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  • il y a 2 jours
Chères lectrices, chers lecteurs,

Ce mercredi 8 octobre, nous avons eu le plaisir de recevoir Caroline Fourgeaud-Laville pour une rencontre autour de son nouvel ouvrage paru dans la collection Vérités et Légendes des éditions Perrin, et consacré à la fascinante Grèce antique.

Discussion animée par Léo Fourrier.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume 🌊

-

La Quatrième : Des récits d'Hérodote aux formules d'algèbre indispensables à l'algorithmie moderne, voyage initiatique au coeur du "miracle grec" !

Définir ce " miracle grec ", c'est donner les clefs d'une civilisation a priori familière, mais dont nous n'avons souvent que des notions éparses, brouillées par des poncifs et des clichés. Le but de cet ouvrage est de revenir aux sources pour rétablir les faits dans leur exactitude en posant des questions simples, comme le veut cette collection emblématique.

Athènes a-t-elle une démocratie modèle ? Les femmes vivaient-elles cloitrées ? Les Grecs ont-ils inventé les notes de musique ? Grands mathématiciens, étaient-ils aussi de bons ingénieurs ? Etaient-ils croyants ? Hippocrate fut-il le père de la médecine ? L'homosexualité avait-elle droit de cité ? Le Parthénon fut-il une construction révolutionnaire pour l'époque? Avons-nous retrouvé l'Atlantide ? Troie a-t-elle existé ? Quelle place a véritablement occupé l'olympisme ?
Transcription
00:00Et bonsoir à toutes et à tous, merci beaucoup d'être venu ce soir.
00:04Bonsoir, Caroline, bonjour à la vie.
00:06Bonsoir.
00:07Merci de nous faire l'honneur de venir lancer chez nous votre nouveau livre paru aux éditions Perrin,
00:12dans la collection Vérité et Légende, La Grèce Antique.
00:16Et vous êtes héléniste, diplômé de l'être classique, vous avez fait vos classes auprès des plus grands,
00:24donc Jacques Lacarrière et Jean-Pierre Vernon.
00:25Et la Grèce Antique, classique communistique, semble ne plus avoir aucun secret pour vous.
00:30Vous êtes également directrice de collections aux éditions de l'Observatoire.
00:34Et vous avez aussi créé Eureka, une association qui a pour viser de faire apprendre le latin et le grec
00:39et de faire découvrir la culture antique en milieu scolaire.
00:43Vous publiez donc cet automne, dans cette collection, une synthèse qui est une initiation finalement à la civilisation grecque,
00:50une vulgarisation vraiment passionnante et limpide, en 22 chapitres qui sont autant de questions que tout le monde se pose
00:58ou devrait se poser sur la Grèce Antique, ou que ce soit la mythologie, ou la vie des grecs.
01:03Donc il y a à la fois des chapitres sur la guerre de Troie, tel lieu où se trouve l'Atlantide,
01:09les Amazones ont tellement existé.
01:11Donc on ne répondra pas à ces questions ce soir pour ne pas gâcher les plaisirs de lecture.
01:16Mais j'ai tout d'abord une question sur vos deux premiers chapitres,
01:19puisque vous écrivez après avoir dit en introduction, je cite,
01:25« La Grèce Antique n'appartient à personne, plus exactement elle appartient à tous. »
01:29Vous essayez de répondre avec deux questions qui peuvent paraître instinctivement assez surprenantes,
01:35à savoir « Les grecs étaient-ils grecs ? »
01:37Puis « Les grecs parlaient-ils grecs ? »
01:39Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus ?
01:41Oui, alors là, d'abord, je tenais à remercier les films des pages,
01:45chez qui j'inaugure à peu près tous mes livres.
01:47Donc je suis vraiment heureuse d'être traditionnellement accueillie encore ici,
01:51et par vous particulièrement, Léo, ce soir.
01:53Merci beaucoup.
01:54Je sais d'ailleurs que vous revenez à peine du pays des dieux,
01:57donc vous allez parler en expert, vous aussi.
02:01Alors, ce livre, évidemment, il doit explorer les mythes et les légendes,
02:05mais je tenais aussi à en faire un livre d'histoire.
02:07Histoire avec un grand H, je ne sais pas, seulement un livre d'histoire,
02:10un livre d'histoire, minuscule, pluriel.
02:13Pourquoi un livre d'histoire avec un grand H ?
02:18C'est parce que je trouvais qu'il était intéressant d'aborder l'histoire par les mythes,
02:22comme l'ont fait, par exemple, en effet, vous citiez Jean-Pierre Vernon.
02:25Jean-Pierre Vernon, dans les années 60, dans les années 70,
02:28on a considéré que finalement, l'imaginaire était une vraie porte d'entrée vers la civilisation, vers l'histoire.
02:35Et donc, on a souvent, jusque-là, laissé de côté l'imaginaire, laissé de côté les mythes,
02:42en les déconsidérant un peu, comme s'il s'agissait de production d'un peuple enfant,
02:47au profit d'une histoire qui, elle, se réglait uniquement sur l'historicité, les événements, les grands événements.
02:56Or, il se trouve qu'ils ont beaucoup à nous enseigner,
03:00et un peu comme une bobine très emmêlée,
03:03les mythes nous permettent d'entrer dans le labyrinthe de l'histoire,
03:08en en tirant le fil petit à petit, et finalement, en découvrant de véritables trésors.
03:13Et donc, c'est ce que tous ces chercheurs des années 70, essentiellement,
03:20ont permis de réhabiliter la part de l'imaginaire dans l'histoire.
03:24Et je crois que cette collection est parfaite, précisément,
03:28pour aborder l'histoire dans toute sa complexité,
03:31y compris dans son imaginaire, qui est une porte d'entrée essentielle.
03:35Alors ça, c'est le préalable, si vous voulez.
03:38Et quant aux questions élémentaires, elles m'ont été causées, à vrai dire,
03:41vous savez, je fais du plagiat, en plus et simple.
03:44C'est-à-dire que, moi, je ne me fatigue pas.
03:47Et donc, quand j'ai en face de moi des très jeunes enfants,
03:51puisque j'ai la chance d'enseigner à des tout-petits,
03:53qui m'ont entre 7 et 11 ans,
03:56et qu'ils viennent pour la première fois à mes cours de grec,
03:59ils nous disent invariablement,
04:01« Ouais, mais comment on sait que les grecs parlent des grecs, d'abord ? »
04:04Et puis, qu'est-ce qui nous dit que les grecs, c'étaient des grecs ?
04:08Alors, évidemment, il y a des enseignants, je suppose, ici.
04:13Quand on est enseignant, on peut rester interdit,
04:16mais il est interdit de rester interdit trop longtemps.
04:19Et il faut quand même essayer de proposer une formulation
04:21la plus limpide possible, sans simplifier, justement.
04:26Être simple sans simplifier, c'est aussi l'objet de la collection,
04:29et c'est ce que j'ai essayé de faire.
04:30Donc, je me suis dit, bon, entrons dans le livre.
04:33Et puis, ce que j'ai essayé de placer tout cela,
04:37c'est un chapitre, d'une manière un peu chronologique,
04:39des origines jusqu'à Alexandre.
04:41En effet, ça me paraissait assez intéressant
04:43d'aller en quête de preuves.
04:47Qui sont ces grecs ?
04:48Vous appuyez beaucoup sur l'archéologie,
04:50sur les récentes découvertes,
04:53citez toutes vos sources qui sont rhétoriques.
04:55Oui, c'est ça.
04:57Aussi, je pense que les amateurs d'histoire
05:01seront heureux de lire le livre
05:04pour la bibliographie,
05:07qu'ils pourront enrichir à la lecture de ce livre.
05:10Parce qu'au fond, le livre aussi propose
05:13une sorte de mise à jour des connaissances
05:15qui, moi, m'a été très profitable.
05:18Donc, on a les dernières recherches
05:21dans tous les domaines, à peu près.
05:22J'ai puisé aussi bien auprès des universitaires français,
05:28beaucoup de britanniques et d'américains.
05:31Donc, oui, je dois dire que l'archéologie
05:34a été vraiment mon fond de commerce.
05:37C'était passionnant d'aller en quête de réalité.
05:41Et l'archéologie, c'est ce qui, justement,
05:44a permis aux historiens
05:45d'aller traquer un peu plus de vérité encore.
05:50Sans pouvoir trancher certaines questions,
05:52sans pour autant pouvoir apporter une voix.
05:56Oui, oui, oui.
05:57Notamment sur la question des femmes, vous voyez.
06:00Par exemple, on se demande dès toujours
06:03mais comment vivaient les femmes ?
06:05Est-ce que le gynécé existait ?
06:07Ça, c'est une question.
06:08D'abord, tous les fantasmes
06:10depuis très longtemps
06:13qui agitent nos sociétés.
06:15Mais, alors, il y a eu des études dans les années 70,
06:21au moment où ont émergé les recherches sur les genres,
06:24notamment, et sur la place des femmes,
06:26dans l'histoire.
06:28Et ce qui était intéressant,
06:31c'était de voir que, en effet,
06:33les historiens ont contredit, justement,
06:37cette idée du gynécé,
06:39en montrant que, lorsqu'on faisait des recherches archéologiques,
06:42par exemple, dans les maisons de l'Inte,
06:45eh bien, on ne retrouvait pas particulièrement
06:46de pièces dévolues à la vie quotidienne des femmes.
06:50Ça, c'est tout à fait vrai.
06:51Donc, on peut dire qu'archéologiquement,
06:53le gynécé, il n'en existe pas de traces.
06:56Néanmoins, dans les textes,
06:58il est évident que des appartements
07:03réservés aux femmes sont cités.
07:08Et, par exemple, chez Lysias,
07:09on a un procès, un procès d'ailleurs très amusant,
07:13puisqu'il s'agit de Marie Audage,
07:16de Marie Trompé, etc.
07:18Et donc, le Marie Trompé,
07:21il a préjoiné, n'est-ce pas ?
07:22Alors, pour essayer de trouver,
07:25de se disculper,
07:26il a mis à mort l'amant de sa femme,
07:27enfin, il faut dire que...
07:29Et il décrit l'ordonnancement de la maison,
07:32il décrit très bien
07:33comment les femmes vivaient à l'étage
07:37et les hommes auraient de chaussée.
07:39Donc, par exemple, voilà,
07:40je pense que même si elles avaient
07:43la liberté de circulation
07:44lorsqu'il n'y avait pas de réception,
07:46par exemple,
07:48néanmoins, il y avait sans doute
07:50des lieux plutôt rédivis aux femmes.
07:54Donc, vous voyez, dans tout ça,
07:55il est très difficile de franchir.
07:57Mais là où je suis absolument d'accord
08:00avec les historiens à l'actuel,
08:02vous voyez comment on pourrait l'être autrement,
08:03c'est que les femmes ont été
08:05les grandes oubliées de l'histoire,
08:07de toute façon.
08:09Et comment peut-on expliquer,
08:09justement, non seulement,
08:11parce qu'il y a plusieurs temporalités
08:12de mythologie, finalement,
08:13il y a les Grecs par rapport
08:14à leurs propres mythes,
08:16et aussi comment nous, occidentaux,
08:18avons passé des siècles
08:20à construire des mythologies
08:21sur des mythologies
08:22pour rendre, finalement,
08:23la vie des Grecs mythique en elle-même.
08:25C'est ça.
08:25Alors, les amours grecs, par exemple.
08:27Ah, les amours grecs.
08:28C'est de définir l'omosexualité,
08:29ou ce que vous dites sur Eugénie-Nissée,
08:31et tout, de la portée symbolique.
08:33Donc, comment vous expliquez
08:33ce besoin de mythes
08:34qu'on a pour se raccrocher
08:36aux grecs contre les mythes ?
08:37Alors, les mythes,
08:38c'est la preuve de la puissance
08:41d'une civilisation.
08:43Je crois que si elle est capable
08:44d'engendrer des mythes,
08:45c'est qu'elle est parfaitement puissante
08:47et présente parmi nous.
08:48Ça, c'est un premier point.
08:50Et ensuite, quant aux lieux communs,
08:51puisque vous avez vu,
08:52on a astucieusement mêlé
08:54dans ce livre
08:55les légendes, les mythes,
08:57mais aussi les lieux communs,
08:58pour aller à la fois
08:59en quête de vérité
09:01du côté de la civilisation,
09:03mais aussi de l'histoire
09:03et de l'imaginaire,
09:05eh bien, je dirais que
09:06les lieux communs
09:07sont toujours à prendre
09:08avec le plus grand des sérieux,
09:09parce que derrière
09:10un lieu commun,
09:11donc un mythe,
09:12une mystification,
09:14il y a sans doute
09:15une petite quête à mener
09:17pour savoir pourquoi
09:19on a décidé
09:19de s'imaginer
09:21que l'homosexualité
09:22avait été
09:24si bien accueillie
09:26en grèce antique.
09:27Et moi, je crois
09:28que ce mythe,
09:29bon, s'il a perduré,
09:30peut-être,
09:31peut-être ça a pu servir
09:33un peu la cause,
09:34parce qu'après tout,
09:35si l'homosexualité
09:36était fermée
09:36dans une civilisation
09:38qui était si prestigieuse,
09:39si extraordinaire,
09:41il y a des mille ans,
09:41voilà,
09:42pourquoi aujourd'hui,
09:43donc tant mieux
09:44si ça a aidé la cause.
09:45La réalité était plus complexe
09:47et on s'aperçoit
09:48qu'en vérité,
09:50d'abord l'homosexualité,
09:51le terme n'existait pas,
09:52et puis d'autre part,
09:54c'est la sexualité entière
09:56qui était codifiée.
09:57C'est une société
09:58très codifiée.
09:59Donc, il ne s'agissait pas
10:01seulement de l'homosexualité
10:03qui était visée
10:05par les lois,
10:06mais également
10:07la sexualité
10:08large
10:11acception,
10:15disons.
10:18Et dans...
10:19Et dans une société
10:20puritaine.
10:21Alors que c'est vrai
10:22que quand on débarte
10:22à Athènes
10:23et qu'on se promène
10:24Placine d'Agma,
10:25par exemple,
10:26on est surpris
10:27de voir
10:27toutes les petites cartes postales
10:29avec des scènes érotiques
10:31et on se dit
10:31« Oh ! »
10:32Les Grecs !
10:33Voilà,
10:34les amours grecs.
10:35Mais bon,
10:35voilà.
10:36Il faut pouvoir rêver,
10:37les historiens
10:38ne sont pas des briseurs
10:39de rêve,
10:40mais bon.
10:43Et justement,
10:46par rapport
10:46à cette dimension mythique,
10:49enfin,
10:50Houellebecq écrivait
10:51dans Sérotonine,
10:52je crois,
10:52« À partir d'un certain âge,
10:53on en revient toujours
10:54aux Grecs. »
10:55Donc,
10:56comment...
10:57Enfin,
10:57vous,
10:58vous êtes tout d'abord
10:59approchée finalement
11:00de la foi
11:01de ces civilisations mythiques
11:02et de ces mythes grecques ?
11:04Alors,
11:05alors bon,
11:06il s'est passé
11:07une chose incroyable,
11:10l'incroyable
11:10résilie
11:11d'une...
11:12Je suis une petite limousine.
11:15Alors,
11:15ça ne se voit pas
11:15parce que je suis un petit format,
11:17mais en fait,
11:17je suis une limousine.
11:19Et donc,
11:19je suis née
11:20au fin fond de la campagne,
11:22au milieu de Nupar,
11:23et pourtant,
11:24la Grèce est venue
11:24de toquer à ma porte
11:25de façon extraordinaire,
11:27c'est que j'étais avée
11:28par mon arrière-grand-mère
11:29qui avait une revue
11:30de presse fantastique.
11:31Alors,
11:31elle lisait
11:32France Dimanche,
11:34Point de vue,
11:35tout à l'heure,
11:35on avait des pics comme ça.
11:37Et un beau jour,
11:37alors je ne saurais vous dire
11:38dans quelle revue,
11:39sûrement le Figaro,
11:41j'ai donc découvert
11:42la Grèce en titre.
11:43Et ça a été immédiat.
11:45C'est-à-dire,
11:45j'ai été captivée
11:47par la beauté
11:47et en l'occurrence,
11:49il s'agissait
11:49d'aboter des lettres,
11:50des inscriptions.
11:52Donc moi,
11:53je n'avais jamais entendu
11:54parler des mythes grecques.
11:56Je ne me sentais pas
11:57du tout
11:57l'héritière de grecques
12:00quand je me promenais
12:01dans mes forêts,
12:02aucunement.
12:04Mais,
12:04tout à coup,
12:05j'ai compris
12:06qu'il y avait des lettres
12:07extraordinairement exotiques
12:09et d'une beauté
12:10extraordinaire
12:11et qu'il fallait absolument
12:12que j'aille comprendre
12:13de quoi il s'agissait.
12:15Donc c'est là,
12:16c'est à partir des lettres.
12:17Et d'ailleurs,
12:18je me souviens très bien
12:19que la première fois
12:21que j'ai décidé
12:22de proposer
12:23des cours d'initiation
12:25Heureka,
12:28donc à la Grèce antique
12:29aux enfants,
12:30quand je suis arrivée,
12:31je pensais
12:32devoir me raconter
12:34des mythes,
12:35des légendes,
12:35etc.
12:36Et très rapidement,
12:37j'ai compris
12:38que leur intérêt
12:38se portait
12:39d'abord et avant tout
12:41sur la grande carte
12:42que j'avais
12:43et qui était
12:44la carte de l'alphabet.
12:45Donc vous voyez,
12:48je crois que la première
12:49des très grandes aventures
12:51de l'esprit
12:52et esthétique aussi,
12:55parce que je viens
12:56d'écrire un livre
12:56sur l'épigraphie,
12:57par exemple,
13:00eh bien ce sont
13:00les inscriptions,
13:01ce sont les lettres.
13:02Ça, c'est quand même
13:03d'un très grand mystère,
13:05d'une très grande beauté,
13:06une très grande promesse.
13:08C'est ça aussi
13:09le paradoxe d'exotisme
13:10parce que vous disiez
13:11que j'avais eu des maîtres
13:13comme Jean-Pierre Vernant
13:14et Jacques Lacarière
13:16qui ont été mes familiers,
13:18surtout, évidemment,
13:20Jacques Lacarière,
13:21mais Jean-Pierre Vernant
13:22que j'en ai connu,
13:22mais Pierre Lévesque également.
13:24Mais au-delà
13:26de ces très grandes figures,
13:27j'ai eu mes profs
13:28de latin grec,
13:30vous avez compris d'ailleurs
13:31maintenant des membres
13:32de l'antique,
13:33qui sont des gens
13:34très académiques.
13:35Donc je me souviens
13:36très bien des premiers cours
13:37que j'ai suivi
13:38et j'avais en face de moi
13:39des professeurs
13:40de latin grec
13:41tout à fait honorables,
13:43plus élégants
13:44que les autres professeurs,
13:45plus stricts,
13:46et qui me délivraient
13:48des textes
13:50complètement,
13:52que j'ai trouvé
13:53tellement exotiques,
13:57tellement étranges,
13:58tellement étrangers,
13:59tellement, voilà,
14:00c'est décapant.
14:02Donc j'ai trouvé
14:03ce paradoxe étrange,
14:05je me suis dit
14:05mais comment osse-t-il
14:06m'offrir des textes
14:07aussi étonnants,
14:09aussi échevelés ?
14:11D'ailleurs,
14:12la syntaxe grecque
14:14est échevelée,
14:15si vous voulez,
14:15c'est la comparaison,
14:16ce que je disais un jour,
14:17entre les Rolling Stones
14:17et les Beatles.
14:19Il y a des profs de latin
14:20où tout est ordonné
14:21et puis des profs de grec
14:22où chaque fois qu'on dit
14:24cherchons le verbe,
14:27il a mille façons
14:28de se présenter à vous
14:30le verbe,
14:31premièrement,
14:32cherchons le sujet
14:33et il est aussi
14:34à chercher ce sujet.
14:35Voilà,
14:36donc c'est fantastique
14:37le grec
14:38parce que c'est très inattendu,
14:39c'est à tout point de vue,
14:42dans la forme,
14:42dans le fond,
14:44donc ça oblige
14:45à l'audace.
14:49Pourquoi étudier encore
14:51le grec aujourd'hui
14:51quand on est à la quête
14:53de l'utilité permanente
14:55et que c'est l'amour du beau
14:57finalement qui vous a
14:58intéressé tout d'abord
14:59à cette forme ?
15:00Alors,
15:02je pourrais vous dire
15:04la main sur le cœur,
15:06apprenons le grec
15:07parce que ça ne sert à rien
15:08et son utilité
15:09est déjà extraordinaire,
15:11mais non,
15:12je crois que c'est
15:12extrêmement utile
15:13et comme je dis souvent,
15:16je mets au défi
15:17quiconque de passer
15:18une journée
15:19sans prononcer
15:20un mot de grec,
15:21ce qui est pratiquement
15:22impossible,
15:23donc voilà,
15:24ça c'est le premier point.
15:26Ensuite,
15:27faisons l'expérience
15:28de sortir dans la rue
15:29et d'ôter tout ce qui est grec
15:31de la rue,
15:32les inventions,
15:33la beauté architecturale,
15:36vous voyez,
15:37tout s'effondre,
15:38notre société s'effondre,
15:39je ne vous parle même pas
15:40là de philosophie,
15:41de médecine,
15:42je ne vous parle vraiment
15:43de nos structures essentielles,
15:47notre parole
15:47et le décor.
15:49Au-delà de l'appropriation culturelle,
15:51finalement.
15:52On est grec.
15:55On est grec-antique.
15:58Et est-ce que finalement,
16:01Eureka,
16:02cette association,
16:02ça permet d'ajouter
16:04la poésie dont on parlait
16:05chez les grecs,
16:07qui décide d'apporter
16:08de la poésie
16:09dans nos sociétés
16:10héritières des grecs ?
16:12Oui,
16:13alors Eureka,
16:14c'est une association.
16:16C'est un livre aussi
16:17que j'ai écrit
16:17à la destination
16:18des débutants,
16:20disons,
16:20de jeunes aux yeux,
16:21d'ailleurs.
16:22Également disponible
16:22à la caisse,
16:23d'ailleurs.
16:24Ah ben voilà,
16:24j'ai des petits élèves,
16:26c'est bien,
16:27je me le vois.
16:30Très bonne élève,
16:31je précise.
16:32J'en ai d'autres,
16:33d'ailleurs,
16:33ici,
16:33aussi.
16:34Et donc,
16:36oui,
16:36alors Eureka,
16:37ça sert à quoi ?
16:38Ça sert à parler grec,
16:39par exemple.
16:40On joue en grec,
16:41on fait des petits théâtres
16:43en grec,
16:44on chante en grec
16:45et on apprend,
16:46par exemple,
16:47on s'enrichit.
16:48Quand on arrive en grec
16:49avec un mot
16:50qu'on ne sait pas forcément
16:51prononcer comme
16:52un hippopotame,
16:53tout le monde a du mal
16:55à prononcer ce mot,
16:56encore plus de mal
16:57à l'écrire,
16:58donc on vient avec un mot
16:59un petit peu compliqué,
17:00pas très sexy en sensaire.
17:02En plus,
17:03tu peux nous faire plonger
17:04dans la dictée
17:05avec la maîtresse
17:06et on ressort
17:07non pas avec un mot,
17:08mesdames et messieurs,
17:09avec deux mots.
17:11Hippos,
17:11n'est-ce pas ?
17:12Tu veux dire le ?
17:13Le cheval.
17:14Le cheval.
17:15Et le potamos,
17:17le fleuve.
17:18Donc,
17:19c'est ça la poésie.
17:20C'est-à-dire que
17:21tout à coup,
17:21un mot abstrait
17:23avec des H,
17:24avec tout ce qu'on veut,
17:24avec deux P,
17:25on se demande bien pourquoi,
17:27tout à coup,
17:28gagne en poésie,
17:29en épaisseur
17:29et le monde devient
17:30quand même
17:31beaucoup plus poétique.
17:33Et la langue grecque
17:36permet de voir
17:37le monde plus poétiquement.
17:38Voilà.
17:38Merci beaucoup,
17:40Caroline Fourle-la-Ville.
17:42Merci beaucoup.
17:43Si vous avez des questions
17:44dans la salle,
17:46il y a des écrivains
17:48célèbres
17:49qui se retournent
17:51sur les mythes.
17:52On a Neil Gaiman
17:53sur la mythologie
17:54nordique
17:55et Stephen Fry
17:57sur la mythologie grecque.
17:59Quel regard
18:00vous avez
18:00sur la vision
18:03qu'ils apportent
18:04ou pas ?
18:05Je ne sais pas.
18:05Si vous voulez,
18:07je trouve que
18:08de toute façon,
18:09les mythes,
18:10par exemple,
18:11on le sait déjà,
18:12dès l'Antiquité,
18:13rien n'est figé
18:14dans les mythes.
18:15Donc chacun
18:16a sa façon
18:17de les considérer.
18:18Et déjà,
18:19les Grecs entre eux
18:19n'étaient pas d'accord.
18:20Vous voyez que vous preniez
18:21une généalogie
18:22chez Homère
18:23ou chez Hésiode,
18:24vous n'avez pas du tout
18:25la même.
18:26Donc voilà,
18:26ça fait des batailles
18:27par exemple dans les classes.
18:28On dit,
18:28mais non,
18:29c'est Poséidon et le frère,
18:31mais non,
18:31c'est le fils,
18:32etc.
18:32Donc les mythes
18:35sont faites
18:35un pour se tromper,
18:37un pour se les réapproprier
18:38et trois pour inventer.
18:40Parce qu'on a absolument
18:41besoin de se raconter
18:42des histoires.
18:43C'est une façon
18:44très habile
18:44d'entrevoir
18:46nos failles,
18:49nos difficultés,
18:51mais aussi nos beautés.
18:52par exemple,
18:54pas considérer
18:55Homère
18:56comme un mythographe,
18:58mais en tout cas,
19:01il est tout à fait évident
19:02que l'Iliade
19:03et l'Odyssée,
19:04certes,
19:04ont porté
19:05les valeurs
19:06de la Grèce antique
19:07et que quand on lit
19:08Thucydide,
19:11quand on lit
19:12tous les auteurs
19:12de l'Antiquité,
19:13il y a des référents.
19:14D'abord,
19:14ils se réfèrent entre eux.
19:15C'est ça qui est formidable.
19:17C'est que quand on en lit un,
19:18on en lit mille
19:19parce qu'ils ont
19:20un système de citations
19:21qui fait qu'il faut
19:23tous les avoir lus
19:24pour les comprendre
19:25individuellement.
19:27Ils procèdent
19:28à des citations.
19:29Donc ça,
19:29c'est très intéressant.
19:30Déjà ça,
19:31premièrement.
19:32Et ensuite,
19:33je dirais par exemple
19:34que ce qu'on apprend
19:36le plus,
19:37c'est la complexité
19:38du monde
19:39et la complexité
19:40individuelle.
19:42Ce que montre
19:43très bien,
19:43par exemple,
19:44le mythe d'Oedipe,
19:45le type Oedipe
19:45est en fait
19:46toujours innocent.
19:48Et c'est son innocence
19:49qui va le rendre
19:51coupable et qui va le...
19:52Donc ça,
19:53ça c'est une très grande leçon
19:55extrêmement complexe,
19:56extrêmement clé
19:57que ça,
19:58la mythe peut dire
20:00au fond.
20:02Et qui peut être comprise
20:03d'une manière
20:04très intuitive
20:04par un enfant.
20:06Et vous voyez,
20:07je pense aussi
20:07que le mythe
20:08c'est la beauté.
20:11Pourquoi les mythes
20:12ont été inventés ?
20:12On a toujours
20:13plein de possibilités,
20:16mais peut-être
20:17que l'Iliate,
20:17peut-être que les mythes,
20:19peut-être qu'Éziole,
20:20peut-être que toute
20:21cette beauté
20:21a un rôle.
20:22Quand on l'a dit
20:23inutile,
20:24quand on pense
20:25que le plaisir esthétique
20:26se suffit à lui-même,
20:27moi je pense
20:28que la beauté
20:29est un conservateur.
20:35Elle a permis
20:35de conserver
20:36des vérités,
20:38des réflexions,
20:38des modes de pensée
20:39qui n'auraient pas
20:40été conservées autrement.
20:42Parce que
20:43qui a envie
20:44d'apprendre par cœur
20:45la fin de l'histoire,
20:48une morale ?
20:49On n'a aucun intérêt.
20:50Alors que l'histoire,
20:51elle,
20:51elle est fabuleuse.
20:52On a envie
20:52de la transmettre,
20:53on a envie
20:53de la réciter.
20:54Si elle est en vers,
20:55c'est merveilleux,
20:56on peut la chanter.
20:57Voilà.
20:57La beauté
20:58est un merveilleux véhicule
21:00et c'est une sorte
21:02de cristallisation
21:03extraordinaire.
21:04donc si des auteurs
21:08actuels
21:08sont aussi capables
21:10de réenchanter
21:11les mythes,
21:12de proposer
21:13de nouvelles
21:14façons
21:14de cristalliser
21:15les vérités,
21:16c'est formidable.
21:18C'est la preuve
21:19de cette vitalité.
21:20pour savoir
21:22quelle prononciation
21:23vous leur enseigne
21:24vos élèves
21:25de Eureka ?
21:26Vous avez déjà
21:27la prononciation
21:29erasméenne
21:30ou moderne ?
21:30Au mois de septembre,
21:32je prononce
21:34à la grecque,
21:35moderne.
21:36Eureka,
21:38c'est Evrika.
21:39Voilà.
21:40Et je me trompe,
21:42par exemple,
21:43en septembre,
21:45mais sinon,
21:46je fais en sorte
21:46de leur proposer
21:48une prononciation
21:50erasméenne
21:50qui commence.
21:51Parce qu'elle n'existe pas
21:52en Grèce.
21:53Les pièces
21:54antiques
21:55comme
21:56Iketives,
21:59j'ai assisté
22:00donc
22:00à cette pièce
22:02sur les auteurs
22:03de Thessalonique,
22:05et bien,
22:06c'était la prononciation
22:07moderne.
22:08Oui, oui,
22:08les grecs,
22:09en tout cas,
22:10comme Édipus,
22:11Épicor,
22:11le nom,
22:12c'est la prononciation
22:13moderne.
22:14Alors,
22:15ce qu'il faut savoir,
22:16c'est que
22:16les grecs d'aujourd'hui
22:19vont prononcer
22:21le grec ancien
22:22avec leur prononciation
22:23à la nature.
22:23Mais pas le reste du monde.
22:24Mais pas le reste du monde.
22:26Voilà.
22:26Et puis ensuite,
22:27même les propositions
22:28qui ont été faites,
22:29par exemple,
22:29par un ami
22:30qui est Philippe Brunet,
22:32que vous connaissez peut-être,
22:33certains d'entre vous,
22:34même Philippe considère
22:36que quand même,
22:37il fait là une proposition
22:38parce qu'on n'a évidemment
22:40absolument aucune certitude
22:42de quelle manière
22:43a été prononcée le grec.
22:44et donc,
22:46ce sont des propos oiseux
22:49qu'on tiendrait
22:50sur la prononciation.
22:51La seule chose
22:52qu'on puisse savoir
22:53vraiment avec certitude,
22:54c'est qu'il y avait
22:55différentes prononciations
22:56selon les régimes.
22:57Voilà.
22:58Ça, c'est sûr
22:59parce qu'ils se moquaient
22:59beaucoup.
23:00Par exemple,
23:01chez Aristophane
23:02ou même chez Plateau,
23:04voilà,
23:04on se moque
23:05des prononciations
23:06d'Orienne,
23:07etc.
23:07Il y a des blagues
23:09comme nous
23:10avec les Belges
23:11ou les Marseillais.
23:13Mais s'agissant
23:15vraiment
23:15de savoir
23:17comment
23:18c'est trop complexe,
23:22le rythme
23:23nous enseigne
23:24beaucoup de choses,
23:25donc on peut restituer
23:26le rythme.
23:27Il y a des choses
23:27quand même
23:28qu'on peut restituer.
23:29Donc, par exemple,
23:30Philippe Brunet
23:31qui met en scène
23:32beaucoup,
23:33beaucoup de tragiques
23:34et qui est aussi
23:35le gars
23:36de l'Odyssée.
23:37Enfin, l'Odyssée.
23:39Lui,
23:40il se campe
23:40merveilleusement
23:41par exemple.
23:42C'est vraiment...
23:44Si vous avez l'occasion
23:45d'aller l'écouter,
23:46ce sont des moments
23:47extraordinaires.
23:48Et puis en plus,
23:50il a des origines
23:51japonaises
23:52qui fait qu'il fait
23:53des liens
23:54et des passerelles
23:55entre le no
23:56et les gars
23:57en secteur.
23:58Dignes.
23:59Voilà.
23:59Ce sont des moments
24:01d'exception.
24:03Mais sur la prononciation...
24:05Les Grecs disent
24:06que votre prononciation
24:07est rasmienne,
24:07elle n'existe pas.
24:10Ah ben,
24:10il ne faut pas
24:11toujours écouter les Grecs.
24:11Ben, les filles.
24:13Non, je suis qui.
24:14Tu vas calmer.
24:20Question encore ?
24:22Oui.
24:23Question.
24:24Bon, moi,
24:25je parle Grecs
24:25et je dis
24:25Grecs moderne.
24:27C'est précis.
24:28Alors,
24:28quand je tombe
24:29sur des pierres tombales
24:30où c'est écrit
24:30en vacancien,
24:31on a l'impression
24:32de ne dire qu'un seul mot.
24:34Tout est collé.
24:35Alors là,
24:35comment on s'en sort ?
24:36Je vous encourage tous
24:37à vous offrir
24:38mon livre d'avant.
24:41Gravé pour l'éternité.
24:43Voilà,
24:43gravé pour l'éternité
24:44aux belles lettres.
24:46Ah ben voilà.
24:47Il est aussi à la caisse.
24:50Ça a apporté.
24:51Alors justement,
24:52oui,
24:52c'est fantastique
24:53puisqu'en effet,
24:53tout est collé,
24:54tout est en capital.
24:55ça a donné naissance
24:57à une très jolie discipline
24:59qui s'appelle
24:59l'épigraphie
25:00et qui a occupé
25:01beaucoup de mes heures.
25:04Oui,
25:04évidemment,
25:05il faut savoir
25:06un peu son grec
25:07pour se débrouiller.
25:13Oui,
25:13moi,
25:14j'ai eu une question
25:14dans le temps.
25:15Question quelle,
25:16j'en suis sûre ?
25:17Non,
25:17pas du tout.
25:18Non,
25:19dans le temps,
25:19très personnel.
25:20j'ai entendu
25:21l'histoire
25:23de la rencontre
25:24avec le grec
25:26un coup de lourde
25:27et pour moi
25:28c'était à peu près pareil.
25:31Je voudrais savoir
25:32qu'est-ce que le grec
25:35t'a apporté ?
25:36Qu'est-ce qu'il raconte
25:37de toi,
25:38le grec ?
25:40Question un peu piège,
25:43non ?
25:43Vous avez deux heures.
25:45C'est le tome 2,
25:52tant pis.
25:55Mais il y a
25:56une grande évidence,
25:58c'est que moi,
25:59je suis toujours un peu,
26:00je regarde
26:01toujours mortiférée
26:04comme ça,
26:05mais meurtrie
26:06et inconsolable,
26:08tous mes collègues
26:09qui écrivent des romans
26:10en me disant
26:10« Oh, eux,
26:11ils font de la littérature »
26:12et moi,
26:12eh bien non.
26:13Je vous avouerai
26:14que moi,
26:15j'aime faire des essais,
26:17j'aime faire de l'histoire,
26:18j'aime réfléchir
26:19justement sur les instructions.
26:21En fait,
26:22évidemment,
26:22je suis en tête
26:23de ce pourquoi
26:25ce grec est venu
26:27un jour me posséder.
26:28C'est quand même
26:29tout à fait évident.
26:30Mais heureusement,
26:33je n'en suis pas restée
26:34à essayer de comprendre
26:35le pourquoi du commun
26:36et si ça donne l'occasion
26:38de finalement
26:39déployer une petite œuvre
26:41entière
26:42sur les pouvoirs
26:44et la magie du grec,
26:45tant mieux
26:46parce qu'au moins,
26:47c'est un secret
26:48que je partage
26:51avec les lecteurs.
26:53Donc,
26:53c'est une grande chance.
26:54mais personnellement,
26:58j'avoue que c'est plutôt,
27:01enfin,
27:01pour être très honnête,
27:03je crois que c'est parce que
27:03j'étais très seule,
27:05j'étais vraiment très,
27:06très seule,
27:06quoi.
27:07J'étais élevée par mon grand-mère
27:08au fin de la campagne,
27:10c'est voulu dire
27:10l'extrême solitude.
27:11Et parfois,
27:12c'est justement
27:13dans l'extrême solitude
27:14que tout à coup,
27:16moi,
27:16j'inventais une langue
27:17qui n'existait pas
27:18et surtout avec des signes
27:21que j'inventais
27:22comme je ne suis pas du tout
27:23saussure,
27:25je ne suis pas du tout...
27:27Voilà.
27:27À chaque fois,
27:28j'oubliais évidemment
27:29les petites syllabes
27:30que j'avais mis en place
27:31et j'ai dit là,
27:32c'était un casse-tête incroyable.
27:34Donc,
27:35ma langue ne fonctionnait jamais
27:36et c'est pour ça,
27:37je ne vous avais pas raconté ça,
27:38mais quand je suis tombée
27:40sur le porte-foyau
27:41merveilleux
27:42de Figaro,
27:43je me suis dit
27:44« Ah,
27:44mais d'autres ont réussi,
27:46eux,
27:46et bien mieux que moi,
27:47ça brille,
27:48c'est beau ! »
27:49Donc,
27:50c'est ça.
27:50Voilà.
27:51Donc,
27:52oui,
27:52je pense que,
27:53mais enfin,
27:53pour sortir de soi,
27:54je crois qu'on a tous
27:56une petite part
27:57de quelque chose
27:58d'archaïque
27:58et d'extrêmement mystérieux
28:00que,
28:01justement,
28:02la Grèce permet de révéler.
28:03Pourquoi ?
28:03Parce que
28:04les Grecs ont répondu
28:06alors,
28:07certains disent que
28:08les Grecs ont répondu,
28:09j'allais m'emballer
28:09en disant
28:10qu'ils ont répondu
28:10à toutes les questions.
28:11J'irais plutôt
28:12qu'ils ont posé
28:13toutes les questions,
28:14qu'ils ont fait
28:15toutes les erreurs
28:16possibles
28:17parce que
28:18quand on les érige
28:19en modèle,
28:20bon,
28:21en fait,
28:21il suffit de rien
28:22avec n'importe qui,
28:23ils sont tous
28:24quand même
28:25terriblement faillibles,
28:28déconcertants
28:30et critiquables.
28:32Donc,
28:32voilà.
28:33Donc,
28:35c'est plutôt ça.
28:36je trouve
28:36que ce sont
28:37des admirables
28:39frères d'armes,
28:44quoi.
28:44Ils sont allés
28:45avant nous
28:46au combat,
28:47ils sont tombés
28:47avant nous,
28:48ils ont fait
28:49toutes les erreurs
28:49possibles
28:50et ils ne nous empêcheront
28:52pas d'ailleurs
28:52de les traverser
28:53parce que
28:53quand on lit
28:54le préambule
28:55de Thucydide
28:57et de la vérité
28:57japonaises,
28:58en fait,
29:00certes,
29:00certes,
29:00il écrit
29:01pour toujours,
29:03comme il l'annonce
29:05très bien,
29:06mais bon,
29:07il sait très bien,
29:08il le dit d'ailleurs,
29:09les mêmes faits
29:10se reproduiront.
29:12Ça,
29:12c'est tout à fait
29:13évident.
29:13simplement,
29:14nous aurons
29:15plus de conscience
29:17de nos impasses
29:21et peut-être
29:22que nous serons
29:22moins le jouet
29:24de tout ce qui se déroulera
29:27invariablement.
29:30Ça,
29:30c'est très grec aussi.
29:32Une sorte de...
29:33on ne peut rien
29:34contre ce qui
29:36de toute façon
29:37se déroulera.
29:38Mais qu'on pourra
29:39le voir avec peut-être
29:40un peu plus de clairvoyance,
29:41de conscience
29:42et de...
29:44Voilà.
29:45C'est un peu
29:46terrible de...
29:47C'est cette distance,
29:49cette clairvoyance,
29:49c'est vraiment passionnant
29:51de lire ce livre.
29:52Donc,
29:52en 22 chapitres,
29:54vraiment,
29:54c'est de la littérature.
29:55On risque de vous contrôler.
29:5622,
29:56parce que j'aurais voulu
29:56en faire 30,
29:57moi.
29:59Vous saurez enfin
30:00si Alexandre le Grand
30:02était vraiment un dieu.
30:03C'est ce que tout le monde
30:04se pose.
30:05Et que je vais retrouver
30:06l'Atlantide.
30:07Que vous avez retrouvé
30:07l'Atlantide,
30:08les Amazones,
30:09c'est ton livre,
30:11la guerre de Troyes.
30:12Merci beaucoup,
30:13carrément,
30:13pour joie la vie.
30:14Merci beaucoup.
30:14Merci.
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