- il y a 5 heures
L'autrice Hélène Laurain présente son deuxième roman "Tambora" paru chez Verdier. Un livre singulier dans lequel elle évoque avec poésie la maternité sous toutes ses formes. Un grand entretien réalisé à la Médiathèque Verlaine du Pontifroy à Metz, lieu que l'autrice connaît bien pour y avoir été en résidence pour l'écriture de "Tambora". De la genèse du livre à la sélection pour le Goncourt en passant par les livres qui l'ont "façonnées", la langue se déplie en toute intimité.
Présentation, réalisation, montage : Alicia Hiblot
Musiques : Motion Aray - Good Memory / Berry Deep "Mellow Flats Full"
© Moselle TV -Octobre 2025
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00:00Nos corps s'élargissent à l'unisson, secrètement.
00:03Le temps n'existe plus que pour nous, compte à rebours doux.
00:07La tête dans le col qui déjà pousse, sensation des cheveux contre le bas de soi.
00:12Les pieds minuscules poussent les côtes, le corps reconfiguré, translaté et démultiplié.
00:18Le corps Francis Bacon, les choses assemblées tout bordel.
00:22Nous deux et notre secret, tournés vers la survie, le reste c'est rien.
00:27Le même corps, je le traîne à la fin, enflé coupable, ce corps pour lequel on devrait faire un effort, surveillé, limité.
00:35La faim d'ogre, infini, le corps concentré-ventre, concentré-milieu, absorbé cœur, qui a ses propres règles et ne nous consulte pas.
00:43Exposition itinérante, bonbons pour passants alléchés par cette supposée plénitude.
00:49Ce ventre que je promène est une amulette.
00:51Poli par les mains superstitieuses, il prend la teinte ivoire, la douceur a pleuré des statues de saintes.
01:00Hélène Laurin, bonjour.
01:02Bonjour.
01:02Merci beaucoup de m'accorder cet entretien.
01:05On se trouve ici à la médiathèque Verlaine, au Pontifrois, à Metz.
01:09C'est ici, en partie, qu'est né Tambora, ton deuxième roman paru chez Verdier.
01:15C'est à l'occasion d'une résidence, la résidence Poursuite, que tu as faite ici, pour laquelle tu as été lauréate.
01:21Quels souvenirs, déjà, peut-être que tu gardes de cette résidence ?
01:24C'est vraiment ici que tous s'est fait, tous s'est créé ?
01:28Alors non, j'avais déjà commencé à écrire Tambora, parce que c'est vraiment une écriture au long cours.
01:34La première scène, je l'ai écrite il y a neuf ans, après mon premier accouchement.
01:38Mais c'était un projet que j'ai abandonné, repris plusieurs fois.
01:44Et la résidence, dans les bibliothèques de Metz, elle est arrivée vraiment au bon moment, vers la fin.
01:51À un moment où peut-être je patinais un petit peu.
01:57Il fallait réfléchir à la structure.
02:00Il fallait continuer à se documenter sur certains trucs.
02:03Et donc, c'était vraiment génial d'avoir deux mois consacrés à ça.
02:06J'ai pu arrêter mon autre travail.
02:10Et en plus, pour moi, c'était vraiment émouvant, parce que cette bibliothèque, la bibliothèque Verlaine en particulier,
02:16c'est vraiment la bibliothèque où je vais depuis que je sais lire, en fait.
02:20Avec ma mère, toutes les semaines, on y allait et j'empruntais les bouquins de l'école des loisirs et tout.
02:26Donc, c'était vraiment chouette de se retrouver de l'autre côté du miroir.
02:31Ça porte quoi la résidence ? C'est une bulle pour toi, justement ?
02:34C'est vraiment un espace où tu peux t'isoler ?
02:36C'est inspirant ?
02:38Oui, c'est ça.
02:39Déjà, ça permet de se consacrer à l'écriture pendant, en l'occurrence, deux mois.
02:43Les auteurs et les autrices ont quasiment tous un travail à côté, parce qu'on ne vit pas de l'écriture, sauf best-seller, etc.
02:54Mais donc là, pour moi, ça a été un moyen de m'organiser, de faire que ça pendant deux mois, d'être rémunéré aussi, c'est hyper important,
03:01d'avoir un espace de travail à Blida et aussi de faire énormément de médiations avec différents publics, donc en bibliothèque, en prison, dans un foyer d'accueil pour femmes qui s'appelle le nid maternel.
03:17C'était aussi très, très riche, un spectacle d'ouverture, un spectacle de clôture, donc il s'est passé vraiment beaucoup de choses en peu de temps, donc c'était hyper intéressant.
03:28Ce côté transmission, c'est quelque chose que t'aimes, le partage aussi ?
03:31Oui, moi j'adore, ça permet justement, c'est quand même une activité hyper solitaire, à côté de ça, je suis traductrice, donc encore une fois, c'est hyper solitaire aussi, très sédentaire.
03:42Moi, je travaille à la maison, donc c'est quand même nécessaire et important de sortir de cette bulle.
03:51Et en plus, j'aime vraiment travailler avec des publics différents. On est vraiment confronté à la réalité de ce que c'est, comment sont reçus nos livres par différents publics, comment on adapte un discours.
04:04En prison, notamment, je me suis rendu compte que les détenus, elles avaient un rapport très intense à la lecture, parce que quand on est en détention, on a peu d'activités autorisées.
04:15C'est l'espace de liberté.
04:16Voilà, c'est ça. Donc ça, c'était très fort.
04:19Alors, parlons de Tambora, est-ce qu'on peut dire que c'est vraiment un livre sur la maternité, sous toutes ses formes, mais vraiment sans concession, avec une écriture qui est à la fois tantôt poétique, tantôt très crue, drôle aussi ?
04:33Voilà, c'est vraiment la maternité, sous toutes ses coutures.
04:37Oui, ma volonté, c'était vraiment d'écrire quelque chose, d'écrire un texte que j'aurais aimé lire, moi, quand j'ai traversé tout ça.
04:45Et c'est peu représenté. Alors, on entend de plus en plus de témoignages, mais ça reste dans des niches.
04:50Voilà, c'est des podcasts, écoutés par des femmes.
04:53Mais là, en faire un texte littéraire, c'était aussi peut-être le confronter à d'autres regards.
05:01Moi, j'ai vraiment voulu écrire la complexité de ce que c'est la maternité, peut-être l'ambivalence aussi.
05:06C'est un discours qu'on entend peu, qui, je trouve, est hyper tabou, de dire, oui, j'aime mes enfants, mais j'aime aussi écrire.
05:17Il y a des choses qui me manquent dans ma vie d'avant, et ce n'est pas pour autant que je suis un monstre.
05:24C'est important d'apporter de la complexité à un sujet qui est souvent caricaturé.
05:30Voilà, tout cet univers de la naissance, de la maternité, il y a beaucoup d'expressions euphémisantes, sucrées, un peu.
05:39Voilà, on attend un heureux événement, certes, mais d'ailleurs, ce n'est pas toujours heureux.
05:45Parfois, l'accouchement se passe mal. Parfois, on met du temps à s'attacher à son bébé.
05:50Parfois, c'est à la fois, en même temps, le pire moment de notre vie,
05:55parce que c'était très éprouvant physiquement et psychiquement, mais aussi le plus beau.
06:00Enfin, voilà, il y a plein de façons de vivre ça, et moi, j'ai envie d'y contribuer,
06:05et j'espère qu'il y aura d'autres récits qui vont s'ajouter à ça pour apporter d'autres points de vue.
06:11C'est vrai que tu parles de tabou, du silence aussi qui va entourer la maternité.
06:16À un moment, tu évoques la dure réalité dès le départ de la fausse couche,
06:20et tu écris, page 37, « Cette attente d'un battement, la médecine l'appelle fausse couche, silencieuse.
06:26Rarement, on aura juxtaposé autant d'euphémisme, un néant sans bruit, un rien du tout feutré, un raté invisible.
06:34Entendons-nous bien, silencieux et impératif, tu vas accoucher pour de faux et après, on ne t'entendra pas. »
06:41C'est extrêmement dur.
06:43Oui, c'est vraiment comme ça que je l'ai ressenti.
06:46Déjà, le terme de fausse couche, il est pas mal remis en cause par les femmes,
06:53puisqu'il y a l'idée de quelque chose de faux, d'une faute aussi, d'une fausseté,
07:00alors que dans d'autres langues, je l'évoque aussi dans le livre, en allemand ou en anglais,
07:04c'est plus pragmatique, c'est quelque chose qui n'arrive pas à son terme.
07:08Et moi, j'avais envie de témoigner du fait que la langue, quand elle dit mal les choses,
07:15quand elle les nomme mal, elle peut ajouter à une violence, à une expérience physique qui est déjà violente.
07:22Et donc, dans ce livre, il y a vraiment une tentative de mieux nommer les choses,
07:26peut-être en tournant autour, parce que c'est des sujets compliqués,
07:30mais vraiment tenter d'atteindre quelque chose de plus juste et de plus complexe.
07:35Il y a quelque chose aussi que tu évoques dans le livre,
07:39c'est qu'en donnant naissance à tes filles, tu leur offres un avenir,
07:44pas forcément glorieux, au regard de tout ce qui se passe dans le monde aujourd'hui.
07:48C'était déjà des thématiques de Partout le feu.
07:52Ça, c'était important pour toi aussi d'avoir cette réflexion sur les catastrophes
07:57qui nous entourent en ce moment.
07:59Oui, je pense que c'est une réflexion vraiment générationnelle,
08:02mais qui n'est pas nouvelle, qui vient de manière cyclique dans l'histoire de l'humanité.
08:07Donc, c'est aussi important de se dire ça.
08:10Et d'ailleurs, souvent, la natalité augmente, ironiquement, en temps de guerre ou de catastrophe,
08:15parce qu'il y a l'idée d'un espoir aussi.
08:18Et d'une survie aussi.
08:19Voilà, et j'ai encore une fois envie de faire cohabiter deux choses,
08:23c'est-à-dire l'angoisse pour l'avenir, notre avenir et celui de nos enfants,
08:30mais aussi tout ce à quoi on peut encore s'accrocher
08:33et qu'on peut encore cultiver tout ce qui est lumineux,
08:37ce que j'appelle des germes d'utopie.
08:40Pourquoi pas se dire qu'une bibliothèque, par exemple, c'est une utopie,
08:43puisqu'il y a un échange de savoirs, d'art qui est gratuit,
08:48ou le service public, l'idée du service public,
08:52ou voilà, comment s'accrocher comme ça à ces petites choses qu'on a déjà
08:58et essayer de les remettre au centre et d'en profiter, de les développer.
09:06Les premières nuits à la maison, je les passe à ton chevet,
09:09chuchotant des prières.
09:10Tu es une sainte et je te supplie de me pardonner.
09:14Là, trop tard, la cruauté m'apparaît de ce que nous t'avons fait,
09:18te donner naissance.
09:20On ne pouvait pas dire qu'on ne savait pas.
09:22La fonte du pergélisol, les incendies qui nous encerclent,
09:26la menace du manque d'eau.
09:28Et nous sommes en face, nous et notre ignorance en tout,
09:31notre extrême dépendance,
09:33à l'eau courante, à l'énergie dans nos tuyaux,
09:35à l'ultra-levure, aux antibiotiques, aux yaourts en plastique,
09:39aux meubles tout finis.
09:40Nous, les nourrissons du capitalisme.
09:43Nous apprenons que nos privilèges de riches occidentaux
09:46sont plus fragiles qu'il n'y paraît.
09:48Pas gravés dans le marbre, pas garantis.
09:51Pour conserver une vie pas trop survie,
09:53il faudra continuer à s'enchaîner aux arbres,
09:55aux grilles des ministères,
09:57se retrouver en garde à vue,
09:58se faire traîner dans la boue des âdes par des policiers coquets.
10:01Il faudra barrer les routes des raffineries,
10:03il faudra lancer des alertes,
10:05démolir l'image des multinationales,
10:07scandale après scandale,
10:08puisqu'il n'y a que ça qui marche.
10:10Il faudra occuper les rues avec nos enfants,
10:12il faudra se salir les mains,
10:14mettre le nez de ceux qui se disent optimistes dans l'évidence.
10:17La technologie ne nous sauvera pas.
10:19On a parlé de la peur, de cet avenir,
10:22au regard de ce qui se passe dans notre monde aujourd'hui.
10:25Et puis, tu parles aussi de la question d'être fille,
10:27d'être une femme.
10:28T'écris, page 110,
10:29« Je suis mère de filles,
10:31leurs corps seront scrutés,
10:32découpés des yeux,
10:34évalués, menacés,
10:35suivis, classés,
10:37par défaut,
10:38leur parole vaudra moins. »
10:40Ça aussi, c'est hyper intéressant,
10:42et c'est malheureusement ce qu'on peut...
10:45Ce qu'on subit,
10:46ce qu'on constate aujourd'hui.
10:48Tu peux en témoigner aussi.
10:49Oui.
10:51Oui, c'est à la fois...
10:52Moi, j'étais très heureuse d'avoir des filles.
10:55Je me projetais dans le fait d'être mère de filles,
10:57et en même temps,
10:59je crois quand même que c'est une inquiétude
11:02de à quel moment on leur donne l'autonomie,
11:07de se balader toute seule,
11:09comment on leur transmet une certaine prudence
11:12et un savoir de...
11:15Comment se défendre, finalement,
11:17sans leur faire trop peur.
11:19C'est toute une inquiétude qui s'ajoute à celle d'une inquiétude de l'avenir,
11:25mais je me dis que ça peut aussi changer leur génération par rapport à la mienne.
11:30J'ai beaucoup d'espoir, en fait.
11:33Il y a eu quand même MeToo entre-temps,
11:36et voilà, depuis ces dernières années,
11:38il y a quand même beaucoup de récits aussi féministes
11:40qui donnent voix à ce genre de choses.
11:44Donc j'ai l'espoir que ça change,
11:46et j'essaie, à ma toute petite échelle, d'y contribuer.
11:49C'est aussi un livre qui est très intéressant dans sa langue et dans sa forme.
11:55C'est-à-dire qu'il y avait partout le feu,
11:57donc le premier qui était déjà très original dans ton écriture,
12:00puisqu'il n'y avait pas du tout de ponctuation.
12:02C'est d'ailleurs un livre qu'on avait envie de lire à voix haute,
12:04qui se lisait très bien à voix haute.
12:06Et puis ici, on n'est pas dans le même registre,
12:08mais pour autant, il y a une forme bien particulière
12:11avec des paragraphes, des découpes,
12:14dans ta manière d'agencer les choses,
12:16des phrases qui sont cis-découpées.
12:17Ça, tu aimes autant jouer.
12:20Et d'ailleurs, c'est un jeu de langue aussi,
12:22dans la manière de faire, un jeu de langue de forme.
12:24Ça, c'est quelque chose que tu aimes faire.
12:26Une forme de poésie aussi, dans cette manière de faire.
12:27Oui, en fait, je ne peux pas écrire autrement,
12:30ça ne m'intéresse pas.
12:33Je crois vraiment que
12:34je n'écris pas tellement pour raconter des histoires.
12:40Enfin, en tout cas, ce n'est pas mon plus grand plaisir.
12:43Alors, il faut jouer avec la forme,
12:48demander ce qui va le plus faire écho à ce qui est dit.
12:53Pour moi, c'est vraiment la partie la plus ludique
12:55de ce travail d'écriture.
12:59Et en plus, je trouve que ça renforce
13:01quand on a un discours qui peut être frontal,
13:04d'avoir une forme qui peut aussi déjouer
13:07les règles de la narration.
13:09Et aussi, je suis très influencée, effectivement,
13:13par la poésie.
13:14On est au rayon poésie, justement.
13:16Mais aussi, les écrits hybrides
13:18qui vont mêler
13:20autofiction, autobiographie,
13:23essais,
13:24poésie, fragments.
13:26Je pense à Maggie Nelson, par exemple.
13:29Ça, c'est vraiment ce qui m'intéresse
13:31parce qu'il y a toujours un pied
13:32dans le monde d'aujourd'hui.
13:33Et la question principale,
13:36c'est comment on raconte ce qu'on vit aujourd'hui.
13:38Et je trouve ça important que les romans,
13:41les récits s'adaptent à ça
13:42et se posent toujours cette question
13:44qui se renouvelle sans cesse.
13:46Tu disais venir ici avec ta mère,
13:49dans cette bibliothèque.
13:50Tu te souviens peut-être des premiers livres
13:52qui t'ont émue, touchée ?
13:57Je me souviens
13:58de vraiment avoir lu
14:01plusieurs livres des mêmes auteurs.
14:05Je pense à Suzy Morgenstern,
14:07je pense à Mario Dumuraille,
14:10Daniel Pénac.
14:12Et je me souviens encore avant
14:13d'un album illustré,
14:15donc ça, ça devait être au début de la lecture,
14:17qui s'appelait,
14:19je ne connais plus l'auteur,
14:20mais je pense que c'est un Américain
14:21qui s'appelait
14:22Il pleut des hamburgers.
14:23Et là encore,
14:26c'est un monde où quand il pleut,
14:28il pleut d'hamburgers
14:29ou alors il pleut des brocolis.
14:31C'était hyper rigolo
14:32et j'ai des images très fortes.
14:34C'était déjà politique.
14:35Oui, c'est vrai.
14:37On l'a évoqué ensemble
14:39il y a peu de temps.
14:40Ton livre fait partie
14:41de la première sélection du Goncourt.
14:43Donc il y a 15 romans
14:43qui ont été sélectionnés.
14:45C'était une grande fierté pour toi,
14:46tu l'as dit,
14:46beaucoup d'émotions.
14:49C'est un rêve que tu nourris là,
14:52être ensuite parmi les huit,
14:53les quatre
14:54et peut-être le décrocher le Goncourt.
14:56Non.
14:58Non, non,
14:59c'est totalement improbable en fait.
15:04Je suis réaliste,
15:05c'est déjà une énorme surprise
15:06d'être dans cette liste.
15:08Ça donne déjà la visibilité aux livres.
15:11Mais le Goncourt récompense plutôt
15:13des livres d'imagination,
15:16donc en fait des fictions.
15:18Et des livres qu'on va vouloir offrir
15:22Sous le sapin aussi.
15:24Je ne sais pas si Tambora,
15:26c'est le cas.
15:27On peut le mettre,
15:28on peut largement les glisser
15:29Sous le sapin.
15:29Si vous voulez,
15:29allez-y,
15:30avec plaisir.
15:32Moi, je valide le cadeau
15:34Sous le sapin.
15:34Non, mais de toute façon,
15:37je me laisse surprendre.
15:39Si ça passe encore un tour,
15:40c'est génial.
15:42C'est déjà une surprise
15:44et un honneur suffisant
15:47d'être dans la première sélection.
15:48Peut-être pour clôturer cet entretien,
15:51qu'est-ce que tu dirais
15:51aux téléspectateurs,
15:53téléspectatrices,
15:54pour les inviter
15:55à entrer dans ce livre ?
15:57On n'a pas évoqué d'ailleurs
15:58le nom Tambora.
15:59Est-ce que tu veux peut-être
16:00en parler,
16:01et puis peut-être clôturer
16:02justement cet entretien
16:03autour de ce mot
16:04et de cette invitation
16:05à te lire ?
16:07Oui, alors le Tambora,
16:08c'est le nom
16:08d'un volcan indonésien
16:11qui a eu une éruption
16:12cataclysmique en 1815.
16:16Et les cendres
16:17qui ont été dispersées
16:18dans l'atmosphère
16:19ont plongé le monde
16:20dans le noir
16:21pendant environ trois ans.
16:23Donc, il y a eu
16:24des pluies torrentielles
16:25en été.
16:26Ils pouvaient faire
16:27moins douze
16:28à Londres,
16:30en plein été aussi,
16:31et nuit noire
16:33en plein jour.
16:34Il y avait vraiment
16:35une ambiance apocalyptique
16:37et ça m'intéressait
16:38de faire le parallèle
16:39entre cette époque-là
16:40et l'époque qu'on vit.
16:42L'impression de ne pas
16:44vraiment comprendre
16:45ce qui se passe
16:46tout en sachant
16:47d'où ça vient,
16:47mais pas savoir
16:48exactement comment faire.
16:50Et ce qui m'intéressait aussi,
16:51c'est en particulier
16:51l'histoire de Marie Shelley
16:53qui a écrit Frankenstein
16:55en 1816,
16:57donc en pleine suite
16:59de cette éruption
17:00et de m'interroger
17:01sur qu'est-ce qu'on écrit
17:04quand on est cerné
17:06par les catastrophes.
17:07En quoi ça modifie
17:09la création artistique,
17:11quelle est notre place
17:12nous en tant que
17:13auteurs, artistes.
17:15Donc, Tambora,
17:16je pense qu'il n'y a
17:17pas uniquement
17:19la maternité dedans.
17:22Déjà, ça nous concerne tous
17:23parce qu'on est tous nés.
17:25Il n'y a pas d'expérience
17:26plus universelle,
17:27sauf peut-être la mort.
17:27Et c'est quand même
17:31toujours intéressant
17:31de savoir d'où on vient
17:33de cette expérience originelle,
17:35mais il y a aussi
17:36plein de choses
17:37autres que ça.
17:39Il y a effectivement
17:39le corps qui traverse
17:40ces expériences-là,
17:42mais il y a aussi
17:42le monde,
17:44comment il entre en collision
17:47parfois avec
17:48nos catastrophes intimes
17:51et comment on se débrouille
17:52avec ça
17:52et comment on trouve
17:55malgré tout
17:55la lumière.
17:57Merci beaucoup.
17:58Tambora,
17:59il est là.
18:00On peut se le procurer
18:00dans toutes les bonnes
18:02librairies indépendantes.
18:03On peut l'emprunter ici
18:04à la Bibliothèque Verlaine
18:06à Metz.
18:06Merci infiniment
18:07de me l'avoir présenté,
18:09Hélène.
18:09Merci à toi.
18:10Merci.
18:10A bientôt.
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