- il y a 8 heures
Panayotis Pascot est l'invité du Grand portrait avec Daphné Bürki pour son spectacle “Entre les deux” à l’Odéon du 26 au 31 décembre, à l’Olympia du 20 au 24 janvier 2026, et en tournée en France.
Retrouvez « Le Grand portrait par Sonia Devillers » avec Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00France Inter, la grande matinale d'Aphnée Burki.
00:06Il a 27 ans et il a déjà traversé les plateaux télé, les crises d'angoisse, les salles combles et les silences beaucoup trop profonds.
00:13Panayotis Pasco, humoriste, comédien, auteur, producteur.
00:16Il a vendu plus de 400 000 exemplaires d'un livre sur la dépression, le lien au père et le coming out.
00:2180 000 billets pour un seul enseigne qui s'appelle Entre les deux.
00:24Et il a un chat qui a le sida.
00:25Dans quelques semaines, il fera ce qu'aucun humoriste n'avait fait encore avant lui, jouer au théâtre de l'Odéon.
00:31Oui, le théâtre de l'Odéon, un lieu d'état, un lieu de mots, d'horure, de tragédie et de classique.
00:37Et lui, ça lui va bien, les endroits où rien n'était prévu pour lui.
00:40Parce qu'il est toujours entre les deux, entre le rire et les larmes, entre les loups et garous.
00:44Ça passe !
00:46Entre la confidence et la performance.
00:48Entre le petit garçon caché dans ma grande jupe, sur une photo que j'ai retrouvée ce soir-là.
00:52Et l'homme qui écrit pour comprendre. Panayotis Pasco, portrait numéro 37.
01:00J'ai retrouvé cette photo de nous deux, il y a quelques années.
01:03Je présentais une grande soirée de remise de prix.
01:06Et vous avez l'air à peine majeur d'ailleurs sur cette photo.
01:09J'ai envie de la ressortir.
01:10En tout cas, je savais très bien cacher mes boutons.
01:12Ça s'est sûr et certain. Je savais comment faire exactement.
01:14Je ne sais pas s'il y avait vraiment des boutons, mais il y avait déjà quand même une sacrée maturité.
01:18La trajectoire, elle est dingue. C'est celle d'un jeune garçon, je trouve, qui a déjà beaucoup vécu.
01:24Vous l'aimez comment, votre café, le matin, maintenant ?
01:26Eh bien, j'ai arrêté.
01:28Ça, ce n'est pas une phrase de Vioque.
01:30Ça dit beaucoup, moi.
01:31J'essaie d'arrêter le café.
01:33Parce que les dents un peu jaunissantes.
01:36Et parce que, oui, une haleine jusqu'à 11 heures qui était de l'ordre de la bousculade.
01:43Non, j'ai arrêté. Et puis, j'essaie d'être vraiment à l'eau et au thé récemment.
01:47Non, mais ça dit beaucoup sur son âge.
01:49Comment est-ce qu'on boit le café le matin ?
01:51Dans ce spectacle, entre les deux, vous décrivez la vingtaine comme une salle d'attente.
01:54Est-ce que vous pouvez nous dire, en tout cas, dire aux auditeurs ce que ça veut dire pour vous ?
01:59Je trouve qu'il y a quelque chose de très particulier.
02:02C'est un moment où on sent qu'on n'est plus enfant.
02:05Moi, je le sens au fond de moi que je ne suis plus enfant.
02:06Je sens qu'il y a quelque chose qui m'a quitté, en tout cas, quelque chose de très léger.
02:11Il y a quelque chose de lourd qui est entré, une espèce de petit poids sur les épaules.
02:14Et en même temps, je ne me sens pas adulte.
02:16Je suis dans cet entre-deux étrange.
02:18J'ai vraiment...
02:19Ce matin, je me disais ça dans ma douche.
02:21J'ai une raclette maintenant pour retirer l'eau sur la porte vitrée de la douche.
02:25Et en même temps, je ne sais pas dire à mes amis que je les aime.
02:27Je suis dans cet entre-deux hyper étrange.
02:30Plus enfant, pas vraiment adulte, dans une espèce de salle d'attente.
02:32Et je crois que c'est ça la clé.
02:34Et on ne devient jamais vraiment adulte.
02:37On ne le sent jamais.
02:37Est-ce que vous vous sentez adulte ?
02:38Non, moi, pas du tout.
02:40Mais je pense qu'il y a des auditeurs qui vous écoutent
02:41et qui ont cette peut-être fausse nostalgie, en effet, de la vingtaine.
02:45Et là, je vous rejoins là-dessus, dans votre spectacle.
02:47D'ailleurs, vous dites, à un moment donné,
02:49je suis officiellement un adulte et c'est beaucoup moins excitant que prévu.
02:53Bah non.
02:53Qu'est-ce qu'on vous avait vendu exactement à vous ?
02:56Je ne sais pas.
02:56On m'avait vendu une espèce de liberté totale
02:59qui, en fait, je crois, n'est pas vraiment là.
03:01Alors après, les restrictions viennent beaucoup de l'intérieur.
03:03Moi, je me rends compte que le plus liberticide,
03:06c'est moi-même envers moi-même.
03:08Mais effectivement, quand j'étais gamin,
03:09je me souviens, je voyais des adultes faire leur vie d'adulte ouf,
03:12pleine de choix et de liberté.
03:13Je me disais, mais ça va être dingue.
03:15Je me disais, mais pourquoi les adultes ne vont pas tout le temps à Center Parcs ?
03:18Et après, j'ai grandi et je me suis dit,
03:19parce qu'il y a des champignons dans le pédiluve.
03:21Il y a une espèce de double coup qui vient vous taper derrière la nuque
03:24et on se rend compte.
03:26Mais j'en parlais avec mon neveu, il n'y a pas si longtemps,
03:29qui a arrêté de sauter dans les flaques.
03:30Il avait ce truc-là, à chaque fois qu'il voyait une flaque,
03:33il sautait dans les flaques, parce qu'il a 4 ans.
03:35Et puis un jour, il a vu une flaque et il n'y est pas allé.
03:39Et je lui ai demandé, mais pourquoi tu n'y es pas allé ?
03:40Il m'a dit, parce qu'après, je vais avoir les pieds mouillés.
03:42Et je me suis dit, ça y est, c'est la fin.
03:43C'est peut-être ça.
03:44Pensez à ce qu'il y a après quand on fait des choses.
03:46C'est sûr.
03:47Ce début où on prend conscience de tout,
03:49où on ne va pas forcément très bien.
03:51D'ailleurs, je me suis demandé,
03:52quand vous vous sentez un petit peu seul,
03:53vous aviez raconté dans un des spectacles
03:56que vous aimiez bien descendre au bar en bas de chez vous
03:58pour mixer quelques titres.
04:00Est-ce que c'est toujours le cas ?
04:02Est-ce que vous faites encore ça ?
04:04Vous avez encore ce réflexe-là d'aller passer quelques sons ?
04:06Je ne le fais plus.
04:07J'ai retrouvé le sommeil.
04:10Mais à un moment, oui, j'ai fait une grosse phase d'insomnie
04:11qui est très immobilisante.
04:14J'ai l'insomnie immobilisante pour ma part.
04:17Je sais qu'il y a des gens qui ont l'insomnie folle.
04:18Et en fait, j'ai essayé de la transformer en mouvement.
04:22Et donc, je me forçais à descendre.
04:24Mais vraiment, je sortais avec mon pyjama, mon t-shirt de pyjama.
04:27Et je descendais dans une espèce de bar en bas de chez moi.
04:29Et il y a un ami à moi, Vincent, qui me laissait mettre de la musique.
04:32Et donc, je mettais de la musique.
04:32Je regardais les gens danser jusqu'à 3-4 heures
04:35en buvant un fond de ginto.
04:37Et puis, on était mardi.
04:39Et puis, j'allais me coucher.
04:40Et je suis sorti, Dieu merci, de cette phase
04:42parce qu'elle était particulière.
04:43Mais ça m'a permis de rencontrer des humains.
04:46C'est ça qui est un peu marrant.
04:47La nuit, un peu partout, quand je pars en tournée aussi, je fais ça.
04:49J'aime bien le soir aller avec les gens avec qui je pars en tournée
04:53dans des bars et parler à plein de gens.
04:54Je trouve ça toujours très agréable de rencontrer plein d'humanité comme ça.
04:57Et puis, parler et puis écrire.
04:59Je vous l'ai dit en sortant de votre spectacle l'autre jour.
05:01J'y suis allée seule.
05:02D'ailleurs, je conseille aux auditeurs.
05:03Franchement, il ne faut pas avoir peur d'aller voir du live seul.
05:06Ça fait un bien fou.
05:06On a l'impression de s'offrir un cadeau extraordinaire.
05:09Et c'est le cas.
05:10Et je vous ai dit d'ailleurs que quand on sort de ce spectacle,
05:12on se sent moins seul.
05:13Pourquoi il fallait l'écrire, celui-là ?
05:15Il fallait l'écrire ?
05:16En fait, je ne sais pas s'il fallait l'écrire.
05:19Moi, en tout cas, je ne me suis pas donné comme idée d'écrire pour telle date un spectacle.
05:25En fait, je sortais du livre justement dont vous parliez.
05:28J'avais fait une tournée un peu en France dans des salons littéraires,
05:31des conférences littéraires, etc.
05:32Et c'était des sujets assez sérieux.
05:34Et d'un seul coup, j'ai eu envie, comme après une longue semaine,
05:36de sortir et de rigoler avec des amis.
05:39Et donc, je me suis vraiment dit,
05:41je veux remonter le plus vite possible sur scène,
05:42partout en France pour aller rire avec des gens.
05:45Et donc, ce spectacle est venu très vite dans un premier temps.
05:48Et puis après, j'ai trouvé la thématique dans un second temps, en fait,
05:51la thématique entre les deux.
05:53J'ai commencé à écrire plein de trucs en fonction de mes notes et tout.
05:55Et puis, à un moment, je me suis dit,
05:56je crois que tout ça inconsciemment, ça parle de la même thématique.
05:59La nostalgie de l'enfance, c'est le fait de ne pas toujours trouver sa place en société.
06:03Et donc, cette thématique-là de l'entre-deux est arrivée comme ça.
06:06Elle est extraordinaire, cette thématique.
06:08On peut tous se projeter dedans.
06:09Et chez vous, je me disais, même le désenchantement, il a du style.
06:13C'est incroyable. Vous transformez la mélancolie en humour, la honte en tendresse.
06:18Vous allez peut-être me dire, ouais, mais c'est générationnel, Daphné.
06:20Vous pouvez me le dire.
06:22C'est générationnel, Daphné.
06:24Mais on ne nous a pas appris à parler.
06:27On nous a appris à taire la douleur.
06:29Nous, on est la génération où on ne parle pas de suicide.
06:32Où on ne parle pas de calvitie, même.
06:34Oui, oui, oui.
06:35Ça n'existe pas.
06:36Oui, oui. Écoutez, moi, je peux en parler.
06:37Juste avant, moi, je pensais que c'était de la radio.
06:39On m'a dit, fais gaffe, c'est filmé.
06:40Et du coup, je me suis mis une poudre noircissante dans mes petits trous dans les cheveux.
06:45Ce sont des choses qui arrivent.
06:47On arrive tout doucement vers la trentaine.
06:49Et je débouche de plus en plus souvent.
06:51Ma douche.
06:52Voilà.
06:53Non, effectivement, moi, ce spectacle, je n'avais pas envie.
06:55En fait, je ne me suis pas dit, tiens, je vais parler des thématiques lourdes.
06:57Parce que j'avais vraiment envie de rigoler.
06:58Et que ce soit une espèce de rencontre un peu réjouissante avec plein de gens partout en France.
07:02Mais en fait, les thématiques, elles arrivent malgré moi.
07:06J'avais envie de parler de quelque chose.
07:08J'ai parlé beaucoup dans ce spectacle du fait que j'avais envie d'être parent.
07:11Et pour moi, c'est un peu les deux extrémités de cette thématique entre les deux.
07:16Parce qu'elle est nouvelle, en fait, dans l'histoire de l'humanité.
07:18Je vous rappelle qu'il y a encore 150, 200 ans.
07:21On sortait de l'enfance vers 11 ans et demi.
07:22On avait déjà trois gamins avec notre cousine.
07:24Et on mourait du corbut dans trois pleines lunes.
07:25Il y avait quelque chose de...
07:26Voilà.
07:26Très concret.
07:27Et maintenant, cette phase un peu molle, où on ne se sent toujours pas encore insérée adulte, elle grandit.
07:33Et donc, je voulais traiter de ces thématiques-là.
07:35Et vu que je voulais devenir parent, je me suis questionné sur ce qu'il y avait dans mes gènes.
07:38Et on a une famille de suicidaires, donc j'en ai parlé.
07:42Oui, parce que vous avez fait un coming-out sur la dépression.
07:45Vous avez fait un coming-out tout court.
07:47Mais vous faites un coming-out sur un fantôme de famille.
07:51Votre grand-oncle.
07:52Après, le terme...
07:53Moi, j'ai parlé d'un truc...
07:54Ah oui, le grand-oncle.
07:56Oui.
07:56Vous voulez vraiment dire ça à France Inter ?
07:58Allez-y.
07:59Moi, je le dis sur scène, dans la confidence.
08:01Mais si vous voulez le répéter à deux millions de personnes, allez-y.
08:03C'est comme vous voulez.
08:04Oui, en fait, j'ai découvert, en creusant dans mes gènes, parce que du coup, voulant devenir parent, je me suis dit, tiens, qu'est-ce que mes gènes contiennent ?
08:12J'ai découvert qu'un de mes arrières-grands-oncles était ministre, sous Vichy.
08:17Voilà.
08:18Voilà.
08:19C'est lui qui a interdit le badminton.
08:23Est-ce que ce n'est pas l'endroit où il a eu peut-être raison ? On ne saura jamais.
08:26Non, mais oui, c'était très particulier de découvrir ça.
08:30Et j'ai découvert plein de choses.
08:31Et moi, vu qu'on a tous des calvities dans ma famille, je m'étais dit, on n'est pas aussi vraiment une famille...
08:34Enfin, on est une famille à calvitie.
08:35Et en fait, on est aussi une famille à suicide et aussi une famille à cancer.
08:38Et en fait, je crois que c'est le cas dans beaucoup, beaucoup de familles.
08:40Et donc, je voulais parler de ça, quoi.
08:42Qu'est-ce qu'on garde malgré soi dans ses gènes ? Qu'est-ce qu'on doit essayer de combattre, de limiter, d'orienter ?
08:48Et c'était vraiment intéressant comme cheminement.
08:50Et d'en parler sur scène, c'est trop marrant parce que c'est des thématiques...
08:54Je ne sais pas, quand je lâche des mots-clés, je vois les gens qui se rédissent à quelque chose dans la salle.
09:00C'est très particulier d'être dans le public de Panayotis.
09:05Évidemment qu'on rit, chers auditeurs, mais on ressent des choses...
09:09Encore une fois, des choses qu'on n'a pas le droit de dire à voix haute.
09:12C'est une vibration vraiment étrange et très agréable.
09:15Alors, vous savez que dire à voix haute les choses qu'on pense tout bas, c'est souvent ce qu'on prête à l'extrême droite.
09:20Donc faites attention !
09:21Vraiment, dans la salle, on sent que tout le monde dit à voix haute ce que les gens pensent tout bas.
09:25Non, non, non, là, c'est les choses du cœur, c'est les choses de l'intime et c'est les choses qui font un bien fou.
09:29En parlant d'enfance, justement, dans votre revue, parce que oui, il y a une revue géniale que vous pouvez trouver à la sortie du spectacle et ailleurs, d'ailleurs, qui s'appelle Entre les deux.
09:37Et toujours dans cette quête de sens, vous interrogez votre nièce.
09:40Cette fois-ci, elle a 6 ans.
09:41Elle dit qu'elle, ce qu'elle préfère dans la vie, c'est aller à l'école et s'amuser.
09:44C'est une phrase toute simple qui a d'ailleurs plus de philosophie que beaucoup de conférences TEDx.
09:48On l'écoute.
09:48Imagine, tu croises quelqu'un et tu dois lui expliquer la vie, tu lui dirais quoi ?
09:55Que c'est dur pour moi.
09:57Pourquoi ?
09:58Parce que j'ai des choses qui sont dures pour moi.
10:02Ah ouais ?
10:03Ouais, vraiment dure, dure, dure.
10:06Par exemple, le calcul mental.
10:08C'est dur ça.
10:12Ouais.
10:13Ouais, je l'adore.
10:15Et Calice.
10:15Ouais, elle est super.
10:17Quand vous lui demandez le sens de la vie, elle répond le jeu.
10:19Alors je me suis demandé si c'était peut-être ça aujourd'hui votre quête à vous, de retrouver la légèreté du jeu.
10:24Totalement.
10:26Ça a été le cas pour ce spectacle, vraiment en tout cas.
10:29Je ne me suis pas dit, ça a vraiment été, qu'est-ce qui pourrait me faire plaisir, qu'est-ce qui pourrait me faire kiffer, qu'est-ce qui pourrait m'amuser.
10:36Donc quand on part en tournée, je pars avec des potes, on rigole, on s'amuse un peu partout.
10:43Et l'idée, c'est vraiment, le contrat, il est simple.
10:45Je vais essayer de vous faire rire et vous allez essayer de rire.
10:48Et ce contrat, hyper simple, il permet de faire entrer plein de choses, des thématiques un peu lourdes, comme on disait.
10:52Mais le contrat, il reste.
10:54On va rigoler, on va passer un bon moment ensemble.
10:55Et surtout, on va être dans une bulle pendant une heure et demie.
10:58On n'a pas d'infos, on n'est pas sur nos portables.
11:00On rigole tous ensemble dans une même énergie.
11:02Et ça, c'est quand même royal.
11:04C'est un luxe.
11:04Vraiment, je me sens chanceux de pouvoir faire ça partout, tous les soirs.
11:06Mais vous questionnez, moi je vous dis, quand le public sort de la salle, il cherche encore des réponses.
11:10Et dans cette revue, il y a des réponses à travers Damso, par exemple, une anthropologue, un biologiste, votre nièce qu'on vient d'entendre.
11:17Mais il y a aussi la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui.
11:19Alors juste pour le plaisir, parce que j'aime tellement sa voix et j'aime tellement Agnès Jaoui.
11:23On l'écoute dans Le goût des autres, quand elle croise Alain Chabat dans son bar.
11:27Bonsoir, on peut manger quelque chose ?
11:29Oui.
11:31Tenez, vous avez tout ce qu'il y a à partir de là.
11:34Tu ne m'en connais pas ?
11:35Non, non.
11:38Ce n'est pas grave.
11:40Mais on se connaît d'où exactement ? Excusez-moi, mais je...
11:44Ça n'a aucune importance. On a juste couché ensemble.
11:47On a couché ensemble ?
11:48Oui, mais il y a longtemps. Je me suis coupé les oeufs depuis.
11:51Et puis on était bourrés tous les deux, certainement.
11:53Non, mais c'est quand même incroyable que je ne m'en souvienne pas.
11:57Ce n'est pas grave. Ça arrive.
11:59Plus souvent aux garçons, mais ça arrive.
12:01Plus souvent aux garçons.
12:02Ça vous est déjà arrivé, vous, de ne pas reconnaître un plan cul ?
12:04Oh, ben oui, merci.
12:05Il est très tôt et j'ai dit à ma maman d'écouter cette matinale.
12:09Donc vraiment, ne m'en mette pas sur cette piste.
12:11En revanche, ça vous est arrivé de stopper une étreinte pour noter une vanne ?
12:14Ah oui, bien sûr.
12:15Mais il n'y a pas de bien sûr fan Ayoti.
12:18Mais non, mais si, c'est parce que parfois les bonnes idées n'arrivent jamais au bon moment.
12:22C'est une règle connue.
12:23J'ai déjà arrêté beaucoup, beaucoup de choses.
12:25La dernière fois, je me suis surpris pendant un enterrement dans ma famille à prendre des notes sur quelque chose qui n'avait aucun rapport.
12:29Non, mais on est des merdes. Il faut vraiment le savoir.
12:31Les humoristes, on est des belles merdes.
12:33Je trouve ça super.
12:34Mais en tout cas, revenons à Agnès Jaoui.
12:36Il y a un entretien magnifique que je vous conseille de lire.
12:39Et dans cet entretien, excusez-moi, elle dit « Réussir ses rêves, ça n'a rien d'apaisant ».
12:44Ça vous a parlé ?
12:46Oui, totalement. Déjà, c'était une chance de pouvoir la rencontrer pour cette revue.
12:50Et effectivement, pour construire le spectacle, j'avais besoin de rencontrer plein de gens et de parler de cette thématique.
12:54Parce que j'ai beaucoup d'amis de mon âge et je voulais parler à des gens de tout horizon, tout âge.
12:59Et effectivement, elle m'a apporté des réponses à un endroit de sagesse, mais alors parfois plus enfantin que d'autres.
13:07Et elle le dit d'ailleurs dans l'entretien.
13:09Et effectivement, elle me parlait de...
13:10On a beaucoup parlé en tout cas de la fourberie, je dirais, des rêves en fait.
13:18C'est quelque chose vers lequel il faut tendre.
13:20Je crois que c'est ce que j'ai compris en discutant avec elle.
13:22Il faut tendre vers ses rêves, mais les atteindre trop vite ou du moins essayer de les attraper trop rapidement.
13:29Parfois, c'est frustrant.
13:32Moi, je sais que, par exemple, il y a eu l'Opéra Garnier.
13:37Je sentais que vous vouliez qu'on en parle.
13:39Je devais terminer mon premier spectacle avec...
13:41Non, je voulais juste en parler.
13:41Mais en effet, votre corps, il a lâché quelques jours avant.
13:45Vous aviez trois dates, il me semble, l'Opéra Garnier.
13:47C'était important, ça faisait partie de vos rêves et puis ça a lâché.
13:49Oui, mais c'est aussi les endroits un peu étranges de la vie.
13:55Alors, je crois de plus en plus aux signes et je pense que c'est peut-être le cas.
13:59Plus on vieillit, plus on se met à croire aux signes.
14:02Mais j'ai l'impression qu'en fait, il ne fallait pas que je le fasse à ce moment-là et ce n'est pas grave.
14:07Et du coup, ça a été très dur sur le coup.
14:10Et puis, je m'en suis remis.
14:12À chaque fois que je passe devant, j'y repense.
14:14Et au final, c'est plutôt pas mal parce que je me dis, prends soin de toi, prends le temps, respire.
14:18Et d'ailleurs, c'est une des dernières phrases du spectacle.
14:20Je me dis, quand j'étais enfant, je voulais très vite devenir adulte.
14:24On s'est connus, j'avais 17 ans, j'avais été pris sur casting pour être chroniqueur au petit journal.
14:29Et je jouais l'adulte.
14:31Gamin, je voulais être adulte.
14:32Adulte, aujourd'hui, je veux juste être parent, respire, connard.
14:35Je me le dis vraiment souvent devant le miroir.
14:38Je me dis, prends le temps, respire, regarde.
14:40Une phase après l'autre.
14:44Et c'est vrai qu'encore une fois, j'étais dans cette salle.
14:46Il y avait une standing ovation à la fin.
14:49Vous en êtes à près de 80 000 déjà spectateurs pour ce spectacle.
14:53Vous allez faire vos rêves un par un.
14:54Franchement, Panayotis, faites-les un par un.
14:56Mais il y en a un que vous allez réaliser.
14:57Vous allez monter sur la scène de l'Odéon.
14:59Ça n'est jamais arrivé qu'un humoriste monte sur la scène du théâtre de l'Odéon.
15:03Je ne sais pas comment vous dire.
15:06C'est très particulier.
15:08Ça s'est fait vraiment parce qu'à un moment, j'ai fermé les yeux.
15:12Et je me suis dit, où est-ce que tu kifferais jouer ?
15:16Mais c'était vraiment un truc aussi débile et de l'ordre de l'ego
15:20que j'ai envie de monter ce cheval comme un cow-boy.
15:24Et je me suis dit, je crois que j'adorerais l'Odéon.
15:26Et on m'a dit, mais il n'y a pas de stand-up là-bas.
15:27J'ai dit, je vais aller toquer.
15:28Donc, je suis allé les voir.
15:29J'ai parlé avec eux.
15:30Et quand ils m'ont fait visiter la salle, je me suis dit,
15:32mais qu'est-ce que ça pourrait être quelque chose de fou ?
15:35C'est le premier Théâtre National de France
15:37qui a été inauguré par Marie-Antoinette.
15:40Et puis, c'est un lieu fou
15:41parce qu'il a toujours été le lieu de l'insurrection
15:44et du questionnement de la jeunesse.
15:45Ça, je l'ai découvert après coup.
15:46Pendant mai 68, en fait, l'Odéon a été barricadé par la jeunesse.
15:49Et c'était un endroit de réflexion
15:50sur quel monde nous ont laissé
15:52nos parents, la génération d'avant.
15:56Et du coup, je trouve ça trop cool
15:57de pouvoir faire cette représentation
15:59de ce spectacle hyper
16:01étrange.
16:02Moi, il est très personnel.
16:03Dans une salle aussi grandiose,
16:05c'est inouï.
16:06Enfin, je suis trop heureux.
16:08J'ai mis l'une de vos musiques
16:09qui constitue vos nombreuses playlists.
16:11D'ailleurs, il y a une playlist
16:11assez démente
16:12dans cette revue
16:13entre les deux.
16:15Ça, c'est une autre playlist
16:16Max Richter
16:16avec ce printemps
16:18comme ça qui sonne.
16:19Je trouve que ça vous va bien
16:20en ce moment.
16:21Vous êtes en pleine période
16:22de printemps.
16:22Oui, franchement, c'est très marrant
16:25parce que j'étais parti
16:26quelques jours
16:28quand ça n'allait pas très bien
16:29avec des potes à Nice.
16:30Et il y a un de mes amis
16:31qui avait fait un montage
16:32justement de tout mon groupe
16:34de potes qui regoulons ensemble.
16:37Je me souviens,
16:37on était allés se baigner
16:38alors qu'il faisait hyper froid.
16:39Et on rigolait,
16:40on dansait sur une plage
16:42en doudoune et tout.
16:42Et il avait fait un montage
16:43avec cette musique.
16:44Et du coup, dès que je l'entends,
16:45je repense à mes amis
16:47et je me dis à quel point
16:47effectivement, il faut prendre le temps.
16:48Oui, il faut prendre le temps.
16:50C'est ce que vous redoutez le plus
16:52d'ailleurs,
16:52de ne pas être invité à la table.
16:55Oui, des adultes.
16:56Quand j'étais enfant,
16:57je pense que c'est pour ça
16:58que j'ai appris tout doucement
17:00à faire des blagues.
17:01C'est parce que je ne comprenais pas
17:03pourquoi on nous considérait,
17:05nous les enfants.
17:06Et puis à un moment,
17:06quand il fallait parler
17:07de choses sérieuses,
17:07on n'était plus là,
17:08on n'existait plus,
17:08il n'y avait plus un regard.
17:10Et puis cette table des adultes
17:11qui était un peu plus haute
17:12que les autres,
17:12qui avait un peu plus de chips,
17:13elle me donnait envie.
17:16Encore aujourd'hui,
17:16je pense que peut-être au fond,
17:18vous n'êtes pas ma psy,
17:20mais peut-être qu'au fond,
17:21l'envie de jouer à l'Odéon,
17:22ça vient aussi de quelque chose
17:24qui est je veux montrer
17:25que j'ai ma place
17:26à la table des adultes.
17:26Et en vrai,
17:27il n'y a rien de plus enfantin
17:28que d'avoir envie
17:28d'être à la place des adultes.
17:29Donc c'est encore un combat
17:31à l'intérieur de moi.
17:32Mais ce que je peux vous dire,
17:34c'est que c'est fou
17:35de pouvoir avec ce spectacle,
17:36par exemple,
17:36je crois que la prochaine date de tournée,
17:37c'est le Zénith de Caen.
17:39Et après, il y a l'Odéon.
17:41C'est un trait du...
17:43Je trouve ça...
17:44Je me sens vraiment chanceux.
17:45Vraiment.
17:46Alors, en effet,
17:47Panayotis Pascoe,
17:48il sera au théâtre de l'Odéon
17:49du 26 au 31 décembre 2025.
17:52Je vous dis les dates
17:52parce qu'il faut y aller très vite.
17:54C'est la première fois
17:55qu'un humoriste va fouler cette scène.
17:56Il y a l'Olympia du 20 au 24 janvier.
17:58Et je vous le dis très vite
17:59parce que c'est déjà plein.
18:00Avant une grande tournée en France.
18:02Et puis cette revue entre les deux,
18:03elle est trop jolie à lire.
18:05Elle est disponible dès maintenant
18:06quand vous voulez.
18:07Merci encore d'avoir accepté
18:08l'invitation.
18:09Merci beaucoup de m'avoir invité.
18:09Merci beaucoup Daphne.
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