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  • il y a 2 jours

Avec Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, auteur de "Justice présumée coupable" éd. Albin Michel


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##LE_FACE_A_FACE-2025-10-08##

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News
Transcription
00:00Le face à face.
00:02Alors la France dans tous ses états, dans quel état avez-vous mis la France ?
00:05Peut-on compléter avec le titre de cette émission ?
00:08Et nous recevons le juge, le grand juge Marc Trévidic qui publie chez Albain Michel
00:14« Justice présumée coupable ».
00:18Monsieur le juge, je vais vous mettre en examen, ça ne vous dérange pas, une heure, vous acceptez ?
00:26J'ai votre autorisation pour cette mise en examen, on va aller au fond du sujet
00:30et je commence par vous dire que, je suis désolé mais vous avez raté votre vocation.
00:35Je sais que vous êtes un féru de droit, vous êtes lancé dans la magistrature
00:38et en lisant votre ouvrage, on se rend compte que vous êtes un avocat formidable.
00:43C'est le plus beau plaidoyer pour la magistrature que j'ai lu depuis longtemps.
00:47Ah oui, ça vous fait rire ?
00:48Mais c'est vrai que vous prenez le dossier à bras-le-corps
00:51et vous voulez expliquer à nos concitoyennes et aux concitoyens
00:56que la lecture qu'on en a de la justice et ce qu'on entend d'elle,
01:00même si elle prête le flan quelquefois, est loin de cette réalité.
01:04Alors, justice présumée coupable, est-ce que oui ou non c'est un plaidoyer pour la magistrature ?
01:09Que vous avez voulu faire ?
01:10J'ai voulu, étant donné qu'on attaque la justice de toute part,
01:14mais pas simplement la sphère politique dans les affaires médiatiques,
01:17mais les citoyens disent que la justice fonctionne mal, qu'on est trop lent,
01:22qu'ils n'ont pas satisfaction, des procès qui durent parfois des dizaines d'années au pire,
01:30quelques années souvent.
01:32Et donc je voulais simplement décrire le fonctionnement.
01:36Après, c'est au lecteur de voir si on a des excuses, si vous voulez.
01:40Parce que c'est vrai qu'on fonctionne mal, il ne faut pas se leurrer.
01:43Mais en décrivant sereinement le fonctionnement,
01:45je pense que le lecteur peut mieux comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas comme ça devrait.
01:51Votre, j'allais dire votre confrère, non.
01:54Le grand avocat, maître Florio, dit
01:56l'homme le plus honnête, le plus respecté peut être victime de la justice.
02:01Quelle fatalité peut le faire passer pour un malhonnête homme, voire un criminel ?
02:05Cette facilité s'appelle l'erreur judiciaire.
02:08Est-ce que l'erreur judiciaire en France, elle est accidentelle ?
02:11Elle est plus fréquente que prévue ?
02:14Ou est-ce qu'elle est inévitable ?
02:16Elle est assez fréquente.
02:18Elle est fréquente dans les procédures rapides.
02:21Je pense qu'évidemment, quand on passe en comparution immédiate,
02:24au bout de 48 heures, un gardé à vue,
02:26il y a une dose de possibilité d'erreur importante.
02:29Mais, de façon plus surprenante,
02:31puisque maintenant je préside des cours d'assises,
02:34il m'arrive d'acquitter des accusés
02:37qui ont fait 3 ans, 3 ans et demi d'étention provisoire,
02:40parce que le dossier était creux.
02:41Objectivement, pas simplement au bénéfice du doute,
02:44j'allais dire, parfois, avec certitude de son innocence.
02:48Donc, ça veut dire que le système est très loin d'être parfait.
02:51Après, il y a plein de raisons à ça.
02:53Il y a le nombre de procédures,
02:55les services de police qui n'ont pas le temps de bien faire leur boulot,
02:58le juge d'instruction qui n'a pas le temps de bien faire son boulot,
02:59les avocats qui n'ont pas le temps de bien faire leur travail non plus.
03:02Et tout ça arrive parfois à des catastrophes.
03:04Alors, votre ouvrage n'est pas seulement un plaidoyer,
03:06c'est un document historique.
03:08J'allais dire que c'est un document juridique.
03:10Vous rappelez de façon très importante,
03:13parce qu'il y a des confusions dans les différents droits
03:15qui existent, en tout cas dans le monde libre,
03:18que nous sommes aujourd'hui en application du droit romain,
03:22corpus juris civilis,
03:23de l'empereur Justinien de Constantinople.
03:26Voilà.
03:27Corpus juris civilis romani in co-institutionnes digesta ot codicem.
03:32Allez, j'ai dû revoir mon latin avec vous.
03:34Vous en avez partout.
03:35Et on voit bien que c'est du droit romain,
03:37puisqu'il est défini par des formules latines,
03:39et on va en y venir tout à l'heure,
03:41qui quelquefois correspondent à des formules populaires,
03:43de bon sens, qui sont des...
03:45Tout à fait.
03:46Quel est l'essentiel ?
03:47Quelle est, j'allais dire, la nuance, la spécificité du droit romain,
03:51qui remonte au droit romain ?
03:52On a le code civil, on a le code pénal,
03:53et c'est inspiré par les jurisconsultes de la juridiction romaine.
03:58On vit encore avec ces valeurs.
04:00Les Grecs ont inventé l'art politique,
04:03la philosophie et la politique,
04:05et les Romains ont inventé le droit,
04:07et on est encore sur ce droit romain,
04:09qui finalement, il est vachement efficace,
04:11il correspond encore à la réalité de la science humaine.
04:15Il est pragmatique surtout,
04:16parce que justement,
04:18je dis souvent que la France aujourd'hui est un pays de législateurs,
04:22on fait plein de lois, de décrets, d'arrêter dès qu'il y a un problème,
04:25en croyant qu'on va résoudre le problème par une loi,
04:28alors que les Romains étaient un peuple de juristes.
04:33Donc, les juristes les plus compétents,
04:35les jurisconsultes, nommés par l'empereur à partir du 1er siècle...
04:39Dites ce qui est un jurisconsulte.
04:41C'est un grand juriste qui va être accrédité par l'empereur
04:45pour dire le droit quand le juge a une hésitation.
04:49Il ne sait pas quelle est la règle de droit à appliquer.
04:52Il y avait beaucoup moins de lois,
04:53et par contre, le jurisconsulte,
04:56quand il était saisi par un juge,
04:58allait dire, ben voilà, dans tel cas de figure,
05:00on va appliquer telle formule.
05:02Les fameux adages de droit à Romains.
05:04Donc, c'était des formules juridiques
05:06qu'il faisait évoluer,
05:08avec les mentalités,
05:09avec les circonstances.
05:10Donc, il y avait une flexibilité également,
05:13sans se perdre là-dedans.
05:14C'est pour ça qu'on a vu évoluer,
05:15notamment la notion de viol,
05:16au gré des siècles à Rome.
05:19Et aussi parce qu'à un moment donné,
05:22le droit romain s'est inspiré de la philosophie grecque.
05:24Il y a eu ce mariage,
05:26le droit naturel d'Aristote est arrivé dans le droit romain,
05:29ce qui fait qu'il y a une naissance des droits de l'homme,
05:31des droits naturels de l'homme.
05:32Il y a une naissance d'humanisme dans le droit en Rome,
05:35inspiré, bien entendu, par la...
05:36L'homme reste au centre, quand même, de la coopération,
05:39avec du bon sens et du pragmatisme.
05:42Les juristes consultent, quelque part,
05:43c'est les prémices de la Cour d'appel.
05:44On les consulte pour savoir...
05:46Oui, mais c'est un système original.
05:48Original.
05:49Ça n'existe pas en France.
05:51Ça existe dans d'autres pays, vous voulez dire,
05:52le système des juristes consultent ?
05:53Non, aujourd'hui, il n'y a plus cette idée
05:55qu'en fait, le juge lui-même,
05:57parce qu'ils n'étaient pas juges,
05:57ils jugeaient pas l'affaire,
05:59le juge lui-même va arrêter l'audience
06:01et va dire, moi j'ai besoin qu'on m'éclaire.
06:04Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait, nous, juges ?
06:06Eh bien, on regarde la jurisprudence de la Cour de cassation,
06:09la chambre criminelle, si on est au pénal,
06:11on essaye de comprendre à peu près
06:12ce qu'elle a dit sur tel sujet,
06:14et puis on s'en sert pour rendre la décision.
06:16Là, on allait voir un juriste consulte
06:19qui lui-même pouvait changer un peu
06:21par rapport au cas d'espèce, la règle.
06:23C'est quelque chose de beaucoup plus direct,
06:24alors que nous, on est un peu bloqués.
06:25Ah, je vais attendre la chambre criminelle, c'est ça,
06:26et puis on va attendre des années qu'elle change.
06:28C'est un peu plus rigide chez nous.
06:30Marc Trévinig, je ne vais évidemment pas vous demander
06:33de me refaire le procès Sarkozy.
06:35Vous présidez des cours d'appel,
06:36je ne vais pas vous demander ce que vous décideriez,
06:38vous, si l'appel venait chez vous,
06:40parce que vous allez me dire que vous ne connaissez pas
06:41assez le dossier.
06:43Je voudrais quand même qu'on parle du principe de l'appel
06:46qui est un petit peu au cœur de la polémique
06:47qui a suscité avec l'exécution provisoire.
06:50C'est extraordinaire, l'appel.
06:51Est-ce que vous connaissez une autre corporation
06:53à laquelle on va dire
06:56vous allez prendre une décision,
06:59que vous soyez, quel que soit votre corps professionnel,
07:02que vous soyez médecin,
07:03et votre décision va être prise,
07:06je suis désolé,
07:06la décision d'un tribunal de grande instance,
07:09c'est des juges et des magistrats patentés.
07:11Et on va dire,
07:12vous allez être soumis à l'approbation de vos confrères
07:14qui vont reprendre le dossier
07:16et qui vont nous dire si c'est juste ou pas juste,
07:18si vous êtes planté.
07:19Vous imaginez qu'on me dise là
07:20à un collège professionnel de journalistes,
07:22écoute, on va reprendre ton interview avec Marc Trévinig,
07:24c'était absolument nul,
07:26tu t'es planté sur toute la ville,
07:27tu n'as pas posé.
07:28Elle est très bien.
07:29Imaginez qu'on me dise,
07:30voilà, mon cher ami,
07:31tu t'es planté,
07:31donc on fait l'interview de Marc Trévinig
07:33parce que ça ne correspond pas.
07:34Mais je serais totalement humilié et furieux.
07:37Et là,
07:37les magistrats de grande instance
07:38savent qu'ils vont être rejugés
07:40par la cour d'appel,
07:41qui elle-même,
07:42à un moment donné,
07:42devra répondre devant la cour de cassation.
07:44Alors là,
07:44ça sera vraiment sur la forme de droit.
07:46Vous vous rendez compte
07:47le niveau de précaution ?
07:48Et c'est la seule corporation
07:49et c'est là où on dit,
07:51mais alors,
07:52s'il y a appel,
07:53si le juge peut se tromper en grande instance
07:54puisqu'il peut être jugé,
07:56revalorisé,
07:57ou validé,
07:59ou vérifié
08:00par la cour d'appel,
08:02est-ce que,
08:02alors c'est la seule question technique
08:04que je vais vous poser,
08:05on a consulté bien sûr
08:07des juges,
08:07des magistrats,
08:08des avocats,
08:09ils disent,
08:09et c'est la seule prise de position
08:11que je vous demanderai,
08:11elle est technique,
08:13on dit,
08:13le cas Sarkozy,
08:14il n'échappe pas à la loi,
08:16l'exécution provisoire
08:17est une décision
08:18qui a été votée
08:19par le Parlement français,
08:20c'était une mesure légale,
08:22républicaine,
08:22elle est beaucoup plus appliquée
08:23qu'on ne pense,
08:24bien sûr,
08:25sauf que dans le cas Sarkozy,
08:27ça ne cochait pas les cases
08:29qui peuvent invoquer
08:31l'exécution provisoire.
08:33Est-ce que vous pouvez me dire
08:34quelque chose là-dessus
08:35sans aller trop loin ?
08:36Ah ben sur ça,
08:37tout à fait,
08:38la loi est actuellement
08:42très ambiguë
08:43puisque quand un président
08:45de juridiction
08:45de tribunal correctionnel
08:47met une peine d'emprisonnement
08:49non aménageable,
08:51il peut décerner
08:52un mandat de dépôt
08:52à l'audience,
08:53différé ou pas.
08:54Et la loi est très vague
08:55sur les critères,
08:56c'est-à-dire,
08:57on lui dit simplement
08:57si l'espèce le justifie.
09:02Il n'y a pas de cas
09:03bien listé.
09:04Alors que par contre,
09:05pour les juges
09:06des libertés et des détentions,
09:07pour la Cour d'appel
09:08qui aurait statut
09:08sur une demande
09:09de mise en liberté,
09:10elle doit respecter
09:11l'article 144
09:12du Code Président,
09:13qui n'est pas dur à lire.
09:14Le fameux 144.
09:14Il suffit de mettre
09:15sur Google ou n'importe quoi
09:17l'article 144
09:17du Code Président.
09:18Par tout le monde.
09:19Par tout le monde
09:20et on comprendra
09:20qu'on peut mettre
09:21en détention provisoire
09:22quelqu'un qui est présumé innocent,
09:24s'il fait appel
09:25à ceux de la décision,
09:26parce qu'il y a
09:27un risque de concertation
09:27avec des auteurs
09:28ou des complices,
09:29parce qu'il y a un risque
09:30de pression sur les témoins,
09:31disparition de preuves,
09:32risque de renouvellement
09:33d'effet,
09:34risque de fuite.
09:35Et l'ordre public
09:35n'est possible
09:36qu'en matière de crime,
09:37pas en matière de délit.
09:38Donc la gravité des faits
09:39ne rentre pas en ligne de compte.
09:40D'où le décalage
09:43qu'il va y avoir
09:44dans cette affaire
09:44comme dans les autres.
09:45Entre les critères
09:47trop larges,
09:48sans doute,
09:49du mandat de dépôt initial
09:50et les critères
09:52beaucoup plus restrictifs
09:53quand il y aura
09:53une demande de mise en liberté.
09:55Pour autant,
09:55on peut considérer,
09:56sans rentrer dans le débat
09:58et la polémique,
09:59que le droit
10:00a été appliqué.
10:01Ah, il a été appliqué.
10:02Maintenant,
10:02on a le droit aussi
10:03de dire,
10:03il est trop large peut-être,
10:04on donne trop de pouvoir
10:05à un président de juridiction
10:07en matière
10:07de détention provisoire,
10:09puisqu'il en a plus
10:09qu'une cour d'appel finalement.
10:11En tout cas,
10:11pour reprendre les mots
10:12de Nicolas Sarkozy,
10:14non,
10:14le droit français
10:15n'a pas été violé.
10:17Ah non,
10:17ça techniquement,
10:18non,
10:18ça c'est clair.
10:19En la circonstance.
10:20Et pourtant,
10:21il faut faire face
10:22à ce droit
10:22de l'accusé
10:23et de commenter
10:25son jugement.
10:26Là,
10:26on est vraiment passé
10:27dans le débat politique.
10:29On n'est pas
10:29dans un débat
10:30entre experts de droit.
10:31On est vraiment
10:31dans un débat politique.
10:32Oui,
10:33dans un débat politique,
10:33mais aussi injusticiable,
10:35qui concernait directement
10:36par un mandat de dépôt.
10:37Donc,
10:37il y a aussi
10:38l'être humain quand même,
10:39malgré tout,
10:40derrière cet ancien
10:41président de la République.
10:42Vous pourriez
10:43condamner un ancien
10:44président de la République,
10:44s'il le fallait ?
10:45Je pourrais,
10:46mais j'en serais
10:48mon devoir
10:48si j'estimais
10:49qu'il y avait
10:49des éléments
10:50et de culpabilité.
10:51Ça serait même
10:52une faute
10:52de ne pas le faire.
10:53Bah,
10:53évidemment.
10:54Marc Trévidic,
10:55on se retrouve
10:55dans un petit moment.
10:56Vous avez une question
10:57à poser.
10:580826 300 300
11:00L'effondrement
11:00du système judiciaire.
11:01Posez vos questions
11:02à notre invité,
11:03Marc Trévidic,
11:03ancien juge
11:04antiterroriste,
11:05auteur de
11:05Justice présumée coupable
11:07aux éditions
11:07Albin Michel.
11:08A tout de suite.
11:08Dans tous ces états,
11:13nous sommes avec
11:14Marc Trévidic
11:15qui cumule
11:16plusieurs fonctions
11:18de magistrat
11:19et de juge,
11:19cour d'appel
11:20et cour d'assise également
11:21et qui publie
11:21Justice présumée coupable
11:23aux éditions
11:25Robert Laffont.
11:27Albin Michel.
11:28Je les sauve.
11:29Excusez-moi,
11:30c'était l'auteur précédent.
11:30Albin Michel
11:31qui est une excellente,
11:32qui est une très grande
11:33maison d'édition.
11:34Exactement.
11:35Marc Trévidic,
11:36on poursuit juste
11:38un petit peu.
11:39Ce livre
11:40était-il prémonitoire
11:41par rapport à l'actualité
11:42juridique et judiciaire ?
11:44Non, mais...
11:45Non, le titre.
11:46Le titre tombe.
11:47Voilà.
11:47Et c'est vrai
11:48que la justice
11:49est un petit peu
11:49dans l'œil du cyclone
11:50actuellement.
11:52Pour autant,
11:53permettez-moi
11:53cette incise.
11:56Peut-on considérer
11:57au vu du délitement
11:59des valeurs
12:01de l'éthique
12:02de la classe politique
12:03que l'autorité judiciaire
12:05n'ont le pouvoir judiciaire ?
12:07Le général de Gaulle
12:08a bien dit
12:08autorité judiciaire.
12:09On viendra pourquoi ?
12:10Pourquoi il a fait
12:10cette distinction ?
12:12Ajouterait à la notion
12:14de droit,
12:15on rend la justice
12:15en droit,
12:16des paramètres
12:17liés à la morale publique.
12:19Est-ce que ça peut arriver
12:20qu'un juge
12:21déborde un tout petit peu
12:22du droit strict
12:23en incluant,
12:24et peut-être que
12:25les Grecs et les Romains
12:26considéraient que c'est normal
12:27dans les jurisconsultes,
12:28on va mettre un soupçon
12:29de morale,
12:30parce que comme l'autorité
12:30politique ne l'a plus,
12:32eh bien nous allons être
12:33obligés de compenser
12:33ce manque de...
12:35cette petite immoralité
12:36en rectifiant avec du droit.
12:38Est-ce que ça peut arriver ?
12:39Mais ça peut arriver
12:40et pas que dans cette matière-là.
12:42Il faut faire attention.
12:44Quand on est juge,
12:44il faut faire attention,
12:45on fait du droit,
12:46pas de la morale,
12:47mais il n'empêche.
12:47Vous êtes des êtres humains
12:48avec des convictions
12:49et des valeurs.
12:49Bien sûr,
12:49mais vous savez bien
12:50que par exemple
12:50dans une cour d'assises
12:51ou une cour criminelle,
12:52quand on juge tout ce qui est
12:53viol, incestueux, etc.,
12:56la morale est quand même
12:56pas loin du droit.
12:59Le droit,
12:59c'est la morale,
13:00normalement,
13:00si on va au bout
13:01du raisonnement philosophique.
13:02Oui, mais ça veut dire
13:03qu'en fait,
13:04on ne doit pas oublier
13:05que sous prétexte
13:07de considération morale,
13:09on ne doit pas effacer
13:10l'exigence de démontrer
13:13que les éléments
13:14de l'infraction
13:14sont constitués.
13:15Vous voulez dire
13:15que le codex
13:16est très important.
13:17La morale,
13:17mais elle a un cadre.
13:18Il y a des éléments
13:19qui constituent
13:20une infraction juridique.
13:21Il faut démontrer
13:22que c'est constitué
13:23et il ne faut pas
13:24par des considérations morales
13:26gommer cette exigence
13:28de démontrer
13:29que l'infraction
13:30est caractérisée.
13:31C'est là où ça ne va plus
13:32si on déborde de ça.
13:34Vous mettez le pied
13:35sur une nuance fondamentale
13:38dans la terminologie
13:39des deux fonctions
13:40magistrat et ministre.
13:43Ministre,
13:43rappelons que ça vient
13:44du ministère,
13:45du latin minus,
13:47le serviteur.
13:48Le ministre,
13:49c'est un serviteur
13:49de la République
13:50qui doit appliquer
13:51une politique
13:52mais au service du peuple.
13:54Le magistrat,
13:55c'est, voilà,
13:56c'est cursus honorum,
13:58c'est l'homme
13:59qui, dans le droit romain,
14:00le magistrat,
14:00le magistère,
14:01donc radicalement,
14:02le maître,
14:03il a un pouvoir
14:04de décision,
14:05donc l'autorité judiciaire
14:06que le général de Gaulle
14:07a voulu dans la constitution
14:08du vague 300 ans
14:09de 1958,
14:10non pas le pouvoir du joli,
14:11l'autorité.
14:12J'allais dire,
14:12c'est moins fort
14:13et c'est plus fort à la fois.
14:14Ce n'est pas un pouvoir
14:15dans la mesure où il n'y a pas
14:16d'appréciation politique
14:17à mettre.
14:17Il y a une autorité,
14:19je suis magistrat,
14:20ce que je dis
14:21est la vérité.
14:21Il est le droit,
14:22donc c'est la justice
14:23et la vérité.
14:24C'est intangible ça.
14:25Oui,
14:26mais avec justement
14:28cette constatation
14:29que du coup,
14:29comme on est autorité judiciaire,
14:31le magistrat tire son autorité
14:33de sa compétence.
14:35Il ne peut pas tirer
14:36de légitimité du peuple,
14:38donc il tire sa légitimité
14:40de sa compétence.
14:41Tout le problème est là.
14:42C'est-à-dire qu'il faut aussi
14:43que nous,
14:44nous sommes capables
14:45de montrer notre compétence,
14:47notre rigueur
14:48et c'est évident
14:51pour les citoyens
14:52face à une justice
14:53qui ne fonctionne pas bien
14:54au quotidien.
14:55Ils ont du mal
14:56à nous reconnaître
14:57cette autorité judiciaire
14:58parce qu'on met 5-6 ans
15:00à rendre une décision,
15:01etc.
15:02Vous voyez ce que je veux dire ?
15:02Eux, c'est indissociable quand même
15:04le service rendu
15:05et l'autorité.
15:05Est-ce que je peux vous faire dire
15:07en comparaison
15:08avec une autre corporation
15:09qui est la médecine ?
15:10Le grand médecin,
15:11c'est celui qui a fait
15:12son agrégation de médecine,
15:13tant d'années,
15:14tant de formations universitaires.
15:17Le droit,
15:17et j'ai eu des amis étudiants en droit
15:19qui me disaient
15:19mais Perico,
15:20c'est un Himalaya
15:21quand on est dans le doctorat.
15:23À plus forte raison,
15:24l'agrégation,
15:25la masse de travail
15:26que ça suppose
15:26et on doit être
15:27parfaitement imprégné du texte.
15:30On doit connaître le droit
15:31un peu comme un médecin
15:32doit connaître évidemment
15:33les dernières nouveautés
15:34qu'il y a en matière
15:35de pathologie,
15:36de thérapie.
15:38Le droit,
15:39il faut connaître son droit par cœur.
15:40Vous avez bossé
15:41énormément
15:42parce que vous dites
15:43je ne suis pas devenu magistrat
15:45parce que je voulais être magistrat
15:47avant le pouvoir,
15:47je suis devenu magistrat
15:48parce que je suis tombé amoureux
15:50de ce qu'est le droit.
15:51Un,
15:51sur l'aspect littéraire
15:52et je vous disais tout à l'heure
15:53que certains attendus
15:55ne sont pas des poèmes
15:56mais sont des textes lyriques
15:58ou de haute littérature
15:59avec un français parfait
16:00avec l'obligation
16:01de la précision
16:02et là vous dites
16:03oui,
16:03c'est la passion du droit
16:04qui m'a fait devenir magistrat.
16:05Oui,
16:06ce que j'appelle
16:06l'âge poétique du droit
16:07effectivement
16:08qu'on retrouvait à Rome
16:09et dans le droit coutumier français.
16:11Donc c'est une passion
16:12pour la matière
16:13mais il y a autre chose derrière
16:14et je crois que la comparaison
16:15est excellente
16:16que vous avez faite
16:17entre un grand médecin
16:18Un professeur de médecine
16:20et un professeur de droit.
16:21Oui,
16:21mais vous remarquerez
16:22dans les deux cas de figure
16:23pour que vraiment
16:24on ait affaire
16:25à un très grand professeur de médecine
16:28et un très grand magistrat
16:29il faut aussi
16:31en dehors
16:31de la capacité technique
16:32l'empathie
16:34la capacité humaine.
16:35Qu'est-ce que c'est
16:36qu'un grand cancérologue
16:38qui est incapable
16:38de parler à ses patients
16:40de leur expliquer
16:41de les soulager ?
16:42Qu'est-ce qu'est
16:43un grand magistrat
16:44qui connaît bien le droit
16:45et qui est incapable
16:46aussi de discuter
16:47paisiblement
16:49avec des justiciables
16:50avec des victimes
16:51là aussi de les apaiser
16:52donc il faut le côté humain
16:54c'est des matières humaines
16:54Vous voulez dire que la pédagogie
16:55y compris dans le droit
16:56il y a la pédagogie du médecin
16:57qui annonce une mauvaise nouvelle
16:58Il faut qu'en plus de la technicité
17:00on ait cet humanisme
17:01à la fois comme médecin
17:03et comme juriste
17:04ça se ressemble beaucoup
17:05et malheureusement parfois
17:06vous avez des grands techniciens
17:08du droit
17:08ou de la médecine
17:09qui n'ont pas cette capacité
17:10d'humanisme
17:11et de communication
17:12avec les justiciables
17:15ou les malades
17:15Vous dites à un moment donné
17:17dans votre texte
17:18au chapitre
17:19par ici
17:20la monnaie
17:20il faut voir vos titres
17:22de chapitres
17:22c'est en soi
17:23une encyclopédie
17:24sur le droit
17:25avant de prendre
17:26ma première audience
17:27de juges
17:28vous mettez
17:29GF
17:29juge aux affaires
17:30familial
17:31j'observais de loin
17:33mes justiciables
17:34ils n'attendaient pas
17:35dans une salle fermée
17:36mais dans une sorte
17:37de grande alcôve
17:38en partie ouverte
17:39qui donnait sur la salle
17:39des pas perdus
17:40le spectacle était intéressant
17:42un enfant faisait
17:43l'aller-retour
17:43entre son père
17:44et sa mère
17:45qui s'était assis
17:45à distance respectable
17:46l'un de l'autre
17:47un couple
17:48et leurs deux avocats
17:49étaient en pleine négociation
17:50une mère de famille
17:51berçait son bébé
17:52dans ses bras
17:52pour le faire taire
17:53un homme dans la quarantaine
17:55enfouissait son visage
17:56entre ses mains
17:57certains avaient
17:58l'attitude impassible
17:59de ceux qui attendent
18:00leur tour chez le médecin
18:01d'autres visualement
18:02angoissés
18:03se levaient
18:04s'asseyaient sans cesse
18:05ou résignés
18:05étaient prostrés
18:07dans le couloir de la mort
18:08de leur histoire d'amour
18:09mais vous êtes humain
18:10finalement les juges
18:11c'est ce que je viens de dire
18:12c'est pour ça que je cite ce passage
18:13le juge affaire familial
18:17vous allez voir la clientèle
18:18d'abord
18:18la voir la gueule qui est en
18:19c'est extraordinaire
18:20j'observe
18:22parce que
18:23après dans la salle
18:24l'audience
18:24c'est un peu guindé
18:25vous voyez ce que je veux dire
18:26et donc c'est vrai
18:26que j'ai fait ça
18:28assez souvent
18:28parce que ça me permet
18:29de voir
18:30l'autre côté du décor
18:33ce qui se passe
18:33avant qu'on rentre
18:34dans le cabinet
18:34du juge affaire familial
18:36voilà
18:37je pense que c'est important
18:38pour comprendre
18:39ce qui est en train
18:39de se tramer
18:40alors pour autant
18:41le juge n'est pas
18:42exempt de l'erreur
18:43le professeur de médecine
18:44quand il se plante
18:45c'est la mort
18:45du temps de la peine de mort
18:47il y avait aussi
18:49un accident
18:49j'ai compilé
18:50tous les textes
18:51je n'ai pas trois
18:52j'en ai trouvé un
18:52mais je n'ai pas trouvé
18:53en France
18:54de condamnés
18:56guillotinés
18:56dont on a démontré
18:57l'innocence
18:58après il y a eu
18:59beaucoup
18:59il y a eu une centaine
19:00de cas
19:00des rangs judiciaires
19:01ils ont été libérés
19:02quelques fois
19:02au bout de 10 ou 15 ans
19:03mais on n'a pas
19:04alors il y a un cas
19:06je vais voir
19:06si vous le connaissez
19:07alors il est signalé
19:08dans une thèse
19:10est-ce que le mot
19:12de Serge Dauchy
19:12vous dit quelque chose
19:13alors il était professeur
19:14de droit
19:15à la faculté de sciences
19:16juridiques de Lille
19:17vous êtes passé par Lille
19:19et il fait l'inventaire
19:22et le seul cas
19:23de condamné
19:24et qui a été
19:25gracié
19:26totalement gracié
19:28c'est Jules Durand
19:29en 1910
19:30il est accusé
19:31et finalement
19:32la justice se rend compte
19:33qu'il était innocent
19:33il a amené
19:34beaucoup plus que ça
19:35alors des erreurs judiciaires
19:37oui mais condamné
19:37et finalement gracié
19:40mais vous savez pourquoi
19:41c'est parce que
19:42quand les gens sont exécutés
19:43après
19:43il n'y a plus d'enjeu
19:44pour les faire innocenter
19:46pour recoller le morceau
19:47vous voulez dire
19:48ça ne marche plus
19:49alors que quand
19:50ils sont en prison
19:51la famille
19:51les avocats se mobilisent
19:53on peut avoir
19:54des éléments
19:55etc
19:55regardez ce qui se passe
19:56ce qui s'est passé au Texas
19:57quand ils ont créé
19:58cette fameuse commission
19:59du couloir de la mort
20:00il y avait plein de gens
20:02qui étaient dans le couloir de la mort
20:02tous les recours
20:03il faut qu'il y reste
20:0415-20 ans
20:05et donc il y a eu
20:07une commission
20:07qui a autorisé
20:09des réouvertures
20:09de dossiers
20:10et des empreintes génétiques
20:11surtout
20:12et donc
20:13un cas sur deux
20:14est arrivé
20:15à convaincre
20:16à l'innocence
20:17de quelqu'un
20:18qui était condamné
20:18à mort
20:19pour cette commission
20:20c'est énorme
20:21je sais Marc
20:21je vous donne quelques chiffres
20:22aux USA depuis 1973
20:248700 condamnations
20:25à mort
20:26aux Etats-Unis
20:26depuis 1973
20:271500 exécutions
20:29et après examen
20:31183 erreurs judiciaires
20:33c'est à dire que les gens
20:34ont été tués
20:34pour 183
20:36depuis
20:36c'est gigantesque
20:37c'est gigantesque
20:39ça ne m'étonne pas du tout
20:40ça vous effraie
20:40mais vous rendez compte
20:41aux Etats-Unis en plus
20:43où il faut l'unanimité
20:44de 12 jurés
20:4512 hommes
20:4612 hommes
20:47donc c'est assez
20:49extraordinaire
20:50de voir que
20:50malgré ça
20:51on peut avoir
20:52même pour la peine
20:53capitale
20:53des erreurs judiciaires
20:55ça ne m'étonne pas du tout
20:56on en fait en France
20:57on en fait partout
20:58et c'est pour ça d'ailleurs
20:59que c'est très bien
21:00et je rends hommage
21:01à Robert Ballinter
21:02puisqu'on est en pleine
21:02dans ce jeu
21:03rien que pour ça
21:03c'est que quand
21:05on n'est pas une justice
21:06qui est certaine
21:08il vaut mieux éviter
21:09de faire des choses
21:09irréversibles
21:10quand on n'est pas sûr de soi
21:11on préfère un coupable
21:12en liberté
21:13qu'un innocent
21:13décapité
21:14ça c'est sûr
21:16ou même en prison
21:18on est ensemble
21:20jusqu'à 14h
21:21pour poser vos questions
21:210826 300 300
21:23avec Marc Trévidic
21:25ancien juge antiterroriste
21:26auteur de justice
21:27présumée coupable
21:28aux éditions
21:28Albin Michel
21:29à tout de suite
21:29nous sommes avec
21:33Marc Trévidic
21:35juge
21:36j'allais dire
21:37couteau suisse
21:37parce que vous avez pratiqué
21:38toutes les versions
21:39de la magistrature
21:39il vous manque peut-être
21:41la cour de cassation
21:41mais vous êtes encore jeune
21:43il ne faut pas désespérer
21:44non non je suis tout à fait
21:45là ce qu'il faut
21:46qui publie
21:47justice présumée coupable
21:48chez Albin Michel
21:49on va parler
21:50qui est j'allais dire
21:51la racine de votre engagement
21:54juridique
21:55et judiciaire
21:56de fait
21:57vous avez été
21:57juge d'instruction
21:58juge d'instruction
21:59qui a été
22:00donc vous avez été
22:01à un moment donné
22:01cher Marc Trévidic
22:02l'homme le plus puissant
22:03de France
22:03et la définition
22:05que le donne
22:05du juge d'instruction
22:06c'est vrai que là
22:07dans la magistrature
22:09vous avez
22:09oui mais vous avez
22:10un pouvoir égalien
22:11en votre âme et conscience
22:12vous pouvez mettre
22:14quelqu'un en cabane
22:14si vous considérez
22:15qu'il le mérite
22:16quelle que soit
22:16cette personne
22:17bien sûr c'est argumenté
22:19bien entendu
22:19mais enfin la personne
22:20elle rentre dans votre bureau
22:21elle ne sait pas
22:21si elle ressort avec les menottes
22:22ou si elle part
22:23au boire un café
22:24en centre
22:24c'est un peu amoindri
22:25avec le juge des libertés
22:26et la détention
22:26il faut quand même
22:27que le juge des libertés
22:28maintenant soit d'accord
22:29tandis qu'avant
22:30quand j'ai commencé
22:31comme juge d'instruction
22:32Picardie
22:33c'est le juge d'instruction
22:34qui m'était tout seul
22:35est-ce qu'on a créé
22:37ce deuxième stade
22:38justement parce qu'on considérait
22:40qu'il fallait à un moment donné
22:41en fait c'était une petite
22:42cour d'appel du juge d'instruction
22:43le juge de l'instruction
22:44non il est tout seul
22:44c'est un juge unique
22:45mais c'est un appel
22:46c'est une vérification
22:47oui mais justement
22:49il avait été envisagé
22:50de créer un tribunal
22:51de détention provisoire
22:52donc trois juges
22:53pour contrôler
22:54les mises en détention
22:54du juge d'instruction
22:55et le fait est
22:57ben non on a préféré
22:58un juge unique aussi
22:59qui contrôle un autre juge unique
23:00bon vous avez
23:01vous avez
23:01vous avez quelques confrères
23:03célèbres dans l'histoire
23:04le juge Pascal
23:05avec le notaire
23:06le roi abruin en artois
23:07vous avez le petit juge Lambert
23:09c'est le petit juge Lambert
23:11pour l'affaire Petit Gagory
23:12j'adore le mot
23:12le mot petit
23:13là aussi c'est pas mal
23:14et puis vous avez
23:15votre confrère
23:16le juge Burgaud
23:17pour
23:17ou trop
23:18ce sont des accidents
23:20j'allais dire
23:22sans jeu de mots
23:23c'est des accidents
23:24c'est un 7%
23:27qu'on a le droit
23:27dans l'armée
23:28on a le droit
23:29à 7% de pertes
23:29ça fait partie des pertes
23:31j'allais dire naturelles
23:32et un peu normales
23:33même si elles sont
23:33elles sont épouvantables
23:34elles sont révélatrices
23:35quand même
23:36elles sont révélatrices
23:37d'une absence de contrôle
23:39justement de la cour d'appel
23:40bien sûr
23:41des chambres de l'instruction
23:41qui n'a pas les capacités
23:43de voir quand des dossiers
23:44vont à la dérive
23:45c'est ça le vrai souci
23:47moi j'ai toujours milité
23:48pour des chambres de l'instruction
23:49et des effectifs importants
23:51qui puissent contrôler
23:51les cabinets
23:52des juges d'instruction
23:52le juge Pascal
23:53on est dans un règlement
23:54de compte social
23:55c'est le petit juge
23:57des pauvres
23:57qui va punir
23:58le notaire
23:58qui est un riche
23:59donc qui est forcément méchant
24:00qui se met en valeur
24:01et qui joue
24:02première médiatisation
24:03de la magistrature
24:04devant les caméras de télévision
24:06on voit que le juge Pascal
24:06est politisation
24:08et avec une crispation sociale
24:10dans le village
24:10et on apprend que tout ça
24:12est bien
24:12Pierre Leroy
24:14et Manique Maillot
24:15sont totalement innocents
24:16le juge Lambert
24:17de ce que je retiens
24:19il a un train
24:19à prendre le vendredi soir
24:21il ne prend pas la déposition
24:23il ne la fait pas signer
24:23même si le capitaine
24:24de gendarmerie lui dit
24:25il faut faire signer tout de suite
24:26non je ferai ça lundi
24:28et quand il revient
24:29je ne donne pas dans le détail
24:30parce que ça serait
24:30s'initier dans l'affaire judiciaire
24:32mais la donne a changé
24:34et puis on a
24:35on a outreau
24:36un gentil petit juge
24:38défendu par un avocat
24:39que je connais bien
24:39qui est maître Jean-Yves Dupoe
24:40qui lui se laisse
24:42en fait il s'égare
24:43il s'égare dès le départ
24:44il croit bien faire
24:46évidemment
24:46et il a suffisamment d'éléments
24:48peut-être pour considérer
24:49que c'est ça
24:49et puis finalement
24:50c'est pas du tout ça
24:50donc 3 cas de figure
24:51oui sauf qu'on ne travaille pas tout seul
24:54moi j'ai toujours eu la chance
24:55d'avoir aussi
24:56des groupes d'enquêteurs
24:57c'est une de vos explications
25:00il travaille seul
25:01donc il n'a pas de contrefou
25:03il n'a pas d'assesseur
25:04il y a deux sortes de juges d'instruction
25:06qui se plantent
25:07il y a celui qui écoute
25:08de façon complètement automatique
25:10ce que lui dit
25:12le chef de la police
25:14ou la gendarmerie
25:15qui travaille sur l'affaire
25:16c'est-à-dire il prend tout
25:17on lui présente
25:18l'affaire de telle ou telle façon
25:21et il n'a pas de recul
25:23il ne dirige pas son enquête
25:24il est dirigé par le service enquêteur
25:25et il y a celui qui pense
25:28qu'il a besoin d'avis de personne
25:29et qui va diriger comme ça
25:31une enquête
25:32non
25:32une enquête
25:33c'est des discussions
25:34on fait le point
25:35on essaie d'échanger des arguments
25:37c'est le juge qui tranche
25:38le directeur d'enquête
25:39mais après c'est de discussion
25:40en tant que juge d'instruction
25:43vous avez évidemment
25:44suivi des affaires
25:45plus que sensibles
25:46des affaires graves
25:47qui touchent à la sécurité
25:49de l'état
25:49de la France
25:50de la république
25:51alors si on est jusque
25:53dans le combat
25:55contre le terrorisme
25:55vous avez l'unanimité
25:56autour de vous
25:57bien entendu
25:57sauf si cette action terroriste
26:00peut à un moment donné
26:00s'immiscer
26:01dans la vie politique française
26:03et je crois que
26:04le cas Sarkozy
26:05il y a eu l'histoire
26:06Karachi
26:07qui était effectivement
26:08un peu compliqué
26:09là aussi
26:10il y a entre l'état
26:10pour autant
26:12alors
26:12le juge d'instruction
26:14l'homme le plus puissant
26:15de France bien sûr
26:16est-ce que vous avez
26:18à un moment donné
26:19eu à subir directement
26:21ou indirectement
26:23en fonction des affaires
26:24que vous traitiez
26:25une pression
26:26on se souvient
26:27de Jacques Toubon
26:28envoyant un hélicoptère
26:29dans l'Himalaya
26:30dans la Fertibérie
26:31je ne cite pas
26:32le nom de votre confrère
26:32finalement on ne l'a pas trouvé
26:33voilà
26:34mais on va jusqu'à
26:35on n'a jamais envoyé
26:37un hélicoptère
26:38pour vous retrouver
26:38Marc Trevigny
26:39non non d'ailleurs
26:39j'étais tout à fait trouvable
26:40tout à fait
26:41je ne faisais pas
26:42de pratique
26:42est-ce que pour autant
26:43sans rien révéler
26:44qu'il ne soit pas arrivé là
26:45parce que je pense
26:46que vous êtes dans une profession
26:47où vous avez un secret professionnel
26:48qui est sacré
26:49et que vous ne pouvez pas transgresser
26:51est-ce qu'on peut considérer
26:53qu'à un moment donné
26:53vous avez l'impression
26:54d'avoir plus ou moins subi
26:56ou tentative
26:57d'exercer des pressions
26:59sur votre instruction
27:00ah oui oui bien entendu
27:01oui voilà
27:02je ne pourrai pas rentrer
27:03dans les détails
27:04mais ces pressions
27:07venaient de ma haute hiérarchie
27:09pas directement d'un politique
27:10vous n'avez jamais reçu
27:12un coup de fil d'un ministre
27:12ou d'un député
27:13non non non
27:14ça ne se passe jamais comme ça
27:15le problème
27:15c'est la haute hiérarchie
27:17c'est-à-dire
27:17par exemple
27:17votre premier président
27:18de cour d'appel
27:19quand vous êtes à Paris
27:20qui vous convoque
27:22etc
27:22donc vous ne savez jamais
27:23s'il fait du zèle
27:25ou si c'est un politique
27:26qui lui a demandé
27:26alors c'est un peu embêtant
27:28certains magistrats
27:29m'ont laissé comprendre
27:30que dans certains
27:31on vit une vie
27:32une vie civile et sociale
27:33il y a des dîners
27:34il y a des rencontres
27:35il y a des conversations
27:36où on peut nous suggérer
27:37où on s'étonne
27:38de façon très diplomatique
27:39voilà
27:40ça serait bien que
27:41ça serait bien que
27:42on n'en dirait rien
27:43mais ça peut arriver
27:44on est dans un monde assez soft
27:45vous gardez votre
27:46votre intriguité
27:47martes-hébidique
27:47on a un auditeur
27:49Emmanuel
27:50qui nous appelle
27:51de suraine
27:52Emmanuel
27:54est-ce que vous avez peur
27:56bonjour
27:56est-ce que vous avez peur
27:58si un jour
27:59vous commettiez une bêtise
28:00de passer devant un tribunal
28:01où vous avez totalement
28:02confiance dans la justice française
28:05bon écoutez
28:07je me méfierai
28:09quand même un peu
28:10et je ferai en sorte
28:11de me faire
28:13me soutenir
28:14par un très bon avocat
28:15parce que
28:16quelquefois
28:17on peut dire des bêtises
28:18qui se retournent contre vous
28:19même si
28:20on est absolument
28:22innocents
28:22donc il faut faire un peu attention
28:23moi en fait
28:24je voulais saisir
28:25l'occasion
28:26de la présence
28:26du trébidique
28:28pour lui parler
28:29d'un sujet
28:30qui m'a un peu interpellé
28:31récemment
28:32c'est le retour
28:34des
28:35ce qu'on appelle
28:36les enfants de Daesh
28:37les familles
28:39de djihadistes
28:40qui reviennent
28:40des femmes
28:41qui reviennent
28:42avec leurs enfants
28:43les camps
28:45d'où elles reviennent
28:47sont des camps
28:48de Daesh
28:49où les gens de Daesh
28:50font la loi
28:51Daesh
28:51contrairement
28:53à ce qu'on s'imaginait
28:54on n'est pas mort du tout
28:55en Syrie
28:56en Irak
28:57ils sont encore
28:58relativement présents
29:00même d'ailleurs
29:00le pouvoir syrien
29:01a des problèmes
29:03avec eux
29:04et
29:05essaye de s'arranger
29:06d'eux
29:07mais
29:07c'est pas évident
29:08donc
29:09moi je trouve
29:10une folie totale
29:12de laisser revenir
29:13ces femmes
29:15avec
29:15ces enfants
29:16qui sont
29:17à mon avis
29:18des bombes
29:19par retardement
29:20absolument
29:20comme si on n'avait pas
29:22assez de djihadistes
29:23potentiels en France
29:24alors je voulais savoir
29:25ce qu'en pensait
29:26le juge Trévidi
29:27est-ce qu'on peut
29:29parer
29:30à cette
29:31cette situation
29:32sensible
29:33Marc Trévidi
29:34je ne suis pas
29:35tout à fait d'accord
29:36je vais expliquer
29:37pourquoi
29:37d'abord le problème
29:38s'est posé
29:39dès le début
29:39où la plupart
29:40des enfants
29:41qui étaient concernés
29:42étaient des enfants
29:42en bas âge
29:43très concrètement
29:44ces enfants en bas âge
29:46le problème se pose
29:47pour ceux qui sont
29:48de nationalité française
29:49où il y a des règles
29:51qui s'appliquent
29:51ils ne sont coupables
29:53de rien
29:54à l'époque
29:54quand le problème
29:55se pose
29:55on décide
29:56de ne rien faire
29:57de les laisser
29:58dans des camps
29:58aux mains des Kurdes
30:00donc c'est des enfants
30:02qui ne présentaient pas
30:02une menace
30:03puisque à 2 ans
30:043 ans
30:054 ans
30:055 ans
30:06on est victime
30:06de guerre
30:07j'allais dire
30:07mais rien de plus
30:09j'étais un fervent défenseur
30:11de contraire
30:12de les faire revenir
30:12et le plus tôt possible
30:13plutôt que les laisser
30:14dans des camps
30:15où effectivement
30:16la radicalisation
30:17va se faire
30:17puisqu'il y a beaucoup
30:18de gens
30:21de Daesh
30:21dans ces camps
30:22et donc
30:24malheureusement
30:25c'est ce qui s'est passé
30:26on les a laissés
30:27dans ces camps
30:28et effectivement
30:29l'évaluation
30:30de leur drosité
30:31se pose beaucoup plus
30:32quand ils atteignent
30:33l'âge de 12, 13, 14 ans
30:35qu'avant
30:36quand ils avaient
30:364, 5 ans
30:37maintenant il faut comprendre
30:38que tous les autres pays
30:39qui étaient concernés
30:40avaient rapatrié
30:40leurs nationaux
30:41assez vite
30:42tout simplement
30:43parce que les Kurdes
30:43disaient
30:44nous on n'est pas
30:45l'administration pénitentiaire
30:46française
30:47c'est pas à nous
30:48de les garder
30:48et puis il y a eu
30:49des évasions massives
30:50aussi
30:51y compris d'hommes
30:52donc c'est aussi dangereux
30:54d'avoir ces gens
30:55dans la nature
30:56au lieu de les contrôler
30:57nous-mêmes
30:58donc il y a du pour
30:59et du vrai
30:59il faut faire très attention
31:00vous avez raison monsieur
31:01mais attention aussi
31:03on paye nos erreurs
31:04et notre attentisme
31:05pendant des années
31:07je pense que là-dessus
31:08toutes les institutions
31:09sont vigilantes
31:10et que s'il y avait
31:11évidemment un accident
31:12on tirait tout de suite
31:13les conséquences
31:14voilà
31:15là vous avez raisonné
31:16en droit
31:17la marque très bidique
31:17on est d'accord
31:18mais pas uniquement
31:19de façon humaine aussi
31:20vous savez
31:20moi j'ai vu des grands-parents
31:22ou un des deux parents
31:23qui réclamaient
31:25qu'on fasse revenir
31:25leur enfant
31:26leur petit-fils
31:27par exemple
31:28de 3-4 ans
31:29innocent de tout
31:30par définition
31:31et qui avait été emmené
31:32par un des deux parents
31:33radicalisés
31:34même pas par le deuxième
31:35donc il y a eu quand même
31:36des cas humains
31:37c'est absurde
31:38de les laisser
31:39ces jeunes français
31:41dans des camps
31:42dans ces situations-là
31:43voilà
31:43il y a un des chapitres
31:45de votre livre
31:47qui s'appelle
31:48les mariages
31:49se font au ciel
31:50et se consomment
31:52sur la terre
31:54je vais vous faire écouter
31:55une petite
31:55un petit épisode
31:57un peu humoristique
32:00mais pour quelque chose
32:00qui n'est pas du tout
32:01la police
32:02madame
32:02s'il vous plaît
32:03ouais
32:03et vous faire enculer
32:05une heure plus tard
32:07mission a conclu
32:08la femme devra se justifier
32:10de son viol
32:10au commissariat
32:11à moins que le mari
32:13ne retire sa plainte
32:14alors c'est un épisode
32:16vous savez que vous allez être surpris
32:18non non
32:18c'est pas
32:19c'est un épisode des inconnus
32:20les inconnus
32:21sont habillés en policiers
32:23ils vont chercher une femme
32:24qui a été battue
32:25et voilà violée
32:26et le pastiche est là
32:28il l'amène au commissariat
32:28elle a violé son mari
32:30et on espère
32:31qu'il va retirer sa plainte
32:32je vous dis ça
32:32parce que nous avons
32:33un fait divers
32:33qui est arrivé
32:35à notre connaissance
32:36il y a un serrurier
32:37récemment
32:38qui est allé
32:39remplir une mission
32:40chez un client
32:41vous êtes peut-être au courant
32:42vous avez entendu
32:42non ça me dit pas
32:43donc ce serrurier
32:44va chez les clients
32:45il répare la serrure
32:46et au moment où
32:47la cliente est en train
32:48de régler la prestation
32:49son chèque
32:50le mari arrive
32:51visiblement
32:52tabasse
32:52son épouse
32:53devant le serrurier
32:55mais d'une violence inouïe
32:56il filme la scène
32:57s'en va parce qu'il peut pas
32:58aller plus loin
32:59il va tout de suite
33:00au commissariat
33:00pour signaler
33:01qu'il y a eu
33:01une violence conjugale
33:03mais caractérisée
33:04on le rappelle
33:05deux jours après
33:06il pense que c'est
33:06pour signer son témoignage
33:07il est mis en garde à vue
33:08pendant huit jours
33:09avec les lacets
33:10et tout le bastring
33:11pour dénonciation calomnieuse
33:13qu'est-ce qui a pu se passer
33:15est-ce que c'est l'épouse
33:16qui est revenue
33:18sur ses déclarations
33:19ou le mari
33:19et donc
33:20il a dit au policier
33:21enfin vous présentez
33:22j'ai filmé la scène
33:23dénonciation calomnieuse
33:24et il disait le paradoxe
33:25c'est derrière le policier
33:26il y avait cet article
33:28qui disait
33:28qu'il faut l'obligation
33:29de dénoncer
33:30évidence conjugale
33:31et voilà le numéro de téléphone
33:31et finalement
33:32il a fait huit heures
33:34je pense que c'est terminé
33:36c'est une petite anomalie
33:37alors qu'il n'est pas judiciaire
33:39du coup elle est policière
33:40mais cette loi
33:41sur les dénonciations calomnieuses
33:43a utilisé avec parcimonie
33:45si je comprends bien
33:45bien sûr
33:46mais d'ailleurs
33:46on l'utilise avec parcimonie
33:48les poursuites sont assez rares
33:50pour les dénonciations calomnieuses
33:51et il faut déjà
33:51complètement prouver
33:52que la dénonciation
33:53est calomnieuse
33:53c'est-à-dire que de l'autre côté
33:54il n'y a pas l'infraction
33:56qui avait été dénoncée
33:57donc là
33:58c'est un cas
33:58un cas d'espèce
34:00c'est quand même
34:00un peu gros
34:01c'est quand même pas ça
34:02comme ça tous les cas
34:03je voulais juste vous soumettre
34:04pour avoir votre réaction
34:05on se reparle
34:06dans quelques instants
34:07et nous sommes toujours avec Marc Trevidic
34:17qui a publié
34:18Justice Présumé Coupable
34:19chez Alma-Michel
34:20monsieur le juge
34:22vous êtes un justiciable exemplaire
34:23votre mise en examen
34:25se passe bien pour l'instant ?
34:26ah bah très très bien
34:26j'ai choisi de pas garder le silence
34:28non
34:28bien sûr
34:29d'ailleurs vos propos
34:30n'ont pas été tenus contre vous
34:31comme on le voit
34:31dans certains films américains
34:32j'en suis pour l'instant
34:34j'hésite entre la relaxe
34:35et le non-lieu
34:35mais il reste encore un quart d'heure
34:36je vais vous cuisiner jusqu'au bout
34:38pour être bien sûr
34:38de mon attendu
34:40grand drame aujourd'hui
34:43dans la société française
34:45c'est un phénomène
34:46que vous développiez bien
34:47dans votre livre
34:50sous le chapitre
34:51alors je vais citer
34:52la formule latine
34:53Malicia souplette
34:54à état thème
34:55la mélinité
34:56supplée
34:57l'âge
34:58qu'est-ce que vous voulez dire ?
35:00il y a un vrai malaise
35:00dans la jeunesse française
35:01aujourd'hui
35:02et la justice n'arrive
35:03peut-être pas
35:04à résoudre le problème
35:05rien que par du judiciaire
35:06il y a une grande tendance
35:08aujourd'hui
35:08à vouloir que l'on juge
35:10les mineurs
35:10comme des majeurs
35:11sous prétexte justement
35:13que leur malice
35:14devrait faire oublier
35:15leur âge
35:16c'est ça
35:17le sujet
35:18de cet adage
35:20comme quoi
35:20Rome avait pensé à tout
35:22c'est ce qu'on appelle
35:23l'excuse de minorité
35:24on dit maintenant
35:26c'est très grave
35:26ce qu'ils font
35:27il n'y a pas de raison
35:28il faudrait qu'ils aient
35:28des peines lourdes
35:29vous citez l'exemple
35:30je connais bien Chartres
35:32le quartier de la Banane
35:33à Mainvilliers
35:34celui du vieux
35:35Puyallucé
35:35vous avez assisté
35:36enfin vous avez jugé
35:37oui jugé d'ailleurs
35:37une bagarre épouvantable
35:39et on voit bien
35:40qu'on n'a pas de prise
35:40et puis ils sont
35:41d'une violence inouïe
35:43sans limite
35:43parce qu'ils sont jeunes
35:44ils n'ont pas de remède
35:46pas d'empathie
35:46pas de paramètre
35:48qu'est-ce qu'on peut faire
35:49quand on est magistrat
35:50et qu'on est confronté
35:51à une situation
35:51telle que celle-là
35:52le vrai problème
35:54c'est qu'on voit les dégâts
35:57mais le fait est
35:59c'est que
35:59la grande surprise
36:01aujourd'hui dans la jeunesse
36:02les jeunes qui règlent
36:03un coup de couteau
36:03des faits de bande
36:05etc.
36:05c'est qu'ils ont déréalisé
36:07l'acte qu'ils commettent
36:09c'est surtout ça
36:10qui est le plus frappant
36:11j'expliquais dans Sivrosi
36:12la notion entre piqué et planté
36:14les termes utilisés
36:15sont différents
36:17je dis
36:17personne ne va nous dire
36:18j'ai tué
36:19mon copain de 16 ans
36:20un coup de couteau
36:21il va nous dire
36:23je l'ai piqué
36:23monsieur le juge
36:24on va assister un peu
36:25il va finir par admettre
36:26l'avoir planté
36:26on va quand même lui dire
36:2715 centimètres dans le corps
36:28piqué
36:29c'est un peu
36:30mais de toute façon
36:30le mot tué
36:32le mot mort
36:33n'existera pas
36:34dans leur discours
36:35ils ont déréalisé
36:36on est sur Playstation 4
36:38et c'est ça
36:39la problématique
36:40ils sont dans un univers parallèle
36:42on n'arrive pas
36:43à leur faire comprendre
36:44alors c'est propre à la jeunesse
36:45mais cette violence
36:46cette ultra-violence
36:47se passe
36:49avec des codes à eux
36:50le mot de vouloir donner la mort
36:52finalement c'est souvent
36:53dans le crime passionnel
36:54il dit oui j'ai tué
36:55mais voilà
36:55j'étais dans une souffrance
36:56mais dans la jeunesse
36:57on est dans le déni
36:59oui
36:59il n'y a pas de volonté
37:00de donner la mort
37:00il y a de se battre
37:02de régler le problème
37:03avec la bande d'à côté
37:04et donc de piquer
37:05ou de planter
37:06mais de tuer
37:07c'est au-dessus
37:09de leur réflexion
37:10alors vous n'êtes pas
37:11des éducateurs
37:12vous n'êtes pas responsable
37:13de l'éducation familiale
37:14de l'éducation nationale
37:16lie de la déstructuration familiale
37:18pourtant
37:18est-ce qu'on peut considérer
37:20à un moment donné
37:20que la justice
37:21peut aboutir
37:23à des sanctions
37:24qui donnent l'exemple
37:25qui dissuadent
37:26qui orientent
37:26vos attendus sont quand même
37:27très argumentés
37:28ils ne sont pas assez souvent lus
37:31et pas bien lus
37:32vous n'empêcherez pas
37:34la plus parfaite des justices
37:36la plus rigoureuse
37:37la plus précise
37:37n'empêchera pas
37:39le développement
37:39de ces phénomènes
37:40surtout que
37:41les adolescents
37:42clairement
37:43ne sont pas finis
37:44dans leur tête
37:45il faut être clair
37:45et la société d'aujourd'hui
37:47la société des réseaux sociaux
37:48la société de la réaction immédiate
37:50la société de la violence
37:51quand même
37:52ne les aide pas
37:53à prendre conscience
37:54de la gravité des choses
37:55alors je ne suis pas sûr
37:57qu'une peine exemplaire
37:57pour un jeune de 16 ans
37:59qui a donné un coup de couteau
38:00à un autre
38:00va avoir le moindre impact
38:02sur les autres jeunes
38:03de 15 saisons
38:04du même quartier
38:05vous voulez me dire
38:06que lorsque vous êtes confronté
38:07à une même affaire
38:08et vous avez été
38:08dans les deux pots
38:09il y a le juge d'instruction
38:11qui est confronté à l'affaire
38:12s'il y a eu crime
38:12il y a l'instruction
38:13vous avez une attitude
38:15une lecture de droit à faire
38:17ensuite vous changez de robe
38:19et vous allez dans votre poste de juge
38:22sur le siège
38:23et là vous allez devoir trancher
38:24est-ce que j'allais dire
38:26la qualité du raisonnement
38:27sera la même
38:27ou le juge d'instruction
38:29doit sévir vite
38:30pour l'ordre public
38:32et est-ce que le juge du siège
38:34doit dire
38:35là je dois intervenir
38:36avec des notions
38:37de droit bien sûr
38:38d'humanité
38:40de compréhension
38:40il faut que je prenne en compte
38:41d'autres paramètres
38:42que celui du juge d'instruction
38:43juge d'instruction
38:44on lui demande surtout
38:45de faire une enquête
38:46la plus complète possible
38:47y compris sur les éléments
38:48de personnalité
38:49donc quand c'est un mineur
38:50c'est très important
38:51parce qu'il faut arriver
38:52à comprendre
38:52aussi dans son milieu familial
38:53d'où lui vient cette violence
38:55qu'il est capable
38:56de développer à 15-16 ans
38:57et c'est là justement
38:58où il va nourrir un dossier
39:00qui va permettre
39:01la réflexion profonde
39:02des juges du siège
39:03qui vont juger
39:03c'est là qu'on va comprendre
39:05que
39:05beaucoup de mineurs violents
39:08sont victimes de violences
39:09dans leur milieu familial
39:10et qui sont à la fois
39:13jeunesse en danger
39:14et jeunesse dangereuse
39:15et ça c'est un constat
39:16chez le cabinet
39:17du juge des enfants
39:18notamment
39:19donc ça va nous aider
39:20à bien juger
39:20ce que va faire
39:21le juge d'instruction
39:22qui prenne des mesures
39:23urgentes ou pas
39:24c'est une chose
39:25d'un point de vue
39:25d'attention
39:26mais ce qu'on lui demande
39:27d'abord
39:27c'est une enquête
39:28approfondie de qualité
39:29votre chapitre
39:30s'appelle
39:31juge unique
39:31juge unique
39:32vous faites le jeu de mots
39:34on va en venir
39:34le juge d'instruction
39:37ça fait longtemps
39:38qu'on entend
39:39des réformes
39:39du juge d'instruction
39:40c'est quoi
39:41alors dites-le moi vous
39:42c'est quoi la faiblesse
39:43aujourd'hui du juge
39:44d'instruction en France
39:45qui mériterait
39:46d'être un petit peu
39:46rectifié au corrige
39:47c'est qu'il n'est pas
39:48assez contrôlé
39:49par les trois magistrats
39:50de cours d'appel
39:51la chambre de l'instruction
39:52et que s'il part à la dérive
39:53puisqu'il est le seul juge
39:54qui va instruire son dossier
39:55il n'y a personne
39:57qui peut à un moment donné
39:58mettre le haut là
39:59c'est ça son vrai problème
40:01instruire c'est renseigner
40:01oui mais on instruit
40:04à charge et à décharge
40:05ou on instruit qu'à charge
40:06ou qu'à décharge
40:07la mise en détention
40:08il y a aussi
40:09de l'instruction à charge
40:10et à décharge
40:10c'est-à-dire chercher
40:11des éléments en faveur
40:12et contre
40:12ne pas tout de suite
40:15aller sur une seule piste
40:16être l'esprit ouvert
40:18c'est ça aussi
40:18qu'on lui demande
40:19pour autant
40:20le juge d'instruction français
40:21est-ce qu'il est plus méchant
40:22à votre connaissance
40:23que d'autres juges d'instruction
40:24dans d'autres pays
40:26alors il y a des juges
40:26encore dans quelques pays
40:28il n'est pas plus méchant
40:30parce que de toute façon
40:30dans les autres pays
40:31qui n'ont pas le juge d'instruction
40:32des systèmes anglo-saxons
40:34notamment aux Etats-Unis
40:35c'est l'accusation
40:38qui fait l'enquête
40:38donc il n'y a pas de raison
40:40qu'elle soit plus objective
40:41et qu'elle fasse plus
40:42à charge ou à décharge
40:43c'est plutôt
40:43c'est plutôt quelque chose
40:45qu'il faut garder
40:46le juge d'instruction
40:46mais tout pouvoir
40:49et tout pouvoir important
40:50doit être contrôlé
40:51c'est un B à bas
40:52et nous la chambre de l'instruction
40:54ne fait pas ce boulot
40:55et justement vous concluez
40:56votre exemplaire ouvrage
40:58par ce titre de chapitre
41:00le droit et l'art
41:01du bien
41:02et de l'équitable
41:03vous citez l'exemple
41:07de la tragédie
41:07qui nous a tous bouleversés
41:09du petit Elias
41:10à qui on dérobe son portable
41:11deux individus
41:12qui n'auraient pas dû
41:13se trouver là
41:14et il en est mort
41:16puisqu'ils l'ont
41:17vous mettez couteau
41:17je crois que c'est un coup
41:18de machette
41:18vous expliquez
41:20il n'avait tué personne
41:21ces deux jeunes
41:23et pourtant
41:24ils étaient des tueurs potentiels
41:25mais il n'avait tué personne
41:27aucun droit au monde
41:28à part dans une dictature
41:29ne pouvait les mettre
41:30en prison
41:31c'est quelque chose
41:32qui me traumatise
41:33mais vous ne faites que dire
41:35le droit
41:35oui oui tout à fait
41:36je sais bien
41:37je ne sais pas quoi vous dire
41:39non mais
41:39alors en dehors du droit
41:41mais pour reprendre
41:41la formule de Seltz
41:43le droit est l'art du bien
41:44et de l'équitable
41:44c'est à dire qu'il ne faut
41:45jamais perdre de vue
41:46que le droit
41:46ok ce sont des règles juridiques
41:48mais qu'on doit essayer
41:50de les appliquer
41:50pourtant vers la justice
41:52la justice avec un grand J
41:53c'est à dire que
41:54le droit il ne peut pas
41:55être désincarné
41:56justement des notions humanitaires
41:59morales
42:00comme on disait
42:00donc le droit
42:02il faut essayer
42:03qu'il tende
42:04vers la justice
42:05sinon le droit
42:05peut être oppresseur
42:06clairement dans plein de pays
42:07c'est le cas
42:08si j'étais un juge russe
42:09ou un juge algérien
42:11par exemple
42:12et que je
42:13je mette en prison
42:14un écrivain
42:16ou un opposant
42:18est-ce que
42:19j'aurais appliqué le droit
42:21mais la justice
42:22certainement pas
42:23et bien je prononce
42:25un non-lieu
42:26vous auriez peut-être
42:26préféré une relax
42:27non je vous donne
42:28non-lieu c'est toujours provisoire
42:30ça peut revenir
42:30tant que c'est pas prescrit
42:31il préfère être relaxé
42:32vous êtes relaxé
42:33bravo et merci
42:35d'être venu
42:36sur Sud Radio
42:37merci
42:37Sud Radio
42:39Parlons Vrai
42:40Parlons Vrai
42:41Sud Radio
42:42Parlons Vrai
42:42avec plénitude
42:43la tranquillité
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19:04
À suivre