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  • il y a 2 mois
Dans cet extrait exclusif diffusé par l’INA le 12 janvier 2024, Laeticia Hallyday revient sur sa relation avec Johnny. Entre confidences touchantes et souvenirs intimes, elle évoque les moments forts de leur vie commune, l’homme derrière la légende et l’héritage qu’il a laissé. Une interview sincère qui ravive l’émotion autour de l’idole des jeunes.

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Musique
Transcription
00:00Bonjour, c'est Laetitia Hallyday et je vais réagir aux archives de l'INA.
00:06Bonjour Laetitia Hallyday.
00:08Bonjour.
00:09Vous êtes mannequin, mais le public vous connaît surtout pour avoir été pendant 23 ans l'âme sœur de Johnny Hallyday.
00:15Et nous vous recevons à l'occasion de l'exposition Johnny Hallyday qui arrive à Paris.
00:19Nous allons replonger dans cette histoire, la vôtre, la sienne, celle du couple que vous formiez.
00:24Et tout de suite, nous commençons par un morceau qui a longtemps été votre préféré.
00:30Quand tes cheveux s'étalent comme un soleil d'été
00:36Et que ton oreiller ressemble au champ de bré
00:43Quand l'ombre et la lumière dessinent sur ton corps
00:50Des montagnes, des forêts et des îles de l'ombre
00:56Je ne connaissais pas cette version.
01:04Elle est magnifique.
01:05C'est difficile de choisir une chanson, ma chanson préférée de Johnny, il y en a tellement.
01:10Mais celle-là fait partie de mes chansons préférées parce qu'il me l'a souvent chantée.
01:15Alors le soir de votre mariage, le 25 mars 1996, Johnny vous a fait monter sur scène
01:22Pour vous chanter une chanson, l'hymne à l'amour d'Edith Piaf.
01:25On va vous montrer l'image.
01:26Applaudissements
01:37Le secours sur l'eau peut s'épondrer
01:54C'est toujours très émouvant de revoir ces images.
02:20C'est le jour de notre mariage. On s'est mariés le matin.
02:25Déjà j'avais appris mon mariage une semaine avant la cérémonie.
02:31Johnny voulait que ce soit une surprise.
02:32Puis finalement, comme l'histoire de sa vie, c'est très compliqué de garder un secret.
02:39Et j'avais découvert que j'allais me marier dans la presse une semaine avant.
02:44Et on s'est mariés à Neuilly le matin.
02:47Et puis le soir, on a pris l'avion parce qu'il était en tournée.
02:50Et dans l'après-midi, on est arrivés dans le sud de la France.
02:55Et je crois que c'était à Cahors ou à Toulouse.
02:57À Toulouse, tout à fait.
02:58Et je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me demande de monter sur scène.
03:04J'avais gardé mon bouquet de mariés, que j'ai jeté ce soir-là aussi au public.
03:10Et c'est la première fois que je montais sur scène.
03:13J'étais très émue.
03:16Ça fait partie des plus beaux jours de ma vie.
03:18Et puis il m'a chanté cette chanson.
03:22Et j'aurais voulu que le temps s'arrête.
03:24Et revoir ces images et les revivre, ça m'émeut toujours autant.
03:28Ça m'émeut toujours autant.
03:30C'est vrai que la légende Johnny a commencé bien avant votre naissance.
03:34Nous sommes en 1961 dans l'émission 5 colonnes à la une.
03:39Vous l'avez deviné, c'est du rock qu'il s'agit.
03:43Du rock androl, comme l'appellent encore ceux qui ne le dansent pas.
03:48Pour ses fidèles, le dieu de cette religion nouvelle a un nom pour vous encore barbare.
03:53Johnny Hallyday.
03:55Le voilà.
03:57Vous pouvez refuser de comprendre d'où vient son succès.
04:02Mais vous ne pouvez nier qu'il possède en tout cas une propriété quasi-physique.
04:07Quand il chante, les corps des spectateurs se tordent dans la salle,
04:11comme sous le feu de mille soleils.
04:18C'est ce qui est encore fou aujourd'hui, c'est que je continue d'apprendre de lui,
04:23de découvrir de lui, de ce que j'ai partagé avec lui, mais de ce que je n'ai pas connu.
04:28Comment il a emmené le rock and roll en France, comment il est devenu Johnny Hallyday.
04:32Il a eu d'énormes critiques à l'époque.
04:35On ne comprenait pas sa musique, le rock and roll.
04:37Personne ne connaissait le rock and roll en France.
04:39Le voir avec sa guitare, avec son déhanché, avec cette attitude,
04:44cette rock and roll attitude qu'il avait déjà à l'époque.
04:47Quand il a commencé, il voulait être Elvis, il voulait être James Dean.
04:50Et il est devenu Johnny Hallyday.
04:52Ce qui m'a marqué, c'est cette volonté d'exister.
04:57Il a vécu à 200 à l'heure, il a vécu mille vies, Johnny.
05:00Johnny a toujours été assez fusionnel avec ses fans.
05:02On va écouter une admiratrice parler de lui sur l'ORTF en 1968.
05:09Je trouve que le fanatisme en France ne peut exister que pour Johnny Hallyday.
05:14En France, il n'y a que Johnny.
05:15Il a tout pour être une idole.
05:17Je crois que Johnny vit plus sur scène que dans la vie.
05:25On voit aussitôt qu'il rentre en scène.
05:27J'ai même remarqué, quand ça faisait un certain moment qu'il n'avait pas chanté,
05:33le premier spectacle qu'il faisait après, vraiment, là, il était déchaîné.
05:38On voit qu'il adore ça, vraiment, que le petit chanteur qui fait son spectacle,
05:44il chante le nombre de chansons, tout le monde applaudit, il revient parce que c'est calculé.
05:48Mais Johnny, si on l'applaudit, si ça marche, il restera le temps qu'il faut.
05:53Moi, je l'ai vu déjà rester deux heures sur scène.
05:55Il s'épuise complètement.
05:58Je trouve ça formidable.
05:59Ce qui est touchant, c'est que j'ai rencontré cette fan.
06:03Je l'ai très bien connue parce qu'elle est partie il y a quelques années.
06:07Elle s'appelle Josette.
06:09C'est donc une fan de Johnny au départ.
06:12Et elle le suivait partout.
06:13Elle était à tous les concerts devant la scène.
06:15Et puis, elle a réussi à approcher Johnny.
06:20Moi, quand je suis arrivée en 1995, j'ai connu Josette.
06:23Josette, au fil du temps, nous accompagnait en tournée et était dans les backstage.
06:29Et c'est beau de la voir aujourd'hui, de la voir si jeune.
06:32Elle nous manque aujourd'hui parce qu'elle connaissait plus la vie de Johnny, peut-être, que lui-même.
06:38C'était une archive vivante et la mémoire de Johnny.
06:42Elle m'a beaucoup aidée à retrouver des costumes qui sont dans l'exposition aujourd'hui.
06:48Elle l'a suivie des années 60 jusqu'à la fin de sa vie.
06:53Elle est partie après lui.
06:54Et je crois qu'elle est partie d'un chagrin de vivre sans Johnny, sans son idole.
07:00C'est beau ce qu'elle dit, c'est touchant.
07:02C'est une vraie histoire d'amour entre lui et son public.
07:08J'ai grandi avec les fans.
07:13Ils m'ont connue, j'avais 19 ans.
07:17J'ai grandi avec eux.
07:18Au début, ils ont eu du mal à m'accepter.
07:20Et puis au fil du temps, j'ai trouvé ma place.
07:23Et encore aujourd'hui, cette histoire d'amour continue avec les fans.
07:27J'ai encore des liens très forts avec beaucoup, beaucoup d'entre eux.
07:32Alors Laetitia Lidé, vous avez évoqué la différence d'âge.
07:35Écoutez ce que les Français pensaient de cette question en 1973.
07:41Est-ce que vous pensez, madame, que la différence d'âge dans un couple est une chose importante ?
07:45Oui et non, ça dépend.
07:47Ça dépend de la maturité de l'esprit de la personne.
07:49Non, je ne pense pas qu'elle soit très importante.
07:52À égalité, aux plus jeunes, aux plus vieux, il n'y a pas d'importance.
07:56Pour vivre à deux, au même âge, il faut énormément d'imagination.
07:59Alors vous pensez, avec une différence d'âge importante, pour une femme, enfin par rapport à moi, c'est-à-dire plus âgée, je ne me sentirais pas capable.
08:07Je préférais que l'homme que je fréquente soit plus âgé, c'est plus réconfortant.
08:12Si on peut dire, on a plus confiance peut-être.
08:15Je ne vois pas l'utilité que l'homme soit plus vieux que la femme parce qu'il a déjà suffisamment tendance à être paternaliste comme ça.
08:20Ce n'est pas la peine de lui donner une possibilité de plus, de jouer les bons papas.
08:24Vous ne pourriez pas aimer quelqu'un de très jeune ?
08:26Non.
08:27Pourquoi ?
08:28Parce que j'ai besoin de sécurité et que j'ai l'impression que quelqu'un de plus jeune ne pourrait pas me donner cette sécurité.
08:35Mais quelqu'un de trop âgé, enfin qui ait 15 à 20 ans de plus, ça me gênerait aussi.
08:41Ça, c'était dans les années 70 ?
08:43Oui, oui, ça tout à fait, c'était en 73.
08:45Alors on voit que les avis divergent pas mal.
08:46Oui.
08:47Vous, ça ne vous a pas fait peur ?
08:49Non, moi, ça ne m'a pas fait peur du tout.
08:51Ça a fait peur à mon entourage, à ma famille.
08:54Mais moi, non.
08:56Non, parce que c'est la rencontre de deux âmes aussi.
09:02Deux âmes qui se rencontrent et qui se sauvent et qui apprennent à s'aimer.
09:08Oh là là, je n'avais pas revu ces images depuis très, très longtemps.
09:17C'est les images de votre mariage.
09:18De votre mariage.
09:20Non, ça ne m'a pas fait peur.
09:22Mais je crois que c'était...
09:24Johnny était...
09:26J'ai toujours pensé qu'il était beaucoup plus jeune que moi dans la tête.
09:29Moi, j'étais une vieille âme.
09:30Et c'est peut-être ça aussi qui l'a rassuré.
09:35Mais non, je n'ai pas eu peur.
09:38Puis mon papa vivait avec quelqu'un de plus jeune que lui aussi.
09:42Et puis non, ça a été la chance de ma vie, quoi.
09:46De vivre avec quelqu'un de plus âgé.
09:50Parce que j'ai beaucoup appris.
09:52J'ai énormément appris de lui, de la vie, de ce qu'on s'est transmis tous les deux.
09:58Nous allons maintenant parler de votre rôle de mère.
10:01Vous avez adopté deux petites filles, Jade et Joy.
10:05Écoutez Elisabeth Badinter parler de l'adoption et de l'instinct maternel.
10:10Nous sommes sur le plateau d'aujourd'hui, madame, en 1980.
10:14Cette partie de la définition de l'instinct traditionnel, à savoir une impulsion à aimer ce qui sort de soi,
10:22est aujourd'hui démentie.
10:24Et je suis convaincue, en ce qui me concerne, qu'une femme ou un homme qui adopte un enfant, l'aime infiniment.
10:31Je dirais même que c'est là un cas presque typique de l'amour, et de l'amour volontaire choisi.
10:36En ce sens qu'il faut décider un jour qu'on va chercher un enfant.
10:40C'est vraiment un acte formidablement choisi.
10:43Et je dirais à la limite que même la maîtrise de la fécondité actuelle n'implique pas ce même acte volontaire, ce vrai désir d'enfant.
10:50Alors ce que je peux dire aussi, c'est que quand vous parlez, vous, d'instinct, moi j'ai envie de parler de désir.
10:56Comme le professeur Charvet, dont le titre de son livre c'est « Désir d'enfant », et moi j'ai envie de parler de désir et pas du tout d'instinct.
11:03C'est joli, Mandy, je ne connaissais pas cette interview.
11:07Ça met le père et la mère au même niveau quand on adopte.
11:14Mais le désir, il est là, et l'instinct, c'est quand l'enfant est là qu'on sent qu'on a un instinct maternel.
11:20Mais le désir et la volonté d'être parent dans l'adversité, puisque l'adoption c'est un long chemin.
11:28C'est pas comme une naissance biologique, c'est un combat aussi, ces dix années de stérilité, d'un désir qui vous pousse à vous remettre en question,
11:42vous réinventer aussi à travers ce désir d'être parent.
11:48Oh là là, ces images, elles sont tellement touchantes, elles sont tellement bouleversantes.
11:51C'est la fin d'un long chemin jusqu'au Vietnam, mais c'est un désir et une volonté qui est réfléchi.
12:04Et moi, je n'ai pas pu donner un enfant biologique à mon mari, il en rêvait de cet enfant.
12:11Je n'ai pas pu lui donner, parce que la vie n'a pas voulu que je devienne une maman,
12:20que je n'ai pas pu porter d'enfant dans mon ventre.
12:23Mais c'est ce chemin jusqu'à Jade, c'est probablement la plus belle chose qui nous soit arrivée.
12:31Je ne pense pas que j'aurais été la même mère, enfin j'aurais été une mère, j'aurais aimé mon enfant.
12:38Mais là, c'est la chair de mon âme, c'est un désir tellement qui vient de loin.
12:46C'est le plus beau cadeau que la vie nous ait donné.
12:52L'arrivée de Jade a tout réinventé dans notre vie.
12:56Elle a réparé Johnny aussi à travers l'abandon.
12:59Effectivement, Johnny a lui-même été abandonné par son père.
13:02Il en a même fait une chanson que nous allons écouter sur l'émission Cadet Roussel.
13:07C'était en 1971.
13:08Il y en a qui naissent dans les pluies du drapeau
13:26On sent des hymnes militaires
13:30Et quand la troupe dépile sous leur carreau
13:34Ils ont l'âme guerrière
13:37Et pas moi, non pas moi
13:41Je suis un fils de personne
13:45Couvert comme ça
13:51Vivre avec un chanteur abandonné, c'était pas facile au quotidien.
14:03Mais en même temps, il avait tellement besoin d'être rassuré, d'être materné Johnny.
14:09Et c'est ce qui me plaisait aussi dans ma relation avec lui, c'est que j'ai toujours aimé le materné, toujours aimé, j'ai toujours essayé de comprendre ce traumatisme de l'abandon qui l'a accompagné toute sa vie, la peur d'être abandonné encore, ce besoin de solitude aussi, ce besoin de se détruire pour renaître et pour connaître la lumière, ce besoin de s'abîmer, pour se reconstruire.
14:36Mais l'abandon a été toujours, l'a accompagné toute sa vie, jusqu'à l'arrivée de Jade, qui était elle aussi une enfant abandonnée.
14:45Et il y a eu un avant et un après, ça a été vraiment un moment important pour que Johnny puisse lui aussi pardonner à ses propres parents, puisse lui aussi renaître à travers cette adoption.
14:58Pardonner ce qui a été le traumatisme de toute sa vie.
15:04Et rien n'a jamais plus été pareil. Le pardon a été si essentiel à sa vie.
15:10On va l'écouter évoquer cette période ou ces moments où il se faisait parfois du mal dans 7 sur 7 en 1991.
15:19On commence par un joint et puis on finit par autre chose.
15:25C'est comme les gens qui commencent au début à boire un verre d'alcool et qui finissent par la bouteille.
15:29Non.
15:30Vous avez décidé complètement d'arrêter de boire.
15:31Moi, je buvais pas mal par rapport à mon métier, par rapport à tout ça, parce que c'est vrai, je fais un métier où on est très angoissé continuellement.
15:36Et c'est vrai qu'on a l'impression que de boire un verre ou de boire de verre, ça rassure un petit peu, ça donne une espèce de confiance en soi.
15:44Ce qui est faux, ce qui est faux, ce qui est complètement faux, c'est une des raisons d'ailleurs pour laquelle j'ai complètement arrêté de boire et je me porte beaucoup mieux.
15:52Vous préférez vous demander de temps en temps si vous avez confiance en vous qu'avoir une fausse impression de confiance. Vous avez confiance en vous ?
15:58Moi, j'ai absolument pas confiance en moi. Je n'ai pas confiance en moi dans la vie. Je n'ai pas confiance en moi en tant qu'homme. Je n'ai pas confiance en moi par rapport à ce que les gens peuvent penser de moi.
16:07Mais je me suis aperçu d'une chose, c'est que l'alcool, c'est éphémère. Ça n'enlève pas les angoisses qu'on peut avoir soi-même. Donc autant ne pas le faire.
16:20Vous l'avez aidé à se sortir justement de ce côté destructeur ?
16:24Oui, il m'a valu beaucoup de temps avant d'y arriver parce que certainement qu'il en avait besoin aussi. Mais je ne connaissais pas non plus cette interview qui est très touchante.
16:37On sent qu'en fait, il n'est pas en paix parce que ce manque de confiance en lui et en même temps, c'est comme ça qu'il était, l'artiste qu'il était.
16:50On a toujours essayé de jamais juger aussi ces moments où il avait besoin de se détruire, ces moments où il était cabossé et ces moments où il avait besoin aussi de solitude.
17:02Et en les comprenant, c'est comme ça qu'on arrive à aider quelqu'un à aller mieux.
17:07Ne pas juger quand il se fait du mal ou quand il s'abîme, mais plutôt essayer de l'accompagner et d'avancer avec lui.
17:14Je l'ai aidé comme j'ai pu. C'est un homme en paix qui est parti et ça, c'est ma grande fierté.
17:20Il m'a fallu des années, mais je l'ai accompagné pour qu'il apprenne enfin à s'aimer et à aimer les autres.
17:28Parce que si on ne s'aime pas soi-même, c'est très difficile de pouvoir aimer les autres, de pouvoir donner du temps aux autres.
17:35Il a réussi à trouver la paix. L'adoption de Jade et Joy ont été salutaires aussi dans ce chemin.
17:42Quand on le voit sur scène, on a l'impression que c'est l'homme qui a le plus confiance en lui du monde.
17:46Pas du tout. Déjà, il était tellement traqueur. Johnny, c'est l'être le plus traqueur que j'ai jamais connu.
17:53Monter sur scène, il n'y a pas une fois où il est monté sur scène où il n'a pas eu peur.
17:58Mais peur, c'est-à-dire que c'était des peurs où il était dans sa loge et il était pris de nausées, de vertiges, de transpiration.
18:08Après, ça passait, mais les trois, quatre premières minutes, c'était très intense.
18:13Et puis il retardait toujours le moment où il allait sur scène.
18:16Ça s'était aussi renoué un pacte avec ses démons.
18:20Et ses démons, c'était l'alcool et la drogue.
18:23Mais c'est aussi comme ça qu'il puisait son inspiration.
18:29Mais on a réussi à combattre ses démons.
18:32Il m'a fallu beaucoup, beaucoup de temps.
18:34Et dans les années 90, il a été une icône.
18:37Et comme toutes les icônes qui ont été des icônes dans les années 90,
18:40il a eu le droit à sa marionnette dans les guignols de l'info.
18:43Allez, on regarde.
18:44« Qu'est-ce qui vous fait rigoler comme ça, Johnny ? C'est ce truc-là ? »
18:50« Tiens-toi bien, PPD. Tu vas rigoler aussi. »
18:54« Bon, ça ne fait pas de fumée au moins. »
18:56« Ah que non ! Que ça, c'est une boîte à coucou. À coucou-cou ! »
19:01Johnny n'aimait pas du tout cette marionnette. Il en a beaucoup souffert.
19:06Je crois qu'avec le temps, il a appris à vivre avec, mais ça le touchait beaucoup.
19:11Ça lui faisait beaucoup de peine. Il n'avait pas beaucoup d'humour pour ça, mais il était très affecté.
19:17Et puis Laura aussi, on a beaucoup souffert parce que je sais qu'à l'école,
19:21elle avait des remarques dans la cour de récréation qui faisaient beaucoup de mal à Johnny.
19:27Ce qu'il n'aimait pas, c'était cette marionnette en particulier
19:29ou c'était qu'on se moque de lui en général ?
19:31Les deux, le physique de la marionnette, ce nez très très long, ça ne lui plaisait pas.
19:36Et puis, il n'aimait pas qu'on le prenne pour un idiot.
19:40Et là, il avait l'impression qu'on le prenait vraiment pour un con, comme il disait.
19:43« Vraiment, c'est le nez qui te dérange le plus. Je te propose un truc. »
19:51Il en souffrait beaucoup. Ça l'affectait beaucoup.
19:54D'ailleurs, la chanson « Ma gueule », c'est un peu ça, quoi.
19:56Ouais, il répond aux critiques.
19:58« Voix ma gueule. Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? »
20:03« Quelque chose qui ne va pas. Il ne te revient pas. »
20:11C'est une belle réponse. C'est pour ça qu'il répondait à sa manière sur scène.
20:16C'est la plus belle réponse.
20:17Mais il n'a jamais eu beaucoup d'humour avec les humoristes qui l'imitaient.
20:23Alors, ce n'est pas seulement Johnny qui a été moqué. Ce sont parfois aussi ses enfants, vos enfants.
20:28Comme de nombreux enfants de stars, en 1998, Lou Doyon témoignait sur France 2 de cette difficile expérience.
20:35Les gens ne se rendent pas compte à quel point ils sont méchants, quoi.
20:38Et si ça allait, je crois, 5-6, enfin, je pétais la gueule aux enfants de mon école.
20:44Enfin, mes petits garçons manqués parce que… Seul moyen de se défendre, quoi.
20:48On vous attaquait pourquoi ? C'était de la jalousie ou c'était quoi ?
20:51« Toi, tu es la fille de Jane Birkin. Tu ne joues pas avec nous. »
20:55Un jour, ça va. Deux jours, ça va. Et après, toute sa scolarité, on commence à envisirber, quoi.
20:59C'est… Ouais, tu ne peux pas jouer avec eux. Et en plus, avec mon nom, vu que je m'appelais Lou,
21:04j'arrivais dans un cours et il y avait tous les élèves qui se cachaient derrière les armes en disant
21:08« Faut pas qu'on approche. C'est un loup. Elle va nous manger. En plus, c'est la fille de Jane Birkin. »
21:11Et sa mère, elle faisait des photos de nus avant, etc. Je te jure, et tout ça.
21:15Alors, les enfants, ils ne parlent pas quand ils le disent.
21:18Ça, c'était en 98. Ça n'a pas trop changé. J'ai toujours le même problème aujourd'hui.
21:24Ça abîme. Et moi, mon rôle de maman, c'est de protéger mes enfants, d'en parler avec elles.
21:32Oh, parce qu'elles sont jolies, mes filles.
21:36Je parle beaucoup du harcèlement qu'elles vivent sur les réseaux sociaux. C'est tous les jours.
21:42Elles reçoivent des menaces de mort. Le harcèlement, c'est au quotidien aussi.
21:47Qu'on les juge sur la façon de s'habiller ou la façon de se tenir.
21:52C'est dur parce que ce n'est pas à les connaître.
21:55Elles n'ont pas un papa qui était ordinaire.
21:58Et nous, avec Johnny, on a essayé, déjà à travers leur adoption aussi, de partager cette différence avec elles.
22:05Parce qu'on savait qu'à un moment donné, elles allaient être victimes.
22:11Elles allaient recevoir des critiques et des mots qui sont assez violents, qui sont assez cruels,
22:17sur le fait que ce ne soient pas des enfants légitimes, que ce ne soient pas du même sang.
22:22Et on voulait vraiment les protéger et qu'elles soient armées avec des mots pour que plus tard, elles soient en paix avec ça.
22:30Alors, nous allons évoquer maintenant un sujet qui a fait polémique et qui a pu ternir l'image de votre ancien mari.
22:37Nous sommes sur France 2 en 2007.
22:40Johnny exprimait le souhait de devenir belge. Il évoquait les raisons sentimentales.
22:44Son père est natif de Belgique.
22:46Vous savez que la moitié de mon cœur a toujours été ici.
22:49Un hommage à ses racines, ou peut-être une simple étape sur la route d'un paradis fiscal, Monaco.
22:56Pour échapper au fisc, Johnny réside déjà en Suisse, Akstadt.
22:59Il doit y vivre au moins six mois et un jour par an pour payer dix fois moins d'impôts qu'en France, 350 000 euros par an.
23:06S'il devient belge, alors c'est le jackpot, deux ans de patience et il pourra gagner Monaco,
23:11où le sort d'un belge n'a rien à voir avec celui d'un français.
23:14Suisse, Belgique, puis Monaco.
23:16Une probable grande évasion fiscale diversement appréciée dans les couloirs de l'Assemblée.
23:21C'est quand même pour une bonne part les français qui ont contribué à sa fortune,
23:25parce que c'est quelqu'un de fortuné.
23:27Donc en quoi serait-il insupportable, lorsqu'on est fortuné, d'apporter une petite contribution à la solidarité nationale ?
23:35On n'a pas déménagé si souvent. Là, ça fait 17 ans qu'on vit aux États-Unis, qu'on est résidents et citoyens américains.
23:45Déjà, les États-Unis ne sont pas un paradis fiscal. On est imposés de la même manière qu'en France.
23:51Puis la Belgique, Johnny est à moitié belge par son père.
23:56Puis l'histoire de Monaco, je crois que c'était beaucoup d'affabulations,
24:00parce qu'on n'a jamais eu l'intention de vivre à Monaco.
24:03La vie de Johnny a toujours déchaîné les passions, a toujours suscité beaucoup d'affabulations.
24:10Et en même temps, c'était pas un être ordinaire et c'était pas une vie ordinaire, donc c'était normal.
24:15La Suisse, on y a vécu très peu de temps, on y a passé trois ans, et puis on est partis aux États-Unis.
24:22Mais l'histoire de Johnny avec le fisc français, c'est l'histoire de toute sa vie.
24:29Ça a commencé très très jeune, ça continue encore aujourd'hui.
24:34Alors, autour de Johnny, il y avait des fans, mais il y avait aussi les amis.
24:39Écoutez-le parler de son entourage dans l'émission 5 colonnes à la une, en 1966.
24:44Les copains, ça n'existe pas, je trouve.
24:46Ce qui existe, c'est des amis.
24:48Le mot copain, tout le monde est copain dans la rue.
24:51Quand les gens viennent me voir dans la rue, ils me disent,
24:55« Cinéantographe », « Cinéantographe », on est des copains.
24:59Des gens qu'on ne connaît pas tous.
25:01« Copain » est devenu un mot qui ne veut plus rien dire.
25:03Avant, ça veut dire quelque chose, maintenant, ça ne veut plus rien dire.
25:05C'est devenu commercial.
25:07Non, ce qui reste, c'est les amis.
25:09Souvent, c'est à cause des gens, tu vois, qu'on perd des amis,
25:13à cause du genre des raconteurs.
25:16« Tiens, Alain m'a dit ça. Tiens, j'ai entendu dire que l'autre m'a dit ça. »
25:19Et puis, on n'en finit plus.
25:20Surtout dans ce métier, c'est un métier de ragot.
25:23« Ah, c'est affreux ! »
25:26Et alors, en général, tout se gâche comme ça.
25:31Aussi bien les copains que les amours.
25:35Enfin, c'est très difficile, ce métier, pour ça.
25:39Oui, je suis d'accord.
25:41Et c'était il y a longtemps qu'il disait ça et ça n'a pas trop changé.
25:45Souvent, il avait une intuition qui était saisissante.
25:51Et moi, parfois, je lui disais « Mais non, tu te trompes ! »
25:55Il avait fini par avoir cet instinct dont il parle.
25:59Au fil du temps, il avait beaucoup plus de clairvoyance dans la rencontre.
26:05Évidemment qu'il y avait une cour autour de lui.
26:09Mais il n'était pas Dupont.
26:11Il n'était pas Dupont.
26:13Je crois qu'il a beaucoup appris, qu'il a beaucoup grandi des trahisons.
26:17Mais ce n'était pas quelqu'un qui pardonnait.
26:21Il était très rancunier.
26:23Mais si on le trahissait, il avait du beaucoup de mal à pardonner.
26:26Et quand Jade est arrivé dans notre vie,
26:28il a vraiment voulu revenir à l'essentiel.
26:31Donc, du coup, il a complètement réinventé notre vie.
26:35On est partis vivre aux États-Unis.
26:37On a, petit à petit, construit cette vie de famille
26:40avec beaucoup moins de gens autour de nous.
26:43Tout ce que me disait Johnny de quand il était encore là,
26:46je l'ai compris quand il est parti.
26:48Il avait raison.
26:49Il voulait me protéger de certaines amitiés toxiques.
26:52Je ne le voyais pas.
26:54Et il est parti.
26:56Et je me suis rendu compte de certaines amitiés
26:58qui ne sont plus dans ma vie aujourd'hui,
26:59que je pensais qui étaient des amis
27:01et qui nous ont vraiment lâchés, les filles et moi.
27:04Et il avait raison.
27:05Et j'aurais dû l'écouter.
27:07Alors, il y a la famille, mais il y a aussi l'amour.
27:09En 2011, Johnny Hallyday expliquait à Claire Chazal
27:12que vous lui aviez redonné le goût à la vie,
27:15et donc la force de chanter.
27:17J'étais dans une déprime totale.
27:19J'avais plus de goût à rien.
27:22J'avais plus de goût à la vie.
27:24Vous savez, quand j'étais dans le coma,
27:28on dit qu'on entend des voix comme ça.
27:31Oui.
27:32Moi, j'entendais la voix de Laetitia, ma femme.
27:36Et très sincèrement, c'est sa voix qui m'a donné le courage de revenir à la vie.
27:42C'est elle qui m'a empêché de sombrer.
27:46J'aurais pu sombrer.
27:48Sortir du néant comme ça, c'est quelque chose...
27:51Enfin, c'est une expérience que je ne recommande à personne.
27:54Notre vie a basculé en 2009.
27:57Après une opération compliquée, il a été plongé dans un coma pendant un mois.
28:04Et ça a été un combat pour moi de le sauver, de l'accompagner.
28:09Je savais qu'il m'entendait...
28:11Je parlais beaucoup à Philippe Labreau, un ami à lui.
28:13Il a écrit un livre qui s'appelle La Traversée.
28:15Il a entendu et ressenti des choses pendant son coma.
28:18Et il me disait, continue à lui parler.
28:20Continue à lui raconter des choses.
28:22Continue à lui parler des enfants.
28:24Continue à lui raconter tout ce qui se passe à l'extérieur
28:29pendant qu'il est plongé dans ce coma.
28:31Il t'entend.
28:32Il ne cesse jamais de lui parler.
28:34Donc, je n'ai pas quitté sa chambre pendant un mois.
28:38Et il s'est réveillé de ce coma.
28:40Il est tombé en dépression.
28:41Il avait perdu sa voix.
28:43Et ça a été un long, long chemin de dépression et de guerre
28:49pour qu'il retrouve sa place dans la vie,
28:51pour qu'il reprenne confiance en lui.
28:54Ça nous a pris des mois avant qu'il puisse se sentir
29:00reconnecté avec sa propre vie.
29:02Lorsque Johnny Hallyday est mort,
29:04il a eu le droit des funérailles nationales.
29:06Réécoutons un morceau du discours d'Emmanuel Macron en son hommage.
29:10C'était en décembre 2017.
29:12Parce que Johnny était beaucoup plus qu'un chanteur.
29:16C'était la vie.
29:18La vie dans ce qu'elle a de souverain,
29:20d'éblouissant, de généreux.
29:23Et c'était une part de nous-mêmes.
29:25C'était une part de la France.
29:28Que ce jeune belge, décidant de prendre un nom de scène anglo-saxon,
29:34soit allé chercher très loin le blues de l'âme noire américaine,
29:40le rock'n'roll de Nashville, pour le faire aimer aux quatre coins du pays,
29:45était hautement improbable.
29:48Et pourtant, c'est un destin français.
29:56Ça dépasse l'entendement, son histoire.
29:58Je savais que je vivais avec un être à part.
30:04Un être extraordinaire.
30:06Avec ses parts d'ombre, ses parts de peur, d'angoisse, de traumatisme.
30:13Mais je savais que j'ai eu la chance de vivre avec un être comme lui.
30:19Il n'y en a pas deux, artistes et hommes comme lui.
30:24Johnny, lui tout seul, c'est l'histoire de France.
30:28C'est une part de la vie des Français.
30:31Une part de notre histoire.
30:33Il a traversé tellement de générations.
30:35Son enterrement, son histoire et ce qui s'est passé pendant ses funérailles,
30:39ça dépasse l'entendement.
30:41C'est un cri d'amour extraordinaire.
30:44Te manquer, te manquer.
30:47Je voudrais te manquer.
31:00Alors, c'est le moment pour moi d'arrêter de vous poser des questions
31:04et pour vous de choisir qui va vous poser la prochaine.
31:07entre Denise Glazer, Anne Sinclair, Jean-Louis Servan-Schreiber et Léon Zitrone.
31:12Anne Sinclair.
31:13Quand vous regardez tout ça, là, comme ça, qu'est-ce que vous vous dites ?
31:16Que vous aviez du talent et que personne ne le savait ?
31:20Quand je regarde ma vie, je me dis, waouh !
31:25Qu'est-ce que j'ai eu de la chance de vivre cette vie ?
31:28Et de continuer à transmettre ce que j'ai appris de Johnny.
31:32Mais ouais, c'est...
31:34Je me sens bénie d'avoir vécu cette vie-là.
31:37Merci la vie.
31:38Merci d'avoir vécu avec un être comme lui.
31:41Merci Laetitia Hallyday.
31:42Merci.
31:43Merci.
31:48Merci.
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