- il y a 11 heures
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Un jour, une vie sur RTL en direct.
00:04Et si du jour au lendemain, tout ce que vous pensiez savoir de votre histoire s'effondresse ?
00:09Et c'est ce qui est arrivé à Thomas, qui est né au Sri Lanka et adopté par une famille française.
00:14Presque au hasard, grâce à un reportage qu'il regardait à la télé, il a découvert à 31 ans
00:18qu'il n'était pas un simple enfant adopté, mais bien un bébé volé à sa mère biologique
00:24au cœur d'un trafic international.
00:27S'en est suivi une véritable enquête pour retrouver cette mère, des bras de laquelle
00:31il avait été arraché à seulement un jour.
00:34C'est un récit à la fois intime et universel que Thomas a accepté de partager avec nous ce matin.
00:40On écoutera également maître Sylvie Noachovitch, qui intervient régulièrement chez notre amie
00:44Julien Courbet, mais qui est surtout avocate, spécialisée dans le droit de la famille
00:48et le droit pénal.
00:50Elle répondra à toutes nos questions juridiques que va soulever l'histoire de Thomas.
00:54Du lundi au vendredi, de 9h30 à 10h, toutes vos vies à la recherche de leur vérité sont sur RTL.
01:04Bonjour Thomas.
01:05Bonjour Faustine.
01:06Merci d'être avec nous ce matin sur RTL.
01:08Comment vous avez découvert que vous étiez un bébé volé ?
01:11Au détour d'un envoyé spécial au mois de mai 2019, nombreux amis ou ma famille me parlaient de ce reportage
01:22qui s'appelait « Les enfants volés du Sri Lanka », mais c'est vrai que je ne me sentais pas du tout concerné par ce reportage.
01:29Vous saviez juste que vous veniez du Sri Lanka, mais point barre ?
01:32Absolument, et point barre.
01:32Et c'est vrai qu'au milieu de la nuit, ça m'a travaillé, je n'arrivais pas à dormir, je sentais qu'il y avait quelque chose, c'était instinctif.
01:42Et du coup, j'ai allumé le replay et j'ai regardé.
01:46Donc le début, c'est très bien, il présente les filles qu'il va suivre au Sri Lanka, Céline et Champika.
01:52Et au bout d'un moment, le journaliste dit qu'ils vont quand même parler dans le reportage de la tête du réseau.
02:00Donc du coup, je ne comprends pas trop la tête du réseau.
02:02Et il nomme cette fameuse Madame Pereira.
02:05Madame Pereira qui est la personne dont ma maman adoptive m'a toujours parlé en me disant que c'était son ange et grâce à elle qu'elle m'avait eue.
02:17Alors, vous aviez entendu parler de cette femme, on va trouver exactement, voici l'extrait que vous avez entendu à l'époque.
02:22Encore une fois, on est au milieu de la nuit.
02:24Votre intuition vous dit qu'il y a peut-être quelque chose de votre vie qui se joue.
02:27Écoutez.
02:28Madame Pereira, ancien membre de la commission pour les adoptions.
02:33Cette Sri Lankaise tirerait profit de ses relations pour organiser son commerce en toute tranquillité.
02:38Madame Pereira recevrait entre 5 000 et 20 000 francs par enfant.
02:42Et donc, si je comprends bien, cette Madame Pereira, ce nom, vous, avait résonné dans vos oreilles depuis toujours.
02:50Depuis toujours.
02:51Votre mère lui avait parlé d'elle comme si c'était son ange ?
02:55Non, c'était grâce à elle qu'elle m'avait eue.
02:58C'est Madame Pereira qui donnait, la majeure partie du temps, qui donnait les enfants dans les bras des parents qui adoptaient.
03:06Donc, mes parents ont même une photo avec elle et je sais que nombreux des couples qui ont adopté par l'intermédiaire de cette association ont une photo avec Madame Pereira.
03:16Ce qui est dingue, c'est que ce n'est pas un lien diffus là.
03:18C'est-à-dire qu'en gros, clairement, c'est évident, il y a quelque chose qui est en train de s'imposer à vous, c'est que vous êtes issue d'un trafic de bébés.
03:25Est-ce qu'elle témoignait, elle, cette Madame Pereira ?
03:28Absolument, elle témoigne dans le reportage, on l'entend parler et en gros, elle dit qu'elle, c'était un commerce comme un autre et qu'il fallait qu'elle fasse vivre sa famille
03:38et qu'elle ne se soucie absolument pas de ce qui se passait et de ce qui allait se passer par la suite.
03:44Quel genre de femme c'était et comment elle pouvait parler de ça ouvertement dans un reportage ?
03:49Sur les photos de l'époque, des années 80, on voit une femme hyper joviale, très souriante et là, elle est quand même très âgée, elle a, je crois, 80 ou 85 ans.
04:00Donc, elle est un peu affaiblie mais elle ne perd pas la face, quoi.
04:05Elle est sûre de son truc et de toute façon, elle s'en fout, il y a prescription.
04:09C'est ça, c'est pour ça qu'elle peut témoigner, c'est qu'il y a prescription.
04:12Elle ne sera jamais inquiétée.
04:13Qu'est-ce que vous ressentez, vous, quand vous découvrez cette femme et que tout d'un coup, c'est quoi ? C'est votre vie qui défile ?
04:18Moi, c'est ma vie qui s'effondre, en fait.
04:20Qui s'effondre ?
04:21Ben, ouais, qui s'effondre et qui défile et...
04:24Vous êtes ému ?
04:25Ouais, ben oui, ouais, toujours.
04:27Ouais ?
04:27Ouais, toujours.
04:28Parce que ce moment-là, c'est le point de bascule de votre vie ?
04:31Ouais, absolument.
04:32Vous pouvez m'expliquer pourquoi ?
04:34Ben, parce que...
04:36Parce que ça remet tout en question, en fait.
04:39Ça remet la pseudo-histoire qu'on m'a racontée et qu'est-ce que va être la suite.
04:46Et aussi, pourquoi j'ai autant mal à l'intérieur de moi ?
04:53On va respirer un petit peu.
04:55Et en même temps, c'est très touchant, cette émotion, parce qu'elle nous dit, ça fait dix ans,
04:59et on revit avec vous cette nuit, votre vie bascule.
05:03Est-ce que, quand on est au milieu de la nuit, comme ça, encore une fois, dans un espèce de brouillard,
05:07où il y a quelque chose qui est en train de s'ouvrir, et en même temps aussi de se complexifier,
05:12est-ce que vous avez tout de suite appelé vos parents adoptifs ?
05:14Alors, j'ai déjà prévenu mon ex-femme, la mère de mes enfants.
05:20Et puis, le matin même, j'ai appelé ma maman en lui disant qu'il y avait quelque chose,
05:26qu'elle regarde le reportage.
05:28Et elle m'avait dit, tu sais, Tom, on ne se sent pas du tout concerné par ça,
05:33donc je ne vais peut-être pas le regarder, ce reportage,
05:35parce que je n'ai pas envie d'être confronté à ce genre de choses,
05:39mais je sais qu'elle va le regarder dans la journée,
05:42ou le soir, en rentrant du travail, je ne sais plus.
05:44Vous lui dites qu'on parle de cette Mme Pereira, clairement,
05:47donc vous êtes en train de la préparer à ce qu'elle va découvrir,
05:50ce qui est insensé pour elle.
05:51Insensé.
05:52Insensé, c'est même insupportable pour elle.
05:54Inimaginable.
05:55Inimaginable, elle a juste adopté un bébé en faisant preuve d'un acte d'amour,
05:58d'altruisme et de bienveillance.
05:59Absolument.
06:00En aucun cas, elle n'a pu arracher un bébé à une femme.
06:03Elle n'aurait jamais fait.
06:04Alors quand elle l'a regardée, elle vous a appelée ?
06:07Oui, tout de suite.
06:08Et elle vous a dit quoi ?
06:09Elle m'a dit, monte à la maison, on va regarder ton dossier,
06:15et puis on va sortir ton dossier du placard,
06:17et puis on va regarder ce qu'il y a dedans.
06:20Quel état d'esprit ? Elle était bouleversée, j'imagine ?
06:24Tout était tourné vers vous ? Elle-même était terrassée ?
06:27Oui, après, ma maman a toujours tout donné, tout fait pour moi,
06:32donc là, c'était encore quelque chose en plus pour moi.
06:36Mais on n'en a jamais vraiment parlé de son ressenti,
06:40mais je pense qu'elle était absolument bouleversée.
06:45Vous allez la voir combien de temps après, votre mère adoptive ?
06:49Votre maman ?
06:50Ma maman, oui.
06:50Oui, votre maman.
06:52Dans la journée qui suit, quoi.
06:55En fin de journée, il me semble.
06:56C'est un peu loin, mais oui.
06:58Vous savez, c'est très touchant.
06:58On va s'arrêter aussi pour vous laisser un petit peu respirer,
07:00mais c'est très touchant parce que vous arrivez,
07:02vous êtes un bel homme, fringant, charismatique.
07:06À partir du moment où vous avez commencé à me raconter votre histoire,
07:08je vous ai vu un peu vous recroquefiller,
07:10et j'ai vu un peu le petit garçon,
07:11le petit garçon apparaître avec cette fragilité-là aussi.
07:15On voit que ça touche à quelque chose de tellement intime.
07:17On va s'arrêter.
07:19On va se retrouver.
07:19Je voudrais que vous me racontiez aussi
07:20à quel âge vous avez été adopté,
07:22quels sont vos premiers souvenirs en France.
07:24Et puis donc, maintenant, qu'est-ce qu'on fait de ça ?
07:26Puisque je le disais tout à l'heure à Thomas,
07:28l'histoire, elle est aussi très belle,
07:30puisqu'on peut le dire maintenant,
07:31vous allez pouvoir retrouver cette mère biologique.
07:36Quel est le mot que vous utilisez ?
07:37Mère biologique ?
07:38Il y a maman et mère biologique.
07:39Absolument, ma mère biologique et ma maman.
07:41Ma maman, celle qui m'a élevée,
07:42qui m'a donné tout l'amour d'une maman.
07:45Et puis ma mère, ma génitrice.
07:47Que vous allez retrouver aussi dans des conditions très jolies
07:49et très douces.
07:50A tout de suite sur RTL pour la suite de cette histoire
07:53très émouvante avec notre invité ce matin.
07:56Merci d'être avec nous en direct sur RTL.
07:58Merci d'être avec nous dans Un jour, une vie en direct sur RTL.
08:01Nous sommes de retour avec Thomas,
08:03qui a découvert à 31 ans faire partie
08:05d'un trafic de bébés volés à l'international,
08:08le tout au milieu de la nuit,
08:09en regardant un envoyé spécial.
08:11Je voudrais qu'on revienne un petit peu aussi
08:12à l'origine de votre histoire.
08:14Vous aviez été adopté à quel âge, Thomas ?
08:16J'avais 15 jours.
08:1715 jours.
08:18Quels sont vos premiers souvenirs en France ?
08:20Alors, je pense que ça remonte à la toute petite enfance.
08:24Quand j'avais 2-3 ans,
08:26mes premiers souvenirs,
08:27c'est les souvenirs avec mes grands-parents.
08:32Parce que mon grand-père a été à la retraite
08:34au moment où je suis arrivé en France.
08:35Donc, il m'a beaucoup gardé.
08:37J'ai beaucoup de souvenirs avec mon grand-père.
08:39Puis, j'ai aussi beaucoup de souvenirs
08:40de grande affection et de grands amours avec ma maman.
08:44Oui, vous avez reçu énormément d'amour.
08:47Vous avez eu une enfance très heureuse.
08:49Absolument.
08:49C'est important de le dire.
08:50Absolument.
08:51Qu'est-ce que vos parents vous disaient sur votre adoption ?
08:55Qu'est-ce qu'ils vous disaient de vos origines ?
08:57En fait, ma maman, je pense qu'elle nous en a toujours parlé.
09:01Elle m'en a toujours parlé.
09:02Mais même quand j'étais bébé dans l'avion avec eux,
09:05elle me disait, tu sais, on est venu chercher au Sri Lanka.
09:09On est ta famille.
09:11On est tes parents.
09:12Moi, je suis ta maman.
09:13Je t'aime.
09:15Et puis, en fait, il n'y a jamais vraiment eu la discussion
09:17parce que ça a toujours été normal, en fait.
09:20Oui, c'était accepté.
09:23Il n'y avait pas de zone de flou.
09:25Et est-ce que vous aviez des informations sur vos parents biologiques ?
09:29Non, pas du tout.
09:31Je ne m'y intéressais pas vraiment, en fait.
09:33Vous receviez tout l'amour dont vous aviez besoin.
09:36Alors, souvent, on s'y intéresse plus à l'adolescence.
09:38Est-ce que ça a été votre cas ?
09:39Eh bien, non.
09:40Moi, à l'adolescence, j'étais en crise.
09:43Oui.
09:44En vraie crise.
09:45C'est-à-dire quoi, une vraie crise, Thomas ?
09:47Je n'étais pas bien.
09:48Je n'avais pas ma place.
09:50J'étais malheureux.
09:53J'étais énervé.
09:56Énervé contre quoi ?
09:57Contre tout.
10:00Contre tout.
10:00Vous êtes en rébellion totale.
10:01Et vous l'exprimiez auprès de vos parents ?
10:03Oui, je l'exprimais.
10:04Puis, je l'exprimais en étant pas cool, pas sympa.
10:09Et puis, alors, en fervoir de toutes les couleurs,
10:13autant que je pouvais,
10:15pour qu'on s'intéresse le plus possible à moi, je pense.
10:16Avec la toile de fond de ses origines ?
10:18Ou de ses origines qui vous travaillaient ?
10:20Même pas.
10:20Pas vraiment.
10:21Vraiment la vraie crise d'adulte.
10:22Pas vraiment.
10:22Je pense qu'il y a eu une vraie souffrance intérieure,
10:25mais réelle,
10:26que j'expliquerai plus tard.
10:28Mais oui, il y a eu une vraie souffrance.
10:30Mais à l'époque, vous ne vous le disiez pas.
10:31Quel adulte vous êtes devenu alors ?
10:34Quel adulte ?
10:35Jeune adulte.
10:37Je suis devenu...
10:38Je suis vite parti de chez moi.
10:42Je suis parti travailler en France, à l'étranger.
10:45J'ai beaucoup voyagé.
10:47Je suis devenu très indépendant, au final.
10:52Mais en même temps, avec toujours un besoin d'avoir tout le temps quelqu'un avec moi.
10:57Toujours ma famille en lien, ou des amis très proches, ou une copine.
11:04Je ne suis pas seul.
11:06Alors, vous n'êtes pas seul non plus à avoir vécu une adolescence difficile,
11:08puisqu'au 3210, on a eu un message également au 64900.
11:12Au 3210, vous pouvez nous appeler,
11:14si vous voulez d'ailleurs venir nous rejoindre sur l'antenne d'RTL.
11:16Et au 64900, vous pouvez nous écrire un SMS,
11:19avec le mot-clé, c'est jour.
11:21Et justement, il y a Stéphane qui nous dit,
11:23j'ai vécu la même adolescence compliquée que Thomas,
11:25sans comprendre mon mal-être.
11:26C'est important de mettre en place un suivi psychologique.
11:29C'est intéressant.
11:29Vous en avez vécu vous-même ?
11:30Vous avez pu bénéficier d'un suivi psychologique ?
11:32Alors, c'est quelque chose que ma mère va essayer de mettre en place.
11:37Forcément, il y a un rejet, parce qu'à cet âge-là,
11:39l'aide d'un psy, on ne comprend pas.
11:42Mais je pense que ça devrait remonter encore à même avant,
11:45en fait, c'est dès la petite enfance,
11:47que pour un enfant adopté, il devrait y avoir un suivi psychologique.
11:51Alors, jusque-là, on a cette enfance très choyée,
11:55cette adolescence malmenée,
11:57où vous n'avez pas réussi à mettre un mot sur votre mal-être.
11:59ce jeune adulte et bidon, ce reportage.
12:03Qu'est-ce que vous en avez fait, une fois que vous avez eu cette information ?
12:06Est-ce que vous avez tout de suite eu envie d'enquêter, d'en savoir plus ?
12:09Absolument.
12:11Je suis de type très impatient.
12:15C'est un peu tout tout de suite.
12:17Donc, il a fallu que je comprenne très rapidement,
12:19déjà, qui étaient ces deux filles qu'on suivait dans cet envoyé spécial ?
12:23Qu'est-ce qu'elles faisaient ?
12:24Pourquoi elles en étaient arrivées là à faire ces recherches ?
12:26Qu'est-ce qui leur avait mis la puce à l'oreille ?
12:28Donc, c'est vrai que maintenant, c'est facile avec les réseaux sociaux et Internet.
12:32C'est allé très vite, en fait.
12:34Alors, justement, par quoi vous avez commencé ?
12:35Par chercher qui était Céline,
12:39qu'est-ce qu'elle faisait,
12:40puisqu'elle parle tout de suite dans son reportage d'envoyé spécial
12:43d'info-fraude Sri Lanka, qui est une page Facebook banale,
12:48si je peux le dire comme ça ?
12:51Sur quoi ? Quelle information on peut obtenir sur ce site ?
12:53Eh bien, justement, on voit les premières recherches qu'elle fait,
12:58les premières démarches,
12:59les courriers de l'ambassadeur français de l'époque,
13:04qu'on peut voir dans un envoyé spécial,
13:06qui demande de faire attention à tous ces passeports validés,
13:09et qu'on ne comprend pas trop pourquoi.
13:11Et puis, ses recherches, toutes ses démarches,
13:13les juges qu'elle va rencontrer au Sri Lanka,
13:16les associations en France et là-bas,
13:19et jusqu'à la rencontre avec sa famille à elle.
13:26Donc, vous prenez contact avec elle ?
13:27Absolument, tout de suite par Facebook.
13:29Votre idée, c'est tout de suite de savoir à qui vous ressemblez,
13:32quels sont vos parents biologiques,
13:33ou vous êtes que, pour l'instant, un peu, on va dire,
13:36vous naviguez à vue, quoi ?
13:37Non, il y a aussi une vraie recherche tout de suite de ressemblances.
13:41Et vous le dites très bien, c'est un vrai traumatisme dans ma vie.
13:45De ne pas savoir à qui on ressemble.
13:47C'est hyper difficile, en fait, malgré tout l'amour qu'on peut avoir.
13:52Moi, je n'ai jamais entendu comme tu ressembles à ta sœur,
13:55comme tu ressembles à ton père, peu importe.
13:57Et en termes d'identification, c'est hyper dur pour se construire.
14:01Comment elle vous a aidé, Céline ?
14:03Eh bien, elle m'a tout de suite dit, c'était vraiment le début.
14:06Donc, vu que ce reportage allait lancer quelque chose d'énorme, en fait.
14:11Elle ne s'en rendait pas compte, elle non plus, je pense.
14:14Donc, elle me dit tout de suite, si tu as ton dossier complet,
14:17tu peux me l'envoyer, je vais le faire vérifier,
14:20je vais regarder ce qu'il en est.
14:21Et puis, on a un contact sur place au Sri Lanka,
14:24qui s'appelle Andrew, qui, lui, va pouvoir authentifier les documents
14:27et nous dire la véracité de ton dossier, en fait.
14:32Si, en effet, vous avez été...
14:34S'il y a une fraude.
14:35S'il y a une fraude.
14:36Elle est revenue auprès de vous, après avoir envoyé ce dossier,
14:39elle est revenue auprès de vous au bout de combien de temps ?
14:41Quelques semaines.
14:42Ça a été hyper rapide.
14:43Je ne peux même pas dire quelques semaines.
14:44Quinze jours, quoi.
14:45Et qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
14:46Elle me dit, ça ne sent pas bon, ton dossier, il est comme le mien,
14:52et comme ce qu'on est en train de découvrir, il est falsifié.
14:57Les informations ne sont pas bonnes dedans.
14:59Qu'est-ce qui avait été falsifié ?
15:01Les noms, les prénoms, ma date de naissance, le lieu où je suis vraiment né.
15:08Mais c'est des choses que je vais découvrir après,
15:11puisque pour le moment, on n'a pas du tout ces informations.
15:13Et puis, il y a beaucoup de cases manquantes, en fait,
15:15sur les documents soi-disant officiels Sri Lankais.
15:19Est-ce qu'il y avait des informations sur votre mère biologique ?
15:22Eh bien, alors voilà, c'est là où elle me dit,
15:24on a une chance dans ton dossier.
15:27Apparemment, son prénom et son adresse postale, c'est OK.
15:32C'est une vraie adresse.
15:33Et son prénom, ça colle avec les gens qui habitent là-bas.
15:39Concrètement, avant que vous nous disiez
15:40de quelle manière vous allez partir à sa recherche,
15:43qu'est-ce qui s'est passé ?
15:44On a fait croire à votre mère biologique que vous étiez quoi ?
15:48Non, on ne lui a rien fait croire.
15:50Mais en fait, pour le moment, je n'en sais rien.
15:52Parce que c'est elle, c'est ma mère biologique
15:54qui va me raconter ce qui s'est vraiment passé.
15:58La seule information que j'ai, c'est que j'ai été adopté à 15 jours
16:01et que j'étais dans un genre d'orphelinat, voilà.
16:05Et elle, elle va vous raconter, une fois que vous allez la rencontrer,
16:08ce qui s'est vraiment passé.
16:09C'est en effet terrifiant.
16:10On va se retrouver dans un instant avec Maître Sylvie Noachovitch
16:13qui va nous dire, à votre attention, vous,
16:16qui veulent vous tourner vers l'adoption à l'international,
16:17comment faire pour vérifier que tout est bien OK
16:20et ne pas tomber dans ce genre de trafic.
16:22Et puis, on va connaître la suite de votre histoire
16:26et votre rencontre avec votre famille biologique.
16:28A tout de suite, dans un instant, sur RTL.
16:29Merci d'être avec nous en direct dans Un jour, une vie.
16:32Nous sommes toujours avec Thomas, qui est avec nous depuis ce matin
16:35pour parler des dessous de son histoire
16:37et de certaines adoptions internationales.
16:39Et justement, Maître Sylvie Noachovitch est en ligne avec nous.
16:42Bonjour Maître.
16:42Bonjour.
16:43Merci beaucoup d'être avec nous.
16:45Simple question.
16:46Est-ce qu'aujourd'hui encore, ce genre de trafic existe, Maître ?
16:50Alors, malheureusement, oui.
16:52Ce genre de trafic existe.
16:53Et on le sait, c'est pour ça qu'il faut absolument prendre des précautions.
16:56Donc, en 2025, il faut savoir que des trafics ou irrégularités liées à l'adoption
17:01peuvent encore exister, et en particulier dans les contextes internationaux
17:04ou dans les pays où les lois et les contrôles sont plus faibles.
17:07Mais les risques sont mieux documentés, les contrôles sont plus nombreux,
17:10ce qui rend quand même la vigilance indispensable pour les adoptants.
17:13Et il y a des précautions à prendre, comme par exemple passer par les voies légales.
17:17En France, c'est faire une demande d'agrément auprès de l'ASE,
17:20donc du service départemental d'aide sociale à l'enfance.
17:22Également, à l'international, il faut passer par l'AFA,
17:25donc c'est l'Agence française de l'adoption,
17:27ou par un organisme autorisé pour l'adoption, reconnu par l'État.
17:31Donc, il faut également vérifier que le pays d'origine est signataire
17:34de la Convention de l'AE, qui encadre cette adoption internationale.
17:37Donc, il faut éviter les circuits douteux,
17:39ne jamais accepter une adoption proposée par des intermédiaires privés non agréés,
17:43des réseaux informels, et refuser toute situation
17:46où on demande aux adoptants de payer directement la famille biologique.
17:49Ah, ça c'est important, ça bien sûr.
17:51Et il y a des détails qui peuvent nous alerter sur un dossier falsifié, maître ?
17:55Des détails, oui, forcément.
17:57Ces incohérences comme l'opacité, la rapidité anormale,
18:01un dossier solide doit toujours comporter un jugement officiel,
18:04un acte de naissance authentifié, l'agrément,
18:07intervention des autorités françaises ou étrangères.
18:09Ça, c'est vraiment impératif d'exiger ces documents,
18:12et puis ce qu'il doit alerter pour un dossier falsifié,
18:16eh bien, c'est des documents administratifs complètement suspects,
18:18comme des dates incohérentes, des ratures, des ajouts manuscrits,
18:22tampons flous ou photocopiés,
18:24une absence de numéro d'enregistrement officiel ou de référent judiciaire,
18:27et puis des traductions approximatives sans certification officielle.
18:31Merci beaucoup, Maître, c'était très clair.
18:33On vous retrouve chez Julien Courbet.
18:34Merci, Maître Sylvain Lelacovitch.
18:37Thomas, à quel moment on vous a dit qu'on avait retrouvé votre mère biologique ?
18:42Qui vous a annoncé ça ?
18:43C'est Andrew qui m'annonce ça par WhatsApp,
18:47mais je reste...
18:48Le contact sur place qui vous aide à...
18:51Absolument, qui nous aide sur place.
18:54Mais je garde quand même de la distance,
18:56puisque la seule chose qui va valider,
18:59qu'on a bien retrouvé ma famille biologique,
19:01c'est le test ADN.
19:03Qui va être réalisé ?
19:04Absolument.
19:05Moi, j'en fais un.
19:05On en envoie un tout de suite au Sri Lanka,
19:09pour que ma mère biologique en fasse un aussi.
19:13Vous tiquez toujours quand il s'agit de dire mère biologique.
19:15Je vois que c'est compliqué.
19:16Ouais, c'est compliqué.
19:19Donc la femme qui vous a donné la vie.
19:21Voilà.
19:22En fasse un aussi et ça match.
19:25Donc là, dans l'enchaînement des choses,
19:27je prends des billets d'avion,
19:29et je décide de partir au Sri Lanka.
19:33On est au mois de novembre.
19:35Mes enfants sont tout petits.
19:37Mais moi, c'est le voyage de ma vie.
19:42Que ressent votre maman,
19:45quand elle sait que vous allez rencontrer...
19:46C'est compliqué, j'allais dire un peu ce conflit de loyauté.
19:49C'est-à-dire que j'imagine que vous ne voulez pas la blesser.
19:52Et en même temps, vous avez besoin de cette vérité.
19:54Absolument.
19:56Elle a toujours été derrière moi,
19:57donc elle est derrière moi à ce moment-là aussi.
20:00Mais je pense que c'est le cœur lourd
20:04qu'elle me laisse partir là-bas.
20:06Oui, je comprends.
20:07C'est quoi votre première impression
20:08quand vous arrivez au Sri Lanka ?
20:09Quand vous arrivez dans votre pays d'origine ?
20:11Je suis chez moi.
20:13C'est la première fois qu'un douanier
20:16sort de son bureau
20:17et me prend dans ses bras
20:18et me dit « Bienvenue au pays ».
20:20Moi, j'ai passé des frontières
20:22où il y en a même que j'ai mis
20:23vachement de temps à passer
20:24parce que c'était compliqué,
20:26parce que j'ai un nom composé
20:28avec des prénoms Sri Lankais
20:29en plus sur mon passeport.
20:30Que jamais personne n'arrive à prononcer ?
20:32Que jamais personne n'arrive à prononcer,
20:34qu'en plus, je m'appelle Thomas
20:36mais je suis né au Sri Lanka
20:37et ça a toujours été compliqué
20:39les frontières pour moi.
20:41Et là, il me dit « Bienvenue au pays ».
20:44Parce qu'il comprend
20:45que c'est la première fois que je viens
20:46et que je suis juste ému, en fait.
20:51J'essaie de vous sourire
20:54de toutes mes forces
20:55pour essayer de vous insuffler
20:57enfin, pas du courage
20:58mais du sourire
20:59parce que je vois à quel point
21:00ça remue tellement de choses.
21:01Vous aviez eu le résultat
21:02du test ADN à ce moment-là ?
21:03Au moment où j'atterris, en fait.
21:05Quasiment, le résultat tombe.
21:07Ça matche à 99,9%.
21:09Vous êtes allé directement
21:11voir votre mère biologique ?
21:13Alors, j'ai fait trois jours
21:14d'acclimatation
21:16pour vraiment m'habituer au pays
21:18parce que je ne connais pas le pays
21:19mais Andrew reste avec moi
21:23et je passe trois jours
21:25dans la banlieue de Colombo
21:27et puis il m'emmène rapidement
21:30sur la route.
21:32Et la vitée où ?
21:33Dans la banlieue sud de Colombo,
21:37c'est des endroits
21:40qu'on ne fréquente même pas
21:41quand on est touriste, en fait.
21:44Il y a beaucoup de voitures,
21:46beaucoup d'embouteillages
21:47et puis on tourne sur cette rue
21:50et là, il me dit
21:51« Prépare-toi ! »
21:53Il me tient la main
21:55et il me dit « C'est là ! »
21:58Vous la reconnaissez tout de suite ?
22:00Ouais, c'est instantané, en fait.
22:03Il y a 30 personnes devant la maison
22:05parce que j'ai beaucoup de moncles,
22:07beaucoup de tantes
22:07et beaucoup de cousins et cousines.
22:09mais c'est avec elle que...
22:13Vous allez directement la prendre dans vos bras ?
22:15Ouais, instantanément.
22:20Même si je ne réalise pas vraiment,
22:21en fait, parce que c'est beaucoup d'émotions
22:24mais je le vois.
22:28Nos regards se croisent tout de suite
22:30et c'est elle.
22:31Qu'est-ce qu'on lui avait dit, alors,
22:32à cette pauvre femme ?
22:33Eh bien, elle, on ne lui avait rien dit.
22:38Elle, ça faisait 35 ans qu'elle m'attendait.
22:41Son mari actuel me dit
22:47« Merci d'être venu,
22:49je n'avais jamais vu ma femme sourire. »
22:52Elle a un truc en elle
22:55qui est complètement éteint.
22:57On lui a arraché son bébé
22:59quand il avait un jour.
23:01Quand j'avais un jour.
23:01Et ça, je le découvre rapidement
23:04parce que mes cousines me parlent.
23:06Il y en a qui parlent anglais.
23:07Ma maman ne parle pas anglais.
23:08Ma mère ne parle pas anglais.
23:11Mais mes cousines me racontent rapidement l'histoire.
23:15Et il y a beaucoup de tensions
23:19parce que c'est aussi une histoire
23:22que ma famille biologique découvre.
23:23On arrive à la fin de cette émission.
23:25Je pourrais passer la journée avec vous.
23:26Mais juste, est-ce que vous êtes au complet ?
23:28Est-ce que le puzzle de votre vie est reconstitué maintenant ?
23:30Absolument.
23:30C'est ce que j'ai dit quand je suis rentré.
23:34C'est que je suis un homme complet.
23:38Je vous ai fait pleurer pendant à peu près 30 minutes
23:41sur les 30 minutes qu'on a passées ensemble.
23:43Merci.
23:45Merci à vous.
23:46Votre histoire m'a bouleversée.
23:47Merci Thomas.
23:48Merci infiniment.
23:48Merci à vous d'être fidèle à RTL.
23:51On va se retrouver demain
23:52pour un jour, une vie.
23:54Merci à vous.
23:56Merci à vous.
23:56Merci à vous.
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