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00:00C'était il y a 20 ans, jour pour jour, au nord de Paris.
00:04Bounat Raoré, 15 ans, Ziyech Bena, 17 ans, mourait électrocuté dans un transformateur EDF
00:09après avoir tenté d'échapper à un contrôle d'identité par la police.
00:13Ils réfugient également leur ami Mouïtine, 17 ans également, qui restera lui gravement brûlé.
00:18S'en suivront 21 nuits d'affrontement entre jeunes et forces de l'ordre dans diverses banlieues de France.
00:24Et ce lundi, devant leur collège à Clichy-sous-Bois, un arbre a été planté en leur mémoire.
00:28Un arbre, un jingo biloba précisément, symbole de résilience, autour duquel se sont réunis une centaine de personnes.
00:38Bonsoir, Driss Etazaoui, merci d'être avec nous.
00:41Vous êtes vice-président de la communauté d'agglomération Évreuport de Normandie,
00:45vice-président également de l'association des villes et banlieues.
00:49Est-ce que 20 ans après, les banlieues en France vont mieux ?
00:53Écoutez, il serait très compliqué de dire qu'ils vont mieux.
00:56On a connu l'épisode 2023 avec du jeune Naël et une fois de plus, l'ensemble des quartiers populaires, et pas que.
01:03On a vu aussi dans les centres-villes des drames et des émeutes urbaines.
01:08Nos territoires ne vont pas mieux.
01:10Je m'explique.
01:11Donc, le cadre de vie, l'aménagement du territoire, les réhabilitations, les résidentialisations, les équipements sportifs, les équipements culturels,
01:20il y a un certain nombre de sujets qui vont bien, qui vont mieux en termes d'investissement depuis 20 ans,
01:24grâce notamment à l'intervention de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine et aussi aux élus locaux qui sont totalement impliqués pour faire de ces territoires,
01:31eh bien, des territoires de droit commun.
01:33Ça, ça va beaucoup mieux.
01:34Il y a une avancée significative et personne ne peut le contester sur ces dernières 20 années.
01:39Par contre, ce qui va moins bien, c'est que sur l'ensemble de ces territoires, je le rappelle, un petit peu plus de 1500 quartiers,
01:45estampillés politiques de la ville.
01:46Alors attention, c'est pas nous, élus locaux, qui disons que ce sont des quartiers liés à la politique de la ville,
01:50c'est le législateur.
01:51Et il s'appuie sur un indicateur précis, qui est la concentration de pauvreté.
01:55Ce sont des territoires qui sont vulnérables.
01:57Et les gens qui y habitent aujourd'hui, une personne sur deux, est en dessous du seuil de pauvreté.
02:02Vous y avez encore de l'insécurité, vous y avez encore de la discrimination, de la ségrégation, de la stigmatisation.
02:08Et en cela, ces territoires ne vont pas mieux.
02:10Mais comment l'expliquer précisément après 40 ans de politique de la ville, tout de même ?
02:15Alors, la politique de la ville, vous savez, c'est l'une des politiques publiques qui est la plus évaluée,
02:19notamment par la Chambre, par la Cour des comptes.
02:22Si nous n'avions pas fait ces investissements massifs,
02:25si nous n'avions pas déployé l'ensemble de ces moyens urbains,
02:28des moyens matériels, financiers, humains,
02:32si nous n'avons pas consenti l'ensemble de ces efforts,
02:35si la puissance publique n'avait pas répondu présent,
02:37probablement que ces territoires seraient en décrochage bien plus important qu'ils nous le sont aujourd'hui.
02:41Et l'ensemble des moyens que nous avons mis en œuvre,
02:44que ce soit l'État ou les collectivités territoriales,
02:46vous savez, on entend souvent des dépenses.
02:48C'est un investissement. C'est pour faire de ces territoires,
02:51non pas les territoires perdus de la République, mais bien les territoires gagnants de la République.
02:55La promesse républicaine, telle que Chirac l'avait prononcée à la suite des émeutes,
02:59à l'attention de ces enfants, des filles et des garçons de la République,
03:03vous êtes les fils de la République, avait dit le président de la République,
03:07eh bien c'est pour faire en sorte que ces territoires soient totalement raccrochés au reste de la nation.
03:11– Alors Jacques Chirac était président, Dominique de Villepin a été Premier ministre,
03:15il dit aujourd'hui qu'il y a les mêmes fractures qu'à l'époque. Vous êtes d'accord ?
03:19– Dominique de Villepin qui, par des propos forts, a fait son mea culpa d'ailleurs dans son communiqué de presse.
03:24La position qu'il avait eue à l'époque n'est plus du tout la même position qu'il a aujourd'hui.
03:28Et donc nous autres élus locaux qui, à l'époque, crions à l'injustice, à ce qui n'aurait pas dû,
03:37à ce qui a causé le drame de Ziad et de Bouna, nous avions déjà à l'époque dit à quel point
03:44est-ce que les choses n'auraient pas dû se dérouler de la manière dont ils se sont déroulés.
03:48Villepin aujourd'hui qui dit qu'effectivement la France-nation, la République, doit répondre présent,
03:54et il a raison. Mais vous savez, ce sont les élus locaux qui sont en première ligne.
03:58C'est le maire. Aujourd'hui, personne ne connaît le commissaire, personne ne connaît le préfet.
04:01Le premier de cordée, le premier de tranchée, c'est le maire.
04:04Ancré dans la réalité du quotidien, ancré en proximité avec ses administrés et avec ses concitoyens.
04:09C'est nous qui assurons l'esprit de la République.
04:12Les valeurs sur le fronton de nos mairies, ce sont les élus locaux.
04:15– Mais ça veut dire que les élus nationaux n'entendent pas ce qui ressort peut-être véhiculé aussi par vous,
04:21élus locaux, des banlieues, des quartiers, les doléances qui peuvent être faites ?
04:26C'est un manque d'intérêt, c'est un manque de considération de la part des élus nationaux ?
04:31– Non, mais je pense que pour un grand nombre, ils sont loin des réalités.
04:34Ils sont dans leur tour d'ivoire. Ils n'ont pas les pieds ancrés dans la réalité.
04:38Vous savez, nos concitoyens, quand vous les croisez au quotidien,
04:41quand vous les croisez au jour le jour, ils vous disent, ils vous parlent,
04:44et vous sentez le pouls. Vous sentez ce qu'ils ressentent.
04:48Il suffit de regarder aujourd'hui la politique spectacle, la politique nationale.
04:52On est à des années-lumière du travail des élus locaux.
04:55Les élus locaux, ils charbonnent. Il y a plus de 560 000 élus locaux dans ce pays.
05:00La quasi-majorité de ces élus locaux ne sont ni rémunérés, ni indemnisés.
05:04Ils sont totalement au service de leur territoire et de leurs concitoyens.
05:07Et ceux-là, c'est ceux qui, au quotidien, vivent les mêmes réalités,
05:10les mêmes préoccupations que nos concitoyens.
05:12Et ceux-là, il faut absolument les encourager.
05:14– En deux mots, vous évoquiez la mort du jeune Naël en 2023, rapidement.
05:18Un des carburants à cette colère qui a ressurgi, justement, il y a plus de deux ans maintenant,
05:23c'est aussi le lien, le rapport qu'il y a entre la police et la jeunesse.
05:28Ce divorce qui est finalement très souvent consommé.
05:30– Je serais beaucoup plus nuancé sur le sujet.
05:32Vous savez, il y a quelques temps, avec Michel Fournier,
05:34qui est aujourd'hui ministre de la ruralité,
05:36qui, à l'époque où nous avions signé à Évreux, dans ma ville,
05:39durement touché, d'ailleurs, par les émets urbaines en 2005,
05:41c'était Jean-Louis Debré, P.A. Sanam, qui était le maire de la ville à l'époque.
05:45Avec Michel Fournier, nous avons signé un pacte, un manifeste sur ruralité, urbanité,
05:51quartier, village, bourrécité, même combat.
05:54Et donc, nous avons décidé de partager un certain nombre d'enjeux communs
05:56et de faire en sorte de faire nation ensemble,
05:59en partant des mêmes constats, des mêmes réalités,
06:02et souvent des mêmes enjeux qui sont partagés.
06:05Et avec Michel Fournier, le souhait, c'était de faire en sorte,
06:09nous avons interrogé l'IFOB, d'ailleurs,
06:10nous avons demandé aux gens des quartiers populaires
06:12quelles étaient leurs priorités.
06:13Pour répondre à votre question précisément,
06:15eh bien, il n'y a pas de défiance avec la police.
06:17Ce que demandent nos populations sur les quartiers,
06:19c'est beaucoup plus de sécurité.
06:20Et donc, beaucoup plus de police, beaucoup plus de bleu sur les quartiers.
06:23Mieux formé, naturellement, mais beaucoup plus présent.
06:25Et donc, je ne crois pas qu'il y ait aujourd'hui une défiance
06:28entre la population et la police.
06:29Il y a probablement une défiance entre les voyous et la police,
06:32mais certainement pas entre notre population,
06:35je le rappelle, 6 millions d'habitants sur ces territoires,
06:37qui sont les premières victimes de ce qui se passe dans ces quartiers,
06:41que ce soit en 2023 ou que ce soit en 2005.
06:42Les premiers ont payé le prix, les écoles brûlées,
06:45les maisons de quartier brûlées, les voitures endommagées, etc.
06:48C'est la population de ces territoires.
06:50Je vous remercie beaucoup, Driss Etazaoui,
06:52vice-président de l'Association des villes et banlieue.
06:53Merci d'avoir été l'invité de France 24.
06:55Merci à vous.
06:55Merci à vous.
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