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00:00L'avenir de la bande de Gaza, quelle est-il ? Quelle suite a donné au cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas ?
00:06On en parle avec Sonia Ghazali depuis Washington pour France 24 et Justin Weiss, fondateur et directeur général du Forum de Paris sur la paix.
00:14Bonsoir à tous les deux. C'était donc tout l'objectif du sommet pour la paix qui se tenait à Charmelsher en Égypte.
00:20Sur place, une vingtaine de chefs d'État, dont Donald Trump, le président américain qui, avec les dirigeants égyptiens, qataris et turcs,
00:27ont signé un document censé établir les jalons du processus de paix. Les détails ne sont pas connus.
00:34Le locataire de la Maison Blanche qui se voit d'ores et déjà faiseur de paix.
00:39Tout le monde disait que c'était impossible et enfin nous avons la paix au Moyen-Orient.
00:43Après des années de souffrance et de sang versé, la guerre à Gaza est terminée.
00:47L'aide humanitaire arrive désormais en masse, avec notamment des centaines de camions chargés de nourriture, de matériel médical et d'autres fournitures,
00:55dont une grande partie est payée par les personnes présentes dans cette salle.
00:59Sonia Ghezali, on l'a entendu, Donald Trump se voit faiseur de paix.
01:02C'est sans conteste le plus gros succès diplomatique de son deuxième mandat ?
01:10Oui, on peut le dire, Donald Trump vient vraiment de marquer un point majeur sur la scène internationale.
01:16Aucun chef d'État n'était parvenu à faire cela avant lui.
01:19Il l'a d'ailleurs répété plusieurs fois, on l'a vu arriver un héros à Tel Aviv, pareil à Charmelsher.
01:27Moi, je fais des deals, c'est tout ce que je fais.
01:29C'est ce qu'il a dit aux côtés du président égyptien d'Al-Fatar Al-Sisi, avec qui il copréside le sommet de la paix.
01:35Et on l'a entendu dire dans l'extrait que vous avez passé, c'est la paix au Moyen-Orient.
01:38Il a insisté, on a l'impression que la paix est scellée, à entendre Donald Trump.
01:43Tout est fait et tout cela, c'est grâce à lui, selon lui.
01:46C'est en tout cas le ton qu'il a donné à son discours à la Knesset, celui d'un homme qui revendique la victoire.
01:52Et c'était d'ailleurs un discours à la fois solennel et un discours très personnel que Donald Trump a prononcé devant le Parlement israélien.
01:59Il a utilisé d'ailleurs des grandes formules.
02:01Ce n'est pas seulement la fin de la guerre, c'est la fin de l'ère de la terreur et de la mort, avec un ton presque messianique.
02:07On comprend très bien que Donald Trump cherche vraiment à ancrer, comme vous le disiez, cette image de faiseur de paix sur laquelle il ne cesse d'insister depuis le début de son mandat.
02:18Jusqu'à ce week-end, il clamait à toute occasion avoir mis fin à cette guerre et qu'il méritait pour cela le prix Nobel de la paix.
02:25On l'a entendu à plusieurs reprises le clamer.
02:27Et avec ce plan de paix pour Gaza, si on écoute le président américain, il aurait mis fin à huit conflits à ce jour.
02:33Et ce huitième conflit est un très vieux conflit, comme il aime le répéter.
02:37Donc le défi, la taille de la tâche est encore plus immense.
02:40Et il insiste dessus avec son style.
02:43Il mêle la flatterie, la provocation et l'improvisation.
02:46Il est en fait lui-même.
02:48Et il se pose, il s'est posé à Tel Aviv, comme à Cher Melcher, comme médiateur régional.
02:53C'était d'ailleurs une mise en scène totale après le chaos, la réconciliation.
02:58Et c'est lui qui apporte cette paix.
02:59Il ressort clairement avec l'image de l'homme fort qui replace en fait les États-Unis au centre du jeu mondial.
03:05Et c'est clairement une victoire pour lui.
03:08Justin Weiss, est-ce que Donald Trump échoue réellement là où tout le monde a échoué jusqu'ici ?
03:15Est-ce que c'est vraiment le début du nouvel ère pour le Moyen-Orient, comme aime le dire le président des États-Unis ?
03:21Je suis désolé d'être un petit peu moins optimiste, mais bon, si Trump est le seul chef d'État à avoir imposé un cessez-le-feu,
03:35c'est parce qu'il était le seul chef d'État à pouvoir imposer un cessez-le-feu.
03:39C'est-à-dire qu'il faut toujours mesurer en politique les accomplissements avec les moyens dont on dispose.
03:46Personne d'autre ne disposait de la puissance américaine.
03:51Les États-Unis ont tout de même fourni l'essentiel des armes qui ont servi à Israël à conduire cette guerre.
03:57Donc, il était normal qu'ils aient sur Israël une influence qu'aucun autre chef d'État n'avait.
04:04Donc, je crois qu'il faut quand même prendre un pas de recul.
04:08Il faut se réjouir énormément de ce cessez-le-feu, c'est une bonne nouvelle.
04:12Les négociateurs américains, et en particulier Steve Whitcock et Jared Kushner, ont fait un bon travail, certes.
04:19Mais enfin, tout de même, ce deal d'abord aurait dû être fait bien avant.
04:25Dès mars 2025, on avait déjà les conditions politiques de ce deal.
04:30C'est Netanyahou qui a voulu prolonger la guerre.
04:32Et ensuite, le Hamas avait de moins en moins d'otages en vie qui valaient de moins en moins.
04:36Et donc, il y avait un moment où ils allaient cesser.
04:38Donc, bon, il faut aussi prendre tout ça avec un peu un grain de sel et ne pas trop tomber dans l'adulation de Trump.
04:44C'est très bien ce qu'il a fait, c'est formidable.
04:46On en est tous très réjouis.
04:47Mais enfin, voilà, c'est lui qui pouvait le faire.
04:50Et quant à une nouvelle ère au Moyen-Orient, je le souhaite très ardemment.
04:55Évidemment, ce serait formidable.
04:57Et il y a eu plusieurs images, dont celles que nous voyons exactement maintenant,
05:00lorsque Emmanuel Macron amène Mahmoud Abbas littéralement devant Donald Trump pour les forcer, en quelque sorte, à se serrer la main.
05:09Ça, ce sont des images très positives.
05:11Parce que toute la fin du plan de Donald Trump, du plan en 20 points, concerne cette question-là, c'est-à-dire l'avenir.
05:18C'est-à-dire que c'est très bien d'avoir un cessez-le-feu.
05:20Mais maintenant, il faut une paix durable.
05:22Et la paix durable, elle viendra si on trouve le chemin des deux États, d'une solution à deux États.
05:28Et pour ça, il faudra que l'autorité palestinienne fasse partie de l'équation.
05:33Et elle était à peine reconnue dans le plan de Trump.
05:35Là, il semble reconnaître son importance.
05:38Il faudra aussi désarmer le Hamas.
05:40Or, le Hamas a repris le contrôle d'une partie de Gaza déjà.
05:44Ils sont sortis des tunnels.
05:45Et c'est tout de même une mauvaise nouvelle.
05:48Donc, malheureusement, moi, je veux croire en ce chemin de la paix.
05:51Mais tous les obstacles ne sont pas abolis.
05:54Précisément sur le désarmement du Hamas.
05:56Est-ce que cet accord a vu le jour aussi grâce ou à cause de l'affaiblissement du Hamas ?
06:03Cet accord qui prévoit qu'il soit désarmé.
06:05Mais la question, c'est de savoir comment et aussi le rôle que va accepter de jouer désormais dans la bande de Gaza, le Hamas.
06:12Oui, c'est une des nombreuses questions qui se posent pour la suite.
06:18Ce qui est très troublant, c'est de voir comment les hommes du Hamas sont ressortis dans les rues de Gaza
06:23et ont réaffirmé leur pouvoir sur la population après deux années de guerre.
06:29C'est-à-dire après avoir détruit l'essentiel 90% de Gaza, avoir déplacé sa population
06:35et avoir mené cette politique qui a conduit pendant plusieurs mois à la famine,
06:41le Hamas n'a pas disparu.
06:43Il est évidemment très affaibli.
06:44Mais enfin, on voit les images ici et on voit la réalité sur le terrain.
06:48C'est toujours une réalité politique avec laquelle il va falloir composer.
06:53Et donc ça, c'est une mauvaise nouvelle.
06:55Et ça jette une lumière rétrospective sur cette guerre qui, de toute façon,
07:00ça explique aussi pourquoi Trump a réussi à faire ce cessez-le-feu.
07:03De toute façon, le moyen à employer cette guerre de destruction de Gaza
07:08ne suffisait pas à venir à bout du Hamas.
07:11C'est une très mauvaise nouvelle.
07:12Mais ça veut dire aussi que les moyens n'étaient pas adaptés aux fins
07:15et qu'il y a eu sans doute beaucoup de souffrance de Gaza
07:18qui aurait pu être évité depuis longtemps.
07:19– Sonia Ghezali, Justin Vahis évoquait cette photo,
07:23enfin en tout cas cette image.
07:24C'est l'une des séquences diplomatiques autour de laquelle a gravité Donald Trump.
07:29Aujourd'hui, cette présence de Donald Trump et de Mahmoud Abbas
07:32qui se serrent la main.
07:33Est-ce que c'est un succès de manière générale, cette journée,
07:36dont peut s'en orgueillir Donald Trump auprès de son électorat
07:40mais auprès de la société américaine de manière générale ?
07:44– Écoutez, ici, on voit vraiment un mélange entre l'admiration
07:49et la méfiance, puisque dans le camp républicain,
07:52on parle déjà du président de la paix.
07:55Le sénateur Bill Cassidy a par exemple tweeté,
07:58après plus de deux ans, les otages rentrent chez eux
08:00et cela ne serait pas arrivé sans Donald Trump.
08:03Certains de ses alliés évoquent même un prix Nobel de la paix,
08:06comme l'a fait d'ailleurs à Charmelsher le premier ministre pakistanais
08:10chez Bachar Yves, qui en prenant la parole aux côtés du président américain,
08:14l'a remercié à plusieurs reprises, l'a félicité,
08:16en réitérant qu'il méritait le prix Nobel de la paix.
08:20Mais on ressent en tout cas quand même clairement ici aux États-Unis
08:24la polarisation, on en parle d'ailleurs beaucoup
08:26depuis que Trump a été investi.
08:29Et c'est intéressant d'ailleurs de regarder le traitement
08:31dans les médias américains, puisque sur la chaîne ABC,
08:34par exemple, l'ancien maire de Chicago,
08:36Rahm Emmanuel, a déclaré,
08:38on ne peut pas aimer, on peut, pardon, ne pas aimer sa méthode,
08:41mais il faut lui reconnaître le mérite d'avoir fait taire les armes
08:44et rouvert le dialogue. Et puis ce dimanche,
08:47Jack Sullivan, l'ancien conseiller à la Sécurité nationale de Joe Biden,
08:50a déclaré, lui, sur CNN, bien sûr que Donald Trump mérite cette reconnaissance.
08:55Un double témoignage rare qui est venu de deux anciens piliers
08:58de l'ère Obama-Biden.
09:01Même ses adversaires politiques admettent sur ce coup-là
09:04que Trump a gagné en fait le crédit.
09:07Mais à Washington, certains diplomates sont beaucoup plus prudents.
09:10Pour eux, c'est un coup d'éclat, pas encore une stratégie.
09:13Le département d'État souligne d'ailleurs que le cessez-le-feu reste fragile
09:17et que la question palestinienne demeure entière.
09:20Les démocrates, eux, dénoncent une opération d'image,
09:22une diplomatie de la caméra, disent-ils.
09:25Et ils pointent une tonalité trop pro-israélienne
09:28et cette fameuse demande de grâce qui a été faite par Donald Trump
09:31à la Knesset en faveur de Netanyahou
09:34afin qu'ils soient graciés.
09:39Et cela est perçu ici comme une ingérence maladroite
09:41devant la justice, dans la justice d'un autre pays.
09:44Et puis sur les réseaux sociaux américains,
09:46la polarisation est totale.
09:48Les partisans de Trump voient un moment historique
09:51tandis que ses opposants ironisent sur un show de paix
09:54sans plan de paix.
09:55Mais une chose est sûre,
09:56Trump a quand même repris la lumière
09:58en politique comme en diplomatie.
10:00Il sait que l'image précède toujours la réalité.
10:02Et puis aujourd'hui, cette image-là,
10:04celle du faiseur de paix,
10:05elle est déjà en train de tourner en boucle
10:07sur toutes les chaînes de télévision américaines.
10:09Justin Vahis, sur l'une des questions
10:10qui restent en suspens avec ce plan,
10:12c'est l'avenir d'une solution d'un État palestinien
10:16et donc, a fortiori, d'une solution à deux États.
10:19On a un président égyptien, Al-Sisi,
10:21qui semble plutôt confiant sur l'idée
10:24que les jalons s'opposaient.
10:25Mais au-delà de ça, comment l'envisager
10:27alors que dans le plan même de Donald Trump,
10:29il n'est pas question d'un État palestinien
10:32et qu'il n'est même pas question de la Cisjordanie.
10:35Alors, il n'est pas question de la Cisjordanie.
10:37En revanche, si, il est mentionné
10:39dans les deux derniers points, 19 et 20,
10:42cet horizon d'un État palestinien.
10:45Et c'est très important.
10:46Et d'ailleurs, le plan n'aurait pas existé
10:49sans cette mention, tout simplement
10:50parce que les États arabes
10:51qui l'ont négocié avec Trump
10:53autour du 26-27 septembre dernier
10:58en ont fait une ligne rouge.
11:00Et que c'est la raison pour laquelle
11:02il est mentionné de façon malheureusement très vague.
11:05C'est ce chemin vers un État palestinien
11:07et donc, sous-entendu, une solution à deux États.
11:10Mais c'est évidemment là que le bas blesse.
11:13C'est-à-dire, c'est le caractère extrêmement vague
11:15de cette perspective-là
11:17par rapport au caractère très précis
11:19de tous les points du plan Trump
11:21qui précèdent, notamment, on l'a vu,
11:22pour la libération des otages.
11:24Et donc, tout l'enjeu diplomatique maintenant,
11:26et c'est ça qu'on fera notamment
11:27au Forum de Paris sur la paix
11:29fin octobre, dans deux semaines,
11:31les 29 et 30,
11:32c'est d'essayer d'être sûr
11:34que la paix succède au cessez-le-feu.
11:36C'est-à-dire qu'on parvient
11:38à la fois à rassembler les Palestiniens
11:42pour qu'ils présentent un front uni
11:44et notamment que ne soit pas,
11:46disons, découplée
11:48la Cisjordanie et Gaza
11:50et surtout que les Américains
11:54et les Israéliens
11:55laissent ce chemin
11:56vers un État palestinien se faire.
11:59Moi, j'ai la conviction
12:00que ça ne se fera pas
12:01avant que Netanyahou quitte le pouvoir,
12:03mais il y a beaucoup d'étapes
12:05avant cela
12:06qu'on peut aider à avancer.
12:09Et évidemment,
12:10si Trump veut son prix Nobel,
12:12alors c'est raté pour cette année,
12:14mais s'il le veut pour 2026,
12:16il ne suffira pas d'un cessez-le-feu
12:18qu'il faudra une paix.
12:19Et pour une paix,
12:20il faudra en passer par une solution
12:22à deux États.
12:23C'est ce que souhaitent,
12:24c'est tout le sens
12:25de la diplomatie franco-saoudienne,
12:27de toute la déclaration de New York
12:29et de tout l'effort
12:30de la diplomatie française
12:31depuis plusieurs mois,
12:33qui a eu un vrai impact
12:34sur toutes ces questions
12:35et qui offre, au fond,
12:37la seule porte de paix durable possible
12:39à Trump.
12:40Merci beaucoup,
12:41Justin Weiss,
12:42fondateur et directeur général
12:43du Forum de Paris sur la paix.
12:45Merci également à vous,
12:45Sonia Ghezali,
12:46correspondante France 24
12:47à Washington.
12:48Et puis,
12:49on a fait un petit peu de la paix
12:50de la paix.
12:50Alors,
12:51on a fait un peu de la paix,
12:51de la paix.
12:52On a fait un peu de la paix.
12:52On a fait un peu de la paix.
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