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00:00Générique
00:00Bonjour, on n'y croyait plus, un cessez-le-feu à Gaza, sur lequel sont tombés d'accord Israël et le Hamas.
00:14Le mouvement islamiste palestinien doit encore libérer tous les otages encore en sa possession, les vivants comme les morts.
00:20On les attend de pied ferme côté israélien, où l'on a célébré l'annonce de cette trêve,
00:25tout comme à Gaza, meurtris par deux années de guerre et des dizaines de milliers de victimes.
00:29Faut-il croire en la paix ? Vous nous le direz, Ilan Sialom, géopolitologue, expert du Moyen-Orient.
00:35Mais revenons à l'annonce de cet accord en images avec Alice Broga.
00:43C'est en pleine réunion sur la sécurité intérieure que Donald Trump apprend la nouvelle.
00:48Son chef de la diplomatie, Marco Rubio, entre soudain dans la pièce et lui tend un papier.
00:53Je viens de recevoir une note du secrétaire d'Etat disant que nous sommes très proches d'un accord au Moyen-Orient
01:01et qu'ils vont avoir besoin de moi assez rapidement.
01:04La note lui demande en réalité son autorisation pour annoncer un accord sur Gaza.
01:09La nouvelle, vue par un photographe de l'AFP, est aussitôt diffusée avant que Trump ne l'annonce sur son réseau social.
01:15Je suis très fier d'annoncer qu'Israël et le Hamas ont tous deux accepté la première phase de notre plan de paix.
01:22Cela veut dire que tous les otages seront libérés très prochainement
01:25et qu'Israël retirera ses troupes jusqu'à la ligne convenue,
01:29les premières étapes en vue d'une paix solide, durable et éternelle.
01:33Toutes les parties seront traitées convenablement.
01:35Le Premier ministre israélien salue la nouvelle.
01:38Je remercie les soldats héroïques de l'armée israélienne
01:41et toutes les forces de sécurité dont le courage et le sacrifice nous ont permis d'en arriver là aujourd'hui.
01:46L'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis affirme que les otages devraient être libérés entre samedi et lundi.
01:54Alors évidemment en Israël, l'annonce de la libération prochaine des otages a été accueillie avec beaucoup de soulagement.
02:01Stéphane Amart.
02:01Alors que le cessez-le-feu entre en vigueur à Gaza,
02:07tout le pays reste suspendu à la libération des otages qui devraient intervenir dans les prochains jours.
02:1348 otages sont encore détenus dans la bande de Gaza,
02:1620 seraient en vie selon Benjamin Netanyahou
02:19et 28 corps devraient être rapatriés et inhumés en Israël.
02:22Parmi eux, des Israéliens tués lors du 7 octobre
02:26et dont le corps avait été ramené à Gaza
02:28et d'autres qui ont été assassinés durant leur captivité.
02:32En tout état de cause, cet accord signé avec le Hamas
02:35suscite l'assentiment général ici en Israël.
02:37Hormis des ministres extrême droite,
02:39tout le gouvernement a voté pour cet accord.
02:41Et dans l'opinion, on estime également que c'est un bon accord.
02:43Pourquoi ?
02:44Eh bien parce qu'il répond aux deux objectifs que Benjamin Netanyahou
02:48avait fixé au lendemain des massacres du 7 octobre.
02:51D'abord le retour des otages et ensuite l'éradication de la branche armée du Hamas.
02:57Cette clause est contenue dans les accords,
02:59mais elle doit faire l'objet de négociations,
03:01des négociations qui seront sans doute très difficiles.
03:03Ilanne Shalom, ça va être un moment de délivrance bien sûr
03:08pour les familles des 20 otages encore en vie.
03:12Pour les autres, au contraire, un déchirement.
03:15Oui, ça va être un moment délicat.
03:17Ça fait deux ans que les familles attendent le retour des otages.
03:22On apprend qu'il y aura donc 28 otages qui vont être rendus
03:26et qui sont morts en captivité.
03:29Et rendus peut-être dans un second temps.
03:30Alors oui, dans un second temps.
03:31Et ça montre en fait ce processus par phase
03:34et l'importance en réalité de la confiance.
03:36C'est un cadre de confiance.
03:38J'ai entendu le mot trêve, j'ai entendu le mot d'accord.
03:42On n'est pas dans un accord de paix.
03:43On est dans un accord de confiance, de sortie de guerre.
03:46Et c'est toute la différence.
03:48Il y a tout un travail qui va être fait au niveau politique
03:50et qui viendra dans un second temps.
03:51Confiance à laquelle s'associent d'ailleurs un certain nombre d'États de la région,
03:54la Turquie, l'Égypte, qui proposent de fournir leurs moyens
03:56pour aider à localiser les corps de ces otages israéliens.
03:59Ça aussi c'est important.
04:00C'est extrêmement important parce que là, on passe d'une approche qui est locale
04:03avec sous l'égide des États-Unis à une approche qui est régionale
04:06où chacun prend sa part dans un accord.
04:09On a vu que les différents acteurs dont vous avez parlé
04:11ont joué leur partition pour en arriver là.
04:15Le Qatar dans la négociation avec les otages.
04:17L'Égypte qui est un acteur reconnu et traditionnel dans la région,
04:20dans les relations entre Israéliens et Hamas,
04:23quotidien direct et indirect.
04:24Donc il y a tout un travail qui a été fait.
04:26Mais la grande nouveauté, c'est probablement l'approche régionale.
04:30Tout le monde, on l'a entendu, n'est pas favorable à cet accord,
04:33y compris au sein du gouvernement israélien,
04:35Itamar Benviar notamment.
04:36Il représente une part significative de la population israélienne ?
04:40Alors, il y a plusieurs choses par rapport à Itamar Benviar.
04:42Itamar Benviar, en 2022, est élu avec 516 000 voix.
04:47Aujourd'hui, c'est six sièges à la Knesset.
04:49Dans les sondages, s'il y avait des élections demain,
04:51il serait crédité...
04:52Un dixième des sièges à la Knesset.
04:53Voilà, il serait crédité aussi d'à peu près le même nombre.
04:55On l'attendait à 12 ou 13 sièges il y a encore un an.
04:58Donc il y a la même proportion.
05:00Ça veut dire quoi ? Un électeur sur 10, pense comme lui ?
05:02C'est approprié ça, mais je pense qu'en termes d'influence,
05:05ça va beaucoup plus loin.
05:06Itamar Benviar n'est pas opposé uniquement pour des raisons sécuritaires à cet accord.
05:09Il considère que les objectifs de guerre,
05:11l'éradication du Hamas n'a pas été atteint.
05:12Mais en plus de ça, il représente aussi un courant qui est messianique,
05:15pour qui il n'y a pas de négociation sur la terre d'Israël.
05:18Donc cette dimension-là, il arrive à la capter pour ceux qui sont frustrés,
05:22pour ceux qui pensent aussi qu'on n'a pas terminé la guerre en Israël.
05:27Donc le coût est trop élevé aujourd'hui pour cette population-là
05:30qui se retrouve derrière Itamar Benviar.
05:32Donc il aura un impact considérable dans les semaines, les mois
05:35et probablement les années à venir.
05:36Alors que contient cette première phase de l'accord, Maïa Anaïs-Yataghen ?
05:41Alors premièrement, un volet militaire,
05:44avec un cessez-le-feu et un retrait de l'armée israélienne
05:46qui jusque-là occupait 80% de l'enclave à Gaza.
05:51Derrière la ligne jaune, elle va se retirer, cette armée israélienne.
05:55Cette ligne jaune qui a été dessinée par la Maison-Blanche
05:58et elle contrôlera ainsi 50% environ de l'enclave.
06:02Deuxième volet de cet accord, il concerne les otages.
06:05Le Hamas en détient actuellement 47 personnes à Gaza.
06:09Parmi les 251 personnes qui ont été enlevées le 7 octobre 2023,
06:14ainsi que la dépouille d'un soldat qui a été tué en 2014.
06:18Le Hamas doit libérer en une fois les 20 personnes qui sont encore jugées en vie.
06:23Et en échange, Israël va libérer 250 prisonniers palestiniens
06:27qui ont été condamnés à perpétuité
06:29et 1700 palestiniens qui ont été incarcérés depuis le début de la guerre
06:34mais qui n'ont pas participé au 7 octobre.
06:36Israël va aussi rendre les 15 corps de Gazaoui
06:42pour chaque dépouille d'otages israéliens rendus.
06:44Et enfin, il y a un volet humanitaire dans l'enclave de Gaza.
06:49Pendant les cinq premiers jours qui vont suivre le cessez-le-feu,
06:52il y a 400 camions d'aide humanitaire qui devraient pouvoir rentrer quotidiennement.
06:57Un nombre qui devrait progresser au fil des jours.
07:00Ilan Sialom, on l'a appris, Marwan Barghouti ne devrait finalement pas figurer
07:04parmi les quelques 2000 détenus palestiniens libérés
07:07lors de cette première phase de l'accord.
07:10Israël ne souhaite pas ouvrir de perspective politique
07:13avec ce détenu depuis 23 ans, particulièrement populaire auprès des Palestiniens,
07:17au point que certains l'ont même comparé à Nelson Mandela.
07:21Je pense qu'il est important pour vos téléspectateurs de comprendre
07:24qui est Marwan Barghouti.
07:25Marwan Barghouti, c'était le chef du Tanzim, une branche armée du Fatah,
07:29qui est responsable de multiples attentats en Israël.
07:32Il a été condamné à cinq peines de prison à vie.
07:34Pour les Israéliens, c'est un terroriste.
07:36Pour les Palestiniens, c'est une figure de la cause palestinienne et de l'unité nationale.
07:39– Même s'il s'est opposé à ce qu'on s'en prenne aux civils.
07:42– Tout à fait.
07:43Mais j'en viens à votre question concernant le fait qu'il ne fasse pas partie de la liste.
07:47Le Hamas n'a aucun intérêt à voir Marwan Barghouti sortir des jôles israéliennes.
07:52C'est la personnalité qui pourrait réunir, unifier à la fois le Fatah
07:57et ceux qui sont opposés au Hamas.
07:59Il n'est pas impossible que dans un accord prochain,
08:01dans un moment où on discutera la gouvernance à venir de Gaza,
08:05mais aussi de la question palestinienne,
08:07il soit associé en tout cas à ces initiatives.
08:10– Est-ce que cela ne montre pas tout de même les limites, finalement, de cet accord ?
08:14Puisqu'on le voit bien, au-delà de la libération des otages,
08:17on voit mal comment se dérouleront des négociations par la suite.
08:21Pourquoi le Hamas accepterait de s'aborder ?
08:23Pourquoi Israël se sentirait tenu à la moindre concession aux Palestiniens en termes de souveraineté ?
08:28– C'est là que la pression, en réalité, est des Américains d'une part,
08:31et de l'Égypte, du Qatar et de la Turquie de l'autre, joue.
08:35On a tout intérêt aujourd'hui à établir un cadre de confiance.
08:39Le plus compliqué, c'est de sortir de la guerre.
08:41Là, on a trouvé un échappatoire, une possibilité avec les Américains.
08:48La région l'a saisie.
08:50Maintenant, tout l'objectif, c'est de sortir de cette dimension otage
08:53contre cessez-le-feu pour aller plus loin.
08:55Mais effectivement, on vous l'a raison, la route est encore semée d'embûches.
08:57– Alors l'urgence, très rapidement, ça va être aussi de venir en aide, bien sûr,
09:00aux habitants de Gaza meurtris par la famine
09:03et entassés dans des conditions souvent insalubres,
09:05dans des campements de fortune, au milieu des gravats.
09:08Sophie Samaï.
09:09– Du nord au sud de la bande de Gaza,
09:14des bâtiments en ruine à perte de vue.
09:18Selon les dernières estimations de l'ONU basées sur ces images satellites,
09:2378% des bâtiments ont été endommagés
09:25et plus de la moitié complètement détruits dans l'enclave.
09:30Résultat, 1,9 million d'habitants, soit environ 90% de la population,
09:36est aujourd'hui déplacée à l'intérieur de la bande de Gaza,
09:40comme en témoignent ces images du camp de Rafa,
09:42prises respectivement en novembre 2023 et en janvier 2024.
09:47Tous vivent désormais dans des tentes de fortune sans eau courante
09:51ni installation sanitaire adéquate,
09:54alors que la famine s'est installée sur le territoire.
09:58Une situation aggravée par la destruction des terres agricoles,
10:02selon l'OCHA,
10:02le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
10:07Seuls 1,5% des espaces agricoles étaient encore intacts et cultivables fin juillet.
10:12La famine, qui s'ajoute à une situation humanitaire déjà dramatique.
10:18L'enclave, qui comptait 2,1 millions d'habitants au début du conflit,
10:22a vu au moins 67 000 d'entre eux mourir depuis,
10:26dont plus de 18 000 enfants.
10:28Leur situation est particulièrement alarmante,
10:32puisque selon l'UNRAS,
10:33l'enclave compte le plus grand nombre d'enfants amputés par habitants au monde
10:37et qu'en moyenne, un enfant serait tué chaque heure depuis deux ans.
10:42Et à l'annonce de ce cessez-le-feu,
10:45comment vit-on les choses à Gaza ?
10:47Rami Abou Jamous.
10:50On peut dire que la population de Palestiniens de Gaza aujourd'hui,
10:54ils sont dans la grande joie,
10:56surtout après que l'armée d'occupation,
10:58ils ont annoncé l'ouverture de points de passage
11:01de la route coutière d'Arrachi, de Salaheddin.
11:04Des dizaines de milliers, ils ont pris la route pour rentrer chez eux.
11:07Pareil, au centre des villes de Gaza,
11:10où c'était des endroits ou des quartiers qui étaient des lignes rouges
11:15ou bien des quartiers rouges où il y avait l'armée d'occupation.
11:18Maintenant, les habitants, ils ont pu aller retourner chez eux.
11:22Malheureusement, le retour, ce n'est pas la grande joie aussi,
11:25parce qu'il y a un tremblement de terre qui est passé,
11:30une destruction de jamais vue dans les quartiers au sein de la ville de Gaza.
11:33C'est la même chose aussi au sud pour la ville de Kanyounes,
11:37où les habitants, ils sont rentrés chez eux,
11:39dans certains quartiers qui étaient occupés par l'armée israélienne.
11:43Malheureusement, le retour, c'est la destruction totale.
11:45C'est aussi des morts qui sont enterrés sous les décombres,
11:51qui sont dans la rue, et qui étaient tués dans la rue.
11:55Donc, la population est rentrée avec cette joie qui a cessé le feu,
12:00mais ce n'est pas une joie complète, parce qu'il y a toujours cette tristesse
12:03de trouver sa maison détruite, ou bien des proches qui sont morts.
12:08Il y a une sialhomme, reconstruire la bande de Gaza détruite aux deux tiers,
12:12avec ses deux millions et demi d'habitants,
12:13ce qui en faisait déjà la zone de peuplement la plus densément peuplée au monde.
12:18Ça vous semble possible, ça ?
12:19D'abord, comme l'a très bien dit le journaliste à l'écran,
12:23on est aujourd'hui dans un territoire qui est complètement détruit.
12:26On a plus de 50% des bâtiments, des infrastructures vitales,
12:30de l'eau, de l'électricité qui manque.
12:31Donc d'abord, il faut rendre la vie possible.
12:33Mais la vraie question, c'est qui va assurer cette reconstruction
12:37et dans quel cadre ?
12:39On est aujourd'hui dans un moment où il apparaît une idée de reconstruction
12:44par l'économie et une reconstruction avec des acteurs régionaux,
12:48si on met les États-Unis de côté, mais qui ont un rôle important.
12:50Ça ressemble beaucoup aux accords d'Abraham.
12:52Ça ressemble beaucoup aux accords d'Abraham et on est dans un moment
12:56où on assiste un petit peu à une deuxième version des accords d'Abraham.
12:59Les accords d'Abraham avaient été pensés sans les Palestiniens.
13:01Là, on met en pratique, on met en lumière une relation entre des États
13:08qui se connaissent déjà, qui ont travaillé depuis cinq ans ensemble,
13:10les Émirats arabes unis, l'Égypte, Israël, pour reconstruire la bande de Gaza
13:15par l'économie et par la coopération régionale.
13:18Mais il faut pour ça un cadre international qui soit clair,
13:21une gouvernance qui soit transparente,
13:25parce qu'on ne peut pas mettre en place ces projets trop rapidement
13:27et les Israéliens risqueraient d'envisager que ces fonds soient utilisés
13:31par le Hamas et par un retour du Hamas.
13:33Donc il y a toute cette dimension-là qui se joue aujourd'hui.
13:36Mais l'idée, c'est de passer, j'allais dire, d'un accord de fin de guerre
13:39à une normalisation vécue sur le terrain.
13:42Le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, a un plan ?
13:45Ça, c'est très intéressant parce que Jared Kushner, on le revoit apparaître sur l'image
13:47depuis quelques jours maintenant, avec ses limites.
13:53Il apporte une certaine confiance, un projet qui a déjà fonctionné
13:56puisque les accords d'Abraham n'ont pas été dénoncés pendant deux ans.
13:59En même temps, il a les avantages de ses inconvénients.
14:02Jared Kushner, c'est la diplomatie transactionnelle,
14:05c'est une ignorance certaine des dynamiques locales
14:09qu'on ne peut pas laisser de côté,
14:11les blessures aussi sociales, qu'on ne peut pas oublier.
14:15Donc toute cette dimension-là doit être aussi intégrée
14:17dans, moi, ce que j'appelle en tout cas, ces accords d'Abraham 2.0.
14:20En tout cas, même s'il n'est pas lauréat,
14:22Donald Trump revendiquait, lui, haut et fort,
14:25le prix Nobel de la paix ces derniers temps.
14:26Écoutez.
14:26Nous avons réglé sept guerres.
14:30Nous sommes sur le point d'en régler une huitième
14:31et je pense que nous finirons par régler la situation russe,
14:34qui est horrible.
14:35Je ne pense donc pas que quiconque dans l'histoire
14:37ait réglé autant de problèmes,
14:39mais peut-être trouveront-ils une raison de ne pas me le donner.
14:42Il avait même fini par convaincre le président égyptien,
14:46Abdel Fattah al-Sisi, qu'il était légitime
14:48pour le prix Nobel de la paix, Donald Trump.
14:50Franchement, lui seul pouvait obtenir ce cessez-le-feu à Gaza ?
14:55Alors, l'influence de Donald Trump, elle est indéniable
14:57depuis plusieurs semaines maintenant,
15:00avec une accélération au moment de l'Assemblée générale
15:01des Nations unies.
15:02Ça ne vous a pas échappé, ce plan en 20 points
15:04est apparu juste après.
15:07On pourrait même se demander s'il n'y a pas un lien
15:08avec l'intervention d'Emmanuel Macron
15:11pour la reconnaissance d'un État palestinien.
15:13Les initiatives franco-saoudiennes et ce plan Trump
15:16sont très, très similaires.
15:17La seule différence, c'est que le plan Trump
15:19ne parle pas d'un État palestinien pour le moment,
15:21alors que l'initiative franco-saoudienne le fait.
15:22Donc, son influence est indéniable.
15:25Et sa force, c'est sa capacité à être un dealmaker.
15:29Cette capacité à parler à tout le monde,
15:31il a parlé, vous l'avez dit, aux Égyptiens,
15:32il a parlé au Qatar, il a parlé aux Émirats arabes unis,
15:35il parle aux Israéliens.
15:36Donc, il y a une confiance qui se met en place.
15:38Et il parle le langage de chacun.
15:39Pour certains, c'est le développement.
15:40Pour d'autres, c'est la sécurité.
15:41Pour lui, c'est la reconnaissance politique.
15:44Le prix Nobel de la paix, ça sera peut-être pour une autre fois.
15:46Mais, en tout cas, il a cette capacité
15:49à mettre tout le monde d'accord autour de la table.
15:50Et aujourd'hui, cet accord, c'est en partie grâce à lui.
15:54Au-delà de cette capacité à parler à tout le monde,
15:55quelle a été sa force imposée à Benyamin Netanyahou ?
15:59Convaincre le Qatar aussi de faire pression sur le Hamas,
16:03malgré l'attaque israélienne du 9 septembre contre Doha ?
16:06Alors, ça ne vous a pas échappé à la Maison-Blanche
16:09lorsque le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou,
16:12a rencontré Donald Trump il y a quelques jours.
16:14Il y a eu d'abord toute cette mise en scène autour d'un appel d'excuses
16:17à l'émir Altani du Qatar,
16:21pour essuyer l'affront d'avoir attaqué le territoire qataris souverain.
16:26Il faut, pour avancer aujourd'hui, au niveau de cette question de Gaza,
16:31une sacrée pression sur Benyamin Netanyahou,
16:34ce que les administrations présentes n'étaient pas capables de faire.
16:37Ni Biden, ni Barack Obama.
16:39Trump est en mesure de le faire
16:41parce qu'il est perçu comme un véritable ami d'Israël.
16:44qui est capable de le soutenir,
16:45mais qui est aussi capable de le pousser en avant.
16:48Pour l'Iran, il a été présent.
16:50Maintenant qu'il a été présent pour l'Iran,
16:51il se sent aussi en capacité de dire à Netanyahou,
16:53maintenant ça suffit, il faut avancer.
16:55Il est une raison au cessez-le-feu côté israélien.
16:58Il faut peut-être la trouver,
16:59outre la libération des otages,
17:00dans l'état de l'économie,
17:02après deux ans de guerre et l'isolement du pays
17:04sur la scène internationale.
17:05Des guerres sur plusieurs fronts
17:09qui isolent un peu plus Israël sur la scène internationale.
17:13Pourtant, l'économie du pays semble résiliente.
17:16Investisseurs du monde entier,
17:17rejoignez-nous dès maintenant,
17:19car nous sommes sur le point de décoller.
17:21Au lendemain du 7 octobre,
17:23le principal indice boursier israélien
17:25s'est effondré de quelques 23%.
17:27Deux ans plus tard,
17:28il atteint un niveau record,
17:29en hausse de plus de 200%.
17:31Après une année 2024 anémique,
17:33l'OCDE prévoit désormais une croissance
17:35du PIB israélien de 3,3% cette année
17:38et de 4,9% pour 2026,
17:41soit des taux parmi les plus élevés au monde.
17:44Mais ces guerres, en particulier à Gaza,
17:45coûtent cher.
17:46En août, le conflit sur plusieurs fronts
17:48a coûté près de 89 milliards de dollars.
17:51La prise du contrôle de la ville de Gaza
17:52est estimée à près de 30 milliards de dollars.
17:55Mais le coût le plus élevé
17:56pourrait être la perte de prestige d'Israël
17:59sur la scène internationale,
18:00avec ce qui est de plus en plus reconnu
18:02comme un génocide en cours à Gaza.
18:04Le fonds souverain norvégien,
18:06le plus important au monde,
18:07s'est désinvesti de plusieurs entreprises israéliennes
18:09invoquant des normes éthiques.
18:12Pendant ce temps, l'Europe,
18:13principal partenaire commercial d'Israël,
18:15menace d'augmenter les droits de douane
18:17sur les produits israéliens.
18:18Nous regrettons de devoir prendre ces mesures,
18:22mais nous estimons qu'elles sont appropriées
18:24et proportionnées au vu de la crise humanitaire à Gaza.
18:29Deux récents sondages montrent un changement radical
18:32dans l'opinion publique américaine.
18:34Une majorité d'électeurs est désormais opposée
18:36à l'envoi d'une aide militaire ou économique supplémentaire à Israël.
18:40Ilan Sialom, il était temps pour Israël que cette guerre cesse ?
18:46C'est tout le paradoxe du moment où Israël est militairement fort.
18:50Stratégiquement, il est dans une situation
18:51qui n'a pas d'équivalent dans son histoire.
18:54Mais en même temps, cette guerre qui dure,
18:56Israël n'y est pas habituée.
18:57C'est la guerre qui a été la plus longue dans son histoire
18:59avec les conséquences économiques qui ont été évoquées.
19:02Donc, dans ce cadre-là, en réalité,
19:04le plan américain vient comme une respiration et une nécessité.
19:09Une respiration parce que ça permet de relancer l'économie israélienne
19:13et de ramener les réservistes israéliens à la maison.
19:17Une nécessité parce que, comme ça a été dit,
19:19l'isolement diplomatique d'Israël est un véritable enjeu.
19:23Le pays dépend à très, très grande majorité de ses relations avec l'État
19:27et dans sa capacité à vendre de la high-tech,
19:30mais pas que, aux pays voisins et à l'international.
19:33Pourtant, jamais Israël n'a semblé aussi dominateur
19:35dans son environnement proche.
19:37L'axe chiite a été quasiment anéanti,
19:41en dehors de l'Iran, bien sûr,
19:43au point même que la Syrie, aujourd'hui, tend la main à Israël.
19:45Tout à fait. C'est le paradoxe de la situation.
19:48C'est-à-dire qu'on a un État qui, après le 7 octobre,
19:50devait reconstruire sa capacité à la fois à dissuader,
19:57puisqu'il y a eu un véritable choc le 7 octobre,
20:02et en même temps, une volonté aujourd'hui
20:05de retrouver, j'allais dire, une situation normale.
20:07Et la situation normale d'Israël, c'est d'être capable d'innover,
20:10d'être capable d'être dans la recherche,
20:12d'être capable de conquérir des marchés extérieurs,
20:15ce qui a été grandement diminué avec le 7 octobre
20:17et avec toute cette politique qu'on a pu trouver.
20:20Vous l'avez évoqué tout à l'heure, d'acteurs de la société civile,
20:23mais pas que, sur les accusations de génocide.
20:25Oui, justement, ces accusations de génocide
20:27concourent aujourd'hui à un isolement,
20:28vous l'avez dit, d'Israël sur la scène internationale
20:31et auprès des puissances de la région.
20:33Cette guerre, est-ce qu'elle va laisser des traces ?
20:35Ou bien, d'après vous, est-ce que les intérêts,
20:36bien compris des uns et des autres,
20:38à commencer par ceux de l'Arabie saoudite,
20:40vont reprendre le dessus ?
20:42Alors, je dissocierai véritablement les sociétés civiles,
20:46arabes, musulmanes, et aussi, d'une certaine manière,
20:49la société occidentale, des intérêts des États.
20:53La réelle politique va reprendre ses droits.
20:55Il y a un besoin aujourd'hui des compétences d'Israël
20:58dans l'innovation, dans la technologie,
21:01les technologies de sécurité, la cybersécurité,
21:03l'intelligence artificielle.
21:04Il y a un besoin, il y a une demande de la part des Pays du Golfe,
21:06et ça depuis de nombreuses années.
21:07Donc, la réelle politique va reprendre ses droits.
21:10À côté de ça, on a vu des mouvements dans la société civile,
21:14les organisations, qui ont investi massivement des campagnes
21:18autour de l'accusation de génocide.
21:21Ça va rester.
21:21Ce qu'il y a en réalité derrière, c'est qu'on est dans une idée
21:23de ne pas abandonner la question palestinienne.
21:26Ça rejoint ce que je vous disais tout à l'heure.
21:28Il faut absolument l'adresser, parce que si elle n'est pas adressée,
21:30elle se radicalise, et si elle se radicalise,
21:32elle n'est pas uniquement radicalisée sur le terrain,
21:34mais aussi tout autour, dans les pays alentours,
21:36et dans les sociétés occidentales.
21:37Eh oui, cette épineuse question d'un État palestinien.
21:40Les négociations sont au point mort depuis plus de 20 ans.
21:43Retour au mémorandum de Charmelsher,
21:45c'était en 1999 en Égypte.
21:48Il est 23h18, hors de Paris.
21:51Yasser Arafat et Ehoud Barak signent l'accord de Charmelsher en Égypte
21:54qui ouvre la voie à des négociations
21:56sur un règlement de paix finale israélo-palestinien.
21:59La poignée de main entre les deux hommes
22:00sera longue et très chaleureuse.
22:02Puis c'est au tour des témoins d'apposer leur signature.
22:06Madeleine Albright, la secrétaire d'État américain,
22:08le président égyptien Hosni Moubarak
22:10et le prince Abdallah de Jordanie.
22:13Le Premier ministre israélien a souhaité une coopération plus étroite
22:16avec Yasser Arafat pour mettre fin aux violences.
22:18Il a également appelé le président syrien Hafez el-Assad
22:21à trouver un moyen approprié pour reprendre les négociations.
22:25Yasser Arafat, lui, s'est félicité qu'un accord intervienne enfin.
22:29Il a rendu un hommage appuyé au président égyptien Hosni Moubarak.
22:34L'accord prévoit le retrait par l'État hébreu de 11% de la Cisjordanie.
22:38À Hawaii River, il était question de 13%.
22:40Les Palestiniens ont eu en revanche gain de cause
22:42sur la création d'une route reliant les territoires autonomes.
22:45Charmel Sher ouvre la voie à la construction d'un port dans la bande de Gaza,
22:49ce qui devrait permettre aux Palestiniens d'établir des liens commerciaux plus étroits.
22:54Au terme de l'accord, 350 prisonniers politiques palestiniens
22:57devraient être libérés.
22:58Yasser Arafat en avait réclamé 400.
23:01L'État hébreu refuse toujours de relâcher les membres du Hamas.
23:04Les négociateurs vont s'attaquer maintenant à d'autres questions plus épineuses
23:07comme le sort de Jérusalem.
23:08La date butoir pour la conclusion d'un traité définitif est fixée à septembre 2000.
23:15Et juste après ces images que l'on vient de voir,
23:17Ilan Sialom, il y eut camp d'avis 2 et les concessions les plus larges
23:20jamais faites par un gouvernement israélien
23:23afin de permettre la création d'un État palestinien.
23:27Yasser Arafat avait fini par refuser.
23:29Puis Ariel Sharon s'était rendu sur le mur, sur l'esplanade des mosquées,
23:33déclenchant la seconde intifada.
23:36On est passé à côté d'une opportunité historique.
23:38On est passé à côté d'une opportunité historique, probablement.
23:44Et depuis cette date-là, on n'a pas eu d'initiative solide
23:47qui soit reprise par les acteurs en question.
23:52Maintenant, si la question en creux qui est posée,
23:56c'est celle de savoir si on se dirige vers une paix,
23:58si une paix est possible,
24:00je pense qu'il ne faut pas laisser de côté le traumatisme national
24:03qui a été le 7 octobre, des familles qui ont été décimées,
24:08une attente pendant deux ans.
24:11Il va falloir beaucoup de temps pour penser ces plaies.
24:13Côté de Gaza, la même chose.
24:15Des quartiers qui ont été rasés, des familles décimées,
24:18une génération entière sans repère.
24:20Donc, il va falloir du temps.
24:22Il y a un travail qui va devoir être fait à l'intérieur des sociétés
24:26sur la capacité à accepter l'autre, à l'entendre.
24:31Y a-t-il une véritable volonté politique aujourd'hui ?
24:33Ce n'est pas cet accord de confiance, comme je l'ai dit tout à l'heure,
24:36qui va y répondre.
24:37On va voir dans les prochaines semaines, mois, comment ça se met en place.
24:40Mais il y a tout un travail dans les sociétés.
24:42Et l'éducation, en l'occurrence, côté palestinien, côté israélien,
24:45est un très bon indicateur pour savoir si les sociétés sont prêtes
24:48à, si ce n'est pas vivre ensemble, vivre l'une à côté de l'autre en sécurité.
24:52Donc, vous pensez qu'aujourd'hui, Israël,
24:54la population israélienne, dans sa grande majorité,
24:57n'est pas prête à envisager la perspective d'un État palestinien
25:00à ses portes, à l'image de sa classe politique,
25:03y compris au centre et même à gauche ?
25:05Il y a toute une dimension dans la société civile israélienne aujourd'hui
25:08qui est prête à construire des ponts.
25:10Soit des ponts économiques, soit des ponts sur l'environnement,
25:12soit des sujets qui sont, je ne veux pas dire, connexes,
25:13c'est des sujets importants.
25:14Mais ça commence comme ça.
25:17Être capable d'être d'accord pour ne pas être d'accord
25:19et se retrouver sur des sujets sur lesquels on peut discuter.
25:22Sur les questions qui sont beaucoup plus, j'allais dire, inflammables.
25:24La souveraineté palestinienne, la création d'un État.
25:27On l'a vu avec le président Macron,
25:29à quel point ça a soulevé non pas uniquement la droite
25:32ou l'extrême droite israélienne, y compris du côté de la gauche.
25:34L'idée d'un État palestinien n'est pas acquise.
25:38Et c'est peut-être la force d'ailleurs du plan Trump
25:40qui met cette question de l'État palestinien
25:43comme étant la fin du processus.
25:45Et aujourd'hui, il est très tôt, trop tôt,
25:49pour envisager cette idée dans la société israélienne.
25:52Mais rendue peut-être immédiate, en tout cas urgente,
25:57par les morts côté palestinien.
26:00Il y aura probablement une normalisation.
26:03Quelle forme politique elle prendra ?
26:05Quelle configuration politique elle prendra ?
26:07Je ne suis pas prophète.
26:08Et surtout dans cette région du monde,
26:09il faut éviter les prophéties
26:10parce qu'elles ne se réalisent quasiment jamais.
26:13Merci beaucoup, Ylan Sialom, d'avoir été avec nous
26:15pour ce numéro du Monde dans tous ses États.
26:17Rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle édition.
26:20Et d'ici là, sur notre site internet, france24.com.
26:22Sous-titrage Société Radio-Canada
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