:49On me dit souvent, mais tu crois que tu vas te faire des amis, toi ?
08:52Mais moi, je partage des moments, en tout cas, d'amitié,
08:55qui resteront gravés.
08:56Il y a un grand monsieur qui fait de la radio, de la télé, tout ça,
08:59qui m'a dit un jour, je lui ai dit merci pour un moment qu'on avait vécu ensemble.
09:02Il m'a dit, ne me remercie pas, parce que grâce à toi, je me fabrique des souvenirs.
09:06C'est ça.
09:07C'est formidable.
09:08Et c'est ça qui disparaîtrait peut-être si on était immortel.
09:10Tout à fait.
09:11D'ailleurs, je ne crois pas que ça fasse rêver grand monde d'être immortel.
09:15Regardez, Ligne Renaud, elle ne peut plus, elle n'arrête pas de dire...
09:19Ça fait rêver Elon Musk.
09:21Oui, voilà.
09:22Il paraît que David Bowie s'est fait cryogéniser aussi.
09:25Je ne sais pas si vous êtes au courant.
09:26Ou à Disney aussi.
09:27Oui, il y en a quelques-uns.
09:30Votre texte, Eric Emmanuel, il alterne entre le passé où Noël revit les grandes étapes
09:35de l'humanité, puis le présent où il rédige ses mémoires.
09:38C'est une structure de va-et-vient qui vous permet de critiquer ce qu'on vit aujourd'hui.
09:43Bien sûr.
09:44Il regarde ce monde avec sidération, oui.
09:46Oui, beaucoup.
09:48D'abord, ce qui a motivé son écriture, c'est qu'il est saisi d'angoisse devant l'état
09:52du monde.
09:54Pourtant, il a traversé des époques difficiles et il a toujours entendu d'ailleurs des
09:58théories sur la fin du monde, mais il n'y a jamais cru.
10:00Et là, tout d'un coup, il se réveille à notre époque, enfin il s'éveille parce
10:03qu'il a des longues hibernations, il s'éveille à notre époque et il découvre l'angoisse
10:08écologique.
10:10C'est-à-dire que tout d'un coup, l'homme se dit, non mais mon ennemi, ce qui peut détruire
10:14la planète, ce n'est plus les dieux, ce n'est plus Dieu, ce n'est plus la nature,
10:17c'est nous, les hommes.
10:18Et donc, tout d'un coup, cette conscience que l'humanité est peut-être allée trop
10:22loin dans son occupation péremptoire du territoire et du vivant, fait que cette angoisse,
10:28qui est le propre de notre époque, qui n'a existé à aucune autre époque, cette
10:32angoisse le saisit et c'est pour ça qu'il prend la plume pour nous dire comment est-on
10:36arrivé là.
10:37Voilà, c'est une question qu'on peut tous se poser.
10:39D'ailleurs.
10:40Allez, Sud Radio, c'est excellent.
10:42Et puis ce soir, on se fait plaisir avec l'esprit affûté d'Eric Emmanuel Schmitt et
10:45l'énergie explosive de Ziz.
10:47Du panier, vous restez avec nous.
10:48Sud Radio, c'est excellent.
10:51Judith Bélaire.
10:52C'est excellent sur Sud Radio ce soir pour vous, l'écrivain Eric Emmanuel Schmitt
10:56et son tome 5 de La Traversée des Temps, Les Deux Royaumes, tout juste paru chez
10:59Albain Michel.
11:00Et puis l'incomparable Ziz du panier et son spectacle irrésistible, c'est à la comédie
11:06Bastille.
11:07Eh bien, on en écoute un petit extrait, ce que j'ai trouvé sur Internet, c'est parti.
11:10Il est parti faire la gay prize à Kuala Lampour.
11:12Il est gay, je suis contente.
11:14J'ai tout fait pour qu'il soit gay quand il était petit.
11:16Je parle de l'école, je déguisais en frais, c'est à gada, j'ai tout fait.
11:19C'est un vrai gay, bien coiffé, bien parfumé.
11:22Il adore la compagnie des vieilles dames, tu vois.
11:24Un peu Jean Macron.
11:25A partir de maintenant, je m'en tape de votre vie à vous.
11:29Je m'en balance, je m'en tamponne.
11:32Vous êtes grand, vous êtes des adultes.
11:34Alors, à partir de maintenant, chacun pour soi.
11:36Moi, je vous ai mis au monde, je vous ai aimé, cajolé, câliné.
11:39Je vous ai torché, je vous ai consolé.
11:42Il me reste quoi, moi ?
11:43Dix ans encore de bon avant d'être une mémé, comme tu disais tout à l'heure.
11:47Alors, je vais te dire une bonne chose.
11:49Ces dix ans-là, ils sont à moi.
11:50Et je ne vais pas les gaspiller, tu as compris ?
11:53Ces dix ans-là, je ne compte pas les livres ratés.
11:56Ah, bah dis donc ça, c'est ce qu'on appelle dire la vérité.
12:00Elle n'en peut plus, quoi.
12:01Elle est en pleine ménopause.
12:02Elle apprend que son mari la trompe.
12:04Et son fils, le même jour, lui annonce qu'elle va être grand-mère.
12:08Ça fait beaucoup, hein ?
12:10Donc, elle en profite pour faire sa crise.
12:12Bon, alors, elle est blonde parce qu'une star, elle peut être blonde.
12:15Que blonde, en fait, chez vous.
12:16Pour moi, dans ma tête, quand j'étais enfant, une star, c'était blonde.
12:18C'est Marie-Hélène Monroe, quoi.
12:20C'est la même coupe, hein ?
12:21C'était Sylvie Vartan, moi.
12:22Ah, d'accord.
12:22Vous avez quand même la même coupe que Marie-Hélène, vous le savez.
12:24C'est vrai ?
12:25C'est naturel.
12:26C'est aussi une cagole chic à la langue bien pendue, j'ai envie de dire.
12:29Une cagole, oui, la reine des cagoles.
12:32Oui, la reine, quand même.
12:33Et alors, surtout, vous dites ce qu'on n'oserait pas dire, nous.
12:36Vous nous parlez de la ménopause, effectivement, ça, c'est assez...
12:39Écoutez, moi, j'ai écrit à partir de faits qui m'ont été racontés par toutes mes copines.
12:45Donc, je suis très proche de la réalité, paraît-il.
12:48Et les femmes qui sont dans la salle se reconnaissent complètement.
12:52Exactement.
12:52C'est vrai qu'en étant un homme qui joue une femme, c'est beaucoup plus facile d'en rire, sûrement.
12:57C'est très drôle, justement, de vous entendre parler de nos problèmes de ménopause.
13:01Alors, votre fils, il est gay, votre mari, il est infidèle.
13:04Il y a les sites de rencontres.
13:05Enfin, il n'y a pas de répit, quoi.
13:06Et ce qui est sympa, c'est que c'est des galères qu'on vit tous, plus ou moins.
13:09Oui, c'est la vraie vie, c'est un reflet de la vraie vie.
13:13Moi, vous savez, j'adore m'installer aux terrasses des cafés de partout où je suis et laisser traîner mes oreilles et écouter des gens qui racontent des histoires.
13:20Vous savez, j'ai un sketch qui marche très fort depuis un moment.
13:23C'est le sketch où je parle, que je dis que j'ai des problèmes au niveau de l'oignon.
13:27Et en fait, c'était une dame qui discutait dans l'autobus avec son amie.
13:33Et elle lui disait, tu sais, oh là là, j'ai mal à l'oignon.
13:37Et moi, je me suis tournée comme ça d'un coup.
13:39Je l'ai regardée, c'est une petite dame très, très distinguée, très chic.
13:42Et elle disait, je n'arrive plus à me chausser.
13:44Donc, on n'avait pas situé l'oignon au même niveau, vous voyez.
13:48C'est hyper drôle.
13:49Et j'en ai fait un sketch, quoi.
13:50J'adore.
13:52Bon, avant, là, c'est votre nouveau spectacle.
13:53Mais vous avez fait plus de 1800 représentations, Ziz, du panier.
13:57300 000 spectateurs séduits.
13:59Sept ans de tournée en France, à l'international aussi.
14:02Puisque vous êtes allé à Montréal, vous êtes allé à New York, à Tel Aviv.
14:04Oui, avec l'Alliance française, on est aux Etats-Unis, à Tel Aviv.
14:07On a joué dans plein de pays francophones, en Tunisie même.
14:10En fait, ce langage, cette proximité, j'ai envie de dire, avec nos problèmes familiers,
14:14et de réussir à en rire, ça nous détend tous, quoi.
14:17Quelque chose de très populaire qui parle à tout le monde de facile.
14:19Je crois qu'on vit une époque qui est assez difficile.
14:22Et les gens ont envie de se détendre et de s'amuser.
14:24Et je... Bah écoutez, de toute façon, moi, je ne vais pas faire mieux.
14:27Je fais déjà très bien.
14:29C'est excellent, j'ai envie de dire.
14:30Nicolas Pagnol me disait l'autre jour...
14:32Écoute, ce que tu écris, dans d'autres temps, mon grand-père l'a fait avec ces mots.
14:39Il parlait de la vraie vie aux gens de la vraie vie.
14:42Donc, ça ne peut que marcher, quoi.
14:44C'est un joli compliment.
14:45J'en ai besoin, c'est vrai que dans une époque où on est tous cachés derrière nos écrans...
14:48Ah ouais ?
14:49C'est ça ?
14:50Alors, entre une belle-fille parisienne, un mari qui vous trompait, un fils gay,
14:53c'est un peu Dallas chez la mamamia, c'est ça, non ?
14:55Je ne sais pas si c'est Dallas, ma belle-fille est suédoise.
14:57Mon fils l'a rencontrée à Ikea.
14:59Et alors, on va dire...
15:01Ok, voilà.
15:04C'est des situations bien réelles, tout ça.
15:05C'est des situations qui peuvent être réelles.
15:07Parce que la famille Mamamia, le mariage de mon fils, pareil, c'était des scènes de vie,
15:12des moments de vie de gens de la vraie vie, qui m'ont raconté le mariage de leur fils,
15:16de leur nièce, de leur... tout ça.
15:18Et en fait, composé avec tout ça, moi j'exagère, parce que comme je suis de Marseille, on sait faire ça.
15:24On exagère quand on est du sud.
15:25Alors, c'est quoi l'élément de scène qui vous représente mieux pour vous ?
15:28Enfin, qui représente mieux l'univers, c'est du panier.
15:31Écoutez, moi je dis souvent, le soir, je veux que le public soit beau dans la salle,
15:36parce qu'il paraît qu'on a le public qu'on mérite.
15:38Moi, je suis très belle, donc il faut que les gens qui sont assis devant moi le soient aussi.
15:42Et s'ils ne sont pas beaux à prêter, vous êtes capable de leur balance ?
15:44Le directeur du théâtre, il les garde pour une autre humoriste beaucoup moins belle.
15:48Il les met derrière, sinon ?
15:48Qui va venir prochainement.
15:51Je ne dirai pas le nom, parce que...
15:52Non, non, on ne dira pas.
15:54Ziz, vous êtes une star-née du peuple, comme on dit.
15:56Comment est-ce que cette petite fille du panier, j'ai envie de dire, ce petit garçon en fait,
16:01est-il devenu une icône du rire marseillais, puis parisien, puis international comme ça ?
16:05Vous savez, je crois que les choses n'arrivent pas forcément quand on les désire.
16:10C'est arrivé par hasard.
16:10Moi, j'ai eu une vie avant au cabaret.
16:13J'ai travaillé pendant 25 ans, aux côtés de Cocinelle d'abord, chez Madame Arthur,
16:18puis après chez Michou.
16:21Tout petit, je me suis rendu compte que j'étais différent.
16:23Et je me suis dit que cette différence, c'était ma chance.
16:25Et que cette chance, je n'allais pas la laisser passer.
16:27Et que je ne la vivrais certainement pas au rabais.
16:30J'ai décidé de la vivre sous les projecteurs,
16:32et de la partager de cette façon,
16:34de donner tout cet amour que j'avais reçu,
16:36et cette confiance en moi que mes parents m'ont donnée,
16:39que j'allais le partager avec les gens qui n'avaient peut-être pas eu la même chance que moi.
16:42Finalement, ce que vous dites, c'est que la chance, ça se provoque quand même,
16:44puisque vous avez beaucoup travaillé.
16:46Moi, j'adore travailler.
16:47Vous savez, je suis quelqu'un qui...
16:50Je ne suis jamais...
16:51Mon producteur le dit souvent.
16:54Il dit ziz, il ne dit jamais non.
16:55Il dit toujours, ok, on y va.
16:57Allez, on va essayer, on le fait.
16:58Moi, je vois toujours le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide.
17:01Et puis, j'y crois.
17:03Et si on ne veut pas de moi, je sors par la porte, je re-rentre par la fenêtre.
17:07Il y a la cheminée aussi.
17:09Chez vous, toutes les transformations, zizin, le look, la vie, les galères,
17:12le spectacle, c'est de se raconter et de raconter aux autres comment on vient soi.
17:16Oui, et puis comment on s'assumer, voilà, s'accepter, voilà, et puis se donner, se respecter, respecter les autres et donner la meilleure image de soi.
17:26Et votre fierté, c'est de ne jamais se cacher, en fait, c'est ça ?
17:29Sauf sous les traits de ziz.
17:31Mais bien sûr, évidemment.
17:33Justement, derrière ziz, il y a l'histoire d'un homme, vous, Thierry Wilson.
17:37Vous avez embrassé qui vous étiez vraiment, elle a compris.
17:41Vous nous racontez aussi, dans un livre dont on parlait tout à l'heure, vos cabarets chez Michou.
17:47Qui êtes-vous quand vous quittez la scène, finalement ?
17:50Vous restez ziz ?
17:51Non.
17:51Non.
17:52Vous savez, je dis souvent, moi j'ai beaucoup de chance par rapport à tous les autres artistes et les comédiens et tout ça,
17:57c'est que lorsque j'enlève la perruque de ziz, les fossiles de ziz, le maquillage de ziz,
18:03je peux prendre le métro comme tout le monde, je peux aller au supermarché, je peux me balader.
18:06Et ça, ça n'a pas de prix.
18:08Parce qu'être reconnu, ce n'est pas quelque chose de normal.
18:12On peut vivre sans et on vit très bien sans d'ailleurs.
18:15Et moi, je ne souffre pas de ça.
18:17Alors, je lui fais dire aussi à elle tout ce que moi je n'ose pas dire par rapport à mon éducation, par rapport à ma vie et tout ça.
18:24Et vos parents alors ?
18:25Ah, mes parents, vous savez, moi j'ai eu beaucoup de chance.
18:27Parce que je suis né dans une famille où on n'avait aucun a priori, aucun préjugé,
18:34que ce soit mon grand-père ou mes parents, mon père et ma mère.
18:37Ils aimaient les gens, ils aimaient la vie, ils étaient commerçants.
18:42Donc, mon père était un peu le chef du village, on va dire.
18:46Et puis, il avait le bistrot en bas.
18:48Chef du village gaulois, tiens, tiens.
18:50Ça résonne.
18:51Oui, mais il n'a pas été immortel, malheureusement, il est mort.
18:53Oui, mais le village gaulois, alors Saint-Géthorix, il n'est pas immortel non plus, le pauvre.
18:58C'est clair.
18:59Voilà.
18:59Oui, donc en fait, le fait d'avoir été élevé dans une famille comme ça,
19:02qui vous allait complètement laisser sans jugement, ça vous a permis de vous retrouver quelque part,
19:07ou de vous trouver tout simplement.
19:08Vous savez, moi j'étais enfant unique, je réclamais à mes parents des choses qu'eux ne faisaient pas, ne connaissaient pas.
19:14Je voulais aller à l'opéra.
19:15Je n'ai jamais su pourquoi, comment, j'avais envie d'aller à l'opéra.
19:18Et ma mère me disait, ok, on va acheter des tickets et on va aller à l'opéra.
19:23Et je voulais aller au théâtre.
19:25Je me souviens, on venait avec maman deux fois par an, parce qu'elle avait une tante qui avait un hôtel à Montmartre.
19:30On venait à Paris et un jour, on passait sur les grands boulevards.
19:33Et j'ai vu une affiche avec Jean Lefebvre et Georges Bélair qui jouaient au théâtre.
19:37C'est mon tonton !
19:38Qui jouaient au théâtre des nouveautés.
19:41Et j'ai dit à maman, je voudrais qu'on aille là.
19:43Et j'avais vu cette pièce de théâtre.
19:45Je vais lui envoyer cet extrait.
19:46Et j'avais dit à ma mère, je veux faire ça, moi.
19:48Je veux faire Georges Bélair, quoi.
19:49C'est très drôle !
19:51Vous voyez, la boucle est bouclée, vous avez sa nièce maintenant.
19:54J'adore !
19:55C'est incroyable !
19:55C'est génial !
19:56Et vous voyez la vie, moi je trouve qu'il y a...
19:59On parlait des planètes qui s'alignent et tout ça.
20:01Moi je fais des rencontres tout le temps.
20:02Et ça me ramène à mon enfance au moment où j'ai découvert toutes ces choses-là.
20:06Moi je me souviens de tout petit, j'avais vu Jacqueline Maillon aussi dans Lily et Lily.
20:10Et à Noël, on était toute la famille réunis en famille.
20:13Et tout le monde, mes cousins, j'avais 7 ans, mes cousins disaient
20:15« Moi je veux faire pompier quand je serai grand, je veux faire vétérinaire. »
20:19Et moi on m'avait dit « Et toi ? »
20:19Et moi je lui ai dit « Je veux faire Jacqueline Maillon. »
20:22C'est mignon !
20:23Toujours le théâtre, quoi.
20:24C'était toujours...
20:25Et des personnages.
20:26C'était une prédestination, quoi.
20:27Je ne sais pas, mais inconsciemment.
20:29Parce qu'après, j'ai grandi et j'ai fait ce que j'ai fait.
20:32L'inconscient devient la conscience.
20:35Eric-Emmanuel Schmitt, dans votre livre, il y a l'Empire romain.
20:37Sur scène avec Zizi, il y a l'Empire de la famille.
20:38C'est quoi le plus dangereux à vos yeux ?
20:40Entre l'Empire romain et l'Empire de la famille.
20:43Oui, je pense que non, on est en face de deux grands dangers.
20:46Oui, c'est ça.
20:48Peut-être qu'on peut plus...
20:49Non, non, mais la différence c'est que dans une famille,
20:52même si on sème maladroitement, on sème.
20:54On sème.
20:55Voilà, donc après, il faut apprendre à être.
20:56On ne va pas s'envoyer au fer chez les gladiateurs.
20:59Il faut être à droit après.
21:02Non, non, l'Empire romain, c'était autant de bien que de mal,
21:05mais c'était écrasant.
21:08C'est ça.
21:09Mais quand vous le racontez, en fait,
21:11on est partagé entre un sentiment de se dire
21:13finalement, c'est grâce à eux qu'aujourd'hui,
21:15on est cultivés, structurés comme on l'est, etc.
21:17Et en même temps, ils ont tué tout un pan du savoir des Gaulois.
21:21C'est sûr.
21:22Donc en fait, ce que vous disiez tout à l'heure,
21:23tout passe par faire mourir quelque chose pour faire renaître autre chose.
21:27Toujours.
21:27Et puis, surtout, il n'y a aucun manichéisme dans ma façon de voir le monde.
21:32C'est toujours la complexité du monde qui m'intéresse.
21:36Et c'est vrai qu'il y a très, très peu de romans
21:38qui retranscrivent l'univers gaulois,
21:40comme j'ai pu le faire dans la première partie du roman.
21:42Et c'était formidable de vivre en Gaulle au premier siècle avant Jésus-Christ.
21:46Et se balader dans la forêt de Brocéliande.
21:48Voilà, où les forêts étaient les cathédrales et les temples,
21:52et où il y avait ces druides qui n'étaient pas des prêtres,
21:55comme l'a dit Jules César,
21:56mais qui étaient des philosophes, des sages,
21:58des hommes qui détenaient tout le savoir,
21:59et qui en fait tenaient la société,
22:01parce qu'ils avaient aussi le domaine législatif et juridique.
22:04C'était un monde absolument passionnant,
22:06de gens en plus très instruits,
22:08mais qui interdisaient aux autres d'écrire.
22:11Eux possédaient l'écriture grecque et la langue grecque,
22:14mais ils limitaient l'enseignement à l'oralité.
22:17Comme ça, ils gardaient le savoir,
22:19et ils étaient les maîtres de la société.
22:21Résultat, ils ont un peu disparu ensuite.
22:23Allez, on est entre paillettes et littérature ce soir.
22:26C'est excellent sur Sud Radio,
22:27avec l'écrivain, dramaturge et Jean Passe,
22:29Eric-Emmanuel Schmitt,
22:30et puis la reine du One Woman Chosice du panier.
22:32On revient dans un instant, restez avec nous.
22:33Vous êtes sur Sud Radio et c'est excellent.
22:39Comme mes invités ce soir,
22:40Eric-Emmanuel Schmitt nous entraîne dans les deux royaumes.
22:43Un cinquième tome de La Traversée du Temps,
22:45c'est chez Albain Michel.
22:46Et puis, Ziz du panier nous régale avec Irrésistible,
22:48c'est à la comédie Bastille en ce moment.
22:50Alors Eric, vous êtes philosophe de formation,
22:52vous êtes romancier, vous êtes dramaturge,
22:54vous êtes scénariste.
22:55Votre parcours, j'ai envie de dire,
22:56c'est celui d'un homme qui cherche à comprendre l'être humain
22:58dans toutes ses dimensions, puis vous d'abord.
23:01Moi d'abord, je ne sais pas, non.
23:02Moi, je suis partisan de...
23:05J'inverse la phrase de Socrate qui est
23:08« connais-toi toi-même ».
23:09Moi, je trouve que « méconnais-toi toi-même », c'est bien.
23:12Pourquoi ?
23:12Je pense que Ziz ne va pas me contredire.
23:14C'est-à-dire que je crois qu'on a envie d'être multiple,
23:19on a envie d'être plusieurs,
23:20on écrit pour ça, on joue pour ça,
23:22pour épouser toute l'humanité,
23:25pour être différent, pour être les autres, etc.
23:28Donc moi, une vie, ça n'allait pas me suffire.
23:30Il m'en fallait au moins mille.
23:31Et écrire, c'est vraiment le moyen d'avoir mille vies.
23:34Et en plus, par l'écriture, je peux aussi changer d'époque,
23:37changer de sexe, changer d'âge.
23:40C'est un pouvoir extraordinaire qui m'est donné en écrivant
23:43et qui ensuite est donné au lecteur quand il lit.
23:46Et puis d'ailleurs, vous le dites, vous-même,
23:48souvent d'ailleurs, que vous écrivez pour rejoindre les gens.
23:51Complètement.
23:53Pourtant, l'écriture, c'est quand même un acte solitaire.
23:58Au départ.
23:59D'accord.
23:59Mais l'écriture, c'est une main tendue vers l'autre.
24:02Il y était une fois, tiens, je te prends par la main
24:04et je t'emmène vers des émotions, vers des idées
24:07que tu n'aurais pas si tu ne me suivais pas dans ce voyage.
24:10Et je ne lâche pas la main.
24:11Parce qu'il y a des écrivains qui mettent le lecteur dans le trou
24:14et puis qui lâchent la main.
24:15Moi, non.
24:16Il y a toujours un chemin de philosophie.
24:19Ce que je disais hors antenne, je peux le redire aux auditrices, aux auditeurs,
24:22c'est que finalement, j'apprends plus.
24:23Moi, j'ai plus appris sur les celtes et sur certains travers,
24:26par exemple, des romains, en vous lisant qu'à l'école.
24:30Oui, parce que c'est le roman.
24:31C'est la force du roman.
24:32Et donc, finalement, l'histoire, elle devrait être enseignée comme ça, peut-être.
24:35Aussi, un bon prof d'histoire, c'est quelqu'un qui s'est raconté des histoires.
24:38Pas seulement l'histoire.
24:40C'est ça.
24:40Parce que l'histoire est faite d'histoire.
24:42C'est un art de compter, véritablement.
24:44Et on a tous les yeux qui s'ouvrent quand quelqu'un sait nous raconter quelque chose.
24:48C'est vrai.
24:49Mais connais-toi toi-même, Ziz.
24:51C'est comme ça qu'Éric Emmanuel Schmitt a commencé à parler de son process de création.
24:55Finalement, ça rebondit chez vous, clairement.
24:59C'est un peu votre process aussi, non ?
25:01Oui, mais après, moi, j'ai eu besoin de créer ce personnage pour lui faire dire des choses que moi, je n'osais pas dire.
25:13Peut-être que c'est ce que fait Éric aussi dans ses romans.
25:18Et c'est une autre façon.
25:21Mais en fait, moi, après, je me suis installée dans ce personnage-là.
25:24Je m'y sens bien.
25:25C'est confortable.
25:27Donc, c'est vrai que je n'ai pas bougé.
25:30Je ne sais pas si ça me va très bien, mais en tout cas, les gens ont l'impression que j'existe.
25:33C'est vous, surtout.
25:34Qu'elle existe vraiment.
25:35On ne se demande pas si c'est vous ou pas vous.
25:37C'est ça.
25:37Et surtout, les gens ne veulent pas savoir qui se cache derrière.
25:40Alors pourtant, vous l'avez raconté.
25:41Dans mon livre ?
25:42Oui.
25:42En 2021, qui est sorti de A. Aziz.
25:44Ce n'est pas mal de A. Aziz.
25:45En fait, c'est après une rencontre avec Mireille Dumas et une émission de télévision.
25:52Elle est forte, Mireille.
25:53Elle m'a posé beaucoup de questions.
25:54Moi, je n'avais pas du tout envie de parler de ma vie privée, d'où je venais, qui j'étais, ce que j'avais fait.
25:59Enfin, tout ça.
26:00Je voulais juste parler de Ziz.
26:01Je ne voulais pas qu'on sache qu'il y avait quelqu'un qui se cachait derrière Ziz.
26:04Et en fait, Mireille a été formidable parce qu'elle m'a fait avouer.
26:09Elle m'a fait me raconter.
26:11Et quand j'ai...
26:12Ça vous a libéré un petit peu, non ?
26:14Oui, ça m'a fait beaucoup de bien.
26:15Mais on a passé 4-5 jours ensemble pour préparer cette émission.
26:19Et à la fin, un jour, elle m'a dit...
26:21Viens, on va boire un café.
26:22Elle m'a dit, il faut absolument que tu l'écrives.
26:23Tout ça, ça va aider des tas de gens.
26:26Ben, c'est vrai.
26:26Et je lui ai dit, bon, pourquoi ?
26:28Elle m'a dit, mais parce qu'il y a des gens qui n'ont pas le courage de franchir le pas,
26:31de s'affirmer, de dire qui ils sont.
26:33Et tout ça, ça va aider.
26:34Ça peut aider des tas de gens.
26:35Et c'est vrai, puisque ce livre, on n'a pas eu beaucoup de presse ni de publicité.
26:41On en a vendu pourtant plus de 5 000 exemplaires.
26:43C'est pas mal.
26:43Et c'est pas mal, oui, sans présence médiatique.
26:48Et je trouve ça formidable.
26:50Il y a des gens qui viennent et qui me disent, merci, grâce à vous...
26:52Mais en fait, vous avez trois noms, Ziz.
26:55Je peux le dire ou pas ?
26:56Oui, bien sûr.
26:57Donc, vous êtes Ziz Dupanier, vous êtes Thierry Wilson et puis vous êtes Jean-Louis Naïtana.
27:01Oui, Louis Naïtana.
27:02Louis Naïtana, pardon.
27:03Et puis même un quatrième, Loulou.
27:05D'accord.
27:06Parce que quand j'étais petit, on m'appelait Loulou.
27:07Ben voyez, regardez, ça résonne.
27:10J'avais quatre.
27:10C'est les poufers russes.
27:12Il y a quatre immortels et il y a quatre...
27:14Voilà.
27:16Et alors, ce qui est intéressant, c'est que quand vous montez à Paris,
27:18c'est parce que vous avez rencontré la très belle et connue coccinelle,
27:22c'est ça, la transexuelle ?
27:23Oui, qui est là, gravée dans ma peau, à jamais.
27:24Voilà, que vous êtes devenue vous-même artiste transformiste ensuite chez Madame Arthur.
27:29Par hasard.
27:30Chez le célèbre Michou aussi.
27:32Avec Raymond Aquaviva.
27:34Et puis un jour, je lui ai dit, tu sais, je vais faire du cabaret.
27:37Oh, il m'a dit, mais c'est génial.
27:39J'adore me déguiser en femme, il m'a dit.
27:42D'ailleurs, il l'a fait au théâtre avec Amanda Lyre.
27:45Elle est venue vous voir, Amanda Lyre.
27:46Amanda, plusieurs fois, elle me soutient.
27:48C'est vraiment une personne incroyable.
27:50Je suis un peu, je ne sais pas, je suis beaucoup trop âgée pour être son fils, mais...
27:56Oui, c'est peut-être une mère de cœur.
27:58Non, non, c'est une femme extraordinaire.
27:59On choisit qui en veut dans sa vie.
28:01Et puis elle me donne de très bons conseils.
28:03Elle est comme coccinelle, en fait.
28:04Coccinelle me disait souvent, je ne peux pas t'éviter de faire des erreurs,
28:07je peux juste essayer qu'elle soit moins douloureuse.
28:09Oui, c'est mignon, ça.
28:10Donc Amanda aussi...
28:12C'est ça, les vrais amis, en fait.
28:13Oui, c'est ça, on parle beaucoup et puis elle me fait du bien.
28:16C'est une femme de cœur.
28:18Alors, Eric-Emmanuel Schmitt, vous avez écrit un récit autobiographique
28:21il y a quelques années, La nuit de feu.
28:23Je voulais vous en parler un petit peu parce que vous évoquez dans ce bouquin
28:26qui, selon moi, est l'un de vos plus personnels,
28:30ce moment dans le désert du hogar qui a transformé votre rapport au sens
28:33et qui vous a peut-être emmené vers l'écriture que vous avez développée ensuite.
28:38Comment est-ce que vous définiriez votre position sur le sacré suite à ce moment
28:41et qu'est-ce que ça a vraiment changé chez vous ?
28:44Racontez peut-être en quelques mots ce moment aux auditrices, aux auditeurs.
28:47J'avais 28 ans, j'avais fait des grandes études de philosophie.
28:53Ça y est, c'était fini de ce côté-là.
28:56Je me destinais à être prof à l'université.
28:59Et puis on me demande d'écrire un scénario sur Charles de Foucault.
29:02Vous savez, Charles de Foucault, c'est un ermite qui a vécu dans le désert.
29:05Et une fois que j'ai écrit le scénario,
29:07on me propose de faire un voyage là-bas, le metteur en scène,
29:11et je me perds.
29:13Je me perds sur les traces de Foucault
29:15et je passe 32 heures dans le désert,
29:18perdu absolument au milieu du hogar,
29:21sans rien à boire, sans rien à manger.
29:23Et en fait, cette nuit-là est la plus belle de ma vie.
29:27Parce que c'est une nuit où j'aurais dû être terrassé par la peur
29:30et au contraire, j'ai été appelé par la lumière.
29:34J'ai passé une nuit mystique,
29:36une nuit de feu.
29:38C'est ainsi que j'ai appelé le livre où je raconte cela.
29:41C'est l'expression de Blaise Pascal qui lui-même est passé en une nuit
29:44de l'athéisme à la croyance.
29:48Et donc c'est une nuit fondatrice.
29:49Ça vous a transcendé quoi ?
29:50Complètement, ça m'a harmonisé.
29:52Avant, j'avais la tête qui partait dans un coin,
29:54le cœur qui partait là et le corps qui partait ailleurs.
29:57Tout d'un coup, j'ai été complètement harmonisé.
30:00C'était une révélation, mais c'était une révolution
30:03parce qu'il fallait tout repenser,
30:05de mon rapport au monde,
30:06même de mon vocabulaire,
30:08pour aborder cette vie nouvelle
30:11et éclairée qui m'était offerte.
30:13Et c'est vrai que je le raconte sans complexe
30:16parce que je crois que beaucoup de gens
30:18ont des moments comme ça
30:20ou d'ouverture
30:22et ils mettent ces moments-là
30:25dans leur poche
30:27parce que ça les dérange
30:29d'avoir une révélation.
30:32Parce que c'est difficile de déconstruire aussi.
30:34Voilà, il faut tout déconstruire et tout reconstruire.
30:36C'est ce que vous avez fait.
30:37Vous avez recommencé à 28 ans en fait.
30:39Voilà, c'est ça.
30:39Tout ce que j'ai écrit date d'après
30:41parce que j'ai toujours écrit
30:42mais je n'étais pas harmonisé.
30:44Donc ça vous a emmené en fait
30:45dans la volonté d'assumer le chemin
30:49que vous vous prédestinez.
30:50Complètement.
30:50Et de dire d'où je parle.
30:52D'ailleurs, si je peux parler de choses terribles
30:54parce qu'il m'arrive souvent
30:55de parler de choses terribles dans mes livres.
30:57Oscar et la Dame Rose
30:57qui est un de mes plus grands succès
30:59c'était les lettres d'un petit garçon de 10 ans
31:03qui est atteint d'une leucémie.
31:04J'ai écrit sur Hitler.
31:06J'ai écrit sur la mort de ma mère, etc.
31:08Mais si je peux explorer les ténèbres
31:10c'est parce que j'ai un peu de lumière en moi.
31:12Mais on arrive à...
31:12En fait, c'est ce qui est très intéressant
31:13c'est que vous nous emmenez avec nous
31:15dans cette exploration
31:16sans qu'on sente une gêne
31:17parce qu'effectivement
31:18on sent que c'est imbibé de lumière
31:20et que du coup on peut aller voir.
31:21Voilà.
31:22C'est ça.
31:22Et sans lumière,
31:23on ne peut pas explorer les ténèbres.
31:25Surtout, on ne peut pas en sortir.
31:26La dualité, la dualité.
31:29Finalement, vos œuvres aussi différentes
31:30soient-elles tous les deux,
31:32elles prouvent une chose.
31:32La vie ordinaire,
31:33c'est une aventure extraordinaire.
31:35Ziz ?
31:35La vie ordinaire ?
31:36Moi, je n'ai pas l'impression
31:40une vie qui pourrait être ordinaire
31:42et j'en donne quelque chose
31:46d'extraordinaire
31:47parce que c'est ma mission.
31:51C'est mon...
31:53C'est comme un peintre.
31:54Oui, c'est ça.
31:56J'observe.
31:56C'est donner du relief,
31:57préciser les traits
31:59pour qu'on se mette à aimer nos vies
32:00y compris dans ce qu'elles ont
32:01parfois de plus ridicule.
32:03Mais finalement,
32:04vous faites un peu la même chose
32:05parce qu'on n'arrête pas de dire
32:05que vous êtes différent
32:06mais d'où est-ce que vous avez
32:07cherché votre inspiration
32:09quand vous écrivez n'importe quel écrivain
32:10aussi, il se met à une drasse de café,
32:11écoute ce qui se passe autour,
32:12observe.
32:13Moi, c'est les gens.
32:14Je ne suis pas observateur,
32:15c'est-à-dire que je ne pourrais jamais dire
32:16par exemple après une conversation
32:18avec quelqu'un
32:18quelle est la couleur de ses yeux
32:20mais je pourrais dire
32:21quelle est la couleur...
32:22Tout ce qu'il a dit.
32:22Non, je pourrais dire
32:23quelle est la couleur de son regard
32:24puisque les yeux,
32:26ce n'est pas le regard.
32:27Le regard, c'est ce qui exprime
32:28ce qu'est la personne.
32:29Donc ça, je...
32:30Donc en fait, je suis très empathique.
32:32C'est-à-dire que je saisis
32:33énormément de l'énergie des gens,
32:35l'énergie fêlée
32:36la plupart du temps.
32:40Vous créez aussi.
32:41Exactement.
32:42Et je pense que je...
32:43Voilà, ma mémoire est un réceptacle
32:45de tout ce que je perçois du monde
32:47et après, j'en fais mon miel
32:50et ce sont mes histoires
32:52mais je suis essentiellement
32:53quelqu'un qui est inspiré
32:56par la réalité, par les gens.
32:59Quand j'étais jeune,
32:59j'écrivais dans les marges des livres
33:01parce que j'étais très savant
33:02et j'ai enlevé mes lunettes de savant
33:04pour regarder la vie.
33:07Vous n'écrivez pas
33:07dans les marges des livres ?
33:09Non, vous savez...
33:10Non, non, moi j'ai eu
33:11beaucoup de mal à écrire.
33:14Je serais incapable
33:15d'écrire des romans.
33:16Enfin, je dis ça
33:18alors que j'en rêverais.
33:19Jamais dire jamais.
33:20Voilà.
33:20Oui, oui.
33:21Mais après,
33:22on se surprend à faire des choses.
33:23Vous savez, après Ziz,
33:25après avoir écrit un spectacle,
33:26j'ai écrit pour la radio,
33:28je ne savais pas
33:28que j'allais être capable
33:28de faire rire en quelques minutes.
33:30Comme quoi, vous voyez,
33:31vous ne pensiez pas
33:32et peut-être qu'un jour
33:32vous allez écrire un livre,
33:34peut-être un roman bientôt.
33:36J'adorerais écrire un roman.
33:37J'ai plein d'idées.
33:38Vous avez un grand romancier
33:40en face de vous.
33:41Je suis vraiment...
33:43Peut-être quelques détails techniques
33:44vont-ils s'échanger hors antenne.
33:47Vous restez avec nous,
33:48vous l'avez compris,
33:49c'est de l'intelligence
33:49et de l'impertinence.
33:50Ce soir, c'est excellent
33:51sur Sud Radio
33:51avec le romancier philosophe
33:53Éric Emmanuel Schmitt
33:54et puis l'incontournable
33:55Ziz Dupanier.
33:56Vous restez avec nous,
33:57à tout de suite.
33:59Sud Radio,
33:59c'est excellent Judith Bélair.
34:01Vous êtes bien sur Sud Radio
34:02et nous, on est bien avec vous.
34:04C'est excellent
34:04avec Éric Emmanuel Schmitt
34:05qui continue son incroyable voyage
34:07dans les deux royaumes.
34:08Cinquième tome
34:09de La Traversée des Temps,
34:10c'est chez Albain Michel.
34:11Et puis Ziz Dupanier
34:12qui nous met de la joie
34:13et des paillettes
34:13avec Irrésistible
34:14à la comédie Bastille.
34:17Alors Éric,
34:18Emmanuel,
34:19beaucoup de vos personnages,
34:20ils sont des passagers
34:21entre deux mondes.
34:21On parlait de dualité
34:22à l'instant,
34:22donc c'est pas mal.
34:23Ils sont entre questions,
34:24entre identité.
34:27Vous nous parlez de...
34:27En fait,
34:28est-ce que vous vous sentez
34:29vous-même en suspens
34:30entre la philosophie,
34:31le théâtre,
34:31la raison,
34:32l'émotion,
34:33la foi,
34:33le scepticisme
34:33ou est-ce que tout cela
34:34est intimement lié,
34:35ne peut pas vivre l'un sans l'autre ?
34:37Parce qu'en fait,
34:37vous nous passez plusieurs messages
34:38dans ce bouquin.
34:39Oui, oui, non,
34:40pour moi,
34:41la philosophie,
34:43c'est pas une discipline à part,
34:45c'est quelque chose
34:45qui éclaire nos vies.
34:46On se pose des questions
34:47philosophiques du matin au soir.
34:48Est-ce que j'ai raison ?
34:49Est-ce que j'ai tort de faire ça ?
34:50Pourquoi est-ce que je suis là ?
34:51Pourquoi est-ce que je m'engage ?
34:52Pourquoi est-ce que je me désengage ?
34:53Tout ça,
34:53ce sont des questions philosophiques.
34:55Donc, on est comme
34:55le bourgeois gentilhomme,
34:56M. Jourdain,
34:57qui fait de la prose sans le savoir.
34:58On fait de la philosophie sans le savoir.
35:00On en fait mieux si on le sait.
35:01Oui, ça marche mieux, oui.
35:02C'est ce que j'allais dire.
35:03Donc, tout ça, pour moi,
35:04est absolument intriqué.
35:06Mais moi, ce qui m'intéresse,
35:08c'est vraiment l'épaisseur des êtres.
35:11C'est pour ça, par exemple,
35:11dans le roman,
35:12il y a ce personnage
35:13de l'impératrice Lévi,
35:15la femme de l'empereur Auguste,
35:17qui est un des personnages
35:18les plus fascinants
35:19que j'ai jamais rencontrés
35:20dans ma vie.
35:21Parce qu'on ne sait pas
35:22si c'est une femme
35:24absolument merveilleuse
35:25au-dessus de tous les intérêts
35:27et de toutes les contingences
35:28ou si c'est un monstre froid
35:31qui assassine
35:32et fait assassiner tout le monde.
35:34Et toujours aujourd'hui,
35:35on ne le sait pas.
35:36Et elle vous fascine, en fait.
35:37C'est pour ça que vous prenez plaisir
35:37à l'écrire aussi.
35:38Elle me fascine parce qu'elle est complexe.
35:40De toute façon,
35:40quand vous parlez de Spartacus,
35:42d'Auguste ou de Jésus,
35:43bon, ce n'est pas la simplicité
35:45incarnée non plus, j'en veux dire.
35:46Jamais, jamais.
35:47Il n'y a pas d'êtres simples.
35:48Il y a des regards simples
35:49sur des êtres complexes.
35:52Moi, je dois être fidèle
35:53à la complexité des gens
35:54donc mon regard,
35:55il est forcément complexe.
35:56Moi, j'aime l'épaisseur des êtres.
35:58En fait, je vais vraiment vous dire,
35:59moi, j'adore l'humain.
36:02Donc, ça transpire
36:03dans tout ce que j'écris.
36:04Il n'y a pas un personnage négatif.
36:06C'est ça, c'est ce que j'allais dire.
36:08Ce qui est très agréable,
36:08c'est que malgré la vision
36:09qu'on peut avoir de l'humanité
36:10qui est parfois catastrophique,
36:12on peut en parler en ce moment,
36:13vous, c'est ce que je disais
36:15tout à l'heure sur la lumière,
36:15c'est que vous nous gardez
36:16dans une espèce d'humeur
36:17qui fait que finalement,
36:19on regarde tout ça
36:19un peu en spectateur
36:20en se disant,
36:20bon, je vais pouvoir agir dessus,
36:21c'est pas si grave.
36:22Oui, mais c'est aussi le regard
36:24que je peux avoir
36:24sur l'amour et la haine,
36:25si vous voulez.
36:26La haine,
36:27elle n'a jamais la haine
36:28à son origine.
36:29On éprouve de la haine
36:30parce qu'on a mal,
36:32parce qu'on est frustré,
36:34parce qu'on est en manque.
36:35C'est une réponse
36:37à autre chose, la haine.
36:38Tandis que l'amour,
36:39il est sa propre origine.
36:41C'est vrai.
36:41Voilà.
36:42Et donc, même quand je vois
36:43de la haine
36:44et des comportements
36:44épouvantables,
36:45j'essaye de décortiquer,
36:48peut-être même
36:48pour libérer mon personnage,
36:50pour essayer de...
36:51Derek, par exemple,
36:52le frère de Noam.
36:53Derek, voilà,
36:54c'est le mauvais de l'histoire.
36:54C'est un immortel,
36:55le méchant immortel.
36:57C'est un bourreau,
36:57mais c'est une victime au départ.
36:59Parce que c'est un enfant
37:00qui a été castré,
37:01émasculé par son père.
37:03Et donc,
37:03il traverse les siècles
37:05avec ce sentiment
37:06d'être une victime
37:07et habité par un désir de vengeance.
37:09Mais moi,
37:10son désir de vengeance,
37:11il m'attendrit.
37:12Parce que je comprends
37:13tellement bien
37:13le désarroi
37:14qu'a pu avoir
37:15ce jeune garçon.
37:16Alors après,
37:17il fait des choses
37:18que je n'approuve pas du tout.
37:19Mais j'en reviens toujours
37:20au moment où...
37:21On se demande même
37:21si c'est Jésus
37:22à un moment donné.
37:23Oui.
37:25Bon, j'en dirai pas plus.
37:26N'en dis pas plus.
37:27Allez, j'arrête, j'arrête.
37:30Vous, Ziz,
37:31sur la page de garde...
37:32Alors ça, c'est un truc
37:32que j'ai trouvé ça très sympa
37:33comme petite anecdote
37:34dont je voulais la raconter.
37:35Sur la page de garde
37:36de votre album de naissance,
37:37votre mère a écrit
37:37une phrase qui sonne
37:39comme une prophétie.
37:39Plus tard,
37:40il sera artiste.
37:41C'est vraiment vrai ça ?
37:42C'est vrai, oui.
37:42En fait,
37:43c'est même pas vous
37:43qui avez choisi.
37:44Elle avait raison.
37:46Soutien familial destiné,
37:47c'est tout droit chez vous.
37:48On lui avait offert
37:49un album photo
37:51à la clinique
37:53lorsque je suis né.
37:54Et sur la page de garde,
37:55il y avait
37:55plus tard,
37:56il sera,
37:57trois petits points.
37:57Et ma mère avait écrit
37:58artiste.
37:59Mais alors,
38:00c'est faux parce que
38:01moi,
38:01j'ai découvert ça
38:02très très très tard
38:03parce que cet album photo,
38:05elle le gardait précieusement.
38:07Il n'était presque
38:07que pour elle
38:08puisque c'est toute ma vie
38:10et la sienne
38:11qui s'implique.
38:12Et en fait,
38:13je l'ai découvert
38:14lorsque ma maman
38:15a commencé à être malade.
38:17Et là,
38:18j'ai rangé ses affaires,
38:20j'ai regardé des cahiers,
38:21j'ai lu.
38:22Ma mère écrivait beaucoup
38:23et je ne savais pas.
38:24Et en fait,
38:25elle avait plein de petits carnets
38:26dans lesquels
38:27elle racontait.
38:28Et c'est quelque chose
38:30d'assez terrible
38:32parce que finalement,
38:32tu te rends compte
38:33que tu vis avec quelqu'un.
38:34Je suis née grâce à elle,
38:36elle m'a porté dans son ventre.
38:37Et tout en étant si proche,
38:39parce qu'on a toujours
38:39été très proche,
38:40eh bien,
38:40je ne la connaissais pas vraiment.
38:41Oui,
38:42mais on ne connaissait jamais
38:42vraiment ses parents.
38:43Les êtres heureux
38:44sont ceux qui ont été rêvés
38:46par leurs parents.
38:48Et souvent,
38:48les êtres malheureux
38:49sont les êtres
38:50qui n'ont pas été rêvés
38:51par leurs parents.
38:52C'est l'heure du portrait chinois,
38:55chers amis.
38:55Il nous reste six minutes
38:56pile ensemble.
38:57Vous êtes prêts ?
38:58Oui.
38:58Éric Emmanuel,
38:59si vous étiez un super pouvoir ?
39:02Ubiquité.
39:03Ah, pourquoi ?
39:03Pouvoir être en plusieurs endroits
39:04à la fois.
39:05Pourquoi ?
39:05Parce que, en fait,
39:06parce que ça fait gagner du temps.
39:09Ça me ferait gagner
39:09beaucoup de temps,
39:10ça m'épargnerait
39:11beaucoup de voyages.
39:11Ouais, j'aimerais bien.
39:14D'accord.
39:15Ziz,
39:16si vous étiez un compliment ?
39:20Si j'étais un compliment ?
39:22Ah, je vous ai posé une question.
39:25Il y en a un que je n'aimerais pas,
39:26surtout,
39:26c'est qu'on me dise
39:27que je suis bienveillant.
39:29Ah, vous n'aimez pas ce mot ?
39:30Ça m'énerve.
39:31Pourquoi ?
39:31On ne parle que de ça.
39:32En ce moment,
39:32il faut être bienveillant,
39:33il faut être bienveillant.
39:34Non, moi, je trouve
39:35qu'il faut être tout sauf bienveillant.
39:37Il faut être soi, quoi.
39:38Il faut être soi, c'est tout.
39:39Quand on a envie d'être gentil,
39:40on l'est, quoi.
39:41C'est tout.
39:41Pour être gentil, c'est une chose normale.
39:43Aujourd'hui, ça surprend.
39:44D'accord.
39:44Les gens disent,
39:45oh, il est gentil, c'est bizarre.
39:46Ben non, ce n'est pas bizarre.
39:47Être gentil, c'est normal.
39:48Donc, finalement,
39:49votre question,
39:49c'est plutôt si vous étiez un reproche.
39:53Éric Emmanuel,
39:54si vous étiez une époque ?
39:55Ah, le 18e siècle français.
39:58Ok.
39:59Alors, pour quelle raison ?
40:00Pour quelle raison ?
40:01Parce que c'est un moment
40:02d'efflorescence.
40:03D'envoler total.
40:05C'est un moment génial
40:06avec l'air des Lumières,
40:08avec des grands artistes,
40:09Diderot, Voltaire.
40:10Vous auriez voulu les rencontrer ?
40:11Ah oui, bien sûr.
40:12Alors, lequel, par exemple,
40:14vous auriez eu envie de rencontrer le plus ?
40:15Moi, c'est Diderot.
40:16Diderot ?
40:16Ma grande passion, c'est Diderot.
40:17D'accord.
40:18Et puis, Mozart ?
40:20Oui.
40:21Ah oui, oui.
40:21Allez, on fait un repas à trois.
40:23Ouais, je suis d'accord.
40:25J'ai le droit de venir ou pas ?
40:27Oui, c'est vrai que c'est une époque passionnante.
40:31Oui, c'est une époque
40:32où on invente la culture pour tous,
40:34sous le mode de la joie.
40:38Et puis, c'est une époque
40:39absolument pas déprimée,
40:40ça change de la nôtre.
40:42Où on considère l'avenir
40:43avec une certaine confiance
40:44en pensant qu'on peut
40:45rendre la vie meilleure sur Terre.
40:48C'est encore possible, ça ?
40:49Moi, je pense.
40:50Moi, j'écris pour ça, etc.
40:53Mais cette époque-là,
40:55c'était un sentiment partagé.
40:58Dis, si vous étiez une star de cinéma ?
41:00Une star de cinéma ?
41:02C'est ce que vous voulez.
41:03Charlie Chaplin.
41:04D'accord.
41:05Parce que sans parole,
41:07sans rien n'était capable
41:08de faire passer
41:09tous les messages du monde.
41:10C'est un génie.
41:11Oui.
41:12Ben oui, je suis d'accord.
41:14Il n'y a rien à ajouter là-dessus.
41:16Éric Emmanuel,
41:16si vous étiez une erreur
41:17qu'on fait souvent ?
41:19Une erreur
41:20qu'on fait souvent ?
41:22Vous voulez parler des...
41:26Non, mais moi,
41:26je ne veux pas être une erreur.
41:27Mais non !
41:28Vous pouvez répondre
41:30ce que vous voulez.
41:30Je ne veux surtout pas
41:31être une erreur.
41:32Qu'est-ce que vous voulez être, alors ?
41:34Moi, je...
41:34Une réussite, alors ?
41:35Si vous étiez une réussite,
41:37ça vous va comme question ?
41:37Oui, si j'étais une réussite,
41:39voilà.
41:40Un texte limpide, parfait.
41:43La première page
41:44de Madame Bovary.
41:45Oulard cache l'art.
41:46Tout un cœur simple
41:47de Flaubert.
41:48D'accord.
41:49Alors, il faut savoir
41:49que je dis la première page
41:50de Madame Bovary
41:51pour les auditeurs
41:52parce qu'il l'a réécrit
41:5390 fois.
41:54Oui, oui, oui.
41:55Voilà.
41:56Pas n'importe qui, celui-là.
41:58Ziz, si vous étiez
41:59un rire qu'on n'oublie pas ?
42:02Un rire qu'on n'oublie pas ?
42:04Il y avait une femme
42:10incroyable au théâtre
42:11qui s'appelait
42:11Monique Tarbes.
42:13Voilà, elle avait
42:13un rire incroyable.
42:14Lorsqu'elle était jouée,
42:16elle était...
42:16Oui, oui, voilà,
42:17je vais être un rire de théâtre,
42:18un rire qu'on me propulse
42:20comme ça et qui...
42:22La rire aux éclats, quoi.
42:22Et qui entraîne des rires.
42:25Éric Emmanuel,
42:25si vous étiez un mot ?
42:27Il y a un mot que j'adore,
42:32c'est un arbre aussi
42:33que j'adore
42:33et j'en ai trois
42:34dans mon jardin.
42:35ti-yeul.
42:38Parce que je trouve
42:38que c'est solide au début
42:41avec le T
42:42et puis ça s'envole
42:43avec le yul.
42:45Oui, c'est vrai.
42:45Ti-yeul.
42:46Très joli.
42:48Si vous étiez un défaut, Ziz ?
42:50Si j'étais un défaut,
42:53je serais...
42:55je serais...
42:58défaut, j'en ai tellement
43:00de défauts.
43:01Allez, le premier
43:01qui vous vient là,
43:02réfléchissez pas trop.
43:04Le mensonge.
43:06Oui.
43:06Je déteste ça
43:07et en même temps,
43:08j'en dis tout le temps.
43:09Ben c'est ça.
43:10Surtout sur mon âge.
43:12Oui, bon,
43:12ça vous êtes pas la seule.
43:13Éric et Emmanuel,
43:16qu'est-ce qui vous touche
43:16le plus chez les autres ?
43:19Oh, la fragilité.
43:23Dès que je sens une faille
43:25chez quelqu'un,
43:25j'ai...
43:27Oui, j'ai envie
43:29de saisir la personne.
43:32Ma voie d'accès à l'autre,
43:34c'est pas la force,
43:35c'est la fragilité.
43:37Les gens me touchent
43:38dès que j'aperçois
43:38leur fragilité.
43:41Ziz, qu'est-ce qui vous a
43:42le plus transformé dans la vie ?
43:43Mon fond de thème.
43:47Ah, non !
43:48Transformé, je crois,
43:49il y a des preuves.
43:49C'est pas pour rien
43:50que j'ai utilisé ce mot-là.
43:51Bon, mais il faut aussi
43:52mon fond de thème,
43:54mon vanity case.
43:55Voilà.
43:56Éric et Emmanuel,
43:57que diriez-vous
43:57à l'enfant que vous étiez ?
43:59Ça vaut le coup.
44:01Et vous,
44:02que diriez-vous
44:02si vous deviez tout recommencer,
44:04Ziz ?
44:06Je dirais...
44:08Il faut y croire
44:10et quand on croit
44:11en ses rêves,
44:12il se réalise.
44:13Merci à tous les deux
44:14pour ce joli moment,
44:16cet excellent moment,
44:17c'était excellent.
44:18Merci donc.
44:19Éric et Emmanuel Schmitt,
44:21le tome 5
44:21de La Traversée des Temps,
44:23c'est sorti
44:23chez Albain Michel,
44:24ça s'appelle
44:24Les Deux Royaumes
44:25et je le recommande,
44:27vraiment,
44:27parce que c'est un bon moment.
44:29Et puis,
44:30Ziz du panier,
44:31votre spectacle irrésistible
44:32est à la comédie Bastille,
44:33c'est les lundis et mardis
44:34à 20h,
44:35c'est ça ?
44:35Dimanche à 17h.
44:36Dimanche à 17h.
44:37Je crois qu'il y a
44:37une représentation exceptionnelle
44:38le mercredi 31 décembre
44:40à 21h.
44:41Oui, tout à fait,
44:41je vais vous venir
44:42réveillonner
44:44avec mes amis parisiens.
44:46C'est une bonne fête ça.
44:47Et puis,
44:47pour ceux qui veulent
44:48en savoir plus,
44:48votre livre de A.A.Ziz,
44:50c'est chez Naraprodivots.
44:51Oui,
44:52et sur mon site internet.
44:53Merci beaucoup,
44:54merci à vous d'être avec nous
44:55chaque dimanche à 19h
44:57pour cet excellent
44:57sur Sud Radio.
44:58Revenez la semaine prochaine
44:59parce que les belles histoires
44:59continuent,
45:00sans oublier Parlons Femmes,
45:01évidemment,
45:02vous le savez,
45:02les samedis à 13h30.
45:04Merci à Julien
45:05pour la réalisation.
45:06Puis moi,
45:06je vous embrasse.
45:07Bye bye.
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