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00:07Gabès de nouveau en colère. Ils étaient encore plus nombreux cette fois à manifester dans le sud tunisien pour réclamer le démantèlement d'une usine polluante.
00:15Commerce et bureaux étaient également fermés par une grève générale qui a paralysé la ville.
00:21La Côte d'Ivoire, terre d'asile. Plus de 80 000 de leurs voisins burkinabés se sont réfugiés dans le nord pour fuir les violences des groupes armées dans leur pays.
00:30Un afflux massif qui pèse sur les populations locales.
00:35Tramadol, psychotropes contrefaits. Derrière ces pilules, des vies détruites mais aussi des espoirs de réinsertion.
00:42Au Bénin, la consommation de ces médicaments détournés explose chez les jeunes malgré la riposte des autorités.
00:48On ira dans un centre d'accueil pour toxicomanes.
00:54Les habitants étaient de retour dans les rues de Gabès, cette fois encore plus nombreux,
00:57pour réclamer la fermeture d'une usine d'engrais vieillissante responsable de centaines de nouveaux cas d'intoxication.
01:05Les commerces étaient également fermés et une grève générale à laquelle les avocats ont également participé à paralyser la ville située dans le sud tunisien.
01:12Les explications de Laurent Berséchère.
01:14Excédés par une situation qui dure depuis des décennies et par l'inaction de l'État face aux alertes répétées,
01:24les habitants de Gabès entament une grève générale et revendiquent leur droit à respirer.
01:29La grève d'aujourd'hui est un appel lancé par les habitants de la région.
01:35Ça fait des années que nous souffrons chaque jour de cette pollution.
01:39Surnommé l'ogre par les populations locales,
01:42l'immense complexe industriel du groupe chimique tunisien cristallise les tensions à Gabès
01:47depuis son inauguration en 1972.
01:49L'usine qui fabrique des engrais à base de phosphate rejette des gaz extrêmement polluants dans l'atmosphère
01:56et déverse ses résidus dans la mer, formant une mousse noire extrêmement toxique.
02:02Les habitants ont longtemps alerté sur ces problèmes de pollution
02:06et pensaient avoir obtenu gain de cause en 2017 lorsque l'État avait promis de démanteler le complexe.
02:12Mais depuis, la situation est restée au point mort.
02:15Ces dernières semaines, plus de 200 cas d'intoxication ont été recensés dans la ville,
02:20touchant notamment des enfants et poussant les habitants de Gabès
02:24à descendre dans les rues pour crier leur collègue.
02:28Nous voulons que l'État, le gouvernement et les ministres concernés par ce dossier réagissent
02:33et que ce complexe soit démantelé.
02:37Les autorités tunisiennes ont annoncé lundi des mesures urgentes
02:40pour traiter les émissions d'acide sulfurique et d'ammoniaque
02:43qui devraient être achevées dans les six prochains mois.
02:46Des annonces insuffisantes pour les habitants de Gabès
02:49qui continuent de réclamer le démantèlement du complexe industriel.
02:55Au Sénégal, la fièvre de la vallée du Rift.
02:58Vous savez, c'est cette maladie virale qui contamine hommes et animaux.
03:02Elle est désormais présente dans six régions sur les 14 que compte le pays.
03:06Un premier cas a même été signalé dans la banlieue de Dakar
03:08au début de la semaine dernière depuis son apparition fin septembre.
03:1221 personnes sont mortes et plus de 250 personnes ont été contaminées.
03:18La particularité de cette fièvre de la vallée du Rift au Sénégal est sa létalité.
03:24Plus d'un malade sur dix meurt de suite de cette zoonose
03:28qui se transmet de l'animal à l'homme.
03:30Pourquoi ce taux de létalité élevé ?
03:33Je vous propose d'écouter les explications du professeur Khardyatta Diallo Mbaye,
03:39infectiologue au Centre des maladies infectieuses de l'hôpital de Fannes à Dakar.
03:44La létalité pour cette fois-ci, pour cette épidémie, est élevée.
03:48Mais en général, la fièvre de la vallée du Rift ne donne pas autant de cas de décès.
03:54La létalité est causée par le retard de diagnostic,
03:58Le délai de consultation, les gens ne vont pas consulter directement.
04:04Peut-être qu'ils n'y pensent pas souvent.
04:05Donc, s'ils viennent dans un stade avancé, la prise en charge devient beaucoup plus sévère.
04:11Le Sénégal faisait face, il faudrait le rappeler, à une autre urgence sanitaire
04:15en plus de cette fièvre de la vallée du Rift.
04:18Il s'agit du M-Pox.
04:19Il faudrait signaler que tous les cas de M-Pox enregistrés sont guéris
04:24et se portent bien aujourd'hui.
04:26Direction à présent le nord de la Côte d'Ivoire.
04:30Où plus de 80 000 Burkinabés se sont réfugiés
04:33pour fuir les violences des groupes armés dans leur pays.
04:36Un influx massif qui pèse sur les populations locales
04:39qui vivent dans l'une des régions les plus pauvres du pays.
04:41Reportage de Julia Guggenheim et d'Amiens Coffey.
04:44Ils sont une cinquantaine de déplacés burkinabés hébergés chez cette famille.
04:51Abdoul Salam est arrivé il y a deux mois après avoir fui l'attaque de son village par un groupe armé.
04:56Il vient, tire partout. Il a tué les gens.
05:00Nous-mêmes, on a fui là-bas, rien, comme ça. On n'a pas de bagage.
05:06Comme lui, 80 000 Burkinabés ont trouvé refuge dans le nord de la Côte d'Ivoire.
05:11Si 12 000 d'entre eux sont accueillis dans des camps de transit administrés par les autorités ivoiriennes,
05:16la majorité vit chez l'habitant.
05:18Amadou et ses frères ont hébergé plus d'une centaine de personnes ici depuis le début de la crise.
05:23Ces derniers temps, en termes de nourriture, c'est compliqué.
05:29Nous cultivons nous-mêmes pour nourrir notre famille ainsi que les réfugiés.
05:33Les personnes en plus, c'est une charge en plus et il n'y a personne pour nous soutenir.
05:40Des difficultés aggravées par la pression foncière, comme dans le village de Tantama,
05:45à 8 kilomètres de la frontière burkinabée.
05:47Ici, la population a doublé avec l'arrivée des réfugiés.
05:50La difficulté principale, c'est au niveau de l'agriculture, puisque les terres sont devenues insuffisantes.
05:56Les déplacés qui viennent, ils viennent avec beaucoup de bœufs, beaucoup de bœufs.
06:00Ce qui fait qu'il n'y a pas d'espace où les bœufs vont passer.
06:05C'est ce qui crée les dégâts des cultures et ça crée le conflit aujourd'hui.
06:11Des conflits entre éleveurs et agriculteurs également attisés par le manque d'eau.
06:15La région est de plus en plus exposée à la sécheresse
06:18et de nombreux barrages prévus pour l'irrigation sont hors d'usage, faute d'entretien.
06:23Alors ici, l'OIM, l'agence de l'ONU pour la migration, finance un projet agro-pastoral.
06:28Dans ce village, les populations autochtones ont aussi mis à disposition 3 hectares
06:48pour permettre aux déplacés de cultiver la terre avec eux.
06:52Et puis surtout, ne pas rater notre spéciale sur les élections présidentielles en Côte d'Ivoire ce jeudi.
07:00On passe à présent à la République démocratique du Congo.
07:02Kinshasa a décidé de miser sur le franc congolais pour réduire sa dépendance au dollar américain
07:07et stabiliser le pouvoir d'achat.
07:09La récente baisse du dollar face à la monnaie locale est en théorie une chance pour les consommateurs.
07:15Mais sur les marchés, les prix à la consommation restent élevés.
07:18Les précisions Aurélie Bazaraki-Bangoula.
07:22À Kinshasa, vous pouvez désormais échanger 1 dollar américain contre 2000 francs congolais.
07:29Il y a peu, il fallait compter 2800 francs pour 1 dollar.
07:33Une appréciation rapide de la monnaie nationale qui a surpris ici à Kinshasa.
07:38Car si le dollar chute face aux francs, les prix des produits de première nécessité eux restent inchangés,
07:44voire augmentent dans les rues de la capitale.
07:47C'est l'incompréhension.
07:50Au marché, les vêtements par exemple ne se vendent plus en dollar, mais en franc congolais.
07:53Si tu vends avec des dollars, tu vas ajouter un complément en franc.
07:57Les vendeurs sont malins, ils ont enlevé les prix en dollar car sinon ils perdent de l'argent.
08:00Avant, je laissais 10 dollars à la maison pour acheter de quoi manger, le petit déjeuner et le repas.
08:06Maintenant, 10 dollars ne valent plus 10 dollars sur le marché.
08:09Ça ne suffit plus pour manger, c'est vraiment difficile.
08:13Le dollar n'a pas encore baissé pour moi, je suis restauratrice.
08:17J'achète le carton de dindon au même prix qu'avant.
08:19Je mets mon plat du jour à 4000 francs comme avant, mais les clients me demandent de baisser ce tarif.
08:24Si je baisse, je ne pourrais même plus acheter mon carton de dindon et je vendrais mes plats à perte.
08:30Le mouvement national des consommateurs lésés dénonce une arnaque.
08:34L'association appelle les autorités à prendre des mesures d'accompagnement pour protéger le pouvoir d'achat des ménages.
08:41Lors du dernier conseil des ministres, le président Tshisekedi a demandé au gouvernement de renforcer la surveillance
08:47et la transparence dans les circuits d'approvisionnement et de distribution pour éviter les spéculations.
08:54Alors depuis 1998, le franc congolais est la monnaie officielle dans le pays.
09:00Mais pour favoriser la stabilité économique, le dollar peut être utilisé dans les transactions de la vie quotidienne.
09:08À présent, derrière les pilules de tramadol et les psychotropes contrefaits, il y a des vies brisées.
09:14Mais aussi des histoires de résilience.
09:16Au Bénin, la consommation de médicaments détournés ne cesse de progresser, notamment chez les jeunes de 20 à 30 ans.
09:23Un phénomène inquiétant malgré les campagnes de sensibilisation et la lutte engagée par les autorités contre ce trafic qui gagne du terrain.
09:30Notre équipe s'est rendue dans ce centre de santé spécialisé dans les maladies mentales.
09:34Dix jours après son admission dans ce centre de santé mentale, ce jeune homme reste prisonnier de son addiction.
09:43Un mélange de médicaments et de substances psychotropes.
09:47Ce sont très violents qui arrivent également là.
09:49Il faut vite d'abord passer et dire aux gens d'abord qu'ils les présentent avant de voir comment aborder le côté addiction.
09:58Une spirale destructrice dont il est difficile de sortir.
10:02Fondée en 1986, l'association Sainte-Camille de l'Hélice est une référence dans la prise en charge des troubles mentaux.
10:10Adhassa, son centre ouvert en 2023, accueille des jeunes de tout le pays.
10:14Ici, pas d'accès au téléphone et aux réseaux sociaux.
10:18Le traitement associe médicaments et accompagnement spirituel pour briser le cycle de la dépendance et retrouver équilibre et autonomie.
10:26L'essentiel Camille, en plus de la prise en charge de la personne, il y a le côté spirituel qui est pris en compte dans le suivi.
10:36Il y a aussi la réincession.
10:38Près de 200 jeunes ont été pris en charge ici depuis 2023.
10:42Cette année, les admissions ont augmenté de plus de 50%.
10:45Certains aujourd'hui guéris reviennent témoigner pour redonner espoir aux nouveaux venus.
10:51Vous devez savoir que depuis que je suis sorti ici, ça a été un bonheur pour moi de retrouver ma famille.
10:57Je partage mon expérience avec eux pour leur montrer quelle est l'importance de suivre un traitement pour la détox et de sortir de la drogue.
11:05Parce que c'est un fléau qui ronge beaucoup la génération et qui est en train de nous tuer progressivement.
11:11En voyant quelqu'un comme ça, qui a fait déjà plusieurs mois par ici, ça me donne l'espoir.
11:19Un espoir que partage ce jeune de 21 ans, interné depuis quelques semaines.
11:24J'étais comme un cadavre vivant.
11:28Je raisonnais, mais je ne raisonnais pas comme quelqu'un de conscient.
11:34L'espoir renaît au fil des jours.
11:36Ici, les amis, comme on les appelle, apprennent à se reconstruire.
11:41Et surtout, à croire de nouveau en une vie possible, loin des addictions.
11:45Et voilà un reportage d'Emmanuel Soudji et Raphaël Nthalé, correspondant à Cotonou, qui termine ce journal de l'Afrique.
11:53Merci de l'avoir suivi.
11:55Reste avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
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