00:02Il est 7h40, L'Angléco, François Langlais. On a donc un gouvernement.
00:06On a un ministre de l'économie, Roland Lescure, on a une ministre des comptes publics, Amélie de Montchalin.
00:11Est-ce que tout ça fait un François Langlais heureux ?
00:13Écoutez, en tout cas, il leur souhaite bonne chance !
00:17Mais quels que soient les ministres, l'équation française ne va pas changer d'un poil parce que ses causes sont très profondes.
00:22Elles remontent en réalité à loin. Pour comprendre la crise actuelle, il faut remonter à l'euro.
00:27Et surtout au fait que nous avons avalé cette pilule sans lire le mode d'emploi sur la boîte.
00:33Alors là, vous évoquez un choix qui a été fait par tous les gouvernements depuis plusieurs décennies. Il faut nous expliquer un peu, là.
00:38Écoutez, tout au long du XXe siècle, depuis la guerre de 1914, en fait, la France a dévalué régulièrement sa monnaie.
00:44Et à chaque fois, la dévaluation, ça a été l'ardoise magique qui a permis de compenser les dépenses publiques excessives en réduisant la valeur de la dette.
00:53Alors bien sûr, au détriment des créanciers et des épargnants.
00:57La dévaluation, c'était pour nous l'arme fatale dont nous avons usé et abusé, même jusqu'au milieu des années 80, quand s'est imposé le choix européen qui l'a interdite.
01:07Bon, d'accord, mais depuis les années 80, on a vécu parfois fort bien sans avoir besoin de dévaluer, François.
01:12Oui, parce qu'on s'est réfugié dans une autre échappatoire, l'endettement.
01:15On n'a pas redressé notre gestion de l'économie après l'euro, on a simplement trouvé un nouvel exutoire pour vivre au-dessus de nos moyens, c'est le déficit et la dette.
01:25Je dirais même pire, on a utilisé la garantie collective de l'union monétaire pour échapper à la sanction des marchés financiers, c'est-à-dire une forte hausse des taux d'intérêt.
01:33On est les passagers clandestins de l'euro, profitant de la réputation des autres avec lesquels on partage notre monnaie.
01:40Mais aujourd'hui, les deux routes sont barrées et la dévaluation, bien sûr, et l'endettement, d'où la crise.
01:46Sauf que les pays d'Europe du Sud, le Portugal, la Grèce, ils ont bien réussi à se redresser dans l'euro sans dévaluer, donc c'est possible ?
01:54Oui Thomas, mais ils y sont parvenus pour une raison, ils ont accepté ce qu'on appelle des ajustements réels, c'est-à-dire une baisse de leur niveau de vie pour rétablir leur compte.
02:04Il y a eu dans ces pays un consensus politique et social, souvent initié par la gauche d'ailleurs, pour accepter des choses difficiles,
02:11baisse des prestations, baisse des retraites, des salaires des fonctionnaires, de façon à réduire les dépenses.
02:16Bah, chez nous, rien de tel.
02:18Ça veut dire que nous aussi, il va falloir qu'on se prépare à une baisse de notre niveau de vie, c'est ça ?
02:22Bien sûr, et c'est le problème de nos nouveaux ministres, revenons à eux.
02:25La question clé qui leur revient, ça va être de répartir les sacrifices, actifs, retraités, entreprises, ménages, riches, classes moyennes, etc.
02:32Et comme on ne peut pas faire payer les prêteurs et les épargnants en dévaluant,
02:37il n'y a qu'en fait une seule alternative, soit travailler davantage pour produire plus,
02:42et financer le modèle social, ou bien nous serrer la ceinture.
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