00:00Bienvenue à tous, un gouvernement, une démission du Premier Ministre à qui Emmanuel Macron demande de mener les ultimes négociations,
00:10tout ça en 24 heures, pour tenter d'y voir plus clair sur la situation politique actuelle.
00:15Notre invité ce matin est le doyen de la faculté de droit d'Orléans et politologue, c'est Pierre Alorant que nous accueillons avec vous Marie-Dorcelle.
00:22Bonjour Pierre Alorant.
00:23Bonjour Marie.
00:23Ultime négociation d'ici mercredi soir, ça ressemble à un ultimatum mais adressé à qui ?
00:28Ça ressemble à un acharnement thérapeutique en fait, parce qu'on ne comprend pas très bien que ce que le Premier Ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu,
00:38n'a pas réussi à faire pendant un mois, il y a eu un mois quand même, pour renommer les mêmes, tout ça pour ça.
00:43Il réussirait à le faire en deux jours alors qu'il n'a plus aucune autorité puisqu'il est démissionnaire, on ne comprend pas très bien.
00:48Alors c'est quoi l'objectif d'Emmanuel Macron justement ?
00:51Gagner un peu de temps, je pense.
00:53Le sait-il ?
00:56Quand on voit que Gabriel Attal, qui a quand même été très proche du Président de la République,
01:00Ancien Premier Ministre,
01:02dit publiquement que depuis la dissolution, il ne comprend absolument pas les décisions du Président de la République comme la plupart des Français,
01:08on se demande dans quel état est le bloc central.
01:11Mais vous l'avez dit, il y a très peu d'espoir qu'il y ait quelque chose qui ressorte de ces 48 heures de discussion.
01:15Emmanuel Macron récupère la copie demain soir.
01:19Et après, il se passe quoi ?
01:20Alors il a dit qu'il prendrait ses responsabilités, c'est bien, c'est une information.
01:24Le Président de la République, effectivement, sous la Ve République depuis 1958, a le rôle clé.
01:31Il a beaucoup d'outils, beaucoup de leviers dans sa main.
01:35Le problème, c'est qu'il en a déjà grillé beaucoup de cartouches.
01:38Et toujours à contre-temps.
01:39Il a changé de Premier Ministre quand on ne lui demandait rien.
01:42Quand il a changé, il a renvoyé Mme Borne et il a pris Gabriel Attal.
01:46Après, à l'issue, on s'en souvient, des élections européennes,
01:50où effectivement son camp avait subi une éclatante défaite,
01:56eh bien il a dissous.
01:57Alors que c'était une élection européenne, il n'y avait pas à dissoudre.
02:01Ensuite, il a à plusieurs reprises annoncé des référendums.
02:05Il ne l'a pas fait.
02:06Il lui reste cette carte-là.
02:07Alors, personne ne peut penser, mais il faut toujours être prudent avec Emmanuel Macron,
02:13qu'un simple changement de nom de Premier Ministre à nouveau pris dans son camp
02:17suffirait à résoudre la crise.
02:19Après, évidemment, aujourd'hui, on a tous en tête dissolution ou démission.
02:24Le problème, c'est effectivement Emmanuel Macron,
02:26et c'est l'échéance de 2027 qui réglera la question, ou avant.
02:29Mais c'est crédible, une dissolution ou une démission,
02:31justement, dans les prochaines semaines, dans les prochains jours ?
02:34Alors, c'est crédible, mais le problème, c'est, est-ce que c'est vraiment une solution aujourd'hui ?
02:38Peut-être que ça l'aurait été il y a quelques semaines ou quelques mois.
02:42Aujourd'hui, tous les sondages nous disent que l'effet probable d'une dissolution,
02:47ce serait de renforcer le Rassemblement national,
02:50mais qui n'aurait pas de majorité absolue.
02:52Donc, ça ne serait pas véritablement une solution.
02:55Et surtout, que le bloc central, qui n'est pas très central aujourd'hui,
02:59qui penche largement à droite, et qui n'est plus un bloc,
03:03puisque M. Retailleau l'a fissuré,
03:06eh bien, ce bloc serait très, très affaibli, voire laminé.
03:09On l'a vu aux élections partielles du Tarn-et-Garonne dimanche dernier,
03:13où le candidat de ce bloc avait 5%.
03:15Mais vous l'avez dit, effectivement, cette coalition,
03:17ce qu'on appelle la coalition, elle s'est fracturée hier, avant-hier.
03:20Les LR, notamment, ont pris leur distance.
03:22Est-ce qu'Emmanuel Macron, maintenant, il est tout seul ?
03:25Il est très seul.
03:26On l'a vu hier déambuler sur les quais de Seine,
03:29pour préparer la panthéonisation de Robert Badinter jeudi.
03:34Il a voulu prendre une posture très présidentielle,
03:36comme François Mitterrand il y a quelques décennies,
03:39mais il apparaît très seul politiquement.
03:41On ne comprend pas très bien non plus l'attitude des LR.
03:44La responsabilité dans la crise est partagée,
03:46même si le président de la République a la responsabilité principale.
03:49C'est la dissolution qui a déclenché ce chaos politique et parlementaire.
03:54Mais M. Retailleau, qui est ministre de l'Intérieur,
03:57donc qui est en charge de l'ordre public,
03:59et qui établit le désordre institutionnel,
04:01sous prétexte qu'un ministre ne lui plaît pas,
04:04le ministre des Armées Bruno Le Maire,
04:06c'est consternant et c'est irresponsable.
04:08L'une des solutions évoquées par une partie de la gauche,
04:10c'est aussi de nommer quelqu'un du PS à Matignon.
04:14Est-ce que ça, c'est envisageable,
04:15ou c'est plus sur la table depuis plusieurs mois ?
04:17C'est envisageable, mais le souci, c'est qu'on a bien vu
04:19qu'Emmanuel Macron n'en a vraiment pas envie,
04:21et c'était la première chose à faire après les élections de juin 2024.
04:28Probablement qu'un gouvernement de gauche,
04:29puisqu'il n'y a pas de majorité absolue bien sûr,
04:31mais c'était la première coalition en termes de siège,
04:35c'était la logique.
04:36Il aurait dû nommer soit M. Bompard, groupe principal de LFI,
04:44soit M. Boris Vallaud, pour le Parti Socialiste.
04:46Aujourd'hui, c'est très tard,
04:48parce qu'effectivement, tout le monde est sur les nerfs,
04:51et tout le monde attend de nouvelles élections,
04:52donc très probablement, ça ne tiendrait pas longtemps.
04:55En quelques mots, éventuellement, nouvelle élection législative.
04:59Avant la présidentielle de 2027, dont on parle beaucoup,
05:02il y a les municipales.
05:03Est-ce que la situation politique, en quelques mots, Pierre Alorand,
05:06risque d'y avoir un impact aussi sur ces élections-là ?
05:08Oui, bien sûr, et c'est vraiment dommage,
05:09parce qu'on sait que les élections municipales,
05:11vous le savez bien ici, Orléans,
05:14c'est vraiment la clé de la démocratie de base,
05:18les questions qui intéressent la vie quotidienne des gens,
05:21et là, elles vont être percutées,
05:24elles vont être polluées, ces élections municipales.
05:26Il n'y aura pas vraiment de débat à cause de ce chaos politique,
05:29c'est vraiment regrettable.
05:30On traite même au président de la République
05:32l'idée de faire les élections législatives
05:36à la même date que les élections municipales,
05:38ça serait vraiment une très mauvaise idée.
05:39Ça serait très compliqué, on aura l'occasion d'en reparler.
05:41Merci beaucoup Pierre Alorand d'avoir été notre invité ce matin.
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