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  • il y a 6 heures
Camille Etienne partira mardi prochain de Saint-Nazaire pour se rendre au Brésil en voilier afin d'assister à la COP30, prochaine conférence mondiale sur le climat qui commence le 10 novembre. La question "a complètement disparu du débat public", déplore-t-elle.
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Transcription
00:00France Inter, Ali Badou, Marion Lourdes, le 6-9.
00:08Et la première invitée du 6-9, Marion, est activiste pour la justice sociale et climatique.
00:14Et elle partira mardi de Saint-Nazaire en voilier, direction le Brésil pour la COP30,
00:18ce sommet contre le changement climatique. Bonjour Camille-Etienne.
00:22Bonjour.
00:22La COP30 qui démarre le 10 novembre à Belém, ça vous laisse un peu plus d'un mois pour y arriver.
00:27Pourquoi ce choix d'y aller en bateau à voile ?
00:30Par cohérence, je pense que c'est ce qui manque, à mon sens précisément, totalement, de la part de nos dirigeants.
00:36Et donc, si on peut se permettre de le faire, on le fera.
00:39Donc on essaie de tout faire pour rester cohérent, pour dire ce qu'on fait, faire ce qu'on dit.
00:43Puisque je n'arrête pas d'expliquer comment l'avion est un mode de transport extrêmement polluant,
00:47si on peut se permettre de l'éviter, on fait tout pour le faire.
00:50Mais ça veut dire que vous souhaiteriez voir partir tous nos dirigeants en bateau à voile, direction Belém ?
00:54Peut-être déjà remplacer les jets privés de certains dirigeants par des avions un peu plus collectifs,
01:00on peut trouver de l'entre-deux.
01:02Votre bateau s'appelle l'Esprit d'équipe, c'est un équipage 100% féminin, 9 femmes en tout.
01:07Pourquoi ce choix ?
01:08Eh bien, de la même manière, c'est-à-dire que les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique.
01:12Par exemple, 80% des déplacés climatiques sont des femmes.
01:16Elles sont vraiment en première ligne, bien sûr.
01:18Il y a un rapport par exemple d'Oxom aussi qui montrait que dans les catastrophes climatiques,
01:23dès qu'une catastrophe arrive, on va avoir plus de victimes femmes
01:25parce que ce sont elles qui vont rester avec les personnes plus vulnérables,
01:28donc qui vont pouvoir fuir moins facilement, les personnes âgées, avec les enfants par exemple.
01:34Et à l'inverse, il n'y a que 10% des délégations, dans les délégations, il n'y a que 10% de femmes.
01:39C'est-à-dire qu'encore une fois, elles ne sont pas là dans les salles qui prennent les décisions,
01:42qui les concernent en premier lieu.
01:44Donc on a voulu inverser un peu tout ça.
01:46Votre bateau, l'esprit d'équipe, il a encore un peu des réglages à faire avant mardi
01:51parce que vous avez eu une avarie sur le premier bateau que vous deviez emprunter.
01:56Puis il y a aussi la question de l'assurance.
01:58Bref, il y a encore des choses à régler.
01:59Oui absolument.
02:00C'est une aventure de traverser l'Atlantique comme ça.
02:04Mais c'est très beau.
02:05On a eu la communauté de la voile et ça devient vraiment une grande aventure collective.
02:08Tout le monde s'est affairé pour nous trouver une assurance en 24 heures,
02:11pour retrouver un bateau en une nuit.
02:13C'est complètement fou ce qui se passe.
02:14Donc on est très reconnaissant et on est ravis de partir sur ce grand bateau de course
02:18qui a quand même une histoire folle.
02:19Notre capitaine Capucine Truffaut, elle était à son bord.
02:22Et c'est la première fois qu'un équipage féminin a gagné un tour du monde,
02:27une course autour du monde, la globale Ocean Race.
02:29Sur ce bateau-là ?
02:29Elle avait embarqué sur ce bateau-là pour la première partie.
02:32Donc c'est assez fou et on est assez heureux du petit clin d'œil d'embarquer à bord de l'esprit de l'équipe.
02:38Donc là, vous êtes sûre de partir en sécurité ? Si tout va bien.
02:42C'est moins facile que de partir en avion.
02:43Il y a un peu plus de freestyle, c'est un peu plus rock'n'roll, mais ça me va.
02:47Vous avez eu une formation, vous ?
02:49Moi, j'ai appris la voile avec Roland Jourdain, avec Bilou, et c'est lui qui m'a donné cette passion folle.
02:55Et à bord, je vais essayer de mettre en avant la science aussi et d'être en charge de la recherche.
03:01Et donc on fera aussi avec l'université de Montpellier des prélèvements d'adhéens environnementaux.
03:05Parce que ce n'est pas seulement un symbole, il y a aussi un aspect scientifique à ce voyage.
03:09Bien sûr, tout simplement c'est dans un moment où les budgets de la science sont coupés à travers le monde,
03:15où on a des personnes climato-sceptiques qui prennent le pouvoir.
03:18On a Trump qui, il y a quelques jours, disait que le dérèglement climatique était un complot,
03:23où les mots sont interdits.
03:24Le mot dérèglement climatique ne peut pas être utilisé aux Etats-Unis.
03:27Donc moi, j'ai passé mon temps, mon année entière à Oxford l'année dernière,
03:30avec des chercheurs de plus en plus inquiets du fait que ça disparaît complètement du débat.
03:35La science n'est plus un sujet.
03:37Et moi, personnellement, ça me terrifie.
03:39Donc on fait tout ce qui est en notre possible, tout ce qui est de notre ressort,
03:44pour essayer de remettre vraiment le climat comme une priorité,
03:47et donc la science comme une absolue priorité.
03:50Et pour moi, c'est comme ça que ça devrait être le phare de nos décisions publiques.
03:54Mais Camille-Etienne, vous, vous n'aviez jamais participé au COP,
03:58ces sommets où les différents pays, acteurs internationaux,
04:01se retrouvent pour lutter contre le changement climatique.
04:06Pourquoi est-ce que finalement participer à cette « grand messe »,
04:10c'est important particulièrement cette fois-ci ?
04:13Parce que je crois qu'on n'a plus le luxe de la posture.
04:18Et que, très honnêtement, je suis atterrée de voir qu'on ne parle plus de climat.
04:23C'est un non-événement.
04:25Où ça, on ne parle plus ?
04:26Mais partout.
04:27Mais vous voyez, ça a complètement disparu du débat public.
04:29Et pourtant, les conséquences, elles, augmentent.
04:32On a en France, dans l'heure, on a eu des feux, mais vraiment catastrophiques cet été.
04:36On a plus de 40 000 personnes qui meurent chaque année en France de la pollution de l'air.
04:40Le pic du Covid, c'était 40 000 personnes qui mouraient.
04:43Donc, on a autant de morts que lors du pic du Covid par an.
04:47Ça devient un non-événement.
04:48Donc, ça, je trouve ça proprement terrifiant.
04:51Et même dans les décisions, rien qu'en France, on parle des Etats-Unis,
04:53mais rien qu'en France, on a plus de 43 reculs environnementaux dans les six derniers mois.
04:58C'est les experts du réseau Axioma.
04:59Et même, là, je vous ai pris une citation qui m'a fait complètement halluciner.
05:03On a le...
05:04Alors, je vais vous dire...
05:04Je vais vous dire qui c'est après.
05:06Je l'ai noté juste avant de venir, c'était marqué.
05:08Une action rapide, ordonnée et planifiée
05:10constitue le seul chemin rationnel au moment où nous avons une dette excessive.
05:14Il faut remettre la lutte contre le changement climatique
05:17au premier rang des préoccupations de l'Etat.
05:19Ce n'est pas un activiste qui le dit, c'est le président de la Cour des comptes, il y a une semaine.
05:22Pierre Moscovici.
05:23Donc, vous voyez, on se retrouve quand même dans une situation
05:25où c'est devenu un non-événement, la question climatique pour notre pays.
05:29Et pour le reste des pays, globalement, c'est pour ça qu'on va à la COP.
05:32Alors que les conséquences ne font qu'augmenter,
05:34que les victimes, elles, ne disparaissent pas.
05:36Donc, c'est pour ça qu'avec beaucoup d'humilité,
05:38je me dis, je ne sais plus quoi faire.
05:39Et donc, je vais aller là où on n'est pas invité.
05:41On ne va pas faire la politique de la chaise vide.
05:43On ira à la COP et on ne laissera pas la place
05:45uniquement à Trump et à ses amis climatossés.
05:47Même si, justement, ça peut être un endroit où c'est une grand messe,
05:50où il y a un jeu de posture,
05:51où, finalement, parfois, on n'avance pas forcément.
05:54C'est précisément parce qu'on n'avance pas qu'on a envie d'y aller.
05:57C'est précisément parce que ces COP ont été...
05:59Oui, c'est très simple.
06:00Le nombre de badges, de places qui ont été donnés dans les négociations,
06:04année après année, n'ont cessé d'augmenter les places
06:06qui ont été données au lobby du pétrole.
06:08Aujourd'hui, dans les COP, vous avez plus de personnes
06:10qui représentent les intérêts privés du pétrole
06:13que de personnes qui représentent les États.
06:15La plus grande délégation, c'est celle de l'industrie pétrolière.
06:18Donc, on demande de résoudre la question de la malaria
06:19en invitant les moustiques à la table.
06:21Ce n'est plus possible.
06:22Donc, nous, on veut simplement, avec beaucoup d'humilité,
06:24être là aussi et ne pas leur laisser toute la place.
06:26Camille Etienne, activiste pour la justice sociale et climatique.
06:29Départ donc mardi prochain en voilier de Saint-Nazaire.
06:32Espérons que tout aille bien.
06:33Merci d'être venu sur France Inter.
06:34Bon vent.
06:35Merci à vous.
06:36Sous-titrage Société Radio-Canada
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