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  • il y a 10 heures
Bertrand et Bérénice H., un couple de riches notables suisses. La soixantaine, tout aussi discrets qu'amoureux. Un matin de l'hiver 2016, le mari découvre avec effroi le corps sans vie de sa femme, morte dans son sommeil, mais un détail va tout changer : une simple plume retrouvée dans la gorge de la victime.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:00C'est le retour de l'affaire dite de la plume.
00:09L'effet remonte à février 2016, date à laquelle une femme est retrouvée morte dans sa chambre à coucher.
00:15La piste du décès naturel a été mise à mal lorsque l'autopsie a révélé une plume de 4 cm dans les bronches de la défunte.
00:23Bonjour, Bertrand et Bérenice H, un couple de riches notables suisses, la soixantaine, tout aussi discrets qu'amoureux.
00:33Un matin de l'hiver 2016, le mari découvre avec effroi le corps sans vie de sa femme, morte dans son sommeil, mais un détail va tout changer.
00:42Une simple plume retrouvée dans la gorge de la victime, d'où vient-elle ? Et si le respectable époux était un meurtrier ?
00:51Bérenice H, l'affaire de la plume, l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver, c'est tout de suite sur RTL.
01:04Dimanche 28 février 2016, 6h37 du matin, Bertrand H appelle sa belle-fille.
01:11Il est chez lui au Grand Saconex, une commune résidentielle du Grand Genève, non loin de l'aéroport.
01:17Il est catastrophé, il vient de trouver son épouse Bérenice dans la salle de bain.
01:22Elle ne respire plus, elle est morte.
01:256h52, les secours sont alertés, le médecin urgentiste constate le décès.
01:30Le corps nu, recouvert par un duvet, repose sur le dos, sur le lit de la chambre matrimoniale, la tête posée sur un coussin.
01:38Bertrand H semble perdu, selon lui sa femme s'est sans doute levée.
01:42Dans la nuit, elle a fait une chute. Ceux qui connaissaient la victime sont atterrés par ce décès brutal.
01:49La veille, Bertrand et Bérenice, 66 et 67 ans, ont dîné chez des amis.
01:55Tout le monde était joyeux. Bérenice était en pleine forme.
01:59Les haches sont des notables de la bonne société genevoise.
02:03Lui a longtemps été notaire avant de se reconvertir dans le conseil financier.
02:07marié depuis 5 ans, après avoir eu, tous deux, 3 enfants de précédente union.
02:14Le couple est aisé.
02:16Bertrand H est à la tête d'un solide patrimoine.
02:20Il n'a aucun besoin d'argent.
02:23Mardi 1er mars, deux jours après le décès de Bérenice H,
02:27le centre universitaire roman de médecine légale à Lausanne,
02:31alerte la police.
02:32La légiste chargée de l'autopsie a identifié de nombreuses plaies sur la victime.
02:37Au visage, cuir chevelu, aux membres supérieurs.
02:41Les photos montrent des échymoses sur les bras, les poignets, les mains.
02:44L'examen du corps a aussi permis de détecter un corps étranger.
02:48Dans le poumon gauche, il s'agit d'une plume d'environ 4,5 cm.
02:53Plume qui n'a pas causé le décès, mais a été aspirée par la victime.
02:59Vendredi 4 mars, les obsèques de Bérenice H sont célébrés sur les bords du lac Léman.
03:06Toute la famille est réunie.
03:08Six jours plus tard, le mari est entendu pour la première fois par la police.
03:12Il raconte que le 28 février, il s'est réveillé en sursaut vers 5h30, 5h45 du matin.
03:18Il avait entendu du bruit.
03:20Il a aperçu son épouse, nue, allongée sur le carrelage de la salle de bain.
03:25Il l'a saisi par les épaules, il l'a portée avec difficulté jusque sur le lit.
03:28Il a tenté de l'asseoir, puis il l'a allongée.
03:32Elle ne respirait plus.
03:34Il a pensé que Bérenice était morte, comme son père quelques années plus tôt.
03:38Une chute après un AVC.
03:40L'après-midi, il a pris le train pour retrouver sa fille à 200 km de Genève.
03:45Il ne pouvait plus rester dans l'appartement.
03:48À son arrivée, sa fille l'a emmenée aux urgences.
03:51Il s'était blessé à un doigt de la main droite,
03:53écorché selon lui en s'accrochant à une balustrade.
03:57De retour chez lui, à Genève, il a jeté les draps,
04:00la housse de duvet, l'été d'oreiller du lit conjugal.
04:03Le mari sort libre de son audition.
04:06Mais sept mois plus tard, les légistes indiquent que l'épouse est morte suite à une asphyxie mécanique.
04:14On lui a obstrué le nez.
04:16La bouche, un édredon contenant des plumes identiques à celles trouvées dans la gorge,
04:21aurait servi à étouffer la malheureuse.
04:24Évidemment, avec cette découverte, c'est toute l'affaire qui change.
04:30Il a fallu quelques mois, sept mois aux légistes,
04:33pour s'approcher d'une autre vérité que celle du simple accident ou du malaise de cette femme.
04:39Un AVC avait dit le mari.
04:40Le mari qui est apparu effondré, d'ailleurs, après la mort de son épouse.
04:43Désormais, il va être suspecté parce qu'il est la dernière personne à avoir vu vivante Bérenice.
04:49Et ça, ça ne pardonne pas en matière criminelle.
04:51Que ce soit en France ou en Suisse, évidemment, on s'intéresse à cet homme.
04:54Alors, on va savoir ce que dit, ce que va raconter Bertrand H. à la police.
04:59Alors, il faut présenter tout de suite ce couple, Bertrand et Bérenice H.
05:03Alors, je précise que ce ne sont pas les véritables prénoms de ces deux personnes,
05:08ni le nom de famille, parce que les identités ont dû être modifiées.
05:12Ça, c'est la loi suisse qui l'impose.
05:14Et nous la suivons, évidemment, nous nous plions à cette obligation.
05:17Bonjour, Maître Yaël Hayat.
05:19Bonjour.
05:20Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation de l'heure du crime.
05:23Vous êtes avocate au barreau de Genève et vous êtes l'une des avocates de Bertrand,
05:29qui est donc le suspect, avec Maître Géric Canonica.
05:32Maître Yaël Hayat, très simple, qui est ce couple ?
05:38Bien, écoutez, ce sont deux personnes qui viennent toutes deux de lignées assez cossues,
05:45qui ont eu toutes deux une éducation assez stricte,
05:49qui parfois confine un tout petit peu à la rigidité,
05:53et qui se sont rencontrés chacun, en fait, dans une trajectoire qui était un peu similaire,
05:58puisqu'ils avaient été tous deux éprouvés par une séparation difficile.
06:02Et donc, c'est une sorte de renaissance.
06:05C'est un couple qui, tout va bien chez eux ?
06:08Ils ne sont pas en instance de divorce ? Ils ont l'air amoureux ?
06:12C'est un couple dont tous les témoins, famille, amis, ont décrit véritablement une relation très proche.
06:22Certains diront que cette union était presque une bénédiction,
06:25et c'est un amour qui ne s'est jamais érodé.
06:28Ils s'écrivaient beaucoup, et on pouvait voir, en fait, dans leurs écrits,
06:32les gages d'un amour vraiment fervent.
06:35C'est ça, un amour vraiment fervent.
06:37En tout cas, tous les témoins le disent.
06:39La famille est autour de cet homme qui commence à être soupçonné à ce moment-là.
06:43Mais enfin, voilà, on pense qu'il dit la vérité.
06:46Bonjour Marie Prieur.
06:47Bonjour.
06:48Merci beaucoup d'avoir fait le voyage depuis Genève,
06:51pour nous rejoindre dans ce studio de l'heure du crime.
06:54Vous êtes journaliste pour 20 minutes en Suisse romande,
06:57et vous avez suivi toute cette affaire.
06:59Et vous allez évidemment nous parler des procès,
07:01parce qu'il y a plusieurs procès,
07:02mais ça, on va y venir dans un petit moment.
07:03Le mari, Bertrand, ce qu'il décrit tout de suite,
07:08c'est un malaise de sa femme.
07:10C'est un accident pur.
07:12En effet, il dit qu'il l'a trouvé sur le sol de la salle de bain,
07:15et il pense, lui, à un arrêt cardiaque ou à un AVC.
07:18Et donc, sa première version, c'est celle-là.
07:21Et il l'a retrouvée, donc, gisant sur le sol de la salle de bain,
07:24et il l'a transportée pour la remettre au lit.
07:26Alors, il y a une première alerte, ce sont les légistes qui la donnent.
07:29Il y a des coups sur ce corps.
07:30Il y a des blessures, il y a des hématomes,
07:32et il y en a beaucoup, il y a même une légiste,
07:33la première légiste qui examine le corps,
07:35elle va dire, c'est étonnant quand même.
07:37Il y a vraiment beaucoup, beaucoup de coups.
07:39Oui, on parle d'un tableau lésionnel qui est imposant,
07:42donc avec des plaies sur l'arrière des mains,
07:46avec aussi cette fameuse plume
07:49qui est un peu le déclencheur de cette théorie de l'asphyxie mécanique.
07:53Donc, une plume de 4,5 cm qui est dans la bronche de la victime.
07:58Et puis, on a aussi des blessures au poignet,
08:02et puis du sang qui est retrouvé sous les ongles de la victime.
08:05Donc, ça fait beaucoup, qu'estiment les légistes.
08:09Très longue autopsie, 7 mois, je l'ai dit, c'est ça ?
08:11L'autopsie intervient tardivement,
08:14et puis la crémation du corps qui était prévue est stoppée.
08:19Et puis là, il y a l'autopsie qui se met en route, effectivement,
08:22et puis qui montrent aussi des plaies au visage
08:26qui, d'après l'accusation, ne seront pas compatibles
08:29avec une autre version que celle d'une asphyxie mécanique.
08:33Bonjour Dr Paul Bensoussan.
08:35Bonjour.
08:36Merci beaucoup d'être avec nous également dans le studio de l'ordre du crime.
08:39Vous êtes expert psychiatre, judiciaire, on vous connaît très bien.
08:42Devant les tribunaux, vous avez fait des centaines d'expertises.
08:46Et dans cette affaire, vous apparaissez,
08:48parce que c'est à la demande d'ailleurs du suspect,
08:50de Bertrand, comme on l'appelle, le mari suspect,
08:53que vous êtes intervenu pour, en gros, l'analyser,
08:56savoir s'il pourrait avoir un profil criminel, c'est bien ça ?
08:59C'est ça. Non pas pour donner un avis, bien sûr, sur sa culpabilité,
09:02mais pour donner un avis sur sa personnalité.
09:05Donc, je l'ai rencontré à la demande des avocats de la Défense.
09:07Je l'ai très longuement rencontré en maison d'arrêt,
09:10en septembre 2022 et en janvier 2023.
09:13Après la seconde rencontre, j'étais dans une totale perplexité,
09:19puisque je n'avais jamais vu ça.
09:21C'est-à-dire, une entrée dans la délinquance.
09:25Je rappelle que quand je l'ai vu, il avait été condamné en première instance.
09:28On va y venir.
09:29On va y venir.
09:29J'y reviendrai.
09:30On ne va pas très vite, mais vous êtes là pour cerner ce profil criminel.
09:34Il y a quelque chose qui m'a étonné, mais vous allez peut-être pour me répondre.
09:38Dès lors que sa femme est morte,
09:39d'abord, il va se remettre très vite en ménage avec une autre femme.
09:42Bon, c'est son droit, évidemment, mais bon, la période de deuil, elle tombe assez courte.
09:47Et ensuite, il se débarrasse de la literie, les draps, les oreilles.
09:51On va lui reprocher ça.
09:52On va lui dire pourquoi vous avez fait ça.
09:54Bien sûr.
09:55Encore une fois, moi, je ne peux pas donner un avis.
09:57Oui, mais là, c'est un geste.
09:58C'est un geste.
10:00Alors, chacun y mettra ses représentations.
10:02Lui va dire que cette literie, pour lui, il était impensable de la garder,
10:08parce qu'elle représentait la mort de sa femme, la femme qu'il chérissait.
10:12Et ça, le rapport de police en atteste, comme je l'ai rarement vu dans aucun dossier,
10:17l'amour fervent que se portaient ces deux-là n'est remis en cause par personne.
10:22Donc, l'idée que sa femme a vécu ces derniers moments dans cette couette lui est intolérable.
10:29Et voilà ce qu'il dit pour expliquer ce geste.
10:32L'épouse est morte étouffée.
10:34Le mari va être placé en garde à vue.
10:37Bérénice Hache, l'affaire de la plume.
10:38Ma femme recherchait une sensation d'étouffement.
10:41Elle trouvait que l'excitation était plus grande.
10:43L'enquête de l'heure du crime.
10:44On se retrouve dans un instant sur RTL.
10:4614h15.
10:48Jean-Alphonse Richard sur RTL.
10:50L'heure du crime.
10:5314h15.
10:54C'est l'heure du crime sur RTL.
10:57L'heure du crime consacrée aujourd'hui à la mort suspecte de Bérénice Hache
11:01en février 2016 à Genève.
11:03La sexagénaire a été retrouvée au petit matin sans vie par son mari.
11:07Il évoque une chute.
11:08L'autopsie conclut un étouffement manuel.
11:11Huit mois plus tard, l'époux est le suspect numéro 1.
11:15Mardi 11 octobre 2016, Bertrand Hache est interpellé.
11:19Inculpé d'homicide volontaire sur son épouse.
11:22Il nie, mais il est placé en détention provisoire.
11:25Court séjour en prison.
11:27Deux mois plus tard, le mari est libéré.
11:29Et après avoir versé une caution d'un peu plus de 4 millions d'euros,
11:33il est placé sous contrôle judiciaire.
11:35Les légistes confirment l'asphyxie mécanique.
11:39C'est même un cas d'école, disent-ils.
11:41Selon eux, les échymoses sont le résultat d'une prise ferme de la tête.
11:46L'épouse n'a pas pu se dégager de son mari qui pèse 110 kilos pour 1,94 m.
11:51La plume retrouvée dans la bronche fait partie de la litterie aspirée par l'épouse qui recherchait désespérément de l'oxygène.
12:01Trois ans plus tard, une reconstitution filmée est organisée.
12:04Les spécialistes ne sont pas convaincus par les gestes désordonnés de Bertrand Hache qui aurait déposé le corps sur le lit.
12:11Ils ne correspondent pas aux conclusions médico-légales.
12:14Pour l'accusation, Bérénice est morte, étouffée sur son lit.
12:20Vendredi 13 mai 2022, 6 ans après le décès de Bérénice Hache,
12:25son mari Bertrand est jugé devant le tribunal criminel de Genève.
12:29Aucune partie civile.
12:30Ses propres enfants, mais aussi ceux de la victime, ne croient pas à sa culpabilité.
12:35Bertrand Hache maintient qu'il s'agit d'un tragique accident.
12:39Trois rapports de légistes français, allemands, canadiens, commandés par l'accusé,
12:44démentent un geste criminel.
12:46Mais après 4 jours de procès, Bertrand Hache est condamné à 13 ans de prison pour meurtre.
12:51Il est écroué.
12:52Il fait appel.
12:54Mardi 31 janvier 2023, 8 mois après sa condamnation,
12:58Bertrand Hache adresse une longue lettre au juge Genevois Grégory Orsi.
13:03Il dit avoir trouvé le courage d'écrire pour briser un secret.
13:07Ses avocats et la psychologue de la prison l'ont encouragé à le faire.
13:11Le 28 février 2016, un accident s'est produit et je n'ai jamais été capable d'en parler, écrit-il.
13:19Une immense honte m'en a empêché et je suis devenu prisonnier de ce mensonge.
13:24Le mari explique que Bérénice et lui avaient l'habitude de pratiquer des jeux sexuels extrêmes
13:30afin d'atteindre une excitation beaucoup plus intense.
13:33Bertrand Hache raconte que le matin fatal, vers 5h30, 6h, le couple s'est livré à une séance d'asphyxie érotique.
13:43Bérénice recherchait une sensation d'étouffement pratique qu'elle aimait et qu'on réalisait régulièrement,
13:49écrit Bertrand Hache qui ajoute
13:50« Elle trouvait que l'excitation était plus grande. J'y adhérais puisque cela nous procurait du plaisir. »
13:56Bertrand Hache explique que Bérénice lui tapait sur le bras quand il fallait s'arrêter.
14:01« Cela fonctionnait toujours bien, » assure-t-il.
14:03« Mais ce matin-là, elle ne m'a pas fait de signe. J'ai réalisé qu'elle ne réagissait plus. J'ai arrêté. »
14:09« Elle n'a rien dit. Elle était inerte. »
14:12Le mari écrit « C'était un acte d'amour qui a tourné au drame. »
14:17Acte d'amour qui a tourné au drame, pourquoi pas un accident, un jeu sexuel qui a conduit au pire.
14:22C'est comme cela que Bertrand Hache présente la mort de son épouse.
14:26Évidemment, ça change tout dans cette affaire.
14:29On va voir dans la suite de l'heure du crime si les juges et les jurés vont porter un regard différent sur l'ancien notaire.
14:35On retrouve dans cette heure du crime l'un de nos invités, c'est le docteur Paul Bensoussan, expert psychiatre judiciaire.
14:40Alors, je rappelle, Paul Bensoussan, que c'était la demande, évidemment, de Bertrand Hache que vous êtes intervenu.
14:45Il s'agissait pour vous d'examiner son profil à cet homme, savoir s'il avait un profil criminel.
14:49On l'a déjà dit.
14:51Simplement, là, vous allez commencer à rédiger un rapport sur lui alors qu'il est en prison, il a été jugé.
14:57Et là, patatrasse, d'un seul coup, il y a cette lettre qui arrive, qui sort de nulle part presque.
15:03Alors, je l'ai rencontrée à trois reprises et je m'apprêtais à rendre mon rapport après la deuxième rencontre.
15:08J'avais passé une pleine journée avec lui à la première rencontre, examen clinique, passation de test de personnalité,
15:16et puis passation de test de dangerosité, aussi criminologique.
15:21Je l'ai revu et j'étais dans une totale perplexité.
15:25J'allais conclure très humblement que ni la psychiatrie ni la psychologie ne permettaient d'éclairer ce crime si c'était un crime.
15:34À ce point-là, ça m'étonne de vous parce qu'en général, vous avez des options beaucoup plus tranchées.
15:40Là, je rendais non pas copie blanche parce que j'ai un rapport très volumineux,
15:44mais en tout cas, je voulais dire que l'explication n'était pas psychiatrique ou psychologique.
15:48Je résume.
15:49Une entrée dans la délinquance à l'âge de presque 70 ans par un homme n'ayant pas de pathologie psychiatrique,
15:57pas de trouble de la personnalité, pas d'impulsivité, pas de mobile, je ne l'avais jamais vu.
16:02Jamais.
16:03Ça ne veut pas dire que ça n'existe pas.
16:05Mais moi, je ne l'avais jamais rencontré.
16:06Et ça, effectivement, c'est quelque chose d'étonnant parce que là, on se retrouve à une vraie question.
16:13Marie Prieur, vous êtes avec nous, journaliste pour 20 minutes en Suisse romande.
16:17Vous venez de Genève.
16:19Marie Prieur, Bertrand Hache, il est cop de 13 ans de prison à son premier procès.
16:24Pourquoi ? Parce qu'on est sûr qu'il ment à ce moment-là ?
16:28En tout cas, ce qui a été démontré par l'autopsie, c'est que c'est forcément une asphyxie mécanique.
16:35C'est ça.
16:35Donc, pas une mort naturelle.
16:37Ça ne colle pas avec ce qu'il dit dans sa première version.
16:41Et donc, il y a cette fameuse lettre dont vous parliez qui intervient et qui intervient un mois avant le procès en appel
16:49et qui donc vient rebattre les cartes et qui vient proposer une nouvelle version.
16:53Alors que lui, il n'appellera pas une nouvelle version, mais la vérité enfin révélée.
17:00Mais donc, une nouvelle version qui est celle de ce jeu érotique qui a mal tourné.
17:04Alors, avec vous encore une question, Marie Prieur.
17:06Une plume, une toute petite plume dans un édredon.
17:09Une plume, ça ne pèse vraiment pas très lourd.
17:11Mais dans cette affaire, le poids, il est écrasant.
17:13Parce qu'effectivement, elle prouverait cette plume qui a eu cette asphyxie.
17:17C'est-à-dire que la victime a aspiré, malgré elle, cette plume.
17:21Elle n'en pouvait plus.
17:22Elle cherchait de l'air.
17:23Elle l'a aspirée.
17:23C'est bien ça ?
17:24Ça a d'ailleurs inspiré le nom de cette affaire, effectivement, l'affaire de la plume.
17:29Mais c'est tout un tableau lésionnel, comme je l'appelais, qui vient montrer qu'il y a eu un acte violent.
17:38Et puis donc, il faut trouver une explication à ça.
17:40Et donc, il y a eu cette asphyxie mécanique.
17:42Après, est-elle volontaire, cette asphyxie ?
17:45Ou est-elle due à ce jeu érotique ?
17:47C'est là toute la grande question à laquelle tous les juges ont eu affaire jusqu'à maintenant, quand ils ont évoqué cette affaire ?
17:53Oui, et les experts vont tout de suite dire que c'est un jeu sexuel.
17:56De toute façon, c'est un jeu violent, une asphyxie érotique.
17:59Effectivement, c'est souvent très dangereux, en tout cas.
18:03C'est ce que vont dire ces experts.
18:05Maître Yaël Hayat, vous êtes avec nous également dans cette heure du crime, avocate au barreau de Genève.
18:09Vous défendez Bertrand H. avec votre confrère, Guéric Canonica.
18:18Maître Yaël Hayat, pourquoi est-ce qu'il n'a pas avoué tout de suite le scénario scabreux de ce jeu érotique ?
18:25Pourquoi il n'a pas annoncé ça tout de suite ?
18:27Je pense que ça a été extrêmement difficile de l'avouer.
18:33Il a préféré poser un carré blanc, en fait, dans cette chambre conjugale, par pudeur.
18:40Je pense que ça s'explique, ça se comprend.
18:42Vous savez, la sexualité, c'est difficile d'en parler.
18:45Encore plus à la famille, aux enfants, il y a toujours un ricanement autour de ça.
18:50Il y a une incompréhension.
18:51J'ai l'impression véritablement qu'il s'est enfermé dans ce qu'il dira être un tunnel, qu'il a protégé lui et elle.
18:59Maître Paul Bensoussan.
19:00Pardon, docteur Paul Bensoussan, vous voyez, je vous faisais nommer tout de suite avocat.
19:04Docteur Paul Bensoussan, vous êtes d'accord avec ça ?
19:07Il a occulté cette réalité ?
19:10Je suis pleinement d'accord avec ça et je pense qu'on peut faire l'effort de se remémorer ce qui s'est passé.
19:14C'est la genèse du mensonge qui est intéressante encore plus que sa durée.
19:19Quelle est la première personne qui l'appelle sa belle-fille, la fille de la défunte,
19:24dont la maison jouxte pratiquement la sienne ?
19:27Allait-il avouer à la fille de son épouse la façon dont elle était décédée ?
19:35Si on se place dans l'hypothèse qu'il dit la vérité, ce qui est une hypothèse.
19:39Qu'il allait révéler un jeu érotique, c'est ça que vous voulez dire ?
19:40Évidemment non.
19:42Ensuite arrive le médecin urgentiste.
19:44La belle-fille est toujours là.
19:45Le médecin urgentiste lui demande s'il y avait des antécédents.
19:48Oui docteur, elle a fait deux accidents ischémiques transitoires.
19:52Le médecin urgentiste dit que c'est probablement alors un accident vasculaire cérébral.
19:57Et à ce moment-là, on a une espèce de pensée magique qui se met en place,
20:02c'est-à-dire qu'il rentre dans ce qu'il appelle très justement un tunnel
20:06dont il ne pourra plus sortir puisqu'il va recevoir le soutien de ses enfants,
20:13des enfants de la défunte et en détention provisoire un millier de lettres de soutien.
20:19Évidemment la levée de ce secret c'est un océan de honte sociale, c'est une infamie.
20:24On sent bien qu'il s'avance selon vous dans la mécanique du mensonge.
20:28Marie Prieur, un petit détail qui est troublant, c'est qu'il a mis du temps à appeler les secours.
20:33On va lui reprocher ça aussi à Bertrand Hache ?
20:35Effectivement, on va lui reprocher d'avoir mis longtemps et pour l'accusation,
20:39c'est une preuve de plus qu'en réalité il a pris ce temps-là pour donner de la crédibilité
20:45à son premier mensonge aux yeux de l'accusation, à savoir celui d'une mort naturelle.
20:50Donc la procureure ne croit pas évidemment à ce déni premier dont on parlait,
20:57mais elle, elle pense à une construction d'un mensonge pour rendre crédible la mort naturelle.
21:03Oui, parce que cette construction elle vient un peu tard, c'est ça.
21:06Là aussi tout est tardif chez cet homme.
21:08C'est ça, il y a le premier mensonge, si on considère que c'est effectivement,
21:12en tout cas sur le fait qu'il a menti, sur le fait que c'était une mort naturelle,
21:16ça, les deux clans sont d'accord, on va dire, mais donc il y a ce premier mensonge
21:21et puis ensuite, aux yeux de l'accusation, aux yeux du ministère public,
21:25il s'agit d'un mensonge qui intervient un mois avant le procès en appel
21:29où, on va dire, ça commence à chauffer pour lui, donc il se dit en appel,
21:34il faut que je montre une autre version et donc c'est là qu'intervient cette histoire de jeu érotique.
21:39Avec un changement d'avocat au passage, donc aux yeux de l'accusation,
21:43c'est les nouveaux avocats qui ont beaucoup œuvré à ce que cette nouvelle version soit mise en place.
21:48Procès en appel, le mari va donc être rejugé.
21:52Bérenice H, l'affaire de la plume, votre épouse a cherché à reprendre son souffle,
21:56il vous suffisait de penser à elle.
21:58L'enquête de l'heure du crime, l'époux est-il réellement un veuf éploré
22:01ou bien invente-t-il cette histoire d'accident sexuel pour échapper à la justice ?
22:06À suivre, dans un court instant, sur RTL.
22:09L'heure du crime, jusqu'à 15h sur RTL.
22:13C'est l'heure du crime sur RTL.
22:20Certains chercheurs travaillent depuis des années sur l'asphyxie érotique,
22:23ils sont très clairs sur la question, il n'y a pas d'asphyxie à risque zéro.
22:27Les risques sont considérables, évanouissement, lésions et bien sûr malheureusement décès.
22:32Toutes les pratiques qui entravent la respiration, qu'on soit seul ou à deux,
22:35sont potentiellement mortelles.
22:37Au programme de l'heure du crime, la mort douteuse de Bérenice H.
22:4267 ans en Suisse en 2016, une plume dans sa gorge prouve qu'elle a été étouffée.
22:47Son mari, riche, notable, jeune voix, a été condamné pour meurtre.
22:50Il nie, il évoque désormais un jeu sexuel fatal, il est rejugé en appel.
22:55Lundi 27 février 2023, c'est en pile après la mort de Bérenice H.
23:02Son mari Bertrand, 72 ans, est devant la chambre d'appel du tribunal de Genève.
23:07Sexe, mort, argent, la salle est comble pour apercevoir la haute stature de l'époux.
23:12Lui, qui avait toujours affirmé que son épouse avait fait une mauvaise chute, s'est ravisé.
23:17Il évoque désormais un étouffement accidentel causé par un jeu érotique extrême.
23:22« Je m'excuse d'avoir menti », déclare-t-il d'une voix feutrée.
23:26Bertrand H. affirme qu'il pense tous les jours à Bérenice, même si, depuis le drame, il a retrouvé une compagne.
23:32« L'amour ne s'arrête pas avec la mort, je continue à aimer ma défunte femme », l'accusé raconte la séance d'étouffement érotique.
23:40« Il a pris un coin de l'édredon, a couvert le nez et la bouche de son épouse.
23:44Elle n'a fait aucun signe. En réalisant qu'elle ne bougeait plus, j'étais catastrophée », dit-il.
23:49« Les experts précisent que la mort n'a pas été immédiate. Elle est survenue après 3 à 6 minutes de pression.
23:57C'est possible, je ne regarde pas ma montre quand je fais l'amour », commente Bertrand H.
24:02Les trois experts cités par la Défense, l'un en bondage et sado-masochisme, une légiste et le psychiatre français Paul Bensoussan, se succèdent.
24:139 mars, jour du verdict, le président déclare que Bertrand H. a fait preuve d'une grave négligence.
24:19« Votre épouse a cherché à reprendre son souffle. Il vous suffisait de penser à elle », dit le magistrat.
24:25La cour parle d'une faute très lourde, décrit le mari comme un homme ayant menti pour préserver sa propre réputation.
24:31Mais en dépit des critiques, la version du jeu érotique est retenue.
24:37Bertrand H. n'est plus condamné pour meurtre, mais pour homicide involontaire.
24:43Trois ans de prison. »
24:46C'est un rebondissement. À nouveau, on retient la thèse du jeu érotique, même si ce jeu est éminemment risqué.
24:53On entend tous les experts qui se sont succédés pour le dire.
24:57Marie Prieur, vous êtes avec nous dans cette heure du crime, journaliste pour 20 minutes en Suisse romande.
25:02Vous êtes à ce procès. Un petit mot sur Bertrand H. A quoi est-ce qu'il ressemble, cet accusé ?
25:08Il est d'abord effectivement très grand.
25:09Moi, j'ai vraiment le souvenir de cette stature très imposante, qui d'ailleurs avait eu ce réflexe physique au moment de la première condamnation, en première instance,
25:20de s'effondrer sur lui-même. J'ai rarement vu un accusé accuser le coup comme ça.
25:26Donc là, il intervient quand il est en appel. On retrouve cette stature imposante, ses cheveux blancs.
25:33Il a beaucoup de classe, il se tient droit et il s'exprime avec beaucoup d'aisance.
25:38L'accusation va dire, et c'est d'ailleurs assez bien vu, l'accusation va dire qu'il aurait pu arrêter cette pression.
25:45Le temps passé pour l'étouffement, il est très long, entre 3 et 6 minutes de pression.
25:52On a le temps effectivement de lever la main et de dire stop.
25:57Alors oui, effectivement, 3 à 6 minutes pour mourir dans ces conditions-là.
26:02Donc la procureure, encore une fois, a décrit ces 3 à 6 minutes en disant qu'il y avait forcément des réflexes qui étaient très imposants au niveau physique.
26:13Donc elle a dû tousser, elle a dû se débattre.
26:18Et donc il n'a pas pu, selon l'accusation, ne pas voir ce qu'il était en train de faire.
26:24Et puis, à l'inverse, la défense dit qu'ils ont fait une reconstitution dans laquelle ils ont montré qu'on n'entendait pas forcément l'atout en question d'une personne qui était sous l'édreuze.
26:38Sous l'édreuze.
26:39Voilà, que ça pouvait couvrir.
26:41Et puis, voilà, on peut imaginer que dans le cadre d'un acte sexuel, avec tout ce que ça représente en termes d'émotions, en termes d'adrénaline, etc., il était dans son truc et qu'il ne l'aurait pas entendu.
26:56Oui, c'est ça.
26:56C'est un peu les deux possibilités.
26:58Mais c'est étonnant quand même parce qu'elle est restée inerte, il l'a décrit comme inerte, elle n'a pas bougé, elle avait l'habitude, paraît-il, de bouger sa main pour dire stop, stop.
27:06Là, elle ne bouge absolument pas, donc pendant trois à six minutes, c'est très étrange.
27:11C'est en tout cas ce qu'il décrit.
27:13Je ne suis pas du tout expert dans ce genre d'expérience, mais enfin bon, voilà, c'est quand même assez étrange.
27:20Docteur Paul Bensoussan, expert psychiatre judiciaire désigné à la demande, effectivement, de Bertrand H.
27:26Vous l'avez expertisé. Qu'est-ce que vous venez de dire à ce procès, en appel ?
27:30Je viens expliquer l'énigme criminologique.
27:33Non pas parce que je prétends défendre la thèse de l'innocence, mais parce que c'est réellement une énigme, il n'y a pas d'explication.
27:42Il n'y a pas d'explication psychologique ou psychiatrique.
27:44Je répète, mais c'est fondamental, c'est un couple qui s'aime.
27:49Si vous voulez, les policiers sont montés sur des années d'échange SMS et ils disent dans le rapport de police, qu'on a rarement vu,
27:56des échanges aussi tendres et aussi constants.
28:00Il n'y a pas de mobile, il est plus riche qu'elle, ce n'est pas lui qui va irriter, pas de troubles psychiatriques, c'est incompréhensible.
28:07Donc je viens simplement expliquer que l'asphyxie érotique, ça existe, c'est une paraphilie, c'est un...
28:14Vous savez, j'enseigne la sexologie médico-légale en faculté de médecine, les avatars de la sexualité humaine, y compris violente, sont innombrables.
28:22Donc je suis venu dire que ça existait et je suis surtout venu expliquer la genèse et la durée du mensonge.
28:28Parce que c'est ça qu'on ne lui pardonne pas, c'est d'avoir menti pendant cinq années.
28:33Et effectivement, comme le disait Marie Prieur, à l'approche du procès en appel, il nous sort ça, ce qui peut ressembler à une invention de dernière minute.
28:41Alors vous l'avez rencontré à plusieurs reprises, Bertrand Hache, quel effet vous a-t-il fait cet homme quand on parle de cette plume, de cet étouffement, etc.
28:51Il vous dit quoi à vous le psychiatre ? Il vous dit aidez-moi ?
28:54C'est surtout à la troisième rencontre, après ce dévoilement, c'est avant la lettre qu'il a écrite au juge que je le revois.
29:01C'est les avocats de la défense qui me disent il faut que vous reveniez le voir, il vient de dire quelque chose d'extrêmement important.
29:09Et là il s'effondre littéralement au parloir.
29:13Il est mort de honte, y compris vis-à-vis de moi.
29:16Puisqu'il dit je vous ai menti alors que vous m'aviez fait confiance, etc.
29:20Et on la ressent cette honte, elle est palpable.
29:24Il a honte de ce jeu érotique qui a été fatal et il a honte du mensonge.
29:30Mais c'est cette honte qu'il a emprisonné.
29:32Et la métaphore qu'il va prendre du tunnel me paraît extrêmement parlante et illustre très bien le secret dans lequel il est enfermé.
29:42Une procureure ne croit pas du tout à la sincérité de cet homme, le verdict est cassé.
29:47Oui, Bérenice H, l'affaire de la plume, ce n'est pas parce qu'on ne connaît pas le mobile qu'il n'existe pas l'enquête de l'heure du crime.
29:56On se retrouve dans un instant sur RTL.
29:57Retour dans l'heure du crime sur la mort de Bérenice H, 67 ans, à Genève en 2016.
30:16Et tout fait par son mari au cours d'un jeu érotique, condamné pour meurtre, puis seulement pour homicide involontaire en appel.
30:24Verdict est cassé.
30:26Le mari est convoqué pour un troisième procès.
30:28L'accusation veut sa condamnation.
30:30Lundi 6 octobre 2025, 9 ans après le décès de Bérenice H, Bertrand H, 75 ans et de retour au palais de justice de Genève,
30:40le tribunal fédéral a estimé que le précédent procès a laissé trop de questions sans réponses,
30:46comme le sang du mari découvert sous les ongles de l'épouse, qui aurait donc bien pu chercher à se défendre.
30:52La procureure estime que Bertrand H a pu inventer cette histoire de jeu érotique pour échapper à l'accusation de meurtre.
31:00Le psychiatre français Paul Bensoussan n'y croit pas.
31:03Il décrit un homme qui est le moins impulsif du monde.
31:06Il a le score de psychopathie le plus bas qu'on puisse trouver.
31:11Jeudi 9 octobre, la procureure Anne-Laure Hubert demande une condamnation à 14 ans de prison pour le meurtre de Bérenice H.
31:18Pour la procureure, Bertrand H a eu du temps pour échafauder le scénario sexuel.
31:25Vous les avez vues ces photos des légistes ?
31:27On ne parle pas de quelques hématomes, la victime est couverte de bleu.
31:31Ses lésions sont profondes et violentes, martèle la procureure.
31:34Les légistes ont du mal à s'accorder sur ces blessures.
31:37Un expert médecin déclare que ces marques sont nombreuses et évidentes,
31:42mais elles ne constituent pas pour autant la preuve d'un homicide intentionnel.
31:48Et là, on a changé d'ambiance à ce procès soudain,
31:52parce que là, l'accusation est beaucoup plus ferme contre le mari,
31:56mari suspect, Bertrand H, Marie Prieur.
31:59Vous êtes avec nous dans cette heure du crime, journaliste,
32:01pour le journal 20 minutes en Suisse romande.
32:04Et vous nous éclairez sur cette histoire, vous l'avez suivi quasiment depuis le début.
32:09Marie Prieur, évidemment, l'accusation est beaucoup plus incisive,
32:13parce que là, on le montre du doigt et on essaie de trouver plein d'éléments
32:17qui accablent cet homme.
32:19En fait, l'accusation, à ce moment-là, elle est un peu plus forte,
32:23puisqu'elle a derrière elle l'arrêt du tribunal fédéral,
32:27qui a dit que la condamnation en appel, donc pour l'homicide par négligence,
32:32était arbitraire.
32:33Le mot arbitraire est répété 27 fois dans l'arrêt du tribunal fédéral.
32:36Donc, l'accusation reprend ce nouveau procès en appel
32:40avec cette force d'avoir le verdict précédent
32:45qui est beaucoup mis en doute par le tribunal fédéral.
32:48Et donc, à ce moment-là, la procureure, Anne-Laure Hubert,
32:52elle a ces deux thèses qui sont clairement établies.
32:56Soit c'est un homicide volontaire, ce qu'elle soutient depuis le début,
33:01et puis elle en veut pour preuve essentiellement ce tableau lésionnel.
33:04Après, il y a quelque chose qui malheureusement manque dans son argumentation,
33:09c'est le mobile.
33:10Bien sûr.
33:10Puisqu'on n'a pas de mobile.
33:11Un mot là-dessus, avec vous, Marie Prieur, il n'y a pas de mobile.
33:15En tout cas...
33:15Paul Bainsoussan nous l'a dit, c'est un homme riche,
33:18il n'a pas tué pour avoir l'argent de sa femme, c'est lui qui a l'argent.
33:21Il s'aimait, donc voilà pourquoi tuer cette femme, etc.
33:26Il s'aimait, puis même l'hypothèse d'un acte, d'un déchaînement de violence,
33:31elle apparaît comme compliquée, puisque pour nous aussi, journalistes,
33:38il apparaît comme quelqu'un de très peu impulsif, et de très cadré.
33:42Et puis voilà, et puis en plus, il y a cette histoire d'amour très fort entre les deux,
33:46au point que l'un des derniers gestes qu'il va le faire, c'est aussi pour son épouse.
33:50C'est-à-dire qu'il ressort ce soir-là pour aller chercher le journal,
33:53parce qu'il sait qu'elle aime le lire le matin.
33:55Et on va retrouver ce journal au chevet du couple.
33:59Donc tous ces gestes ont tendance à prouver qu'on parle d'un couple aimant,
34:04et d'un mari qui est très attentionné envers son épouse.
34:07Ce qui n'exclut pas la thèse du meurtre, de toute façon.
34:10On en est là aujourd'hui, on est entre deux eaux.
34:13Maître Yaël Hayat, c'est Paul Bensoussan qui le disait à cette audience,
34:17c'est l'homme le moins impulsif du monde, Bertrand H, votre client.
34:22Est-ce que c'est une réalité pour vous ?
34:25Je crois que ce qui le caractérise véritablement, c'est ce calme,
34:29c'est l'antithèse du belliqueux, de l'impulsif.
34:32Quand il a été confronté à nombre d'épreuves,
34:36mais vraiment des épreuves d'envergure,
34:39il reste dans un calme et dans une maîtrise totale.
34:42Et donc c'est vrai qu'on a cherché,
34:44et c'est pour ça d'ailleurs qu'on a demandé l'éclairage du docteur Bensoussan,
34:47c'est finalement, mais dites-nous dans quoi un tel acte pourrait prendre ancrage.
34:52Et la famille se soutient toujours, la famille Bertrand H ?
34:57Alors la famille de la défunte a été, je pense,
35:05marquée par ce mensonge originel de Bertrand.
35:10Et donc pour l'instant, elle est dans un certain silence
35:14depuis la survenance des révélations.
35:17Et puis sa propre famille, vous voyez, cette vérité, elle est encombrante,
35:21parce qu'elle est tonteuse, elle est inavouable,
35:26et donc c'est un peu plus difficile.
35:28Il est moins fréquentable depuis qu'il dit la vérité.
35:31Paradoxalement, on le trouvait plus vertueux dans le mensonge.
35:35Docteur Paul Bensoussan, c'est étonnant ce que dit effectivement Maître Yaël Hayat.
35:41On le trouve plus présentable, effectivement,
35:44quand il mentait que là où il dirait la vérité.
35:47Je crois qu'il y a deux choses.
35:49Encore une fois, la durée de ce mensonge est difficilement pardonnable
35:53pour tous ceux qui l'ont soutenu et qui se sentent trahis.
35:56Et puis il y a cette notion de tabou.
35:58Qu'est-ce que c'est un tabou ?
35:59C'est ce dont on ne parle pas par honte et par pudeur.
36:03On a la honte, non seulement dans l'hypothèse où il dit la vérité,
36:07moi je ne suis pas là pour plaider, je suis là pour donner un avis psychiatrique.
36:12Dans l'hypothèse où il dirait la vérité,
36:14il est évident qu'on est dans le tabou absolu.
36:17Non seulement c'est de l'érotisme, c'est de l'érotisme déviant,
36:20mais sa femme en est morte.
36:22Et il a abusé tous ceux qui l'ont soutenu pendant des années.
36:25Donc il est évidemment maintenant dans une grande solitude.
36:30Et il s'enferme dans son mensonge aussi.
36:31C'est ce que dit Maître Yaël Hayat.
36:34Il s'est enfermé dans ce tunnel du mensonge.
36:37Vous savez, il y a une phrase de Dupré sur la mythomanie au XIXe siècle.
36:42Le mythomane ment, il sait qu'il ment, mais il oublie qu'il ment.
36:45Alors je ne veux pas du tout dire que M. Amers soit un mythomane, il ne l'est pas.
36:50Mais en revanche, il faut comprendre que plus on s'enferme dans le mensonge,
36:54plus on convainc autrui, et plus on a de moins en moins d'efforts à faire
37:00pour se souvenir du mensonge originel.
37:02Quand le miroir des autres vous dit, on te croit, on vous croit,
37:06vous continuez à s'insister dans ce mensonge.
37:08Il y a une phrase très belle qui dit ça d'un auteur début XXe siècle.
37:13L'homme qui se sent dans l'erreur, se plaît dans cette situation,
37:18se donne le change à lui-même et se persuade très positivement
37:21que cette erreur est une vérité.
37:24Neuf ans après le drame, le mari attend d'être fixé désormais sur son sort.
37:29Bérénice H, l'affaire de la plume.
37:31J'ai causé la mort de mon épouse que j'ai beaucoup aimé
37:34et j'ai menti.
37:35L'enquête de l'heure du crime.
37:36Je vous retrouve tout de suite sur RTL.
37:39Jean-Alphonse Richard sur RTL.
37:41C'est l'heure du crime jusqu'à 15h.
37:4514h15, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
37:49L'heure du crime.
37:51Dans l'heure du crime aujourd'hui, la mort de Bérénice H à Genève en 2016,
37:55étouffée par son mari lors d'un jeu sexuel.
37:57Ce dernier évoque un accident.
37:59Il lit toute intention criminelle.
38:01Jugé une troisième fois à l'automne 2025,
38:04il reste menacé par une condamnation pour meurtre.
38:08Bertrand H, 75 ans, et depuis presque 10 ans,
38:11englué dans l'affaire de la mort de son épouse.
38:13Il regrette avoir menti et révélé trop tardivement le scénario de l'asphyxie érotique.
38:19« J'ai menti par pudeur.
38:21Son décès m'a détruit.
38:23Je ne veux pas jouer les victimes car j'ai causé la mort de mon épouse
38:26que j'ai beaucoup aimé », avait déclaré Bertrand H devant la cour.
38:30Bertrand H, soutenu par ses proches, a toujours nié le meurtre.
38:36« La vérité, c'était un accident », avait-il déclaré à sa nouvelle compagne
38:41qui venait de le visiter au parloir de sa prison.
38:45« Il aimait sa femme, oui, mais ce n'en empêche pas de l'avoir tuée.
38:49L'accusé est une bonne personne.
38:51Oui, reconnaît la procureure, mais être un bon mari n'empêche pas d'être un meurtrier. »
38:57La voix du journaliste Denis Palma au procès à la Chambre pénale d'appel à Genève,
39:02c'était en mars 2023, pour le journal Léman Bleu.
39:07Effectivement, là, il est englué dans cette histoire depuis dix ans.
39:10Marie Prieur, cet homme, on attend désormais le verdict, le verdict final,
39:16parce qu'on est au troisième procès, on imagine mal qu'il y ait encore des suites judiciaires.
39:20Il a 75 ans aujourd'hui, Bertrand H.
39:23C'est très indécis.
39:24D'abord, on ne sait pas s'il n'y a pas de date pour ce verdict.
39:27C'est un peu particulier.
39:28La délibération peut durer des semaines.
39:31Oui, parce que finalement, le verdict sera rendu sous format papier,
39:36on va dire, aux différentes parties et il n'y aura pas de lecture publique.
39:40C'est pourquoi on n'a pas de date fixe et il est envoyé directement au parti.
39:45C'est très difficile de savoir encore aujourd'hui,
39:48on est là dix ans après les faits,
39:50ce qui s'est vraiment passé dans cette chambre de cet appartement.
39:54C'est très compliqué, parce qu'on n'a qu'une seule version.
39:57C'est ça la difficulté de ce genre d'affaires,
40:00c'est qu'il y a un seul témoin, c'est le suspect lui-même.
40:02Dans un huis clos meurtrier, comme vous le disiez,
40:05souvent, quand il n'y a que deux personnes,
40:07et que l'une des deux n'est plus là pour parler,
40:09on n'a que la version, effectivement, de l'accusé.
40:11Et c'est ce qui fait dire d'ailleurs à la procureure,
40:14au moment de son réquisitoire,
40:15que la seule façon de parler de la victime, c'est son corps.
40:19Et donc, c'est ce que révèle l'autopsie.
40:21Donc, elle, elle veut mettre en avant la parole de ce corps de la victime.
40:27Et puis, lui, il est encore là pour s'exprimer.
40:30Alors, c'est très intéressant ce que vous dites, Marie Prieur.
40:32Il vous le dit très bien d'ailleurs.
40:34Donner la parole au corps de la victime,
40:36ça c'est une très bonne expression.
40:38Docteur Paul Bansoussan, vous êtes expert psychiatre,
40:40et vous connaissez bien ce dossier.
40:42Vous avez été désigné par Bertrand Hache,
40:44le mari suspect, pour l'examiner, finalement,
40:47savoir s'il y avait de la criminologie en lui,
40:49faire parler le corps des accusés.
40:51Mais il va falloir faire parler cet homme.
40:54Est-ce qu'il a assez parlé ?
40:55Est-ce qu'il a tout dit ?
40:56Ou est-ce qu'il a gardé des choses encore ?
40:59Nous ne le saurons jamais.
41:00Je crois que, quoi qu'il dise,
41:02il n'en dira jamais assez pour expliquer les cinq années de mensonges.
41:05Donc, ce qui est important,
41:08c'est de savoir s'il existe ou pas un doute dans cette affaire.
41:11Je comprends parfaitement la suspicion
41:13que peut provoquer un aveu d'une asphyxie érotique
41:17à quelques semaines d'un procès en appel pour meurtre.
41:21Mais, à contrario, je me dis quand même
41:24que si nous supprimons cette explication-là,
41:28il reste que nous n'en avons aucune.
41:30Et ça, tout le monde l'admet.
41:32Donc, la condamnation d'un homme
41:34sans explication possible,
41:37ni psychiatrique, ni criminologique,
41:39c'est extrêmement difficile à imaginer.
41:42Mais tout est possible.
41:44Et c'est pourquoi le suspense
41:46dans l'attente du verdict est total.
41:48Bien sûr.
41:49Maître Yaël Hayat,
41:50vous êtes avec nous, avocate au barreau de Genève,
41:52l'une des avocates de Bertrand H.
41:55Avec votre confrère,
41:56Maître Guéric Canonica.
41:58Maître Yaël Hayat, on l'a dit,
42:00mobile est introuvable.
42:01Marie Prieur nous l'a dit.
42:02Il n'y a pas de mobile.
42:03Ça, c'est quand même très compliqué
42:04dans l'affaire criminelle.
42:06Est-ce que ça pourrait être finalement
42:07un geste de colère, tout simplement ?
42:09Une colère, un accès de colère ?
42:11Véritablement, il n'y a ni mobile,
42:13ni dans le scénario, rien de précis.
42:16Du côté du ministère public,
42:18on ne sait pas comment cette mort serait survenue,
42:20à quel moment elle aurait été infligée,
42:22pourquoi elle aurait été infligée.
42:24Et malgré ça, effectivement,
42:26il est condamné à 13 ans
42:28parce qu'on considère que,
42:30finalement, on considère exclusivement,
42:31on fait un espace total
42:33à la médecine légale.
42:36Docteur Paul Bensoussan,
42:38un mot là-dessus,
42:38sur ce que dit Maître Yaël Hayat ?
42:40En ce qui concerne une réaction de colère,
42:43je voudrais vous dire
42:43que le jugement clinique,
42:45dans ce rapport,
42:46est étayé par la passation d'échelles,
42:48d'échelles extrêmement validées
42:50sur l'impulsivité,
42:52la personnalité psychopathique, etc.
42:53Il a un score très bas
42:55qui est en accord
42:56avec l'impression clinique
42:58qui se dégage de lui.
42:59Ce n'est pas un homme impulsif.
43:01Ce n'est pas un homme impulsif,
43:02ce n'est pas un homme coléreux,
43:03c'est colérique,
43:04ce que vous nous dites,
43:05Docteur Paul Bensoussan.
43:06Marie Prieur,
43:07est-ce que, effectivement,
43:08les chroniqueurs judiciaires en Suisse,
43:10les journalistes,
43:10portent le même regard sur...
43:12Je voulais juste revenir
43:13sur l'absence de mobile,
43:15c'est une absence apparente.
43:16C'est ce que disait la procureure,
43:18c'est-à-dire,
43:18ce n'est pas parce qu'il n'y a pas
43:19de mobile à nos yeux
43:21que le mobile n'existe pas.
43:22C'est très important.
43:23Et puis donc,
43:24par rapport à ce qu'on pense
43:25les chroniqueurs judiciaires,
43:26c'est ça ?
43:27Oui, parce que vous avez
43:28un regard là-dessus.
43:29Vous l'avez vu évoluer cet homme ?
43:30Alors, nous,
43:31on suit effectivement cette affaire
43:32depuis maintenant
43:33de nombreuses années
43:34et je dois dire que,
43:36pour moi,
43:37c'est un cas d'école
43:38du fait que le doute subsiste
43:42et que, du coup,
43:43il empêche une condamnation
43:44pure et dure de cet homme
43:46puisque, pour moi,
43:47il y a vraiment un doute énorme
43:49entre ces deux versions.
43:50Et vous êtes dans la version
43:51« Le doute doit profiter à l'accusé »
43:52si je vous suis.
43:53Donc, voilà.
43:54Pour l'instant,
43:54on en est là.
43:55Maître Yahel Hayat,
43:56dernière question avec vous.
43:57Évidemment,
43:57vous attendez ce verdict
43:58qui va vous arriver,
43:59j'ai envie de dire,
44:00presque par mail
44:01ou par la poste
44:02puisque c'est un verdict
44:03qui sera écrit,
44:04qui ne sera pas publié.
44:06Juste en mot,
44:06pourquoi cet intérêt
44:08pour cette histoire
44:09dont on parle depuis une heure ?
44:11C'est à cause de quoi ?
44:12Le sexe ?
44:13La mort ?
44:15Il y a quelque chose
44:17de l'ordre de l'invraisemblable
44:19de penser que l'on supprime
44:21soudainement l'être aimé,
44:23sans raison.
44:25Bien sûr qu'il y a des féminicides,
44:26bien sûr que les hommes
44:27tuent leur épouse,
44:28mais ils tuent leur épouse
44:29quand l'amour est menacé.
44:31Et ici,
44:31on est dans l'antithèse de ça.
44:33Et je pense que ce qui
44:34vraiment interpelle,
44:36c'est l'invraisemblance
44:38de la situation,
44:39c'est le fait
44:40qu'on ne comprend pas
44:41et ça reste une énigme
44:42judiciaire,
44:44humaine,
44:45psychiatrique,
44:45une énigme totale
44:46et un mystère,
44:47de pouvoir entrevoir
44:49que l'on puisse tuer
44:51soudainement
44:52l'être aimé,
44:53sans raison.
44:53On verra ce que dira
44:56la justice suisse.
44:57Merci beaucoup
44:57Maître Yaël Hayat,
44:59Docteur Paul Bensoussan
45:00et Marie Prieur
45:01d'avoir été aujourd'hui
45:02les invités de l'heure du crime.
45:03Merci à l'équipe de l'émission.
45:04Rédactrice en chef,
45:05Justine Vigneault,
45:06préparation Lisa Canales,
45:07Pauline Descillons,
45:08réalisation en direct,
45:09Nicolas Godet.
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