Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 semaines
Le 6 octobre, c'est la journée nationale des aidants, et leur situation est alarmante. Corinne Benzekri, présidente du Collectif Je t'Aide, Directrice Nationale de l'Action Médico-Sociale de la Fondation Casip-Cojasor est l'invitée du 6h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-06-octobre-2025-9210836

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00A 6h22, ils sont plus de 10 millions en France selon le ministère de la Santé.
00:05De tous les âges, tous les milieux sociaux, ils sont nos amis, nos collègues, nos voisins, sans qu'on le sache forcément.
00:11Les aidants, celles et ceux qui prennent soin d'un proche malade ou en situation de handicap.
00:17Nous sommes le 6 octobre et depuis 15 ans, à cette date, c'est la journée nationale des aidants.
00:21Bonjour Corinne Benzekry.
00:23Bonjour.
00:23Vous êtes directrice de l'action médico-sociale de la fondation Kassib Khojasor et présidente du collectif Je t'aide.
00:29qui regroupe une trentaine de structures, qui défendent les droits des aidants.
00:3415 ans que cette journée nationale existe.
00:36Son utilité principale, est-ce que c'est de dire et redire à tous les aidants de France, vous n'êtes pas seul ?
00:43Alors effectivement, c'est une des priorités du collectif Je t'aide et de toutes les structures qui en sont membres.
00:50C'est d'avant tout rendre visibles les aidants.
00:52Cette journée, elle leur est dédiée.
00:55Mais en même temps, être aidant, c'est être aidant toute l'année.
00:57C'est 365 jours par an, c'est 7 jours sur 7 pour la plupart d'entre eux.
01:02Et c'est 24 heures sur 24.
01:05Donc une journée, ce n'est pas suffisant.
01:08Mais c'est déjà un premier pas de se dire.
01:11Effectivement, quand on se fait une journée, on valorise tout ce qui est fait pour les aidants en France.
01:16Et que les aidants s'auto-reconnaissent comme tels.
01:19Parce que ça aussi, c'est une priorité du collectif Je t'aide.
01:22C'est de les amener.
01:24Vous voulez dire qu'il y a des aidants qui ne savent pas qu'ils sont aidants ?
01:26Tout à fait. La plupart des personnes que nous accompagnons, si je prends la structure que je dirige à Paris,
01:33on sait que les aidants ne se reconnaissent pas comme tels.
01:36On se rend compte qu'eux se reconnaissent comme parents d'un enfant en situation de handicap,
01:42comme conjoint d'une personne malade, mais absolument pas un aidant.
01:46Donc le travail de mes équipes à Paris, d'un service qui s'appelle Saphir,
01:52c'est de les accompagner vers une reconnaissance de ce statut d'aidant, en fait,
01:57même s'il n'y a pas de statut officiel.
01:59Et donc de pouvoir, à ce moment-là, être aidé pour leur accompagnement,
02:04l'accompagnement de leurs proches, d'être conseillé,
02:06d'avoir accès à leurs droits, de pouvoir rencontrer d'autres personnes.
02:12Parce qu'on se rend compte quand même que la paire-aidance est un atout majeur.
02:16Ce qui est le cas, par exemple, au collectif Je t'aide.
02:18On a vraiment aujourd'hui des aidants au sein de notre structure.
02:21Et les aidants se comprennent mieux ensemble,
02:25parce qu'ils partagent aussi des problématiques communes.
02:28Parce que ce qui aggrave une situation déjà difficile quand on aide un proche malade
02:34ou en situation de handicap, c'est l'isolement, finalement, c'est de ne plus faire que ça.
02:38Tout à fait.
02:39On voit des aidants qui se retirent, doivent abandonner leur emploi,
02:44alors que 70% d'entre eux sont en activité quand même.
02:48Donc, en fait, on ne leur laisse pas la possibilité de poursuivre.
02:52Et souvent, on ne parle pas assez de ce point-là, mais ce sont des femmes.
02:56On est à 60% de femmes qui accompagnent un proche avec une maladie, un handicap ou une perte d'autonomie.
03:06Si on est dans le champ du handicap, on est parfois même à 80% de femmes qui accompagnent leurs proches.
03:13Alors, il y a des moyennes nationales qui estiment cet accompagnement à 10 ans.
03:17Mais si on est une maman d'un enfant en situation de handicap, c'est toute une vie.
03:20Il y a cette étude dont on parlait dans le journal de 6h de la Ligue contre le cancer
03:25sur la santé mentale des aidants.
03:261 sur 5 auraient déjà eu des pensées suicidaires.
03:30Près de la moitié présentent des symptômes dépressifs.
03:33C'est la face cachée de la maladie de l'autre ?
03:36Alors, en fait, l'aidant étant parfois même en surmenage,
03:40puisqu'il doit se préoccuper de coordonner les soins,
03:45d'accompagner même dans les soins,
03:47et parfois de compenser l'absence d'accompagnement.
03:51On entendait ce monsieur dans le reportage qui disait
03:53« Je n'avais moi-même plus de limites, je ne savais pas où elles étaient ».
03:56Donc, en fait, le principe, c'est quand vous êtes à domicile,
03:58que vous êtes seul avec votre proche,
04:00même si vous ne vivez pas avec,
04:02vous avez cette responsabilité finalement
04:05de veiller à sa santé, à sa prise en soins correcte,
04:09mais aussi vous veillez à tout ce qui est les démarches administratives,
04:13donc ces droits ouverts.
04:15Et on l'évoque très souvent peu,
04:19mais une des charges mentales pour un aidant,
04:22c'est le fait de pallier à ces problèmes de précarité finalement,
04:26parce qu'on a souvent des problèmes financiers pour les aidants.
04:30Justement sur les solutions, Corinne Benzécrit,
04:32les aidants ont droit à un congé spécifique depuis un an,
04:36il y a une allocation journalière aussi qui existe,
04:39et est-ce qu'il faut aller plus loin ?
04:40Qu'est-ce qu'il faudrait pour aider encore plus ?
04:43Alors déjà, développer plus de structures d'accueil,
04:47que ce soit par exemple pour des enfants en situation de handicap,
04:50leur permettre d'être vraiment accueillis,
04:52que ce soit à l'école ou dans des lieux spécifiques,
04:55et bien sûr, permettre à chaque aidant
04:59de connaître les ressources dans son territoire,
05:01de pouvoir y avoir accès rapidement,
05:04et de pouvoir être accompagné tout au long de son parcours.
05:09Est-ce qu'il y a un déficit d'informations ?
05:10Exactement. La première demande d'un aidant,
05:13c'est d'être conseillé, entendu, écouté et accompagné.
05:18Et la première des choses, c'est celle-là.
05:21Donc on se doit de développer ces lieux de ressources,
05:24ce qu'on appelle souvent des plateformes de répit,
05:26des centres ressources,
05:28mais aussi de pouvoir, dès la première instance,
05:30d'après l'annonce de la maladie ou du handicap,
05:35de pouvoir orienter la personne à la fois pour son aidée,
05:39mais aussi pour elle-même, pour qu'elle prenne soin d'elle.
05:42Comme vous l'avez dit précédemment dans le témoignage que vous avez présenté,
05:46effectivement, la personne doit pouvoir aussi prendre soin d'elle-même
05:49et d'avoir un diagnostic de sa propre maladie,
05:53effectivement, ce qui arrive souvent.
05:55Et pour avoir accès à ces informations,
05:57il y a toutes vos actions aujourd'hui avec le collectif Je t'aide
06:00à l'occasion de cette journée nationale des aidants.
06:03Merci Corinne Benzéquet, présidente du collectif.
06:05Aujourd'hui, nous sommes tous aidants
06:07et soyons solidaires de tous ces aidants.
06:10Merci beaucoup.
06:11Merci d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
06:13La météo et le journal à suivre.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations