Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 17 heures
Le SCAF, censé devenir le fleuron de la défense européenne, illustre aujourd’hui les tensions entre la France et l’Allemagne. Ce programme lancé en 2017 vise à créer, d’ici 2040, un avion de combat de 6e génération et tout un système connecté de défense. Mais dans les coulisses, la rivalité entre Dassault (France) et Airbus (Allemagne/Espagne) bloque le projet

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Cet avion de chasse était censé devenir le fleuron de la défense européenne.
00:04Aujourd'hui, il est devenu le symbole de l'impossible collaboration du couple franco-allemand.
00:08S'ils veulent faire tout seuls, qu'ils fassent tout seuls.
00:10Aux racines du conflit, le SCAF, un projet européen hors normes de défense,
00:13piloté par la France, l'Allemagne et l'Espagne.
00:16Dans les coulisses, deux mastodontes de l'aéronautique, Dassault et Airbus,
00:19deux rivaux industriels qui ne parviennent pas à s'entendre.
00:22Et sur la scène médiatique, le projet, censé incarner la coopération européenne,
00:26cristallise les tensions entre la France et l'Allemagne
00:28et pourrait bien se terminer en divorce publique.
00:34En 2017, Berlin et Paris lancent le SCAF, Système de combat aérien du futur,
00:41le plus grand projet militaire européen pour renforcer l'autonomie stratégique du continent.
00:45Moi, je crois qu'on peut être plus fort en tant qu'armée,
00:50réussir à développer une base industrielle de défense et de technologie
00:53qui crée de l'emploi chez nous.
00:54Rejoint en 2019 par l'Espagne, le SCAF prévoit de développer à l'horizon 2040-2010,
00:581945, un avion de combat de sixième génération, le New Generation Fighter,
01:02des drones d'accompagnement, des satellites et un cloud de combat destiné à faire fonctionner tout ça.
01:07C'est un projet de coopération industrielle, mais c'est aussi un projet politique,
01:11parce que c'est un projet qui illustre notre volonté et notre ambition pour l'Europe de la défense.
01:17Objectif, remplacer les Rafales utilisées par la France et les Eurofighter utilisés par l'Espagne et l'Allemagne
01:23pour renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe et sa puissance commerciale face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie.
01:30Pour ça, deux poids lourds du secteur aérien sont nommés à la tête du projet par les gouvernements des trois pays,
01:35Dassault et les filiales allemandes et espagnoles d'Airbus,
01:38rejoints par des dizaines d'autres partenaires comme Thales, Safran ou Indra.
01:41L'enveloppe est donc colossale, elle est estimée entre 80 et 100 milliards d'euros.
01:46C'est évidemment aussi une facture que nous partageons en trois,
01:50et que les grands gagnants sont sans nul doute les contribuables espagnols, allemands et français.
01:56La charge de travail entre industriels est elle aussi divisée en trois.
01:59Et pour la conception de l'avion de chasse, Dassault, qui est le maître d'œuvre,
02:02doit travailler avec les filiales espagnoles et allemandes d'Airbus,
02:05une répartition qui est source de crispation depuis le début du projet.
02:08En effet, Dassault veut garder la main sur la conception de l'avion de chasse,
02:11au nom de son expérience en la matière.
02:13C'est faire de A jusqu'à Z, on l'a démontré depuis plus de 70 ans.
02:17Donc nous on a les compétences, je souhaite que ça soit le best athlète qui dirige.
02:22Mais Airbus réclame un partage plus équilibré des tâches.
02:25Le problème c'est que les trois pays ne viennent pas avec le même savoir-faire.
02:28La France, avec le Rafale, est le seul pays européen qui sait réellement tout seul
02:32pour se voir un avion de A à Z,
02:34tandis que les Allemands par exemple, ils ont à peu près un tiers de l'Eurofighter
02:37aux côtés des Anglais, des Espagnols et des Italiens.
02:40Résultat, le projet patine et déjà en 2022,
02:43la ministre de la Défense espagnole s'inquiétait des retards pris.
02:46Nous avons une préoccupation parce qu'en ce moment,
02:50nous entendons que l'EFCAS est dans une situation d'impasse
02:54qui, pour nos entreprises espagnoles, n'est pas acceptable.
02:58Le projet est freiné par ses rivalités,
03:00mais aussi par la question sensible de la propriété intellectuelle
03:03sur laquelle Dassault refuse de céder.
03:04Par exemple, l'Allemagne doit produire 30%,
03:07doit développer 30% de l'avion de stress de 6ème génération.
03:11Sauf que quand on leur dit faire 30%,
03:12ils ne disent pas qu'on va faire la guerre électronique et l'intelligence artificielle,
03:15ils veulent avoir 30% de la totalité.
03:17C'est-à-dire par exemple des commandes de vol
03:19pour lesquelles Dassault est champion du monde,
03:20des décennies et des décennies de recherche,
03:22ils veulent savoir en faire 30%.
03:24Sauf que ça leur donne accès à la totalité du code,
03:26et logiquement, ça reviendrait à faire du pillage industriel
03:29au détriment de la France et de Dassault.
03:31Donc on a logiquement un désaccord entre la France
03:34qui refuse de perdre ses technologies
03:35et Dassault qui jalousement garde son effort industriel familial
03:40qui date d'un demi-siècle.
03:41Et on a de l'autre côté les Allemands qui disent
03:43de toute façon les Français ne peuvent pas le faire sans nous,
03:45donc ils vont bien être forcés de céder industriellement.
03:48Aujourd'hui, alors que le projet doit entrer en phase 2 dès 2026,
03:51avec le premier vol d'un démonstrateur,
03:53sorte de prototype de l'avion,
03:55les tensions s'exacerbent
03:56et Dassault Aviation ne cache plus son agacement devant la presse.
03:58Ici on sait faire.
03:59Donc je veux bien que les Allemands grondent.
04:01Ici on sait faire.
04:01S'ils veulent faire tout seuls, qu'ils fassent tout seuls.
04:03On demande juste une chose, une petite chose.
04:06Donnez-nous la capacité de driver le programme.
04:09C'est-à-dire, dans la gouvernance,
04:11je n'accepterai pas qu'on soit à trois autour de la table
04:14pour décider de toute la technique qu'il y aura à faire
04:17pour faire voler un avion qui sera un avion de très haut niveau.
04:21Face au blocage actuel,
04:22l'Allemagne envisage de continuer le projet sans la France.
04:25Parmi les pistes explorées,
04:26Berlin pourrait se rapprocher de la Suède ou du Royaume-Uni,
04:29voire même pourrait continuer uniquement avec l'Espagne.
04:31La France, de son côté, assurée via l'un de ses responsables auprès de l'AFP,
04:35être prête à développer seul un futur avion de combat
04:38si les discussions avec Berlin et Madrid sur le programme du SCAF viennent à échouer.
04:42Une position qui rejoint donc celle exprimée par Dassault Aviation.
04:46Réellement, avec d'autres partenaires, l'Inde, les Émirats,
04:49peut-être d'autres partenaires européens,
04:50on aurait certainement plus de liberté d'action.
04:52Faire un avion dans lequel on aurait un leader clair,
04:55un petit peu comme le Britannique le font avec les Japonais,
04:57les Italiens et peut-être les Suédois.
04:59Quand on a un leader clair qui assume une plus grosse partie de la charge de travail,
05:02logiquement, la charge est mieux répartie technologiquement et industriellement.
05:06Et on arrive souvent à faire un appareil qui va être plus abouti pour moins cher au final.
05:10Mais malgré tous ces désaccords, en septembre dernier,
05:12le chancelier allemand, alors en visite en Espagne,
05:15affirmait sa volonté de voir le projet se faire.
05:40afin que ce projet se réalisera peut-être.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations