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00:00:00Le 27 octobre 2005, un jour d'automne comme aujourd'hui, trois jeunes fuient un contrôle de police.
00:00:17Ils trouvent refuge dans un transformateur électrique.
00:00:19Ziad Bena et Buna Traoré n'en sortiront pas vivants.
00:00:22Le drame allait embraser les quartiers populaires de 25 départements
00:00:25et braquer tous les projecteurs sur le mal-être d'une ville, Clichy-sous-Bois, où nous sommes.
00:00:30C'est cet anniversaire essentiel dans l'histoire récente de la France qui nous amène sur ce plateau aujourd'hui.
00:00:36Logement, emploi, culture, transport.
00:00:39Vingt ans plus tard, les combats portés au lendemain de ce drame ont-ils été entendus ?
00:00:44Clichy-sous-Bois et ses 30 000 habitants sont-ils sortis de l'urgence ?
00:00:48Bienvenue dans Au Micro.
00:00:50Bonjour à tous.
00:00:51Bonjour.
00:00:52Et pour répondre à cette question, nous avons posé nos caméras au Conservatoire Gilbert Klein,
00:00:57un lieu flambant neuf dédié à la culture pour les Clichy-sous-Bois.
00:01:01Et c'est peut-être déjà un élément de réponse.
00:01:03Khadija Barkhany, vous arrivez à Clichy-sous-Bois, adolescente.
00:01:06Vous vivez alors au Chêne Pointue, un des grands ensembles les plus délabrés de la ville.
00:01:10C'est juste à côté d'ici et qui est aujourd'hui en rénovation.
00:01:12Vous êtes architecte pour l'agence Encore Heureux.
00:01:14Et c'est vous qui menez les consultations citoyennes du grand chantier des ateliers Médicis,
00:01:19un autre ambitieux bâtiment dédié à la culture.
00:01:22Pas très loin d'ici non plus.
00:01:24Mehdi Bigadern, vous êtes deuxième adjoint à la mairie de la ville depuis 2008.
00:01:27En 2005, vous étiez éducateur socio-culturel et étudiant.
00:01:31Vous faites partie des membres fondateurs du collectif Assez-le-feu,
00:01:34né au lendemain de la révolte et dont vous poursuivez les actions aujourd'hui.
00:01:38Aminata Koulibaly, vous êtes habitante de Clichy-sous-Bois depuis toujours.
00:01:41Passionnée par la politique, vous vous engagez sur le terrain un temps auprès des jeunes avec Macron du 93.
00:01:46Aujourd'hui, vous êtes consultante en affaires publiques.
00:01:49Et Hélène Asfeld, vous êtes politologue.
00:01:52Vous avez travaillé à Clichy-sous-Bois comme chercheuse sur le thème de la rénovation urbaine,
00:01:56de la jeunesse et de l'engagement.
00:01:58Et plus précisément sur le collectif Assez-le-feu,
00:02:00avec qui vous avez mené un travail sur les luttes sociales.
00:02:03Et vous avez participé à la rédaction de ce livre,
00:02:05Jeunes de quartier, le pouvoir des mots.
00:02:07Vous nous en direz un petit peu plus.
00:02:09Et pour commencer, une petite question, déjà, pour poser le débat.
00:02:14Quelle place, selon vous, occupent aujourd'hui les événements de 2005 ?
00:02:18Est-ce qu'ils appartiennent à l'histoire ?
00:02:19Ou est-ce que, pour vous, ils font encore partie de la réalité et de l'actualité ?
00:02:23Qu'est-ce qu'il y a déjà ?
00:02:24Alors, pour moi, je dirais que ça ne fait pas partie totalement de l'histoire.
00:02:31C'est toujours d'actualité,
00:02:33parce qu'on peut encore voir le territoire
00:02:39dans lequel il existait il y a quelques années, il y a 20 ans,
00:02:45notamment le quartier du Fienne-Pointue,
00:02:47qui est toujours pratiquement dans les mêmes conditions
00:02:51où certaines populations y vivent encore.
00:02:54Par contre, le côté positif, c'est que ça change.
00:02:57Il y a des démolitions, il y a un plan qui a été mis en place.
00:03:00Mais pour les familles qui y vivent,
00:03:03malheureusement, le ressenti est toujours le même.
00:03:07Donc, on est toujours dans une situation cliché, évolue,
00:03:11mais avec aussi une partie qui est blessée et qui est toujours présente.
00:03:16C'est encore très vif pour vous, Mehdi Bigadern, justement,
00:03:19si on doit revenir là-dessus.
00:03:20Est-ce que, pour vous, ça appartient à l'histoire ?
00:03:22Est-ce que vous essayez de l'ancrer, justement, dans le quotidien ?
00:03:25Absolument, c'est ce que j'allais dire.
00:03:26C'est incontestablement ancré dans l'histoire, plutôt,
00:03:29la mort de Ziad Ebouna.
00:03:31Donc, après, en revanche, ce sont des événements qui sont peut-être,
00:03:37pour la nouvelle génération, inconnus, méconnus.
00:03:41Et donc, on trouve que c'est important avec le collectif Asset Lefeu,
00:03:44notamment, de continuer à travailler cette mémoire,
00:03:48pas sur le plan de la victimisation, bien évidemment,
00:03:51mais pour avancer, il est important aussi de connaître son histoire
00:03:56et de connaître l'histoire de ces événements-là,
00:03:58qui sont toujours, effectivement...
00:03:59En tout cas, les conséquences sont toujours d'actualité aujourd'hui.
00:04:01On y reviendra.
00:04:02Oui, on va y revenir. Aminata ?
00:04:05Alors, moi, je dirais un peu les deux.
00:04:08C'est-à-dire que, tout à fait, comme le dit Mehdi,
00:04:11il s'agit de...
00:04:12Enfin, c'est une question de génération.
00:04:14Pour les générations qui étaient à peu près adultes,
00:04:16ou même qui étaient au collège, comme moi,
00:04:19c'est quelque chose qui reste dans l'histoire de Clichy-sous-Bois.
00:04:24C'est quelque chose qu'on a vécu.
00:04:26On s'en rappelle, on se souvient tous de ce qu'on faisait
00:04:29au moment où on a appris le décès de Ziad et de Bounin.
00:04:34Et en même temps, on voit la ville changer, évoluer, changer de visage.
00:04:39Alors, on a cassé des bâtiments, on a cassé des quartiers
00:04:41pour en reconstruire d'autres, des meilleurs,
00:04:43avec toutes les ambitions nouvelles qu'on a portées
00:04:48au projet de rénovation urbaine.
00:04:51Mais pour la génération qui est plus jeune,
00:04:53pour la jeune Z, comme on dit,
00:04:55effectivement, je pense que c'est quelque chose
00:04:58qui relève d'un autre temps, peut-être.
00:05:01Et c'est cette génération-là qui recueille aujourd'hui
00:05:04les fruits des efforts des personnes qui se sont engagées,
00:05:09à savoir le maire actuel, le maire précédent, Claude Dilan,
00:05:12ainsi que tous les élus, tous les acteurs associatifs,
00:05:15les mamans, les papas, qui se sont engagés
00:05:17pour faire porter, justement, leurs revendications
00:05:22aux décideurs publics.
00:05:25Ce qui fait qu'aujourd'hui, on a une ville
00:05:26qui a globalement changé.
00:05:28Il y a encore quelques quartiers qui ont des très gros problèmes.
00:05:32Mais on est dans cet équilibre-là
00:05:35de regarder vers l'avenir,
00:05:37mais dans le même temps de préserver une mémoire.
00:05:40Il y a un devoir de mémoire nationale,
00:05:43ça, on en discute beaucoup,
00:05:44mais il y a un devoir de mémoire locale aussi.
00:05:46Qui pourrait être national aussi,
00:05:47puisque ça a marqué son pays.
00:05:49Effectivement.
00:05:49Pourquoi pas ? On peut aussi l'imaginer.
00:05:51Hélène Aspel, quelle réflexion, vous avez là-dessus,
00:05:53justement, sur à quel point cet événement
00:05:54fait partie de l'histoire, vous, en tant que chercheuse ?
00:05:58Oui, je dirais, vous avez dit histoire ou actualité.
00:06:02Moi, je dirais qu'il y a une grande actualité,
00:06:04aujourd'hui, à faire l'histoire
00:06:07de ce qui s'est passé en 2005.
00:06:10Parce que Assez-le-feu, justement,
00:06:14qui s'est créé à ce moment-là,
00:06:17a pris le contre-pied d'idées préconçues
00:06:20qui existaient à l'époque.
00:06:22C'est-à-dire, Assez-le-feu, en se créant même,
00:06:26dit, non, non, non, ce ne sont pas des émeutes,
00:06:29comme disent les politiques,
00:06:30comme disent la plupart des médias.
00:06:32Non, ce sont des révoltes sociales.
00:06:34révoltes, c'est-à-dire qu'il y a un message
00:06:38qui est transmis, il y a une parole
00:06:39qu'il faut entendre.
00:06:42C'est social, c'est-à-dire que ça ne concerne pas
00:06:44que les quartiers, les dites banlieues,
00:06:47mais l'ensemble de la société
00:06:49qui a une crise là-derrière
00:06:50qu'il va falloir mettre au jour.
00:06:54Donc, c'est cette histoire-là
00:06:55qui n'est pas, pour l'instant, écrite,
00:06:58parce que Assez-le-feu
00:07:00a fait une véritable bifurcation
00:07:03par rapport à ces idées préconçues,
00:07:07en disant, nous,
00:07:08on ne veut pas être relégués
00:07:10simplement à une histoire de banlieue,
00:07:13on ne veut pas être simplement assimilés
00:07:15à un mouvement d'immigrés.
00:07:18Nous sommes des citoyens,
00:07:20et c'est autour de cette citoyenneté
00:07:22que nous voulons développer notre action
00:07:25au niveau de la France,
00:07:26en lançant cette grande action
00:07:28des cahiers de recueil,
00:07:31des cahiers de doléances,
00:07:32de doléances dans l'ensemble de la France.
00:07:35Donc, voilà, je crois qu'il y a une histoire
00:07:36à écrire, là, à laquelle j'essaye de participer.
00:07:39Sur le vocabulaire, justement,
00:07:40c'est intéressant, révolte, émeute.
00:07:43Est-ce que c'est un combat qui est gagné ?
00:07:44Ou encore aujourd'hui,
00:07:45vous voyez beaucoup le mot émeute revenir ?
00:07:47Non, tout à fait,
00:07:48c'est un combat perpétuel,
00:07:49malheureusement, 20 ans après.
00:07:51Et effectivement, Hélène a raison
00:07:52d'appuyer sur ce point-là,
00:07:53c'est ce qui fait un peu aussi
00:07:54où notre Hélène a assez de feu.
00:07:56Et j'imagine aussi
00:07:57tous les acteurs des quartiers populaires
00:07:59avec lesquels on travaille,
00:08:00mais au-delà,
00:08:02effectivement,
00:08:03on nous a assigné directement
00:08:06à ce mot d'émeute.
00:08:08Et nous, on le réfute complètement.
00:08:10Et c'est ce qu'on aussi,
00:08:10dans le travail que je mène avec les jeunes,
00:08:12j'essaye aussi,
00:08:13parce qu'eux-mêmes, du coup, le reprennent.
00:08:15Mais aussi,
00:08:15et encore, c'est récent,
00:08:16parce qu'on a fait un atelier
00:08:17la semaine dernière
00:08:18sur ces sémantiques-là.
00:08:20Ça fait mal, ça ?
00:08:21Un petit peu, quand même.
00:08:22Et surtout, comme on voit
00:08:23le traitement, en fait,
00:08:25d'iniquité,
00:08:26je crois qu'il y a
00:08:28quelques années,
00:08:29des révoltés bretons
00:08:30ont carrément brûlé
00:08:32un parlement,
00:08:33en tout cas une institution,
00:08:35et on ne les a pas
00:08:36interpellés,
00:08:39on ne les a pas identifiés
00:08:40comme des émeutiers,
00:08:42mais bien comme des révoltés.
00:08:43La différence entre un émeutier
00:08:45et un révolté,
00:08:45en tout cas,
00:08:46c'est ce que moi,
00:08:47j'ai pu ressentir
00:08:47en étant plus jeune,
00:08:48et puis ce que je ressens encore,
00:08:49c'est que pour un émeutier,
00:08:51il est qualifié
00:08:52comme, de par son acte,
00:08:54que son acte violent,
00:08:55il n'y a aucun message derrière.
00:08:57Et je crois que,
00:08:58effectivement,
00:08:59une certaine classe médiatique
00:09:00aussi a alimenté cela,
00:09:02et aujourd'hui,
00:09:03on les a vus à travers
00:09:04les événements,
00:09:05après la mort de Naël également,
00:09:08que les actes sont condamnables,
00:09:12mais une fois qu'on a dit ça,
00:09:13derrière,
00:09:14il faut aussi parler
00:09:15de ce qui a provoqué
00:09:17ces actes-là,
00:09:18la situation,
00:09:19et c'est vrai que 20 ans après,
00:09:20malheureusement,
00:09:21cette situation reste encore
00:09:23la même voie,
00:09:26c'est empêré,
00:09:27sur bien des sujets,
00:09:28et on a voulu transformer
00:09:29cette violence-là
00:09:31en un engagement citoyen,
00:09:32et en faisant un petit peu
00:09:33l'analyse
00:09:34de ce qu'ont été
00:09:35ces événements.
00:09:39Aminata,
00:09:40vous vous dites
00:09:41que vous étiez toute jeune,
00:09:42jeune adolescente,
00:09:43en fait,
00:09:43de la même génération
00:09:44que Zia Débouna.
00:09:45Qu'est-ce que vous apprenez
00:09:47sur votre ville
00:09:47au moment où il y a ce drame ?
00:09:49Alors,
00:09:49j'apprends que
00:09:51cette ville
00:09:52est effectivement
00:09:53aux antipodes
00:09:55de la promesse républicaine
00:09:57d'égalité.
00:09:58Je comprends
00:09:59qu'effectivement,
00:10:00nous vivons
00:10:00dans un territoire
00:10:01où les services publics
00:10:03ne sont pas
00:10:04forcément...
00:10:05Enfin,
00:10:05où l'État
00:10:06n'est pas présent,
00:10:07alors que là
00:10:07où il y a des besoins,
00:10:09normalement,
00:10:09l'État devrait être
00:10:10plus fort,
00:10:10l'État devrait être
00:10:11plus présent,
00:10:12notamment dans les domaines
00:10:13régaliens,
00:10:14premièrement,
00:10:14à savoir l'éducation,
00:10:16la justice,
00:10:17la sécurité,
00:10:18etc.
00:10:18Donc là,
00:10:19c'est là où je comprends
00:10:20la dimension des choses.
00:10:22Parce que quand on est
00:10:22adolescent,
00:10:23je pense qu'on a
00:10:23autre chose à penser
00:10:24qu'à la situation
00:10:27socio-économique
00:10:28et politique
00:10:29de sa ville.
00:10:30Mais c'est vraiment là,
00:10:32avec le traitement médiatique
00:10:33aussi qui est fait,
00:10:34que je comprends aussi
00:10:35qu'il y a
00:10:36un problème de compréhension
00:10:42de la part de personnes
00:10:44qui peut-être
00:10:44voient les choses
00:10:45de Paris.
00:10:46Quand on a l'habitude
00:10:47de bons rapports
00:10:49police-jeunes,
00:10:51quand on a l'habitude
00:10:52d'avoir des commerces
00:10:53de bouche partout,
00:10:54quand on a l'habitude
00:10:54d'avoir des transports,
00:10:55de ne pas être enclavés,
00:10:57quand on a l'habitude
00:10:57de vivre au cœur même
00:10:58des bassins d'emploi,
00:11:00j'imagine que la pensée
00:11:02se construit aussi
00:11:02aux antipodes
00:11:03de la pensée
00:11:04qui peut se construire
00:11:05quand on a grandi
00:11:06et qu'on a tout simplement
00:11:08vécu toute sa vie
00:11:09en banlieue.
00:11:10Et c'est là que je comprends
00:11:11qu'il y a un sujet.
00:11:13Et ce n'est pas qu'une affaire
00:11:15de sémantique.
00:11:16Quand on parle d'émeute
00:11:17ou de révolte,
00:11:18ce n'est pas qu'une affaire
00:11:19de sémantique,
00:11:19c'est une affaire de fond.
00:11:21C'est-à-dire que 40%
00:11:22de la population
00:11:23crichoise vit
00:11:24sous le seuil de pauvreté.
00:11:26Il y a des quartiers
00:11:27où on monte jusqu'à 47%.
00:11:29Quand on regarde
00:11:31les chiffres du chômage,
00:11:32tout simplement,
00:11:32en France aujourd'hui,
00:11:33on est à 7%.
00:11:34À Clichy-sous-Bois,
00:11:36on est un peu plus de 20%.
00:11:37Quand on regarde
00:11:38la population
00:11:39qui a moins de 20 ans,
00:11:40c'est 30%,
00:11:4030%, 40% parfois,
00:11:42ça dépend.
00:11:43Voilà, des périodes.
00:11:44Moi, en tout cas,
00:11:45qui avais quand même
00:11:46une petite appétence
00:11:46pour la politique,
00:11:47ça m'a permis de me dire
00:11:48en fait,
00:11:50essaye de creuser
00:11:50un petit peu
00:11:51le fond des choses.
00:11:55Donc, c'est un rôle
00:11:56dans votre parcours.
00:11:57Je vais revenir avec vous,
00:11:58Khadija aussi,
00:11:59parce qu'on va faire
00:11:59un petit tour de table.
00:12:00Vous êtes architecte aujourd'hui.
00:12:02Dans quelle mesure
00:12:03ce drame-là
00:12:04a fait sens pour vous
00:12:07à un moment donné
00:12:08ou vous emmène
00:12:08dans une direction ?
00:12:10D'abord,
00:12:12j'ai très vite compris
00:12:13qu'on était,
00:12:15en regardant les infos,
00:12:16qu'on était vraiment
00:12:17dans une ville
00:12:17où on était
00:12:19un peu abandonnés
00:12:20et ça,
00:12:20je n'avais pas
00:12:21la vision auparavant.
00:12:23C'était votre normalité,
00:12:24en fait ?
00:12:24Exactement.
00:12:26Vu qu'on était
00:12:26dans une ville
00:12:26qui était très enclavée,
00:12:28on ne sortait pas
00:12:29tant que ça.
00:12:30On n'avait pas,
00:12:31même à 15 ans,
00:12:32je ne pouvais pas
00:12:32moyen aller jusqu'à Paris
00:12:33parce que ça faisait très loin.
00:12:35Très loin dans quelle mesure ?
00:12:36Très loin en termes de transport ?
00:12:37En termes de transfert,
00:12:38parce qu'on était vraiment enclavés,
00:12:39donc il fallait prendre un bus,
00:12:40etc.
00:12:41Et puis c'était un peu loin,
00:12:42on n'avait rien à côté
00:12:43et puis on n'avait pas
00:12:45des moyens de facilité
00:12:46pour y accéder.
00:12:48Donc avec cet abandon,
00:12:50honnêtement,
00:12:50j'ai voulu moi-même
00:12:52abandonner à un moment donné
00:12:53en me disant
00:12:54à cet âge-là,
00:12:55moi je ne veux plus vivre
00:12:56sur le territoire de Clichus
00:12:58ou pas parce que
00:12:59en fait,
00:13:00ce n'est pas possible
00:13:00de vivre dans des conditions.
00:13:01Donc j'ai pris cette conscience
00:13:02aussi qu'il y avait
00:13:04quelque chose qui n'allait pas
00:13:05par rapport à l'extérieur.
00:13:07Je parle d'extérieur
00:13:08même si c'est la France.
00:13:10Mais voilà,
00:13:12à un moment donné,
00:13:13avec tout ce qui s'est passé,
00:13:15il y a eu une rénovation
00:13:17aussi urbaine
00:13:17qui se fait dans le quartier.
00:13:20Je grandis avec
00:13:21et à un moment donné,
00:13:24en voyant ma ville transformée,
00:13:27c'est de là
00:13:27où j'ai pris une trajectoire
00:13:29de me dire que
00:13:31l'architecture,
00:13:32en fait,
00:13:33la manière dont on construit
00:13:34pour les habitants,
00:13:35elle ne devrait pas être
00:13:36standardisée
00:13:37par des thématiques
00:13:40ou par juste
00:13:41un agencement simple,
00:13:43etc.,
00:13:44qu'il fallait aller au-delà
00:13:46parce qu'on est tous différents,
00:13:48on a des besoins
00:13:49et que c'était important
00:13:49de construire
00:13:50pour une population
00:13:51qui va se sentir bien.
00:13:54Voilà,
00:13:55donc ce mal-être
00:13:55qu'on avait,
00:13:56qu'on s'est emballé
00:13:56à l'époque,
00:13:58de se dire,
00:13:58mais au moins,
00:13:59si demain,
00:13:59on doit construire
00:14:00dans un territoire
00:14:00qu'on le fasse bien,
00:14:01que les gens se sentent
00:14:02au moins très bien
00:14:04chez eux
00:14:04et la manière
00:14:06dont on construit aussi.
00:14:06Le mal-être,
00:14:07vous le liez à l'époque
00:14:08au logement ?
00:14:09Vous faites un lien direct ?
00:14:10Alors,
00:14:10j'habitais au Chêne Pointue.
00:14:11Il faut savoir
00:14:11qu'on est restés
00:14:12plus de six ans,
00:14:14j'ai habité au sixième étage,
00:14:15plus de six ans
00:14:15sans ascenseur,
00:14:17ce qui est énorme.
00:14:19Mes parents souffraient,
00:14:20on souffrait tous,
00:14:21on allait à l'école
00:14:22et puis c'est devenu
00:14:23pareil,
00:14:23une normalité.
00:14:25Mais oui,
00:14:26il y a ce genre
00:14:28de prise en compte
00:14:29qui se traduit aussi
00:14:32par le mal-être
00:14:33dans l'habitation
00:14:34et au niveau
00:14:36de l'infrastructure,
00:14:39au niveau aussi
00:14:39de ce qui peut être présent
00:14:41dans le territoire
00:14:41pour nous,
00:14:43la jeunesse,
00:14:43à l'époque,
00:14:43il y avait la SMJ,
00:14:45je crois.
00:14:46Mais je crois
00:14:47que c'était presque,
00:14:49pour les jeunes,
00:14:50c'était pratiquement tout.
00:14:52Combien d'associations
00:14:53aujourd'hui ?
00:14:53Sur ce qui fait ce bois ?
00:14:54Une de 300,
00:14:55dont une centaine
00:14:56actives au quotidien
00:14:57qui se substituent
00:14:58forcément beaucoup
00:14:59au service public
00:15:00qui est encore manquant
00:15:01aujourd'hui,
00:15:01même si c'est
00:15:03considérablement
00:15:03arrangé quand même.
00:15:05Par rapport
00:15:05à d'autres quartiers,
00:15:07oui,
00:15:07je vous le confirme,
00:15:08effectivement,
00:15:09il y a eu du mouvement
00:15:09ici.
00:15:10En quelques mots,
00:15:11comment vous décrivez
00:15:13la ville
00:15:13de Clichy-Soubo
00:15:14aujourd'hui ?
00:15:15Alors,
00:15:15c'est une ville
00:15:16qui bouge,
00:15:16qui change.
00:15:17On a des nouveaux
00:15:18bâtiments comme le
00:15:19conservatoire
00:15:19dans lequel on est
00:15:20aujourd'hui.
00:15:21On est en train
00:15:21de construire,
00:15:22il y a eu un premier
00:15:23bâtiment qui s'appelle
00:15:26les Ateliers Médicis,
00:15:26qui est un lieu
00:15:27de résidence artistique,
00:15:28qui a ouvert en 2018,
00:15:31donc qui a été
00:15:32lié,
00:15:34malheureusement,
00:15:35à l'événement
00:15:35de 2005.
00:15:39Donc,
00:15:39il y a pas mal
00:15:41de choses
00:15:41qui sont en train
00:15:42de se faire.
00:15:43On a un nouveau métro
00:15:44qui va arriver aussi.
00:15:46Beaucoup d'espoir.
00:15:47Voilà,
00:15:47le métro,
00:15:48c'est un espoir.
00:15:50Il y a eu le tramway,
00:15:51ça m'a gentil.
00:15:52Juste pour préciser,
00:15:53vous étiez à peu près
00:15:54à 1h40 du centre
00:15:56de Paris.
00:15:57Là,
00:15:57vous aurez à 20 minutes
00:15:59de Paris,
00:15:59pas forcément centre.
00:16:00Voilà,
00:16:01à peu près,
00:16:01voilà,
00:16:01exactement.
00:16:02Donc,
00:16:02ce qui change
00:16:03complètement la donne.
00:16:04Moi,
00:16:04je sais que,
00:16:06j'étais à l'école
00:16:07de Marna Vallée,
00:16:08j'en avais pour
00:16:08deux heures en transport
00:16:09et là,
00:16:11en 15 minutes,
00:16:12on pourrait y accéder
00:16:13directement.
00:16:14Donc,
00:16:14on a beaucoup
00:16:15d'espoir,
00:16:16effectivement,
00:16:16avec ces changements.
00:16:18Hélène Asfeld,
00:16:19votre regard d'urbanisme,
00:16:21parce que vous avez
00:16:21travaillé beaucoup
00:16:21sur l'urbanisme.
00:16:22Je ne sais pas
00:16:23si on peut dire
00:16:23que vous êtes urbaniste.
00:16:23Je ne suis pas urbaniste.
00:16:25En tout cas,
00:16:26de politologue
00:16:27intéressé par l'urbanisme.
00:16:29C'est assez exceptionnel,
00:16:30finalement,
00:16:31ce qui se passe
00:16:31aujourd'hui dans la ville.
00:16:34Oui,
00:16:34il y a effectivement
00:16:35pas mal de transformations
00:16:38que j'ai vues,
00:16:40beaucoup de chantiers.
00:16:41Les premières fois,
00:16:42je suis arrivée
00:16:43à Clichy-sous-Bois,
00:16:44c'est-à-dire en 2017.
00:16:46Mais en même temps,
00:16:49ma fréquentation
00:16:50avec des architectes
00:16:52ou urbanistes
00:16:52me fait dire
00:16:53que ce ne sont pas eux,
00:16:56et ils le savent,
00:16:57qui, au fond,
00:16:59empêchent les révoltes.
00:17:01Ce n'est pas
00:17:01le cadre bâti
00:17:02qui va permettre
00:17:04ou empêcher
00:17:06les révoltes.
00:17:08Je crois que ça,
00:17:08c'est extrêmement important.
00:17:10Et quand, moi,
00:17:11j'ai fait des entretiens
00:17:13avec des habitants,
00:17:15avec des gens
00:17:16qui sont des militants
00:17:17proches
00:17:18d'Assez-le-feu,
00:17:20j'ai constaté
00:17:21qu'ils ne me parlent pas
00:17:23d'abord,
00:17:25justement,
00:17:26de leur habitat,
00:17:27de leur logement,
00:17:29de leur quartier.
00:17:31Non,
00:17:31ils me parlent
00:17:32de la façon
00:17:34dont il y avait,
00:17:36il y a encore,
00:17:37des solidarités,
00:17:39des liens
00:17:39entre les gens.
00:17:41Et que, justement,
00:17:41la rénovation urbaine
00:17:43tend à casser
00:17:44avec l'éloignement
00:17:47des populations
00:17:48dans d'autres logements
00:17:49qu'ils n'ont pas
00:17:49forcément choisi,
00:17:52des jeunes
00:17:53qui avaient
00:17:54des copains
00:17:55au collège,
00:17:57au lycée,
00:17:57eh bien non,
00:17:58ils ne les ont plus
00:17:59parce que la famille
00:18:00a dû déménager
00:18:01plus loin.
00:18:04Ils ne se retrouvent plus
00:18:05entre jeunes
00:18:06aux mêmes endroits.
00:18:08Il y a des souvenirs
00:18:09qui disparaissent aussi.
00:18:10C'est toute la question
00:18:11de la destruction
00:18:12des lieux.
00:18:13Moi, j'ai beaucoup
00:18:14travaillé aussi
00:18:14avec des étudiants
00:18:15en école d'architecture
00:18:17sur cette question-là,
00:18:19montrer l'importance
00:18:20de la destruction,
00:18:24à la signification.
00:18:25Mais ces travaux
00:18:25étaient parfaitement nécessaires.
00:18:27Je pense que ça faisait partie
00:18:28aussi des cahiers
00:18:28de doléances à l'époque.
00:18:30Qu'est-ce que vous en pensez
00:18:31par rapport à ça ?
00:18:32Le plan de rénovation urbaine
00:18:33s'est enclenché,
00:18:35je crois,
00:18:35si mon souvenir est bon,
00:18:36en 2002.
00:18:37Je parlais à Jordi Borloo,
00:18:39je crois,
00:18:39qui était ministre en 2004.
00:18:42Donc, un an avant.
00:18:43C'était quelque chose
00:18:44qui était enclogé.
00:18:44Après, effectivement,
00:18:47moi, mon constat,
00:18:48en tout cas aujourd'hui,
00:18:49même en tant qu'élu,
00:18:50c'est que même si
00:18:51le cadre urbain
00:18:53avance pas mal,
00:18:57même s'il y a
00:18:57des effets pervers derrière,
00:18:59on pourra en reparler,
00:19:00parce que ces opérations
00:19:02de rénovation urbaine
00:19:03se font dans une chronologie
00:19:05assez vite.
00:19:06On peut se poser
00:19:06la question aussi
00:19:07de la qualité.
00:19:07peut-être rédiger,
00:19:08tu pourras en dire un mot,
00:19:10mais en tout cas,
00:19:10les retours qu'on a,
00:19:11c'est qu'il y a à peine livré,
00:19:12qu'il y a déjà des problèmes
00:19:13qui sont des malfaçons.
00:19:15Et donc,
00:19:16ça pose aussi la question,
00:19:17et non,
00:19:18c'est beaucoup aussi
00:19:18dans les retours
00:19:19dans les cahiers de doléances,
00:19:19mais aussi en discutant
00:19:20avec les habitants
00:19:21et notamment la jeunesse.
00:19:22Tu parlais des taux
00:19:24exponentiels de chômage
00:19:26qu'il y a,
00:19:26notamment à travers
00:19:27la jeunesse clichoise,
00:19:29de ces clauses d'insertion
00:19:30qui n'ont pas toujours
00:19:31été respectées.
00:19:32On va en venir voir,
00:19:34et pas que les jeunes
00:19:35qui souhaitent travailler,
00:19:36mais aussi les auto-entrepreneurs
00:19:37qui sont sur le territoire
00:19:38et qui ne se sont pas vus
00:19:39malheureusement
00:19:40proposer des contrats,
00:19:44parce que là,
00:19:44on sait très bien
00:19:44qu'il y a tout un tas
00:19:45de sous-traitants
00:19:46à travers ces gros marchés.
00:19:48Et tout ça,
00:19:49bon, là,
00:19:49à tort ou à raison,
00:19:51je ne juge pas,
00:19:51mais c'est une réalité aussi.
00:19:54Et aussi,
00:19:55pour revenir vraiment
00:19:56sur l'aspect urbain,
00:19:57ce que ça a contribué
00:19:57à la présence,
00:19:59c'est vrai qu'il y a
00:19:59le côté urbain,
00:20:00il y a le côté humain.
00:20:01Et sur le côté urbain,
00:20:02c'est vrai que la ville,
00:20:03c'est vrai que les choix
00:20:05qui ont quitté la ville
00:20:06et qui s'y reviennent,
00:20:07seraient étonnés
00:20:08de voir comment la ville
00:20:09a changé,
00:20:11notamment sur une grosse part,
00:20:12plutôt sur le Haut-Clichy.
00:20:14Mais c'est vrai
00:20:15que sur l'aspect urbain,
00:20:16malheureusement,
00:20:16on est encore loin.
00:20:18C'était des chantiers
00:20:19qui auraient dû avancer
00:20:20parallèlement.
00:20:20Les Clichois ne sont pas
00:20:21plus riches qu'il y a 20 ans.
00:20:22Bienheureusement,
00:20:23ils sont bien évidemment
00:20:23plus pauvres.
00:20:24et c'est vrai qu'il ne suffit
00:20:26pas juste d'amener
00:20:27de nouveaux habitats,
00:20:29même si c'est important
00:20:29et d'avoir de la dignité,
00:20:32de remettre de la dignité
00:20:32dans ces habitats,
00:20:33il en fallait.
00:20:35Mais par exemple,
00:20:36si je reprends aussi
00:20:38la structuration,
00:20:39l'architecture
00:20:39de ces bâtiments-là,
00:20:41il n'y a plus d'espace
00:20:42de vie sociale.
00:20:44Avant d'arriver
00:20:45à son appartement,
00:20:46on a trois sas,
00:20:47trois à quatre sas.
00:20:48Donc, ça coûte
00:20:50tout lien social
00:20:51dans l'immeuble
00:20:53ou dans la résidence.
00:20:53Ce n'était pas une demande
00:20:54des habitants du tout,
00:20:55cette résidence.
00:20:55Juste pour qu'on comprenne,
00:20:56on est passé de grande tour
00:20:57à des immeubles plus petits
00:20:59sur trois, quatre étages
00:21:00avec effectivement
00:21:01une sorte de digicode,
00:21:03un petit sas en amont,
00:21:05deux sas.
00:21:06Ça, ce n'était pas du tout
00:21:06une demande des habitants.
00:21:07En tout cas,
00:21:07on ne les a pas concertés
00:21:08sur ça.
00:21:09Et si je prends
00:21:10un exemple concret,
00:21:11par exemple,
00:21:11sur l'architecture,
00:21:12il y a tout un bâtiment,
00:21:14un des premiers bâtiments
00:21:15qui a été livré.
00:21:18Et l'aménagement,
00:21:20en tout cas,
00:21:20l'arrivée des habitants
00:21:22a mis du temps
00:21:23parce qu'un certain nombre
00:21:24d'entre eux
00:21:24ont refusé les habitations,
00:21:26notamment parce que
00:21:26les cuisines étaient ouvertes
00:21:27sur les habitations.
00:21:28Donc, il y a aussi des...
00:21:30Alors, on est content
00:21:31d'avoir un logement,
00:21:31ce n'est pas ça,
00:21:32mais les habitants
00:21:34ont préféré
00:21:34avoir la cuisine fermée.
00:21:36Et donc, du coup,
00:21:36des réaménagements
00:21:37ont dû être opérés
00:21:39pour que ces nouvelles familles
00:21:40puissent réintégrer
00:21:42ces logements-là.
00:21:43Et voilà,
00:21:44quel temps de perdu
00:21:44si on aurait pris en amont
00:21:46la parole des habitants.
00:21:48Donc, c'est vrai
00:21:48qu'à ce niveau-là,
00:21:50voilà, ça, c'est un exemple concret.
00:21:52Après, il y en a d'autres.
00:21:54Mais voilà,
00:21:54pour dire qu'aussi,
00:21:55aujourd'hui,
00:21:55s'entrechoque
00:21:56la situation humaine
00:21:58et la situation urbaine.
00:22:00Et voilà,
00:22:01même si on parle
00:22:02d'habitation proprement dite,
00:22:04donc bâtiment,
00:22:04il y a toutes les infrastructures
00:22:05qu'il faut aussi
00:22:06pour créer cette nouvelle ville
00:22:08et qui, aujourd'hui,
00:22:09restent manquantes,
00:22:10voilà,
00:22:11et notamment autour
00:22:12de la jeunesse
00:22:12où ce que les points
00:22:13de rassemblement social
00:22:16sont encore très rares,
00:22:18même si, voilà,
00:22:18avec la ville,
00:22:19on essaie quand même
00:22:20de faire des choses
00:22:21et de tisser associatives.
00:22:22J'aimerais rebondir.
00:22:24Oui, sur les consultations,
00:22:25ça peut être intéressant
00:22:25d'avoir votre point de vue là-dessus
00:22:26parce que vous avez vraiment
00:22:27travaillé sur la consultation.
00:22:28En fait, je vais citer un exemple
00:22:30qui, justement,
00:22:32en prenant son temps,
00:22:34a forcément coché
00:22:35pas mal de cases
00:22:36que tu disais là
00:22:37à l'instant,
00:22:38midi.
00:22:39Donc, je vais parler
00:22:40des ateliers Médicis.
00:22:41Donc, tout à l'heure,
00:22:41j'avais parlé
00:22:42des premiers ateliers Médicis
00:22:43à Clichy-Cebois.
00:22:44On va parler maintenant
00:22:45du futur bâtiment
00:22:47des ateliers Médicis
00:22:48qui va...
00:22:49Qui est assez gigantesque,
00:22:50il faut le dire.
00:22:51Qui est assez gigantesque,
00:22:51un mille mètre carré d'usage
00:22:52et en fait,
00:22:53qui est très ambitieux.
00:22:54Donc, c'est l'idée,
00:22:56la première idée,
00:22:57elle est là depuis,
00:22:58on va dire, 2007.
00:23:00Donc, 2016 jusqu'à 2025.
00:23:03Il y a eu énormément d'années,
00:23:06mais en tout cas,
00:23:06ces années-là,
00:23:07elles ont été aussi essentielles.
00:23:09En 2018,
00:23:10on livre le premier bâtiment
00:23:10parce qu'on voulait
00:23:11un bâtiment assez unique.
00:23:13On n'a pas forcément...
00:23:15On ne sait pas forcément
00:23:15ce qu'on va faire à l'intérieur,
00:23:16mais en tout cas,
00:23:17on s'inspire de la Villa Médicis,
00:23:18etc., à Rome.
00:23:20Mais l'idée,
00:23:21c'est déjà de construire
00:23:22un premier bâtiment
00:23:22pour montrer déjà
00:23:23aux habitants
00:23:25ce qui va pouvoir
00:23:27se faire à l'intérieur
00:23:27et surtout écouter les envies.
00:23:29C'est-à-dire que
00:23:29c'était un bâtiment
00:23:30qui était complètement
00:23:31polyvalent
00:23:32et polyvalent d'usage aussi.
00:23:35Ce qui fait qu'on a
00:23:35pas mal testé,
00:23:36en fait,
00:23:36les Atomidics
00:23:37ont pas mal testé
00:23:37énormément de disciplines,
00:23:39mais en même temps,
00:23:40grâce à ce bâtiment-là,
00:23:41ils ont préparé
00:23:41le futur projet.
00:23:42C'est-à-dire qu'ils ne sont pas
00:23:43venus dessiner le projet
00:23:44suite à quelques années.
00:23:46Donc, il y a eu des consultations,
00:23:48il y a eu des débats
00:23:48qui ont été faits en 2020.
00:23:51La première table ronde,
00:23:52donc, en 2020,
00:23:53il y avait des chercheurs,
00:23:56des ingénieurs,
00:23:57des architectes
00:23:57et surtout des habitants
00:23:58qui étaient importants
00:23:59d'écouter leurs paroles
00:24:00et d'essayer d'imaginer
00:24:02un peu à quoi
00:24:04pouvait ressembler
00:24:04le futur projet.
00:24:06Et de là,
00:24:06en fait,
00:24:06on a eu,
00:24:07à la fin de ce débat-là,
00:24:09il y a eu un cahier des rêves
00:24:10qui a été mis en place.
00:24:11Donc, on a récupéré
00:24:12un peu toutes les paroles
00:24:12des gens qui souhaitaient
00:24:15qu'ils avaient participé
00:24:15à ce débat.
00:24:16Et qu'est-ce qui ressortait,
00:24:17alors ?
00:24:18Apprendre de la hauteur,
00:24:19on veut un endroit
00:24:20où on peut se promener,
00:24:22on veut un endroit
00:24:23où on peut manger,
00:24:25où on peut vraiment se...
00:24:26Voilà,
00:24:26où on peut venir...
00:24:27Se rassembler.
00:24:28Je crois que tu avais participé.
00:24:30Se rassembler.
00:24:31Se rassembler, oui.
00:24:32Comme dans toutes les villes,
00:24:33en fait.
00:24:33Voilà.
00:24:34Donc, c'était extrêmement important
00:24:35pour eux
00:24:36de découvrir des disciplines.
00:24:39Donc, en fait,
00:24:39tout ça,
00:24:41mis bout à bout.
00:24:42Donc, on a eu
00:24:42des premières consultations,
00:24:43il y a eu un cahier des charges
00:24:44qui a été donné
00:24:45aux programmistes.
00:24:48On a eu une deuxième consultation
00:24:49avec les habitants.
00:24:50En fait, tout ça
00:24:50ne s'est pas fait seul.
00:24:52On l'a fait vraiment avec,
00:24:53pour eux
00:24:54et avec les habitants.
00:24:55Et ce qui fait qu'aujourd'hui,
00:24:56on a un bâtiment
00:24:57qui prend sens
00:25:00dans le territoire.
00:25:01C'est-à-dire que pour les gens,
00:25:02quand ils viennent maintenant,
00:25:04on a installé
00:25:05une permanence architecturale,
00:25:06donc on ne s'est pas arrêté là.
00:25:07C'est-à-dire qu'après le concours,
00:25:09donc l'agence a gagné
00:25:10un concours en mars 2022.
00:25:11Je les ai rejoints
00:25:13en juillet 2022
00:25:14pour une permanence architecturale.
00:25:16Donc c'était aussi se dire
00:25:18on installe une architecte
00:25:20ou un architecte
00:25:20sur le territoire
00:25:21dans lequel on va venir construire.
00:25:22Chose qui ne se font pas
00:25:23quand on construit malheureusement
00:25:24des bâtiments.
00:25:26Donc ça, c'était vraiment
00:25:26deux ans avant le début
00:25:28de construction.
00:25:29Ce qui a permis
00:25:30de travailler encore
00:25:32sur le projet
00:25:33et de l'enrichir
00:25:34de manière plus humaine.
00:25:37Je dis ça
00:25:38parce que grâce
00:25:38à cette permanence,
00:25:41le fait que, voilà,
00:25:42moi je suis clichoise,
00:25:42dont je connaissais le territoire,
00:25:43j'ai pu repérer
00:25:46les marches
00:25:47par exemple
00:25:48du chêne pointu
00:25:48qu'on va pouvoir intégrer
00:25:49dans le projet.
00:25:52Et ça, c'est quelque chose
00:25:53qui, sans cette permanence-là,
00:25:55il y a les faillances aussi
00:25:56de la mosquée
00:25:56et du hammam
00:25:56qui sont très importantes,
00:25:58qui allaient être démonies.
00:25:59Et ça, pour les gens,
00:26:01c'était vraiment...
00:26:02C'est une part d'histoire.
00:26:03C'est une part d'histoire
00:26:03qui allait partir.
00:26:04Ça fait plus de 30 ans.
00:26:06Tous les fidèles, voilà,
00:26:07viennent à cette occasion.
00:26:09Mais ça, c'est votre idée.
00:26:10C'est vous qui avez l'idée.
00:26:11Parce qu'en fait,
00:26:12ça ne se serait pas passé.
00:26:13En fait, moi,
00:26:13je suis partie à la consultation,
00:26:15on va dire,
00:26:15un peu de tout le monde.
00:26:17Et puis, on me dit,
00:26:17il y a des démolitions ici.
00:26:18Ah, il y a ça ici.
00:26:19Donc, c'est en fait là
00:26:20où je suis partie voir
00:26:21ce qui se faisait réellement.
00:26:23Et oui,
00:26:24grâce à cette permanence,
00:26:25oui,
00:26:26j'ai pris ces clichés-là.
00:26:28Ça a été validé.
00:26:29Et là,
00:26:30c'est tout un travail maintenant
00:26:31pour pouvoir
00:26:31les récupérer de ça.
00:26:33Maintenant, c'est fait.
00:26:34Donc, il y a eu
00:26:34tout un travail en amont.
00:26:36Donc, voilà.
00:26:37La dernière fois,
00:26:37on a fait une journée
00:26:38portes ouvertes.
00:26:40On a une jeune clichoise
00:26:41qui était franchement en larmes.
00:26:44Parce qu'elle a dit,
00:26:44je ne pensais jamais revoir
00:26:46ces marches de ma vie.
00:26:47Et là, elle dit maintenant
00:26:48qu'ils vont être intégrés
00:26:48dans ce bâtiment.
00:26:49Elle viendra tout le temps
00:26:50prendre un café
00:26:51pour pouvoir juste
00:26:52s'asseoir sur ces marches.
00:26:53Parce que sa grand-mère,
00:26:54elle a marché.
00:26:55Sa mère, elle a marché.
00:26:56Elle, elle a marché.
00:26:56Ses enfants ont marché
00:26:57sur ces marches.
00:26:58Et là, pour nous,
00:26:59c'est une grande victoire.
00:27:01C'est ça,
00:27:02l'idée de se dire aussi,
00:27:03de consulter
00:27:03et de prendre le temps.
00:27:04C'est de faire les choses
00:27:05à l'échelle humaine.
00:27:08C'est vrai que c'est
00:27:08un grand bâtiment,
00:27:09mais c'est important
00:27:10de le faire à l'échelle humaine
00:27:11et de prendre son temps
00:27:12de faire les choses.
00:27:13Justement,
00:27:13prendre le temps
00:27:14en en parler.
00:27:14Aminata,
00:27:15la question qu'on entend,
00:27:17c'est comment s'approprier
00:27:18un lieu qui va arriver ici,
00:27:21un lieu ambitieux.
00:27:22Comment est-ce que les Clichois
00:27:23peuvent se l'approprier ?
00:27:24Est-ce que vous,
00:27:25vous pensez
00:27:25qu'ils vont le faire ?
00:27:27Moi, j'ai beaucoup d'ambition
00:27:28pour les Clichois.
00:27:30Je pense que bien souvent,
00:27:33justement,
00:27:34on pense à la place des gens
00:27:36par rapport à des présupposés.
00:27:38C'est-à-dire qu'on se dit
00:27:39que ce type de personnes
00:27:42n'est pas forcément
00:27:44intéressées par la culture.
00:27:45Ce type de personnes
00:27:46n'est pas forcément intéressées
00:27:47par la mémoire,
00:27:48par l'histoire,
00:27:49par la politique,
00:27:51par l'éducation,
00:27:53par la sécurité,
00:27:54par la propreté, etc.
00:27:55On se dit,
00:27:56en fait,
00:27:56on va hiérarchiser
00:27:57à la place des gens
00:27:58leurs besoins.
00:27:59On va hiérarchiser
00:28:00à la place des gens
00:28:01ce qu'ils veulent,
00:28:02des volontés.
00:28:02Et c'est en ça
00:28:05que, du coup,
00:28:06moi, j'apprends
00:28:06comment ça s'est passé
00:28:07et je suis très heureuse.
00:28:09Ça m'émeut un petit peu,
00:28:10d'ailleurs,
00:28:11de savoir que
00:28:12les choses peuvent bien se faire
00:28:14et pour qu'elles se fassent bien,
00:28:17il faut impliquer,
00:28:18il faut avoir cette volonté
00:28:19d'impliquer des habitants.
00:28:21Il faut avoir cette volonté
00:28:23d'impliquer des habitants
00:28:24et arrêter de penser
00:28:25à leur place
00:28:25et arrêter de croire
00:28:27que parce qu'on agit pour eux,
00:28:29et ça,
00:28:29pour l'exemple du logement
00:28:31avec la cuisine ouverte,
00:28:32moi, ça me fait sourire
00:28:33parce que ça me fait penser
00:28:34à nos mamans
00:28:35qui, effectivement,
00:28:36détestent les cuisines ouvertes.
00:28:38Et c'est une évidence pour nous.
00:28:39Mais il y a peut-être
00:28:39une nouvelle génération
00:28:40qui aime les cuisines ouvertes.
00:28:41Peut-être aussi.
00:28:42Mais c'est une anecdote
00:28:44qui dit beaucoup aussi.
00:28:45C'est pas transmission, non ?
00:28:46C'est vrai.
00:28:48On ferme les cuisines.
00:28:49Mais c'est vrai
00:28:49qu'on a l'habitude aussi
00:28:53de penser
00:28:53que parce qu'on agit
00:28:54pour les gens,
00:28:56alors ils n'ont rien à demander.
00:28:58C'est-à-dire que
00:28:58soyez heureux, en fait.
00:28:59Contentez-vous
00:29:00de ce qu'on vous donne.
00:29:00Déjà, on vous donne.
00:29:01Ben non, en fait.
00:29:03Les administrés,
00:29:04le contrat social
00:29:05qui existe entre
00:29:07l'État
00:29:08et ses administrés,
00:29:09et j'insiste
00:29:10sur le mot administré
00:29:11et pas français,
00:29:13avec les administrés,
00:29:14parce que, par exemple,
00:29:15une personne qui ne serait pas française
00:29:16et qui commettrait un crime
00:29:17en France,
00:29:18elle est soumise
00:29:18à la loi française.
00:29:20Donc, l'État
00:29:21a ce pacte social,
00:29:23a ce contrat social
00:29:24avec les administrés.
00:29:27Les administrés, eux,
00:29:28payent des impôts
00:29:30qui nourrissent
00:29:31le budget de l'État
00:29:32et l'État, en contrepartie,
00:29:34doit assurer sa sécurité
00:29:35et son bien-être
00:29:36économique et social.
00:29:37Alors,
00:29:39les impôts,
00:29:39on le sait tous,
00:29:41même si vous n'êtes pas imposable,
00:29:43vous payez la TVA
00:29:43et la TVA,
00:29:44c'est plus de 50%
00:29:45des impôts,
00:29:46des recettes
00:29:47pour l'État français.
00:29:49Donc, à partir de ce moment-là,
00:29:51toute personne,
00:29:52même qui n'est pas française
00:29:53ou qui n'est pas forcément imposable,
00:29:57est légitime
00:29:57à demander
00:29:58à ce que l'État
00:30:00garantisse
00:30:00effectivement
00:30:01son bien-être
00:30:02économique et social
00:30:03et sa sécurité.
00:30:04Et ça passe par ça.
00:30:05Et qu'elle garde son mot à dire
00:30:06au passage.
00:30:06Parce que ce que vous disiez,
00:30:07c'est qu'on n'est pas sorti
00:30:08du paternalisme,
00:30:09en fait.
00:30:09Exactement.
00:30:10On doit lui garantir.
00:30:12Ça fait partie
00:30:13du triptyque républicain,
00:30:15fraternité,
00:30:16donc...
00:30:16Même les personnes
00:30:17qui ne sont pas imposables
00:30:18payent des impôts
00:30:19parce qu'elles payent
00:30:20la TVA.
00:30:20Tout le monde consomme.
00:30:21Oui.
00:30:22Et moi,
00:30:22je voudrais juste revenir
00:30:23sur le...
00:30:24Effectivement,
00:30:24cette...
00:30:27Avec Assez le fond,
00:30:28on s'est créé de ça,
00:30:29c'est-à-dire redonner
00:30:29la parole aux habitants.
00:30:30C'est parce que pendant
00:30:31ces événements-là,
00:30:32on s'est vu déposséder
00:30:33quand même l'analyse
00:30:35et la lecture
00:30:35de ces événements-là
00:30:37il y a 20 ans
00:30:38et notamment
00:30:38sur les plateaux de télévision
00:30:40où se succédaient
00:30:41un certain nombre
00:30:42de spécialistes,
00:30:44soi-disant,
00:30:44de la banlieue.
00:30:45Et donc,
00:30:46on a cru tout entendre
00:30:48que ces événements
00:30:49étaient dus au rap,
00:30:50à l'immigration,
00:30:51à la polygamie.
00:30:52Et donc,
00:30:52il était important pour nous
00:30:53de redonner la parole
00:30:54aux habitants
00:30:54et c'est vraiment
00:30:55sur ces fondamentaux-là
00:30:56qu'on a créé
00:30:58au départ
00:30:59ce collectif-là
00:31:01et de redonner aux habitants
00:31:02et c'est pour ça
00:31:02que le cahier de l'élance
00:31:03c'était une illustration
00:31:04de première action
00:31:07de ce qu'on voulait faire
00:31:09en redonnant la parole
00:31:09aux habitants,
00:31:10d'aller concerter
00:31:10les citoyens
00:31:11et bien évidemment
00:31:12démontrer aussi
00:31:13qu'on était des Français
00:31:14à part entière
00:31:15et non entièrement à part
00:31:16de par l'histoire aussi
00:31:17de ces cahiers de l'élance
00:31:18qui font référence
00:31:19bien évidemment
00:31:19à la Révolution française
00:31:20et aux états généraux
00:31:22et donc d'aller concerter
00:31:24les citoyens
00:31:24dans toute sa diversité
00:31:25en sillonnant
00:31:25les différents quartiers
00:31:27de France.
00:31:28Qu'est-ce qu'il en reste
00:31:29justement de ce grand
00:31:30moment,
00:31:31enfin un grand moment
00:31:31d'histoire,
00:31:32les cahiers de l'élance,
00:31:34qu'est-ce qu'il en reste
00:31:35aujourd'hui ?
00:31:36Est-ce que ça a été,
00:31:38ça a donné quelque chose ?
00:31:39Qu'est-ce que vous en diriez
00:31:40à la suite ?
00:31:41Oui, enfin votre question
00:31:43elle me donne l'occasion
00:31:44justement de rebondir
00:31:45sur ce que viennent de dire
00:31:47Kedija
00:31:48et Aminata
00:31:49puis bien sûr aussi
00:31:50bien sûr
00:31:52du côté de Médie
00:31:54parce que ce qui est montré
00:31:56c'est que
00:31:57contrairement à ce qu'on croit
00:31:59et dit quelquefois
00:32:00à Clichy-sous-Bois
00:32:02et dans bien sûr
00:32:03d'autres quartiers
00:32:03ce ne sont pas
00:32:04des déserts culturels.
00:32:05Là, il y a quelque chose
00:32:09qui émane
00:32:10des habitants.
00:32:11Moi je l'ai vu
00:32:11en travaillant
00:32:12avec les jeunes
00:32:13ces dernières années
00:32:14c'est-à-dire
00:32:15qu'ils font
00:32:17de la musique,
00:32:18ils font de la danse,
00:32:19ils font bien sûr
00:32:19du rap, etc.
00:32:21Il y a tout un appétit
00:32:22d'être reconnus
00:32:24dans leur production
00:32:26culturelle.
00:32:28Donc ce ne sont pas
00:32:30des déserts culturels
00:32:31et ce ne sont pas
00:32:32surtout au fond
00:32:33des déserts politiques
00:32:35c'est-à-dire que là
00:32:37moi ce qui me semble
00:32:37important pour répondre
00:32:38à votre question
00:32:39c'est que comme dans
00:32:41la démarche d'assez-le-feu
00:32:42pour les cahiers
00:32:43de doléances
00:32:44ont fait partir
00:32:46les besoins,
00:32:48les demandes,
00:32:49les propositions aussi
00:32:51des gens
00:32:52de ce qu'ils ont
00:32:54à dire
00:32:55au sujet
00:32:56de leur logement,
00:32:57de leur emploi,
00:32:58de la précarité,
00:32:59des discriminations,
00:33:01etc.
00:33:02Et là
00:33:03on le voit bien
00:33:04à travers
00:33:04ce que vous avez dit.
00:33:06Donc je crois
00:33:07qu'il y a
00:33:08une sorte de prolongement
00:33:10de ce qui a été fait
00:33:12autour
00:33:13et à partir
00:33:14des cahiers
00:33:16de doléances
00:33:16du point de vue
00:33:17d'une démarche
00:33:18d'une démarche citoyenne
00:33:20ou comme le disait
00:33:21aussi
00:33:22Humedi
00:33:23où on part
00:33:25de l'application
00:33:26de la devise républicaine
00:33:28liberté, égalité, fraternité
00:33:30et puis on dit
00:33:30comment est-ce que
00:33:32dans notre ville
00:33:33on peut être
00:33:35conscient
00:33:36et acteur
00:33:37de la mise
00:33:40en place
00:33:41de liberté,
00:33:43égalité, fraternité.
00:33:44Alors justement,
00:33:45vous avez parlé,
00:33:45vous avez beaucoup travaillé
00:33:46avec les jeunes.
00:33:47Quel écho chez les jeunes
00:33:48quand vous leur transmettez,
00:33:49quand vous essayez
00:33:50de leur transmettre
00:33:50ce moment d'histoire-là ?
00:33:52Alors,
00:33:54en fait,
00:33:56ce sur quoi
00:33:57j'ai travaillé
00:33:58avec eux,
00:34:00c'est justement
00:34:01sur le fait
00:34:01que
00:34:02l'histoire
00:34:04de 2005,
00:34:05comme l'a dit
00:34:06Mehdi tout à l'heure,
00:34:07qui est assez mal connue
00:34:08d'eux,
00:34:08parce que même
00:34:08ils sont capables
00:34:09de spontanément
00:34:10de dire émeute.
00:34:12Ils savent
00:34:13qu'Assez le feu
00:34:13a à peu près
00:34:14été créé là,
00:34:15à ce moment-là,
00:34:16mais ils ne le savent pas.
00:34:17Donc,
00:34:17ce que nous avons fait ensemble,
00:34:19c'est que
00:34:20nous avons élargi
00:34:22à d'autres luttes,
00:34:24à d'autres moments
00:34:25dans l'histoire,
00:34:26en remontant,
00:34:28par exemple,
00:34:29aux luttes,
00:34:30à l'histoire
00:34:30de leurs grands-parents
00:34:32ou de leurs parents,
00:34:33lutte contre
00:34:34des formes
00:34:35de colonisation,
00:34:37lutte pour
00:34:38des libérations
00:34:39nationales,
00:34:41et puis,
00:34:43lutte pour les droits.
00:34:44On l'a très bien vu
00:34:45en travaillant
00:34:45en 2023
00:34:47sur l'anniversaire
00:34:49de la marche
00:34:51pour l'égalité
00:34:52et contre
00:34:52le racisme
00:34:53de 1983.
00:34:56Donc...
00:34:56Vous considérez
00:34:58les héritiers
00:34:58aujourd'hui
00:34:59par votre mouvement ?
00:35:00Absolument.
00:35:00Vous avez commencé
00:35:01le plateau
00:35:02en parlant
00:35:02de l'histoire,
00:35:03ce que le 2005
00:35:04était ancré
00:35:06dans l'histoire
00:35:07et bien évidemment,
00:35:08mais il est important
00:35:09aussi dans le travail
00:35:11qu'on fait
00:35:11avec la jeunesse
00:35:13et puis les moins jeunes
00:35:14peut-être aussi,
00:35:16que cette histoire,
00:35:17elle ne commence pas
00:35:17en 2005 en fait.
00:35:18Elle commence bien évidemment
00:35:20bien avant.
00:35:20Alors on prend
00:35:21celle qui peut-être
00:35:22qui a fait le plus de bruit
00:35:23juste avant 2005,
00:35:24c'est celle de 1983
00:35:25avec la marche
00:35:26pour l'égalité
00:35:26et contre le racisme.
00:35:28Et donc c'est important
00:35:29de relier les deux
00:35:29parce que,
00:35:30notamment sur l'accès
00:35:31aux droits,
00:35:31on voit qu'il y a
00:35:32beaucoup d'acquis sociaux
00:35:32qui ont été acquis
00:35:34en fait pour...
00:35:36Après des luttes,
00:35:37bien évidemment,
00:35:37moi je pense à
00:35:38de la suppression
00:35:38de la double peine
00:35:39qui aujourd'hui
00:35:39est remise en cause
00:35:40dans tout le travail
00:35:41de refondre
00:35:44des fonds
00:35:45des lois judiciaires
00:35:48et aussi
00:35:49à l'acquisition
00:35:50de la carte
00:35:51des 10 ans.
00:35:52Voilà,
00:35:53pour un certain
00:35:53nombre de nos parents,
00:35:55ça a été un soulagement
00:35:56pour nous aujourd'hui.
00:35:57On voit ça quand même,
00:35:57voilà,
00:35:58mais ici,
00:35:58on est là aujourd'hui,
00:36:00si cette jeunesse
00:36:00est là aujourd'hui,
00:36:01c'est parce que,
00:36:02bien avant,
00:36:02il y a eu des gens
00:36:03qui se sont battus
00:36:03et donc c'est important
00:36:04de transmettre aussi
00:36:05cette mémoire-là
00:36:06mais aussi ce combat
00:36:08qui malheureusement
00:36:08va durer dans le temps,
00:36:10on ne va pas se mentir.
00:36:10On voit aujourd'hui
00:36:11les extrêmes
00:36:12qui ne cessent
00:36:13d'augmenter
00:36:14et notamment
00:36:14l'extrême droite
00:36:15qui remettent en cause
00:36:17tous ces acquis-là
00:36:18donc il est important
00:36:19aujourd'hui
00:36:20que cette jeunesse,
00:36:21c'est en connaissance
00:36:21en histoire
00:36:22qu'on peut continuer
00:36:23aujourd'hui
00:36:23à militer aussi
00:36:25honorablement
00:36:26et de manière citoyenne
00:36:28donc c'est vraiment
00:36:29important pour nous
00:36:30et c'est comme ça aussi
00:36:30qu'à travers
00:36:31cette jeunesse
00:36:32qui souvent,
00:36:33mais ce n'est pas
00:36:34que cette jeunesse,
00:36:35je ne suis pas très vieux
00:36:36non plus,
00:36:37mais très souvent aussi
00:36:38il y a cette,
00:36:38comment dire,
00:36:39cette schizophrénie
00:36:40parce qu'on est à chaque fois
00:36:42renvoyé à nos origines,
00:36:43renvoyé à notre identité
00:36:45et donc du coup
00:36:45cette appartenance
00:36:46à la République
00:36:47elle est remise aussi
00:36:48en cause,
00:36:48on le voit très souvent
00:36:50et donc très sereinement
00:36:52on peut aussi aborder
00:36:53ce rapport à la République
00:36:56et ce rapport
00:36:56à l'appartenance
00:36:57au pays
00:36:58à travers
00:36:59cette histoire de France
00:37:01parce que c'est
00:37:01l'histoire de France aussi,
00:37:02elle n'est malheureusement
00:37:03pas toujours valorisée
00:37:05dans l'école républicaine
00:37:06mais voilà,
00:37:07donc il est important
00:37:08que des associations
00:37:08comme les nôtres
00:37:09ou des villes
00:37:09comme les nôtres
00:37:10mettent en valeur
00:37:10cette histoire-là
00:37:12et c'est important
00:37:14et du coup
00:37:15ça peut aider aussi
00:37:16à cette jeunesse
00:37:17de se reconcilier
00:37:19avec la République
00:37:20et de se ressentir
00:37:21un Français à part entière
00:37:22et malgré
00:37:23les discours
00:37:24qui peuvent être portés
00:37:28par des extrêmes
00:37:29ou d'une certaine
00:37:29classe politique.
00:37:30Est-ce que tous les changements
00:37:32qu'on voit autour de nous
00:37:33ont contribué
00:37:34à peut-être apaiser ?
00:37:35Est-ce que la jeunesse
00:37:36aujourd'hui
00:37:36a un rapport
00:37:36plus apaisé
00:37:37aux institutions ?
00:37:40C'est une bonne question.
00:37:41Déjà c'est une question
00:37:42qu'on peut se poser
00:37:43à l'échelle nationale.
00:37:44Est-ce que la jeunesse
00:37:45elle a un rapport apaisé
00:37:46avec les institutions ?
00:37:49Est-ce que les Français
00:37:50de manière générale
00:37:51c'est compliqué ?
00:37:51On le disait nous
00:37:52pendant les cahiers
00:37:52d'oléances
00:37:53sur les cahiers d'oléances
00:37:54en tout cas
00:37:54vous disiez
00:37:55oui c'est toujours
00:37:56d'actualité
00:37:57c'est toujours d'actualité
00:37:58moi je pourrais ressortir
00:37:59le cahier d'oléances
00:37:59on n'est pas un exemplaire
00:38:00mais aujourd'hui
00:38:01c'est complètement ça
00:38:03et sauf que le message
00:38:04qu'on disait à l'époque
00:38:05même si on n'est pas
00:38:05été à la rencontre
00:38:06du citoyen
00:38:07uniquement dans les quartiers
00:38:08populaires
00:38:08c'est qu'aujourd'hui
00:38:09on l'a dit
00:38:10si ce qui se passe
00:38:12en banlieue
00:38:13dans les banlieues françaises
00:38:14si c'est pas traité
00:38:15demain
00:38:16il y aura l'effet
00:38:18de boule de neige
00:38:18et voilà
00:38:18et on l'a vu
00:38:19avec les gilets jaunes
00:38:20et on l'a vu aujourd'hui
00:38:21on travaille
00:38:21nous on n'oppose pas
00:38:22les territoires ruraux
00:38:24au territoire urbain
00:38:25bien au contraire
00:38:26on essaie de faire
00:38:27des rapprochements
00:38:28on fait des passerelles
00:38:29notamment à travers
00:38:30la coordination
00:38:31passe en nous
00:38:31il y a des quartiers aussi
00:38:32en zone rurale
00:38:33les convergences
00:38:34de lutte également
00:38:35et on voit
00:38:36qu'à l'échelle nationale
00:38:37on en reparlera peut-être
00:38:39tout à l'heure
00:38:39mais la relation
00:38:40avec l'institution
00:38:41ou la relation
00:38:41avec la police
00:38:43par exemple
00:38:43aujourd'hui
00:38:44elle ne s'arrête pas
00:38:45au territoire de banlieue
00:38:48ou à la population
00:38:49de banlieue
00:38:49aujourd'hui
00:38:50le lien de confiance
00:38:50envers le politique
00:38:52est complètement rompu
00:38:53pareil avec la police
00:38:56parfois
00:38:56même si on a
00:38:57on a plus peur
00:38:58aujourd'hui
00:38:58même si
00:39:00on connait le travail
00:39:01qu'il peut faire
00:39:02mais un certain nombre
00:39:03de citoyens
00:39:04aujourd'hui
00:39:04ont peur de sa police
00:39:05et donc
00:39:06tout ça
00:39:07c'est parce que
00:39:08c'est inscrit
00:39:08dans un contexte
00:39:09de tension
00:39:09et on ne fait pas
00:39:10ce qu'il faut
00:39:10pour apeser les choses
00:39:12donc l'arrivée
00:39:14de ce type
00:39:14d'infrastructure
00:39:15je pense que
00:39:16ça peut y participer
00:39:17il faut aussi faire
00:39:18beaucoup de pédagogie
00:39:18mais est-ce que
00:39:19c'est suffisant
00:39:20je ne pense pas
00:39:21encore une fois
00:39:22il ne suffit pas juste
00:39:23de construire
00:39:23des beaux bâtiments
00:39:24pour que
00:39:24les choses s'apaisent
00:39:26et de se dire
00:39:26il faut vraiment
00:39:27travailler de manière
00:39:28parallèle
00:39:28sur différents institutions
00:39:29et des fois
00:39:30ce n'est pas toujours
00:39:31une question d'argent
00:39:31c'est une question
00:39:32de bonne volonté
00:39:33de pédagogie encore
00:39:34il faut pouvoir apeser
00:39:36je reviens en arrière
00:39:38mais parce que moi
00:39:38c'est ce qui m'a marqué
00:39:39aussi
00:39:39et ce qui m'a poussé
00:39:40aussi à m'engager
00:39:41c'est qu'il a fallu
00:39:43attendre trois semaines
00:39:44de violence
00:39:46en 2005
00:39:46trois semaines
00:39:47vous l'avez dit
00:39:48plus de 330
00:39:49villes
00:39:51quartiers en France
00:39:52qui ont brûlé
00:39:52pour avoir
00:39:53une parole politique
00:39:55qui apaise les choses
00:39:56le président
00:39:56de la république
00:39:57de l'époque
00:39:57Jacques Chirac
00:39:58a pris la parole
00:39:59trois semaines après
00:40:00pour dire
00:40:01que les enfants
00:40:01pour avoir un message
00:40:03envers
00:40:04la destination
00:40:04de ces jeunes là
00:40:06et
00:40:06alors est-ce que c'est ça
00:40:08qui a complètement
00:40:09apaisé les choses
00:40:10mais en tout cas
00:40:10s'ils avaient pu participer
00:40:11les choses se sont calmées
00:40:12alors que pendant trois semaines
00:40:14je pense que ça a contribué aussi
00:40:15pardon
00:40:15au même moment
00:40:16il y a eu l'état d'urgence
00:40:17qui a été décrété
00:40:17oui
00:40:17l'état d'urgence
00:40:18ça s'est fait un an
00:40:19quelques jours avant
00:40:19justement moi
00:40:20c'est ce qui m'a marqué aussi
00:40:21parce que du coup
00:40:22c'est ce qui a alimenté
00:40:23aussi mon engagement
00:40:24parce que c'est la réponse
00:40:25de traitement
00:40:26envers ces événements là
00:40:29décréter l'état d'urgence
00:40:30qu'on n'avait pas refait
00:40:31depuis la guerre d'Algérie
00:40:32même en 68
00:40:33on n'avait pas décrété
00:40:34l'état d'urgence
00:40:35donc moi c'est ce qui m'a
00:40:36profondément marqué
00:40:37ce qui a aussi alimenté
00:40:38mon engagement aujourd'hui
00:40:40parce que
00:40:40c'est dire la réponse
00:40:41encore une fois
00:40:42une fois qu'elle était sécuritaire
00:40:44en fait on va traiter encore
00:40:46ces populations là
00:40:47avec des outils constitutionnels
00:40:50comme l'état d'urgence
00:40:51ce qu'on n'avait pas encore
00:40:52et qui renvoie
00:40:53à des années noires
00:40:54quand même
00:40:54de cette république
00:40:56mais c'est important
00:40:57de le savoir aussi
00:40:58parce que du coup
00:40:58ça aide aussi
00:41:00à l'apaisement
00:41:02et aussi à se former
00:41:03mais on sent que c'est encore
00:41:05très vif
00:41:05absolument
00:41:06je le vis encore viscéralement
00:41:07mais voilà
00:41:08c'est
00:41:08je vais rebondir
00:41:10sur ce que dit
00:41:11Mehdi là
00:41:12c'est à dire que
00:41:14ce qu'on a constaté aussi
00:41:15c'est que
00:41:16s'il n'y a pas
00:41:16explicitement
00:41:18d'attitude
00:41:19vis-à-vis
00:41:20des institutions
00:41:20implicitement
00:41:22on voit
00:41:23des formes
00:41:23d'engagement
00:41:24qui se développent
00:41:25et qui partent
00:41:26justement
00:41:26du pouvoir
00:41:28d'agir
00:41:28des jeunes
00:41:29qui vont
00:41:30créer
00:41:31des petites associations
00:41:32par exemple
00:41:33pour faire des maraudes
00:41:35pour aller dans
00:41:35d'autres quartiers
00:41:36pour aider
00:41:37d'autres
00:41:38qu'eux
00:41:39dont ils pensent
00:41:40qu'il faut aussi
00:41:41justement
00:41:42avec lesquels
00:41:43il faut être solidaires
00:41:44il y a cela
00:41:46il y a les jeunes
00:41:47qui se sont engagés
00:41:48aussi
00:41:49plus politiquement
00:41:51je dirais
00:41:52pour se présenter
00:41:54sur des listes
00:41:55dans des campagnes
00:41:57aux élections municipales
00:41:58donc là
00:42:00il y a
00:42:00toute une série
00:42:01de choses
00:42:02on la voit
00:42:02dans le livre
00:42:03le pouvoir des mots
00:42:05un jeune de quartier
00:42:06dont vous avez parlé
00:42:08tout à l'heure
00:42:09au début
00:42:10on l'a détaillé
00:42:11et pour moi
00:42:12c'est extrêmement
00:42:12important
00:42:14parce que
00:42:14s'il y a une méfiance
00:42:15vis-à-vis
00:42:16des institutions
00:42:17au niveau
00:42:18national
00:42:19et aussi
00:42:20bien sûr
00:42:21au niveau
00:42:21régional
00:42:23ou communal
00:42:24il y a
00:42:25des formes
00:42:26d'action
00:42:26au niveau
00:42:27des jeunes
00:42:27qui partent
00:42:28d'eux-mêmes
00:42:29et qui me semblent
00:42:29extrêmement
00:42:30importantes
00:42:32justement
00:42:32une forme
00:42:34de politique
00:42:35par le bas
00:42:35moi je voulais
00:42:37juste rebondir
00:42:38un peu sur autre chose
00:42:39parce que
00:42:40j'ai appris
00:42:40avec
00:42:41il y a quelques
00:42:42mois
00:42:43l'histoire un peu
00:42:44de Clichy
00:42:45donc avec le projet
00:42:46et ce qui est intéressant
00:42:47c'est que Clichy-Soubois
00:42:48n'était pas destiné
00:42:49à être ce qu'elle est
00:42:50aujourd'hui
00:42:50c'est-à-dire
00:42:51abandonnée
00:42:52etc
00:42:52c'était au contraire
00:42:53c'était une ville
00:42:54qui était plutôt
00:42:55pour les bourgeois
00:42:56ou en tout cas
00:42:56des gens
00:42:57qui sont assez aisés
00:42:58on le retrouve
00:42:58notamment dans
00:42:59le chêne pointu
00:43:00avec ses
00:43:00grands auteurs
00:43:02et au niveau
00:43:03aussi des matériaux
00:43:03de construction
00:43:04donc tous ces centres
00:43:05commerciaux
00:43:06etc
00:43:06on avait aussi
00:43:07la tour et trio
00:43:07qu'on a vite
00:43:09oublié
00:43:10parce qu'elle n'a jamais
00:43:11pu se remplir
00:43:12mais c'était aussi
00:43:13une des conséquences
00:43:14pour justement
00:43:15offrir un cadre
00:43:17de vie
00:43:17plutôt agréable
00:43:19mais parce que
00:43:20derrière il y avait
00:43:20des promesses
00:43:20d'autoroutes
00:43:21etc
00:43:22qui n'aient jamais
00:43:23qui n'est jamais
00:43:24venu
00:43:24et malheureusement
00:43:25ça s'est petit à petit
00:43:26déserté
00:43:27ça a été abandonné
00:43:28ça a été repeuplé
00:43:30par des arrivées
00:43:32et on voit
00:43:34que ça ne correspond pas
00:43:35forcément
00:43:35à ce que
00:43:36à ceux qui
00:43:38vivaient là
00:43:38auparavant
00:43:39et on voit
00:43:40l'abandon
00:43:40et là moi je comprends
00:43:41que je me dis
00:43:42mais en fait
00:43:43c'est pas un manque
00:43:44de volonté
00:43:45et c'est pas
00:43:46un manque
00:43:47d'argent
00:43:49ou se dire
00:43:49en fait
00:43:49on ne sait pas
00:43:50comment faire
00:43:50en fait
00:43:51on sait très bien
00:43:51comment faire
00:43:52mais pas avec
00:43:52la population
00:43:54qui vit aujourd'hui
00:43:54ici à Clichy-Soubois
00:43:55et nous
00:43:56quand on vit là-dedans
00:43:57et qu'on comprend ça
00:43:58on a un regard
00:43:59un peu
00:44:00un peu inquiétant
00:44:01et un peu
00:44:02un peu bizarre
00:44:03sur ce qui se passe
00:44:04et honnêtement
00:44:04moi je suis un peu
00:44:06entre les deux
00:44:07en me disant
00:44:07mais voilà
00:44:07parce que c'est moi
00:44:08du coup
00:44:09parce que c'est nous
00:44:09on ne nous prend pas
00:44:11voilà
00:44:11on n'est pas
00:44:12l'intention en tout cas
00:44:14n'est pas là
00:44:14pour justement
00:44:15rendre la vie
00:44:16agréable
00:44:17on fait vite vite
00:44:17comme si on ne savait plus faire
00:44:18et en fait si on sait faire
00:44:20c'est juste qu'on ne veut pas faire
00:44:21après votre exemple
00:44:23oui ça c'est justement
00:44:25là
00:44:25c'est exemplaire là-dessus
00:44:27avant
00:44:28ce qui
00:44:29avant 2005 quoi
00:44:30pour toutes ces constructions
00:44:32enfin voilà
00:44:32toutes ces choses
00:44:33qui se sont mis en place
00:44:34pour revenir sur ce que vous disiez
00:44:35tout à l'heure
00:44:36vous parliez des institutions
00:44:37vous avez abordé un peu
00:44:38le thème de la police
00:44:38je pense que ça va être
00:44:39difficile d'y couper
00:44:41dans le cadre de ce débat
00:44:42on se demandait
00:44:44s'il y avait eu un apaisement
00:44:45dans le rapport aux institutions
00:44:46juste
00:44:47Kadija
00:44:48peut-être sur ce sujet
00:44:49quelle est votre perception
00:44:51aujourd'hui
00:44:51de cette présence policière
00:44:53qui est assez nouvelle
00:44:53parce qu'on sait que
00:44:54le premier commissariat
00:44:56est arrivé en 2012
00:44:57c'était une réponse à 2005
00:44:58qui était une réponse à 2005
00:45:00c'est dire encore une fois
00:45:01même si effectivement
00:45:02c'était un besoin
00:45:03du territoire
00:45:04mais c'est dire encore une fois
00:45:06voilà
00:45:06quelle était la réponse
00:45:07du gouvernement de l'époque
00:45:09à répondre
00:45:11de réponses à ces événements
00:45:14l'arrivée d'un commissariat
00:45:15même si effectivement
00:45:16c'est une bonne chose
00:45:17et que c'est un service public
00:45:18comme un autre
00:45:19on en avait besoin
00:45:20mais était-ce la priorité
00:45:21voilà
00:45:22on peut se poser la question
00:45:23en tout cas à l'époque
00:45:23et alors quel est
00:45:24maintenant qu'on a un peu de recul
00:45:262012-2025
00:45:28quel apport en fait
00:45:29de ce commissariat
00:45:32en plein coeur
00:45:33de Klichisubwa
00:45:33qui d'ailleurs
00:45:34a une architecture assez spéciale
00:45:35tout à fait absolument
00:45:36c'est ce que j'allais dire
00:45:37en plus voilà
00:45:37mais si je peux me permettre
00:45:38de répondre
00:45:39parce que
00:45:40on pose la question
00:45:41des relations
00:45:42police-population
00:45:43et peut-être police-jeune
00:45:44moi je tiens encore
00:45:46à dire encore une fois
00:45:47parce que c'est aussi
00:45:48toute la stigmatisation
00:45:49qui est posée à chaque fois
00:45:51on est contre la police
00:45:52on est anti-police
00:45:53etc
00:45:53pas du tout
00:45:54on est pour une police républicaine
00:45:57voilà
00:45:58qui respecte
00:45:58on sait qu'il y a
00:45:59une minorité
00:46:00qui nuit à une majorité
00:46:01au sein de la police
00:46:02mais comme une minorité
00:46:03nuit à une majorité
00:46:05des jeunes
00:46:06et on veut tout mettre
00:46:07tout le monde
00:46:08mettre tout le monde
00:46:08dans le même sac
00:46:09donc il ne s'agit pas du tout
00:46:10nous on essaye de travailler
00:46:11et quand je dis nous
00:46:12que ce soit autant la ville
00:46:13mais que le tissu associatif
00:46:14et avec assez le feu
00:46:16notamment avec le commissariat
00:46:18on a eu des commissariats
00:46:19depuis l'ouverture du commissariat
00:46:20des commissaires
00:46:21qui étaient vraiment extraordinaires
00:46:22qui ont vraiment travaillé
00:46:24à l'ouverture
00:46:26voilà
00:46:27malheureusement
00:46:27ils sont confrontés
00:46:28à un certain plafond
00:46:29parce qu'ils ne peuvent pas
00:46:30aller plus loin
00:46:30ils n'ont pas
00:46:31voilà
00:46:31c'est le commandement
00:46:33voilà au niveau de la préfecture
00:46:34mais du médecin de l'intérieur
00:46:35ne les autorise pas
00:46:36elle est plus loin malheureusement
00:46:37et donc on voit
00:46:38on voit très bien
00:46:38ça pose la question du débat
00:46:40aussi sur la police de proximité
00:46:42etc
00:46:42voilà on peut y revenir
00:46:43mais voilà les relations
00:46:45je pense que c'est important
00:46:46d'en parler de ça justement
00:46:47parce que la police de proximité
00:46:48donc elle disparaît en 2003
00:46:50sur la pulsion de Nicolas Sarkozy
00:46:51violemment en plus
00:46:52dans un contexte quand même violent
00:46:54voilà
00:46:54qui considère que les policiers
00:46:56ne sont pas là pour jouer au foot
00:46:57avec les jeunes
00:46:59et finalement
00:47:00elle revient un peu par la fenêtre
00:47:02là ici
00:47:02puisque vous avez
00:47:03il y a en fait
00:47:04une patrouille spéciale
00:47:05au commissariat
00:47:06de Clichy-sous-Bois
00:47:07qui est en charge justement
00:47:08de ce contact avec la population
00:47:10je ne me trompe pas
00:47:10oui en fait
00:47:12il y a un médiateur
00:47:13en fait
00:47:14je ne sais plus
00:47:15quelle est son intitulé exact
00:47:16mais ce n'est pas
00:47:17des policiers
00:47:17à proprement dit
00:47:18effectivement
00:47:19c'est un personnel
00:47:21un agent
00:47:22qui est
00:47:23qui est mis en place
00:47:24pour faire
00:47:25pour dialoguer
00:47:26et puis pour
00:47:27pour service de médiateur
00:47:28et pour les
00:47:29pour favoriser le lien
00:47:31entre les institutions
00:47:32et la population
00:47:33et les acteurs
00:47:34aussi associatifs
00:47:35donc ça c'est une bonne chose
00:47:36mais ce ne sont pas
00:47:36les policiers
00:47:38à proprement dire
00:47:38on ne peut pas comparer ça
00:47:39à la police de proximité
00:47:40des années 2000
00:47:42voilà en revanche
00:47:43c'est de la volonté
00:47:44déjà d'un commissaire
00:47:45mais encore une fois
00:47:46c'est systémique
00:47:47et la révolution
00:47:49doit se faire
00:47:49par ce chemin-là
00:47:50en fait
00:47:51et donc encore une fois
00:47:52c'est effectivement
00:47:52c'est toujours une question d'argent
00:47:53c'est une question de volonté politique
00:47:55et on l'a vu
00:47:56les ministères
00:47:58de l'intérieur
00:47:59les ministres de l'intérieur
00:47:59qui se sont succédés
00:48:00on avait aussi
00:48:01c'est un agenda très politique
00:48:02et on sait très bien
00:48:03que ça sert à ça aussi
00:48:05et c'est au détriment
00:48:06de ces relations-là
00:48:07donc moi
00:48:08je considère
00:48:09que la relation
00:48:11police-population
00:48:12sur notre territoire
00:48:13elle n'est pas
00:48:13bon on sait un peu
00:48:15comme toutes les autres villes
00:48:15je crois qu'il y a
00:48:17depuis 2005
00:48:18on n'a pas revu les mœurs
00:48:19ou revécu
00:48:20les mêmes moments
00:48:21en revanche
00:48:21elle est compliquée
00:48:22elle est compliquée
00:48:23parce qu'il n'y a
00:48:24pas de confiance
00:48:24il n'y a plus de confiance
00:48:25ce que c'est que les jeunes
00:48:27d'ailleurs je ne suis pas
00:48:28je ne suis pas certain
00:48:28les interpellations
00:48:30voilà on peut se poser
00:48:32encore une fois
00:48:33la question
00:48:34sur les contrôles
00:48:35abusifs
00:48:36qui se répètent
00:48:38envers les mêmes jeunes
00:48:39voilà
00:48:40donc tout ça
00:48:40c'est toujours
00:48:41ceux d'actualité
00:48:41c'est vrai qu'on parle
00:48:42vous avez eu l'occasion
00:48:43aussi de venir
00:48:43à nos ateliers
00:48:44parce que vous avez pu sentir
00:48:46comment cette question-là
00:48:47était vive
00:48:48auprès des jeunes
00:48:49et puis des fois
00:48:50contrastée aussi
00:48:50parce que tous les jeunes
00:48:51n'ont pas le même regard
00:48:53en revanche
00:48:54voilà je crois que
00:48:55ce lien de confiance
00:48:55aujourd'hui
00:48:56il est malheureusement rompu
00:48:58et ça ne s'arrête pas
00:49:00que à Clichy-sous-Bois
00:49:01mais au-delà
00:49:01et même dans les zones rurales
00:49:03cette relation police-population
00:49:04est devenue très compliquée
00:49:06et je pense que
00:49:07voilà aujourd'hui
00:49:08c'est juste parce que
00:49:08c'est un manque de volonté
00:49:09et ça ne se décrète pas
00:49:10de toute façon
00:49:11comme tout lien de confiance
00:49:12c'est quelque chose
00:49:13qu'il faut rebâtir
00:49:13voilà il faut faire confiance
00:49:15aux agents de police
00:49:16aux commissaires
00:49:17qui sont dans cette volonté-là
00:49:19pour qu'ils puissent garder
00:49:20cette victoire
00:49:22pour que ça puisse
00:49:23se généraliser
00:49:24Aminata
00:49:25vous pensez
00:49:26qu'une explosion
00:49:27comme en 2005
00:49:28serait envisageable
00:49:28aussi aujourd'hui
00:49:29qu'est-ce que vous percevez
00:49:30dans la ville ?
00:49:31alors moi ce que je
00:49:32déjà
00:49:33il y a plusieurs choses
00:49:34que je vais dire
00:49:34premièrement
00:49:35effectivement
00:49:36on a passé 20 ans
00:49:37enfin ces 20 dernières années
00:49:38parce qu'on parle de 2005
00:49:39à casser les murs
00:49:41à bâtir
00:49:42de nouveaux bâtiments
00:49:44de nouveaux quartiers
00:49:45etc
00:49:45les faire plus jolis
00:49:46etc
00:49:47c'est très bien
00:49:49je pense maintenant
00:49:50qu'il s'agit
00:49:51de restaurer
00:49:52et de rebâtir
00:49:53la confiance
00:49:54entre les institutions
00:49:54et les administrés
00:49:56d'accord
00:49:57ça c'est la première chose
00:49:58deuxième chose
00:49:59sur le rapport
00:49:59police-citoyen
00:50:01jeune d'ailleurs
00:50:02alors moi
00:50:03étant donné que je suis une femme
00:50:05je n'ai pas le même rapport
00:50:08à la police
00:50:08qu'une personne
00:50:10que mes frères
00:50:10tout simplement
00:50:11que mes frères
00:50:12ou que des cousins
00:50:13des voisins
00:50:14etc
00:50:14je ne peux pas
00:50:16en toute honnêteté
00:50:17dire que
00:50:18ça s'est bien passé
00:50:19par le passé
00:50:20et que ça se passe bien aujourd'hui
00:50:22parce que
00:50:22même si je n'en suis pas
00:50:24victime directement
00:50:25de certains agissements
00:50:27individuels
00:50:27dans la police
00:50:28je peux en être témoin
00:50:31j'en ai été témoin
00:50:32à plusieurs reprises
00:50:32ne serait-ce que
00:50:33pendant le confinement
00:50:34et c'est vrai
00:50:36qu'il y a beaucoup
00:50:37je pense
00:50:38de malhonnêteté
00:50:39intellectuelle
00:50:40quand on traite
00:50:41de ces questions
00:50:42de sécurité
00:50:42de un
00:50:43il y a
00:50:44effectivement
00:50:45dans la police
00:50:46des personnes
00:50:47individuelles
00:50:48des individualités
00:50:49qui agissent mal
00:50:52en dehors
00:50:53de tout
00:50:54ordre
00:50:54juridique
00:50:56en dehors
00:50:57de toutes leurs prérogatives
00:50:58leurs compétences
00:50:59etc
00:51:00ça ça existe
00:51:01c'est quelque chose
00:51:01dont il faut discuter
00:51:02si on veut être honnête
00:51:04si on veut que les choses
00:51:04se passent bien
00:51:05deuxièmement
00:51:06les populations
00:51:07qui vivent
00:51:08dans certains quartiers
00:51:09en périphérie
00:51:10que ça soit
00:51:11dans les banlieues
00:51:12ou alors même
00:51:12à la campagne
00:51:13ne sont pas opposées
00:51:15aux forces de l'ordre
00:51:16au contraire
00:51:17moi je suis très contente
00:51:19d'avoir un commissariat
00:51:19même si
00:51:20troisièmement
00:51:21on se rend bien compte
00:51:22par l'architecture
00:51:23du commissariat
00:51:24que la vie
00:51:25n'a pas été demandée
00:51:26aux habitants
00:51:26sur
00:51:27tu valides pas
00:51:29l'architecture
00:51:30si l'extérieur
00:51:32vous vérifiez
00:51:33vous vérifierez
00:51:35c'est pas anodin
00:51:35ressemble à
00:51:36de la rouille
00:51:37oui oui
00:51:37c'est rouillé
00:51:38c'est boule-cœur
00:51:39c'est boule-cœurisé
00:51:40exactement
00:51:41mais
00:51:42de manière globale
00:51:44il s'agit de restaurer
00:51:45la confiance
00:51:46entre
00:51:47les habitants
00:51:49et la police
00:51:49la police
00:51:50qui est d'ailleurs
00:51:51bien accueillie
00:51:52parce que c'est quand même
00:51:52agréable de savoir
00:51:53qu'on a
00:51:54juste à deux pas
00:51:55la police
00:51:56le commissariat
00:51:57pour faire
00:51:58effectuer ces démarches
00:51:59ça c'est normal
00:52:00tout le monde
00:52:01a besoin
00:52:02de se sentir en sécurité
00:52:04ça c'est parfaitement normal
00:52:05et
00:52:07je disais
00:52:08ici encore plus
00:52:08qu'ailleurs
00:52:09oui tout à fait
00:52:10et oui
00:52:11c'est d'ailleurs
00:52:11un autre point
00:52:12que j'aimerais ajouter
00:52:12c'est que
00:52:13c'est quelque chose
00:52:14que je disais
00:52:15c'est une chose
00:52:16que je disais précédemment
00:52:17mais c'est que
00:52:18là où il y a plus de besoins
00:52:20on a besoin de plus d'État
00:52:21on n'a pas besoin de moins
00:52:22on a besoin de plus d'État
00:52:24on a besoin que ça soit
00:52:25mieux fait aussi
00:52:25on a besoin de plus de coordination
00:52:27on a besoin de plus de communication
00:52:29on a besoin de plus de confiance
00:52:31on a besoin d'instaurer
00:52:32des rapports de paix
00:52:32et la paix
00:52:33repose sur deux éléments
00:52:35deux piliers essentiels
00:52:36à savoir
00:52:37la justice
00:52:38et la vérité
00:52:39donc il faut savoir
00:52:39se dire les vérités
00:52:40d'un sens comme dans un autre
00:52:42il faut savoir se dire les vérités
00:52:43et il faut savoir être juste
00:52:44sinon il n'y a pas de paix
00:52:46donc ça c'est vrai
00:52:47que le rapport entre la police
00:52:49et les jeunes
00:52:49moi personnellement
00:52:50je ne l'ai pas vécu
00:52:51mais j'en ai été témoin
00:52:53et ce n'était pas joli
00:52:54ce n'était pas joli
00:52:55et ça déshonore
00:52:56moi qui d'ailleurs
00:52:57professionnellement parlant
00:53:01j'enseigne sur les connaissances
00:53:03institutionnelles
00:53:04justement
00:53:04sur la culture générale
00:53:06sur un petit peu
00:53:06l'histoire de la République
00:53:07sur le rôle de l'État
00:53:11les prérogatives de l'État
00:53:12etc
00:53:12je trouve que
00:53:14pour certaines parties
00:53:16de la classe politique
00:53:17notamment
00:53:17qui prétendent défendre
00:53:19l'institution policière
00:53:21je trouve qu'ils font
00:53:22un déshonneur
00:53:23à l'institution elle-même
00:53:24en cachant des vérités
00:53:27en tordant des vérités
00:53:28parce qu'il s'agit plus
00:53:29aujourd'hui
00:53:30d'avoir des postures
00:53:31dans un sens
00:53:33comme dans un autre
00:53:33il s'agit plus
00:53:34d'avoir des postures
00:53:35que de régler les problèmes
00:53:36et ça
00:53:37c'est quelque chose
00:53:39je pense que
00:53:40bon
00:53:40toute la classe politique
00:53:42est concernée
00:53:43et malheureusement
00:53:46on provoque plus de torts
00:53:50qu'on provoque
00:53:52de solutions
00:53:53de rapports pacifiés
00:53:55etc
00:53:55et ça c'est bien dommage
00:53:56et ce n'est pas plus d'État
00:53:58mais je dirais
00:53:59plus d'État
00:54:00pour attraper
00:54:01les inégalités
00:54:02territoriales
00:54:03parce que
00:54:04très souvent
00:54:06on dit
00:54:06oui
00:54:06mais on en donne trop
00:54:07toujours pour les mêmes
00:54:10etc
00:54:10et on oppose les territoires
00:54:11on oppose les populations
00:54:12mais c'est parce qu'il y a
00:54:13un retard considérable
00:54:14encore aujourd'hui
00:54:1620 ans après
00:54:16ou 40 ans après
00:54:17les premières mesures
00:54:18de politique de la ville
00:54:19qui ont été mises en place
00:54:20et on pourrait
00:54:21s'interroger encore sur ça
00:54:22mais voilà
00:54:23je voudrais juste
00:54:24souligner ce point
00:54:25c'est plus d'État
00:54:26pour attraper
00:54:26les inégalités territoriales
00:54:27qui sont aujourd'hui
00:54:28encore persistantes
00:54:29et on le voit
00:54:29d'une ville à une autre
00:54:30d'ailleurs
00:54:31notamment par exemple
00:54:31sur l'éducation
00:54:32où on peut avoir
00:54:33des établissements
00:54:34ici
00:54:34dont les professeurs
00:54:37ne sont pas remplacés
00:54:38après des mois
00:54:40des mois et des mois
00:54:41et alors que la ville à côté
00:54:42ou le département à côté
00:54:43on voit
00:54:43et pourtant c'est le même
00:54:44ministère de l'éducation
00:54:45donc voilà
00:54:46c'est plus d'État
00:54:48pour pouvoir attraper
00:54:48les inégalités territoriales
00:54:50qui sont aujourd'hui
00:54:50on ne part pas du même point
00:54:51on ne part pas du même point
00:54:52de départ
00:54:53et donc voilà
00:54:53j'aimerais bien rebondir
00:54:56aussi sur ce que tu viens de dire
00:54:58parce que c'est intéressant
00:54:59sur la question même du chômage
00:55:00quand on regarde
00:55:01les chiffres du chômage
00:55:02aujourd'hui on est à 7%
00:55:04il y a à peu près 10 ans
00:55:05on était à 12%
00:55:06les chiffres du chômage
00:55:08ont aussi diminué
00:55:09en banlieue
00:55:10mais en corrélation
00:55:12enfin moins
00:55:13ils ont moins diminué
00:55:15en banlieue
00:55:15que sur le reste
00:55:17de la moyenne nationale
00:55:18donc ça veut dire
00:55:19aussi quelque chose
00:55:20ça veut dire
00:55:20qu'il faut peut-être
00:55:21mieux penser
00:55:22les politiques publiques
00:55:23de l'emploi
00:55:24de l'éducation
00:55:25de la sécurité
00:55:27de la culture
00:55:27etc
00:55:27pour qu'elles soient
00:55:28les discriminations
00:55:29aussi peut-être
00:55:29parce que c'était
00:55:30une revendication
00:55:30des cahiers de doléances
00:55:31dans les premières revendications
00:55:33pour qu'il y ait plus d'impact
00:55:34dans ces quartiers
00:55:35oui mais la discrimination
00:55:36c'est général
00:55:36après c'est
00:55:37les discriminations
00:55:38géographiques
00:55:38et on l'a vu
00:55:39pendant le Covid aussi
00:55:40les premières victimes
00:55:41les taux de première tension
00:55:43on l'a vu
00:55:43sur la précarité
00:55:44les files d'attente
00:55:45des images
00:55:47encore une fois
00:55:47qui sont dignes
00:55:49de pays en voie de développement
00:55:50et pas de la sixième
00:55:51puissance économique
00:55:53peut-être maintenant septième
00:55:54voilà
00:55:54mais on reste encore
00:55:56voilà
00:55:56c'est pas digne
00:55:58et voilà
00:55:58des gens qui font la queue
00:55:59et puis les premières victimes
00:56:00aussi
00:56:01sanitairement parlant
00:56:03voilà
00:56:04on voit aussi
00:56:05que les premières
00:56:07les malades
00:56:08les premières personnes
00:56:08à disparaître
00:56:09c'était dans ces territoires-là
00:56:10malheureusement
00:56:10alors j'en viens
00:56:11à ma première question
00:56:12la première que j'avais posée
00:56:13est-ce que Clichy-Sau-Bois
00:56:14est sortie de l'urgence
00:56:15Kadija
00:56:16rapidement
00:56:17rapidement
00:56:18je pense que c'est en cours
00:56:20je pense que c'est en cours
00:56:22c'est pas totalement
00:56:23parce qu'il y a toujours
00:56:23des inégalités
00:56:25il y a toujours
00:56:25des problèmes
00:56:26liés
00:56:27au niveau des
00:56:30comment on appelle ça
00:56:31des services publics
00:56:34qui disparaissent
00:56:34il y a pas mal de choses
00:56:36donc elle n'est pas encore sortie
00:56:37pour moi
00:56:37de l'urgence
00:56:38parce qu'il y a encore
00:56:38des manquements
00:56:39dans le territoire
00:56:40mais il y a
00:56:41on peut saluer quand même
00:56:42le côté positif
00:56:44c'est que ça évolue
00:56:44ça change
00:56:45mais voilà
00:56:46ça va prendre du temps
00:56:47et c'est tout à fait normal
00:56:48que ça prenne aussi du temps
00:56:49c'est juste qu'il va falloir
00:56:50trouver les mots
00:56:51et les choses
00:56:52pour que les personnes
00:56:54puissent
00:56:55puissent se sentir
00:56:56en tout cas
00:56:57mieux
00:56:58et se sentir pas
00:56:59comme il y a 20 ans
00:57:01ou il y a
00:57:0140 ou 50 ans
00:57:03Hélène
00:57:04quel regard vous portez
00:57:06est-ce que la ville
00:57:08sort de l'urgence
00:57:08ou est-ce que vous voyez encore
00:57:10alors
00:57:11bon moi
00:57:11il me semble en tout cas
00:57:12qu'il y a une dynamique
00:57:13effectivement
00:57:14qui est visible
00:57:17dans la ville
00:57:18soit
00:57:18sur le plan urbain
00:57:20comme on l'a dit
00:57:21sur le plan associatif
00:57:23aussi
00:57:23cette vitalité
00:57:24qui est importante
00:57:26il me semble
00:57:27qu'il y a
00:57:28en tout cas
00:57:28quelque chose
00:57:29peut-être
00:57:29qui reste
00:57:30c'est la question
00:57:31à compléter
00:57:33c'est la question
00:57:34de la représentation
00:57:35la représentation
00:57:37des habitants
00:57:38comme citoyens
00:57:39quelle que soit
00:57:41leur nationalité
00:57:42quand on entend citoyens
00:57:43là
00:57:43on entend
00:57:44comme des gens
00:57:45qui sont actifs
00:57:46informés
00:57:47réfléchis
00:57:48et qui veulent
00:57:49transformer
00:57:49leur vie
00:57:51leur ville
00:57:51etc
00:57:52donc là
00:57:53moi j'ai
00:57:55beaucoup apprécié
00:57:56la démarche
00:57:57première
00:57:58d'assez le feu
00:57:59qui a présenté
00:58:01donc
00:58:02des candidats
00:58:04aux élections municipales
00:58:06en 2008
00:58:07sous le nom
00:58:08d'affirmations
00:58:09de toute façon
00:58:09il y a distinction
00:58:11entre assez le feu
00:58:11d'un côté
00:58:12et ces candidats
00:58:14affirmations
00:58:15d'autre part
00:58:17et ceci
00:58:18grâce à une première
00:58:20ouverture
00:58:20qui avait été faite
00:58:21par le maire
00:58:21de l'époque
00:58:22qui était
00:58:23Claude Dillin
00:58:23qui avait une vraie écoute
00:58:25à ce qui s'était passé
00:58:27en 2005
00:58:28et là
00:58:30que les choses
00:58:31puissent continuer
00:58:32et s'amplifier
00:58:33il me semble
00:58:34que c'est encore
00:58:35un défi
00:58:36un enjeu
00:58:37qui reste
00:58:38aujourd'hui
00:58:39qui a été
00:58:39donc
00:58:40il y a eu
00:58:41des premières tentatives
00:58:43qui ont été
00:58:43continuées
00:58:44mais il me semble
00:58:45que là
00:58:46il y a encore
00:58:46quelque chose
00:58:47qui est important
00:58:49à reprendre
00:58:50et à amplifier
00:58:50sur la sortie
00:58:52de l'urgence
00:58:52l'urgence
00:58:53je ne peux pas
00:58:55poser ce terme
00:58:55dans sa globalité
00:58:56ça dépend
00:58:57de quoi on parle
00:58:58bien évidemment
00:58:58sur des aspects
00:58:59ça a évolué
00:59:01on n'y est pas encore
00:59:02et encore
00:59:02quand on gagne
00:59:03des victoires
00:59:04ce sont des petites victoires
00:59:05qu'il faut conserver
00:59:06parce qu'elles sont
00:59:06remises en cause
00:59:07constamment
00:59:07on n'est pas dans
00:59:08une ville très riche
00:59:10on reste sous perfusion
00:59:11de l'état encore
00:59:12des dotations publiques
00:59:14demain
00:59:14on sait qu'on est menacé
00:59:15si l'extrême droite
00:59:18arrive au pouvoir
00:59:19parce qu'elle remet en cause
00:59:20tout ça
00:59:21et pas que l'extrême droite
00:59:21parce qu'aujourd'hui
00:59:22il y a aussi une situation
00:59:23financière qui est compliquée
00:59:24donc moi j'ai très très peur
00:59:25pour l'avenir de ma ville
00:59:27mais très peur aussi
00:59:27pour l'avenir de mon pays
00:59:28je suis comme beaucoup de français
00:59:30je suis un peu perdu
00:59:32ça me donne envie
00:59:33d'encore plus de me battre
00:59:34je ne suis pas résilier
00:59:36mais voilà
00:59:38du coup sortir de l'urgence
00:59:39non on y est encore
00:59:41je pense globalement
00:59:42et les victoires
00:59:43qu'on a gagnées
00:59:43il faut vraiment
00:59:44tout faire
00:59:45pour les conserver
00:59:47et continuer à se battre
00:59:49sans opposer
00:59:50les territoires
00:59:50et les acteurs
00:59:53le mot de la fin
00:59:54pour vous Aminata
00:59:54alors moi je pense
00:59:56faire confiance
00:59:57à notre jeunesse aussi
00:59:58oui
00:59:59je suis d'accord
01:00:00avec tout ce qui a été dit
01:00:01je dirais qu'on ne sommes pas
01:00:03sortis de l'urgence
01:00:04loin de là
01:00:05je pense que
01:00:06l'architecture
01:00:08le patrimoine
01:00:09qui évolue
01:00:10qui s'adapte
01:00:11aux nouveaux besoins
01:00:13c'était des besoins
01:00:13qui existaient déjà avant
01:00:14c'est bien
01:00:17mais il faut reconstruire
01:00:18aussi le lien
01:00:19entre les citoyens
01:00:20et les institutions
01:00:21ça c'est très important
01:00:22et je pense aussi
01:00:24que de manière générale
01:00:26il y a une certaine
01:00:28morosité en France
01:00:29et que cette morosité
01:00:30qui existait déjà
01:00:32dans certains quartiers
01:00:33du fait
01:00:33de la situation sociale
01:00:35c'est peut-être
01:00:37même aggravé
01:00:38c'est-à-dire que
01:00:39si de manière générale
01:00:40on constate
01:00:40que l'horizon
01:00:41des possibles
01:00:43est assez limité
01:00:44et bien
01:00:44ajoutez à cela
01:00:45la discrimination
01:00:46à l'adresse
01:00:47ethnique
01:00:48tout ce que vous voulez
01:00:49ajoutez à cela
01:00:50le fait que
01:00:51vous n'ayez pas
01:00:52le capital social
01:00:53économique
01:00:55culturel
01:00:55etc
01:00:56ça tout ça
01:00:57combiné
01:00:58ça peut créer
01:00:59une sorte de
01:01:00désespoir
01:01:01finalement
01:01:01et même
01:01:03dans ce désespoir
01:01:04parce que je dis
01:01:05que j'ai beaucoup
01:01:05d'ambition
01:01:06pour les personnes
01:01:07les clichois
01:01:08les habitants
01:01:09des villes
01:01:09des périphéries
01:01:10que ce soit
01:01:10en Ile-de-France
01:01:12ou même à la campagne
01:01:13c'est que les gens
01:01:15se sont quand même
01:01:16débrouillés
01:01:16c'est-à-dire qu'il n'y a
01:01:17pas d'issue
01:01:18sur ce côté-là
01:01:19alors je vais peut-être
01:01:20me tourner vers
01:01:21une autre voie
01:01:22et l'autre voie
01:01:22c'est l'entrepreneuriat
01:01:23et je pense qu'à partir
01:01:25du moment où on sait
01:01:26qu'on n'est pas inscrit
01:01:29dans un contexte
01:01:30où l'emploi
01:01:31est très dynamique
01:01:33on doit savoir
01:01:35accompagner les entrepreneurs
01:01:37des quartiers
01:01:38on doit savoir
01:01:39les mettre en avant
01:01:39il y a des personnes
01:01:41qui disent
01:01:42que la France
01:01:42regorge de talents
01:01:43que ce soit
01:01:43sur le plan social
01:01:45culturel
01:01:46économique
01:01:46etc.
01:01:48je pense que
01:01:48la banlieue aussi
01:01:49regorge de talents
01:01:50qui ne sont pas
01:01:51exploités
01:01:52et ça
01:01:52toutes les études
01:01:53empiriques
01:01:54économiques
01:01:55la littérature économique
01:01:57elle est très riche
01:01:58en ce sens
01:01:59et elle dit
01:01:59mais la discrimination
01:02:01le fait de ne pas
01:02:03s'occuper de tout le monde
01:02:04le fait de ne pas
01:02:05investir assez
01:02:06dans l'éducation
01:02:07dans les infrastructures
01:02:07etc.
01:02:08ça pénalise économiquement
01:02:10le pays
01:02:10et donc moi je me dis
01:02:11mais c'est effarant
01:02:12de constater que
01:02:12finalement
01:02:13ce n'est pas logique
01:02:15ça ne va pas de soi
01:02:16pour tout le monde
01:02:17de penser
01:02:18à s'occuper
01:02:19de toute la population
01:02:20et du coup
01:02:22je suis d'accord
01:02:23certes
01:02:24il y a eu des millions
01:02:24qui ont été
01:02:25alignés
01:02:26pour les banlieues
01:02:28mais c'est parce qu'il s'agit
01:02:29du fait
01:02:31de rattraper
01:02:32un retard
01:02:32et maintenant
01:02:33qu'on essaie
01:02:34de rattraper le retard
01:02:35mais en fait
01:02:35on l'accumule
01:02:37parce qu'il y a
01:02:37des choses
01:02:38qui sont à faire
01:02:39déjà aujourd'hui
01:02:41pour demain
01:02:41je retiens
01:02:43dans ce que vous dites
01:02:43quand même
01:02:44la note d'espoir
01:02:44sur l'entrepreneuriat
01:02:46si vous voulez bien
01:02:47pour le mot de la fin
01:02:48c'est terminé
01:02:49pour aujourd'hui
01:02:50merci à tous
01:02:51pour ces échanges riches
01:02:52et puis à très bientôt
01:02:53sur France 24
01:02:541
01:02:55tu
01:03:043
01:03:04tu
01:03:051
01:03:06tu
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