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  • il y a 2 jours

À l'occasion de la sortie du biopic "Springsteen : Deliver Me From Nowhere", incarné par l'acteur Jeremy Allen White, retour sur la carrière du Boss avec deux connaisseurs du rocker américain : Antoine de Caunes et Gregory Philipps.

Retrouvez "À la régulière" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/a-la-reguliere

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Musique
Transcription
00:00Musique
00:00Bienvenue dans A la Régulière, l'émission de toutes les cultures.
00:14Deliver me from nowhere, délivre-moi de nulle part, un titre de prière presque.
00:18Et c'est bien de ça qu'il est question dans le film qui sort cette semaine,
00:21d'un homme qui dans une Amérique en crise a voulu transformer le désespoir en élan,
00:25la solitude en communion.
00:26Ce film Springsteen Deliver me from nowhere, donc, revient sur la jeunesse d'un album devenu mythique,
00:31Nebraska, un disque enregistré seul chez lui sur un simple magnétophone à cassette
00:37et qui reste plus de 40 ans après l'un des témoignages les plus bruts et bouleversants
00:40de ce que peut être la musique américaine.
00:42Parce que Bruce n'est pas seulement Born to Run ou Born in the USA,
00:45ce n'est pas seulement les stades et les chemises retroussées,
00:48c'est aussi cette Amérique invisible, celle des routes vides, des vies cabossées, des héros sans gloire.
00:52Alors ce soir, on va parler de la légende, mais aussi de l'homme,
00:54de celui qui a su raconter la classe moyenne mieux que personne,
00:57de celui dont la musique résonne encore dans les fractures d'aujourd'hui.
01:00Pour en parler, deux invités qui connaissent bien ce pays, l'Amérique et ce mythe,
01:04Antoine Decaune, qu'on ne présente plus, est interlocuteur privilégié du bas, on peut le dire.
01:09À la régulière en tout cas.
01:11Et Grégory Phillips, rédacteur en chef international à LCI,
01:14qui a longtemps vécu aux OVNI, qui connaît bien l'œuvre également.
01:17Oui, et Bruce, mais beaucoup moins bien qu'Antoine.
01:20Honnêtement, je suis tout petit comparé à Antoine,
01:23qui est notre maître à tous en Springsteenologie.
01:26Ce n'est pas moi qui le dit.
01:27On va en parler aujourd'hui.
01:28En tout cas, on va essayer de comprendre ce que Bruce Springsteen incarne encore,
01:32à l'heure où l'Amérique qu'il a chantée semble parfois s'être effacée.
01:35On est ensemble, pour une heure, à la régulière.
01:37Alors, on va essayer, si tant est que ce soit possible, de retracer un peu sa carrière.
01:51On va bien sûr s'attendre un moment sur Nebraska,
01:53qui est quand même l'album au centre du film qui sort cette semaine.
01:57Mais Antoine, puisque tu es l'expert mondial !
02:02Je suis expert de rien du tout.
02:03Contenant Bruce, selon toi, à quoi tient le mythe Springsteen ?
02:08Je pense que c'est une histoire qui perdure,
02:11qui traverse l'histoire américaine depuis 50 ans maintenant,
02:14et qui a servi de caisse de résonance à toute une population
02:20qui s'est retrouvée dans ce dont parlait Bruce,
02:24dans toutes ses chansons depuis le début,
02:25dont il continue à parler aujourd'hui.
02:27Il s'est identifié à ça.
02:29Et il est devenu, presque à son corps défendant,
02:31une espèce de porte-parole.
02:33Il détesterait ça, parce qu'il déteste les étendards.
02:37Mais oui, il est devenu un...
02:40Je ne sais pas, c'est la cinquième figure du Mont Rochemort,
02:43aujourd'hui.
02:43C'est à la fois une institution, mais une institution vivante.
02:46Est-ce que ça reste justement la question, une figure encore vivante ?
02:49Parce que c'est un symbole encore actuel et pertinent aujourd'hui.
02:53Plus que jamais aujourd'hui.
02:54Oui, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de Donald.
02:58Oui, oui, plus que jamais.
02:59Plus que jamais, c'est...
03:00Mais alors, ce qui est curieux et paradoxal,
03:04et qui justement mérite d'être étudié d'un peu plus près,
03:07c'est qu'il est à la fois le représentant, on va dire,
03:09de tout le camp démocrate, progressiste, etc.
03:13Enfin, les gauchistes, selon Donald Trump.
03:14Et en même temps, d'une Amérique profonde, rurale, ouvrière,
03:21et qui parfois peut être très conservatrice aussi.
03:23Donc, il est à cheval entre les deux,
03:25contrairement à ce que voudrait nous faire croire Trump.
03:27D'ailleurs, c'est intéressant, parce qu'il y a ce morceau,
03:29on y reviendra évidemment, mais ce morceau de Born in the USA,
03:31qui a souvent été vu comme un morceau extrêmement patriotique,
03:34qui a été mal compris, alors que ça a mal entendu, Grégory.
03:36En fait, ce n'est pas ce que raconte ce morceau,
03:38ce que raconte Bruce Springsteen.
03:39Oui, le morceau raconte le sort qui est réservé par l'Amérique
03:43aux vétérans qui reviennent du Vietnam.
03:44Et qui sont délaissés, qu'on n'aide pas, etc.
03:48Et effectivement, il y a un énorme malentendu,
03:50alors qu'on a beaucoup disséqué,
03:51il était joué dans les meetings de Reagan, etc.
03:53Mais c'est tout, sauf un hymne patriotique à la gloire de l'Amérique.
03:56Au contraire, ça raconte le désarroi de ces vétérans revenus du Vietnam.
04:01Effectivement, c'est 50 ans d'histoire américaine.
04:04Alors, pour les Américains,
04:06mais aussi par rapport aux événements que ce pays a traversés.
04:08Enfin, il a évoqué la guerre du Vietnam le 11 septembre 2001.
04:11Il sort l'album The Rising,
04:14qui est l'album quasiment sorti des cendres du World Trade Center.
04:17L'arrivée de Trump au pouvoir,
04:19on voit qu'il écrit des chansons là-dessus.
04:22La désindustrialisation, il l'a raconté comme personne.
04:26Donc, toutes ces pages,
04:28les violences policières avant Black Lives Matter,
04:31c'est lui qui les chronique quasiment en premier.
04:34Donc, tous ces ponts de l'histoire américaine,
04:36et qui est un peu aussi notre histoire,
04:38il les a chroniqués.
04:39En fait, moi, je trouve que c'est vraiment aussi un chroniqueur
04:42des cinq décennies que ce pays vient de traverser.
04:45Alors, Bruce Bikin, c'est énormément d'albums,
04:47énormément de morceaux.
04:48C'est dur de choisir des morceaux,
04:50mais c'est notamment un morceau emblématique
04:51comme Born to Run.
05:12Alors, cette chanson, c'est une chanson, évidemment,
05:15mais c'est aussi un manifeste.
05:16Qu'est-ce qu'elle dit ?
05:17Je peux reprendre cette phrase ?
05:18Cette chanson, c'est une chanson.
05:19Oui, mais aussi un manifeste.
05:21Qu'est-ce qu'elle dit de son époque,
05:23cette chanson, Antoine ?
05:24Qu'est-ce qu'elle dit de son époque ?
05:26Elle dit qu'il faut bouger,
05:27qu'il faut partir,
05:28qu'il faut s'envoler.
05:30C'est une envolée lyrique, d'ailleurs,
05:32Born to Run.
05:33Il faut partir, il faut essayer de vivre ses rêves
05:35et de surtout pas se laisser enfermer.
05:38D'où cette métaphore automobile
05:40qu'on retrouve dans Moult,
05:41chansons de Springsteen,
05:42et qu'on lui a reproché un temps.
05:43On lui disait, mais tu n'arrêtes pas
05:44de parler de bagnole.
05:45Sauf qu'il ne parlait pas de bagnole,
05:46il parlait de ce qui se passe dans les voitures,
05:48ce qui est une nuance,
05:49la voiture étant un lieu presque théâtral
05:52dans son écriture.
05:53Alors, on parle beaucoup,
05:55notamment des années 70.
05:56Qu'est-ce qu'il distingue de ces contemporains ?
05:58Gréory, pourquoi lui parle
06:00à autant de monde à l'époque ?
06:03Je pense, évidemment,
06:05je ne suis pas très rationnel
06:07sur toutes ces choses-là,
06:08mais moi, je pense qu'il est aussi important
06:09qu'un Bob Dylan, par exemple.
06:10On les compare souvent ?
06:11Non, mais vraiment,
06:12il a raconté le pays,
06:14il a raconté l'époque,
06:15et effectivement,
06:16il a raconté une partie de la population
06:17dont on ne parlait pas
06:19dans les titres de rock.
06:20Les ouvriers du New Jersey,
06:23d'Asbury Park et tout ça,
06:25personne n'a raconté ces histoires-là,
06:26sauf un peu les chanteurs de folk.
06:28Et Springsteen ajoute à ça
06:30la puissance du rock,
06:31le lyrisme de certaines chansons,
06:34et donc, il arrive à fusionner
06:36à la fois des récits
06:37qui remontent à Woody Guthrie,
06:39les héros du folk américain,
06:41mais aussi la puissance des rockers
06:44dans les stades, etc.
06:45Donc, c'est pour ça, je pense,
06:46qu'il occupe vraiment
06:48une part assez particulière
06:51dans le paysage.
06:51Il n'y a honnêtement que lui
06:53qui est capable de faire tout ça
06:54en même temps.
06:54Et puis, on en parle au niveau américain,
06:56mais ce qui est intéressant,
06:57c'est pourquoi un type
06:59qui s'intéresse d'aussi près
07:00à la working class américaine,
07:02le New Jersey en particulier,
07:04son berceau,
07:05vient toucher un jeune bourgeois comme moi,
07:08vivant à Paris,
07:09dans le Paris des années 70,
07:10à quel point ça me raconte quelque chose
07:13et quelque chose d'universel
07:15sur le mal-être,
07:17sur la nécessité de bouger
07:19que j'évoquais il y a quelques instants,
07:22et puis qui s'inscrit aussi
07:23dans une espèce d'americana fantasmée.
07:25Nous, toute notre génération,
07:27je ne suis plus vieux que vous deux réunis,
07:29mais on a grandi
07:30avec ce mythe de l'américaine,
07:32l'Amérique qui avait libéré,
07:35côté ouest,
07:35l'Europe du nazisme,
07:37mais aussi le cinéma américain,
07:40la littérature américaine,
07:41la musique américaine,
07:42la mode américaine,
07:43le comportement,
07:44enfin,
07:44ce n'est pas Eddie Mitchell
07:45ou Johnny Hallyday
07:45qui vous auraient dit le contraire,
07:47on a grandi avec ça.
07:48Et quand Springsteen arrive,
07:49il vient nous parler
07:50d'une autre Amérique
07:51qui justement n'est pas
07:52cette Amérique
07:52qu'on a fantasmée,
07:53des cow-boys,
07:54des indiens,
07:55des grands westerns,
07:56qui est autre chose encore
07:57et qu'on peut voir,
07:59qu'on peut trouver un peu
08:00dans le roman noir américain,
08:01par exemple,
08:02dans des textes de Thompson,
08:03de Goody's,
08:04il y a des résonances.
08:05Et ce qui est fascinant,
08:07tu le disais Antoine,
08:08c'est ce côté ultra local,
08:09c'est-à-dire que ça fait 50 ans
08:11qu'il raconte trois bleds
08:13du New Jersey,
08:13en gros,
08:14Freehold,
08:14Asbury Park
08:15et Kroksnecht.
08:17C'est le local finalement
08:17qui a réussi à être universel.
08:19Et effectivement,
08:19en racontant ces histoires,
08:21l'histoire de sa sœur,
08:22enfin dans The River,
08:23c'est des histoires extrêmement
08:24toutes petites,
08:25personnelles,
08:25qui se passent dans un tout petit coin
08:26du New Jersey
08:27et pourquoi ça parle
08:28à tout le monde
08:29dans le monde entier.
08:30Et c'est vraiment
08:31la force de l'art,
08:32c'est-à-dire qu'il n'a pas cherché,
08:34d'ailleurs,
08:34il vit toujours dans le New Jersey,
08:35ça le nourrit.
08:37Il vit toujours à 20 kilomètres
08:38de l'endroit où il est né,
08:39je crois,
08:39ou vraiment pas loin.
08:40Donc ça le nourrit
08:41et ce langage,
08:42ce récit d'un petit coin
08:44du New Jersey
08:45sur la côte est des Etats-Unis
08:46parle au monde entier.
08:48C'est assez fascinant.
08:49Alors,
08:49le film qui sort aujourd'hui
08:51se focalise notamment,
08:54enfin,
08:54se focalise sur l'album
08:55Nebraska.
08:56Pourquoi cet album
08:56plutôt qu'un autre,
08:57selon vous,
08:58entre-elles ?
08:59D'abord parce que
08:59ce n'est pas un biopic du tout,
09:01Deliver Me From Nowhere.
09:02Ce n'est pas un biopic,
09:03ce n'est pas l'histoire
09:03de Bruce Springsteen.
09:04Comme ça a été fait déjà au cinéma
09:06avec d'autres artistes,
09:07à John John par exemple.
09:08C'est un moment précis
09:09et c'est un moment
09:10très important
09:11parce qu'il suffit
09:12à éclairer
09:13tout Springsteen.
09:14C'est un moment
09:15où quand il écrit Nebraska,
09:17c'est après le succès
09:18phénoménal
09:19de Bantouron,
09:21c'est après avoir fait
09:22la une
09:22de Time & Newsweek,
09:24où vraiment il est...
09:25Oui,
09:26et encore,
09:27The River n'est pas arrivé,
09:28donc ça va encore monter
09:30d'un cran.
09:31Mais à ce moment-là,
09:31il est rattrapé par la patrouille.
09:33La patrouille étant son passé,
09:35son passé difficile
09:36avec un père brutal,
09:38un peu alcoolo,
09:39dans cette petite
09:41working class
09:42du New Jersey.
09:43L'histoire d'un môme
09:44qui est confronté
09:46à ses rêves,
09:47à ses désirs.
09:48Voilà,
09:48comment il va arriver
09:49à être ce musicien
09:51dont il a toujours rêvé.
09:52non seulement il y arrive,
09:53mais au-delà
09:54de toutes ses espérances,
09:55il devient de son vivant
09:56une espèce de rockstar absolue.
09:59Et là,
09:59la réalité
10:00le frappe
10:01de plein fouet
10:02et il comprend
10:03qu'il n'a pas résolu
10:05plein de choses.
10:06Et il se tape
10:07une petite dépression
10:08des familles,
10:09une bonne petite déprime.
10:11Il s'enferme
10:11dans une chambre d'hôtel
10:12et il écrit
10:12cet album
10:14Nebraska
10:14avec sa guitare
10:15sur un cas de piste.
10:17Ça ressemble
10:17à des démos presque.
10:18D'ailleurs,
10:18il enregistrera
10:19une version
10:19avec le E-Street
10:20qu'on peut retrouver
10:21dans la nouvelle version
10:23augmentée
10:23qui sort ces jours-ci.
10:25Et des chansons
10:26qui sont
10:27le côté dark
10:28de Springsteen,
10:29le côté sombre,
10:30le côté
10:30il n'essaie pas
10:31d'enrober les choses
10:33et la musique
10:33ne vient pas
10:34enjoliver tout ça
10:36ou la rendre
10:37plus lyrique
10:37qu'elle ne devrait.
10:38C'est vraiment
10:38on est près de l'os
10:39avec des histoires
10:40qui sont autant
10:41de petites scénettes.
10:42D'ailleurs,
10:43il y en a une
10:43Highway Patrolman
10:44qui sera adaptée
10:45par Sean Penn
10:47au cinéma
10:47Indian Runner
10:48et qui sont
10:49autant de petits films
10:50mais très noirs.
10:52Très très noirs.
10:53Je trouve beau
10:53qu'on écoute
10:54un extrait
10:54quand même
10:55qu'on écoute
10:55un peu le boss.
10:56On peut écouter
10:57une chanson en entier
10:58non ?
10:58C'est ce qu'on va faire
10:59tout de suite ?
10:59Ah bon ?
10:59Oui !
11:00Qu'est-ce que tu penses
11:01d'Atlantic City ?
11:01J'entends extrait
11:02moi, extrait
11:03c'est tant de secondes.
11:03Un extrait
11:03de la carrière
11:04de l'oeuvre
11:04du corpus
11:05d'album
11:06de Bruce Springsteen
11:07Atlantique City.
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11:20Sous-titrage Société Radio-Canada
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