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00:00Depuis la révolution industrielle, la relation homme-animal connaît un véritable tournant.
00:11Les innovations techniques repoussent les limites du possible, ce qui ne manque pas de soulever de nouvelles questions.
00:16Aujourd'hui, on ne sait plus qui est à quelle place. On en oublie même les conséquences que ça pourrait avoir.
00:23L'être humain règne de plus en plus sur le monde. Et en cette époque d'efficacité industrielle, la place accordée aux animaux évolue.
00:34Ce n'est pas absurde de considérer son chat ou son chien comme un membre de la famille, voire comme un enfant. Mais c'est un phénomène assez récent.
00:44De nos jours, le lien qui unit l'homme à l'animal semble plus fort que jamais. Mais survivra-t-il à l'ère de la révolution numérique ?
00:53La poule est l'animal le mieux domestiqué au monde.
01:12Pourtant, même si elles sont actuellement plus de 30 milliards sur Terre, le volatil reste bien souvent invisible.
01:19À Genk, en Belgique, Kuhn van Meeschleun souhaite remédier à cette situation.
01:26L'artiste n'a qu'une obsession, Galus domesticus. Autrement dit, la poule domestique.
01:34Une espèce si parfaitement adaptée à l'être humain qu'on ne s'en étonne plus depuis bien longtemps.
01:38Mais pour Kuhn van Meeschleun, chaque spécimen constitue un miracle de plumes, de chair et de sang.
01:46Une matière vivante pour son art.
01:48« Elles ont un énorme besoin de liberté. La captivité les stresse. Et ça, ça ne me plaît pas.
01:59C'est pour cette raison que je les laisse évoluer en liberté et faire ce qu'elles veulent.
02:04Ce coq est magnifique. Je le réserve pour ces demoiselles là-bas. »
02:10L'artiste belge sélectionne le coq qui servira le mieux son projet.
02:16« La domestication est une étape cruciale de l'histoire de l'humanité.
02:23Ça ne sert à rien de la dénigrer, mais on peut garder un œil critique dessus et reconnaître quand ça va trop loin.
02:28Quand on s'égare.
02:30Son projet, intitulé Cosmopolitan Chicken, vise à réunir le patrimoine génétique de toutes les poules en une seule et même variété.
02:44Depuis plus de 20 ans, Kuhn van Meeschleun croise des races de poules provenant du monde entier.
02:49Chaque génération ajoute ainsi son génome à la suivante.
02:53Ces œufs, par exemple, contiennent chacun les gènes de près de 30 races différentes.
02:58« Voilà les œufs qui vont servir au prochain croisement.
03:04Ils contiennent actuellement la 26e génération de mon projet, la Mechelseur Vatica.
03:10L'an dernier, j'ai fait un croisement avec une race de poules croates.
03:15Et cette année, ce sera avec une race israélienne.
03:18Après ça, on aura un résultat parfaitement diversifié. »
03:23D'après sa théorie, plus il y aura de races, plus le patrimoine génétique de ces poules sera varié.
03:30« De temps en temps, on doit briser le carcan génétique dans lequel on a enfermé ces poules de monoculture.
03:37Il faut apporter du sang neuf à l'espèce.
03:42Et pour ça, il suffit de la croiser avec d'autres.
03:45On a mis un carcan autour d'un être vivant, mais grâce au croisement, on peut le briser et permettre l'évolution. »
03:58Kuhn von Mechelen est un artiste qui travaille non seulement avec les couleurs et les sons, mais aussi avec les gènes.
04:04Au bout d'environ cinq jours d'incubateur, de petits cœurs de poussins commencent à battre derrière les minces coquilles d'eux.
04:14Autant l'excès d'attention porté à une poule peut déconcerter,
04:31autant ce comportement nous semble couler de source quand il s'agit d'un chien.
04:36En effet, comme leur nom l'indique, les animaux de compagnie sont beaucoup plus proches des humains
04:41que les animaux d'élevage, comme la poule ou le cochon.
04:44Les chiens ont en quelque sorte détourné à leur avantage le processus biologique de réaction des humains envers les nourrissons.
04:54Par exemple, quand une mère tient son bébé et que celui-ci la regarde,
05:00son cerveau libère des substances chimiques qui renforcent son lien affectif avec l'enfant.
05:07Eh bien, quand un maître regarde dans les yeux de son chien, le processus biochimique est quasiment le même.
05:14Certains trouvent ça formidable.
05:17Ça montre qu'on peut ressentir la même chose pour nos animaux de compagnie que pour nos enfants.
05:23Mais d'autres trouvent ça horrible.
05:26Les animaux domestiques sont devenus des sortes de parasites
05:28qui ont évolué au point de détourner ce système de réaction des humains face aux bébés.
05:33En fait, ils profitent de nous.
05:35Ce n'est pas seulement dans nos têtes, c'est biologique.
05:39La plupart des gens se sentent heureux quand ils ont la possibilité de vivre avec un animal,
05:54en particulier avec un animal aussi sociable et affectueux que le chien.
05:59D'après certaines données scientifiques, les gens qui vivent avec des chiens sont même en meilleure santé
06:05et se sentent globalement mieux que les gens qui vivent sans.
06:10C'est absolument flagrant.
06:12On pourrait même aller jusqu'à dire que les gens sans chien ne sont pas tout à fait complets.
06:18Car l'être humain est fait pour cohabiter socialement avec d'autres animaux que lui,
06:21et notamment avec des chiens.
06:22Si cette nouvelle forme de cohabitation apparaît d'abord timidement avec l'industrialisation,
06:32elle deviendra ensuite un vrai phénomène de masse.
06:35Les populations campagnardes migrent vers les villes,
06:38et les machines rendent superflu le travail des bêtes de Somme.
06:42C'est le début d'une nouvelle ère,
06:44qui redéfinit totalement la valeur des humains et des animaux.
06:48Les grands gagnants sont les nouveaux bourgeois et leurs petits chiens de compagnie
06:51qui profitent pleinement de leur villa avec jardin.
06:54Pour les classes populaires et les animaux d'élevage, en revanche,
06:57c'est une des fêtes cuisantes.
06:59Ils se retrouvent parfois, les uns comme boucher, les autres comme viande,
07:02sur les chaînes d'usines qui rythment désormais ce nouvel ordre social.
07:07C'est à cette époque que sont apparus ces gigantesques abattoirs industriels
07:11qu'on a du mal à imaginer.
07:13Sur certaines photos, on voit des moutons alignés en rang d'oignons,
07:16avec la tête entièrement ficelée,
07:18de façon à ce que les employés puissent leur trancher la gorge plus facilement.
07:22Ces images ne montrent pas encore les derniers progrès dans la mécanisation de l'élevage,
07:27mais déjà les gens trouvent le spectacle insupportable.
07:31On aurait envie de leur demander,
07:32mais vous pensiez qu'elle venait d'où, la viande qui se trouve dans vos assiettes ?
07:37L'animal devient un produit industriel,
07:41le rouage d'une machinerie complexe mue par l'avidité insatiable des hommes.
07:45Désormais, les bœufs et les cochons ne présentent d'intérêt qu'une fois découpés en morceaux.
07:51Des troupeaux entiers sont dépecés en un temps record sur des chaînes d'abattage,
07:55puis disparaissent dans des boîtes de conserve
07:57destinées à nourrir une population en pleine expansion.
08:01Pour moi, c'est ça la conséquence principale de l'industrialisation et de la mécanisation.
08:08Avant, on connaissait la valeur des animaux et leurs nombreux avantages.
08:11On ne les prenait pas à la légère.
08:15On savait pertinemment qu'on avait besoin d'eux pour de multiples raisons,
08:18et pas seulement pour se nourrir.
08:20Et d'un coup, on en a fait du bétail de boucherie.
08:25Il y a eu un changement de paradigme considérable.
08:27Un changement de paradigme que Kuhn van Meeschleun aime réinverser grâce à son art.
08:38Dans sa ferme, un poussin qui naît ne deviendra jamais un chapon ni une poule pondeuse,
08:44mais un oiseau libre, de son premier à son dernier souffle.
08:49De ces animaux habituellement destinés à l'abattoir,
08:52il fait des œuvres d'art.
08:53Pour moi, c'est de la magie.
09:02Il suffit de régler la température à 37,6 degrés et le taux d'humidité à 70%,
09:07et 21 jours plus tard, avec un peu de chance, le poussin sort de l'œuf.
09:11Pour ça, il perce la poche d'air contenue dans l'œuf,
09:19gonfle ses poumons et brise sa coquille.
09:23C'est un moment incroyable, entre la vie et la mort.
09:26À chaque fois que je l'observe, je me dis,
09:28nous, les humains, on doit faire pareil,
09:30briser notre coquille au bon moment pour permettre l'évolution.
09:35Peut-être que ce nouveau-né va changer l'humanité.
09:37Bienvenue dans le monde.
09:48Dans le monde de l'art.
09:54Kuhn van Mechelen modifie notre regard sur une espèce
09:57qui accompagne les humains depuis au moins 4000 ans.
10:01Aujourd'hui, la vie d'une poule se déroule principalement
10:03derrière du grillage et du béton.
10:05Sans cela, affirme l'artiste,
10:08nous ne pourrions pas supporter la vue des conditions faites à ces animaux.
10:14Quand on est proche d'un animal,
10:17c'est très difficile de lui manquer de respect.
10:22Mais quand on met de la distance avec lui
10:24et qu'on le confine dans un espace clos,
10:26par exemple une grange totalement isolée du reste du monde,
10:29on finit par devenir insensible.
10:31Au bout du compte, on ne respecte plus la vie.
10:36Pour moi, c'est à ce moment-là qu'on fait fausse route.
10:43Et quand ça va trop loin, la nature se charge toujours de nous le rappeler.
10:46A l'aube du troisième millénaire,
10:52l'être humain a déjà opéré de nombreuses transformations
10:55qui se sont avérées désastreuses pour ces animaux d'élevage.
10:59Et ce, alors que son propre développement n'a pu se faire qu'en symbiose avec ces mêmes animaux.
11:04Aujourd'hui, c'est devenu difficile
11:12non seulement de filmer l'intérieur des abattoirs,
11:15mais aussi de regarder ces images
11:17sans se dire qu'on n'a absolument pas le droit de faire ça.
11:21On a le sentiment que l'abattage crée une sorte de culpabilité,
11:25parfois à raison,
11:27qui exige en contrepartie une forme de rachat.
11:29Dans le nord de l'Allemagne,
11:35le centre Landertiere, le pays des animaux,
11:39constitue peut-être une façon de se racheter auprès des bêtes d'élevage.
11:43Ici, on ne castre pas les porcelets.
11:45On leur met de la crème solaire
11:47pour protéger leur peau qui brûle très facilement.
11:52Le Landertiere est un refuge qui recueille des porcs,
11:55des moutons et des volailles ayant réussi à échapper à l'abattage.
11:59Dans ses portraits, le photographe Nikita Teriyoshin
12:03cherche à immortaliser ces personnalités animales.
12:09Pour moi, il s'agit de montrer la réalité de l'élevage industriel.
12:13Par exemple, la façon dont on traite les animaux,
12:16dont on les transporte.
12:18Et tant mieux si mes photos ne semblent pas totalement banales.
12:22Et qui a-t-il de moins banal qu'un cochon en pleine nature ?
12:28Lui qui passe généralement sa vie dans un box obscur
12:30avant de finir à l'abattoir, puis à la boucherie.
12:33Au gré de ses balades sur les terres du refuge,
12:36Nikita Teriyoshin photographie également
12:38les traces de vie de ces anciens animaux d'élevage,
12:41telles que cette laine qui jonche le sol de la forêt
12:43et retrouve sa place dans le cycle de la nature.
12:46Ici, les animaux sont affranchis du rôle utilitaire ou fonctionnel
12:51pour lequel ils ont été sélectionnés depuis des millénaires.
12:55Outre ces vestiges qui semblent venir d'un autre monde,
12:58le photographe montre des animaux autorisés à vieillir,
13:02des moutons avec des rides et des cochons sous le clair de lune.
13:06Mais il n'en oublie pas pour autant le versant plus sombre de l'élevage.
13:10Avec ma série intitulée Hornless Heritage,
13:14j'ai cherché à créer une nouvelle image de l'industrie léthière actuelle,
13:18à montrer comment elle fonctionne
13:22et quelle place occupent les animaux dans cette énorme machinerie.
13:30La série photographique, qui a reçu plusieurs prix,
13:34s'attarde sur la vie de ces bovins devenus victimes des hauts rendements.
13:37Les veaux sont arrachés à leur mère.
13:42Les vaches doivent rester gravides en permanence pour pouvoir donner du lait.
13:46On leur enlève les cornes.
13:49Et si tout va bien, elles peuvent espérer vivre 5 ans au lieu de 25.
13:53Le jour où j'ai vu une publicité qui proclamait
13:55« Ne laissez pas les vaches gaspiller votre argent »,
13:57je me suis dit « Il faut que je fasse ce reportage ».
14:02Peu importe si je suis payé ou non, c'est mon devoir.
14:05Nikita Teriyoshin met ici toute sa créativité au service des animaux
14:13qui sont soumis à un processus d'exploitation industrielle.
14:23Ce qui m'agace, c'est que pour mettre en place une politique éthique
14:30envers les vies non-humaines, il faut souvent expliquer
14:34en quoi cette politique serait également profitable aux humains.
14:38J'ai envie de dire, ce qui est profitable aux humains,
14:41c'est tout simplement de ne pas se comporter comme des ordures.
14:44C'est ça qui nous tire vers le bas.
14:48Quand on se comporte mal avec les animaux,
14:50quand on fait preuve d'inhumanité envers eux,
14:53ça nous fait du mal à nous aussi.
14:54Ça contamine le monde des humains sans qu'on s'en rende forcément compte.
15:02Le monde des humains a déjà été contaminé par les poules, au sens propre.
15:07Rien de tel en effet que de confiner de gigantesques groupes
15:10de volatiles immunodéficients et génétiquement semblables
15:13dans des espaces exigus pour provoquer une pandémie.
15:16D'autant plus que l'élevage intensif s'accompagne
15:20d'un recours massif aux antibiotiques.
15:24Kuhn von Mechelen pense que grâce à leur diversité génétique,
15:27ces poules sont mieux immunisées contre les maladies
15:30ou l'irruption d'une épidémie.
15:32Une analyse de sang va permettre d'apporter
15:34quelques éclaircissements sur leur variabilité génétique.
15:38Celle-là, c'est celle qui vient d'Israël.
15:43C'est une baladie de race pure.
15:46Pour l'instant, ça se passe plutôt bien.
15:50Je cherche à déterminer les avantages et les inconvénients
15:54des différents croisements chez mes poules.
15:58Et c'est en analysant leur sang que j'obtiendrai les réponses.
16:00Pour moi, c'est l'essence de la vie,
16:06qu'on peut formuler avec des chiffres et des lettres.
16:10Ça me donne accès à tout un monde
16:12dont je ne soupçonnais même pas l'existence.
16:22Les poules du projet Cosmopolitan Chicken
16:24sont des œuvres d'art qui ont aussi une utilité.
16:28La preuve se trouve dans leur sang.
16:30En croisant un maximum de races,
16:33Kuhn von Mechelen et son équipe
16:34ont créé des spécimens génétiquement plus forts.
16:43On a analysé tous les ADN jusqu'à la 21e ou 22e génération.
16:51Quand on observe les SNPs des variations mineures du génome,
16:56on constate que l'hétérozygotie,
16:58c'est-à-dire la variabilité,
17:00augmente à chaque génération.
17:04Donc on peut dire que son idée d'introduire des gènes
17:07et des variations supplémentaires
17:09pour enrichir le génome,
17:11ça fonctionne.
17:16Ce trésor génétique créé par un artiste belge
17:19pourrait-il constituer une réponse à l'élevage intensif
17:22qui, sous sa forme actuelle, représente un grand danger pour l'humanité.
17:26A part pour certaines raisons d'apparence extérieure,
17:38la poursuite de la domestication sélective
17:41n'est utile que si elle nous aide à résoudre des problèmes mondiaux
17:44comme la famine,
17:45la lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement,
17:49l'accès à la viande et à quelle viande,
17:50ou autre.
17:54Voilà la piste qu'il faut creuser.
17:57Il existe justement depuis longtemps
17:59une viande qui ne nécessite
18:00ni élevage intensif,
18:02ni abattoir.
18:13En général,
18:15les animaux ne font pas de bonnes usines à viande.
18:17Ça fait des siècles qu'on essaie
18:20d'en faire des machines efficaces,
18:22mais au bout du compte,
18:23leur évolution consiste surtout
18:25à développer de nouveaux moyens de survie.
18:28Si on retire les animaux de l'équation
18:30et qu'on cultive directement
18:32les tissus biologiques qu'on veut consommer,
18:34on économise énormément de ressources,
18:36de temps et d'énergie.
18:38En délaissant les organes qui ne se mangent pas,
18:40comme les becs ou les plumes,
18:42on évite d'utiliser un animal entier
18:43pour n'en manger que certaines parties.
18:47A Tel Aviv,
18:50Sheer Friedman et son équipe
18:51de la start-up Super Meat
18:52cherchent ni plus ni moins
18:54à lancer la prochaine grande étape
18:56de la domestication.
18:57La viande cultivée.
18:59Une viande produite en laboratoire
19:01sans verser une seule goutte de sang.
19:04La promesse semble alléchante
19:05puisque l'être humain
19:06pourra continuer à manger du poulet rôti,
19:08du steak ou de l'escalope
19:09sans épuiser les ressources de la planète.
19:13Plutôt que de pousser les consommateurs
19:15a modifié leur comportement,
19:17l'entreprise mise tout sur la technologie
19:19qui produit une protéine animale
19:21à faible impact environnemental
19:23et contourne tous les problèmes éthiques
19:25liés au bien-être animal.
19:27Un tour de force
19:28qui évoque ce conte des frères Grimm
19:30où une casserole magique
19:32permet de cuisiner
19:32des quantités infinies de nourriture.
19:34Ce qui est beau dans ce processus,
19:38c'est qu'il est exponentiel.
19:40Le nombre de cellules double
19:42toutes les deux heures.
19:44Imaginez que vous ayez
19:451000 poules adultes
19:46qui ont atteint leur poids d'abattage.
19:51Vous en envoyez 500 à l'abattoir.
19:55Et quand vous revenez le lendemain,
19:57vous avez de nouveau
19:571000 poules adultes
19:58à leur poids d'abattage.
19:59Avec un animal,
20:03ce n'est pas possible.
20:04On doit l'élever
20:05et il lui faut du temps pour grandir.
20:08Mais avec des cellules,
20:09si, car elles se multiplient rapidement.
20:12C'est ça qui est beau avec cette méthode.
20:14Elle est extrêmement efficace.
20:18Aujourd'hui,
20:18les quantités produites
20:19ne permettent d'approvisionner
20:21que quelques restaurants spécialisés.
20:23Mais si les entreprises
20:24produisant de la viande cultivée
20:25connaissaient un vrai succès,
20:27l'histoire de la relation
20:28homme-animal
20:29pourrait bien entrer
20:30dans une nouvelle ère,
20:31sans vache,
20:32ni porc,
20:33ni poule.
20:33J'ai l'intime conviction
20:37que les animaux d'élevage
20:38ont quelque chose de spécial.
20:40On a un lien particulier
20:41avec eux
20:42qui ne peut plus se rompre.
20:46Et peu importe
20:47ce que l'avenir nous réserve,
20:48ces animaux seront toujours
20:49à part pour nous.
20:51La seule chose
20:51qui pourrait changer,
20:53c'est qu'on se mette
20:53à développer des liens particuliers
20:54avec d'autres espèces.
20:55Si un jour
21:00on ne mange plus d'animaux,
21:01que deviendront
21:02tous ceux qu'on a élevés
21:03pour faire du bétail ?
21:04Est-ce qu'ils vont disparaître
21:05ou est-ce qu'on développera
21:07un nouveau type
21:07de relation avec eux ?
21:10Il faut couper les griffes,
21:21devant,
21:24derrière,
21:27nettoyer les glandes inguinales,
21:32vérifier les testicules
21:33et le bon fonctionnement
21:36du pénis.
21:37Quand le pénis
21:42ne fonctionne plus,
21:43le lapin ne sert plus à rien.
21:45Il n'a plus d'intérêt.
21:47On peut en faire un civet.
21:52Ulrich Frieger
21:52est éleveur de lapins
21:54à Ham,
21:54près de Dortmund.
21:56Hans Schön
21:56est sa bête
21:57la plus remarquable.
21:58Un vrai champion du monde.
22:00Ce sont des moines en Gaule
22:01qui ont domestiqué le lapin
22:02il y a environ 1600 ans,
22:04au départ pour la bonne chair.
22:06mais Ulrich Frieger
22:07les apprécie surtout
22:08pour leurs critères esthétiques.
22:11Pelage,
22:12il y a encore du boulot.
22:15Il a eu 14,5.
22:18Couleur,
22:199,5.
22:21Morphologie,
22:23il ne faut pas d'os saillant.
22:24Le corps doit être bien rond.
22:27Là, il a décroché un 19,5.
22:30État des soins, 5.
22:31Au total,
22:33il a obtenu 97,5.
22:35Le meilleur score
22:36dans la catégorie
22:37des blancs à jarres noirs.
22:42Dans l'élevage de lapins,
22:43rien n'est laissé au hasard.
22:45Les caractéristiques de chaque race
22:47sont définies de façon très précise
22:49et évaluées par des juges,
22:51comme au patinage artistique.
22:53Une couleur dérogatoire
22:55ou une morphologie non conforme,
22:57et la carrière du lapin
22:58peut s'arrêter
22:59avant même d'avoir commencé.
23:00Il y a peu de place
23:02pour les sentiments.
23:03Un peu d'encre ?
23:07Je ne leur donne jamais de noms.
23:16S'il faut les tuer,
23:17ce sera beaucoup plus dur
23:18de se séparer d'eux
23:19s'ils ont un nom.
23:22C'est pour ça
23:23que je les appelle tous pareils.
23:25Hintchen.
23:30On considère certains êtres vivants
23:34comme des ressources.
23:37Et de ce fait,
23:38on n'hésite plus aujourd'hui
23:39à manipuler des organismes.
23:43On pourrait presque dire
23:44que la biotechnologie
23:45est une nouvelle forme
23:47de domestication,
23:48une version plus sophistiquée,
23:50moins rudimentaire.
23:51en tout cas,
23:55elle en est le prolongement.
23:58C'est important
23:59de le comprendre.
24:02Le simple fait
24:03de créer de nouveaux êtres vivants
24:05grâce aux biotechnologies
24:06montre bien
24:07que les animaux
24:08sont encore et toujours
24:09perçus comme des ressources.
24:11On a créé les conditions
24:14qui leur permettent
24:15d'évoluer.
24:17Et je trouve ça
24:18assez formidable
24:18de penser que
24:19si ces êtres existent,
24:21c'est seulement grâce à nous.
24:23Et peut-être aussi
24:24que si nous,
24:24on existe,
24:25c'est seulement grâce à eux.
24:27En tout cas,
24:27je pense qu'on a
24:28une responsabilité envers eux.
24:30On doit prendre soin d'eux
24:31comme on prend soin
24:32les uns des autres.
24:36Voilà qui représente
24:37beaucoup de responsabilités
24:39pour des milliards d'animaux,
24:40dont l'homme
24:41n'a peut-être
24:41déjà plus besoin
24:42puisqu'il est désormais
24:43en mesure de produire
24:44de la viande de laboratoire
24:46en grande quantité.
24:49Ils ne trouveront pas tous
24:50un maître
24:51comme Ulrich Frigge.
24:59Quand Henshin mourra,
25:00je le ferai empaillé.
25:02Et quand ce sera
25:03mon tour de partir
25:04dans 10, 15 ans,
25:05je l'emporterai avec moi
25:06dans la tombe.
25:08Empaillé.
25:10C'est bon ?
25:17Ben oui.
25:22De son côté,
25:23Kun von Mechelen
25:24a également du mal
25:25à se séparer de ses bêtes.
25:27Certes,
25:28les poules du projet
25:29Cosmopolitan Chicken
25:30ne finissent jamais
25:31à l'abattoir.
25:32Mais même les plus résistantes
25:33d'entre elles
25:34doivent mourir
25:35un jour ou l'autre.
25:36L'artiste conserve alors
25:38leur cadavre
25:39au congélateur.
25:41Leur mort n'est pas
25:42synonyme de fin,
25:43mais marque le début
25:44de leur dernière transformation.
25:45C'est dans un sac en plastique
26:01que le Volatil effectue
26:03le grand voyage
26:04vers sa destination finale.
26:06L'artiste belge
26:08a un projet bien précis
26:09pour son matériau.
26:10Cela représente
26:20beaucoup d'efforts
26:20pour une poule morte,
26:22mais Kun von Mechelen
26:23y consent volontiers.
26:26Cette poule,
26:27tout le monde s'en fiche.
26:29Mais si on la traite
26:30comme une œuvre d'art,
26:31elle prend une autre dimension.
26:32D'un coup,
26:36on se rend compte
26:37que tous les êtres vivants
26:38de cette planète
26:39ont quelque chose
26:39à raconter.
26:48Voilà un beau spécimen.
26:53Tout est joli.
26:56Les plumes,
26:57la couleur,
26:58les pattes.
26:59J'espère qu'on pourra
27:02en faire une belle sculpture.
27:08Le taxidermiste
27:09Robbie Robben
27:10aide l'artiste
27:11à exprimer son message.
27:19On voit rarement
27:21des poules empaillées
27:21en dehors du projet de Kun.
27:25Pour la plupart des gens,
27:26une poule,
27:27c'est juste une poule.
27:29Il faut retirer
27:32tout ce qui gêne.
27:33Les entrailles,
27:34la graisse
27:34et les muscles.
27:36De façon à ce qu'il ne reste
27:37plus que la dépouille,
27:38c'est-à-dire la peau
27:39et les plumes.
27:41Le taxidermiste
27:43place ensuite celle-ci
27:44sur un modèle en plastique
27:45fabriqué à l'avance.
27:47Et la poule retrouve alors
27:48sa forme d'origine.
27:51Pour moi,
27:53ça n'a rien de dégoûtant.
27:55J'interviens simplement
27:57pour redonner vie
27:57à un animal mort.
28:00Il s'agit de le remettre
28:01dans une position
28:02qui lui donne l'air vivant.
28:03Nous, les humains,
28:14on se croit toujours supérieurs.
28:18Mais en fait,
28:19d'un point de vue biologique,
28:21on est tous des animaux.
28:23Au fond,
28:25mes poules,
28:26ce n'est rien d'autre
28:27qu'une métaphore.
28:27quand je les regarde,
28:32je me dis
28:32« Le jour où on deviendra
28:34ces poules,
28:34pour moi,
28:35ce sera la fin du monde. »
28:38C'est pour moi
28:39le fin du monde.
28:40Kuhn van Mechelen
28:45rend un dernier hommage
28:46à ces poules mortes
28:47en s'agenouillant devant elles.
28:51Peut-être que ces spécimens
28:52empaillés en Belgique
28:53représenteront bientôt
28:54les derniers vestiges
28:55d'une espèce animale
28:56dont plus personne
28:57n'aura besoin à l'avenir.
29:05Un destin funeste
29:06que le chien connaîtra
29:07peut-être un jour, lui aussi.
29:11Le quadrupède a beau avoir
29:12accompagné les humains
29:13pendant des millénaires
29:14dans la nature,
29:16il doit affronter
29:16depuis quelques années
29:17la concurrence croissante
29:19de rivaux mécanisés.
29:24Ce robot de forme animale
29:26n'a qu'un objectif,
29:28devenir le meilleur ami de l'homme
29:30à la place de son modèle
29:31de chair et de sang.
29:34Est-ce à cela
29:35que ressembleront
29:36les balades en forêt du futur ?
29:37Depuis toujours,
29:41on considère les animaux
29:43comme des sortes
29:43de partenaires non humains.
29:45On les a domestiqués
29:46pour en faire des travailleurs,
29:48des armes
29:48ou des compagnons,
29:50pas parce qu'ils font
29:50la même chose que nous,
29:51mais justement parce qu'ils ont
29:52des compétences
29:53très différentes des nôtres.
29:56Quand on applique
29:57cette analogie animale
29:58à la robotique
29:59et à l'intelligence artificielle,
30:01à des machines
30:01qui n'ont pas non plus
30:02les mêmes compétences
30:03que les humains,
30:03ça ouvre de nouveaux horizons.
30:07Ça nous aide à voir
30:08la technologie
30:09de façon plus positive.
30:12Conçu par l'école
30:13polytechnique de Zurich,
30:15ce robot de service
30:16a été nommé Animal,
30:18avec un Y.
30:19Sa façon de se déplacer
30:21s'inspire ouvertement
30:22de celle du chien.
30:22Il est capable
30:24de monter un escalier,
30:26mais aussi de danser
30:26dès que son maître
30:27le lui ordonne.
30:30En revanche,
30:30il ne réagit pas
30:31à la parole,
30:32mais au commandement
30:33d'une ligne de saisie
30:34de ses programmeurs.
30:36Pour nous,
30:38c'est toujours
30:39une expérience valorisante
30:40quand un client
30:40qui a des problèmes
30:41vient nous voir
30:42et nous dit par exemple
30:43« J'ai des centaines
30:44de kilomètres de tunnels,
30:45mais je ne trouve personne
30:46pour aller les inspecter
30:47parce que c'est trop étroit
30:48et trop humide. »
30:50Résultat,
30:50il y a des câbles
30:51qui prennent feu.
30:52« Ce sont des problèmes
30:53qu'on a parfois
30:54du mal à se représenter.
30:56Certaines personnes
30:57travaillent dans des conditions
30:58absolument terribles
30:59simplement pour qu'on ait
31:00du courant.
31:02On se trouve face
31:03à un changement
31:03de paradigme. »
31:06Un changement
31:07qui marque le début
31:08d'une nouvelle ère
31:08de coopération.
31:11Au XVIIIe et XIXe siècles,
31:13les mineurs devaient
31:14emporter un canari
31:15avec eux
31:15dans les galeries souterraines
31:17pour être prévenus
31:18en cas d'émanation
31:19mortelle de Grisou.
31:20À l'avenir,
31:21ces tâches dangereuses
31:22pourront être effectuées
31:23par des robots
31:24comme Animal,
31:25aussi bien sous terre
31:26qu'en surface.
31:30Il nous faudra accorder
31:31à cette technologie
31:32la même confiance
31:33que celle que nous accordons
31:34à nos compagnons
31:35à quatre pattes
31:36depuis la préhistoire.
31:37« Dès le début,
31:45on a veillé à construire
31:46des robots
31:46qui ne paraissent
31:47pas plus intelligents
31:47qu'ils ne sont.
31:50Donc on a délibérément
31:51adopté un design amical
31:52qui ressemble
31:53à un visage
31:54avec des yeux.
31:56Comme s'il disait
31:57« Je suis là
31:58pour t'aider. »
32:01On n'a pas envie
32:01que son utilisateur
32:02le prenne en grippe. »
32:05Pourtant,
32:06malgré tous ses efforts
32:07de design
32:07et d'intelligence,
32:09le chien robot
32:10ne provoque pas
32:10les mêmes émotions
32:11que son modèle biologique.
32:13Face à Animal,
32:14les humains sont souvent
32:15déconcertés,
32:17parfois même terrifiés.
32:18Le robot passe moins
32:20pour un compagnon
32:21que pour un intrus
32:22et nous ne semblons
32:23capables de nous émouvoir
32:25que pour les vrais animaux.
32:26Souvent,
32:29les robots nous font peur
32:30parce que ce sont
32:30des créatures intelligentes
32:32qui ont un système
32:32de pensée différent,
32:34un peu comme les animaux.
32:36D'un côté,
32:36on peut s'identifier à eux,
32:38mais de l'autre,
32:38ils peuvent faire des choses
32:39qui nous sont impossibles.
32:42En fait,
32:42je pense que beaucoup de gens
32:43sont à la fois effrayés
32:45et captivés.
32:48Il faut dire
32:48que c'est assez fascinant
32:49de créer quelque chose
32:50qui nous paraît aussi vivant
32:51et qui est capable
32:52de faire autant de choses
32:53pour nous.
32:56Si on arrive à se débarrasser
32:58de la panique morale
32:59que nous inspirent les robots,
33:00de cette appréhension
33:01qu'on a à aller voir
33:02remplacer les humains,
33:03prendre possession du monde
33:04et nous exterminer,
33:06alors on commencera vraiment
33:07à saisir leur vrai potentiel.
33:11En l'espace de quelques années,
33:13la robotique et l'informatique
33:14ont fait d'énormes progrès.
33:17Pourtant,
33:17il manque encore à Animal
33:19l'autonomie et l'élégance naturelle
33:21des loups et des chiens
33:21qui parcourent la forêt.
33:23A l'heure actuelle,
33:24il est encore impossible
33:25de programmer ces caractéristiques.
33:28En définitive,
33:29le robot a donc plus besoin
33:31des humains
33:31que n'importe quel petit chien.
33:33Force est de constater
33:35que les animaux
33:36sont des organismes
33:37bien plus complexes
33:38que toutes les machines
33:39que j'ai pu voir jusqu'à présent.
33:42Les robots ont des compétences
33:43très limitées.
33:45Certains sont très forts,
33:46d'autres sont plus doués
33:47que les humains ou les animaux
33:48pour effectuer une tâche précise.
33:50de la même façon
33:53qu'une calculatrice
33:54est beaucoup plus douée
33:54pour calculer
33:55qu'un humain ou un animal.
33:57Mais en termes de complexité,
33:58ils sont à mille
33:59de pouvoir rivaliser
34:00avec des organismes vivants.
34:02Alors,
34:07est-ce une aberration
34:08que de croire
34:09qu'un robot pourra un jour
34:10surpasser ces animaux
34:11que l'homme dresse
34:12depuis des dizaines
34:13de milliers d'années
34:14à satisfaire ses désirs
34:15et ses besoins ?
34:17Ou sommes-nous en train
34:18de vivre les prémices
34:19d'une évolution
34:20à grande vitesse ?
34:22Une accélération
34:23de la domestication,
34:24d'où émergeront
34:25des créatures
34:26qui surpasseront
34:27même les humains ?
34:58En Suisse,
34:59dans le canton des Grisons,
35:01ces interrogations
35:02semblent très lointaines.
35:04Jan Denot vit et travaille ici,
35:06en totale harmonie
35:07avec sa jument Urani.
35:13Pour que la relation fonctionne,
35:17il faut avant tout
35:18qu'il y ait de la confiance,
35:19du cheval envers son charretier,
35:21mais aussi dans l'autre sens.
35:25On doit pouvoir se reposer
35:27l'un sur l'autre.
35:28Il faut que le cheval
35:30sache exactement
35:31ce qu'il a à faire
35:31et comment s'y prendre.
35:34Au bout de quelques années,
35:36il doit avoir intégré ça.
35:39On n'a pas besoin
35:40de grands discours,
35:41mais il est primordial
35:42de pouvoir faire confiance
35:43à son cheval.
35:46Tous les ans,
35:47au mois d'octobre,
35:48l'agriculteur,
35:49ses collègues
35:50et leurs chevaux
35:50entament leur deuxième
35:51saison de travail.
35:54Celle du débardage,
35:55autrement dit,
35:57le transport du bois coupé.
35:59Ici,
36:00aucune grosse machine
36:01ni aucun moteur diesel
36:03ne viennent perturber
36:04le calme de la nature
36:05et de l'automne alpin.
36:07Sans stress ni agitation,
36:16le temps s'écoule
36:16au rythme des humains
36:18et des animaux.
36:18Quand je suis dehors,
36:31je me sens beaucoup
36:32plus proche de la nature,
36:34du grand cycle
36:35de la nature.
36:37J'appartiens à un tout
36:38auquel chacun
36:40peut apporter sa contribution.
36:45Comme leurs ancêtres
36:46avant eux,
36:47les agriculteurs
36:48s'absentent souvent
36:49pendant plusieurs jours.
36:51Leur quotidien
36:51se résume alors
36:52aux chevaux,
36:53aux hommes,
36:54aux traîneaux,
36:55à la neige
36:55et à la montagne.
36:58C'est un travail
36:58harassant, certes,
37:00mais avec des limites
37:01bien définies.
37:03Ce qui me plaît beaucoup
37:04dans ce travail
37:05avec le cheval,
37:06c'est qu'on suit
37:07le rythme de l'animal.
37:10La plupart du temps,
37:11quand il est fatigué,
37:12on l'est aussi.
37:14Alors on s'arrête
37:15automatiquement.
37:16avec les machines,
37:18ce n'est pas toujours
37:19le cas.
37:24Travailler avec des chevaux
37:25permet également
37:26à Jan Denot
37:27et à ses collègues
37:28de ne jamais dépasser
37:29la mesure,
37:30qu'il s'agisse
37:31de leurs propres forces
37:32ou des ressources
37:33de la forêt.
37:35En effet,
37:35avec la méthode
37:36du débardage,
37:37il est impossible
37:38de surexploiter
37:39la nature.
37:40Leur travail
37:44dans cette région
37:45des Alpes
37:45est parfaitement durable,
37:47aussi bien pour les hommes
37:48et les bêtes
37:48que pour l'environnement.
37:49Pour moi,
37:55tout ça doit absolument
37:56être préservé.
38:00Ce que je trouve
38:01dommage,
38:02c'est que si on ne fait rien,
38:03toutes ces connaissances
38:04vont disparaître
38:04très rapidement.
38:08Et si la génération suivante
38:10veut reprendre le flambeau,
38:12elle devra tout réapprendre
38:13depuis le début.
38:14Et ça sera beaucoup plus difficile
38:16que si le savoir
38:17a été transmis.
38:175 000 ans après sa domestication,
38:24le cheval reste pour ses hommes
38:26un compagnon toujours inégalé.
38:30Le soir,
38:31une fois le travail accompli,
38:33le petit groupe se réunit
38:34autour d'un feu de camp.
38:37L'image semble presque sortir
38:39d'une autre époque.
38:42Jan Donot et ses camarades
38:43de la forêt le savent bien.
38:45Pour ce genre de travail,
38:47il n'y a pas de meilleur
38:47aides que leurs chevaux.
38:55Ce serait formidable
38:56de passer plus de temps
38:57à intégrer des animaux domestiques
38:59dans le paysage.
39:01De désaffecter,
39:04entre guillemets,
39:05une partie des animaux domestiques
39:06destinés à la consommation
39:08en les remplaçant
39:09par de la viande de synthèse.
39:10On pourrait envisager un avenir
39:15où les choses seraient plus équilibrées,
39:18où l'on utiliserait moins de terre
39:20pour l'agriculture
39:21tout en gagnant au change.
39:22même si on pouvait reproduire
39:27les tissus musculaires,
39:29le pelage ou le lait des animaux,
39:31aucun robot ne pourrait reproduire
39:32la joie dans le regard de votre chien
39:34quand vous rentrez à la maison,
39:35ni le bonheur de sentir votre chat
39:37sauter sur vos genoux
39:38quand vous êtes sur le canapé,
39:40ni le plaisir de monter un cheval
39:42ou de le regarder sauter un obstacle.
39:45Ces sensations ne disparaîtront jamais.
39:49Certains aspects changeront peut-être,
39:51mais ces animaux font partie de nous
39:53et ils continueront de nous accompagner.
39:59L'histoire de la domestication
40:01n'est pas terminée.
40:03Au contraire,
40:04l'heure est venue de repenser
40:05cette relation symbiotique
40:07vieille de plus de 10 000 ans
40:08entre les humains
40:09et les animaux d'élevage.
40:12Et par la même occasion,
40:13de trouver la meilleure issue
40:14à cette crise
40:15dans laquelle l'humain
40:16s'est précipité tout seul.
40:21Aujourd'hui,
40:22la question de la place des animaux
40:23se fait plus pressante que jamais.
40:29Pour moi,
40:30c'est tout à fait logique
40:31d'avoir une poule empaillée
40:32exposée comme une sculpture
40:34dans un musée.
40:38Comme ça,
40:39on peut la placer au milieu
40:40des autres œuvres d'art.
40:41Et les gens se demanderont
40:45sans arrêt
40:45« Mais qu'est-ce que cette poule
40:47fiche ici ? »
40:51Il incombera à chaque visiteur
40:53de trouver la réponse
40:54par lui-même.
40:55Mais il y a au moins une chose
40:56qui est sûre et certaine
40:57pour l'artiste.
40:58« S'il y a une leçon à tirer,
41:02c'est qu'on doit apprendre
41:03la modestie
41:04et changer notre regard
41:06sur les autres espèces.
41:08Jusqu'à présent,
41:09on ne s'est intéressé
41:09qu'à la nôtre.
41:11Parce qu'on a ce cerveau
41:12et parce qu'on s'est donné
41:13le nom d'humain.
41:16Mais on doit comprendre
41:17qu'il faut aussi respecter
41:18les autres formes de vie. »
41:20Cette poule transformée
41:26en œuvre d'art
41:27nous rappelle que nous devons
41:28prendre soin de nous-mêmes,
41:30mais aussi des autres espèces animales
41:32à qui nous devons tant.
41:34« La poule idéale,
41:37c'est celle qui conquiert
41:37son environnement
41:38et qui s'y sent
41:39en parfaite harmonie.
41:42Et pour les humains,
41:43c'est pareil. »
41:46À l'heure actuelle,
41:47nos vies n'ont jamais été
41:48aussi peu en harmonie
41:49avec leur environnement.
41:51Et rien ne l'exprime
41:52plus clairement
41:53que notre relation
41:54avec les Galinacées.
41:59« Si vous me demandez
42:02quelles poules je préfère,
42:04je vous répondrai
42:05que je les aime toutes.
42:08Quand on parle de la vie,
42:09qui est le thème de ce projet,
42:11on ne parle pas
42:12de son esthétique,
42:13mais de sa force.
42:14Il faut mordre la vie
42:17à pleines dents.
42:18Il faut l'aimer. »
42:23Dans le musée
42:23de Kuhn von Mechelen,
42:25chaque animal
42:25est une œuvre d'art.
42:28La domestication
42:29des animaux
42:30reste sans doute
42:31l'une des plus grandes réalisations
42:32de l'histoire de l'humanité.
42:35Elle a transformé
42:36aussi bien les humains
42:37que les animaux.
42:39Et elle a créé
42:40un lien entre eux
42:41que l'humanité
42:41perpétuera
42:42jusqu'à sa propre extinction.
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